tw:lowkey dysmorphophobie

"Boris ?" Lucia fronce les sourcils en détaillant son reflet dans le miroir, un air inhabituellement concentré sur le visage, déformant complètement ses traits à l’accoutumée bien plus doux. Elle s’inspecte sous toutes les coutures, une grimace fleurissant par moment en caressant du regard sa peau trop ferme pour une femme de son âge, trop blafarde à son goût, son minoi trop juvénile, ses canines trop longues et trop pointues, sa carrure presque adolescente, les cernes qu’elle pourrait presque discerner sous les couches de maquillage qu’elle s’est pourtant appliquée à appose. Elle pince la peau de ses fesses, de ses cuisses, de ses bras, de son ventre, de ses joues en se rapprochant du miroir, pour passer aux imperfections de son visage, elles aussi, provoquant une moue insatisfaite, dépitée, particulièrement en posant les yeux sur le triangle d’un rouge sang ornant sa joue. Si seulement elle pouvait l’arracher, découper sa peau en morceaux, en faire des confettis qu’elle sèmerait avec plaisir dans tout Londres, Lucia s’en donnerait à cœur joie. Si seulement elle pouvait ressembler à ce qu’elle est vraiment censée être, et pas cette chrysalide figée dans le temps.

"Boris ?", appelle-t-elle de nouveau en finissant par se détourner du miroir pour enfin daigner enfiler le pantalon qu’elle a choisi pour ce soir il y a bien une demi-heure de cela. Si on lui avait posé la question quelques mois plus tôt, Lucia se serait certainement fendu d’un rire éclatant à l’idée de partager son appartement avec qui que ce soit. Elle a même, à vrai dire, supplié Corban de trouver une solution quand elle a reçu la lettre du gouvernement l’incitant fortement à faire ses valises pour les poser au BEAST. Le prospectus glissé également dans l’enveloppe faisait presque envie : localisation plus proche du centre, appartement plus grand que son petit 20m² qu’elle peinait toujours à payer, loyer moins chers… jusqu’à ce que ses yeux ne tombent sur la mention, tout en bas, en tout petit : appartement pouvant accueillir deux à cinq personnes. Son désespoir a été tout juste épongé quand, le soir suivant, elle s’est ruée dès la première occasion sur Boris dans la salle de repos de la VB pour lui glisser subtilement qu’ils devraient faire la demande d’être placés ensemble ; elle ne lui a pas vraiment laissé le choix, à vrai dire, alors qu’elle s’extasiait déjà avant même qu’il ne lui réponde. Quitte à vivre à deux, hors de question que c'eût été avec un parfait inconnu, ou pire, avec l’un des dégénérés de la VB qui la font toujours discrètement (ou non) renifler de dégoût. Non, Lucia a décidé : ce serait Boris, ou personne d’autre.

Ils ont posé bagages il y a un mois de cela, et force est de constater que Lucia ne regrette en rien sa petite chambre dans la banlieue de Londres. Evidemment, le fait qu’ils aient fait pression pour avoir l’appartement le plus grand du complexe participe grandement ; mais avant tout, elle apprécie bien plus la vie à deux qu’elle ne l’aurait pensé. Et surtout, elle apprécie vivre avec Boris. "Bo-- Oh, wow, mais regardez-le", minaude Lucia en sortant de sa chambre pour tomber nez à nez avec son colocataire. Son regard coule sur la tenue qu’il a enfilé pour l’occasion, et un sourire illumine son visage alors qu’elle se rapproche de lui pour glisser ses mains sur son torse, les remontant jusqu’au creux de ses épaules, comme pour appuyer un peu plus son propos. "Tu vas combattre, ou tu vas à un date ? Tu sais que faire du charme à ton opposant pour gagner c’est absolument déloyal." Un rire file d’entre ses lèvres, tandis qu’elle continue de détailler ses vêtements, pour finalement revenir à lui en entrelaçant ses mains à l’arrière de son cou - ou du moins autant que peut le permettre leur différence de taille. "T’es sûr que tu veux pas venir avec moi plutôt ? Oh, ça serait tellement bien, je pourrais te présenter tout le monde ! En plus les Warlocks payent bien, et si je leur glisse un petit mot pour toi, ils te mettront contre un facile. Allez, ça serait fun, non ? Je sais que t’en crèves d’envie, en plus." Elle, en tous cas, en crève d’envie, maintenant que l’idée lui a traversé l’esprit. Et Lucia n’est pas du genre à lâcher le morceau sans avoir obtenu ce qu’elle désire.

"Hhhhhh, bon les copines, j'hésite entre le cuir et... hmm... whatever this is..." La boule de cristal voltige tout autour de toi, étudiant sous tous les angles ton derrière tout plat que tu essayais tant bien que mal de mettre en valeur. A l'autre bout, tes trois followers et demi devaient avoir lâché l'affaire depuis longtemps. Toutes les semaines, c'était la même rengaine ; à croire que la VB vous payait encore suffisamment pour que tu puisses t'acheter régulièrement des tonnes de nouvelles fringues parmi lesquelles tu n'arrivais pas à faire un choix.

Dans le background, tu entends à peine Lucia qui gémit ton prénom. Elle est sans doute elle aussi prisonnière de son miroir et de son propre reflet. Vraiment, habiter ensemble pouvait faire ressortir le meilleur comme le pire chez vous. La plupart du temps, c'était pour le meilleur, tho. I mean, pour une fois que les mesures gouvernementales à l'égard des hybrides te rendaient service! Cela faisait près d'un mois que tu avais vidé ton ancienne chambre chez ta mère pour tout refourguer dans cet appartement ("le plus grand du complexe" que tu aimais préciser).
Et puis, il fallait admettre que, mis à part l'odeur de chien mouillé au rez-de-chaussée, et le tapage nocturne les soirs de pleine lune, le bazar était pas trop mal (si on poussait pas la réflexion trop loin au sujet de rassembler tous les hybrides dans un même endroit susceptible de péter à tout instant (oui ça lui avait traversé l'esprit), ou même les horaires complètement niqués pendant lesquels les cheminées daignaient fonctionner).
Mais il vous en fallait plus pour vous décourager à faire le mur à la nuit tombée; tout de suite, être de l'équipe de nuit, ça aidait.

"Bon bah go cuir hein..." finis-tu par décider, reculant de trois pas dans le couloir pour te voir en entier dans le miroir au fond de ta chambre. "Bo— Oh, wow, mais regardez-le!" Ton visage peinturluré se fend d'un sourire mutin tandis que Lucia vient minauder contre toi. A ce stade, c'est plus aux parieurs que j'essaye de faire du gringue, pour être honnête," avoues-tu sur le même ton ronronnant. C'est qu'ils étaient pas encore tous convaincus par ton aptitude au combat ; enfin, limite, ils n'étaient même plus tant convaincus que ça à l'idée de se ramener dans les sous-sols du Filet du Diable après les incidents qui avaient couté un ravalement de façade et plusieurs mois de paye. Autant dire que tu vivais sur les pourboires des parieurs.

Et ça manque pas; Lucia remet sur le tapis ton allégeance à la mafia allemande en te faisant miroiter un futur plus scintillant dans le catch hybride dans le giron des Warlocks. Tu grimaces, basculant d'une jambe à l'autre, si bien qu'on dirait que vous exécutez un genre de slow improvisé. "Hhhhhe, j'sais pas; y'm'font un peu peur, les Warlocks..." C'est que les combats de Lucia avaient l'air autrement plus féroces que les tiens. "Le FDD, c'est tenu par la mif de mon handler, c'est un peu comme d'la famille, t'sais..." Tu n'arrives pas à garder ton sérieux plus longtemps et t'esclaffes à l'idée que les Von Bäume puissent te considérer des leurs.
"T'sais quoi, let's do this; c'est pas comme si j'allais leur manquer, d'toute façon!" Tu hausses les épaules et la fais tournoyer. "Mais hé, hors de question de s'ramener pas assortis; va falloir qu'on match, ma belle!"

"Hhhhhe, j'sais pas; y'm'font un peu peur, les Warlocks..." Lucia se fend d’un rire, ou plutôt d’un gloussement qui résonne aussitôt entre les murs de leur appartement. Avoir peur des Warlocks, alors qu’il travaille régulièrement au Filet du Diable, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. Elle y a déjà mis les pieds, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le Dancing Phoenix est bien plus accueillant, bien plus à son goût et son image, même si elle n’a le droit que d’en fréquenter les sous-sols. Ce sont plutôt les gérants un peu trop froids et riches de l’Alberich qui lui font froid dans le dos, et à choisir, Lucia préfère largement la bande de gamins hybrides qui sont à la tête des Warlocks - des gamins non moins dangereux, certes, mais qu’elle connaît suffisamment pour être à l’aise dans leurs parages, sans même parler de Verdandi. "Mais nooon, ils sont super sympas je te dis, tu verras ! − Le FDD, c'est tenu par la mif de mon handler, c'est un peu comme d'la famille, t'sais..." Les sourcils de la vampire se haussent légèrement sur son front alors qu’elle s’écarte tout juste, sans pour autant relâcher sa prise autour de son cou, simplement pour mieux l’observer et voir s’il est sérieux ; et le rire de Boris lui répond aussitôt, entraînant le sien, dans lequel se glisse un "T’es con." empli d’affection.

Et alors que Lucia s'apprête à surenchérir d’arguments plus convaincants encore (elle sait ne pas lâcher le morceau, quand elle a une idée en tête, et est toujours prête à se lancer dans une longue bataille jusqu’à obtenir ce qu’elle souhaite), lorsque Boris la coupe pour mieux reprendre : "T'sais quoi, let's do this; c'est pas comme si j'allais leur manquer, d'toute façon!" A ses yeux de s’arrondir sur son visage, deux globes grand ouverts se gorgeant d’étoiles en découvrant qu’elle n’a même pas eu besoin de plus que cela pour gagner cette (non) bataille. Ses doigts se resserrent sur son col, alors que son sourire s’élargit sur ses lèvres peinturlurées. "Attends, vraiment ?", lui demande-t-elle sans vraiment attendre de réponse, avant de lui laisser sa main pour qu’il la fasse tournoyer sous ses yeux. "Mais hé, hors de question de s'ramener pas assortis; va falloir qu'on match, ma belle!" Cela fait bien trop longtemps qu’ils ne se sont pas faits une soirée ensemble, hors de leur appartement - et de manière générale, cela fait bien trop longtemps que Lucia n’a pas ressenti cette excitation presque adolescente qui peut gagner quiconque avant une sortie qui s’annonce amusante. Ils n’ont plus tant le loisir, les gens comme eux, d’être oisifs, de sortir librement. Alors, c’est sans hésitation qu’elle lui répond avec joie : "Attends attends, j’ai la tenue parfaite pour matcher avec toi, suis-moi." Elle le tire par la main pour traverser la pièce commune séparant leurs deux chambres et l’entraîner dans la sienne, lui désignant tout juste le lit du menton pour qu’il y prenne place tandis qu’elle se défait de son haut, puis de son pantalon, se retrouvant bien vite en sous-vêtements devant Boris, sans une once de pudeur.

Après avoir fouillé dans son armoire, Lucia en sort un pantalon en cuir qu’elle enfile rapidement, dos au miroir pour ne pas se perdre trop longtemps dans son reflet. Tout aussi rapidement, elle attrape un simple débardeur noir, avant de jeter sur ses épaules une veste de la même matière que son pantalon, et d’en dégager ses cheveux de la tranche de la main. "Alors, est-ce que c’est pas parfait ?", lui demande-t-elle avec toute l’assurance du monde - elle n’a même pas besoin de jeter un coup d’oeil au miroir pour savoir que cet ensemble en cuir lui va à ravir. Elle ajuste brièvement sa veste avant de s'asseoir au bord du lit, à côté de Boris, appliquée à enfiler ses chaussures à talons (probablement trop hauts, mais cela n’a jamais représentant pour se battre pour Lucia, bien au contraire, elle se sent bien plus à l’aise ainsi perchée). Un soupir de bien-être, presque d’excitation lui échappe quand elle est enfin prête, et elle se tourne vers Boris, dont elle sonde le regard une brève seconde. "Tu sais quoi, puisque t’as accepté de venir avec moi, moi aussi j’ai un cadeau pour toi." Ses yeux pétillent d’une malice sensible, quand elle se lève pour ouvrir de nouveau son armoire de fortune ; elle écarte les vêtements pendus et s’accroupit brièvement pour atteindre ce qui se cache au fond de l’amour, un petit conteneur qu’elle a réussi à avoir d’occasion lors d’une brocante en faisant un peu de gringue à un sorcier d’une vingtaine d’années qui n’arrêtaient pas de plonger son regard dans son décolleté - et qui de toute évidence, voulait se débarrasser pour trois fois rien de ce mini-frigo version sorcière qui ne fonctionne plus à pleine puissance. Mais il fonctionne juste assez pour ce dont Lucia a besoin, et elle l’ouvre pour en sortir une poche de sang, plus petite (et surtout moins officielle) que celles distribuées par la Banque de Sang ou la Values Brigade.

Contente d’elle, Lucia se relève et se tourne vers Boris, avant de plaquer la poche sur son torse en le regardant d’au-dessus. "Me demande pas comment j’ai réussi à mettre la main dessus, une lady ne révèle pas ce genre de secrets." Elle lui laisse le petit contenant, sur lequel est inscrit sommairement ”sang de géant”. "Si jamais tu as un peu les chocottes pour combattre ce soir", ajoute-t-elle en lui adressant un clin d'œil. "T’en fais pas, tout le monde prend des petits stimulants là-bas. Et puis, soyons honnêtes, je le gardais mais ce n’est pas comme si j’allais en avoir besoin un jour, donc c’est cadeau."

Lucia a sans doute surestimé ta volonté. Elle a l’air réellement surprise que tu cèdes aussi facilement, et tout aussi ravie. Elle bondit sur ses jambes comme des cannes de serin, et te tire dans sa chambre pour te montrer la tenue qu’elle semblait avoir préparé mentalement pour quand tu accepterais de l’accompagner (note to self: demander à Fitzroy si les vampires peuvent lire dans l’esprit les uns des autres).
"Alors, est-ce que c’est pas parfait ?" En moins de temps qu’il n’en faut à Buck pour finir son café au whisky, Lucia a sauté dans un ensemble cuir absolument magnifiquement sexy et badass. "Hhhhh, gurl, t’es en bombe bébé; c’est tellement pas juste, putain, j’t’aime trop!" Tu as porté tes mains à ton visage sous le coup de l’émotion et pourrais presque verser une larme lorsque ta comparse te tend un petit cadeau.

"Me demande pas comment j’ai réussi à mettre la main dessus, une lady ne révèle pas ce genre de secrets." Tu ouvres des yeux ronds, relis en boucle la note "sang de géant" sans vraiment paraître comprendre l’information. "Omg, mais j’y crois pas..." Tu récupères fébrilement la fine poche, la gardant dans tes mains ouvertes comme un fidèle dans une messe un peu lugubre, la bouche baillant aux corneilles de pas pouvoir lui demander où elle avait trouvé ça.

Il y a beaucoup de rumeurs qui circulent à la Values Brigade.
La première, et qui est sans aucun doute liée à l’existence de cette poche, c’est l’activité de trafic de sang qui s’est développée entre les différents gangs, mais également au nez et à la barbe même du Ministère, entre la Values Brigade et des particuliers peu scrupuleux.
Tu n’en sais pas grand chose, si ce n’est que le bail est peut-être un peu le bienvenu, vu comment c’est la dèche à la Banque de sang. Aucune chance d’en savoir davantage en questionnant les têtes couronnées du service, bien entendu. Aussi, la seule manifestation de cette rumeur, c’est l’apparition de temps à autre d’une poche d’un sang particulier, rare, bon, entre les pattes d’un.e vampire, plus ou moins particulier.e.

"C’est genre... vraiment pour moi?" "Si jamais tu as un peu les chocottes pour combattre ce soir." T’as l’air presque mims à pas réaliser que c’était vraiment pour toi, comme si elle venait de te prêter sa paire de pompes préférée. Tu souris en te bouffant un peu la bouche, le bout de tes oreilles rougissant sous son clin d’œil.
"T’en fais pas, tout le monde prend des petits stimulants là-bas. Et puis, soyons honnêtes, je le gardais mais ce n’est pas comme si j’allais en avoir besoin un jour, donc c’est cadeau."

Parmi les rumeurs de la VB, on parle aussi de l’existence d’un service au niveau 9 qui expérimenterait de la merde sur les hybrides. La rumeur vise certains hémovores en particulier, du genre Lucia, et le mec qui s’est enfui, là, et Sid??? I mean, look at the size of that guy??? mais est constamment balayé de la main (ou de l’interminable queue de cheval) par la principale (et plus loquace) concernée, Lucia. Ça te fait bien rigoler quand elle flexe ses bras maigrichons en se vantant d’être un super vampire, mais dans le fond, tu as un peu peur de t’imaginer ce qu’ils ont pu lui faire subir si la rumeur était fondée. Malheureusement, par pudeur, tu ne lui as jamais vraiment demandé, te contentant d’avaler bruyamment ta salive, à chaque fois que tu vois Lucia à l’œuvre, lorsqu’elle se bat.
Aucun hémovore n’a l’air très commode quand il doit en venir aux mains (et aux crocs); mais tu as effectivement remarqué que chez certain.e.s, le contraste est d’autant plus saisissant qu’il te fait froid dans le dos. Il y a une fureur chez certain.e.s hémovores, une propension à la violence qui semble aller au-delà du simple besoin de se nourrir.
Tu dis pas que ta Lucia, elle te fait peur des fois, mais des fois, ta Lucia, elle te fait peur. Et ça te rend un peu triste et tu sais pas quoi faire. (Un jour tu auras des balls et tu lui demanderas pour de vrai sans faire de blagues.)

"Mais c’est ouf! t’sais quoi? J’crois que j’en ai jamais pris! T’es sûre que ça va pas me faire grandir encore? Nan parce que j’suis déjà pas très passe-partout de base..." que tu plaisantes en rangeant soigneusement le cadeau de Lucia dans la poche arrière de ton pantalon en cuir si skinny qu’on dirait juste un collant, ou de la peinture noire luisante aspergée sur tes fesses. "Me dis pas que c’est Corban qui t’a filé ça, genre le mec, il calcule aucun hybride, mais toi, c’est "bonjouuur Lucia ceciii", "tiens un nouveau handler sexy Lucia celaaa"!" Tu crois bon d’imiter votre boss en tortillant du boule. Tu t’arrêtes d’un coup, le sourcil soudainement plus soucieux. "D’ailleurs, t’as encore une autorisation pour sortir? J’dois avoir une dérogation d’Uli qui date de la semaine dernière, si jaja, mais je sais pas si Buck, il sait écrire ce genre de trucs? Le mec, l’autre jour, il m’a dit genre "tu savais que les hybrides ils ont pas le droit de faire les courses??" Mec... Mec! Tu bosses avec des hybrides?? T’es genre pote avec le mec qu’a sûrement écrit ses lois à la con??? Allô quoi??"

Lucia n’est pas tout à fait honnête – mais c’est spécialité, de déformer la réalité, plus ou moins consciemment, pour en créer une plus belle à regarder et raconter. Et la réalité, c’est qu’il est toujours bon d’avoir du sang de géant caché dans son dressing, juste au cas où – au cas où on la jette dans l’arène contre plus fort qu’elle (non, impensable), au cas où le BEAST se fasse attaquer par des terroristes, au cas où des sorciers en blouses blanches viennent la chercher chez elle de nouveau, au cas où un jour elle se réveille avec l’envie de s’enf– "Mais c’est ouf! – I know right?", reprend-elle en faisant passer sa longue chevelure derrière son épaule d’un simple mouvement de la tête, un large sourire aux lèvres dévoilant ses (trop, urgh) longues canines. "t’sais quoi? J’crois que j’en ai jamais pris! T’es sûre que ça va pas me faire grandir encore? Nan parce que j’suis déjà pas très passe-partout de base..." Malheureusement, non ; Lucia a déjà vérifié, et à son grand désespoir, le sang de géant n’est pas capable de lui offrir, même le temps de quelques heures, la taille de mannequin qu’elle aimerait bien avoir. Et il ne manquerait plus que ça, que Boris qui fait déjà deux à trois têtes de plus qu’elle se mette à pousser sous ses yeux et la surpasse d’un mètre, une idée qui lui fait avoir un petit rire aigu. "T’inquiète pas beau gosse, ça va juste gonfler tes muscles, tu seras encore plus haute." Souligné d’un rapide clin d'œil et d’une main qui se lève pour venir tâter son biceps et souligner son propos.

"Me dis pas que c’est Corban qui t’a filé ça, genre le mec, il calcule aucun hybride, mais toi, c’est "bonjouuur Lucia ceciii", "tiens un nouveau handler sexy Lucia celaaa"!" Le regard de Lucia tombe sur les fesses de Boris se tortillant sous ses yeux, et un éclat de rire file entre ses lèvres face à cette imitation on point. Elle n’y est pour rien, si elle est la préférée du chef de la VB, et qu’elle a le droit à des traitements de faveur – ou peut-être qu’elle y est pour quelque chose, à l’avoir harcelé pendant des années juste pour décrocher un bonjour de sa part, un harcèlement qui n’a pas cessé pour autant, et qu’elle maintient quotidiennement. "Peut-être, peut-être pas", avance-t-elle faussement mystérieusement en haussant une épaule et en battant des cils. "Une lady ne révèle jamais ses secrets." Et sur ces bonnes paroles, elle se relève du lit d’un mouvement rapide pour refaire un tour devant le miroir, inspectant d’abord son maquillage, ses cheveux, puis sa tenue, puis recommence sans s’interrompre tandis que Boris poursuit : "D’ailleurs, t’as encore une autorisation pour sortir? J’dois avoir une dérogation d’Uli qui date de la semaine dernière, si jaja, mais je sais pas si Buck, il sait écrire ce genre de trucs? Le mec, l’autre jour, il m’a dit genre "tu savais que les hybrides ils ont pas le droit de faire les courses??" Mec... Mec! Tu bosses avec des hybrides?? T’es genre pote avec le mec qu’a sûrement écrit ses lois à la con??? Allô quoi??" Lucia suspend son geste alors qu’elle replaçait une mèche derrière son oreille, pour tourner son regard vers le reflet de Boris dans le miroir, ses yeux légèrement plissés au-dessus d’un fin sourire. Elle ne peut pas prétendre connaître grand chose de Buck, ils travaillent ensemble depuis quelques semaines à tout casser ; tout ce qu’elle sait, c’est qu’il lui a sauvé la peau, et qu’il ne l’a pas balancée comme de nombreux auraient pu le faire à sa place, et c’est suffisant pour la ranger (pour l’instant, elle ne se fait jamais d’illusions avec les Handlers) dans la catégorie des good guys.  "Il est complètement à côté de la plaque", finit-elle par lâcher dans un gloussement bas, terminant de se recoiffer d’un air distrait. "C’est mes préférés, ceux qui comprennent rien." Parce qu’ils ne lui donnent pas complètement l’impression d’être une bizarrerie, d’être différente, et que sa vie vaut moins que la leur – mais cela, Lucia ne le précise pas. Plutôt, elle pivote sur elle-même pour ouvrir sa table de nuit, où se trouve une pile de parchemins occupant tout le tiroir. "Je lui en ai fait signer une vingtaine dès le premier jour, tu me prends pour qui ? Il a même pas regardé ce qu’il signait, donc le lendemain il en avait dix de plus sur son bureau." Son sourire est fier en adressant un rapide clin d’oeil à Boris, plongeant sa main dans le tiroir pour s’emparer de l’un des parchemins, qu’elle plie et replie jusqu’à ce qu’il puisse tenir dans la poche intérieure de sa veste.

"Prêt, beau gosse?", demande Lucia à son colocataire, s’approchant de lui pour réajuster sa tenue déjà parfaitement ajustée. "Pas de “uuh en fait je suis plus si sûr” après deux minutes sur place, hein? T’es mon +1 ce soir, et j’ai une réputation à tenir là-bas." Elle le dit sur le ton de la plaisanterie, évidemment, mais Lucia ne plaisante pas vraiment ; et le regard qu’elle lui adresse parle pour elle, incisif et sans appel planté dans le sien. Et presque brusquement, son regard se radoucit, son sourire s’élargit, et d’une voix presque affectueuse elle ajoute : "Tu vas être super."

"Il est complètement à côté de la plaque. C’est mes préférés, ceux qui comprennent rien. - Ugh, moi aussi j’aimerais bien dire que c’est mes prefs, mais on m’a refourgué Ulrike! Elle, c’est pas tant qu’elle comprend tout, mais elle est persuadée qu’elle comprend tout!! Cette sainte-ni-touche première de la classe là ugh!!!!" Tu l’observes se recoiffer, louchant sur ses cheveux infiniment longs sur lesquels bon nombre de handlers se sont euh bah arrachés les cheveux (il paraît que l’un.e de ses handlers aurait même perdu la vie à cause de ses cheveux; tu ne sais toujours pas comment, hésitant entre imaginer le.a handler s’étrangler sur la queue de cheval, ou se sacrifiant parce que Lucia a une mèche coincée…).

"Je lui en ai fait signer une vingtaine dès le premier jour, tu me prends pour qui ? Il a même pas regardé ce qu’il signait, donc le lendemain il en avait dix de plus sur son bureau." Recoiffant autrement autrement moins de cheveux, tu ouvres des yeux ronds de choc, impressionné. "Putain mais la taille de ton intelligence, girl!! J’vais me taper je sais pas combien d’heures supp’ pour avoir osé lui en demander une, et genre l’excuse c’est que je devais aller rendre visite à mon daron malade ou je sais pas quoi??? Tu finis de plaquer ta maigre mèche en arrière, ton rictus s’affinant de malice. Parce que tu sais à quel point Ulrike a un faible pour les darons…"

"Prêt, beau gosse? Pas de "uuh en fait je suis plus si sûr" après deux minutes sur place, hein? T’es mon +1 ce soir, et j’ai une réputation à tenir là-bas." Un rire nerveux, tandis que tu chasses l’idée qu’elle se fait de ton courage aussi maigre que tes cuisses d’un revers de main. "Nan t’inquiète, ça fait mille ans que je suis pas sorti et en ce moment, au taf, c’est rédaction de rapports, genre trop chiant, mon poignet est pas exercé pour ça!! J’ai besoin de me défouler et d’avoir l’air ridicule à côté de ta force et de ta beauté!!" Davantage qu’un véritable +1, tu te voyais davantage comme un faire valoir, mais vous savez quoi? ça en valait la peine

"Tu vas être super. Tu déglutis, ignorant si l’intimidation qu’elle t’écrase à la figure comme une couche de fond de teint relève de son droit d’aînesse vampirique ou juste parce que, euh, Lucia, directrice de la VB, when?? "J’ai plutôt intérêt!!"

Vous transplanez jusqu’au lieu de rendez-vous. Tout y est suspicieux et fleure bon l’illégal, et, par réflexe, tu te demandes si tous les gens qui sont là ont leur permission de sortir sur eux, comme vous, bons petits citoyens; et ce, à la fois parce que certain.e.s ont pas l’air commodes, mais aussi parce que d’autres n’auraient physiquement pas la place de porter sur elleux un bout de papier, tant iels avaient peu de vêtements…

Lucia a enroulé ses bras autour du tien, et de ta main libre, tu serres fébrilement la fiole de sang de géant dans la poche intérieure de ta veste. "Meuf, c’est chaud, y’a littéralement la moitié de la salle dont les photos tapissent les most wanted au taf!! Tu viens ici régulièrement?? Putain, heureusement qu’on pense qu’on est mauvais à ce qu’on fait…"
Lucia vous enregistre aux combats de ce soir. Pendant ce temps, tu trépignes un peu sur place, te forçant à garder une contenance, et à ignorer les gobelins qui s’affairaient entre tes pattes pour se rendre au bar ou au ring. Tu aimerais bien avoir à te battre contre eux, ce serait si simple, enfin plus simple que contre le demi-géant qui était en train d’affuter sa lame entre ses dents (are they made of iron???).
Quand Lucia revient, tu te penches vers elle (ce qui devrait te prendre une bonne minute au vu de la différence de taille), l’air suspicieux: "Ôte-moi d’un doute, c’est genre du combat genre sans armes et sans magie ton truc hein? Nan parce que nos baguettes sont en train de roupiller à cette heure-ci…" Et, alors que tu finis à peine ta phrase, un convoi d’une poignée de sorcier.e.s déboulent dans la pièce et se frayent fiévreusement un chemin entre les convives, transportant un corps visiblement lesté de la plupart de ses organes internes. Un gémissement se force lui aussi un chemin en travers de ta gorge. "Et euh— loin de moi l’idée d’être raciste, mais euh c’est genre inter-espèce les matchs??" Trop enfoncé dans tes questionnements de dernière minute, tu ne remarques pas que Lucia se dirige (et te diriges par la même occasion) d’un pas décidé (et toi d’un pas moins décidé) jusqu’au ring.