tw:mention d’alcool et de blessures

You probably should check on Dean, maybe you could… talk? You know, help each other.
La première réaction de Noam, en recevant la série de SMS de Gin, a été un reniflement bruyant, presque moqueur. C’était quoi cette idée à la con ? Il est censé faire le tour de tous les lycanthropes fraîchement mordus ? Est-ce qu’il est un espèce de blueprint destiné à expliquer à la terre entière à quel point être un loup-garou craint - ou à l’exhiber, même ? Et puis d’où, s’entraider ? Est-ce que Gin avait conscience, en lui envoyant ces messages, que fréquenter d’autres loups ne l’aide pas exactement, qu’il a plutôt envie de baisser les yeux et de se rouler en boule dans un coin en serrant sa bouteille de Firewhisky bon marché contre lui ? En plus, Dean est plus que bien entouré, à Sweet River, il n’a pas à faire ses transformation attaché dans un coin isolé de Dagobah, il doit être accompagné de lycanthropes qui savent de quoi ils parlent, il n’a pas besoin de lui, il doit--

Yeah ok maybe I’ll do it.
Il lui a fallu trois bonnes rasades de Firewhisky et cinq protestations à voix haute pour se sortir de la spirale - évidemment qu’il irait voir Dean (et évidemment Gin savait qu’il ne pourrait pas dire non). Les souvenirs des deux premiers mois qui ont suivi sa transformation sont encore bien trop frais, et s’il commence tout juste à sortir la tête de l’eau, il ne peut pas prétendre en être encore réellement sorti ; il sait ce qu’est en train de vivre Dean, et il ne peut décemment pas prétendre ignorer l’état de son ami. Peut-être (sûrement), au final, qu’il a besoin de lui, et puis ce n’est pas comme s’ils habitaient dans la même région en plus, désormais, et-- ah, fucking Gin.

Hey bro, fancy a drink?
Ils se sont donnés rendez-vous entre leurs deux camps respectifs, au bord d’un lac des Highlands où Noam a toujours aimé se baigner (évidemment, cet été il a passé son tour, rien que l’idée de retirer les larges vêtements qui couvrent son corps pour révéler les bandages qui maintiennent sa peau à peu près en place le fait frissonner d’inconfort désormais). Sac sur le dos, il n’arrive près des lieux que une quinzaine de minutes en retard, et à mesure que ses pas l’en rapprochent, l’effluve du lycanthrope devient de plus en plus forte, comme un fil suspendu dans les airs qu’il suit, et qui le rend progressivement nerveux - c’est plus fort que lui, cette boule qui se forme instinctivement sur son estomac quand il est à proximité d’un autre loup-garou. Mais elle s’apaise étrangement dès qu’il croise le regard de Dean, et un semblant de sourire étire le coin de ses lèvres, lui adressant à distance un signe de la main en accélérant ses pas. "Wooow, looking like shit mate!", lui lance Noam quand il arrive enfin à son niveau, s’étant arrêté devant le rocher sur lequel il est assis pour le détailler de la tête aux pieds avec un sourire plus large. Il fut un temps, il aurait souligné sa plaisanterie d’un coup dans l’épaule railleur ; mais Noam ne touche plus les autres, de peur qu’ils le touchent en retour, et il se doute que Dean ne doit également pas avoir particulièrement envie d’être frappé, même affectueusement, après sa morsure. Sans plus attendre, l’ancien Poufsouffle se pose à côté de son ami en déposant son sac au sol, d’où s’échappe le reconnaissable tintement des bouteilles buttant l’une contre l’autre. "No wonder you agreed to come, that’s the face of a man who needs a fucking drink-- no, who needs the whole fucking bottle, shit", poursuit-il comme s’il ne s’était pas enfilé plusieurs verres depuis son réveil. Il se sent étrangement à l’aise, aux côtés de Dean, contrairement aux autres lycanthropes qu’il a croisé depuis sa transformation, et ainsi il parvient sans mal à planter ses yeux dans les siens. "How we feeling?"

Quand Dean arrive au lieu de rendez-vous, il est plutôt soulagé de n'y trouver personne - déjà parce que tomber nez-à-nez avec un moldu ou un mangemort aurait été une très mauvaise surprise et aussi parce qu'il veut bien profiter de ces quelques instants avant de se plonger dans une conversation qui risque de lui faire mal à la tête - entre autre.

Dean a toujours bien aimé Noam, même après que celui-ci l'ai envoyé chier après la réunion de l'Ordre et des Avengers. (La première réunion, le départ de tout. Une réunion qui aujourd'hui semble si lointaine, comme s'il s'agissait de souvenirs d'une autre vie, d'un autre Dean.) Et même si en recevant son message, il n'avait pas tout de suite répondu, avait simplement reposer son téléphone pour mieux bouder, il doit admettre qu'il est curieux d'entendre ce que Noam peut bien avoir à lui dire.

Il a déjà pu parler avec Buffy et Javier et d'autre loups de Sweet River, mais à chaque fois, Dean ressortait de ces conversations avec beaucoup de frustration et une impression horrible d'être pris pour un idiot ou un gamin, quelqu'un de fragile qu'il faut à tout pris protéger, comme s'il n'était pas assez grand pour comprendre ce qu'implique sa transformation. Bizarrement, il sent que ça ne sera pas le cas avec Noam. Peut être parce qu'ils ont le même âge ou peut être parce que leur situation n'est pas si différente.

En arrivant sur place, Dean s'assoit face au lac, ses bras venant entourer ses jambes pliées contre lui, le menton posé sur ses genoux. Il respire doucement, essaye les techniques de relaxation que Buffy lui a appris - inspire, 2, 3, 4, 5 et expire 2, 3, 4, 5 - et ferme ses yeux pour profiter encore mieux du calme et de l'air frais.

Dès que Noam arrive, Dean le sait, et il ouvre les yeux en grand, encore que trop peu habitué à ses nouveaux sens. Il le sent et c'est une sensation étrange, qui lui fait presque tourner la tête (c'est aussi bizarrement intime, quelque chose qu'il essaye de ne pas trop considérer)

Il tourne la tête et le regarde s'avancer vers lui, fidèle à lui même, mais ne bouge pas d'un pouce, attendant simplement qu'il vienne à lui.

"Wooow, looking like shit mate!" Noam lui adresse en gage de salutation et Dean réussit à ne pas se formaliser. Il connaît assez Noam pour savoir qu'il ne pense pas à mal. "No wonder you agreed to come, that’s the face of a man who needs a fucking drink-- no, who needs the whole fucking bottle, shit"

Dean essaye de sourire et remarque que ce n'est pas aussi difficile que quand il doit faire face à Seamus, Ginny, ou Lena. "Desperate times..." Dean souffle, se dépliant pour poser ses bras derrière lui, adoptant une position plus ouverte à la discussion.

"How we feeling?" Noam lui demande alors et c'est avec surprise que Dean se rend compte qu'il n'a pas envie de mentir. En général, ces temps-ci, quand on lui pose la question, la phrase est à peine fini qu'un "I'm fine" est déjà sur ses lèvres. Là, il se surprend à vouloir être honnête, et répond facilement, presque souriant, "Terrible. But you know that already, right?" Dean croit savoir le pourquoi du comment de cette réunion. Ce n'est pas quelque chose de trop difficile à deviner. "I'm guessing that comment about the drink wasn't just a joke," Dean ajoute, ses yeux se posant de leur propre chef sur le sac à dos de Noam. "Got enough for the both of us?" Buffy l'a mis en garde sur la tentation de vouloir noyer ses problèmes dans l'alcool. L'ancienne barmaid, experte en la question, en avait fait elle-même l'expérience et ne voulait pas, apparement, que Dean fasse les même erreurs, mais honnêtement, Dean n'en a pas grand chose à faire de sa soit-disante expertise. Il sait qu'à Sweet River, tout le monde a choisi cette facilité et il ne voit pas pourquoi lui devrait se montrer plus fort que les autres. Et si Seamus peut boire alors qu'il va parfaitement bien, pourquoi lui n'aurait pas le droit, aussi, à un petit remontant ?

tw:mention d’alcoolisme, consommation d’alcool

"Terrible.” No shit. C’est écrit partout sur le visage de Dean, dans sa posture, dans son regard, presque dans son odeur même ; il a au moins la décence de ne pas mentir et de lui dire frontalement. Il y a un ou deux mois de cela, Noam était incapable de répondre à cette même question autrement que par un copieux fuck you ou un regard fuyant - en comparaison, Dean a l’air de plutôt bien s’en sortir, si on peut dire que quelqu’un qui vient de se faire transformer et porte une mine aussi affreuse s’en sort bien. "But you know that already, right? − Yeah, I figured when I saw you in fetal position from afar", lui répond Noam en ayant un reniflement amusé ; il peut faire le malin autant qu’il veut, il n’a lui-même jamais autant passé de temps en position foetale que ces derniers mois, à se recroqueviller sur lui-même pour y trouver un semblant de sérénité, peut-être de soulagement - en vain. Il le sait également parce que Gin le lui a sous-entendu dans les messages qu’ils ont échangés - mais une image vaut mille mots, et l’image de Dean qu’il a sous les yeux est une preuve éloquente de son état, un état qu’il ne connaît que trop bien, et duquel il n’est pas encore tout à fait sorti.

"I'm guessing that comment about the drink wasn't just a joke." Un large sourire perce sur le visage de Noam, suivi d’un rire bruyant alors qu’il voit les yeux de son ami tomber sur son sac. "I’m never joking about booze mate." Et le cliquetis reconnaissable entre mille des bouteilles lorsqu’il a posé son sac au sol l’a déjà trahi, de toute façon - sans même parler du fait que Dean doit, lui aussi, sentir le Firewhisky d’ici, même au travers du verre. "Got enough for the both of us?" Cette fois-ci, Noam fronce les sourcils et recule légèrement sa tête, comme outré par sa question. "Do you even know who you’re talking to?" La question n’en est pas vraiment une, et il se fend d’un sourire discret suivi d’un rire léger (léger sur l’échelle de Noam, c’est-à-dire suffisamment bruyant pour faire s’envoler quelques oiseaux posés non loin d’eux). Ce n’est certainement pas ce que Gin entendait par soutenir moralement Dean, que de ramener de quoi saouler un campement entier de résistants. Mais l’Avenger n’a été capable de trouver du réconfort que dans le fond de ses bouteilles de Firewhysky, après sa transformation, ne faisant qu’empirer une habitude prise il y a des années de cela ; l’alcool est une vieille amie qui marche avec lui depuis bien longtemps, et c’est tout naturellement qu’il l’a embrassée avec plus de passion.

Il n’attend pas plus longtemps pour s’emparer de son sac, l’ouvrir sans plus de cérémonie et en sortir une bouteille qu’il tend à Dean après un regard de côté ("Here for you.")… puis une autre, celle-ci pour lui, avant de laisser retomber le sac au sol et de s’installer un peu plus confortablement ("Here for me."). Ni une ni deux, le bouchon est retiré, et il vient faire buter sa bouteille contre celle de son ami dans un "Cheers!" qui se veut engageant, peut-être même chaleureux, mais qui peine à se faire en réalité - tout simplement parce que Noam déteste voir qui que ce soit dans cet état, et particulièrement dans un état qu’il ne connaît que trop bien. Alors, il fait ce qu’il sait faire de mieux, et prend une grande rasade de Firewhisky, laissant le liquide lui brûler agréablement les papilles, la gorge, l’estomac, en un trait de lave reconnaissable entre mille qui éveille aussitôt ses synapses. "Ah, son of a banshee", grogne-t-il presque de bien-être en s’essuyant le coin des lèvres du revers de la main en voyant Dean l’imiter, avant d’avoir un petit rire. "I’m pretty sure Gin would be pissed to know I just came here to get your drunk - oh yeah, ‘cause she the one who told me about, like, you know, you, and to come help you blablabla. But hey, who needs talking when you can get the strongest and worst Firewhisky in the whole UK, am I right?" Pas lui, en tous cas, et il en profite pour prendre une nouvelle gorgée histoire d’appuyer son propos. Il en profite aussi pour aller attraper de sa main libre son paquet de cigarettes logé dans la grande poche à l’avant de son hoodie, l’ouvrant d’un mouvement du pouce pour mieux le porter à son visage et en saisir une autre ses lèvres, tout cela avant de réaliser que-- "Oh, do you mind me smoking? I know some hate it but pro tip: it really helps with the whole super-smell situation. Like it smells so strong it tones everything down." Parce qu’il sait, à quel point ces super pouvoirs de merde peuvent être une malédiction, l’odorat probablement pire encore que l’ouïe et la vue. Alors Noam tente même un "Want one?" en tendant le paquet dans sa direction, sa cigarette toujours coincée entre ses lèvres tandis qu’il s’adresse à Dean.