cw. expérimentation humaine

Trois pas derrière son père, elle avançait les poings serrés, air fermé peint sur la gueule tandis que les dernières instructions claquaient. Elle faisait oui de la tête, plus par habitude qu'autre chose alors que son regard sombre balayait le couloir qu'ils empruntaient depuis un bon moment déjà. Glauque, aucun autre mot pour le décrire et elle ne put réprimer le frisson qui vint lui remonter le long de la colonne vertébrale. Elle serra d'avantage les poings avant de tenter de faire un semblant de vide dans son esprit. Moins elle pensait à ce moment là, mieux c'était pour elle. Suffisait juste de jouer le rôle. Juste ça. Rien de plus que d'habitude. Alors elle répondit enfin, ton légèrement insolent - toujours dés qu'il s'agissait de son père - un peu sur la défensive et se prit l'éternel regard réprobateur celui qui maintenant disait (en plus de tout le reste) "pourquoi ton frère et pas toi ?". Elle ne pouvait plus serrer d'avantages les poings, n'était même plus une gamine alors acheva de fermer son esprit au moment où ils entraient dans la pièce. Glauque également. Atmosphère nauséabonde et silhouette toute pareille, secondée d'une seconde en meilleur état. Siham détourna le regard pour ne pas trop avoir pitié.

Ils passèrent de l'arabe maculé d'anglais à l'arabe tout court. Les objectifs étaient clairs, parfaite mission pour la brute de la famille qu'il avait sous-entendu et elle s'était tue. Derniers tests pour les sacro-saintes baguettes qu'elle lui planterait bien dans la poitrine, comme des pieux, tout comme elle mettrait un point d'honneur à mener la tâche à bien, pour lui prouver qu'elle n'était pas si incapable. Farouk jeta un regard froid au cobaye avant d'hausser les épaules, ça ferait bien l'affaire. A sa fille, il tendit quelques baguettes qui avaient tout de la copie conforme avant de se diriger vers la porte. Un hochement de tête en guise d'aurevoir et Siham ferma derrière lui. Les gonds grinçaient horriblement, la serrure était rouillée, brune voulait s'en aller. Elle rangea plutôt la clef dans sa poche avant d'aligner les baguettes sur la table branlante qu'on avait installée dans un coin de la pièce. Inspirer, expirer, y aller.

Trois pas vers la sang-de-bourbe, elle la jaugea d'un regard froid, calquant son attitude sur celle de son père quelques instants auparavant. Au moins, il lui avait donné le ton. Le cobaye n'était pas attaché alors Siham se contenta de lui tendre une dernière baguette avant de jeter un œil interrogateur à l'homme qui se tenait près de la prisonnière. Définitivement glauque. Elle recula un peu, faisant toujours face aux deux sorciers et s'adressa à la fille pour la première fois. "Attaque moi." Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre,  bras le long du corps, sans frémir, à ne risquer quasiment rien.

cw. expérimentation humaine, prise de drogue forcée, super cringe

Elle a froid, les murs blancs autour d’elle lui donnent l’impression d’être sur un glacier, ou peut-être sur un bateau brise-glace parce que le monde tangue autour d’elle. Elle est assise pourtant, elle regarde ce qui l’entoure sans pouvoir former aucune pensée sensée, elle est seulement un peu perdue, ses sourcils froncés trahissant son hébétement.

- America ? Are you still with me ?

L’accent écossais de Kenneth chatouille les oreilles d’America dont l’attention se tourne vers lui. La sorcière bat des cils pour stabiliser le décor, les contours de Kenneth lui paraissent flous alors ses sourcils se froncent un peu plus.

- I feel woozy, dit-elle, sa voix réduite à un murmure.

- You’re a little feverish remember? I gave you your medicine, you’ll feel better soon. Now we have things to do okay?

America fixe ses paumes, les lignes de sa main ondulent et se confondent – elle est arrachée à sa contemplation par un claquement de langue agacé et son nom appelé sèchement.

- Come with me.

America se lève, elle sent à peine la main de Kenneth dans son dos alors qu’il la dirige vers une autre pièce. La sorcière se demande si elle est soule, elle n’a pourtant pas le souvenir d’avoir pris le moindre verre d’alcool. En fait, elle n’a pas vraiment de souvenir auquel s’accrocher, le plus loin qu’elle se souvient en cet instant est Kenneth la guidant au travers d’une porte.

Kenneth s’arrête au milieu de la pièce et America l’imite, ses iris passent du scientifique au reste de la salle : les mêmes murs uniformes, une lumière blafarde et une table vide. America reste fixée sur celle-ci, elle cille et se tourne à nouveau vers Kenneth.

- What are we doing? demande-t-elle.

- You’re meeting someone to whom you'll be a great help.

- What for? insiste-t-elle.

- Don’t be nosy sweatheart, you’ll find everything out in good time.

Elle attend, cinq minutes, une heure, tout l’après-midi ; Kenneth est parti et l’a laissée toute seule. America est restée immobile longtemps à regarder une tâche sur le mur avant d’aller s’asseoir sur la table et de battre des jambes en rythme. Elle n’est plus sur un bateau, elle a toujours froid cependant et s’est fait la remarque en se frictionnant les bras qu’elle aurait pu se réchauffer si Kenneth lui avait laissé une veste.

America s’est rongé les ongles à ras, elle ne le faisait pas avant, c’est seulement devenu une occupation pour toutes les fois où on la laisse seule sans rien à faire. Elle est en train de chercher à grignoter l’ongle de son annulaire quand des pas se font entendre par le mur derrière elle. La sorcière saute au bas de la table et attend debout, un mélange d'appréhension et de soulagement vibrant dans ses veines alors que la poignée bouge et que la porte s’ouvre.

La blonde dévisage l’homme et la femme (elle la reconnaît, elle l’a déjà croisée à Hogwarts), elle croise le regard dérangeant du plus âgé et suit des yeux la passation de baguettes (ça lui rappelle sa propre baguette que l’on a cassée pour la narguer) avant de se tourner vers Kenneth lorsqu’il revient se poster à côté d’elle. America est contente de le revoir, sa présence est rassurante, surtout face à celle d’inconnus.

Siham (elle vient de se souvenir de son prénom) s’approche après le départ de l’homme, America se tend. Avant que Kenneth n’arrive, les scientifiques (et brigadiers) qui la gardaient enfermée avaient l’habitude de la molester ; America vit dans la crainte qu’ils reviennent pour s’en prendre à elle.

La sorcière se saisit de la baguette que l’autre femme lui tend et l’examine un instant. Elle est d’une banalité alarmante, celle d’America était bien plus jolie. Elle relève les yeux vers Siham sans savoir quoi penser ; si elle n’a plus la tête qui tourne, ses pensées sont encore engourdies et elle a l’impression d’être enfermée depuis si longtemps que son esprit ne lui a pas paru clair depuis une éternité.

- Attaque moi.

America cille et cherche du regard l’approbation de Kenneth. Ça pourrait très bien être un piège, ce ne serait pas la première fois et Amy n’a pas envie de s’y laisser prendre. A-t-elle seulement le droit de ne pas obtempérer ?

- Mais… proteste-t-elle en espérant que Kenneth la dispensera d’obéir.

Kenneth ne s’y oppose pas.

America se retourne vers Siham, elle tient toujours la baguette sans savoir quoi en faire. Il n’y a que deux issues et les deux sont désagréables pour elle, parce que si elle fait ce qu’on lui demande, quelque chose arrivera forcément, mais si elle ne le fait pas, il y aura aussi des conséquences.

- Qu’est-ce qu’on fait ? demande-t-elle prudemment.

Elle n’a jamais été quelqu’un de farouche ni de méfiant, tout à changé quand ils l’ont arrêtée, qu’absolument tout est devenu une menace pour elle ou ses proches et qu’elle n’a plus pu faire confiance à personne.

cw. expérimentation humaine

Les murs étaient d'un blanc sale, tache d'humidité sur un des coins du plafond et les carreaux du plancher n'avaient plus aucune trace de leur couleur d'origine. A force d'être lavés vigoureusement après chaque entrevue ? Mieux ne valait pas y penser. Ce n'allait pas être le cas après tout, elle, c'était presque soft ce qu'elle devait faire, juste de l'ajustement. Elle se le répéta jusqu'à se donner un semblant de bonne conscience. Pour le bien des affaires, de la famille, le plus grand bien et sans même mort de cobaye. Sauf si ça foirait. Mais il n'y avait pas de raison, des années qu'ils y travaillaient, le prototype basique marchait au poil, c'était juste la seconde version qu'il fallait fignoler, celle qui en plus de faire louper les sorts trop avancés faisait comprendre à son utilisateur qu'il ne fallait pas déconner. Ce serait plutôt destiné aux hounds à long terme si Siham avait bien compris, ou c'était juste un petit bonus parce que son père se disait que ce genre de machin un peu sadique plairait forcément au Lord. Elle ne pouvait que lui concéder qu'il avait raison mais avait quand même blêmi quand il lui avait annoncé que ça provoquerait des brûlures. Pour que ça lui plaise à elle.  

Des petites brûlures, sans même l'ombre d'une flamme (dommage ?), rien de plus, juste une piqûre de rappel. Ce n'était pas le système d'autodestruction qu'il fallait vérifier, celui-là était effectif depuis longtemps celui-là Farouk l'avait fait supervisé par un autre qui avait fini par exploser malencontreusement au cours d'un test. Pour préserver le secret, ça tombait drôlement bien. Et heureusement que le secret était familial, hein ? Elle n'aurait pas donné chère de sa peau dans le cas contraire, déjà que quand Saib était encore là, elle se sentait toujours sur la corde raide. Vider son esprit, ne pas y penser, ne pas avoir légèrement troublée. Elle ne faisait pas confiance à l'homme qui restait à murmurer à l'oreille de la fille, n'aimait pas tant que ça le concept du marionnettiste. Et encore moins celui de la marionnette. Alors si en plus la marionnette protestait avec son regard brumeux... Merlin qu'elle se sentait mal à cet instant précis. Regard insistant en direction du sorcier, l'air de demander s'il était normal que les rats de laboratoire protestent, s'ils ne devaient pas plutôt être sous impérium, obéir et la fermer. Apparemment, non. Il fallait même répondre aux questions. "Un test" se contenta-t-elle de dire, n'ayant pas pour spécialité de baratiner les gens avec des histoires d'avancées incroyables pour la science magique et la participation primordiale de gens comme la sang-de-bourbe. C'était bien comme dénomination d'ailleurs ça, ça déshumanisait un peu et tant que Siham ne la dévisageait pas longuement, elle ne pourrait même pas lui trouver un air familier. "On n'a pas toute la journée" enchaîna-t-elle, plus pour Kenneth que pour la femme avant de revenir sur son premier ordre. "Attaque."

cw. expérimentation humaine, prise de drogue forcée, souffrance physique, torture psychologique, super cringe

America est confuse, cela lui est arrivé souvent dernièrement et Kenneth lui explique qu’elle n’arrive pas à se débarrasser d’une violente fièvre. Amy n’y croit pas, du moins réussit-elle à savoir qu’il ment lors de ses brefs moments de lucidité ; elle a rarement l’occasion de remettre en doute ses paroles plus de quelques minutes.

Elle est pourtant en confiance en présence de Kenneth, il l’a tirée des griffes des officiers les plus violents et ne lui a jamais fait de mal (de ce qu’elle se souvient – elle ne se souvient pas de grand-chose), alors quand il ne dit rien et la laisse incertaine quant à bonne chose à faire, elle imagine que le risque est probablement moindre.

En face d’elle cependant, l’autre femme la rend nerveuse : elle a le regard noir et un visage impossible à lire. America a un flash, elle revoit Izzie et ses traits fermés juste avant que ses yeux ne se mettent à briller à la vue d’America. Le souvenir s’est à peine frayé un passage dans son esprit que la sorcière ressent une étincelle de panique. Kenneth ne doit pas le voir aussi, il ne peut pas le voir. America balaye le souvenir en un instant, elle l’enferme à double-tour avec les autres et le somme de ne jamais revenir. La peine dans sa poitrine lui coupe le souffle, Izzie lui manque chaque jour depuis ce qui semble une éternité, America donnerait n’importe quoi pour la revoir – lorsque le souvenir s’essouffle, la tristesse s’éloigne.

- Un test

Amy fait rouler la baguette entre ses doigts et relève les yeux vers Siham. Elle voudrait des certitudes mais ici il n’y en a jamais, c’est tout l’enfer de sa situation ; America voudrait seulement savoir si elle doit s’attendre à se voir rendu au centuple tout ce qu’elle pourrait faire dans le cadre du test. Elle voudrait poser plus de questions mais le ton avec lequel la sorcière s’adresse à lui l’en dissuade : America reconnaît les signes d’impatience chez les autres, elle sait qu’ils ne présagent rien de bon.

- On n'a pas toute la journée.

America redresse un peu les épaules, ses iris passent de la femme à Kenneth et son esprit se démène pour trouver une solution. Doit-elle vraiment en trouver une ? La drogue dans son organisme serait plutôt d’avis de consentir à faire ce qu’on lui demande pour qu’on la laisse tranquille.

- Attaque.

America n’a pas le choix, en fait, elle n’a plus eu de libre arbitre depuis longtemps. Elle lève la baguette, la trouve trop légère et trop lisse, regrette de ne pas avoir la sienne pour réaliser ce soi-disant test. Un bombarda franchit ses lèvres sans qu’elle n’y pense à deux fois. Peut-être qu’elle a eu tort et qu’on lui demandait seulement qu’un sort de désarmement. La culpabilité et la peur des répercussions n’ont pas le temps de l’envahir, une décharge de douleur lui traverse les paumes et remonte jusqu’à ses coudes.

La sorcière lâche la baguette avec un cri, ses yeux se remplissent de larmes qui dévalent aussitôt ses joues. Ses mains tremblent lorsqu’elle trouve la force de les regarder, leur couleur change presque à vue d’œil et America se sent sur le point de s’évanouir.

- Kenneth – appelle-t-elle avant d’être secouée d’un sanglot.

La douleur est cuisante, les pensées engourdies de la sorcière ne lui conseillent pas grand-chose d’utile à part s’éloigner de la baguette jetée à terre, ce qu’America fait aussitôt. Elle se sent à découvert au milieu de la pièce vide et envisage de se retrancher contre un mur mais la main de Kenneth sur son épaule l’en dissuade.

- Easy love, susurre-t-il. The spell turned against you but you haven’t used a wand in a while right? Try again.

- It burns like hell, répond America, le cœur au bord des lèvres. Maybe I could rinse my hands under water… suggère-t-elle d’une petite voix.

Elle a mal, si elle devait comparer, elle mettrait cette brûlure là au même niveau que les doloris des premiers interrogatoires. Cette douleur là ne s’estompe pas après le premier impact.

- No love, you have to complete the testings before that. Don’t be a sissy, the burn isn’t that bad.

America regarde à nouveau ses paumes : elle n’est pas médecin mais plus elle regarde, plus la brûlure semble bel et bien bad. Elle a aussi bien compris qu’ici, on la prend pour une idiote et pense qu’elle gobera toutes les bêtises qu’on lui raconte. C’est vrai dans une certaine mesure, ce que Kenneth dit, America veut plus que tout y croire, mais comme pour la fièvre qu’elle se traîne supposément, l’idée que rien de tout ça ne soit vrai lui effleure l’esprit. Si elle a à un moment réellement consenti à ces tests, elle ne veut définitivement plus y participer.

cw. expérimentation humaine, pas du tout glauque

Yeux fixés dans ceux de la femme dressée devant elle. Siham ne cillait pas, prête à parer, au cas où. Et elle avait eu raison. Bombarda qui fusa et pas si faible que ça. Elle invoqua un protego d'un mouvement de main, souffle de l'explosion faisant tout de même voler cheveux et gravillons qui vinrent lui érafler le visage. Bon, pas très normal ça. Elle tacha de remettre sa frange à peu près en place, songeuse, se frottant sa joue égratignée du revers de la main. Même pas mal, pas comme l'autre qu'elle observa quelques instants. Soit la née-moldue était très douée, soit les runes étaient entrées en conflit et donnaient sort trop puissant et répercussion trop puissante également. La prisonnière était occupée à pleurer désormais et la brune, toujours debout, hésitait entre la pitié et le dégoût. Il fallait quand même y aller pour tomber aussi bas. Elle réfuta la première hypothèse étant donné l'état des paumes de l'autre. Mauvais équilibre runique, ça augmentait la puissance de la baguette en effet secondaire, ce qui était contraire à l'intention première. Alala, qu'il était naze son père, il n'avait pas réussi du premier coup. Ou peut-être que si, ça n'étonnerait pas Siham plus que ça qu'il ait fait plein de modèles supplémentaires juste pour voir.

Elle ramassa la baguette test, hésita quelques instants à la briser en deux vu que le prototype était raté mais opta finalement pour la ranger dans sa poche. Le sorcier consolait la loque humaine en arrière-plan, Siham s'évertuait à ne pas les écouter. Garder ses distances, agir comme si ce n'était rien d'autre qu'un rat de laboratoire. Elle n'avait pas de pitié pour les rats, elle n'aimait pas ça. Elle griffonna quelques notes sur un parchemin qu'elle remettrait à son père plus tard, se saisit d'une deuxième baguette, pas loin d'agir comme une machine. Et de nouveau elle s'adressa à Kenneth. "On peut reprendre ?" Ton glacial qu'elle entreprit de radoucir un peu pour garder la collaboration volontaire du sujet test. Elle n'avait pas très envie d'ajouter un sortilège de l'Imperium dans l'équation. Parce que ça fausserait les tests. "Cela devrait aller mieux." Elle espérait, les larmes la mettaient horriblement mal à l'aise, tout comme la violence gratuite, les tests sur les humains et autres joyeusetés dont son père raffolait. Seconde baguette tendue à America sans plus de commentaire, elle avait son chuchoteur pendu à son oreille pour faire la conversation après tout. Il lui collait des sueurs froides, c'était quel genre de métier ça ?

cw. expérimentation humaine, prise de drogue forcée, souffrance physique, torture psychologique, dissociation.

America sent que quelque chose ne va pas, son esprit est brumeux, elle peine à se concentrer sur une chose à la fois voir à se concentrer tout court ; elle a testé assez de drogues pour que l’idée qu’elle soit sous stupéfiant l’effleure avant de disparaître sans s’attarder. Amy voudrait retrouver des pensées claires, peut-être qu’elle se sentirait moins sans défense, peut-être qu’elle pourrait tenter de faire le poids face aux deux envoyés du gouvernement.

Pour l’instant elle est démunie, prisonnière du n°9 et de son propre corps amorphe, encadrée comme la prisonnière qu’elle est de sorte que toute retraite lui est impossible. Elle voudrait s’opposer au test dont elle est apparemment le cobaye mais ni Siham ni Kenneth ne la laisseraient faire, alors elle s’exécute pour éviter une sanction plus lourde mais s’expose à des conséquences peut-être bien pires. La brûlure toute fraîche gagne en intensité et America veut – en fait, elle ne sait pas ce qu’elle veut, seulement que la douleur se calme, qu’on la laisse tranquille, qu’elle puisse rentrer chez elle et oublier pour toujours les murs décrépis de sa prison.

- On peut reprendre ?

America n’a pas eu le temps de constater l’effet de son sort, elle en a l’occasion en relevant les yeux vers la sorcière dont le ton et le regard vide d’expression lui font froid dans le dos. Kenneth, lui, s’applique à toujours avoir l’air chaleureux et rassurant ; America reporte son attention sur lui pour ne pas se laisser gagner par la panique qui menace d’écraser les effets tranquilisants de la drogue.

- Cela devrait aller mieux.

Amy la regarde à nouveau, puis ses iris tombent sur la baguette et elle a un mouvement de recul.

- Non non non non, entonne-t-elle.

Si c’est une torture nouvelle génération, elle est habile, ce qui arrive à America, elle se l’inflige elle-même en prenant la baguette et formulant le sort. Avant son arrestation, jamais elle n’avait regretté d’être une sorcière née dans un milieu sans magie, aujourd’hui, une fois de plus depuis le début de son calvaire, elle souhaite sincèrement que tout cela, la magie, la visite d’un employé du ministère lui annonçant son inscription à Hogwarts, n’ait jamais eu lieu.

- J’ai déjà dit tout ce que je savais –

C’est faux, le voile opaque qui se matérialise au devant de sa conscience lorsqu’elle pense à l’Ordre lui rappelle quelle mine d’information elle serait pour Kenneth s’il venait à traverser le brouillard. La vérité est que si certains souvenirs sont encore si proches qu’elle pourrait les saisir, d’autres sont perdus dans les limbes de sa mémoire si bien que déjà, elle ne saurait elle-même savoir ce qu’ils contiennent.

America essuie une larme sur le creux de son poignet encore intact ; ses mains tremblent toujours  et la douleur lui ferait presque perdre la tête si elle ne l’avait pas déjà un peu perdue.

- Tu l’as entendue, cette fois ça ira. Et c’est bientôt fini.

America n’a pas d’autre choix que de prendre Kenneth au mot. Plus vite elle complètera les tests, plus vite elle pourra retrouver sa cellule vide ou au moins personne ne lui fait de mal.

Elle saisit du bout des doigts la baguette que Siham lui tend, grimace lorsque le mouvement de sa main accentue la douleur.

- A quoi ça sert ? demande-t-elle d’une petite voix.

America ne sait rien de l’objectif des tests, peut-être qu’ils visent seulement à savoir si elle est toujours capable de magie, quoiqu’il en soit, la première tentative devrait suffire pas vrai ?

- Je croyais que je devrais même pas faire de magie –

C’est ce que disaient les officiers qui l’ont interrogée, d’après eux elle est une anomalie et une aberration qui n’aurait jamais dû posséder de baguette en premier lieu ; pas qu’America y croit vraiment, elle est seulement prête à tout pour échapper à plus de violence.

- Sweetheart, just cast the damn spell, l’interrompt Kenneth d’un ton ferme.

Un sort  non offensif ne peut pas se retourner contre elle, peu importe depuis combien de temps elle n’a pas pratiqué, c’est ce que se dit America pour se rassurer alors qu’elle fronce les sourcils sous la concentration démesurée que cela lui demande pour ramener à la surface un joli souvenir heureux et non compromettant.

- Expecto patronum.

Pour l’espoir et la magie blanche, ça lui semble le sort le plus approprié, peut-être qu’il lui servira de porte-bonheur et symbolisera sa liberté prochainement acquise ; America voit le filet brumeux prendre la forme d’un poney à la crinière épaisse avant que sa vision ne soit brouillée par un flash noir. (dé) Un cri de douleur s’étrangle dans sa gorge et elle lâche la baguette dans un spasme plus ou moins involontaire tandis que ses genoux cèdent. Sans qu’elle ne comprenne comment elle est arrivée là, America se retrouve à contempler le plafond au travers d’une multitude d’étoiles scintillantes qui déambulent dans son champs de vision. Le sol est glacé sous son dos, pas assez pour chasser la pulsation infernale dans sa main gauche (la moins atteinte lors du test précédent) mais suffisamment pour l’atténuer et la rendre presque sourde. Ou peut-être que c’est l’effet de la drogue, ou de la douleur trop intense pour être supportée dans son entièreté.

Elle se sent ailleurs, le plafond semble à des années lumières d’elle, comme la voix de Kenneth qu’elle entend distinctement sans que les mots franchissent la barrière de sa compréhension. Elle voit son visage penché au dessus d’elle et bat des cils, il lui semble loin même quand il secoue son épaule. D’ailleurs America le sent à peine, elle n’est pas vraiment là, pas vraiment immobile sur le sol, ce ne sont pas ses mains qui brûlent et tremblent violemment, pas son visage qui est blême et luisant.

cw. expérimentation humaine, pas du tout glauque

La prochaine fois, complètement jetait un impero sur les cobayes, cela éviterait jérémiades, supplications et autres qui rendait la situation plus difficile qu'elle ne l'était pour Siham. Ce que ressentait la fille, elle ne voulait surtout pas le savoir, garder l'empathie à son strict minimum était le seul moyen pour ne pas flancher. Alors la brune contemplait la loque d'un air mi-dégouté, mi-ennuyé, comme si elle en avait quelque chose à foutre de ce que ça avait pu bafouillé en face. Cela lui faisait perdre du temps, elle n'aimait pas perdre son temps et certainement pas dans un lieu sorti tout droit des enfers. Heureusement qu'il y avait le marionnettiste super glauque pour gérer la situation, sinon Siham y aurait été de son petit sortilège impardonnable pour accélérer les tests.

La baguette quitta enfin ses doigts, Siham recula de quelques pas, un peu plus méfiante que la première fois. Une joue zébrée de sang lui suffisait largement comme blessure de guerre. D'ailleurs, elle se focalisait sur la légère douleur qui en provenait pour ne pas penser au reste. Tout ça pour que la fille lance le sort le plus niais de la création. Siham ricana, à sa place, elle aurait tenté le tout pour le tout et quitte à envoyer un sortilège complexe, elle aurait opté pour l'avada kedavra. Même pas assez forte pour tenter de mourir dignement. Il fallait cependant reconnaître que le patronus était étonnement réalisé et que les représailles avaient été étonnamment fortes. "Oh, cela n'aurait pas du donner ça..." pensa-t-elle à haute voix. Juste un patronus minable parce que les baguettes étaient supposer être minables puis une décharge normale. Regard embarrassé à la silhouette désormais au sol, à trembler.

Elle avait de nouveau la nausée. Baguette récupérée d'un mouvement de poignet nonchalant, Siham la rangea avec la première et regretta d'avoir été préposée aux tests. Elle, quitte à devoir blesser des gens, préférait quand ils pouvaient se défendre. Déjà il y avait plus de suspens et on se sentait moins sale. "J'imagine que l'on va s'en arrêter là pour aujourd'hui." Sourire froid allant avec le visage impassible, comme si elle était trop au-dessus pour que cela ne l'atteigne. Elle rangea ses affaires sans un regard de plus à l'homme et à sa victime, sortit dans un claquement de porte avant de s'éloigner le plus rapidement possible, cigarette déjà presque entre les lèvres (on restait au ministère, elle attendrait d'en être sortie. La prochaine fois qu'elle devrait s'y coller, elle veillerait à être défoncée, tout semblerait beaucoup moins réel.