attack ⊹ wishbone.

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atropos sacramoni

HE’D LEARNED NOW TO DIVIDE HIS MIND INTO CLEAN, CONVENIENT COMPARTMENTS. THOUGHTS COULD BE BLOCKED. MEMORIES SUPPRESSED. LIFE WAS SO MUCH EASIER WHEN HE BLOCKADED OFF THE PART OF HIM THAT AGONIZED OVER WHAT HE’D DONE. AND AS LONG AS HE KEPT THOSE PARTS OF HIS MIND SEPARATE—THE PARTS THAT FELT PAIN AND THE PARTS THAT FOUGHT WARS—THEN HE WOULD BE ALRIGHT.

tw: anxiété

Kingsley a le coeur qui bat à toute allure en arrivant à Liverpool. Même avec trois fioles de Polynectar dans la manche et une nouvelle baguette au point, pourtant, il sent une pointe d'angoisse se faufiler dans sa poitrine et se serrer autour de son coeur dissonnant, un étau de fer avec lequel il vit depuis quelques jours déjà.

Il n'est pas quelqu'un d'anxieux. Pas d'ordinaire, en tous cas. Et pourtant, depuis la visite d'Elena, Kingsley ressent ce poids sur les épaules, cette pression qu'il n'a jamais ressenti avant. Une étrange fébrilité s'est emparée de lui. Il a du mal à s'endormir, et du mal à sortir du lit aussi, faisant le tour de sa petite cahute sans s'arrêter, vérifiant chaque porte, chaque fenêtre, pour mieux s'asseoir dans le noir, les pensées embrouillées et confuses à force de tourner en rond dans son crâne. Il n'en a pas parlé à Sofia. Il n'a pas envie de lui révéler ce qu'Elena lui a confié - il ne saurait même pas comment aborder le sujet. Ce qu'il s'est passé au manoir de Gracefield a été un mystère pendant des semaines, et avoir enfin la réponse à ces questions entêtantes (que s'est-il passé? pourquoi avons-nous tant gagné et tant échoué à la fois? comment avons-nous perdu Lee? pourquoi est-ce qu'Elena est dans cet état?). Ignorance is bliss qu'il a souvent entendu, lors de sa carrière, ce à quoi il répondait sans faute: knowledge is power. Il n'en est plus certain maintenant.

D'un geste rapide, Kingsley avale une des fioles de Polynectar avant de s'engager dans une des rues plus bondées de la ville, peu désireux de se faire remarquer même côté moldu. Il n'ignore pas que de nombreux sorciers habitent dans le coin et que beaucoup d'entre eux n'hésiteraient pas une seule seconde à aller appeler l'escouade de la VB la plus proche - combien de fois a-t-il été envoyé avec Javier, quand ils étaient bien plus jeunes, sillonner les ruelles sombres de Liverpool sur les traces d'enfants abandonnés avant de se retrouver poings liés face à la protection syndicale des Warlocks? Kingsley se repère facilement à travers les rues, et réprime un soupir de soulagement en passant devant une pizzeria familière moldue à l'angle d'une rue du Little Italy de Liverpool.

L'apparence qu'il a prise n'attire pas l'attention, alors qu'il se glisse entre les passants et les badauds, main serrée autour de sa baguette dans sa manche. À mesure qu'il s'approche de sa destination, Kingsley sent cette tension amoncelée dans sa poitrine s'intensifier, peser de plus en plus, et quand il arrive enfin à la porte de l'immeuble, il se sent sur le point d'exploser. D'un mouvement discret de sa main blessée, il marmonne un "Alohomora" branlant qui fait s'ouvrir la porte dans un grincement.
Une douleur foudroyante lui remonte le long du bras et il grogne en refermant le battant derrière lui, tenant sa main encore de cicatriser contre son estomac. Il monte les marches le menant jusqu'à l'appartement d'Attia d'un pas lourd et peiné, et se laisse presque tomber contre le battant de sa porte pour annoncer sa présence, avant de rouler sur le côté pour la laisser ouvrir.

"S'only me," gronde-t-il d'une voix sombre quand la porte s'ouvre, et qu'il se tourne difficilement vers elle pour qu'elle le voit. Elle connaît cette apparence, usuelle quand ils se rencontrent en public (même si la dernière fois remonte à... longtemps maintenant, plusieurs semaines, presque trois mois) - un moldu récolté dans un McDo de Norwich, teint mat et yeux noirs cachés sous ses sourcils broussailleux et perpétuellement froncés, le tout sous une cascade de cheveux poivre et sel à peine mieux peignés.
Attia est ravissante, comme toujours, et c'est un peu malgré lui que Kingsley se sent esquisser un sourire crispé sous sa barbe d'apparat, avant de jeter un coup d'oeil par-dessus son épaule pour vérifier si l'appartement est vide. Son coeur fait une embardée dans sa poitrine mais pour une fois, ce n'est pas à cause de la présence appréciée de l'agent-double qu'il suit depuis des années maintenant. Kingsley sent sonner dans l'arrière de son crâne des sonnettes d'alarmes assourdissantes qui vont progressivement le rendre fou si elles ne s'arrêtent pas tout de suite. Il sursaute en entendant un bruit plus loin dans le couloir de l'immeuble, se renforgne et raffermit sa prise sur sa baguette, nerveux. "Alone?" Le souffle brusque est impatient, pressant - il a, réalise-t-il avec encore plus d'angoisse qu'avant, besoin d'elle immédiatement.

Elle est en train de lire vautree dans le canapé quand ça cogne, d’un coup sourd et lourd, contre la porte de son appartement. Enfin, elle essayait de lire, mais sans avoir ses barrières mentales levées, ça rendait le tout très compliqué parce qu’il y avait un défunt nommé Sean qui avait très envie de lui raconter de la merde et que même si elle grognait des “Piss off, Sean et autres I’m trying to focus here, mate.”, il n’avait pas l’air de comprendre et continuait. Alors ça faisait la quinzième fois qu’elle lisait la même phrase, qu’elle n’avait pas dépassé la vingtième page de son bouquin (de la fiction, en plus, pas le truc compliqué à lire normalement), et elle essayait vraiment de se concentrer, si bien qu’évidemment elle fait un bond quand un heurt sourd secoue son huis.

Et de s’adresser au spectre invisible, un peu vénère, tout en récupérant sa baguette et en se levant : “I’ve had it, Sean!” Elle qui ne voulait pas abuser de son occlumancie quand elle était chez elle, pour éviter les migraines qui allaient avec, se sent obligée d’ériger ses défenses mentales, pour ne pas avoir besoin de mener deux conversations en même temps. Lorsqu’elle entrouvre la porte, une voix familière lui indique qu’elle n’aura pas besoin de sa baguette. Elle écarte le battant davantage encore pour mieux estimer l’ampleur des dégâts, dévalant la silhouette factice de son visiteur de ses yeux bleu-vert, une moue légère qui pince ses lèvres.
Ce n’est pas son genre de venir alors qu’il n’est pas spécifiquement blessé.
En tout cas pas sans prévenir.

"Alone?" Demande-t-il et elle s’écarte du passage pour l’inviter à entrer, tout en commentant : “Not anymore, apparently. Come in.” Elle referme derrière lui, verrouillant magiquement la porte histoire qu’on ne rentre pas comme dans un moulin. Le laissant se débarrasser de son manteau s’il le souhaite, elle contourne la silhouette de l’ancien Auror et passe dans la cuisine pour faire chauffer une bouilloire d’un tapotement de baguette. Se passant ensuite la main dans ses longues boucles rousses, tout en scrutant la bouilloire sur le feu, elle s’appuie sur la table à manger, et lance par dessus son épaule, en le laissant prendre ses aises et en songeant qu’elle a moins l’impression d’être ridiculement petite à côté de cette apparence : “It’s been a while, since I last saw you. You’ve been busy, haven’t you now?” Et d’ajouter, alors que le sifflement indique que l’eau est chaude : “Leave my book the way I put it will you?, I can never remember the page number.” Elle ne le voit pas, tournée vers la cuisinière et la théière dans laquelle elle verse l’eau chaude, mais elle sait qu’il a tendance à s’intéresser à ce qu’elle bouquine quand ils se voient, et elle sait qu’elle a laissé l’ouvrage ouvert, pages directement contre le canapé, dans une position qui ferait hurler tout Ravenclaw qui se respecte.

Faisant flotter la théière brûlante devant elle jusqu’à la table basse du salon, elle retrouve donc celui qui s’est invité chez elle sans crier gare. Coup d’œil sur l’an table, constat simple : “Shit, the teacups.” Flemme de retourner dans la cuisine, elle les attire à eux d’un Accio informulé, puis repose sa baguette sur la table et s’assied enfin de l’autre côté du canapé, pieds nus sur les coussins, dardant ses prunelles sur Kingsley. “You look like shit so I’ll ask: what can I do for you?”

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tw: anxiété, début d'une crise d'angoisse

La douleur est une vieille amie, mais est toujours aussi désagréable. Kingsey ne sent pas le bout de ses doigts qui lui font l'effet d'être en feu, alors qu'il entre en trombe dans l'appartement d'Attia après son invitation pincée, ayant depuis longtemps dépassé le stade d'être heurté ou même vexé par ses manières parfois un peu brusques - heureusement, il en va de même pour elle.
En temps normal, par-dessus la protection magique qu'appose la sorcière sur la porte, Kingsley y lancerait lui aussi un sort - just in case, lui dirait-il avec un sourire crispé et un froncement de sourcils la défiant de dire quoique ce soit. Mais cette fois, il se contente de froncer les sourcils en direction du battant, sentant son coeur faire une embardée dans sa poitrine. Il ne peut pas les protéger ce soir. Il ne peut rien faire - il est vieux, inutile, rouillé. Il ne sait pas comment gérer Sofia, l'Ordre, Elena - Elena, dont la lumière des larmes hante chacune de ses nuits, dont la silhouette frêle et tremblante est gravée sur ses rétines, réveille chez lui cette douleur indescriptible qu'il n'a jamais ressenti auparavant.

Il phase sur cette porte comme si il pouvait y creuser des trous par la seule force de ses yeux. Il sursaute en entendant Attia, depuis la cuisine: “It’s been a while, since I last saw you. You’ve been busy, haven’t you now?” La voix de la sorcière le remet en marche et il grogne, défait le bouton de sa veste sans pour autant s'en débarasser au cas où il aurait à s'enfuir trop vite. "Like all hell," marmonne-t-il en faisant quelques pas dans la pièce de vie, attiré comme un aimant à la place qu'elle vient de quitter sur son canapé où il peut encore voir la trace de son corps sur l'assise. Kingsley se penche sans rien dire pour regarder le livre qu'elle a laissé négligemment derrière elle. Il peut presque sentir ses adelphes, parents et ancêtres grogner de désapprobation en regardant la reliure de ridée de l'objet. "You know how it is," rajoute-t-il en tendant la main vers le livre. “Leave my book the way I put it will you?, I can never remember the page number.”

Ça a le mérite de le dérider.
Un tout petit peu. Kingsley renifle, roule des yeux et finit par prendre place à l'autre bout du canapé, s'y laissant tomber et y rebondissant d'un son sourd. Il regarde sa main tremblante et alien, où la douleur récède lentement, et commence lentement à en masser les doigts douloureux. Il relève les yeux vers son hôte quand elle revient, théière flottant devant elle. “Shit, the teacups.” Kingsley la regarde avec envie attirer les tasses à elle, qui se déposent élégamment sur la table basse face à eux. Il se laisse aspirer par sa contemplation de la porcelaine pendant quelques instants. “You look like shit so I’ll ask: what can I do for you?” L'une des tasses est ébréchée. Une des coupoles n'est pas à la bonne taille. De la condensation apparaît à la surface de la théière, s'en échappe silencieusement.

Un détail par un détail, Kingsley étudie théière, tasses et table basse comme si elles étaient son monde tout entier. "I don't know," admet-il d'une voix sourde, qui lui semble elle aussi étrangère alors que c'est bien la sienne. Il reprend la baguette, cachée dans sa manche jusque là, et l'étudie avec autant d'attention que la table et les objets posés dessus.
Ce n'est pas la sienne, de baguette, évidemment. La sienne a été brisée avec Elena, a disparu avec lui, a été enterrée avec Gracefield, est devenue aussi inutile que sa main. Sa belle baguette, qu'il avait depuis des années, depuis son enfance - elle avait été faite pour lui, pour sa main, par le baguettiste de la famille, M. Saturday. Il n'en reste plus une trace.

Kingsley se met à trembler. Il regarde sa main cicatrisée, grossièrement rafistolée, et il tremble. Il regarde cette baguette étrangère, et il tremble. Il essaye de respirer calmement, et il tremble, et il repense à Elena, à ses larmes, à Sofia, et sa moue pincée, et au mur de haine et de désapprobation auquel il fait face à chaque fois qu'il va à St James, et il pense aussi à Lee, et il se demande ce qu'il a ressenti juste avant la fin. Désespoir ou soulagement? Lequel serait le mieux?

"Attia." Sa voix ne lui ressemble définitivement pas, et pourtant c'est la sienne - Kingsley a l'impression de l'entendre depuis très loin, comme à travers un voile. Quand il se tourne vers la sorcière, il a l'impression d'être dans un tunnel et tout devient noir autour de son visage, son souffle erratique couvrant le battements frénétiques de son coeur dans sa poitrine se soulevant comme un soufflet faisant du zèle. "I-I-I don't know what's happening to me."

Bras autour des genoux, elle observe Kingsley, d’un regard perçant et amical, un petit sourire en coin comme pour le rassurer sur le fait qu’il était en sécurité. L’ancien Auror, face à elle, ne la regarde pas -alors le sourire sert un peu à rien, alors qu’il regarde les objets qu’elle a fait se déposer sur la table basse en verre. La réponse qu’il lui sert n’a rien pour la rassurer sur l’état de son ami : "I don't know," Histoire de ne pas se faire oppressante, elle se concentre plutôt sur la théière, vers laquelle elle se penche pour verser le thé manuellement dans leurs deux tasses, dont l’une tremble un peu dans sa soucoupe alors qu’elle la remplit lentement.

Ce n’est que lorsqu’elle a achevé son œuvre qu’elle tourne la tête vers lui de nouveau, et suit le regard qu’il glisse sur sa propre main -qui n’a pas forcément été aussi bien retapée que s’il avait été traité à St Mungo’s. Repère le tremblement de sa main, avant de se rendre compte que c’est finalement tout le corps du résistant qui tremble. "Kingsley.", murmure-t-elle doucement, sans vraiment savoir s’il l’entend. Un test comme un autre, alors qu’elle reconnaît parfaitement ce genre d’attitude pour l’avoir vue plus d’une fois chez son jeune frère. Mais personne d’autre ici à invectiver. "Attia." dit-il finalement et elle se rapproche de lui sur le canapé, dépliant ses jambes et s’agenouillant finalement sur les coussins, penchée vers lui, n’osant pas encore le toucher, consciente que les contacts ne sont pas forcément acceptés par tout le monde. Alors qu’il tourne les yeux vers elle, elle étire ses lèvres dans un sourire qu’elle veut rassurant, plein de réconfort et de tendresse. "I-I-I don't know what's happening to me." "Lucky for you, I do." l’informe-t-elle sans se départir de son doux sourire, espérant qu’il suivra ses conseils sans orgueil mal placé. "You’re okay, King. You’re alright. " dit-elle d’abord, en gardant ses yeux ancrés dans ceux de Royal. "You’re safe here." poursuit-elle, alors que ses deux mains viennent lentement, timidement, prendre celles du cercle 7, hésitant presque, vérifiant qu’il n’a pas de mouvement de recul alors que leurs dermes se touchent. "You’re safe, it’s alright.", répète-t-elle, avec une tendresse sincère.

Elle a vraiment bien fait d’élever ses barrières mentales : elle n’aurait pas été capable de s’occuper de lui avec Sean (et les autres) en train de lui pépier des conneries dans l’esprit.

"It’s okay, King, I assure you, it’s gonna be fine." insiste-t-elle sans hausser le ton, avec patience, avec compréhension. Elle ne serre pas trop fort ses mains, ses pouces qui décrivent des cercles au creux de la paume de son visiteur, alors qu’elle penche légèrement la tête sur le côté, les billes toujours fermement plongées dans celle de Shacklebolt. "You’re having a panic attack, but it’s okay… I just need you to breathe… with me… when I tell you to. A big guy like you can do that, right?" Son sourire se fait plus lumineux encore, alors qu’un rayon de soleil pointe d’entre les nuages et éclaire davantage le salon. "You’re with me, just the two of us and you’re safe here. It’s okay." la litanie douce et chaleureuse se poursuit. "Now, breathe in, a deep inhalation, just like that…" Elle lui montre, et sa poitrine se soulève alors qu’elle inspire profondément : "And out…" Lentement, elle souffle, après l’avoir enjoint à suivre son exemple. "And in…"

Ça dure quelques dizaines de secondes, peut-être quelques minutes, peut-être moins, jusqu’à ce que, entre deux respirations profondes, Atropos glisse une raillerie, comme pour le dérider : "You can tell me to fuck off when you’re bored with this exercice, alright? But first : in…"

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tw: crise de panique, psychophobie

La poitrine de Kingsley se gonfle et se dégonfle à un rythmne effarant, et son coeur dans sa poitrine bat si vite qu'il sent son sang pulser dans les veines de ses bras et dans ses tympans dans une cacophonie abrutissante qui le fait palpiter fébrilement. Ses yeux sont exorbités et paniqués, regardant autour de lui sans parvenir à se concentrer, s'arrêtant sur un tas de détails incongrus et angoissants: la tasse ébrechée, la délicatsse de la peau pâle tendue d'Attia au niveau de sa cheville, le parquet rayé près de la fenêtre, le livre qui va être endommagé à force d'être maltraité ainsi, la fenêtre entr'ouverte, l'odeur amère du thé et son coeur qui bat dans sa poitrine comme si il voulait s'en échapper.
"Lucky for you, I do. You’re okay, King. You’re alright. - I'm- I'm not okay," s'étrangle-t-il, ses yeux sombres revenant à Attia difficilement. Sa peau bouillonne, comme si elle allait tomber. "I'm- I'm-- - You’re safe here." La pression des doigts d'Attia sur ses mains est insupportable, au début, et c'est seulement parce qu'il est complètement sonné que Kingsley ne s'en détache pas d'un mouvement brusque. "You’re safe, it’s alright."

La voix d'Attia est calme et reposante, rassurante dans sa solidité pleine d'assurance. Les doigts de Kingsley s'accrochent aux siens, avec plus de force qu'ils ne le feraient d'ordinaire. Elle est son dernier repère, son seul phare dans la nuit, et si il la lâche, il va sombrer. "It’s okay, King, I assure you, it’s gonna be fine. You’re having a panic attack," lui explique-t-elle, et Kingsley secoue la tête, "No, no, I'm not, it's-- - ... but it’s okay… I just need you to breathe… with me… when I tell you to. - You don't... you don't understand... - A big guy like you can do that, right?" Kingsley est en train de se faire avaler par l'absurdité de la situation. Non, il n'est pas en train de faire une crise de panique, il ne souffre pas d'angoisse, de panique, de dépression, ce n'est pas la personne qu'il est, ce n'est pas a personne qu'il a le droit d'être, pas quand tout le monde compte sur lui, Sofia, Johannes, Dae-won, Alexis, Aslan, Elena, Elena-- "You’re with me," et Attia, Attia, Lucjan, Matilda, Attia, Attia, "just the two of us and you’re safe here. It’s okay. Now, breathe in, a deep inhalation, just like that… And out… And in…"

Kingsley calque sa respiration sur celle d'Attia. Ça lui rappelle la pire période de sa vie, cinq semaines qui sont gravées au fer rouge dans son esprit, où il a appris l'Occlumancie après avoir vainement résisté les tentatives du psychomage assigné à lui après une mission ayant mal tourné. S'abandonner à son suivi psychomagique avait été difficile mais un soulagement au final, et Kingsley avait gardé ses conseils et ses astuces aux creux de son coeur.
Mais il n'a jamais ressenti... ça. Cette panique effrayante et formidable, qui a pris contrôle de ses émotions, de ses synapses, de ses sens et de ses pensées. Il n'a jamais senti cette pression sur sa poitrine, ce monde réduit à un point unique: le visage d'Attia entouré de noir, leurs souffles allant et venant sur la même cadence.

Et ça fonctionne. Il ignore pourquoi mais ça fonctionne. Le poids sur sa poitrine est toujours là, ses sens sont toujours douloureusement en alerte, mais ses tympans ne lui font plus l'effet d'être sur le point d'exploser et ses pensées parviennent à trouver des liens cohérents et pertinents, cessant de ricocher douloureusement contre les parois de sa tête qui tourne. "Okay, you can fuck off now," lâche-t-elle du bout des lèvres, relâchant un peu brusquement les mains d'Attia en lui adressant un sourire contrit et crispé. Il a entendu sans répondre, sans comprendre même pendant quelques secondes, ce qu'elle lui a dit au milieu de sa noyade. Pourquoi Attia a toujours le mérite de le dérider si simplement a toujours été un véritable mystère à ses yeux.

Kingsley se plie en deux pour enfoncer ses coudes dans ses genoux et plonger son visage dans ses mains. "Fuck." Il tremble encore, fébrile et affligé, son coeur serré douloureusement dans sa poitrine dans laquelle il force des inspirations tremblantes. "I'm not- this usually doesn't- I mean, I don't..." Il ne sait pas pourquoi il essaye de se justifier, pourquoi c'est si important pour lui qu'elle ne le pense pas fragile, brisé, faible, inutile, vieux, incapable, cruel, injuste, horrible, un traître, un tyran, un d-

Il ferme étroitement les yeux, à s'en faire mal, en faisant passer ses mains sur son crâne. Il est habitué à y trouver des cheveux ras et piquants; perdre ses doigts dans une chevelure épaisse lui fait bizarre et il grogne en les retirant. "Can you turn me back?" marmonne-t-il, honteux de ne pas pouvoir le faire lui-même. La baguette qu'il a ne lui est pas familière, et son autre main lui fait un mal de chien et il n'a pas envie de tenter un sort avec pour le moment. "Fuck."

Ça prend le temps qu’il faut, mais au bout d’un moment la respiration erratique de son visiteur se calme enfin. Elle attend qu’il lui dise lui-même de lui foutre la paix avant de vraiment le lâcher (c’est lui qui rompt le contact) et elle reprend un peu de distance, s’asseyant de nouveau de son côté du canapé, en tailleur cette fois-ci. Elle le suit des yeux alors qu’il se plie en avant, et elle se demande brièvement s’il va rendre tout ce qu’il a dans l’estomac sur le sol de son salon. Fort heureusement, une telle situation ne se produit pas, et il finit par parler, jurant d’abord, essayant ensuite de la convaincre que... que quoi d’ailleurs ? "I'm not- this usually doesn't- I mean, I don't..." "It’s no biggie, frankly. I mean, it happens to the best of us..." Atropos hausse les épaules, ne s’épanche pas davantage mais pense très probablement à son frangin qui a rejoint l’Ordre et qui lui manque terriblement. Elle-même en a eu plusieurs lorsque les morts ont commencé à lui ~~murmurer~~ hurler à l’oreille. Been there, done that.

Elle le laisse reprendre pied à son rythme, ne le brusque pas, ne le touche plus. Un coude posé sur le dossier du canapé, elle a toujours ses yeux bleu-vert ancrés sur Kingsley et ne peut s’empêcher d’ausculter, comme elle le fait à la morgue, le résistant. Une de ses mains a l’air plus fragile (plus blessée) que l’autre, et elle s’est déjà promis d’y jeter un coup d’œil. En prime, il n’a toujours pas viré sa veste, et elle songe que ça doit contribuer aussi à lui donner cette impression de ne même pas pouvoir se poser : elle la lui ôtera plus tard. Mais d’abord, l’urgence (si c’en est vraiment une) est autre, puisqu’il grogne cette requête : "Can you turn me back?" Un sourire ravi sur le minois de l’agent-double, qu’il ne voit pas puisqu’il ne regarde pas, et elle affirme, le ton de voix très sérieux, qu’elle a pu apprendre à contrefaire en observant ses parents dans leur échoppe : "It’s gonna cost you, big time." Et quand elle croise son regard, qui s’il est lancé par des yeux sombres, n’a rien à voir avec les prunelles de l’ancien Auror, elle reconnaît : "I’ll admit it will be nicer to look at, so watch out, here goes the spell, Cenerentola." Si elle l’appelle avec le nom italien de Cendrillon, c’est clairement que c’est le seul qu’elle connaît et a entendu employé quand elle était petite et que ses parents lui racontaient des histoires de princesses et de magie (des bouquins en italien, empruntés à une famille moldue voisine de l’immeuble où ils vivaient).

Se penchant sur le côté pour ramasser sa baguette, elle réussit à ne pas choir du canapé. Prenant l’objet par la pointe, elle fait tourner le bois blanchi de façon à avoir la poignée plus sombre au creux de sa paume, et se réinstalle correctement face à Kingsley pour décrire le mouvement attendu pour le sort informulé destiné à lui rendre son apparence originelle, et annuler pour le coup les effets du Polynectar. En quelques secondes, Shacklebolt gagne quelques centimètres de corps et d’épaules et Attia, satisfaite, souligne : "Yeah, that’s definitely better. No offence to that poor Muggle, but I like your younger and hotter self." Un clin d’œil mutin, et tandis que d’un autre coup de baguette elle fait glisser vers lui la tasse de thé dans sa soucoupe, elle attire ensuite vers elle la sienne et en prend une gorgée. "You should take this jacket off, unless you plan on going away very soon, but then I’d be cross. Helps you breathe, you know..." Ainsi, elle l’invite à se mettre un peu plus à l’aise. Coinçant sa baguette entre elle et le coussin du dossier, elle pose dans un équilibre précaire mais tout à fait contrôlé sa soucoupe et tasse de thé sur l’une de ses cuisses, et contemple le sorcier revenu désormais à son apparence réelle (qu’elle préfère vraiment).

Elle l’observe en silence pendant quelques dizaines de secondes, tentant d’imaginer ce qu’il a pu lui arriver depuis ce temps sans se voir, et elle se surprend à perdre en concentration mentale lorsque les grognements de Sean lui parviennent de nouveau en arrière-fond. Se reprenant immédiatement, elle se redresse un peu, inspire profondément et interroge doucement, considérant qu’elle lui a laissé suffisamment de temps pour reprendre pied : "What happened?" et de poursuivre immédiatement après, comme pour prévenir une éventuellement recrudescence d’oppression chez le sang-pur : "We don’t have to deal with it right now, okay? We can enjoy this cuppa, sit silently, have fantaisies about each other and deal with whatever the fuck happened later." le point sur les fantasmes est là juste pour déconner. C’est courant qu’elle blague sur ça, décomplexée qu’elle est (ou complexée justement ?). "Go your own pace, I’ll adapt." promet-elle encore, dans une volonté de le rassurer sur l’évidence même à cet instant précis, à savoir qu’elle ne bougera pas sans qu’il n’en émette le besoin.

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tw: psychophobie

"It’s gonna cost you, big time." Une esclaffe rauque s'échappe de Kingsley qui cligne péniblement des yeux pour jeter un regard à Attia entre ses doigts. "I’ll admit it will be nicer to look at, so watch out, here goes the spell, Cenerentola." Il se rappellera de lui demander plus tard ce que ça veut dire, et pour l'instant se contente de se redresser sous l'attention de la baguette de la sorcière pointée sur lui.
Le soulagement qui s'abat sur lui comme le sortilège est comme une vague chaleureuse et accueillante, et Kingsley reprend sa forme en expirant lentement. Il a la sensation de centaines de plumes effleurant sa peau, la remodelant progressivement, ses cheveux se résorbant sur son crâne, sa barbe sur sa joue, ses os s'allongeant avec quelques fourmillements pour lui permettre de mieux remplir son manteau.

"Yeah, that’s definitely better." Kingsley grogne son assentiment, étudiant de nouveau sa main et sa cicatrice morcelée qui commence lentement à se calmer. "No offence to that poor Muggle, but I like your younger and hotter self." Kingsley suspend son étude inquisitrice pour lui jeter un regard en coin, sentant un rougissement se répandre dans son cou et sur ses joues. Il n'a pas le temps de balbutier un "thanks?" (ou un "what?" tout aussi perplexe) qu'une tasse de thé se retrouve entre ses mains et les empêche de trembler avec sa chaleur. "You should take this jacket off, unless you plan on going away very soon, but then I’d be cross. Helps you breathe, you know... - Yeah... yeah." Il ne bouge pas, pendant quelques instants, le temps que les mots atteignent le deuxième étage.

Et puis Kingsley se remet en marche, enlève son manteau avec des gestes mécaniques et affectés, hoche la tête pour lui-même en récupérant sa tasse de thé. "Thanks." Il lui jette un regard hésitant, couplé à un sourire contrit et un peu crispé.
Il se laisse lentement retomber contre le dossier du canapé, dans un soupir qui relâche un peu plus de la tension de ses épaules et de son cou. Il est en sécurité ici. Non, pas ici. Il n'est en sécurité nulle part, pas tant que les sbires de Voldemort courent encore, pas quand il doit regarder par-dessus son épaule partout où il va, pas quand il y a toute cette... cette peur qui l'habite et dont il ne s'était même pas rendu compte de l'existence jusqu'à ce qu'elle déborde.
Il est en sécurité avec Attia. C'est ce que représente ce petit appartement de Liverpool pour lui. Un moment de sécurité et, souvent, de liberté.

Kingsley rend à Attia son regard silencieux et pensif, et s'éclaircit la gorge en revenant au moment présent lorsqu'elle se redresse un peu. Kingsley détourne les yeux, embarrassé, et refuse de se jeter tête la première dans l'impression putride de culpabilité et de faiblesse qui le menace depuis cette... cette crise. Ce craquage. Ce gros défaut.
L'ancien Auror apporte la tasse de thé chaud à ses lèvres pour en boire une gorgée salvatrice, trouvant que ça calme à peine la fébrilité qui continue d'agiter sa respiration, ses mains, sa poitrine. "What happened?" Kingsley avale de travers et grimace en reposant la tasse avec un peu de précipitation, en sentant éclater dans sa poitrine une bouffée de panique. "We don’t have to deal with it right now, okay? We can enjoy this cuppa, sit silently, have fantaisies about each other and deal with whatever the fuck happened later." Kingsley s'apprête à répondre, à s'empresser de noyer le poisson, mais se trouve incapable de réfléchir correctement en processant ce qu'elle est en train de lui dire. Fantaisies? "Go your own pace, I’ll adapt. - Fantaisies?"

Il vient de dire ça à haute voix.

Le visage de Kingsley se contracte d'une grimace embarrassée, et il se sent rougir de plus belle - il a eu raison d'enlever son manteau, il a un peu trop chaud soudainement. "A lot happened, uhm..." reprend-t-il rapidement pour ne pas s'attarder sur ce moment de gênance profonde. "Just - a lot. People... people died. Good people." Kingsley détourne le regard en pinçant des lèvres, le baisse vers son thé tenu fermement entre ses deux mains qui semblent démesurées autour de la tasse. "Because of me," admet-il d'une voix sourde. Son coeur fait une embardée dans sa poitrine, la culpabilité et le deuil qu'il tient à bout de bras depuis le retour de Gracefield menaçant de l'avaler tout entier. "People are angry. And it's just - it's just a lot," conclut-il à la va-vite en se rappelant qu'il ne devrait pas lui parler de détails ou même de quoique ce soit. D'une part parce que ce serait trop dangereux, si elle se faisait prendre; et aussi parce que la dernière chose dont il a besoin, c'est que ses agent-doubles doutent de lui ou de la cause.

"That never happened to me before." La justification, encore, cet accent presque désespéré pour qu'elle le croit - qu'elle ne pense pas moins de lui. Fantaisies? Le mot tourne en boucle dans sa tête, et Kingsley le ravale avec une gorgée de thé. "I'm not... a panicky... person..." Chaque mot lui coûte mais est vrai, sincère, honnête, véritable, promis, promis. "I'm sorry you had to see that."

Atropos a ce petit sourire en coin, qui laisserait supposer a quelqu’un d’observateur qu’elle s’est bien marrée à glisser une allusion dévergondée dans une conversation somme toute tout à fait raisonnable et rationnelle. Mais alors qu’elle encourage Kingsley à prendre le temps nécessaire pour mettre les mots sur ce qui l’a tant bouleversé (car il est bouleversé, elle ne l’a jamais connu aussi fébrile et terrifié), le voilà qui bute sur le fameux mot qu’elle a glissé pour le taquiner.
Et pour un peu, alors qu’il éructe un "Fantaisies?" complètement stupéfait, elle se dit qu’elle y est peut-être allée un peu fort. Elle retient un Awww attendri qui n’arrangerait rien à cette conversation, et l’observe de ses yeux bleu-gris, ne se départissant pas de son sourire en coin dont elle essaie d’empêcher un élargissement précoce.
Coude posé sur le dossier du canapé, elle appuie sa main fermée contre sa tempe, l’accoudoir dans son dos. Elle est toute tournée vers Kingsley, et attend, tranquillement, qu’il trouve les mots (bons ou mauvais, qu’importe : elle se fiche bien qu’il soit particulièrement éloquent). Et, lentement, la bobine du fil de l’histoire commence à se dérouler."A lot happened, uhm..." Elle hoche la tête en silence, comme pour l’encourager à poursuivre à son rythme, sans le presser. "Just - a lot. People... people died. Good people." Une moue pincée froisse ses lèvres quelques brèves secondes, et elle cille, toujours silencieuse. Elle ignore tout de Gracefield, et les cadavres des personnes, côté gouvernement, qui ont pu y trouver la mort ne sont pas arrivés jusqu’à la morgue de St Mungo’s, si bien que rien ne pourrait lui indiquer qu’un tel endroit existe. Mais ce qu’elle comprend, surtout, c’est qu’il a perdu des gens qui lui étaient proches, ou qu’il estimait.

Une lueur fugace traverse ses billes alors qu’elle s’inquiète un instant -mais non, non, Lou va bien, il ne peut rien lui être arrivé, Lou ne peut pas être blessé ou mort parce que Kingsley lui aurait dit, immédiatement (de ça, elle en a la certitude). Ce n’est pas parce qu’il fuit son regard que la prochaine phrase qu’il va prononcer sera pour déclarer le décès de quelqu’un qu’elle a confié à l’Ordre en toute confiance. Ça ne peut pas- "Because of me," Soulagement qui la fait surgir des flots qui l’avaient brièvement arrachée à la terre ferme de ses certitudes. Elle reprend pied, souffle, concentration, et esprit critique quant à ce que Shacklebolt vient de dire.
Là encore, elle ne dit mot. Écoute toujours.
C’est une de ses grandes qualités, l’écoute, la patience. Peut-être est-ce lié à son sang, à ce don. Peut-être est-ce simplement que Carlo et Amandina ont su lui inculquer les bonnes valeurs, les bons principes. Elle laisse ainsi Kingsley poursuivre son récit, alors qu’elle voudrait l’interrompre et le secouer : "People are angry. And it's just - it's just a lot," Elle peut le comprendre. Elle voit bien que la pression qu’il subit au sein de l’Ordre joue avec ses nerfs, est devenue trop lourde à porter. "That never happened to me before." Elle le scrute toujours, et ses lèvres forment désormais une sorte de moue compatissante, alors qu’elle comprend bien qu’il est en train de chercher à se justifier. "I'm not... a panicky... person..." Il prêche une convertie, qui voudrait bien lui dire qu’il n’y a rien de mal à être submergé parfois par les enjeux face à soi, qui a connu tout ça, qui continue de s’inquiéter ponctuellement, et qui si elle n’est pas du style à paniquer régulièrement, a néanmoins certains sujets qui la rendent particulièrement fébrile et sensible. "I'm sorry you had to see that." Elle soupire, réflexe qu’elle ne contrôle pas : ce n’est néanmoins pas par dépit, plus un souffle léger qu’elle laisse s’échapper, comme pour confirmer qu’elle a bien tout entendu, et qu’elle conçoit le poids que tout ceci peut représenter. Elle attend encore quelques secondes, histoire de voir s’il va encore lui demander pardon pour autre chose, mais lorsqu’il est clair qu’il n’en est rien, elle se penche, repose la tasse et soucoupe sur la table basse, et revient vers lui : "Look at me.", lui intime-t-elle avec la même douceur dont elle avait fait preuve pour le guider dans ses respirations.

Et une fois qu’il la regarde, elle lui sourit, tendrement, secoue légèrement la tête de gauche à droite, et lui rentre dedans verbalement : "My dear Shacklebolt, you’re a sweet sweet fool." Elle aurait bien aimé l’appeler par son nom complet, mais elle redoute qu’un sort de traque fonctionne sur les noms des uns et des autres, aussi mieux vaut ne pas attirer toutes les brigades du Royaume-Uni dans son appartement (c’est qu’on y serait serrés, d’un coup). "Don’t pout, I’ll try and explain what I mean." Elle se rapproche, en s’appuyant brièvement sur le canapé, pour finalement s’en lever et s’asseoir sur la table basse, juste en face du sorcier, les pieds nus sur le parquet, disposant ses jambes entre celles de son visiteur. "How dare I call you a fool? First of many reasons, you purebloods seem to forget that the world doesn’t revolve around you." Tout en parlant, elle lève l’index pour commencer son décompte, puis le majeur en arrivant au deuxième point : "Second, it is my understanding that our little organisation isn’t some kind of tyranny, so you can’t blame yourself only for the decisions made by several heads. And as far as I’m concerned, you didn’t kill these people, the other side did -I guess. Anyway, third..." L’annulaire se lève pour rejoindre les deux autres doigts dressés : "I don’t want you to ever feel sorry for being anything other than human: as I said to you, panic is a very common emotion when the world is such a shitty one. Some deal with it for a longer time, that’s all... And, then, last but not least..." annonce-t-elle en laissant retomber sa main sur sa propre cuisse, un sourire éclatant comme si elle avait une quelconque sagesse à divulguer, elle interrompt pourtant brutalement son fil de pensée (son pep talk, même), pour l’interroger, juste pour vérifier : "Wait, are you still fixated on the earlier bullshit joke? no, sorry, before that I will finish what I wanted to say-" se reprend-elle : "Fourth reason of many of why you my friend are a sweet fool is this one (check it out, you’re gonna love it): everybody knew what they were getting into when they joined. I mean, I don’t pretend to know what happened exactly, and maybe you’re partly responsible for the plan backfiring or whatever, but the blame is shared, always. And if people are angry at you, never forget that they probably are also angry at themselves too..." Elle l’observe, brièvement, laissant les mots s’ancrer dans l’esprit du résistant, et glisse, la mine qui s’éclaire : "How’s my aim, boss?" On pourrait même la croire mutine dans son attitude, presque.

Invité Invité

Kingsley force les respirations dans ses poumons d'une manière laborieuse, mais méthodique - in, out, in, out - en essayant de ne pas trop se sentir désolé pour lui-même. Il se sent tellement... tellement impuissant et ridicule, à trembler au bout du canapé d'Attia, à profiter de sa bienveillance et de sa gentillesse à ne pas savoir quoi en faire. Il sait que la sorcière ne pense pas moins de lui à cause de cet... Kingsley va appeler ça un incident. Intellectuellement, il sait qu'Attia est sincère et entière, et, surtout, qu'il peut se reposer sur elle. Ça a toujours été le cas. Ce sera toujours le cas.
Ça n'empêche pas que ce soit terrifiant. Qu'il n'arrive pas à s'y habituer ou même à se détendre à cette idée - parce que c'est quand on se détend, qu'on se repose sur les gens, qu'on faiblit et qu'on s'écroule.

All they can see are people like you, who decided to trust no one in fear of being hurt and betrayed, again. Les mots de Johannes s'imposent à lui alors qu'il voit Attia bouger de l'autre côté du canapé et attirer son attention: "Look at me." Kingsley se penche pour poser sa tasse sur la table basse à son tour et s'enfonce un peu dans le moelleux du dossier de nouveau, se tournant vers elle en croisant une jambe sur le canapé. Elle sourit, et Kingsley se sent sourire en retour à sa propre surprise, comme un réflexe musculaire. "My dear Shacklebolt, you’re a sweet sweet fool." Le sourire de Kingsley s'étire (my dear?) en l'entendant, et lui qui a pourtant une certaine propension à la susceptibilité, parvient tout de même à trouver l'affection sincère dans les mots d'Attia dont le regard clair pétillerait presque par-dessus son sourire.

Il n'a pas envie qu'elle le prenne pour un gros softie, donc Kingsley essaye tant que mal d'avoir l'air vexé. Et un peu moins rougissant. Le résultat n'est pas concluant. "You are hurting my feelings, Mrs Sacramoni. - Don’t pout, I’ll try and explain what I mean." Elle s'approche et Kingsley recule, notant distraitement l'odeur de son shampoing quand un rideau de cheveux roux passe trop près de lui, alors qu'Attia se lève et s'assied face à lui sur la table basse. Leurs genoux pourraient presque se toucher - elle est si proche, et à la fois terriblement loin. "How dare I call you a fool? First of many reasons, you purebloods seem to forget that the world doesn’t revolve around you." Kingsley ouvre la bouche pour riposter, mais s'interrompt en soutenant le regard d'Attia et en la voyant lever un deuxième doigt: "Second, it is my understanding that our little organisation isn’t some kind of tyranny, so you can’t blame yourself only for the decisions made by several heads. And as far as I’m concerned, you didn’t kill these people, the other side did - I guess." Le sourire amusé de Kingsley se crispe, et ses yeux papillonnent pendant quelques secondes, coupables, balayent la pièce.

Attia ne sait pas pour les Battues. Elle ne sait pas pour la boîte aux lettres de Myrthild, et le secret que Kingsley a porté pendant des années. Elle ne sait pas pour Lee, et tout ce qu'il aurait pu faire pour l'empêcher de mourir. Elle ne sait pas, et Kingsley sait aussi (pense savoir?) que ça ne changerait rien si elle savait... vraiment? Vraiment?

"Anyway, third... I don’t want you to ever feel sorry for being anything other than human: as I said to you, panic is a very common emotion when the world is such a shitty one." Les yeux de Kingsley reviennent à Attia, et il se retrouve plus soulagé qu'il ne l'escomptait par ce qu'elle est en train de lui dire. "Some deal with it for a longer time, that’s all..." Mais lui n'a pas le droit. Tout le monde est humain, mais il n'a pas le droit de l'être, et il sent de nouveau cette pression sur sa poitrine, et fantasies, et il revoit le visage d'Elena, et les larmes de Sofia, et my dear-- "And, then, last but not least..." --et le sourire d'Attia, lumineux comme un soleil, qui abasourdit tellement Kingsley qu'il oublie tout le reste.

"Wait, are you still fixated on the earlier bullshit joke?"

Kingsley cligne des yeux (fantasies?), confus, remarque qu'il s'était redressé en direction d'Attia, se recule soudainement et secoue la tête: "no, I mean, no, I know it was just a j-- - No, sorry, before that I will finish what I wanted to say- Fourth reason of many ("Many?!") of why you my friend are a sweet fool is this one (check it out, you’re gonna love it): everybody knew what they were getting into when they joined. I mean, I don’t pretend to know what happened exactly, and maybe you’re partly responsible for the plan backfiring or whatever, but the blame is shared, always. And if people are angry at you, never forget that they probably are also angry at themselves too..." Kingsley sent sa gorge se serrer, et il a envie de pleurer, de soupirer, de complètement se défaire en entier et de dormir pendant mille ans sur le canapé d'Attia, mais il se contente juste de la regarder.
Ça suffit. Pendant le temps de quelques respirations, ça suffit.

"How’s my aim, boss? - Absolutely terrible," répond-t-il, pince-sans-rire, même si elle a tout juste. "Please never try to psychoanalyse me again." Et pourtant elle a touché un nerf ou un point sensible, parce que Kingsley se sent définitivement plus léger et que pour la première fois depuis des semaines, quelqu'un comprend.
C'est injuste, parce qu'Attia ne sait pas tout, n'a pas toutes les informations, n'a pas le droit de savoir - mais entendre ces mots dans une voix qui n'est pas la sienne ou celle de Sofia, lui fait un bien fou qu'il ne mérite pas. Il ne le mérite pas. Et il le sait. Mais pendant quelques minutes, peut-être quelques heures, dans le regard tendre d'Attia et son sourire bien trop doux, Kingsley peut prétendre.

Alors Kingsley prétend, et il sourit et il tapote rapidement le genou d'Attia dans un geste maladroit mais reconnaissant d'affection. Kingsley n'a jamais été très bon avec cette dernière - un autre truc de sang-pur, ça, il paraît... "Is that your fantasy? Picking my brain?" Le sourire de Kingsley revient, maladroit mais bien présent, un peu mutin à son tour - et complice, surtout. "Many have tried, few succeeded." Depuis le temps qu'ils se connaissent, Attia lui donne souvent l'impression de le connaître bien mieux qu'il n'oserait jamais l'espérer, d'une manière presque dérangeante par son intensité.
Le sourire récède lentement, et les yeux de Kingsley s'adoucissent, les traits de son visage s'affaissant un peu pour laisser place à une véritable expression chaleureuse. "Thank you for saying all this, Attia. I don't know if I deserve such kindness, but it really does mean a lot." Kingsley baisse les yeux sur leurs jambes. La main d'Attia, posée sur sa cuisse, lui donne une envie démangeante de l'attraper, de la toucher, de la manipuler pour en examiner chaque doigt, chaque phalange, chaque centimètre.

Il sait que c'est stupide, une impulsion qui au mieux ne mènera à rien, au pire compliquera beaucoup trop de choses (comme avec aherm Myrthild aherm), alors Kingsley relève ses yeux noirs vers les yeux couleur pétrole d'Attia. Il se sent sourire de nouveau, un vrai et grand sourire. "What does a man have to do here to get something stronger than tea?"

Évidemment qu’elle a visé pire que juste : elle n’est pas sotte et peut se vanter d’être suffisamment observatrice pour comprendre plus qu’on ne pourrait attendre d’elle (et encore, elle est médicomage-légiste, ce qui veut bien dire que son travail consiste à être attentive aux détails presque insignifiants). Résultat, lorsqu’il bluffe, le sourire de la rousse s’étire, et s’étire encore davantage lorsqu’il l’implore presque : "Please never try to psychoanalyse me again. - Watch out, I’m considering charging you for this session...", raille-t-elle même, sur le ton complice qu’elle maintient. Elle le regarde, intensément, se demandant un peu à quel point elle a appuyé sur les bons boutons.
Être agent-double, c’est quand même être au bout d’une chaîne, ne pas vraiment savoir ce qu’il se passe dans l’Ordre, pour son propre bien comme celui des siens et de ses éventuels contacts. Elle ignore tout des Battues, évidemment, mais elle ignore aussi tout de Sweet River (et il vaut mieux qu’elle ne sache pas où elle a envoyé Lucjan, au risque de culpabiliser beaucoup trop). Comme elle le disait, elle savait dans quoi elle s’engageait en devenant une infiltrée : peut-être n’avait-elle pas autant conscience de ce que cela engendrerait comme degré de solitude, mais elle a appris à s’en accommoder (et elle continue de recevoir des lettres de Lou et de Chérie alors tout va bien, non ? (Si encore elle savait que Johannes était encore en vie, mais non, ça aussi elle l’ignore...))

Le contact bref que Kingsley initie lui-même la ramène brutalement à l’instant présent, alors qu’elle songeait à ce à quoi elle avait renoncé lorsque Kingsley l’avait recrutée. Il a beau ne pas avoir touché sa peau directement (c’est qu’elle porte un pantalon, mind you), il n’empêche que ce genre de geste est assez rare chez l’ancien auror, surtout accompagné par ce qui suit : "Is that your fantasy? Picking my brain?" Elle le fixe, un peu surprise par le sujet qu’il ramène lui-même sur le tapis, cette histoire de fantasmes qui n’est vraiment qu’une blague au départ mais maintenant qu’il faut y réfléchir... Le sourire en coin d’Attia ne fait que s’étirer encore et encore alors qu’elle détaille brièvement de son regard bleu-vert le visage réel du fugitif, qui lui en renvoie un d’à peu près la même teneur : "Many have tried, few succeeded. - Well, Mr Shacklebolt, now that we’re talking seriously about these fantasies, mine aren’t that... ravenclawish, if you know what I mean..." et d’agrémenter ça d’un clin d’œil complètement déplacé.
Elle est insupportable quand elle est comme ça, flirty & joueuse à ne plus savoir où et quand s’arrêter. (Ça a marché du tonnerre avec Mike, qui était du même acabit qu’elle dans la drague, et sur la même longueur d’ondes d’ailleurs...)

Fort heureusement, Kingsley arrive à maintenir un semblant de sérieux dans cette discussion qui dérive et s’éloigne des rivages sérieux pour se perdre dans les flots beaucoup plus tumultueux de l’insouciance ponctuelle, d’abord forcée (pour le dérider, entendez bien, elle ne se force pas du tout pour le reste), ensuite plus naturelle... "Thank you for saying all this, Attia. I don't know if I deserve such kindness, but it really does mean a lot. - Take it, I mean it.", promet-elle, toujours souriante, toujours tendre, revenue de son virage à tendance chaotique. Elle sait bien qu’elle ne saura jamais tout, du fait qu’elle n’a pas ce que d’autres peuvent appeler le droit d’en connaître, mais elle estime savoir suffisamment lire entre les lignes pour comprendre que si Kingsley se croit être responsable de tout, c’est parce que l’Ordre s’est trouvé un bouc émissaire tout désigné (ou qu’il s’est lui-même érigé en tant que tel (consciemment ou inconsciemment)). Elle est loin d’imaginer la structure compartimentée, la distinction selon l’origine des membres de l’Ordre et mille autres choses qui la feraient hurler et ruer des brancards, mais ce qu’il peut lui en dire suffit à se représenter la situation. Les murmures des morts, lorsqu’elle les laisse envahir son esprit, font le reste, non pas qu’ils divulguent des secrets du Phénix, mais plutôt qu’à force de les entendre jacasser sur leurs vies et leurs erreurs passées, elle peut se targuer de mieux saisir le monde et ceux qui l’habitent.

Néanmoins, ce n’est certainement pas l’expérience séculaire qui parle lorsqu’il reprend en relevant ses billes noires vers les siennes : "What does a man have to do here to get something stronger than tea? - I hear a quick fuck can do wond- no, sorry, really: I got side-tracked.", s’interrompt-elle presque immédiatement, alors qu’elle se dit qu’elle y va quand même un peu à la truelle, à force.
Tapotant à son tour un des genoux de Kingsley, elle se relève et se détourne du visage du résistant, et s’éloigne vers la bibliothèque à moitié remplie : "I usually wait after the second date to start dropping these kinds of hints as subtly as a screwt... Speaking to dead people during most of my shifts doesn’t help, I guess..." commence-t-elle à s’excuser à son tour (Atropos Sacramoni, s’excuser ? Who is she?) alors qu’elle est encore face à la Bibliothèque et se rend compte qu’elle a laissé sa baguette sur le canapé dans sa précipitation, ponctuant d’un délicat (non) "Shit." et avisant une chaise à la table de la salle à manger, qu’elle se retrouve à devoir porter manuellement, avant de se hisser dessus pour arriver à la hauteur d’un compartiment dissimulé derrière une rangée de bouquins : "You’re lucky, my ex still manages to give me a nice old bottle of scotch once in a while, when I’m out." La mention de Mike la renvoie immanquablement à Tilly et bon sang qu’est-ce que fout cette gosse à tarder à envoyer cette putain de lettre habituelle elle savait bien qu’elle n’aurait pas dû s’habituer à avoir des routines avec sa fille dont le silence depuis un temps à moitié indéfini l’effraie. Son trouble passe inaperçu, forcément puisqu’elle tourne le dos à son visiteur, et quand elle redescend de son piédestal et revient face à Kingsley, c’est comme si rien ne s’était passé. Elle demande, quand même, pour vérifier : "Is scotch okay for you? Or did you mean something like wine? Cause I have some too..." Le fournisseur est différent par contre, et trempe plutôt dans des contacts de tes parents.
Franchement, si on lui présente quelqu’un qui applique vraiment les principes du Seigneur des Ténèbres, elle n’y croira pas.

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