cw. vulgarité/insultes (sorry rowan love u)

Courir à en perdre haleine, ça lui arrivait régulièrement, il fallait bien ça pour entretenir sa forme et surtout se sortir du pétrin dans laquelle elle se mettait toute seule, pour le frisson. Deux uniformes de la VB derrière elle, son sac à dos ballotait sur son épaule droite et la gênait mais elle n’avait pas tellement le temps de le remettre en place – elle ne les entendait plus, les avait sans doute semés en traversant un attroupement de jeunes ivres qui zonaient au milieu des cabanes fermées du marché de Noël.

America jeta un œil derrière elle sans ralentir (si elle s’arrêtait, elle ne repartait plus), ne vit rien que les jeunes et esquissa un sourire triomphant. Franchement, elle ne voyait pas pourquoi Izzie s’inquiétait autant pour elle lorsqu’elle sortait, elle s’en tirait toujours comme une cheffe et avait en plus la satisfaction de voir son visage placardé sur de nouvelles flopées d’affiches après qu’elle ait été repérée à Londres.

Soudain, elle entendit un cri, fit volte-face, vit un doigt pointé sur elle et les deux uniformes de retour. Fuck. Pourquoi elle ne tombait jamais sur Izzie pendant ses escapades ? America repartit comme une balle, ça lui rappelait son adolescence lorsqu’elle taguait les murs avec ses potes et fuyait comme une dératée à l’approche de tout adulte. Là, c’était un peu plus sérieux, elle vit de la lumière, freina des quatre-fers et poussa la porte du bar en manquant se vautrer dans son élan.

Ça braillait comme jamais là-dedans, entre la télé et le chien qui la regardait avec ses petits yeux interrogateurs, et en attendant, le type ne l’avait même pas remarquée. Le type ? Bah tiens, elle le connaissait, ce n’était définitivement pas son préféré, elle n’était pas très rats… Elle vit l’ombre des uniformes derrière la vitre, se tapit dans l’angle le plus près de la porte le temps qu’ils passent et leva les yeux vers la cristal quand elle entendit mentionner la résistance. Du mouvement, elle regarda du côté de Sanders, esquissa un sourire narquois quand il sursauta (elle aimait bien faire de l’effet comme ça).

- Désolé mademoiselle, nous sommes fermés.

- Même pour moi ?

Sourire quatre étoiles, elle sortit de son coin non sans vérifier encore que personne n’allait la repérer depuis la rue. La cristal beugla AMERICA CLARKE suivi de mots random comme TERRORISTE MEURTRE INFAME SANS VERGOGNE, il y avait même une photo de cette peste de Rowan Scamander en fond et America serait bien restée à regarder ce qu’on racontait sur elle, mais elle n’était pas toute seule dans la pièce.

- Hé mais on s'connait, non ?

- Oui oui, d’Hogwarts, j’étais à Serdaigle, on avait des cours ensemble.

TOUT EST MIS EN PLACE POUR APPREHENDER LA CRIMINELLE – Amy leva à nouveau la tête, haussa les sourcils, vaguement fière en voyant la photo qu’ils diffusaient (elle en train de faire un doigt au photographe, elle ne savait même pas quand est-ce que ça avait été pris). Quand elle allait raconter ça à Izzie –

America sortit sa baguette et coupa le son, se détourna de la cristal pour faire face à Noris, toujours souriante comme si on ne l'accusait pas d'avoir buté un type. De toute façon, ce n'était même pas vrai alors elle s'en foutait, haters gonna hate, par contre Sanders faisait une drôle de tête.

- Non mais c'est du pipeau ça hein, c'est cette pute de Rowan qui peut pas me blairer là, expliqua-t-elle en pointant du doigt la cristal qui diffusait maintenant une interview de la sœur éplorée.

Le mec s’était décomposé devant elle, America fronça les sourcils, pas sûre que ce soit une bonne chose. Le con, il était de ces abrutis qui croyaient tous ce qu’on leur disait à la télé alors que c’était bien connu que les médias étaient les premières sources d’informations non fiables. Franchement, accorder du crédit à Scamander quand on pouvait plutôt croire les affiches qu’America venait de coller et qui exposaient la vérité sur la starlette – ça c’était de la source fiable.

- Ah bah oui, j'me disais aussi. Voilà, elle avait raison et peut-être bien que lui n’était pas aussi débile qu’il en avait l’air à première vue. Trop une mytho Rowan, hahaha... Tu peux partir maintenant s'il-te-plaît ? T'sais faut que je ferme, puis le boss me paie pas les iheures supp et Diva doit avoir ses heures de sommeil ?

- Bah non, ce serait con de partir tout de suite alors que y’a les flics qui m’attendent dehors, mais t’inquiètes je reste là je fais pas de bruit et je me barre dans allez, un quart d’heure.

America se déplaça vers la fenêtre et jeta un œil dehors – la voie avait l’air libre mais on ne l’y prendrait pas deux fois, les flics c’était comme les vautours, ça volait en cercle et quadrillait le périmètre jusqu’à fondre sur sa proie. Ça aurait été Izzie qu’elle se serait fait un plaisir de sortir, mais là non, elle n’avait pas très envie de mourir.

C’est que ça tombait comme des mouches en ce moment, même Sarah avait disparu alors que Sarah avait l’air invincible, c’était déprimant, il ne pouvait pas y avoir deux disparitions en si peu de temps au M&S sous peine de plomber définitivement le moral des autres.

- En tout cas, ça fait grave plaisir de te revoir, hein. Bye Africa, à la prochaine !

Qu’est-ce qu’il lui racontait l’autre ? Parce qu’elle avait fait deux pas vers la porte elle s’en allait ? Certainement pas, elle changeait vite d’avis mais pas aussi vite.

- C’est America par contre, corrigea-t-elle. Mais ouais, super contente aussi. (elle mentait, elle n’en avait rien à battre de lui) Je savais pas que tu bossais là, t’avais pas fait de la télé genre ?

Ça lui allait bien tiens, un plouc dans une émission de ploucs – c’était quoi d’ailleurs, loft story ? Next ? La ferme des célébrités ? La honte quand même.

Petite visite du propriétaire pendant qu’elle surveillait de loin la fenêtre, totalement sourde aux protestations du barman – il y avait la télé qui couvrait les bruits, et puis elle s’en fichait pas mal, elle ne pouvait pas sortir tout de suite alors elle allait rester, aussi simple que ça, on ne mettait pas Amy Clarke à la porte.

- Ah oui, c'est très cool l'Amérique. J'suis un peu américain moi même.

- Mais non ? C’est marrant parce que ma mère est brésilienne.

Super marrant même. Elle fureta près de la cristal et leva le nez pour regarder ce qu’on disait. Enfin on ne diabolisait plus son nom, quoiqu’un bandeau rouge passait et repassait en bas de l’écran en donnant une adresse à laquelle écrire si on la voyait. C’était fou les proportions que ça avait pris, tout ça parce qu’elle avait fait placarder quelques affiches où l’on voyait Scamander avec des cornes de diable et des yeux comme ceux du boa du Livre de la Jungle, le tout encadré de quelques slogans eyecatchy l’accusant d’être une menteuse.

- Oui mais là, j'avais envie de faire autre chose, tu vois. Pour vivre un peu comme les gens et les comprendre.

America lui jeta un regard de haut en bas.

- T’as cru que t’étais une star ? Mec t’as été éliminé dans les premiers ! ricanement, retour des yeux sur la télé; il était marrant le type.

N’empêche que c’était Arthur qui serait content quand elle lui dirait qu’elle était tombée sur ce blaireau de mec de téléréalité, c’est qu’Arthur regardait, que c’était même lui qui lui faisait le debrief de chaque saison et qu’il allait être vert de jalousie.

- J'discuterai bien avec toi mais là, on peut pas ok ? tu peux pas rester ici, j'dois m'en aller, faut pas décaler l'cycle du sommeil de Diva, c'est très dangereux pour les toutous. Puis bah la BPM, si t'es innocente, elle t'fera rien hein. J'suis sur c'est pas toi qu'il cherche, puis c'est tranquille, la voie est libre, t'inquiètes pas hein ?

- Non mais (regard outré) tu m’as prise pour qui ? Jsuis pas conne, jsuis pas (instant réflexion, il fallait une ref que le blaireau allait saisir) Laurel Beckett hé.

Donc elle ne sortirait pas, parce que bien sûr qu’ils étaient après elle et bien sûr que non la voie n’était pas libre, elle jouait assez souvent au loup avec les flics pour savoir qu’il fallait prendre ses précautions.

- Tu me signerais pas un autographe ? C’est pour un pote, il est fan, reprit-elle.

Elle se dirigea vers le comptoir et attrapa une serviette en papier qu’elle emmena avec elle alors qu’elle venait jusqu’à Noris, tout sourire en la lui tendant.

cw. violence

America était une star, ce n’était pas elle qui le disait, c’étaient les infos. Et l’autre Scamander qui croyait l’enterrer avec ses faux témoignages alors qu’elle donnait juste plus de crédit à America qui se ferait un plaisir de signer son nom en gros sur toutes ses affiches pour que les gens les remarquent encore plus. Peut-être qu'elle devrait poser un brevet sur son nom... Et quand elle dirait à Izzie qu’elle faisait transpirer un mec rien qu’à marcher tranquillement dans son bar ! C’était sa meuf qui allait être fière d’elle. Elle espérait aussi que le gouvernement en profiterait pour sortir de nouvelles affiches wanted avec son visage dessus, elle aimerait  bien changer la sienne au M&S (il y avait un mur avec toutes les photos des habitants dans leur bel encart ‘individu dangereux’).

Moment de pause bras croisés à regarder la télé et l’autre con de présentateur, elle reprit son furetage en jetant de temps à autres des coups d’œil au mec des fois qu’il brandisse sa baguette et la zigouille – pas qu’elle y croyait beaucoup, il avait l’air d’un assisté avec deux neurones, même son lapdog aurait été plus effrayant du haut de ses quinze centimètres au garrot.

America se dit finalement que quitte à être là, autant faire quelque chose d’utile et rapporter un cadeau à Arthur. D’aucuns diraient qu’elle aurait du voler un joli verre à cocktail, mais non, elle préférait un autographe de l’autre zouave pour se moquer plus tard de son pote. Serviette en papier tendue à Noris avec un grand sourire qui montrait toutes les dents, elle haussa les sourcils lorsqu’il la roula en boule et la lui jeta. La serviette se déploya et tomba mollement sur le carrelage, Amy la suivit des yeux avant de les ouvrir grands lorsque l’autre se mit à beugler.

- Mais ta gueule t’es con ou quoi ??!!

Et le chien qui hurlait à la mort à côté. America n’était pas prête à se laisser attraper à cause d’un con pareil, elle attrapa la cruche qui trônait sur la table voisin et sans réfléchir plus longtemps, l’abattit sur le crâne du sonneur d’alerte. Il y eut un grand BONK, le chien couina et partit se cacher sous une chaise, Amy se dit qu’elle avait tapé un peu plus fort que prévu.

Regard un peu inquiet vers la porte, elle sortit sa baguette, fit léviter le barman jusqu’à une table, tira une chaise, l’assit dessus, lui posa la tête sur les bras et les bras sur la table – pour un peu on aurait dit qu’il roupillait. Amy contempla son œuvre, jeta un œil au chien pour vérifier qu’il ne venait pas la niaquer et passa à l’arrière du comptoir pour se servir un verre d’eau, histoire de se remettre de ses émotions. Elle attendit un peu, doigts pianotant sur le bois parce qu’elle s’ennuyait et qu’elle aurait bien aimé voir Izzie plutôt que tomber sur l’autre plouc sans cervelle; le temps passa, l’autre ne bougeait toujours pas, elle se sentait un peu coupable mais c’était de la légitime défense alors finalement, elle était dans son bon droit. Après un temps réglementaire, America quitta finalement la taverne après avoir éteint les lumières pour ne pas gâcher l’électricité.

FIN.