dynasties and dystopia (viktor)

( dynasties and dystopia )

londres - août 2001
Le mercato touchait à sa fin, et la soirée d’inauguration de la coupe britannique et irlandaise de quidditch ouvrait ses portes. Titulaire de son équipe, Jules n’avait qu’une seule hâte, combattre sous les couleurs des Ravens. Cela faisait déjà deux ans que son père était derrière les barreaux et que sa mère se trouvait en cavale. Cela n’était pas simple pour elle, et plus d’une fois Jules avait hésité à rentrer dans l’ordre pour participer plus activement au renversement du pouvoir en place. Seulement, si elle faisait ça, la blonde ne donnait pas cher de sa sœur, de son père et de sa mère si jamais l’Etat venait à la retrouver. La seule chose qu’elle pouvait faire, c’était gagner suffisament de popularité et de notoriété pour protéger les siens. Depuis sa titularisation, Doherty connaissait un certain succès auprès du public, sûrement grâce à son capital sympathie. Certes, la galloise était une personne extrêmement solaire, mais au-delà de ses qualités sociales, elle était surtout une victime de ce nouveau gouvernement et apparaissait comme une figure forte. De plus, elle jouait dans l’équipe la moins appréciée du Lord, une évidence qui les rendait fatalement plus populaires.

Excitée par le début du tournoi, Jules se renseignait sur les nouvelles compositions d’équipe qui pourraient tout changer sur les résultats. Après la mort de leur coach favori, celui qui l’avait recruté sur les bancs de l’école, les joueurs des Rowdy Ravens étaient devenus plus furieux et véhéments que jamais. Ils voulaient une justice pour ceux qui s’étaient fait assassiner sous leurs yeux, sans autres raisons que déplaire au Lord. Jules le détestait, lui et tous ses sbires. Elle les détestait, depuis Poudlard, depuis qu’ils avaient emporté la vie de son meilleur ami, de son premier et unique amour ; Cédric Diggory. Cette colère l’avait poussé à réaliser ses rêves et chaque fois qu’elle montait sur un balai, elle pensait à eux.

Alors qu’elle promenait ses yeux sur les listes de joueurs, son regard s’attarda sur celle des Kings, l’équipe du Lord. En temps normal, elle n’aurait même pas pris le temps de lire les noms affichés dessus. Jules méprisait les kings, et rien ne pouvait la faire changer d’avis. Malheureusement, pour la première fois, le nom d’un ami y était inscrit. Choquée, elle recommença la lecture de la liste à plusieurs reprises, avec espoir de voir le nom changer.

Ni une, ni deux, son cerveau vrilla et du regard elle balaya la salle du regard. Elle comprenait mieux désormais la distance qu’avait imposée son ami dernièrement. Au loin, elle remarqua sa silhouette imposante et ses admirateurs. Sans réfléchir, elle déboula dans sa direction et lui attrapa le bras pour partir dans un couloir calme. « Tu m’expliques là ? Tu te fous de ma gueule non? Les Kensington Kings ? » Son incompréhension était palpable, Jules ne comprenait pas comment Viktor, après tout ce qu’ils avaient traversé pouvaient faire une chose pareille.

( Pando )

De manière générale, Viktor n'apprécie pas vraiment ce genre de gros événements. Mais il ne croit pas avoir jamais été aussi peu à l'aise de sa vie qu'en cet instant. Il est en costume, bien sûr - ce qui n'est déjà pas pour lui plaire - forcé de sourire à tout le monde, tout le temps, parce qu'il est censé être heureux d'être là (et qu'il sait que son transfert n'a pas finit de faire couler de l'encre.)

Il a beau faire des efforts, de prendre sur lui, de se répéter qu'il fait ça depuis toujours et qu'il devrait être habitué depuis le temps, cette crispation ne dépend pas que de lui. Elle est générale, palpable, semble toucher une bonne partie de l'assemble. L'ambiance au Royaume-Uni est de plus en plus tendu, n'importe qui peut le sentir et Viktor s'y attendait mais c'est une chose de l'imaginer, c'en est une autre d'y être confronté.

Il croise des visages familiers mais les sourires qu'on lui adresse sont soit fatigués, soit tordus (soit les deux.) Il sait que beaucoup désapprouvent son choix de venir jouer en Angleterre avec cette équipe mais Viktor est également persuadé que ça ne vient pas que de là. Le nouveau régime pèse sur tout le monde. Même ceux qui sembleraient en bénéficier.

Il le voit à la façon exagérée qu'a Alexandria de rigoler à la blague maladroite d'un joueur qu'il ne connait que de vue. Il a beau ne pas la porter dans son cœur, elle reste sa nouvelle coéquipière et, surtout, sa capitaine, et il peut bien voir qu'elle est coincée dans une conversation qu'elle voudrait esquiver. Il va donc pour se rapprocher d'elle quand soudain, il se sent attrapé, tourné, et embarqué dans un coin, sans avoir le temps de réfléchir.

Grand gaillard comme il est, Viktor se laisse pourtant faire (parce qu'on ne fait pas d'esclandre en public) et ne réalise qu'une fois arrivé de qui il s'agit. "Jules ?"

"Tu m’expliques là ? Tu te fous de ma gueule non? Les Kensington Kings ?"

Elle a l'air remonté et au fond, Viktor peut la comprendre. Mais il n'a pas vraiment le temps de subir à nouveau des critiques sur son choix, d'autant plus qu'ils ne connaissent pas (ne peuvent pas connaître) toute l'histoire. Sur la défensive, et pas vraiment dans la délicatesse, il souffle et lève les yeux au ciel. "Bonjour à toi aussi, Jules. ça fait longtemps." Il croise les bras et essaye de desserrer sa mâchoire parce que le but n'est pas d'aggraver encore plus la situation mais plutôt de calmer tout de suite le jeu. "Je suis content de te voir. J'espérais bien qu'on se croiserait maintenant que je joue à Londres. Je veux dire... en dehors des terrains."

( dynasties and dystopia )

londres - août 2001
Emotive, Jules peinait à garder son ressenti. Elle lui en voulait de jouer pour une équipe avec un alignement pareil. De toutes les équipes, il aurait pu en choisir une meilleure. D’un air enfantin, elle traîne la masse imposante dans le couloir pour lui passer un savon. Malgré son agacement, elle ne dégage pas de méchanceté. Une remontrance que le brun ne semblait pas prendre au sérieux. Viktor jouait la carte du nonchalant qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Pendant quelques secondes, elle le regarda, silencieuse. Avait-elle mal lu ce bout de papier ? Non. Impossible. Pourquoi il jouait celui qui n’y voyait pas d'inconvénient ? Krum n'était pas censé être du côté du Lord.

A défaut de lui apporter une réponse, il s’essaya au rôle de la victime. Celui qui était heureux de la revoir, alors qu’elle lui criait dessus. Incrédule, elle soupira avant de passer ses mains dans ses cheveux pour calmer son agacement. « Viktor ! Moi aussi je suis ravie de te voir ! Mais là quand même ! » C’était un ami. Pour Jules, cela comptait beaucoup, mais elle ne pouvait pas faire semblant que cette action ne la touchait pas.

Elle voulait comprendre. Qu’il explique avec ses propres mots le pourquoi du comment. Bienveillante et loyale, elle ne se voyait pas le détester du jour au lendemain, mais il n’allait certainement pas s’en sortir comme ça. « Pourquoi ?! » Son index se voulait autoritaire, comme un ordre, alors que sa voix se faisait plus douce. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Énergique, elle ne lui laissait pas beaucoup de place pour répondre. Lorsqu’elle réalisa son débit de parole, elle s’autorisa un temps pour souffler avant de porter son regard dans celui du brun.

« Tu peux me faire confiance. » Elle avait des défauts, mais certainement pas celui d’être une mauvaise amie. S’il avait des secrets, il pouvait s’assurer qu’elle les garderait pour elle. En fait, à aucun moment elle ne voulait imaginer que son ami entrer de son plein gré dans cette équipe, envers et contre tout ce qu’elle représente. Seul le brun pourra rétablir la vérité et ainsi donner du sens à l’impensable.

( Pando )

Etre ici, en compagnie de Jules, après tout ce temps est pour le moins troublant. Viktor n'a pas encore 30 ans mais des fois il a l'impression d'avoir déjà vécu quinze vies (et surtout d'être un vieux monsieur - ce que Denitsa a souvent avancé avec humour.) Le fait est que ses souvenirs de Jules semblent appartenir à une autre personne, tellement sa vie et son monde (le monde) a changé depuis la dernière fois qu'ils se sont vu. Il doit l'avoué, il aurait été plus simple pour lui de ne pas la croiser ce soir. Sur un terrain de Quidditch, ça va. Il peut se perdre dans le jeu, se cacher derrière le match et se concentrer sur le vif d'or et rien d'autres. Mais ici, elle est là, face à lui, beaucoup trop proche et, honnêtement, assez intimidante et il a du mal à ravaler sa honte. Heureusement que Viktor n'a jamais été très expressif. ça lui permet de garder un visage neutre.

"Viktor ! Moi aussi je suis ravie de te voir ! Mais là quand même !" Viktor grimace, se prépare à un flot de critique sur son choix de club. "Pourquoi ?! Qu’est-ce qu’il se passe ?" Et puis, elle ajoute quelque chose qui rend Viktor profondément triste. "Tu peux me faire confiance."

Il veut bien la croire, aimerait bien la croire mais il en est bien entendu hors de question. Viktor est tellement a des années lumières de lui dire la vérité que l'idée en devient totalement saugrenue. De part son rôle au sein des Ravens, Jules est peut être malheureusement l'une des dernière personne à qui il pourrait parler de ça - si même il était possible de parler de ça à quelqu'un qui n'est pas Hermione, Denitsa, ou Kingsley.

Les yeux fixé sur l'index de Jules, louchant presque, Viktor recule légèrement, s'appliquant pour ne pas bafouiller.

"Je- C'est une équipe avec beaucoup de potentiel, tu trouves pas ?" il essaye très maladroitement, se rendant bien compte que Jules ne va pas aimer, ni même prendre sa réponse au sérieux. Ce qui ne va pas du tout. Parce que Viktor a un rôle à jouer, une image à vendre et il ne peut pas se louper. "Le challenge était intéressant et ça faisait un moment que j'avais envie de venir jouer au Royaume-Uni," il continue, essayant de ne surtout pas montrer qu'il cherche ses mots, ses yeux rivés sur Jules et nulle part ailleurs. Il se contente de ça pour l'instant, ne voulant pas non plus la provoquer ou la mettre dans une position inconfortable en mentionnant le Lord. "Je... Je dois dire que je suis assez content. Mais toi. Raconte moi, comment ça se passe avec les Ravens ?" il tente, attrapant un verre quand un plateau passe sous son nez et prenant une grande gorgée sans s'inquiéter de savoir ce qu'il y a dans ce verre.

( dynasties and dystopia )

londres - août 2001
Beau, mais pas très futé. Voilà la première description qu’elle avait entendu au sujet de Viktor Krum à l’époque de la Coupe des Trois Sorciers. Jules ne s’estimait pas comme une personne très intelligente, si bien qu’elle avait davantage creusé sa relation avec le brun. Une chance, car sous ces gros bras, elle avait découvert une personne infiniment bienveillante et loyale. Cette dernière qualité ; la loyauté est indéniablement la valeur qui lui tient le plus à cœur et elle préfère mille fois cela à l’intelligence. C’était sûrement pour cette raison qu’ils étaient devenus amis. Ca et le fait qu’ils aient perdu un ami commun en la personne de Cédric. Bien sûr, Krum était moins proche de son adversaire, qu’elle de son meilleur ami, mais l'événement a été suffisament traumatisant pour que chacun en garde une trace dans sa mémoire.

Au lendemain de la mort de Diggory, elle savait que le bulgare avait ressenti de la colère et un profond sentiment d’injustice. Un sentiment partagé qu’elle soulignait particulièrement chez celui qui venait d’une école avec un triste passé. L’un comme l’autre, ils avaient grandi, devenant des grands noms de leur sport favori. Elle a toujours suivi ses prouesses, ses changements et même ses interviews. Pour elle, ils étaient devenus des amis. Certes, ils ne se parlaient pas quotidiennement, ni même de manière très régulière, mais elle avait toujours estimé qu’un accord tacite existait entre eux, comme si l’adversité les avait soudé à jamais.

Naturellement, lorsqu’elle entendait l’autre chanter les louanges de l’équipe du gouvernement, elle ne pouvait s’empêcher de criser. Surprise et vraiment déçue, elle voulait comprendre ce qu’il se tramait derrière cette décision. A ses yeux, il était impossible que Viktor ait réellement choisi de jouer avec cette équipe par plaisir. D’ailleurs, elle espérait sincèrement que cela soit explicable grâce à des circonstances atténuantes. Sans quoi, elle verrait cette décision comme un véritable acte de trahison.

« Il y a plusieurs équipes au Royaume-Uni qui je pense, auraient adoré avoir Viktor Krum dans leurs rangs. » Les bras croisés, elle essayait de démontrer son indignation. Et pourtant, dans ses yeux, la seule chose qu’on pouvait lire, c'était de l’inquiétude. La peur de perdre encore une fois un ami. Cela faisait à peine trois ans qu’elle avait enterré ses anciens partenaires de jeux et cinq ans que Cédric avait perdu la vie contre le Lord. Des éléments qui la hantaient chaque nuit, comme le fait que ce gouvernement a fait voler sa famille en éclat et poussé la plupart de ses amis à vivre dans l’ombre, comme des fugitifs.

Pour elle, il avait toujours été un allié. La simple idée qu’elle se soit trompée à son sujet l’effrayait. « Tu sais très bien comment vont les Ravens depuis qu’ils ont perdu capitaine et joueur à cause de tu-sais-qui ! » Sans s’en rendre compte, elle venait de parler un peu trop fort, ce qui à cet endroit pourrait s’avérer risqué. Après un rapide coup d'œil à la foule, comme pour s’assurer que personne ne les épiait, elle se reconcentra pour garder son sang-froid. « Vik, je comprends juste pas… Tu as oublié Cedric ? Ce qu’ils lui ont fait ? » Si Noah, l’aînée de Jules se trouvait dans la pièce, elle lui collerait sans aucun doute une énorme claque sur l’arrière du crâne de sa sœur pour qu’elle se la ferme. Parce que par soucis de justice, de confiance et de loyauté, elle se mettait peut-être en danger devant un petit toutou du Lord. Penser et dire ce qu’elle osait prononcer pourrait l’envoyer rapidement aux côtés de son père.

( Pando )

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