TW : slight psychophobie (envers lui-même)

Le rationnel est balayé par l’émotionnel, par le craintif, alors que le brun attend la réponse du blond. Alors que tout ce qu’il sait à propos de cet homme, qui l’appelle encore meilleur ami après presque dix ans sans se voir, se bataille avec l’angoisse de constater que tout a changé. Et bien sûr, lorsque Nathan répond, la honte d’avoir fait tout un fromage de cet aveu prend le dessus sur le soulagement qu’il devrait éprouver. Le stress noué dans sa poitrine, impossible à évacuer, alors que le Brisbane dit exactement tout ce dont il pouvait rêver ― qu’il l’accepte comme il est, qu’il fait partie de sa famille, que ça ne change rien, qu’il l’accepte comme il est. Pourquoi se sent-il si mal, alors ? Quel est son problème, encore ? « C’est même plutôt cool si tu veux mon avis, ça te rend encore plus unique. (franchement, il s’en passerait, de cette unicité, à ce moment précis du mois et de sa fatigue, hein) Et pour toi, est-ce que ça change quelque chose ? Quoi ? », croasse-t-il sans comprendre que la question lui soit retournée. Sans que comprendre que lui puisse avoir un avis là-dessus et penser, envisager, que ça change quoi que ce soit dans sa relation avec l’homme. « Est-ce que ça veut dire qu’on ne doit plus que manger des pizzas au poisson ? Non, parce que là c’est peut-être le seul truc avec lequel je vais avoir du mal. Dis pas ça, et Lou rit un peu. Un peu pauvrement, mais un peu réellement en même temps, l’air soudain épouvanté par cette perspective. Tu sais que j’ai jamais supporté les anchois. »

Commentaire con, mais soulagé.
Ça ne change rien.

« Ça, ça explique des choses, même si ça n’explique pas tout, mais ça change rien. Pour nous. » Ça ne change rien, sauf qu’il a tout laissé derrière lui. Sauf qu’il n’a pas vu ses parents depuis des années, voit beaucoup moins Attia, que ses fiançailles se sont rompues (pour le mieux, même si ça lui a pris du temps avant de le comprendre), qu’il a perdu son emploi, qu’il doit se cacher, vivre dans une situation précaire. Savoir qu’il n’est pas le seul, ni dans la pire situation, ne l’aide pas toujours, alors que Lou s’en veut trop souvent de trouver cela si difficile, alors que d’autres vivent des choses plus dures depuis plus longtemps. S’en veut de parfois seulement avoir envie de tout laisser tomber. D’être si fragile, si faible, d’être infoutu de se battre, de mal tolérer les changements, d’être si épuisé à chaque milieu de mois, de se sentir inconfortable partout où il est, partout où il va, de toujours voguer sur une mince frontière, de se rendre compte qu’il ne va pas bien depuis des années et de ne rien pouvoir y faire, parce que c’est la guerre, parce que c’est dans son sang.

Ça ne change rien pour son amitié avec Nate.
C’est le plus important.

« C’est dur, parfois. Mince concession qui peine à toucher l’ensemble de ce qui traverse son esprit, et donc tout ce qu’il minimise pour n’inquiéter personne. Lucjan a suffisamment été un poids pour les autres dans sa vie, se dit-il, avec ses problèmes, ses particularités, ses différences, et il essaie comme il peut de ne plus en être un. Sans voir que si c’était un.e autre, jamais il ne penserait ainsi. De quoi se plaindrait-il, alors que le blond a passé des années à souffrir sur cette île de malheur ? J’aimerais seulement… revenir à avant, quand je ne savais pas. » Il ne le dit pas, cela. Pas souvent, pas à tout le monde. Parce que c’est un peu lâche, parce qu’il ne peut rien y changer, parce qu’il ne veut pas que ça donne l’impression qu’il déteste les autres sorciers mixed.
Il préférait son ignorance, c’est tout.

Une expiration un peu nerveuse passe ses lèvres. L’aveu n’a levé aucun poids de ses épaules et ses yeux, eux, ont à nouveau quitté ceux de Nathan, pour revenir sur un point vague de la chambre. Ce qui vient à son esprit semble presque mondain : « Tilly a seize ans. Il ne l’a pas vue depuis 6 ans (alerte au divulgâcheur : ça va très bientôt changer). Elle a l’âge que j’avais quand elle est née. Lou dit ça avec incrédulité. Quand il avait seize ans, il… voulait devenir Animagus, comme sa sœur ; tentait d’améliorer ses notes, en prévision de son avenir ; se tenait tant bien que mal au courant des résultats du foot, pendant l’année scolaire ; rêvait d’explorer les océans ; passait ses étés avec Nate et les soeurs Martillo. La pensée le frappe au ventre. Elle a l’âge d’Ines. »

C’est peut-être ce constat, la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Ce qui soudain fait déferler la vague, brise tous ses trucs, toutes ses tentatives de retenir l’émotion brusque et entière de le prendre, de le submerger.

Une seconde, deux secondes, et Lucjan se retrouve à sangloter sur sa chaise. Tout son corps mince recroquevillé, les épaules secouées, le souffle en saccade qui menace son apport en oxygène. Il pleure comme s’il était un enfant, comme lorsqu’il avait cinq ans, comme il a toujours pleuré, sans savoir contrôler la chose, sans comprendre. Soudain, il est en septembre 1998, et Nathan est mort. « Ça-ça-ça a été si-si-si d-d-d-dur », articule-t-il avec peine avant d’enfouir son visage entre ses mains, sans pouvoir se soustraire aux yeux bleus du Brisbane.

hard to find

10 septembre 2007, Albert's Docks | @Lucjan Sacramoni

Il parvient à faire rire un petit peu Lou, avec son histoire de pizza. C’est pas grand-chose, mais il préfère ça à le voir pleurer. Au moins, il est encore réactif à son humour ! « Je préférais vérifier, pour être sûr que c'était bien toi. » Parler de pizza, ça lui donne d’ailleurs envie de manger. Faudra qu’il négocie ça, avec Lou, Tommy, Chérie ou peu importe en fait lequel ou lesquels il embarquera. Une pizza et avec quelqu’un qu’il apprécie, c’est un projet validé. Mais plus tard, pour le moment, il profite de ses retrouvailles avec Lucjan.

« Mais ça change rien. Pour nous. » Il respire mieux d’un coup. Il ne s’était pas rendu compte qu’il retenait son souffle, attendant le verdict de l’autre, comme il avait attendu de savoir quelle serait sa peine le jour où il avait signé pour Gracefield. Ils sont amis, meilleurs amis, frère même, et tous les deux d’avis pour que cela ne change pas. Nate en est soulagé. Il se serait senti affreusement con s’il avait dit le contraire. Qu’est-ce qu’il aurait pu faire ou dire s’il avait décidé que leur amitié était terminée ? Qu’il ne voulait plus le voir ? Qu’il n’avait qu’à se trouver d’autres amis ? Il préfère ne pas s’attarder davantage sur cette idée.  

Et puis Nathan écoute Lucjan. Il ne veut pas manquer un détail. Il en a trop loupé et il le comprend quand il entend Lucjan dire que c’est compliqué parfois. Il n’a pas toutes les cartes en main et il le regrette. S’il savait tout ce qui est arrivé au Sacramoni, peut-être que ce serait plus facile de l’aider ? de trouver les bons mots ? Le puzzle est incomplet, les pièces arrivent lentement entre ses mains, bien trop lentement pour qu’il puisse prendre la pleine mesure de ce qui lui est raconté. Il ne peut rien faire d’autre qu’hocher la tête, compatir, s’excuser et le rassurer. Il ne sert pas à grand-chose. « J’aimerais seulement… revenir à avant, quand je ne savais pas. » Il le rejoint sur cette idée. Hoche la tête pour confirmer. « C’était tellement plus simple quand on était gamins. » Pas de guerre. Pas de Gracefield. Pas d’histoires de mixed. Juste une vie à peu près normal, des cours, des préoccupations d’adolescents et des vacances qui passent trop vite.

« Tilly a seize ans » Ok. Nouvelle information qu’il n’a pas vu venir, ça doit être la deuxième en l’espace de quelques minutes. « Attends, Tiny Tilly a seize ans ? Mais non ? » Depuis quand ? Comment c’est possible ? La dernière fois qu’il avait vu la fille d’Attia, il s’amusait à la faire râler avec ce petit surnom. Elle était haute comme trois pommes et débordait d’énergie. Il s’étonne lui-même à se rappeler de ça. Seize ans, waah, quelle claque… Est-ce qu’il serait foutu de la reconnaître ? Peut-être. Peut-être pas. L’âge évoque aussi différents souvenirs à Lou comme ce qu’il faisait à cette période de sa vie et puis sans qu’il s’y attende il ouvre une porte que Nate s’était évertué à garder close. « Elle a l’âge d’Ines. » La mention d’Inès le ramène brutalement en arrière. Il incline la tête vers l’arrière et heurte le mur. Aïe. Il avait mal estimé la distance. Ça lui tort l’estomac. Inès … Elle leur avait été arrachée à tous bien trop tôt, bien trop jeune. Il revoit encore le moment où il apprend la nouvelle. L’onde de choc. Ça l’avait cloué sur sa chaise, ils avaient eu une bonne idée en leur demandant de s’asseoir. Seize ans, la dernière bougie qu’elle avait pu souffler. Il n’y en avait pas eu assez, elle n’en avait pas eu assez. Sacramoni, Brisbane et Martillo étaient déjà bien soudés à l’époque, mais la perte d’Inès avait renforcé ce besoin constant de veiller les uns sur les autres. Il ferme les yeux, essaye de se ressaisir, de refermer la porte dans son esprit. Ça prend un peu de temps, mais il finit par y arriver. Il lui faudra une bonne inspiration en plus pour reverrouiller la serrure et donner l’impression que ça va.

Et s’il y arrive à peu près, ce n’est pas le cas de Lou qu’il voit se décomposer à nouveau. « Ça-ça-ça a été si-si-si d-d-d-dur » ça lui serre le coeur de le voir dans cet état. Il s’en veut. Il l’a abandonné alors qu’il avait promis de ne jamais le laisser tomber. Il  En rejoignant l’Ordre il avait mis en péril cette promesse. Promesse de gosse, mais il n’avait jamais pris d’engagement auprès de lui qu’il n’avait pas tenu. Enfin, jusqu’à ce qu’on vienne le cueillir ce mois de septembre 1998. « Lou, je … » Il sait pas quoi dire. «Je suis désolé que t’aies eu à traverser tout ça. » Et il le pense. Il se répète à présenter des excuses, il en a conscience, mais il sait pas quoi dire de plus. « J’aurais dû être là … »  Il espère que Lucjan n’a pas eu à vivre toutes ces épreuves seul. Ça aurait été pire que tout. « T’étais pas tout seul au moins pour tout ça ? T’avais qui ? Attia ? Chérie ? Tony ? » pourvu qu’il n’ait pas été seul. Ce genre de chose, ça se traverse en famille. La sienne, la leur, est grande, pas forcément liée par le sang, mais ça n’a jamais compté.

Il se redresse pour être au même niveau que lui. L'équilibre est précaire, il tiendra pas longtemps comme ça, mais c'est pas grave. «  Eh, regarde moi. » Patient, il attend que le brun accepte de croiser de nouveau son regard. «C'est terminé tout ça, ok? Tout va bien se passer. » Il en sait rien, mais il a envie d'y croire. «Je te promets, que je me referai pas prendre. » Une fois, mais pas deux. Il a déjà expérimenté le système carcéral et estime à ce jour qu’il n’est pas nécessaire de réitérer l’expérience. « Je reste ici, là où tu peux me trouver quand tu as besoin. Ok ? Et si je change de localisation, je te le dirai. » Ce n’est pas encore au programme, mais si d’aventure il venait à devoir changer de planque, il veillerait à l’avertir. « Tu seras le premier au courant. »

TW : état dépressif, culpabilité

La force de remballer les sentiments qui le dépassent au mieux, qu’il ne comprend pas au pire, Lucjan est incapable de la conjurer en cet instant. Pas après le choc successif d’apprendre la survie de Nate, de savoir qu’il était sur cette île, de comprendre qu’il a survécu là où celle qui faisait figure de petite soeur pour tout un clan ne se relèvera jamais d’entre les morts, de penser à la débandade générale de leur vie respective, dans tous ses aspects. Pas alors que son énergie est si basse et que venir à Albert’s Docks en a siphonné une si grande partie, pour voir… pour découvrir… pour être face à une surprise (et les surprises, elles, prennent toujours trop de tout).

L’hybride s’en veut aussi de faire culpabiliser le Brisbane, alors que rien de tout cela n’est de sa volonté. « Je suis désolé que t’aies eu à traverser tout ça. Un signe de tête, comme pour refuser sa désolation, ses excuses, repousser ce qui ne lui est pas dû. J’aurais dû être là … C’est pas de t-t-t », pas de ta faute, se retrouve-t-il incapable de dire, pris dans un hoquet qui lui fait manquer d’air et l’empêche d’articuler. Lou ne lui en veut pas de s’être engagé auprès du Phénix (il a toujours été le plus courageux). Il ne lui en veut pas d’avoir été arrêté (d’avoir été tué). Il ne peut pas lui en vouloir : il a seulement besoin de lui dire que tout a été si dur, depuis le décès d’Ines.
Et que si, d’une certaine façon, tout a semblé mieux aller, ça n’a toujours été qu’un faux-semblant cachant bien mal l’abysse.
« T’étais pas tout seul au moins pour tout ça ? T’avais qui ? Attia ? Chérie ? Tony ? Attia », acquiesce-t-il doucement. Parce que Chérie et Toni, eux, étaient déjà en fuite, lorsque tout est arrivé. Parce que c’est uniquement en 2005 qu’il a accepté de rejoindre l’Ordre du Phénix, entre autres grâce à la Brisbane, et donc qu’avant ça… Le sentiment qu’il ne restait qu’eux était puissant. Ils ne pouvaient même pas s’accorder le luxe de partager la peine hors de leur famille, alors que les traîtres et impurs étaient chassés. Ceci jusqu’à ce qu’il en fasse partie, bien sûr.
(il pense souvent à Attia, toute seule à Liverpool avec leurs parents, et ça le peine tout autant)

« Eh, regarde moi. » Il faut quelques instants au Sacramoni pour rassembler assez de souffle et de bravoure pour rabaisser ses mains et révéler son visage fatigué, baigné de larmes, à son ami. Les cernes y semblent plus creux encore. « C'est terminé tout ça, ok? Tout va bien se passer. Je te promets, que je me referai pas prendre. » La fatalisme terre-à-terre cher au coeur du Sacramoni veut opposer qu’il n’en sait rien, de ça, et qu’il suffit de pas grand chose pour qu’une autre planque tombe (et une chance qu’il n’a pas articulé cette pensée mauvaise : il aurait pensé avoir maudit Little Italy, dont la chute aura lieu dans quelques jours à peine). Lou a tout de même besoin d’y croire : que tout ça est fini. Que ça ne recommencera pas. « Je reste ici, là où tu peux me trouver quand tu as besoin. Ok ? Et si je change de localisation, je te le dirai. Tu seras le premier au courant. Un silence : T’es pas obligé de me… de me d-d-dire si tu vas dans la… la c-cuisine », réussit-il à prononcer, en prenant de longues inspirations afin de calmer les sanglots qui secouent sa poitrine en spasmes douloureux. Le sourire qui accompagne la précaution est toujours petit, mais vrai. Ses paumes écrasent les larmes qui ont trop coulé sur ses joues et brûlent ses yeux, accrochées à ses longs cils. « C’est juste, il y a eu… Ines, puis t-t-toi… »

Ça ne sert à rien de répéter, il a bien compris.

Lou descend doucement de la chaise, jusqu’à rejoindre Nate au sol, afin de pouvoir le regarder en face. Ses jambes sont encore molles et il n’est pas sûr qu’il réussira à se relever dans les prochaines minutes, mais il est bien, à la hauteur de son ami. Plus proche, aussi. Ses deux jambes relevées, les genoux calés sous son menton. « On va devoir… trouver une façon de… de se venger de Chérie. » Commentaire doux, accordé d’un coup d’oeil de biais.

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10 septembre 2007, Albert's Docks | @Lucjan Sacramoni

Il soupire, renonçant à argumenter davantage alors Lucjan cherche à le rassurer sur le fait qu’il n’est en rien responsable de ce qu’il lui est arrivé. L’intention est bonne, mais malgré tout peu efficace. Pourtant, il ne cherche pas à le contredire. Aux yeux du Sacramoni, il n’est pas à blâmer et il le connaît assez pour savoir qu’il ne lui fera pas changer d’avis. Alors, il se console comme il peut avec la dernière réponse apportée. Attia. Il a pu compter sur sa sœur, solide pilier dans sa vie, à l’image d’un phare au milieu de la tempête, elle a probablement été la plus à même de l’aider dans les épreuves qu’il a été amené à traverser. « C’est bien qu’elle ait été là. » Faible sourire. Oui, c’était une bonne chose, mais, elle n’aurait pas dû avoir à faire. Ils n’auraient pas dû être amenés à vivre tout ce qu’ils avaient vécu. « Comment elle va, d’ailleurs ? Je ne l’ai pas encore croisée, elle est en mission quelque part, peut-être ? »

"T’es pas obligé de me… de me d-d-dire si tu vas dans la… la c-cuisine » Le rire du Brisbane est franc, court mais honnête. Si Lou est en capacité de faire un trait d’humour, parce qu’il est persuadé que s’en était un, c’est que doucement il va mieux. « Ok, je te passerai ce genre de détails. » Ou peut-être pas. Lucjan aurait certainement droit par principe à quelques sms inutiles quand on lui aura confié le précieux objet dont sont aujourd’hui équipés les membres de la résistance.

Mais lorsqu’il reprend, la voix toujours un peu brisée par l’émotion, Nate comprend qu’il s’est un peu trop avancé sur l’état de son meilleur ami. « C’est juste, il y a eu… Ines, puis t-t-toi… » Il secoue la tête, il comprend ce qu’il veut lui dire. Beaucoup de pertes en peu de temps. Trop de pertes qui n’auraient jamais dû se produire.

Finalement, Lou quitte le confort de sa chaise pour se placer au même niveau que lui. Se retrouver à nouveau si proche de lui, lui paraît soudainement bien étrange. Tout lui paraît bizarre, naturel, normal, mais étrange quand même. Il a perdu l’habitude de les avoir tous à proximité, et il n’a qu’une hâte, s’’y réhabituer le plus vite possible. « On va devoir… trouver une façon de… de se venger de Chérie. » Nouveau virage dans la conversation. Oh, ça oui. Elle ne perd rien pour attendre ! « Tu peux compter sur moi ! On va trouver un truc. » Il faut juste trouver quoi. Quelque chose de drôle, rien de méchant, juste assez pour lui faire comprendre qu’ils auraient pu – dû, même – s’y prendre différemment. « Et en parlant de ma sœur préférée, tu savais toi qu’elle est enceinte ? » C’est absurde, après réflexion, il est persuadé qu’il sait déjà, Chérie lui a dit qu’elle veillant sur Lou, forcément il doit savoir. « Je vais être tonton ! » Ça non plus il ne s’y fait pas, sa sœur va avoir un enfant ! Déjà quand elle leur avait annoncé son mariage avec Tony, ça lui avait fait drôle, mais là … dans quelques mois il y aura un nouveau membre à leur tribu. Un petit être fragile pour lequel ils feront tout. Y compris lui apprendre les plus belles bêtises possibles. « Toi aussi, du coup hein, comme t’es de la famille, c’est plus qu’évident que tu seras son oncle. Et puis elle te doit bien ça, après la frayeur d’aujourd’hui. »  Il ne doute pas un instant que cela sera possible. « Encore désolé hein, je pensais pas que ça te mettrait dans cet état. » Lui qui n’a jamais été mort, qui ne s’est jamais considéré comme tel – ou alors pas assez souvent pour que l’idée reste gravée dans son esprit – ne peut assurément pas comprendre l’ascenseur émotionnel de ses proches. Il essaye, vraiment, mais il sait parfaitement qu’il n’arrivera jamais à tout saisir. Il n’était pas là et c’est bien là le problème.

« Bon, alors qu’est-ce qu’on peut faire comme blague à une Brisbane-Martillo pour lui faire passer l’envie de faire des blagues pas drôles ? » Comme si c’était possible … « Je partirai bien sur quelque chose en lien avec la cuisine, c’est son truc à elle on est sûr d’avoir une réaction, mais faut qu’on soit bons, sinon elle nous ratera pas. »

La mention de la Sacramoni semble rassurer un peu son meilleur ami ― peut-il l’appeler comme ça à nouveau ? a-t-il encore le droit, après toutes ces années ? est-ce que tout est à recommencer ? Une mince consolation de savoir que Lou n’a pas traversé les épreuves seul. « Comment elle va, d’ailleurs ? Je ne l’ai pas encore croisée, elle est en mission quelque part, peut-être ? Attia n’est pas dans l’Ordre, corrige-t-il. Ou elle ne me l’a jamais dit », et le sorcier ne sait pas à quel point il met le doigt sur quelque chose de très précis et de très vrai. Il n’y accorde même pas une pensée, tant l’idée que sa sœur lui cache quelque chose d’aussi crucial lui semble saugrenu. Ce serait l’occasion pour lui de s’inquiéter puissance mille. « Elle… travaille beaucoup. » Réponse prudente, un peu évasive ― parce que son aînée ne va pas si mal, même bien, mais que la vérité se cache dans ses ami.e.s et sa famille en fuite, caché.e.s d’un côté et de l’autre du pays (ou même hors de celui-ci, pour Tilly)(ah, quand il saura !), dans son don caché qui ne cesse pas de gagner de l’ampleur, dans tant de choses. « Elle nous aide, quand elle le peut, et je la vois… pas assez souvent. » Définitivement pas assez, chaque rencontre espacée par des semaines, alors qu’auparavant, ils se voyaient pratiquement chaque jour.

Sujet tout aussi sensible que tous les autres, semble-t-il. En même temps, après ce choc et à cette période du mois, tous les sujets sont des terrains minés avec le Sacramoni. L’impression qu’il va fondre en larmes à nouveau est forte et il a autant envie de rester avec Nate que de s’enfuir, d’aller chercher un peu de réconfort au bord de la mer, là où on ne le questionnera pas sur ses sentiments mitigés face à la résurrection du Brisbane.

De toute façon, en ce moment, même s’il voulait partir, il en serait incapable (impossible de se concentrer sur le transplanage, il le sait et ça l’agace), alors autant planifier une vengeance à savourer plus ou moins froide. Autant se concentrer là-dessus et pas sur tout le reste. « Et en parlant de ma sœur préférée, tu savais toi qu’elle est enceinte ? » Un petit assentiment ― il n’a pas été aux premières loges de la révélation faite aux Brisbane et Martillo (normal, puisqu’ils sont les premiers concernés par cette progéniture), mais il a été prévenu très rapidement ensuite. Un peu, comme le dira Nathan dans quelques instants, parce qu’il fait lui aussi partie de la famille ― et ses félicitations empreintes de retenue ont communiqué son émotion à ce sujet. Qu’il est touché. « Je vais être tonton ! Tu vas en… enfin me rattraper », taquine-t-il doucement, alors que sa propre vie d’oncle a été entamée il y a seize ans maintenant. Comme ç’avait été bizarre, adolescent, de penser que sa sœur aînée allait avoir un enfant alors que lui-même n’avait pas encore gradué de Hogwarts… « Tu seras génial », mesure Lucjan, sans douter un seul instant de la chose. Lui tout autant que ses deux frères aînés (mais hors de question de prendre part à la guerre de qui sera le parrain, il a des conflits dans lesquels il vaut vraiment mieux s’abstenir de participer).

C’est par choix que l’hybride ne renchérit pas sur les excuses du blond, se contentant de les accepter. Elles sauront, plus tard, adoucir un peu de son ressentiment envers cette impression de complot ; lui permettront de digérer tout ce qui entoure cette révélation inattendue. « Bon, alors qu’est-ce qu’on peut faire comme blague à une Brisbane-Martillo pour lui faire passer l’envie de faire des blagues pas drôles ? » Comment dire à Nathan que faire passer à un.e Brisbane le goût des blagues pas drôles est une cause perdue ? « Je partirai bien sur quelque chose en lien avec la cuisine, c’est son truc à elle on est sûr d’avoir une réaction, mais faut qu’on soit bons, sinon elle nous ratera pas. Je refuse de saboter le moindre plat typiquement italien », prévient-il, suspicieux des possibilités qui pointent dans la tête blonde. De plus, ça risquerait de leur mettre Toni à dos et l’objectif n’est pas de se retrouver à ensuite affronter l’ire du Martillo, mais plutôt qu’il approuve leur petite vengeance malgré tout son amour inconditionnel pour son épouse.

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10 septembre 2007, Albert's Docks | @Lucjan Sacramoni

« Attia n’est pas dans l’Ordre » En entendant ces mots, Nate craint un instant qu’il lui annonce le pire, mais non, Lou complète rapidement sa réponse. On lui aurait quand même dit avant s’il était arrivé quelque chose de ce genre, non ? Surtout pour des sujets qui concernent Lou, qui concernent toute leur famille. Quoi que … peut-être pas finalement. Ils sont tous à vouloir le protéger au maximum, alors ils auraient très bien pu taire l'affaire. «  ou elle ne me l’a jamais dit » Le dernier morceau d’information le surprend. « Oh. » Il n’avait pas imaginé qu’Attia décide de rester en retrait, sans chercher à s’investir auprès de l’Ordre ou de leur grande famille. « Elle… travaille beaucoup. Elle nous aide, quand elle le peut » Là, ça ressemble davantage à la Attia qu’il connaît, il pourrait presque comprendre la logique. Il est vrai qu’en restant mêlée à la société, elle s’assure une forme de sécurité – quoi qu’un peu précaire vu ses amitiés et liens familiaux.  « et je la vois… pas assez souvent. » Le contraire aurait été étonnant, entre sa vie de civile et celle de fugitive que mène Lou, les retrouvailles ne peuvent définitivement pas avoir lieu tous les jours. Et connaissant le lien fort entre les deux, il devine combien ça peut peser Lucjan de ne pas pouvoir la voir aussi souvent qu’il aimerait. Plus encore compte tenu de leur situation et du contexte. Et il serait prêt à parier que c’est un des facteurs qui jouent sur l’état de son meilleur ami. « Au moins, elle va bien. C’est déjà ça de pris. » Maigre source de satisfaction, il le sait, mais il a appris à se contenter de vraiment peu ces dernières années. «  Je sais que je suis pas Attia, même si je peux gueuler au moins aussi fort qu’elle – véridique, ils ont testé une fois, il y a longtemps –  mais tu sais que si t’as besoin de parler, maintenant, je suis là. » De tout, de n’importe quoi, n’importe qui, il ne sera pas difficile sur le sujet de conversation. Y a sûrement plein de trucs qu’il a manqué, ça doit bien valoir des heures.

Il sent encore cette ambiance bizarre flotter dans l’air tout autour, du genre tenace, mais il s’en contentera. En attendant, il apprécie de pouvoir partager un peu de temps avec lui, d’échanger sur les derniers sujets d’actualité au sein de la famille, comme son changement de statut : de frère il va devenir oncle. « Tu vas en… enfin me rattraper » C’est vrai qu’il avait une sacrée longueur d’avance sur lui ! Encore quelques mois et ils seront à égalité. « Tu seras génial » Le compliment le touche, venant d’un expert dans le rôle, il ne peut pas en être autrement. « Je vais essayer de faire aussi bien que toi. Mais j’ai de la concurrence, donc j'aurais besoin de ton aide pour assurer. » Tommy compte bien faire ses preuves en tant qu’oncle idéal et il sait très bien que face à une compétition, Dwight ne refusera jamais de participer. « Toni a déjà ouvert le concours du futur parrain. C’est serré, mais je crois que c’est Tommy qui a l’avantage. » Y avait peu de chance qu’un paquet de chips suffise à l’acheter. Chérie aurait dit que c’était nul de choisir le parrain de cette façon, en plus.

Hmpf. Chérie dont ils doivent absolument se venger – bien que techniquement, ce soit plus la revanche de Lou que la sienne. Elle a omis des détails, mais comparé à ce qu’elle (ils ?) a fait comme surprise à Lou, c’est plus pour lui qu’il compte piéger sa sœur. « Je refuse de saboter le moindre plat typiquement italien » La condition est posée et sera respectée. « Ok. ! Très bien, pas touche à la cuisine italienne. » Mais ça leur laisse un large panel de possibilités quand même. « Je vais réfléchir à un truc. » La promesse n’est pas faite en l’air, un Brisbane ne plaisante jamais à propos de ce genre de projet. Encore moins, lui. « Dès que j’ai une idée, je te le ferai savoir. » Il a déjà hâte de plancher sur le sujet, c’est que ça lui a manqué de pas pouvoir les embêter ! A Gracefield, il a pu en emmerder des gens, mais ce n’était pas pareil. « Et je compte sur toi pour partager les tiennes, si jamais tu penses à un truc ! » A force de les fréquenter, Lucjan devait bien avoir développé sa créativité, non ? Il sait d’avance qu’il y aura une part de modération dans ses projets à lui, il y en a toujours eu, si bien qu’on lui avait demandé plus d’une fois si ce n’était pas son deuxième prénom. Question à laquelle, il avait toujours répondu que non. Evidemment.

Partager les nouvelles familiales à propos d’Attia, de la grossesse de Chérie, chasse un peu le malaise qui continue de s’attarder entre les deux hommes. Malaise qui persistera encore quelques semaines, en vérité, y compris lorsque Lucjan repensera à tout cela, une fois seul. Qui lui vaudra une ombre de chamaille avec Dwight, des aveux un peu étranglés à sa soeur aînée et trop souvent, une légère surprise à la pensée que Nathan est vivant.

Vivant, là, si proche.

Son menton est encore appuyé sur ses genoux, ceux-ci formant une barrière, un bouclier, supplémentaire entre le Brisbane et lui-même. Son regard, lui, a cessé de courir partout et s’est fixé à peu près sur le visage de l’homme. Là où il peut, en coups d’oeil rapides, retracer les contours de son visage avec dix ans de plus. « Toni a déjà ouvert le concours du futur parrain. C’est serré, mais je crois que c’est Tommy qui a l’avantage. Cette possibilité laisse l’Italien silencieux quelques instants, avant que le résultat de sa réflexion soit annoncé ― il s’en redresse un peu, ses bras croisés sur ses genoux remontés contre son torse. Tommy, parrain sans Mira ? Je suis sûr que ce ne sera pas lui. » Parce que Chérie lui a dit que ce serait Attia la marraine ― et qui aurait l’idée de séparer les inséparables, même pour quelque chose comme cela ? Non, si Lucjan doit commencer à aligner ses Noises sur l’un des Brisbane… Dwight et Nate sont bien plus susceptibles de remporter sa faveur. Surtout Nate, n’en déplaise à Dwight (promis, bro, ton tour viendra).

Le blond accepte sa seule condition, c’est-à-dire, pas de crime contre sa patrie et sa gastronomie. Ce qui, s’il le faut, forcera seulement les deux sorciers à réfléchir d’autant plus à ce qui peut être accompli pour se venger de l’aînée Brisbane et à ne pas se reposer sur ce qui serait trop simple. Trop prévisible. Puisqu’elle aime tant les surprises, apparemment, Chérie… « Dès que j’ai une idée, je te le ferai savoir. Et je compte sur toi pour partager les tiennes, si jamais tu penses à un truc ! Tu peux compter sur moi », confirme Lucjan, bien qu’il est à peu près sûr que l’idée ne viendra pas de lui ― il déteste décevoir Nathan, mais malheureusement, sa créativité n’a toujours pas atteint les sommets érigés par les Brisbane. Surtout pas pour les mauvais coups.
Il n’empêche qu’il peut compter sur lui, comme lorsqu’ils étaient adolescents et qu’il se faisait partenaire des quelques crasses où il acceptait de jouer un rôle (non sans être au bord de la crise d’angoisse à chaque fois).
Cette impression de normalité a un goût doux-amer dans sa gorge, là où les sanglots veillent encore, prêts à ressortir au moindre coup d’éclat, de sentiment, au moment le moins opportun.

Lucjan regrette de ne pas avoir son éternel sac avec lui, histoire d’y pêcher quelque chose pour lui redonner un peu de pep. Habitude de l’autosuffisance, de ne pas vouloir déranger qui ou quoi que ce soit, encore plus alors qu’il n’est pas chez lui. Un petit soupir lui échappe ; ses doigts commencent à taper un petit rythme sur un de ses genoux (gêne, embêtement, nervosité). « Je sais pas si t’as des… des trucs à faire, c’est l’Ordre du Phénix, il y a toujours des trucs à faire, mais je… je peux rester un peu plus longtemps ? Je peux t’aider. À quoi, ce n’est même pas important : à déplacer les trois meubles de sa chambre, à trier des trucs, à redécorer un laboratoire, à faire son lit convenablement, à se casser les yeux sur ce Rubik’s cube qu’il n’a lui-même jamais réussi à résoudre. Je ne peux pas transplaner tout de suite. » Commentaire piteux, le nez froncé, les yeux fixés sur leur coin de plancher. Il ne peut pas transplaner, surtout pas se retransformer en sterne et, plus encore, il croit… il croit qu’il veut bien passer encore un peu de temps avec Nathan. Avec son meilleur ami ramené d’entre les morts, à faire n’importe quoi. À l’écouter bavarder, que pour graver à nouveau le son de sa voix dans sa mémoire et mettre à jour son sourire solaire, l’accoler à de nouveaux souvenirs. « Je ne veux pas te déranger. »

hard to find

10 septembre 2007, Albert's Docks | @Lucjan Sacramoni

La scène qui se joue depuis que la porte de sa chambre s’est ouverte sur lui est presque irréelle, inespérée même. Deux amis séparés depuis des années, installés à même le sol, discutant de sujets bien ordinaires. Ce genre de scène, il se l’est souvent joué dans sa tête, tant pour s’évader de la misère de Gracefield que pour espérer pouvoir les vivre véritablement un jour. Pourtant, cette fois, elle n’a rien de fictif, pas plus que toutes celles qu’il a vécu depuis son grand retour. Et il paierait cher pour pouvoir en faire durer certaines un peu plus longtemps que d’autres.

Des hypothèses qu’il émet quant au potentiel gagnant d’un concours où il ne saurait y avoir de véritable gagnant, il n’obtient pas de réponse à laquelle il s’attendait. « Tommy, parrain sans Mira ? Je suis sûr que ce ne sera pas lui » Hm. « Tu crois ? » Il touche probablement un bon point, là. C’est vrai que l’association de Tommy avec Mira a rarement été brisée, même dans leurs compétitions familiales, à quelques exceptions près, alors pourquoi en serait-il autrement là ?  « Mouais … t’as peut-être raison. » Ce qui réduirait la compétition entre Dwight et lui. Dwight qu’il n’a pas revu depuis un moment. Les autres ont-ils été plus chanceux de ce côté-là ? Ils sont moins « De toute façon, on te tient au courant de l’avancée de cette histoire. » Et s’il ne le fait pas, d’autres se feront un plaisir de l’informer de la progression des participants.

Sitôt la promesse de collaboration établie, Nathan a comme l’impression que leur brève entrevue touche à sa fin. Ce serait logique. Le ton qu’ils y ont mis tous les deux le laissaient entendre, mais ni l’un ni l’autre ne semble parvenir à s’arracher au sol. Alors ils restent là, à attendre un peu. Face à lui, les doigts de l’italien qui pianotent sur son genou. Certaines choses n’ont pas changé et il y trouve une forme de réconfort, quand bien même cette musique silencieuse reflète l’état émotionnel de son ami. « Je sais pas si t’as des… des trucs à faire, mais je… je peux rester un peu plus longtemps ? Je peux t’aider.» Nathan n’a définitivement rien à faire. On leur a demandé de se ménager, de prendre le temps nécessaire pour récupérer et si certains ont pu reprendre des activités, il a comme l’impression d’avoir été oublié dans cette fameuse liste de résistants. Il se balade dans les labos des étages inférieurs, mais on ne l’implique pas ou peu. Alors qu’est-ce qu’il pourrait bien avoir à faire d’autre et à cette heure ? Il lui est bien difficile d’apporter une réponse qui ne puisse pas être interprété comme une invitation à quitter la pièce … « Je ne peux pas transplaner tout de suite. » En l’entendant, Nate sait qu’il devrait en être désolé, compatir un peu au moins, sauf qu’il n’y arrive pas. Tout ce qu’il enregistre, égoïstement, c’est que Lou va rester encore un peu avec lui. « Je ne veux pas te déranger. » Et les connexions se font... Sa confession fait écho à de vieux souvenirs d’enfance dans lequel il retrouve un semblant de déjà-vu. Il se revoit gamin à ses côtés, à Poudlard, à la maison, chez lui ou chez eux. Et il est presque certains de l’avoir entendu prononcer ces mots à quelques occasions. Lucjan ne s’imposera pas, il ne l’a jamais fait, mais il ne saurait refuser si la demande venait d’une autre personne. Le Brisbane prend une grande inspiration avant de lui donner finalement une réponse. « Lucjan Sacramoni, tu le sais, tu ne me dérangeras jamais. » L’inverse, par contre était moins sûr maintenant qu’il était de retour. Nate hésite un peu, réfléchit à ce qu’ils pourraient bien faire, c’est pas comme s’il avait un emploi du temps de ministre, hein. « Mais puisque tu proposes ton aide, Tony m’a donné des devoirs. »  Allez, pourquoi pas ! Il pourra dire à Chérie qu’il a commencé à regarder le cadeau de son beau-frère préféré. « Il paraît je cite  que : ça peut pas [me] faire de mal de réfléchir un peu. » Il hausse les épaules tout en levant les yeux au plafond, comme si c’était absurde, avant de se relever pour aller récupérer un petit livret sur lequel on peut lire en gros « casse-tête : niveau intermédiaire à expert », ainsi que deux crayons. Ils les ont probablement déjà tous fait un jour. A moins qu’en dix ans il y ait eu des nouveautés ? « Mais il a jamais dit que je pouvais pas avoir un peu d’aide pour trouver les solutions. » Tout fier d'avoir trouvé la faille à la consigne, il ouvre le bouquin à la première page pour le poser entre eux.

Il y a longtemps, ils avaient tissé un lien à partir d'une situation similaire, alors peut-être que c'était pour eux la meilleure façon de reconstruire leur amitié...