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Septembre 2007. Rentrée scolaire. Atticus attendait ce moment depuis qu'il avait entamé ses études à la LAAW, celui où il pourrait enfin entrer dans le grand Hall du Ministère de la Magie, emprunter l'ascenseur et se rendre au deuxième étage dans la prestigieuse salle du Département de la Justice Magique en tant que stagiaire. Inutile de préciser que la boule dans son ventre - d'ordinaire une simple présence gênante - s'était mise à faire de la gymnastique avec son intestin, et ce depuis plusieurs jours. A quelle sauce sera-t-il mangé là-bas ? Sa directrice de stage sera-t-elle à la hauteur de ses exigences ? Et lui-même, répondra-t-il correctement à ses attentes ? Quid des autres membres du Magenmagot ? C'était lequel déjà l'article 237.4.7 alinéa 12, De l'usage des balais durant un ciel dégagé ou celui sur les sorts de confusion ? Et s'il perdait sa langue ? Et s'il trébuchait sur une crevasse invisible et qu'il se ridiculisait dès son premier jour ? Atticus pouvait d'ors et déjà imaginer la tête hilare de Mordred, qui finirait par l'apprendre, il était toujours au courant des pires mortifications de son rival ... on lui accolerait alors l'étiquette du petit nouveau nerveux qui ne sait pas faire ses lacets dès son premier jour.

Ses pensées atteignent un tel degré d’angoisse que lorsque Atticus entre dans la cuisine ce matin-là et voit le copieux petit-déjeuner que son père lui a préparé, il sent un haut-le-cœur le prendre de plein fouet, porte sa main à ses lèvres et devient plus pâle qu’il ne l’est déjà. L’étudiant compte jusqu’à trois avant de déglutir difficilement et de se faire violence. Sur la table trône pêle-mêle la tarte au potimarron - le dessert préféré du garçon - une tasse de thé fumante, quelques scones et autres muffinoiseries, un jus fraîchement pressé. Le petit-déjeuner complet pour bien commencer la journée, Atticus voit le sourire sur les traits de son père, il sent sa fierté fébrile et un peu inquiète aussi, il sait le temps que cela a dû lui prendre pour faire en sorte que tout soit parfait - et il est déçu d’avance de savoir que rien de ce qu’il avalera n’atteindra la phase de la digestion. Mais cela, son père n’a pas besoin de le savoir alors il s’assied et le remercie et prend des petites bouchées et des petites gorgées car à défaut de pouvoir les garder à l’intérieur de lui, il est au moins capable d’en apprécier le goût et l’attention.

Après s’être discrètement dirigé en direction des toilettes pour faire ce qu’il avait à faire, Atticus souhaite une bonne journée à son père, vérifie que sa cape est toujours impeccable, que ses chaussures sont bien cirées, que sa sacoche garde bien les charmes pour dissimuler les accrocs et l’usure, depuis sa cheminée lance un “Ministère de la Magie” à peine tremblotant avant de disparaître dans un nuage de fumée verte pour réapparaître quelque peu désorienté dans ce grand hall qu’il a tant rêvé fouler. Sa tête se lève, tourne dans tous les sens, ses yeux se posent émerveillés sur le carrelage sombre et après avoir remarqué la statue sur la fontaine, décide de l’éviter soigneusement jusqu’à nouvel ordre, soudainement mal à l’aise. Quelqu’un le pousse en grommelant une phrase incompréhensible et Atticus ressert la prise sur sa bandoulière avant de se mettre en route, une carte des lieux à la main et les sourcils froncés ; c’est qu’on pourrait facilement se perdre (heureusement pour lui, il ne fait jamais rien sans préparation et a déjà retenu le chemin par cœur, la carte est une simple assurance). Bien que la boule ne fasse que grandir et monter et descendre à l'intérieur de lui, Atticus se sent tout petit et avec des étoiles dans les yeux (sous son regard stoïque) en profitant du paysage qui s'offre à lui alors qu'il avance. Rien ne le dérange réellement et tout l'étourdit ; des bruits de voix chuchotées et de chaussures qui claquent sur le sol froid, les gens pressés dans l'ascenseur et lui qui s'extirpe difficilement lorsqu'ils arrivent au deuxième étage. Les notes pliées qui se déplacent à vive allure d'un endroit à un autre. Tout dans ce lieu crie l'ordre ce qui l'aide à apaiser le chaos dans sa tête. Il inspire, expire et toque à la porte du bureau indiqué sur son papier avec dix minutes d'avance, être à l'heure c'est déjà être en retard. Puis, Atticus attend que Frida Beckett - ou un assistant peut-être - daigne lui ouvrir la porte, les jointures de ses mains deviennent de plus en plus blanches à mesure que le stress augmente. Il a beaucoup entendu parler de la sorcière après tout, il se doit de faire bonne impression, c'est toute sa carrière qui se joue dans ce premier échange - du moins en est-il persuadé.