tw: dépression, deuil, mort d'un enfant, violence conjugale, alcoolisme, vomi

2005. Un soir, Stevie l'a trouvé chez lui, inconscient, le visage trempant dans une flaque de vomi. Elle a paniqué, a hurlé, l'a secoué dans tous les sens jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux, hagard; puis elle s'est mise à pleurer, et à le supplier de ne plus jamais faire ça, de ne pas recommencer, de ne pas se tuer. Buck n'a pas su quoi dire, embarrassé et confus. Il n'a pas envie de mourir, et il n'a certainement pas envie de la rendre triste. Mais la veille, ça avait été plus fort que lui. Il n'avait pas bu depuis trois jours et s'était mis en tête de nettoyer son appartement de fond en comble: de quoi occuper ses pensées confuses et ses membres tremblants pour ne pas replonger, et ne pas perdre de vue un objectif lointain d'une sobriété mythique et impossible.

Il avait été en train de trier les contenus d'une boîte en carton quand il était tombé sur un objet qu'il n'avait pas reconnu au départ, des morceaux de porcelaine en vrac sur lesquels il avait manqué de se couper. Il avait rassemblé les morceaux pour former une assiette, ses mains se mettant à trembler de plus belle en comprenant avant son cerveau ce que c'était. L'assiette était petite, poussiéreuse et, évidemment, cassée. C'était Maggie qui l'avait faite, lors d'un atelier à la con pour wizlings auquel Buck l'avait amenée un mercred soir, le genre de conneries qu'Anne détestait et qu'il encourageait, voulant permettre à ses filles de développer leurs talents créatifs dès que possible. Stevie n'avait jamais aimé ces ateliers, et avait grandi en devenant une jeune femme appréciant plus l'esthétique de l'art que son processus de création (Buck trouvait ses potes cons, arrogants et incompétents); mais Maggie avait toujours eu un grand talent pour ce genre de pièces, créant des dessins enchanteurs d'endroits fantastiques, des tasses inutiles mais jolies qu'on exhibait fièrement sur la cheminée et, enfin, des illustrations que ses professeurs l'aidaient à encrer sur la porcelaine de petites assiettes qui se cassaient si facilement.

Cette assiette-là représentait un roi de coeur, et Maggie l'avait faite pour Buck. Il l'avait gardée sur son bureau pendant des années. Lors d'une dispute, quelques mois après sa mort, Anne l'avait attrapée et la lui avait envoyée à la figure; elle s'était cassée sur son front, et il en avait gardé une profonde cicatrice sur la tempe et l'arcade sourcillière qu'il n'avait jamais fait disparaître par chirurgie magique.

Il était tombé sur cette assiette, et puis était sorti acheter deux bouteilles de whisky. Il avait toujours une bonne raison de boire, et personne n'allait véritablement blâmer un père esseuler de ne pas savoir comment gérer la perte soudaine et douloureuse de sa fille, non? En le réveillant, Stevie l'avait écouté bredouiller à propos de l'assiette en pleurant, sans savoir quoi dire, refusant ses embrassades et ses étreintes maladroites en voyant sa chemise couverte de vomi. Elle était partie quelques heures plus tard, et Buck lui avait timidement demandé si elle n'avait pas de la monnaie à lui laisser. Au cas où. Elle lui avait donné vingt Gallions en lui faisant promettre de ne pas acheter de l'alcool. Il avait promis. Puis avait attendu une heure avant de sortir se racheter quelques bouteilles.

Il avait été réveillé par une Beuglante de son ex-femme.

Il avait préféré retomber inconscient.

Il avait pleuré en réparant l'assiette.

L'avait cassée de nouveau en l'envoyant s'exploser contre le mur de sa chambre.

L'avait réparée.

Puis, sur un coup de tête, avait envoyé un hibou Corban.

La missive ne lui laissait pas trop de choix, lui indiquait une heure et un lieu le lendemain dans le Londres sorcier en lui suppliant de venir. Ça faisait dix ans qu'ils ne s'étaient pas vus, mais Buck savait qu'il viendrait. Il était même arrivé en avance pour l'occasion, mis une chemise propre, s'était rasé pour faire ressortir ses lèvres roses qui, il le savait, perturbait souvent son vieux pote, et avait mis trop de gel dans ses cheveux pour couvrir ce qui ressemblait de loin à un début de calvitie.

Il pense à cette putain d'assiette en attendant le vieux lascar, faisant tourner dans son verre son fond de bière (la deuxième) avant de sauter sur ses pieds en le voyant apparaître dans un coin de sa vision. Il a toujours eu un talent certain pour sentir Corban arriver, comme un sixième sens forgé avec les annés passé à ses côtés, se redressant et ouvrant grand les oreilles en sentant sa présence, comme un chien pavlovien mal léché, toujours sur le qui-vive, prêt à recevoir coups ou caresses avec zèle.

"Corban, pal, come here!" Il l'accueille d'une grande tape dans l'épaule, son bras s'accrochant déjà autour de sa nuque dans une semi-étreinte qui a été habituelle il y a dix ans, et n'est que gênante maintenant. "Looking dapper as always." Il le tient à bout de bras, le regarde, l'oeil vitreux mais étincelant de joie, le coeur battant à tout rompre dans sa poitrine - il met ça sur le compte de l'alcool. "It's so good to see you. Come, sit, we'll have two beers!" Il le force presque à s'asseoir sur la banquette, hèle le barman comme un vieil ami et commande pour deux comme d'habitude. En s'asseyant, la main pesante de Buck ne lâche pas l'épaule de Corban, ou ses yeux les siens. "So? It's been a while, mate, we have much to catch up about. You're a copper now, aren't you?" Il rit, lui frappe l'épaule dans un geste complice, s'y aggripe de nouveau. Il a l'impression d'être en train de se désintégrer morceau par morceau, mais il tient bon. "I'm glad to see you."

"What do you mean she lost her? You can't just lose a handler like you misplace your house keys???" Il n'y a que quand Kalen et lui sont enfermés dans son bureau qu'il se permet ce genre de coup de sang de sidération. Son frère venait lui remonter, comme tous les deux mois, l'incident qui avait coûté à Lucinda son handler, again.
Le massacre aurait pu durer encore longtemps (Corban venait de finir sa dernière cannette de boisson énergisante sorcière), si on ne les avait pas interrompu à cause de la réception d'un hibou (puant l'alcool, ce qui avait apparemment secoué suffisamment l'assistant de Corban pour qu'il s'en débarrasse au plus vite, hence l'urgence).

Corban avait gardé la face en parcourant le bout de parchemin brouillon. Cependant, ça lui avait demandé tellement d'efforts qu'il était resté silencieux un peu trop longtemps, si bien que son frère, peu enclin à se renseigner sur ce qui pouvait fermer le clapet de son aîné (surtout au sujet de Lucinda) s'était éclipsé comme une ombre.
Quelques minutes plus tard, l'assistant frôlait l'arrêt cardiaque en entendant le rire de crécelle s'échapper du bureau, prendre du volume pour mourir de nouveau. Il jurerait avoir entendu des sanglots mais il tenait trop à son misérable salaire pour s'enquérir de leur réalité.

"How did he fucking dare?"

Bien entendu, Corban a fait vider son emploi du temps sur une plage horaire légèrement plus large que l'horaire du rendez-vous, n'en déplaise à il ne sait plus quel directeur de département avec qui il avait une réunion.
Il est resté plusieurs heures dans son bureau à rien faire, une première depuis qu'il est à la tête de la Brigade. A dix-huit heures pétantes, il était parti, comme si se coucher avec les poules pouvait faire venir le lendemain plus rapidement.
Well, ça aurait pu, mais pour ça, il aurait fallu qu'il réussisse à dormir.

Fort heureusement, les insomnies, contrairement aux nouvelles venant de James n'étaient pas une chose rare pour lui. Aussi, le lendemain, il s'est arrosé de suffisamment de potions pour avoir l'air frais comme un gardon. Pas besoin de choisir un costume en particulier, même le plus basique rendrait toujours mieux que le look catastrophique dans lequel il avait laissé son camarade, dix ans plus tôt.

"Corban, pal, come here!" Comme si Corban refusait que la première chose qu'il fasse en retrouvant Buck fut de lui obéir, il s'arrêta, quelques secondes. Mais il est déjà trop près, et l'autre de l'embarquer d'une tape dans l'épaule qui manque de l'envoyer à l'autre bout de la pièce.
Pourquoi il n'a pas l'air aussi misérable que prévu???
"Looking dapper as always." "You look— fine as well..." coasse-t-il, en alignant son sourire de commercial sous amphétamines. Il lui faut un léger temps au démarrage, mais il a intérêt à faire ça vite, parce qu'il ne bénéficie pas des deux bières dans le sang, comme son petit camarade.

Tandis que Buck le manipule comme s'il n'était qu'une grappe de raisins, tout en passant commande. Corban plisse les yeux. L'aftershave est de mauvaise qualité, il remarque des petites coupures sur son menton encore fraîches (pas mécontent de voir sa bouche, tho), et la chemise n'a pas été totalement repassée.
Oh ; il s'est fait beau pour lui, donc... adora—
"(...) You're a copper now, aren't you?" Dodelinant la tête un peu sur les côtés, les yeux levés au ciel, Corban hausse les épaules (enfin une épaule, l'autre est lestée par la main de Buck). "Yeah, kind of. I mean, we're like the cops, but... better?" Puisqu'il veut jouer à ce petit jeu d'adultes fonctionnels, here you go.
Corban appuie son regard en coin, mutin, et se penche vers lui, complice. "Don't tell Travers I told you that, pal."

Il reste comme ça un moment (trop long), avant de se redresser et de lui tapoter le dos de la main avec un dédain considérable. "It's good to see you too, ah!" Il manque de pousser son rire de banshee, tué dans l'œuf lorsque le serveur revient avec leurs bières. Pendant une demi-seconde, Corban se demande si Buck ne les a pas commandées toutes les deux pour lui.
Il lui lâche la main seulement pour apprécier la taille et la tiédeur de sa bière (fait chaud, nan?). "What about you? Still playing at being a private detective?"

tw: langage cru

Quel plaisir de revoir Corban après toutes ces années - ça va faire dix ans maintenant, et pourtant son vieux pote ne semble pas avoir changé d'un poil. Il a même l'air suspicieusement jeune pour être honnête. À côté de lui, Buck a gonflé de partout (surtout du bide), jauni des yeux et des dents, perdu masse de cheveux. Perdu sa fille (sa filleule - merci pour la non-carte de condoléances, asshole), sa femme, sa santé et sa vie.
Corban, lui, se pointe en costume trois-pièces, lui adresse un sourire si grand aux dents si blanches que Buck a envie d'y envoyer un coup de poing et de toutes les faire voler. La dernière fois, ça avait failli arriver. Il aurait dû lui casser la gueule, la remettre au carré en terres galloises - en repensant à leur dernière conversation, leur dernière dispute, Buck a le coeur qui se serre dans sa poitrine et une envie meurtrière qui gonfle dans son estomac, cette colère titanesque et aveugle qu'il déteste autant qu'il en a besoin pour continuer à se lever tous les matins.

"Yeah, kind of. I mean, we're like the cops, but... better? Don't tell Travers I told you that, pal." Pal. Buck rit, jaune. Fils de pute. Il doit garder son sang-froid, et puis de l'eau a coulé sous les ponts quoiqu'il arrive, et il a besoin de l'aide de son vieux pote. Dix ans, tout peut changer en dix ans, tout a changé en dix ans. "Good for you, old friend, good for you." Tapotement sur la main, Buck la retire comme si on l'avait brûlé. "It's good to see you too, ah!" Début d'un rire dissonnant, Buck se souvient à quel point ça lui scie les oreilles à chaque fois, mais aussi à quel point il aime ce rire, si rare, qui lui rappelle le bridge à la guitare électrique d'une chanson de métal screamo japonais qu'il écoutait quand il était jeune.

Buck connait Corban par coeur, et pourtant il a du mal à vraiment considérer si il dit la vérité ou non. Est-il vraiment content de le voir? "What about you? Still playing at being a private detective?" Un frisson d'agaçement lui traverse l'échine - il ne jouait pas à être détective privé, il l'était. "You heard about that, uh?" L'a-t-il gardé dans son radar comme lui-même l'a fait? A-t-il demandé à de vieilles connaissances, des nouveaux amis, et autres, de garder un oeil sur lui, comme il l'espérait? Cette pensée lui réchauffe le coeur. "Yeah, I still pick up a case from time to time, when work comes knocking, but uh, was busy in other places lately." Avec les Travellers et leurs conneries - il a promis de ne plus s'endetter auprès d'eux, qu'il avait tourné la page. Il se fait vieux et con, il n'a plus la force ou l'énergie de bosser pour eux. Et puis, putain, Anne est en train de le poursuivre en justice pour pension alimentaire impayée, la salope.

Il lui faut du fric, et vite. "Always knew you'd make it big, Corban," dit-il fièrement (et sincèrement, même si son sourire crispé pourrait paraître sarcastique) en poussant une des deux pintes vers lui (après une légère hésitation - oui bon ok il voulait prendre les deux pour lui). "How's the family, mate, how's your old man?" Il sait que c'est cruel mais ne peut pas s'empêcher (l'alcool l'a toujours rendu particulièrement con et mesquin), ses yeux bleus étincelant au-dessus de son verre d'une lueur sardonique. "I heard Kalen was working with you too. Always feels good to work with family, hm?"

"You heard about that, uh?" Corban aurait préféré ne pas remarquer la petite pointe d'espoir et de satisfaction dans la question de Buck. Aussi, il ne se sentirait pas obligé de rabaisser ses attentes d'un balancement de la tête et d'un pincement des lèvres, comme s'il voulait conserver le mystère sur la source de son information. En réalité, s'il avait entendu parler de son affaire de détective privé, c'est parce que certains rapports de la Brigade le mentionnaient, moins en tant qu'informateur bourru que de "fouille-merde". Bon, ok, il avait eu un petit sourire en coin en lisant les mentions, même défavorables, de son ancien compagnon, comme on retrouverait un vieux souvenir, tout juste sorti du four, si bien que la chaleur qu'il dégage ne permet pas encore de se rappeler avec quelle douleur il avait été envoyé à l'état de souvenir...

Mais désormais, c'est tout ce dont Corban se rappelle; la dispute qui avait éclaté cette nuit-là et le gouffre qui s'était creusé en lui, implacable, depuis ce jour, au pays de Galles.
"Yeah, I still pick up a case from time to time, when work comes knocking, but uh, was busy in other places lately." "You don't say..." Corban hausse les sourcils, et cette fois-ci, le rictus qu'il a en coin est un écho direct aux expressions espiègles de son adolescence chaotique. L'expression, fugace, sincère, semble creuser dans son visage habituellement si lisse les sillons qu'on aurait dû y trouver pour un homme de son âge. La Brigade serait ravie de l'apprendre et, bien qu'il en soit à la tête, il se ferait une joie de les laisser se prendre la nouvelle en pleine poire sans rien faire d'autre que d'observer depuis son bureau.

"How's the family, mate, how's your old man?" Corban allait pour porter la pinte de bière à ses lèvres mais il se ravise, sentant aussitôt une boule se serrer dans son ventre, à la mention de son père. Comment ose-t-il? "I heard Kalen was working with you too. Always feels good to work with family, hm?" La mâchoire de Corban se serre, pulsant sous sa peau fraîchement rasé (pour ce qu'il a à raser aussi...).
Il n'arrive pas à répondre tout de suite, dénoue sa gorge en avalant finalement quelques gorgées de bière. Comment ose-t-il mentionner son connard de père alors qu'il sait. Il sait combien de fois Corban a pleuré à Poudlard à cause de lui; combien de crises, combien de fois il l'a retrouvé, le regard vaquant dans le vide, vaquant au bout des branches du saule cogneur. Il sait, peut-être même plus que Corban lui-même, à quel point son père l'a fait souffrir.

Et cette fois-là, au pays de Galles, c'est aussi son père qui a pris la décision de cesser leurs activités, toujours lui qui a chargé son fils de prévenir Buck en catastrophe, sans en avoir rien à foutre de ce que ça pouvait terminer entre les deux hommes...
"He is fine, débute-t-il, succinctement, tandis que l'amertume de la boisson devient si forte qu'il a envie de vomir. He's helping out the hybrids regulation department... doing some consulting, or whatever..." On le gardait occupé tout en le ménageant, au vu de son âge. On n'avait plus à s'en faire de Yaxley Sr, quand ses deux fils dirigeaient d'une main de fer l'un des services les plus redoutés de la Justice Magique.

Logiquement, Corban devrait lui retourner la question, lui demander des nouvelles de sa famille. Mais vu l'état du message qu'il lui a envoyé hier, il se dit que ça sent pas bon pour son couple, ni pour sa paternité... Il y avait quelque chose de louche dans cette histoire et, soit Corban n'avait pas le cœur à le tourmenter comme lui venait de faire en évoquant Euan, soit il n'en avait rien à faire. Les tremblements de sa main qu'il dissimule en reposant brusquement son verre semblent tendre vers la première option.

Des adultes fonctionnels, on a dit. "I'd be delighted to talk more about our family life, J— Buck, but you see, my schedule is tight." Bim, on fait pas plus fonctionnel que ça; bonus point si ça fait rager Buck que Corban soit si busy dans sa life. Parce que trois bières en plein milieu de la journée en plein milieu de la semaine, détective privé ou pas, il devait pas beaucoup cravacher, après ça... "Why did you want to see me?" Sous-entendu, hormis pour me rub in the face how hot of a mess you've grown into. "Is this about your detective work? The Values Brigade used to collaborate with private agencies, but it'd be better if you just book an appointment with my assistant so we can talk it out..."
Pour couronner son petit numéro d'homme pressé et actif, il a poussé légèrement sur le côté la bière, signifiant qu'il n'était pas recommandé de trop boire en service, et avait dégainé sa montre à gousset magique qui servait aussi d'agenda. Il y avait planté son regard soucieux, allant et venant des aiguilles à la mine (la bouche) de Buck.

tw: alcoolisme, langage cru

Buck ne connait peut-être pas Corban aussi bien qu'avant, mais il peut lire sa rage aussi facilement que dans un livre ouvert lorsqu'il mentionne sa famille et surtout son père. Corban a toujours eu un masque imparfait à ses yeux, et il a fallu du temps à Buck pour comprendre qu'il était le seul à le voir comme lui le voyait, à parvenir à aller au-delà de la surface tranquille et lisse des traits de son meilleur pote. Ce désespoir sans fond, cette rage sans limite, cette tristesse intrinsèque; personne n'aurait cru Buck si il avait dit à quiconque à quel point Corban pouvait être émotif, pendant leurs pauses clopes au sommet de la tour d'Astronomie, des larmes amères lui sillonnant les joues en silence.

Corban peut espérer penser qu'il peut le tromper autan qu'il le veut, au fond, il n'y arrivera jamais. "He is fine." Buck pousse un bruit d'assentiment vaguement intéressé, lave le goût amer de sa mesquinere dans une gorgée de bière. "He's helping out the hybrids regulation department... doing some consulting, or whatever... - That's good, glad to hear he's still kicking." Buck avait rencontré Yaxley sr une ou deux fois, lui avait serré la main mollement en se présentant quand il était sorti de taule. Il avait vite compris que Sr n'avait aucune considération ni respect pour lui, malgré le fait qu'il soit le meilleur ami de son fils aîné. Buck n'avait, à la base, pas une bonne opinion de lui: après tout, c'était à cause de lui que Corban avait été si malheureux, à Hogwarts, à la perspective de rentrer chez lui.

Le coeur de Buck se serre à cette idée. Il se souvient du bruit des ciseaux lui coupant les cheveux, les remous saccadés des épaules maigres de Corban en train de pleurer en silence en faisant genre que non, l'ambiance humide et pesante que toutes les blagues crasses du monde n'avait pu alléger.

Corban ne lui rend pas la question. Tant mieux. "I'd be delighted to talk more about our family life, J— Buck, but you see, my schedule is tight." Buck arque un sourcil, repose sa pinte d'un bruit sec. "Is that so? - Why did you want to see me? Is this about your detective work? The Values Brigade used to collaborate with private agencies, but it'd be better if you just book an appointment with my assistant so we can talk it out... - Oh come on, Corban, you don't have time for an old pal?" Buck jette un regard noir à sa montre à gousset, se penche au-dessus de la table pour lui taper dans l'épaule. "Come on, for old time's sake! Remember how much fun we had? Remember when we used to go 'round the casinos and gambling dens on Knockturn Alley, winning hundreds and spending hundreds in less than an hour! Remember? And the hunts, the escapades, the drinks, the talks! Remember that one time we almost got pinched by Shacklebolt - hey, fuck that guy by the way, and everything he stands for - when we were trying to make some moonshine in the dungeons? Remember?"

La nostalgie est devenue une vieille amie pour Buck; sa voix trébuche et s'affaiblit, ses yeux vitreux roulant dans leurs orbites avec une mélancolie pour une jeunesse révolue et désormais lointaine. Remember the kisses, the fucking, how you broke my heart when you refused to run away with me, how you're nothing more than a fucking cowardly pussy who can't stand for himself and pick happinness over your sorry excuse of a father?

Il voit que ça ne prend pas avec ce nouveau Corban et soupire. "Fine, Corban, I need money. I need a job." Nouvelle rasade amère de bière bon marché et dégueulasse, regard par-dessous, à travers ses longs cils, pincement des lèvres en forme de pêche qui va le faire rougir: "plus, I'm pretty sure you owe me one, isn't that right?"

Corban le dévisage avec férocité. Don't "old pal" me, you piece of shit. Buck avait été tellement plus qu'un simple old pal. Corban avait remis son âme entre ses grosses pattes, il avait remis son cœur dans ses yeux, son corps à sa bouche. Et c'est parce que Buck a été toutes ces choses là que Corban peut pas avoir de temps pour lui; c'est trop risqué et c'est trop douloureux.
La seconde tape dans l'épaule manque de lui faire jeter son verre à sa figure, mais Corban se crispe pour bouger le moins possible.

I remember when you asked me to blow on your hands before you throw of the dices, like I was your fucking lucky charm. I remember when I blew you. How you leave your hand down my back, while introducing me to your wife. How you leave all your stuff everywhere in the tent.
I remember your hand wrapping my neck while you cut my hair; how gently and tenderly you cut my stupid hair.
I remember when you were everything to me and how bad I fucked that up. Thanks for the reminder. "Ah, how could I forget?" répond-il, sa voix se voulant polie mais ses dents restant serrées pour empêcher la boule qui s'est formée au fond de sa gorge de lui vomir tout ce qu'il aurait voulu lui dire, toutes les excuses qu'il aurait voulu lui étaler sous les yeux.

"Fine, Corban, I need money. I need a job. Plus, I'm pretty sure you owe me one, isn't that right?" Corban fronce les sourcils, cligne des yeux, pour être sûr qu'il avait bien entendu. La nervosité gagne les rides invisibles de son visage et il lâche un rire. "What??" Sa bouche baille à plusieurs reprises, tandis qu'il tourne sa question dans tous les sens. "N— No, Buck, you can't..." Son sourire se casse la figure, peinant à tenir le chagrin à distance. "Stop that, James— shit!" Corban se frotte les yeux, réalisant son erreur. Son nom a sifflé d'entre ses lèvres, comme une flamme trop chaude. "You can't do this to me; you can't do this to us, not with the way I had to end it last time!"

Corban bondit de la banquette, sur le point de se barrer, la fièvre rendant ses mouvements vagues et incertains. "Haven't you had enough??" Sentant sa voix dérailler, il se rassoit aussitôt, histoire de ne pas attirer l'attention sur eux. Il se penche en avant, sifflant avec panique. "Fuck you, James." Ce à quoi Buck avait l'habitude de répondre "fuck me urself you coward" ; please, say it. "I'm not doing this again; I'm sorry, I can't help you—" Et de vider d'une traite la bière qu'il n'aurait jamais considéré consommer en tant qu'employé modèle.

tw: violence, langage cru, mention de maltraitance animale

Corban se met à rire, et les lèvres de Buck se mettent à sourire machinalement - enfin sourire... elles se pincent et se tordent dans un rictus sans joie ni chaleur, une expression mesquine et menaçante qui n'a de sincère que ses mauvaises intentions. "What?? N— No, Buck, you can't..." Buck déteste qu'on l'appelle par son prénom. C'est devenu un réflexe musculaire à ce stade: call me Buck, James is my da. Tout le monde l'appelle Buck - sauf Darragh, mais fuck Darragh. Sauf Corban, mais fuck Corban. Dans la bouche de son meilleur pote, son prénom ne lui donnait pas d'arrière-goût amer, d'envie de le trucider, de se cacher. C'était comme une private joke entre eux, un trait d'esprit contre le monde, un de leurs nombreux trucs rien qu'à eux.

Il déteste entendre son surnom dans la bouche de Corban. "Stop that, James— shit!" Il déteste encore plus entendre son prénom. Il n'a plus le droit. Il a jeté ce droit par la fenêtre il y a dix ans, cet enfoiré, avec leur amitié et le reste de leur relation. "Stop that," souffle-t-il en finissant sa bière d'une longue gorgée furieuse, ses yeux lançant des éclairs. "You can't do this to me; you can't do this to us, not with the way I had to end it last time!" Buck repose sa pinte vide sur la table devant lui dans un bruit sourd, le verre se fissurant contre sa paume en un instant.

Corban saute sur ses pieds et Buck en fait de même, comme quand ils étaient gamins et qu'il le suivait aveuglément, sans se poser de questions. "Haven't you had enough??" Il se rasseoit, Buck aussi, chien bien élevé. "Fuck you, James. I'm not doing this again; I'm sorry, I can't help you— - No, fuck you, Corban," siffle Buck avec vitriol et quand Corban a fini sa bière et fait un mouvement pour se tirer, la main de Buck jaillit de son giron pour attraper sa cravate et le maintenir en place. "You owe this, you fucking piece of shit. I need the fucking money, I don't have a fucking choice." Il relâche sa cravate et referme le poing, l'envie démangeante de lui coller une beigne lui engourdissant le reste du bras. "Maggie died, Corban. Not that her own goddamn godfather would fucking care, uh? Maggie died and Anne left me and I fucking need the money, so you're going to go back to your little stupid office and mail me an application form. You owe me this, you fucking ruined my life." En le renvoyant. En le quittant.

Buck s'en fout de mentir, de simplifier les choses, de dire des conneries. Il veut juste voir Corban avoir mal, comme il a pu lui faire mal. Et putain, il a besoin de ce fric. "Everything alright, gentlemen? - We're fine, Tom. We'll have another round - on him," grogne un Buck écumant à l'adresse du barman ayant contourné son comptoir après les avoir vus presque en venir au main. Buck a envie de s'énerver, de s'enflammer, d'exploser. Il a envie de casser quelque chose, de casser la gueule de Corban, de le ruer de coups jusqu'à... jusqu'à ce que quoi? Qu'il s'excuse? Qu'il sorte sa baguette? Qu'ils se battent comme quand ils étaient gosses?

Mais il ne peut rien faire, juste le regarder, furieux et suppliant, avec l'impression d'être un nuisible qu'on est lentement en train de noyer dans de l'eau courante.

Corban voulait déjà passer à autre chose, se demandant comment il allait survivre les heures suivantes avec une bière dans le sang (rien de bien fort, mais rien qui fasse bon ménage avec de la boisson énergisante non plus). Il va pour se lever, mais la poigne de Buck attrape sa cravate et le remet en place, comme on empêcherait un ballon de baudruche de s'envoler trop haut dans le ciel (autant dire, avec une facilité déconcertante). "Do I even weigh anything to you—" marmonne le Mangemort. "You owe this, you fucking piece of shit. I need the fucking money, I don't have a fucking choice." Aussitôt qu'il le lâche, Corban se met à lisser fiévreusement sa cravate comme pour se rafistoler une contenance.

"Maggie died, Corban. Not that her own goddamn godfather would fucking care, uh? (...)" Corban reste sans voix, baillant aux corneilles. Il s'était imaginé un destin misérable pour Buck, mais pas à ce point. Ses yeux papillonnent dans le vide, infichus de se poser où que ce soit par désarroi. "(...) You owe me this, you fucking ruined my life." And you ruined a brand new tie, thanks for the reminder. Non, c'est pas le moment d'ironiser.
Buck n'a plus de vie et c'est vers lui, Corban, qu'il se tourne. How tragic.

Tandis que le serveur vient prendre la température à leur table, Corban cherche quoi répondre. Son cœur bat à toutes berzingues. Il n'a jamais eu d'enfant, mais il peut comprendre à quel point ça doit être difficile de survivre à sa progéniture. "I know it's not something you want to hear from me right now, but I'm going to say it anyway: I'm so sorry, Buck." Il se frotte le visage.
Quand ils bossaient ensembles, Corban avait consciencieusement envoyé des cartes pour l'anniversaire de Maggie, toujours suivi d'un cadeau un peu trop pompeux. Naturellement, quand Buck et lui s'étaient... quittés, il avait également cessé de se manifester auprès des siens, n'étant plus à leurs yeux que l'impitoyable employeur qui avait viré sans scrupules le pauvre père de famille.

Corban se sent con, et malheureux, de se dire que Buck avait dû vivre le décès de sa fille sans lui. Corban aurait voulu le souffrir avec lui, aller le ramasser il ne sait où quand il se prenait des murges pour oublier la douleur. Il aurait voulu le prendre dans ses bras, lui embrasser le front, sécher en vain le flot interminable de larmes. Il aurait voulu être là quand sa femme est partie, folle de chagrin. Il aurait voulu être la seule chose qui compte aux yeux de Buck; comme autrefois.

Il soupire ; "Alright, then, I'll take you in. Do you even know what I'm doing for a living? What's the Values Brigade?" Il le fixe un temps mais au final, il ne préfère pas savoir sa réponse et se doute que l'autre homme ait la patience ou juste l'envie de réfléchir. "Well, now that I think about it, it's more or less what we used to do, back then..." Sa voix s'étrangle un peu quand le premier souvenir qu'il a de son ancien job, c'est celui de Buck et lui qui s'encanaillent sous la tente, au beau milieu de la nature. Ça et la bouffe en conserve. Depuis combien de temps n'avait-il pas pensé à ça?

"We're hunting— tracking people who don't abide by the rules. You'll also be paired up with an hybrid; don't worry, most of them are tamed..."
Le serveur revient avec leurs nouvelles commandes, débarrasse avec circonspection les précédents verres dont l'un finit de se fissurer. L'incident n'a pas échappé à Corban qui tire sa baguette du holster à l'intérieur de sa veste. "Did you cut yourself? Show me your hand... Does it hurt?" Et de tendre la sienne, impérieuse, mais avide de contact.

tw: mort d'un enfant, alcoolisme, idéation de suicide-ish

"I know it's not something you want to hear from me right now, but I'm going to say it anyway: I'm so sorry, Buck." Comme lorsqu'ils étaient gamins, Corban sait exactement quoi dire et quoi faire pour désamorcer Buck sans la moindre faute: on coupe le fil rouge, on coupe le fil noir, et tout d'un coup Buck se met à bredouiller et à regarder ailleurs en remettant sa main autour de son verre déjà bien mis à mal - la soudaine douleur qui se réveille dans sa paume lui fait un bien fou, l'ancre dans le moment présent. "S'alright," ment-il dans un sifflement, son coeur redoublant d'ardeur dans sa poitrine en repensant à sa fille, sa pauvre petite fille, qui est morte sur le billard comme un vieux croûlant, entre deux opérations impossibles, potentiellement terrifiée, sans ses parents avec elle, sans lui, persuadée qu'ils l'avaient abandonnée.

Buck regarde le fond de son verre vide comme si il allait se remplir par magie.

Un léger silence s'étire. Un silence plein de fausses notes et d'à-coups saccadés, alors que Buck se refait le film de ces dernières années dans l'oeil de son esprit: les disputes avec Anne, les hurlements, les pleurs de Stevie, l'alcool, les casinos, les femmes, les coups, les cris, les larmes. Ça aurait été plus simple avec Corban à ses côtés, Buck le sait, mais il a toujours été trop fier pour se tourner de nouveau vers lui.
Mais là il est dans la merde. Et il n'a pas envie de retourner auprès des Travellers - il se considère déjà heureux que Remy l'ait accepté une fois, il sait que ça ne fonctionnera pas la suivante.

"Alright, then, I'll take you in." Le soulagement n'est pas là, pourtant. Buck a simplement l'impression d'être téléporté vingt ans en arrière, quand il était jeune et con et que son meilleur pote lui avait offert une opportunité en or. "Do you even know what I'm doing for a living? What's the Values Brigade?" Buck relâche lentement, très lentement, son verre fêlé en soupirant comme si il venait de sortir d'une plongée de cinq heures à trente mètres de profondeurs. "Yeah, sure," souffle-t-il sans se mouiller, gardant les yeux rivés sur le bois usé de la table, regardant sa main aux doigts tremblants. "Well, now that I think about it, it's more or less what we used to do, back then... We're hunting— tracking people who don't abide by the rules. You'll also be paired up with an hybrid; don't worry, most of them are tamed..."

Tom débarasse, leur fait glisser leurs deux nouvelles pintes. "Sounds familiar," marmonne Buck en retournant les mots de Corban dans sa tête. "Did you cut yourself? Show me your hand... Does it hurt?" Buck relève les yeux vers Corban, hagard. Après un temps de latence, en silence, il lui tend sa main - en train de saigner, déjà, même si pas beaucoup -, lui abandonnant complètement ses doigts avec habitude. "I know what the VB and the Ministry stand for. Their... values." Buck déglutit. Même Anne aurait du mal à justifier ça. Mais Buck s'en fout. Ça fait longtemps qu'il a décidé de s'en foutre. Y'a dix ans, peut-être qu'il aurait moufté, aurait ricané au nez de Corban à la perspective d'un jour devenir un keuf corrompu envoyé mordre le cul des hors-la-loi se battant pour leur liberté.
Mais Maggie est morte, Anne l'a quitté, il n'a plus d'autres choix - et puis, il s'en fout. Personne ne viendra jamais l'emmerder à ce poste, il sait qu'il va être bon - comme l'a dit Corban, c'est similaire à ce qu'ils faisaient par le passé - et c'est une paye stable tous les mois. De quoi tenir, année après année, jusqu'à une retraite misérable. Plus vraisemblablement, avoir quelques bouteilles de bon whisky dans le bide au moment de sa mort précoce.

Plan parfait. "Give me a chance. Whatever your terms - I'll have them," grommelle Buck maladroitement, détournant ses yeux de sa main reposant dans celle de Corban. "I just need the money. Nothing more."

Corban sait que Buck n'est pas méchant. C'est quelque chose que les profs n'ont jamais voulu comprendre, à Poudlard. Parce qu'à côté de lui, Buck paraissait plus grand, plus fort, plus brutal, alors tout de suite, Buck avait l'air méchant, surtout quand il perdait patience quand il faisait ses devoirs. Buck a l'air méchant, patibulaire comme un chien, mais il n'est pas méchant. Contrairement à Corban à qui on donnerait Merlin sans confessions. Corban est méchant. Il a une haine sourde qui grandit en lui depuis qu'il est tout petit. Au début, il ne savait pas contre qui la diriger, et quand il a enfin compris, il était trop tard, il portait d'ores et déjà cette haine comme un vêtement, comme une seconde peau.

Corban sait qu'il va faire faire des trucs pas très sympas à Buck; il sait aussi que Buck va obéir. Parce que si Buck n'est pas méchant, ça ne l'empêche pas de faire des trucs méchants, soit parce qu'on les lui a demandé, soit parce qu'il ne sait pas se contrôler. A Poudlard, c'était Corban qui le contrôlait ; et il contrôlait Corban aussi, mais ça, c'était plus difficile à remarquer.
"I know what the VB and the Ministry stand for. Their... values." Corban hoche la tête. "Good," qu'il concède, peu enclin à lui réciter toutes les horreurs auxquelles il croyait.

Il ne sait plus quand est-ce qu'il lui a pris la main. Dans un premier temps, il la tient dans les siennes sans se résoudre à soigner sa plaie. Il observe la coupure, qui fend en deux la longue et continue ligne de l'amour. Corban se souvient de ça, parce que ça les avait fait rigoler, en cours de divination, à Poudlard. Ils avaient eu un devoir sur la chiromancie et les deux garçons avaient passé le plus clair de leur temps à se chamailler pour savoir qui des deux vivraient le plus longtemps.
Ses pouces massent doucement la peau autour de la plaie, l'un d'eux remonte un peu sur le poignet, là où les tendons se font apparents.
Corban se demande si Buck a de nouveaux tatouages et s'ils sont toujours aussi moches.

"Give me a chance. Whatever your terms - I'll have them. I just need the money. Nothing more." Pour lui passer l'envie de trop se focaliser sur leurs mains jointes depuis trop de temps, Corban épingle son regard au sien.
Pendant un instant, l'envie lui prend d'inventer des conditions, de lui soutirer des faveurs contre lesquelles il ne pourrait rien. Parce que la dernière fois qu'ils avaient partagé les termes d'un contrat, ils en avaient rajouté tout un apanage, du genre "ce qui se passe sous la tente, reste sous la tente" ou "après le sexe, interdiction de fumer tes clopes dégueulasses". Corban ne se souvient que trop bien de ces points du contrat qui n'avaient jamais été rédigés nulle part ailleurs que dans leurs regards échangés et dans la fébrilité de leurs mains une fois la nuit tombée.
"You'll be fine, don't worry," conclue-t-il en sortant sa baguette, dont la pointe se suspend au-dessus de la plaie de Buck.

Parce que Corban se souvient aussi de la douleur et du désespoir engendrés lorsqu'ils avaient dû se séparer; des bagarres, des crises et puis, plus encore, du silence. Quand Buck avait quitté sa vie. "And hopefully, this time I won't have to fire you, unless the government's overthrown. But in that case, I might not even be here anymore to fire you..." Un rire un peu dépité s'échappe de ses lèvres pincées, faisant un écho étrange à la noirceur de sa blague, aussi bien à l'égard de Buck qu'au sien.
La coupure dans la main de Buck n'est plus qu'une discrète cicatrice, Corban passe son pouce plusieurs fois pour en apprécier la texture.

Corban lui lâche la main avant que l'envie de l'attirer à lui ne l'empêche de respirer. "Same terms as everyone. Son regard le prend par en-dessous, comme s'il attendait une réaction de sa part, trahissant une surprise du genre "t'es sûr que tu veux pas en profiter un peu?". As I said, you'll be paired up with an hybrid; depending on its nature, you'll be on day or night shift. I hope you're not afraid of crazy working hours or last minute intervention." Corban range sa baguette dans le holster intérieur de sa veste. "I bet you're used to that, you used to be an Auror at some point, right?" Corban gesticule un peu sur son siège, ses doigts pianotant nerveusement sur la surface tiède de sa pinte de bière, incapable de se rappeler si Buck lui en avait parlé auparavant ou s'il avait juste été infichu de l'effacer complètement de sa vie.