A la crystal passe la retransmission de la course de sombrals d'il y a trois jours. Noris s'en fiche, il l'a déjà vu en live, il a déjà perdu ses trois gallions misés avec beaucoup d'espoir. Foutu Stewball qui a osé perdre. Presque sûr que son cavalier l'a échangé contre une autre monture au début de la course et comme ils sont tous invisibles, personne n'a rien cramé. Mais on ne la fait pas à Noris, la prochaine fois il ne parie pas. Peut-être surtout parce qu'il n'a plus trop d'argent pour cette fin de mois. Dur dur la vie, Noris envie presque les vampires qui sont logés et nourris par le gouvernement qui leur procure même un métier. Les assistés quoi. Comme il est un peu dègue et qu'il y a personne à servir, il déserte le bar pour l'arrière cour, Diva sur les talons. Là, il hume l'air avant de prendre une grande inspiration. POUM ! Transformation ! Sa forme animale aurait été classe qu'il se serait choisi une pose à prendre juste avant de se métamorphoser. Là, ce serait juste ajouter du ridicule au ridicule. L'humain laisse donc place à l'opossum qui garde les sourcils on fleek et qui va se caler dans un coin tranquille pour se rouler en boule. Ca va que Noris a le ventre plein, sinon il serait aller fouiller dans les déchets à la recherche de restes vaguement comestible et bonjour l'odeur.

Il se réveille quand le soleil est au zénith ou un peu après. Il y a Diva qui est roulée en boule juste à côté de lui. L'animal s'étire, hume l'air de nouveau avant de prendre une grande inspiration. POUM ! Transformation ! Noris est redevenu un homme, un vrai. Il se frotte les yeux, grommelle tout bas le temps de sortir de sa torpeur induite par la sieste animale et réveille Diva à coup de grattouilles sur la tête. Il est temps de retourner bosser ou presque. Ou pas du tout. Plutôt d'entretenir le réseau auprès de ses super potes famous et aujourd'hui c'est Jules qu'il doit voir et ça va être super cool parce que c'est en lien avec la grande passion de Noris. Non, pas les chiens. Pas wizardgram non plus (faudra qu'ils fassent un selfie ensemble par contre). Ni les jolies meufs sapées en bombe. Sa passion avec un grand P, la meilleure de toutes : les bavboules. Il ne faut en effet pas oublié que Noris est un grand sportif et c'est sans doute son plus grand point commun avec Jules. D'ailleurs, il a super hâte de la partager (sa passion, pas Jules), il trépigne derrière son bar, ses affaires déjà prêtes à ses pieds : jeu de bavboules professionnel, chien, cubi de rosé, la sainte trinité pour passer une après-midi du tonnerre. Plus qu'à attendre que la blonde arrive et ils pourraient décoller.

Glace à la passion et à la framboise en main, Jules marchait d’un pas décidé en direction d’une adresse qu’elle connaissait un peu trop bien. Plutôt fêtarde dans l’âme, elle n’était jamais la dernière à sortir, mais encore moins depuis que le barman était justement un ami. La Poufsouffle Family était plus forte que toutes, et même des années plus tard, ils pouvaient encore compter les uns sur les autres. Sans crier garde elle poussa à l’aide de son pied la porte des lieux, avant de se diriger vers le comptoir. « Prêt à prendre ta raclée Sanders ?! » Amusée par sa bêtise, elle posa sa glace sur le bar avant d’ouvrir son sac à dos pour en sortir une grande bouteille de bière moldue, bien évidemment interdite par le Lord. Malgré les risques, Jules refusait foncièrement de suivre certaines règles du gouvernement. Ils lui avaient pris sa famille, impossible qu’ils lui prennent sa liberté. Assise sur le tabouret haut, elle se délectait de la fin de sa glace avant de regarder la course de sombrals qui passait en fond. « Tu as vu cette course ? Je comprends pas que personne ne l’ai empêché de prendre le départ, n’importe quel idiot voit la différence sur le canasson. » Jules, malgré sa jovialité sans fin voyait ses créatures aussi nettement que sa propre main. Le meurtre de ses camarades de jeu sous ses yeux n’y était pas pour rien, ce qui lui permettait de pouvoir suivre les courses de sombrals avec un peu plus de sens.

« Je paris que tu as encore parié sur le mauvais sombral ! » Jules était espiègle, mais rarement méchante. Depuis le temps, Noris la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle le respectait réellement, même si leurs parcours de vie était radicalement différent. « Bon, alors, le Bavboule. » Jules n’avait jamais rien compris à ce jeu, mais elle espérait quand même gagner face à l’ancien joueur professionnel. Elle se souvenait parfaitement des tournois qu’elle était allée voir pour encourager son ami, mais incapable de réellement comprendre les règles, elle se contentait de crier avec enthousiasme pour galvaniser les troupes. Des fans en folies, c’était toujours plus encourageant, du moins pour elle. Alors qu’elle terminait sa glace, le chien de Noris s’approcha d’elle, sûrement à la recherche de papouille. Amoureuse des canidés, elle ne se fit pas prier pour lui caresser l’arrière des oreilles et sa faire lécher vigoureusement le visage.

« Bon, on joue où ? » La galloise, comme depuis toujours, débordait d’énergie, ce qui la rendait assez difficile à suivre. Petite, elle courait déjà partout à Poudlard, et même Cédric, son meilleur ami peinait à suivre le rythme. La boule d’énergie qu’elle était se canalisait avec le sport, et il était évident que le quidditch lui correspondait bien plus que le bavboules. Contrairement à beaucoup de sportifs à balai, elle n’avait jamais méprisé ce sport bien moins répandu, convaincu que pour atteindre un bon niveau, il fallait tout autant de rigueur. Certes, cela était moins physique, mais sûrement plus intellectuel que le poste de batteur.

Han comment ça se prend des glaces sans en ramener au copain ! Noris est choqué-déçu alors tire un peu la tronche avant de retrouver le sourire parce que Jules a pensé à la bière. Il prend la bouteille pour la poser juste à côté du cubi pour ne pas les oublier (son mouvement ne sert à rien mais il pense que c'est particulièrement intelligent) avant de rappeler Diva à ses pieds parce qu'elle fait la fête à Jules alors qu'il a élevé une chienne distinguée et les chiennes distinguées ne sautent pas sur les gens avec les papattes pleines de boue. « Prêt à prendre ta raclée Sanders ?! » Petit sourire malin. "Dans tes rêves Doherty !" Et encore. On peut lui accorder une chose à Noris, c'est qu'il est imbattable aux bavboules. Et une seconde chose : son don est on ne peut plus inutile. Il se détourne de son amie quelques secondes pour regarder de nouveau la crystal, sourcils froncés. Il connait déjà les résultats mais ça lui fait mal au coeur d'entendre de nouveau sa défaite. « Tu as vu cette course ? Je comprends pas que personne ne l’ai empêché de prendre le départ, n’importe quel idiot voit la différence sur le canasson. » KWA ? "Attends, tu veux dire qu'il y a eu embrouille ?" gémit Noris. « Je paris que tu as encore parié sur le mauvais sombral ! » "Non mais on les voit pas aussi, c'est trop facile de tricher, ils devraient leur mettre de la teinture indélébile, ça se fait pas." C'est vraiment vraiment trop inzuste. Les gens qui voient les sombrals sont décidément des gens mesquins (peut-être à cause du traumatisme ?). « Bon, alors, le Bavboule. » Sourire retrouvé en même pas une seconde, Noris a son plus grand air de winner alors qu'il pose avec une délicatesse insoupçonnée la malle qui contient le matériel sur le comptoir. Des années que Jules vient voir ses matchs et elle ne lui a avoué que très récemment qu'elle ne savait pas y jouer, le scandale ! Bon, il le savait déjà, il n'est pas si bête ou du moins est trop au courant des règles pour ne pas tiquer quand elle lui parle du penalty qu'il y a eu à la huitième minute de la partie alors que les penaltys, tout le monde sait que c'est au volley. Mais là, il a saisi sa chance aux moments des aveux pour lui proposer imposer une initiation. "Tu vas voir, tu vas a-do-rer." Parce que c'est le jeu le plus a-do-ra-ble du monde. « Bon, on joue où ? » Dans ton cul hahaha. Il glousse tout seul avant d'attacher la laisse au collier de Diva. Il la file à Jules (honneur suprême) pour porter la malle et les boissons (c'est un homme fort Noris). "Il y a un super terrain à vingt minutes de marche" explique-t-il avant de saluer son collègue et quitter le bar. "Je vais t'expliquer les règles le temps qu'on arrive. J'imagine que tu les connais un peu quand même." Du moins, ça lui semble logique vu qu'elle assiste à chacun des tournois (quoique lui fait de même et n'a toujours pas trop compris pourquoi les joueurs avec les battes tapent pas la plus petite balle comme au base-ball).

Privilégiée, Jules voyait les sombrals aussi clairement que les humains. Malheureusement, cela sous-entendait qu’elle avait vu la mort de ses propres yeux, épisode dont-elle se serait bien passé. Drame outrepassé, elle avouait que voir toutes les tricheries de ce sport l’amusait grandement, d’autant plus quand elle voyait tous les parieurs qui se faisait avoir. Noris, sans grande surprise, comptait parmi les pigeons des courses. Le ministère devrait clairement agir, mais comme cela rapportait beaucoup d’argent, personne ne s’activait. « Oui, c’est pas le bon sombral. » Amusée par la réaction de son ami, Jules ne pouvait s’empêcher de se moquer en finissant sa glace. Oui, la triche était de mise, mais s’il ne voulait pas se faire entuber par le fait de ne pas voir les canassons, il pouvait éventuellement parier sur un autre sport. « Tu peux jouer au PMU, au moins tu verras les chevaux. » Fille d’une née-moldue, Jules connaissait parfaitement les sports phares des sans-magies, et savait que celui-ci plairait à son ami.

Fier, Noris attrapa sa malle de bavboule pour la poser sur le comptoir. Curieuse, Jules se redressa pour mieux voir. Même si elle s’était déjà rendue à beaucoup de tournois, elle ne comprenait pas la moitié des règles et n’avait jamais joué de sa vie. A Poudlard, elle passait bien trop de temps sur le terrain et en colle pour avoir le temps de jouer à ce jeu étrange. Lorsque Noris avait découvert cette information, il s’était empressé de lui proposer une initiation. Apprendre d’un champion, quel honneur, même si elle doutait de ses capacités dans la discipline.

Le terrain était à quelque temps de marche du bar, elle emboita le pas au jeune homme, aidant à porter les boissons, de manière discrète. Boire était devenu interdit chez les sorciers, autant rester vigilant. Sur le chemin, Noris comptait expliquer les règles, mais avant toute chose, il souhaitait savoir son niveau de connaissances. « Les règles… Bin je sais pas, c’est comme les billes ? » Jules n’avait jamais rien compris aux matchs observés, d’ailleurs, ces cris contres les arbitres en étaient la preuve. « Y a des cartons ? » La blonde, contrairement à beaucoup de joueurs de quidditch ne méprisait aucunement le bavboule, cependant, elle ne s’était jamais vraiment attardé sur ce qui rendait ce jeu passionnant. Noris allait sûrement l’éclairer un peu, et dans le pire des cas, ça sera quand même une super fin de journée en compagnie d’un ami.

Noris est mortifié, à deux doigts de poster une story pour expliquer à ses fans à quel point l'industrie des courses de sombral doit tuer des gens juste pour que ses employés puissent voir et intervertir les canassons vu comment ils sont sans foi ni loi et que c'est parfaitement cruel et injuste. Pas le bon sombral. Fuck Stewball, toute la nation comptait sur toi. "Tu peux jouer au PMU, au moins tu verras les chevaux." Noris grogne (Diva fait de même). "Je connais le PMU, mon parrain y joue, c'est moldu." Et il ne peut pas faire des choses de moldues, même si il avait adoré accompagner son parrain au course quand il était encore petit (mais déjà grand en taille) et qu'il savait pas que son parrain était son papa. Il soupire, s'arrache de la contemplation de la cristal, encore un peu bougon jusqu'à ce qu'on en vienne aux bavboules. Il se met directement en action. Résultat, en une minute, Diva et lui sont prêts à décoller et c'est ce qu'ils font, direction le terrain presque aussi grand que le terrain dans Olive & Tom (non). Pour ne pas perdre de temps, Noris tâte le terrain sur les connaissances de Jules sur ce fantastique sport que sont les bavboules. Il n'aurait peut-être pas du parce que là, il est... Désappointé ?  "Les règles… Bin je sais pas, c’est comme les billes ?" "Bah nan c'est pas comme les billes." "Y a des cartons ?"  "Bah nan y a pas de cartons." Il fronce les sourcils, essayant de comprendre par quel moyen Jules a pu comprendre si peu des bavboules alors qu'elle va à ses matchs (Noris le sait, il l'a toujours en fond sonore). "C'est un sport magique, tu sais" commence-t-il à expliquer, le plus sérieusement du monde. "Alors ce n'est pas comme les billes - parce que c'est des boules comme dans bavboule - et il n'y a pas de cartons parce qu'on est pas au foot." CQFD, professeur de l'année. Il pousse le portail du square avant de se pencher vers Diva pour lui enlever sa laisse. Sa chienne file au loin avant de revenir lui sauter dessus à toute vitesse. Elle répète le manège environ quatre fois, pile le temps pour eux d'arriver au terrain. "Je crois qu'on va passer direct à l'exemple..." Les mots, ça embrouille trop la compréhension. Noris ouvre la malle, vérifie qu'il y a le bon nombre de boules. Trente en tout, gravées en lettres d'or d'un N et d'un S entrelacé. La moitié sont blanches, l'autre noires, le jeu est chic. Il en a plein d'autres, style pour les compétitions, pour les parties entre amis professionnels, pour faire décoration... "Je vais t'apprendre le jeu officiel, il en existe des variantes mais..." Pas pour les néophytes, Jules va tout mélanger après. Déjà qu'elle confond ce sport avec le foot et les billes... Avec sa baguette, il trace un cercle d'environ cinq mètres de diamètre au sol avant de mettre vingt-huit boules dans ce dernier. Il en reste une de chaque couleur, il en met une dans chaque main, mélange derrière son dos, referme les paumes avant de tendre les poings vers son amie pour qu'elle choisisse sa couleur. "A toi l'honneur. Il faut que tu lances ta boule sur une de mes boules pour la faire sortir du cercle. Vu que c'est le premier tour, tu dois lancer d'en dehors du cercle. C'est aussi simple que ça." Ou pas vu que toutes les boules sont agglutinées au centre du cercle et qu'il n'a pas encore énoncé toutes les règles pour ne pas mélanger Jules qui a l'air un peu lente à la détente (ça doit être les cognards dans la trogne). Il aurait peut-être du mettre un peu moins de boules pour commencer d'ailleurs.   

Visiblement, elle n'avait pas vraiment compris aux règles. Loin d’être idiote, Jules portait juste peu d’intérêt à ce genre de détails. Quand elle venait aux matchs de son ami, c’était avant tout pour le soutenir, plus que pour commenter les actions du jeu. Pour elle, être supporter revenait à crier de toutes ses forces en levant les bras pour galvaniser les joueurs. Lors des tournois de Bavboules, elle avait toujours été la seule à briller, une singularité qui ne la dérangeait pas le moins du monde. Être différente ne la dérangeait pas, et à ses yeux, la seule personne qui aurait pu faire ce commentaire était Noris. Même si elle n’était pas une grande fan de cette discipline, Jules regrettait l’époque où elle pouvait voir son ami s’épanouir dans un domaine où il excellait. Malheureusement, le chemin du blond n’avait pas été aussi chanceux que le sien et aujourd’hui, son expertise servait seulement à apprendre le jeu à une plus que débutante.

« Ok… » Coupable de ne pas avoir fait l’effort de retenir la moindre règle, elle resta silencieuse, écoutant avec un certain sérieux les paroles de l’autre. Quand elle le voulait, Jules savait se comporter comme une adulte. Les explications de Noris étaient claires et simples, et pour approuver, elle hochait la tête. Une fois le but du jeu exposé, Jules attrapa deux bières pour les décapsuler. « C’est un peu comme la pétanque en fait ? » Sa mère étant née-moldue, elle avait grandi entre les deux mondes et connaissait suffisamment celui des noms magiques pour connaître ce sport, très populaire auprès de grands-parents.

Une fois la bière du jeune homme distribuée, elle s’approcha du cercle pour exécuter les ordres. La suite ne semblait pas compliquée, alors elle ne voyait pas pourquoi trop réfléchir. « Bon, je me lance. » Ses yeux se posèrent sur la tripotée de boules qui occupaient le sol, et rapidement elle comprit l’embrouille. « Et du coup, si je mets aussi les miennes dehors ? » Malgré son côté solaire, Jules n’aimait pas perdre. S’il manquait une partie des règles, elle souhaitait le savoir avant de lancer la partie. « Même si tu es très fort, j’ai pas envie de perdre. » Jules ne croyait pas vraiment pouvoir battre quelqu’un avec autant d’entrainement, mais sans challenge, la vie était moins fun. Impatiente, elle décida de tenter l’expérience et lança sa boule dans la tas, tout en priant pour envoyer valser certaines de celles de son adversaire. Autant des siennes que celle de Noris valsa hors du cercle, tandis que les autres s’espacèrent davantage les unes des autres.

Noris fronce les sourcils ce qui les rend encore plus bizarre. C'est qu'il a un peu de mal à suivre au niveau des comparaisons. "C’est un peu comme la pétanque en fait ?" Plus dix points de froncements, Noris ouvre la bouche, la referme, puis la réouvre. Il aurait fait un bon animagus mérou. "Bah nan c'est pas comme la pétanque" finit-il par déclarer. Parce qu'il ne connait absolument pas la pétanque, trouve le mot d'ailleurs très bizarre. Un rapport avec un tank ? Si oui, il faut qu'il se renseigne. En attendant, il explique les règles des bavboules avec tout le sérieux du monde, parce que c'est un sujet sérieux et professionnel. Encore plus le quidditch dixit lui-même et il est agréablement surpris de ne pas être coupé par Jules. Il réceptionne une bière, trempe les lèvres dedans, en donne une lampée à Diva - juste une c'est pas pour les petits chiens - et fait signe à son amie que oui, elle peut y aller. "Et du coup, si je mets aussi les miennes dehors ?" L'action lui semble tellement saugrenue que Noris a oublié de préciser. "Bah tu me donnes des points, c'est marquer contre son camp..." Là, c'est comme au foot et même comme au quidditch. Mais les bavboules, c'est mieux. "Même si tu es très fort, j’ai pas envie de perdre." Eclat de rire du joueur britannique qui a remporté un ou deux (ou plus) championnats mondiaux. Elle tente un truc, rate de l'avis de Noris, va se faire asperger de pus dans trois, deux, un... Noris s'écarte pour éviter les éventuelles giclées égarées du droit chemin, la chienne aboie, un passant ricane. "A ce rythme, même Diva te bat" déclare le joueur pro qui ne pose même pas son verre pour viser. Le tir est d'une précision millimétrée et fait sortir d'un bond une boule de Jules du cercle, prenant sa place comme si elle y a toujours été sans même courber un brin d'herbe supplémentaire. Sourire satisfait d'honnête tireur. Il aurait pu en faire sortir plusieurs, mais ça ne sert à rien d'écraser d'un coup un adversaire alors qu'on peut le faire peu à peu. Ou plutôt, comme Noris n'est pas sadique, il veut s'amuser, pas dégouter Jules en gagnant en un seul tour. "A toi. Ah et il ne faut pas que la boule qui te sert à tirer sorte du cercle sinon tu perds un point. Là, comme c'est plus le premier tour, tu dois tirer de l'endroit où elle est tombée lors de ton tir d'avant" explique-t-il avant de faire de gros yeux à Diva qui s'approche de trop des boules.   

Pour Noris, le bavboule était une religion. Même si ça la faisait un peu rire, la blonde comprenait mieux que personne la place que pouvait prendre une passion dans une vie. A ses yeux, le quidditch était plus qu’un sport. Elle y consacrait presque tout son temps et sans ça, elle tournerait sûrement en rond sans savoir comment donner du sens à sa vie. Lorsque la carrière du blond s’est stoppée, elle était forcément un peu triste, parce qu’elle imaginait facilement le vide que tout cela laissait. Elle admirait l’autre pour avoir réussi à rebondir, du moins suffisamment pour ne pas rester les bras croisé à broyer du noir. Sur ce point, ils se ressemblaient et c’était sûrement pour ça que leur amitié fonctionnait aussi simplement.

Alors qu’elle essayait de trouver un équivalent moldu à ce sport étrange, Noris s’agaçait. Visiblement, il ne voulait pas comparer le bavboule à une autre activité, ce qui l’amusa un peu. « Je suis sûre que tu ne connais même pas. » Jules aimait embêter les autres. L’espièglerie était un de ses traits de caractères, sans pour autant devenir désagréable. Elle apportait de la bonne humeur aux autres, tel un petit rayon de soleil. Pour elle, donner ou redonner le sourire aux gens était la plus grande des satisfactions. Que cela soit en soirée, entre amis ou lors d’un match de quidditch, elle aimait voir les autres sourires et oublier leurs soucis. Sa sœur lui dirait sûrement qu’elle ferait mieux de se concentrer sur son bien-être que celui d’autrui, mais pour elle, c’était sa manière de ne pas ruminer de trop le passé.

Son premier lancé était un échec pur et simple. Sans surprise Noris s’en amusa et ne manqua pas de la comparer à la bête à poil qui vagabondait autour d’eux. « A ce rythme, même Diva te bat… Non mais je t’emmerde. » Sa voix se voulait faussement agacée, alors qu’elle le regarda jouer son coup, parfaitement bien placé. L’expérience parlait, mais elle voulait encore croire en la chance du débutant. Maintenant que son tour revenait, le blond lui expliqua une nouvelle partie des règles, ce qui ne l’inquiéta pas réellement. Jules ne comprenait rien depuis le début, ce n’était pas une nuance qui allait changer la donne.

Concentrée, beaucoup trop pour un jeu entre amis, elle s’adonna à son second lancé. Même s’il était toujours plus ou moins médiocre, il avait le mérite d’être un poil mieux que le précédent. Optimiste et surtout bien décidée à passer un bon moment, elle leva un pouce dans les airs avec son plus beau sourire. « Ah, je progresse à vue d’oeil ! Bientôt aux championnats du monde. » Jules avait beaucoup de qualités et de talents, mais sûrement pas celle-ci. Heureusement pour elle, si elle souhaitait se rendre à des compétitions internationales, elle pouvait compter sur le quidditch. Maintenant qu’elle était entrée en équipe nationale du Pays de Galles, elle allait pouvoir représenter sa nation, la terre de ses parents. Un privilège qui la rendait fière.

Consciente de la volée qu’elle allait prendre, la gardienne des Rowdy Raven détourna la conversation sur une pente un peu plus intime. « Bon, et sinon quoi de beau Noris ? » Au mieux, elle allait avoir des actualités sur la vie de son ami, au pire, elle parviendrait peut-être à le déconcentrer. Le bavboule ne comptait pas vraiment à ses yeux, contrairement au bonheur de passer du temps avec des amis. Elle était assez bien placée pour savoir à quel point ce genre de choses pouvait se finir prématurément.

Bon ok, il connait pas la pétanque. D'un côté, il ne peut pas tout connaître, il n'a pas fait Serdaigle. Et lui, au moins, il connait les règles des bavboules et du quidditch (malgré le ressentiment qu'il éprouve pour ce sport beaucoup trop à la mode pour ne pas être mainstream et surfait). Il se la racle un peu - il peut pour une fois - vante les mérites de son chien. « A ce rythme, même Diva te bat… Non mais je t’emmerde. » Eclat du rire du sorcier, Diva jappe en réponse et se roule dans l'herbe. Au tour de Noris de jouer, il prend le point sans surprise, ajoute des explications. Il vaut mieux aller peu à peu pour ne pas faire fumer le cerveau de son amie alors que c'est après-midi détente. Il prend une gorgée dans sa bière avant de regarder d'un œil de professionnel le nouveau tir de la blonde. Eh beh, heureusement que ce n'est pas noté. « Ah, je progresse à vue d’œil ! Bientôt aux championnats du monde. » L'essentiel est d'y croire et Noris ne se permettrait pas de briser les espoirs d'une pauvre et naïve joueuse de Quidditch pour les Pigeons de Galles. "Oui, on va venir te débaucher en fait !" assure Noris avec un sourire jusqu'aux oreilles. Mais après ce lancer, il en es sûr : Diva est vraiment plus forte que Jules. « Bon, et sinon quoi de beau Noris ? » Il réfléchit un petit peu, histoire de trouver de quoi se lamenter mais oublie vite cette idée vu ô combien il a plus réjouissant. "Tu devineras jaaaamais !" Et il s'arrête là pour faire durer le suspens et en profite pour réfléchir à son tir à venir. Alors soit il la joue gentil et il fait en sorte de préparer le terrain à Jules pour qu'elle fasse un joli coup si elle y met du sien - ce qui n'est pas assuré - soit il fait le joli coup. Hmm. Avec le sens du vent, le nuage qui passe devant le soleil et l'inclinaison du terrain, il tente la technique du Flux des mille oiseaux. La boule qu'il lance semble disparaître un instant avant de rebondir à plusieurs endroits du cercles, envoyant voler plus loin trois boules de Jules. "Le terrain aurait été réglementaire et j'aurai joué sérieusement, tu aurais perdu" qu'il fanfaronne avant de reprendre une gorgée de sa bière. Il a assez ménagé le suspens maintenant. "Du coup, Laurel Beckett, tu vois qui c'est ?" Question rhétorique, tout le monde connait Laurel, la star de la BCBC. "Bah la dernière fois, je l'ai accompagné à un défilé de mode" - parce qu'il est trop stylé - "et elle m'a dit que je pourrai devenir mannequin !" Tout ça parce qu'il est grand et bien foutu mais c'est Dieu qui donne.

Pour dire vrai, Jules n’avait aucune idée de si elle avait bien joué ou pas. Elle ne connaissait tellement rien qu’elle se contentait de mimer les gestes de son compère, espérant récolter une réaction de sa part. Cette sensation, elle ne l’avait jamais ressenti en quidditch, tout simplement parce qu’elle avait dès le départ, une certaine appétence et talent pour tenir sur un balai. Parfois, elle se demandait ce qu’elle aurait fait de sa vie sans ce sport, qui était non seulement devenu son métier, mais aussi le moteur de sa vie. Loin d’être une mauvaise élève, elle aurait sûrement pu accéder à un panel d’études intéressantes, mais combien aurait pu lui donner autant de satisfaction. Trouver sa voie n’avait rien d’aisé et elle s’estimait chanceuse d’avoir pu poursuivre dans sa passion.

Cependant, une chose était sûre, elle n’aurait jamais fais du baveboule au même niveau que Noris. « Faudrait que je trouve du temps dans mon emploi du temps, mais promis tu seras mon agent. » Le ton était léger, comme souvent avec la blonde. Malgré sa petite célébrité, elle restait simple, consciente que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Une blessure ou une action du gouvernement était vite arrivée et sans l’appréciation du public, elle aurait peut-être déjà été sortie du spectre du quidditch.

Noris, quant à lui, ne pouvait plus vivre de sa passion. Cependant, il lui en fallait plus pour baisser les bras et s'élancer dans la complainte. Il allait de l’avant et visiblement, il avait quelques projets à venir. Le monde de la mode la faisait rire, sûrement à cause des clichés qui l’entouraient. Dès lors, lorsque son ami aborda l’idée de devenir mannequin, elle lâcha un petit rire, aucunement critique. « Mannequin sourcil ? » Jules aimait rire de tout, parce qu’elle savait aussi rire d’elle-même. A ses yeux, elle était assez proche du barman pour faire une blague du genre.

Néanmoins, elle ne manquait pas d’intérêt pour l’information. « Je rigole ! » La gardienne ne connaissait pas les étapes d’une carrière de mannequin, mais si une personnalité si réputée (il paraît) lui proposait une telle offre, alors cela devait être envisageable. « Tu vas faire des castings ? » Si c’était le cas, elle espérait pouvoir observer cela de près, comme à l’époque où elle venait le voir jouer en criant des encouragements plus ou moins galvanisants.