NEW ORDER

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nom prénom(s)  » Les maîtres mots : la discrétion, l’adaptation. C’est ce que Josephine a décidé de faire, s’adapter. S’adapter à une société qui ne manque pas de lui rappeler chaque jour qui elle est, ou qui elle était. Lorsque les événements ont mal tourné, la jeune fille n’a réfléchi que peu de temps avant d’abandonner le nom de son père au profit de celui de sa mère : Baudelaire. D’abord par facilité, il faut bien l’avouer, puis par fierté, pour sa signification, sa symbolique. Baudelaire, badelaire, une sorte d’épée. Comme l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête, au-dessus de leur tête à eux aussi, ceux qui croient en ce gouvernement et en ses idéaux. Un nom qu’elle pensait adopter seulement pour un temps. Jusqu’à ce qu’il en soit décidé autrement.  
surnom(s)  » Sans grande surprise, la plupart de ses proches l’ont affublée du surnom Jo. Simple et efficace, quoiqu’un peu déstabilisant pour ceux qui s’attendent à voir débarquer un Joseph et se retrouvent en tête à tête avec une Josephine. Pour pallier ce problème et éviter toute confusion, certains ont pris l’habitude de l’appeler JJ en référence à son deuxième prénom, Jil. Un surnom qu’elle n’est pas sûre d’apprécier mais dont elle a fini par s'accommoder. Sa mère, quant à elle, a toujours préféré la sonorité plus douce de Josie, à l’image de sa fille.  
date de naissance » Née le 13 février 1979, une raison suffisante pour ses parents de célébrer l’amour pendant deux jours consécutifs. L’amour qu’il porte à leur fille, et l’amour qu’ils se portent mutuellement.  
origines & nationalité  » Écossaise de par son père et (très lointainement) par sa mère, Josephine aurait presque pu être une pur sang d’un point de vue strictement territorial. C’était sans compter sur les origines principalement françaises de sa mère. Un mélange singulier qui a toutefois amené ses parents à s’installer définitivement sur le territoire anglais après que son père eut convaincu sa chère et tendre de quitter la France pour rentrer avec lui. En dépit de ses origines variées, la jeune femme dispose par conséquent de la nationalité britannique, étant elle-même née dans la ville de Londres.
pureté du sang  » Si proche de la perfection, Josephine l’a frôlée. Descendante directe de la famille Baudelaire, au sang parfaitement pur, elle n’est pourtant qu’une simple sang-mêlé, son père étant né-moldu. De cela, elle n’a pas honte, bien au contraire. L’amour que son père porte à sa mère est bien plus pur que le sang de n’importe quelle famille se prétendant supérieure à eux, et ça, aucun algorithme ne pourra le changer.
métier/études  » Les études, un sujet qui a soulevé beaucoup de questions lorsqu’il a fallu choisir dans quelle école Josephine les suivrait. Partagée entre la classique école de Hogwarts où son père avait fait toute sa scolarité avant elle et l’académie de Beauxbâtons, chère au cœur de sa mère. L’anglaise a finalement décidé de suivre ses racines et de faire honneur à son sang écossais, point commun entre ses deux parents. Là-bas, elle a immédiatement été envoyée à Gryffondor. Une surprise pour celle qui se pensait plus studieuse que courageuse. L’après Hogwarts s’est révélé, quant à lui, bien différent de ce qu’elle avait imaginé. Malgré les événements, sa réticence et les manifestations de plus en plus difficiles à cacher, la blonde a conservé son poste de brigadier au sein du département des accidents et catastrophes magiques, préférant rester proche de son ennemi.
orientation & état civil  » Loin de Josephine l’idée d’une histoire à la Roméo et Juliette, force est de constater que la société actuelle ne lui permet pas de vivre une relation similaire à celle de ses parents. Pour cette raison, elle préfère ne pas trop réfléchir à la question plutôt que de se contenter de ce qu’elle a ou ne peut pas avoir. Entre femme indépendante ou amants maudits, elle a fait son choix. Cela attendra.
camp  » Officiellement réquisitionnée par le gouvernement pour ses capacités en occlumancie, la jeune femme a cependant décidé de mettre ses talents au profit de l’ordre du phénix. Après plusieurs années passées à prouver sa loyauté envers la résistance et à lui apporter des informations essentielles, Jo a finalement revêtu le manteau d’agent double et arbore fièrement, mais discrètement, le tatouage du quatrième cercle de l’ordre. Son nom de code : Gambit. Parce qu’il faut parfois savoir se sacrifier.
baguette  » Bois de sycomore avec cœur de dragon, 12” et raisonnablement souple.
patronus  » C’est avec une facilité presque déconcertante que l’étudiante a fait apparaître son premier patronus, entourée de ses compagnons. Les souvenirs heureux, ce n’était pas ce qui lui manquait, la seule difficulté était d’en choisir un en particulier sur lequel se concentrer. Cela ne l’empêche pas d’être toujours impressionnée par l’imposante silhouette de l’ours noir qu’elle parvient à invoquer lorsque cela est nécessaire.
épouvantard  » Ses yeux sont rivés sur son poignet, son avant-bras, elle voit les cercles se distordre, s’élargir, se rompre et se rejoindre en d’autres points, formant un tatouage bien différent de celui qu’elle a choisi de porter. Elle est elle mais elle n’est plus vraiment elle, la marque des ténèbres trônant présomptueusement sur sa peau, faisant d’elle ce qu’elle déteste le plus. Signe ostentatoire des valeurs qu’elle méprise. Une vie de chaos au service d’une société avilissante.
particularité(s)  » L’ambition et la détermination ont permis à Josephine d’atteindre son objectif : passer maître en occlumancie. Un parcours semé d’échecs, d’abandons, de nouvelles tentatives. Une sensation de ne pas progresser assez vite et pourtant d’en avoir les capacités. Une frustration de devoir mettre ses compétences à disposition du gouvernement, sans même avoir son mot à dire. Une libération de devenir un atout pour la résistance, de trouver sa place au sein d’un groupe, d’être utile.

chronologie  »

1979 : Naissance de Josephine Baudelaire

1982 - 1997 : Vacances d’été en France, dans les Pyrénées

1982 : Naissance d’Arsène Baudelaire

1986 : Naissance de Victoire Baudelaire

1990 : Rentrée de Josephine à Hogwarts, maison Gryffondor

1993 : Rentrée d’Arsène à Hogwarts

1994 : Début de la pratique de l’occlumancie

1995 : Obtention du BUSE option études des moldus et arithmancie (5 Optimal et 4 Efforts Exceptionnels)

1997 : Obtention de l’ASPIC

1997 : Départ de Victoire en France pour étudier à Beauxbâtons

1997 - auj. : Travail au ministère de la magie, brigadier au département des accidents et catastrophes magiques

fin 1999 - auj. : Membre de la résistance en tant qu’informatrice puis agent-double sous le nom de code Gambit

13 février 1979
Des larmes, des cris, du sang. C’est étrange comme les choses peuvent paraître si effrayantes dans un contexte particulier mais devenir magnifiques en d’autres circonstances. On l’avait attendue, on l’avait aimée, on l’avait chérie alors même qu’elle n’était qu’une minuscule particule d’existence, un être en devenir. On l’avait souhaitée, non pas comme la suite logique des choses ou une manière de fuir une vie à deux devenue morose mais comme une envie de rendre ce monde plus beau, de voir grandir une âme lumineuse et un esprit libre. Angus observa les doigts ridiculement petits enroulés autour de son index, les yeux brillant d’une nouvelle lueur. Il pouvait sentir en lui l’amour qui s’était immédiatement installé dans son coeur, un amour différent de celui qu’il portait à sa femme mais tout aussi intense. Ça ne venait pas “à la place de” mais “en complément de”, comme une partie de lui qui avait toujours manqué sans qu’il n’en ait réellement conscience. Et si leur famille était belle lorsqu’ils n’étaient que tous les deux, ça paraissait à présent bien peu comparé à ce qu’elle promettait d’être.


Étés 1982-1997
Ça a une saveur particulière l’été. C’est euphorisant, revigorant. C’est un mélange d’odeurs et de sensations qui mettent de bonne humeur. C’est le soleil qui réchauffe les cœurs, la chaleur qui fait perdre la tête, l’effervescence qui donne l’impression de pouvoir tout entreprendre. La plupart des gens passent leur temps à courir, après quelque chose qu’ils n’ont pas, après quelqu’un qu’ils n’ont plus. Ils se soucient du lendemain comme si c’était ce qui importait alors qu’en réalité, tout ce qu’ils ont et tout ce qu’ils auront jamais c’est le moment présent. Celui qu’ils sont en train de gâcher, à force de trop s’inquiéter. La belle saison, ça efface tout ça, ça rend insouciant, imprudent même, parfois. Pour Josephine, l’été représentait un moyen d’échapper à son Angleterre bien-aimée. Chaque année, elle attendait impatiemment cette parenthèse bienvenue, trépignant à l’idée de retrouver la France, ses paysages, sa gastronomie, ses origines. Plus jeune, elle s’était surprise à envier ses cousins parce qu’elle vivait ici et qu’ils vivaient là-bas. Puis son frère et sa sœur avaient fini par arriver et le fait de ne plus être la seule exilée l’avait apaisée. Mais même si elle comprenait l’amour que portait sa mère à son père et leur motivation de vivre une vie à deux, elle avait encore du mal à saisir pourquoi ils n’avaient pas décidé de s’installer en France. Tout l’émerveillait : les montagnes des Pyrénées, les jardins à la française, la langue mélodieuse et l’atmosphère du sud. Elle appréciait retrouver sa famille, apprendre à la connaître, c’était pour elle une façon de découvrir son côté français, une part de son identité, de qui elle était. C’était à la fois se sentir plus proche de sa mère et devenir fière d’être une Baudelaire.


Juillet 1989
« Wait, are you telling me that’s the Beauxbâtons uniform? » La jeune fille avait du mal à assimiler l’information. Interdite, elle continuait de caresser machinalement la robe de soie de sa cousine, étudiant la couleur du regard. Cette parfaite nuance de bleu qui lui rappelait le ciel du sud dont elle profitait en ce moment. Évidemment c’était ça, l’uniforme de Beauxbâtons. La magie à la française, l’élégance dans les moindres détails. Est-ce qu’il arrivait à ce pays de faire les choses normalement ou fallait-il qu’il y ait du charme dans tout ce qu’il créait ? Elle rendit le vêtement à Violette, non sans l’avoir regardé sous toutes les coutures une dernière fois, ignorant la pointe de jalousie qui s’installait en elle. « You know, you are partly French Jo, and not from just any bloodline, nothing forces you to choose Hogwarts. » Josephine releva les yeux vers sa cousine, prise au dépourvue. Peut-être qu’elle ne parvenait pas si bien que ça à cacher ce qu’elle ressentait. Depuis des années, chaque été, la blonde se faisait la réflexion. Et si elle restait là ? Et si elle ne rentrait pas en Angleterre avec ses parents ? Peut-être qu’elle pourrait vivre un temps chez sa tante, profiter de ce que la France a à offrir en d’autres saisons. Jamais cependant elle ne s’était autorisée à voir plus loin et à s’imaginer faire ses études à l’académie de Beauxbâtons. Elle n’était encore qu’une gamine, elle avait besoin de ses parents, de leur amour. Entrer dans cette école c’était non seulement s’éloigner de son pays mais aussi s’éloigner de son frère et de sa sœur qui venait tout juste d’avoir trois ans. Bien sûr, elle pourrait rentrer pendant les vacances et elle continuerait de leur envoyer des lettres mais est-ce que tout ça n’était pas censé être des problèmes d’adultes ? La fillette de dix ans soupira et regarda à nouveau en direction de la robe, se promettant de réfléchir à la question.


Septembre 1990
Confiante d’avoir pris la bonne décision, Josephine parcourait les wagons du Hogwarts Express en quête d’une place où s’installer. Elle était soulagée, l’année qui venait de s’écouler avait été dure. Elle avait pesé le pour et le contre, avait mis plusieurs mois avant de mentionner le sujet à ses parents par peur de leur réaction. Elle aurait dû se douter qu’ils comprendraient, que ses origines maternelles importaient autant que celles paternelles et qu’il était normal qu’elle se pose la question. Ils l’avaient soutenue, l’aidant à trouver les avantages et les inconvénients sans jamais la pousser dans une ou l’autre des directions. Et pour ça, elle leur était reconnaissante. Elle voulait connaître la magie d’Hogwarts, admirer le plafond magique de la Grande Salle, se perdre dans les escaliers en allant en classe, partir à la découverte de Hogsmeade. Elle voulait se sentir proche de son père, au même titre que sa mère. « Watch out! » Jo écarquilla les yeux et s’écarta juste à temps pour éviter le ballon lumineux qui arrivait droit sur elle mais pas suffisamment pour empêcher l’impact avec celui qui le poursuivait. Le dos collé au sol, elle se tortilla tant bien que mal pour essayer de s’extraire de sous l’individu qui venait de la percuter, s’arrêtant immédiatement en sentant le jeune homme se contorsionner anormalement. Elle pouvait entendre son propre cœur accélérer dans sa poitrine, la panique étant à ça de gagner la bataille. Lorsque le garçon releva la tête pour reprendre son souffle, hilare, Josephine le poussa sans ménagement et se redressa, époussetant rapidement ses vêtements. « Everyone is already seated, we thought the corridors would be empty. » Il afficha un sourire désolé avant de faire un signe de tête en direction de son ami qui articula à son tour des excuses. « I am Soren, this is Jasper. You can come with us if you want. No balloons in the wagon, promise. » Jo considéra longuement la main tendue de l’adolescent avant de se décider à la serrer, ses yeux croisant pour la première fois ceux du sorcier.. « Josephine. »


Mai 1994
Josephine s’excusa auprès de Soren et hâta le pas, couvrant rapidement la distance qui la séparait de l’endroit où elle avait vu la silhouette disparaître. Ça n’avait duré qu’une fraction de seconde mais elle était persuadée de l’avoir reconnue et elle voulait plus que tout en avoir le cœur net. Elle tourna plusieurs fois, empruntant les mêmes couloirs, se pressant un peu plus pour ne pas perdre sa cible des yeux. L’individu finit par s’arrêter gardant la tête baissée pour masquer son visage. Il poussa un soupir lorsque Jo tapa sur son épaule, bien déterminée à avoir une discussion avec lui. « Mom and dad are so going to kill you. » Cela arracha un nouveau soupir à son frère. Il le savait. Le ton avait été donné dès l’an dernier, Arsène cumulait les retenues depuis sa rentrée à Hogwarts, au grand désarroi de leurs parents qui n’avaient jamais eu à se plaindre de l’aînée. Le jeune Baudelaire s’était fait remarquer par ses arrivées tardives, son indiscipline et son côté téméraire. La plupart du temps, il en était fier. Pas aujourd’hui. « I swear I didn't know it would cause so much smoke... » Ça, Josephine voulait bien le croire. Qui aurait cru qu’un simple mélange d’ingrédients suffirait à faire évacuer tout le sous-sol ? Les élèves avaient paniqué, utilisant leur robe pour éviter de respirer la fumée, se cognant les uns les autres en quête d’une porte de sortie. Les témoignages avaient fait le tour de l’école, plus ou moins fidèles aux événements. Malheureusement, le nom d’Arsène était revenu suffisamment de fois pour faire de lui le coupable désigné. « I believe you. And I just want you to know: I'm glad you’ve been my brother. » Le garçon grommela, laissant sa sœur l’enlacer dans des adieux illusoires.


Décembre 1994
La couverture du manuel de Numérologie et grammaire claqua sous les yeux de la blonde qui leva la tête, à la fois agacée et soulagée. Elle avait choisi l’arithmancie en tant qu’option pour le BUSE, ainsi que l'étude des moldus, préférant laisser différentes possibilités ouvertes pour l’avenir. La divination basée sur les nombres et les calculs complexes lui paraissait plus fiable que celle suivie par la plupart de ses camarades. C’était compliqué et chronophage mais l’idée de parvenir un jour à briser des sorts la passionnait et valait bien quelques nuits blanches passées à réviser, voire même quelques après-midi, visiblement. « Looking at you gives me dark circles, don't you think it’s time to take a break? » Josephine se redressa sur sa chaise et étira ses muscles, encore endoloris d’être restés si longtemps dans la même position. Silencieux, Joseph la regarda faire. Il attendait patiemment une réponse à sa question. « What are you thinking about? » Une pause n’était effectivement pas une mauvaise idée. Les vacances de Noël approchaient et la jeune femme aurait d’autant plus de temps pour se pencher sur ses cours. Si Jo pouvait l’aider à décrocher, elle ne voyait pas de raison de refuser. « The Yule Ball, tonight. You and me. » Il avait l’air sérieux. Le bal faisait partie des événements auxquels presque tous les élèves assistaient, avec plus ou moins d’entrain. La gryffondor avait elle aussi prévu d’y participer en compagnie de ses amis, s’évitant ainsi la tâche laborieuse de trouver un cavalier. Elle savait que le garçon lui demandait ça parce que son plan initial avait échoué. Mais ça restait une façon pour eux de souffler un peu. Elle, en prenant de la distance par rapport à ses études, lui, en profitant d’une soirée qui s’annonçait pleine de festivité et d'allégresse. La réponse passa la barrière de ses lèvres avant qu’un sourire ne se fige dessus. « I hope you can dance. »


Novembre 1996
« Dammit! » La jeune fille serra les poings, tentant de consolider mentalement la déchirure qui venait d’apparaître sur ce voile censé être impénétrable. Un moment d’inattention, un seul et unique instant de distraction avait suffi à fragiliser la barrière de son esprit. Une erreur de débutante. Jo sentit la brêche s’agrandir un peu plus, consciente que si elle ne se vidait pas la tête maintenant, le reste volerait en éclat. Il fallait qu’elle se calme, la peur de l’échec l’empêchait de s’abandonner totalement, de fermer la vanne de ses émotions. Elle avait fait ça des dizaines de fois, jamais sans difficulté. D’abord en ne pensant plus à rien, puis en laissant certains souvenirs subsister. Souvenirs qu’elle choisissait avec minutie. Elle avait appris à persévérer, s’entraînant avec Soren en dehors des heures assignées à son apprentissage. Il était doué, elle l’était tout autant. Il s’immisçait dans son esprit avec une telle désinvolture qu’elle se demandait parfois s’il ne s’exerçait pas plus souvent qu’elle, sans le lui dire. Mais elle tenait bon, se canalisant davantage, calfeutrant la moindre interstice, la moindre fissure qui laisserait au jeune homme une occasion d’accéder à ce qu’elle voulait cacher. C’était plus facile avec lui, parce qu’elle n’avait pas peur d’être mise à nue et parce que, malgré ses facultés indéniables, il lui restait beaucoup à apprendre. C’était une autre affaire face à la force mentale qui martelait présentement l’intérieur de sa tête. Fatiguée de lutter, Josephine s’apprêtait à laisser tomber lorsque la voix de son professeur l’en empêcha. « Don't you dare give up. And watch your mouth please, young lady. » La femme avait parlé calmement mais son timbre trahissait les efforts qu’elle investissait dans son offensive. L’adolescente pensait échouer, en réalité, elle s’améliorait.


Août 1997
Victoire était là, debout devant sa grande sœur, le sourire aux lèvres mais le regard agité. À l’instar de son aînée il y a quelques années, elle avait dû choisir entre faire sa rentrée à Hogwarts ou traverser la Manche pour suivre le cursus de Beauxbâtons. Cette-fois ci, leurs parents avaient clairement fait pencher la balance d’un côté. Qui pouvait leur en vouloir ? La situation au Royaume-Uni empirait de jour en jour. Avec la mort de Dumbledore et Voldemort au pouvoir, la suite des événements n’augurait rien de bon. Toute la famille se souciait suffisamment de voir Arsène retourner à Hogwarts, si la cadette pouvait grandir loin de tout cette cohue, c’était ce qu’il y avait de mieux à faire. Même si cela signifiait en partie grandir loin d’eux. Le cœur serré, Josephine s’approcha de sa sœur pour la serrer dans ses bras. Elles étaient habituées à se dire au-revoir, à chaque fin de vacances, mais cette année c’était déconcertant. Elles seraient dans deux pays différents, une entamant son travail au ministère de la magie, l’autre découvrant les joies de la vie d’écolière dans le sud de la France. Bien sûr elle reviendrait à Noël, à Pâques et l’été suivant mais tout ça paraissait si loin et si incertain. Les choses avaient déjà tellement changé, le chaos qui régnait dans le monde des sorciers ne permettait plus de vivre dans un sentiment de sécurité. Tout le monde était inquiet, tourmenté. Jo ne faisait pas exception à la règle. Elle se préoccupait de son frère et des conditions dans lesquelles il allait commencer sa quatrième année. Elle angoissait pour sa sœur qu’on éloignait à regret, pour son père qui était né moldu. Elle enviait sa mère d’être ce pilier que rien ne pouvait ébranler. Ses yeux commencèrent à brûler et la jeune femme dessera son étreinte, laissant sa sœur respirer de nouveau. « I love you Vic. »


Novembre 1998
Écoeurée, Josephine reposa le journal sur son bureau. Elle avait bien entendu l’annonce mais elle n’avait pas voulu y croire, pas avant d’avoir eu la preuve sous les yeux. C’était chose faite. Une autorisation pour quitter le territoire… Elle sentit la frustration et la colère monter en elle. On venait de lui enlever une chose bien trop précieuse pour qu’elle reste assise à ne rien faire. Victoire. L’idée de ne plus revoir sa sœur lui donnait la nausée. Elle avait conscience que leur statut de sang-mêlé rendait les choses plus compliquées, que sa famille ne faisait pas vraiment partie des privilégiés de la société. Chaque jour passé à travailler au ministère le lui rappelait. Ce travail, elle en avait rêvé pendant des années. Elle avait étudié avec acharnement pour obtenir les diplômes qui lui ouvriraient les bonnes portes. Pourtant, la réalité était bien différente de ce qu’elle avait imaginé. Les manifestations magiques devenaient de plus en plus difficiles à cacher aux yeux des moldus, le nombre de disparitions augmentait, les témoins parlaient. Le département des accidents et catastrophes magiques ne savait plus où donner de la tête, envoyant ses meilleurs oubliators sur le terrain, effaçant le désordre laissé par des sorciers désinvoltes et orgueilleux. Les moldus commençaient à se poser des questions, la Baudelaire faisait en sorte qu’ils arrêtent de s’en poser. Elle était partagée entre cette impression de cautionner les agissements du gouvernement en couvrant ses traces et celle de protéger une partie du monde des sorciers, celle qui leur permettait de rester invisibles.  


2002
« What’s going on? » Soren l’observait avec attention, les sourcils froncés. Par la colère, la frustration ou l’inquiétude ? Josephine était bien incapable de le dire. Elle se détestait de lui mentir, de cacher son implication dans l’ordre du phénix. Elle, qui n’avait jamais eu aucun secret pour son meilleur ami, devait à présent trouver des excuses, des prétextes pour refuser telle invitation ou justifier pourquoi elle se trouvait à tel endroit à tel moment. Plusieurs fois elle avait eu envie de tout avouer, pas clairement mais tout au moins de faire assez de sous-entendus pour qu’il en tire ses propres conclusions. À chaque fois elle avait tenu, consciente que ce n’était pas la bonne décision. Ils avaient déjà abordé le sujet à de nombreuses reprises, celui de la résistance. Le garçon ne comprenait pas. Son sang-pur représentait pour lui une sorte d’immunité qui l’empêchait de réaliser l’envergure du problème. Il ne cautionnait pas toutes les décisions du gouvernement mais il ne saisissait pas l’intérêt d’agir contre. Pour lui ça ne changeait rien. Elle avait bien essayé de lui en vouloir, parce qu’il la côtoyait depuis suffisamment longtemps pour être témoin des impacts que ce nouveau régime avait eu, au moins sur la famille de la jeune femme. Mais elle comprenait aussi son point de vue, pourquoi sortir de sa zone de confort pour un combat que l’on ne considère pas comme le nôtre ? Il avait tout à perdre, et finalement peu à gagner. « Has anyone ever told you you're cute when you frown? » Le garçon se détendit légèrement et ses lèvres s’étirèrent en un sourire triste. Il n’avait pas envie de rigoler, pas cette-fois ci. Il avait la sensation de perdre sa meilleure amie, celle à qui il tenait plus que tout. Pire encore, il avait l’impression de ne rien pouvoir faire pour empêcher ça. « I'm not kidding JJ, I'm worried about you. About us. » Les mots s’enfoncèrent dans la poitrine de la jeune femme, douloureux. Elle détourna le visage pour masquer sa réaction, faisant mine d’observer les personnes autour d’eux. Les choses paraissaient presque normales en apparence : les gens vaquaient à leurs occupations, certains riaient, d’autres blaguaient. Chacun revêtait un masque pour survivre aux journées qui se succédaient. Un monde de faux-semblants à la fois absurde et déroutant . « We’re good. No balloons in the wagon, I promise. » Soren ne put se retenir de rire, soulagé par la réponse de son amie.


Octobre 2006
Combien de temps encore faudra-t-il supporter tout ça ? Les pertes, les échecs, les coups d’épée dans l’eau. Malgré tous leurs efforts pour rester debout, pour affirmer leur conviction, les résistants semblaient constamment avoir un train de retard. Leur dernière victoire remontait maintenant à plusieurs mois, l’espoir commençait à s’amenuiser, les derniers événements étaient mauvais et Josephine se sentait impuissante. Elle avait gardé son travail au ministère pour rassembler le plus d’informations possible mais cela ne s’avérait pas suffisant. Il fallait voir plus grand, frapper plus fort. Les prendre par surprise. Mais comment surprendre l’ennemi quand il a toujours trois coups d’avance ? Comment savoir à qui faire confiance et de qui se méfier ? Même ses amis de longue date finissaient par être suspects à ses yeux. Depuis qu’elle avait rejoint l’ordre, la jeune femme était d’autant plus sur ses gardes. Ses talents d’occlumens faisaient d’elle un atout pour la résistance mais son poste au département des accidents et catastrophes magiques la jetait droit dans la gueule du loup. Elle savait ce qu’elle faisait, dans quoi elle s’était engagée. Elle partageait tout ce qu’elle parvenait à récolter, tout ce qui était susceptible d’aider. Au ministère elle se sentait comme une intrus, dans les rangs de l’ordre elle se sentait à sa place. Et c’était de ça dont elle avait besoin.