« Je déteste l’Écosse », souffles-tu pour toi-même alors que votre transplanage vous fait passer du confort estival de l’Angleterre à cette température à chier, entre boue et bourrasques chargées d’une puissance magique mortifère qui ne te dit rien qui vaille. Cela fait une semaine, depuis que Gracefield a été attaquée. Tu peines encore à comprendre la chose, considérant ton absence le soir des festivités, et ainsi, il a été naturel de te porter volontaire pour cette séance de nettoyage alchimique, surtout avec la charmante compagnie de Philomène (et celle moins charmante de son garde du corps, mais bon)(au moins, la vue n’est pas déplaisante).

Jamais la Marque ne t’avait fait aussi mal, depuis que celle-ci avait été apposée à ton bras. Sa brûlure avait perduré des heures et une semaine plus tard, ton bras gauche est encore engourdi de la douleur brute. Celle-ci est devenue sourde, tout juste dormante, prête à se réveiller à chaque instant.

Tu pousses un long soupir devant les ruines du manoir. Tu es investi d’une mission plus personnelle, en regard à ces ruines, et tu n’as pas hâte du tout d’en retourner les débris pour l’accomplir. Surtout que tu ne sais même pas si tu y trouveras ce que tu cherches, ou si ce ne sera qu’un piège. La mine patibulaire de Beckett est fixée sur Philomène, occupée à faire aller sa propre magie et expertise afin de vérifier que le sol lui-même n’est pas truffé de problèmes ― de davantage de problèmes. Tu prends le silence de ta comparse comme un bon signe et baguette en main, tu suis son mouvement. « Dis-moi, Silver. J’ai cru comprendre que tu n’étais pas là lors de l’attaque -et nul doute que l’issue aurait sans doute été différente sinon- mais je me demandais : avec qui étais-tu pour rater les Battues les plus mémorables de toutes ? Curieuse, va, réponds-tu avec un sourire amusé. La question s’est définitivement posée, alors que la poussière n’était même pas retombée, et tu y as répondu d’ores et déjà afin de justifier ton absence autant au manoir que sur le terrain. Avec une amie. »

Il y a suffisamment d’emphase sur le terme pour proposer autre chose qu’une simple amitié et tu espères que ça saura rassasier un peu la curiosité de la Flamel, alors que tu te fais pudique.
Tu étais avec Narcissa, ce soir-là.

Tu ne te fais pas prier pour aussitôt changer de sujet, revenant plutôt à un point précis de sa question : « Ta grande estime de mes talents me fait plaisir à entendre, mais les terroristes étaient arrivés bien préparés. » Sous-entendu : même toi, tu n’aurais pas suffit à renverser la balance de ce qui s’est joué sur l’île de Gracefield, le 25 juillet dernier. Et probablement pas elle non plus. Il y aurait même lieu d’admirer un peu les efforts de la rébellion, alors que le Zabini depuis porté disparu avait tout mis en place pour garder cet endroit et ses activités hautement secrètes. Une admiration que tu ne dévoileras évidemment pas, encore moins devant un littéral vieux de la vieille comme Beckett, qui ne risque pas d’apprécier à la même mesure que toi la débrouillardise des terroristes du Phénix. Ton regard doré pèse dans celui de Philomène : « Feodora a parlé de cercles alchimiques, non loin du village. »

Tes prunelles sombres s’accrochent brièvement au visage du jeune alchimiste (c’est que tout le monde est plus jeune que toi, en vérité, on dirait) alors qu’il tente de se dérober à ta question (absolument pas innocente), et le coin de tes lèvres se tire vers le haut brièvement, lorsqu’il concède à t’avouer qu’il était avec une amie.
Tu remarques, sans l’exprimer à voix haute, qu’il n’a aucunement mentionné son épouse, et tu te contentes de hocher la tête d’un mouvement rapide, comme pour signifier que tu ne chercheras pas à creuser cette question.

Pas tout de suite, du moins.

Parfois, tu te dis que tu aurais dû apprendre la légilimancie. Mais vue ta veine, les personnes les plus intéressantes des rangs des Mangemorts savent probablement déjà toutes protéger leurs pensées les plus secrètes et les plus intimes, ce qui te laisserait face à des murs vides. Le regret n’est que fugace et s’envole bien vite alors que Marsh reprend, flatté (?) et confirme ton impression : que ces raclures de l’Ordre du Phénix étaient bien au fait de l’installation de l’île pourtant incartable dans ton souvenir. Tu n’as même pas besoin de jeter un coup d’œil à Elie, tout près de toi, pour sentir sa colère noire. « Une petite souris les a renseignés. », siffles-tu sans douceur, en te demandant bien comment il a été possible de parler de Gracefield sans être interrompu par un maléfice. Quand bien même tu ne portais guère dans ton cœur le jeune Blaise Zabini, tu devais reconnaître que tu étais assez déçue de constater qu’il avait si mal protégé sa propriété et ce havre de paix (enfin, parle pour toi) qui vous avait souvent accueillis pour des petites promenades de santé tout à fait indolores (enfin, là encore, indolores pour Elie et toi).

Ton regard sombre revient à celui du tireur de baguette d’élite alors qu’il poursuit, partageant avec toi des informations que tu n’aurais pas forcément eues sinon. Pour autant, tu hoches la tête posément et tu corrobores les éléments transmis par The Whip : « Ephraim m’en a parlé aussi. » Le jeune Guterman est prometteur dans votre domaine, et ce qui lui manque en méthode, il le rattrape en ambition et en créativité. À force de le côtoyer au sein du bâtiment du BITE, tu le considères comme un ami et tu as ainsi eu l’occasion de l’interroger en privé sur les événements que tu avais malheureusement ratés, du fait que tu étais au fond de ton lit, incapable de faire grand chose. Une bouffée d’orgueil te réchauffe la couenne alors que tu ajoutes rapidement, avec un rictus fier : « Il semblerait qu’il ait réussi à en retourner certains… Il suffira de faire attention en avançant. Quoique, peut-être ont-ils déjà tous explosé… » L’idée ne te fait ni chaud ni froid, comme si tu étais complètement insensible à l’éventualité du danger à l’horizon.

D’ailleurs, parlant de faire attention, tu sembles te rendre compte que ta pratique alchimique ne fait pas tout, et tu tends ta baguette devant toi, alors que vous avancez tranquillement en direction du village, en remontant la seule route (quelque peu accidentée et partiellement détruite) qui se dirige vers le nord, pour lancer un : « Hominum Revelio » [dé #1 - pas de réaction spécifique] Aucune lueur ni aucune sensation ne semble t’indiquer la présence d’êtres humains dans un rayon de deux kilomètres autour de vous, autre bien sûr que les deux hommes qui avancent à tes côtés. « Rien d’humain à proximité, on dirait. »

Pourtant, alors que vous avancez d’un même mouvement et que vous approchez désormais de l’orée d’une forêt qui a vu des jours meilleurs, eu égard aux troncs noircis et aux arbres déracinés qui sont visibles çà et là sur le pourtour du bois, ta baguette se met à vrombir dans ta main, émettant un grondement sourd plutôt discret. « Quoique… », articules-tu, presque enjouée de comprendre que ta première impression était fausse, alors que ta posture se fait plus défensive, campant sur tes positions, alerte. « Il y a quelque chose dans ces bois. », les avertis-tu, raffermissant ta poigne sur ta baguette et commençant à chercher de l’énergie dans les racines et les plantes alentour, alors que du mouvement dans les fourrés confirme que vous n’êtes effectivement pas seuls, bien que ce qui vient à votre rencontre n’est plus qualifié d’humain par le Ministère depuis quelques années déjà. [dé #2 - ce qui s’approche est hémovore ou lycanthrope]

Les informations données par Feodora sont confirmées par l’alchimiste, qui y adjoint celles offertes par un de ses collègues ― l’inénarrable Ephraim Guterman, dont les travaux sont bien discutés par les alchimistes les plus dignes (donc pompeux, chiants, sans imagination, aux ambitions limitées au bienséant et au convenu) du coin. Philomène te confirme également que le jeune alchimiste a réussi à en retourner quelques-uns, de ces cercles alchimiques faisant office à la fois de bouclier et d’épée, ce qui trahit à ton sens le travail d’un sorcier pas nécessairement très versé dans la chose. Si n’importe peut les travestir et en changer le sens, ça facilitera grandement votre tâche de nettoyage de l’île. Il vous suffira d’unir vos forces et tout sera réglé en un rien de temps : tu peux déjà voir le sol exploser de tous les côtés et les traces du village, autant que des chasseurs, disparaître dans les flammes de feux alchimiques.
Enfin, ça, ce sera à faire après avoir fouillé les ruines de ce manoir maudit, afin de voir si tu sauras y trouver la baguette de Marlon, ou quoi que ce soit d’utile afin d’accomplir la mission confiée par ton supérieur hiérarchique.
Tu n’es toujours pas très optimiste à ce sujet.

Le sort jeté par Philomène vous révèle votre (temporaire) solitude et tu n’es pas contre le fait de ne pas être aussitôt pris en embuscade par quelques résistants en haillons. Ça n’écarte pas la présence de créatures magiques, ni de… « Quoique… » Ta main se serre autour de ta baguette, alors que vous approchez l’orée d’un boisé qui a connu de meilleurs jours. « Il y a quelque chose dans ces bois. » Les mouvements des fourrés et des arbres semblent s’arrêter, ou au moins s’immobiliser, alors que ceux qui s’y cachent comprennent avoir été repérés. Tu t’accroupis et à même le sol, du bout de ta baguette, tu dessines un cercle runique de détection. Plus stable qu’un cercle alchimique et donc définitivement pas à risque de vous éclater au visage, si un problème devait advenir. Les runes se font chiffres et semblent s’enflammer, alors que la magie se diffuse dans la terre. « Huit », dis-tu au profit des deux Mangemorts. Le chiffre ne te secoue pas, tout comme il ne semble pas affecter le garde du corps ― tu oserais même qualifier son expression de plûe, comme si le plus d’ennemis, le mieux pour lui. Tu ne sais pas si tu dois compter également sur Philomène côté défense et attaque, mais tu as au moins confiance en tes capacités et en celles du Beckett. « La pleine lune était il y a deux jours. Des vampires sont plus probables. » Serait-ce pour laisser ces lycans aux meutes probablement éparpillées se reposer et les hémovores profiter de cette température de pure merde pour sortir en plein jour sans avoir à craindre les rayons du soleil (ce qui, franchement, en Écosse, n’est jamais à craindre)(de mauvaise foi, toi ? parfaitement).

Tu ne remarques pas, occupé à dessiner ton œuvre avec toutes les intentions nécessaires aux dessins runiques, que les arbres déracinés commencent à vrombir d’une énergie soudaine, puis se soulèvent du sol.

Disons que tu le remarques plutôt lorsque Beckett attrape Philomène et la force brusquement à s’accroupir, afin d’éviter un tronc d’arbre volant très exactement où son joli minois se tenait à peine trois secondes plus tôt.

Spoiler:

Il est heureux que ton garde du corps ait de biens meilleurs réflexes que toi. Droite comme un i, la baguette en main, tu pensais que tu étais prête à affronter tout type de menace. Néanmoins, lorsque la menace prend la forme d’un tronc d’arbre vrombissant dans ta direction, disons que ton instinct de survie se bloque et que tu n’as pas la présence d’esprit de te jeter au sol. Fort heureusement, Beckett ne se fige pas, lui, bondit à ton niveau (dont il n’était pas vraiment éloigné, certes) et te force à te baisser in extremis, se souciant bien peu de te violenter un peu à l’occasion. Tes yeux écarquillés glissent vers lui, ton souffle est court, mais tu déglutis et ta main presse brièvement celle qu’il avait posé d’autorité sur ton épaule, murmurant un « Merci. », tout à fait inhabituel de ta part. Il saura ne pas s’en vanter, fort heureusement.

Te relevant après quelques secondes, tu t’éclaircis la voix, époussettes ta longue robe de sorcière d’un coup de baguette, effaçant instantanément les traces de boue qui ont pu maculer momentanément tes genoux, et tu commentes, comme si de rien n’était, comme si une fois de plus tu n’étais pas redevable à l’égard d’Elie pour ta survie, comme si tu n’étais pas reconnaissante à son égard : « Au moins, je sais pourquoi je te paie. », un rictus un peu moqueur comme paravent.

C’est le moment où les vampires qui se planquaient dans les fourrés non loin décident de sortir du bois, révélant effectivement leur nombre de huit silhouettes variées dont la rapidité n’est pas à prouver ici. Et puisque le temps est compté, tu réagis plus à l’instinct que de façon vraiment réfléchie et du bout du pied droit, tu traces un glyphe alchimique un peu grossier sur lequel tu poses ce même pied, pliant légèrement la jambe pour te rapprocher un peu du sol dont tu comptes bien tirer ton énergie, le pied gauche en arrière pour rester stable. Te concentrant, la baguette toujours fermement tenue, l’autre main paume ouverte vers le sol, tu entames quelques paroles sibyllines qui malheureusement n’aboutissent pas comme tu le voudrais. Là où tu voulais puiser de l’énergie dans les racines environnantes (et vu la forêt à proximité, il était évident que tu comptais tuer une bonne partie des arbres à l’orée du bois en faisant cela), tu te retrouves à faire connaissance avec la magie détraquée de Gracefield et, alors que jusqu’à présent, tout s’était bien passé, tu sens un souffle chaud inhabituel monter des tréfonds du sol, ce qui t’arrache un soudain et francophone : « MERDE ! »… alors que l’énergie souterraine jaillit en surface entre vous trois et explose.

Le souffle de l’explosion t’éloigne de tes compagnons, te sonne un peu, et tu mets quelques secondes avant de reprendre pied. Il faut bien le reconnaître, tu es sacrément vexée d’avoir été prise au piège par les influences sordides du secteur et, si tu avais le temps, tu maudirais copieusement ces petits cons de Zabini avec leurs idées de merde. Mais de temps, tu n’en as point pour l’heure, car l’interlude explosif a donné toute latitude aux vampires pour vous encercler, alors qu’ils se sont arrêtés dans leur course juste à la lisière du rayon d’explosion.
Et puis qu’il est déconseillé de puiser ton énergie dans la terre, qu’à cela ne tienne, on va passer au mode offensif plus grossier, et déjà jaillit de ta baguette un éclair vert qui loupe néanmoins de peu ta cible, tandis que tu vocalises le sortilège : « Avada Kedavra ! »
Car après tout, vous êtes clairement dans une logique de kill or be killed.

Spoiler:

Heureux que tu sois déjà accroupi et que tu ne craignes rien donc des troncs d’arbres qui volent au-dessus de vos têtes (à ta hauteur, tu aurais bien été tranché en deux), mais ton expression incrédule ne dément pas tes sentiments. À savoir, quelque chose qui pourrait certainement être exprimé par un mais c’est quoi cette connerie bien senti. Tu as chassé à Gracefield à plusieurs occasions et jamais, ô grand jamais, tu n’as eu à vivre quelque chose de ce genre au niveau de ta magie.
C’est inquiétant et c’est surtout de la putain de merde. Tu n’as pas que ça à faire !

L’explosion provenant de dessous vos pieds t’expédie plus loin, de façon bien peu élégante, et de façon bien trop brutale pour que tu te réceptionnes sans douleur. Tu roules un peu, tu t’écrases épaule première contre le sol, et ta grimace de douleur est sincère. Tu ne perds heureusement pas ta baguette, ni le sens de ce qui se passe, alors que les créatures en ont profité pour vous entourer.

Minus un des vampires, qui se fait proprement décapiter par un arbre volant perdu, tout juste après que Philomène ait tenté d’en attaquer un autre.
Bon, d’accord, c’est quand même sacrément divertissant, ces arbres.

« Now that’s showing off », que tu grognes pour toi-même alors que le temps que tu te relèves, Elie Beckett s’est déjà occupé de tuer deux vampires sans même sembler un instant incommodé par ce qu’il se passe. Sans non plus que sa magie semble vouloir partir dans tous les sens, à l’image de la tienne et celle de votre comparse, maybe thanks à la baguette sacrément puissante qu’il a entre les mains. Il faut croire que ça te pique, que ça pique surtout ta fibre compétitive, puisque tu t’essaies à un premier sort ― mur de flammes qui passe à peine ta baguette avant d’être littéralement absorbé par le sol. Celui-ci a recommencé à trembler de façon inquiétante et te fait redouter qu’il s’ouvre à nouveau sous tes pieds, et tu te vois donc contraint d’en recourir à ce qu’on appelle les bonnes vieilles méthodes. À savoir, un « Avada Kedavra ! » qui touche sa cible, laissant un quatrième vampire mort au sol. Avec un peu de chance, de voir leurs effectifs réduits de moitié en si peu de temps saura convaincre les quatre dissidents restants de se carapater. Puis, ce n’est pas comme si tu étais au-dessus de la notion bête de tirer quelqu’un dans le dos : tu n’es pas ici parce que tu es exactement attaché à l’honneur, Silver Marsh.

Spoiler:

Il serait peut-être temps que tu arrives à faire quelque chose de ta magie. N’étant pas une grande combattante, tu es certes consciente que tes sorts n’auront nullement le même rendement qu’un duelliste professionnel ou un Hit Wizard sur-entraîné. Pour autant, il y a quelque chose de sacrément vexant à ne même pas réussir à frapper une de ces silhouettes vives et agiles d’un tout bête Avada Kedavra. La fierté qui est ton vice s’ébroue et grogne en toi, tandis que tu t’agaces et perds de ta concentration.
Tu pourrais, d’ailleurs, simplement laisser Elie faire son travail de protecteur, et attendre patiemment que l’affaire soit réglée. Mais non, tu n’es pas une Flamel pour rien, et tu ne vas certainement pas laisser deux sang-mêlés faire du ménage sans mettre la main à la patte. Bien que tu sois certaine qu’aucun des deux n’ébruite cette histoire, il vaudrait mieux qu’ils n’aient pas de raison de douter de ta puissance, n’est-ce pas ?

Autant dire qu’il s’agit plus de l’image que tu veux renvoyer de toi, à l’instant même, où tu te redresses, alors que la valse des arbres volants semble s’être arrêtée. Tu as bien vu, du coin de l’œil, Marsh tenter d’invoquer des flammes, mais une petite pointe mesquine s’est fichée dans ton cœur lorsque tu as constaté qu’il n’y parvenait pas. Quelque chose qui te susurrait que tu arriverais bien, toi, la grande Philomène Flamel, à réactiver une alchimie qui ne ferait pas tout exploser autour de vous.
En face de vous (autour de vous), les vampires qui sont désormais quatre, toujours en supériorité numérique quant à votre groupe, ont néanmoins un instant d’hésitation, avant de prendre la fuite, comme submergés, comme conscients qu’ils ne faisaient pas le poids face à trois Mangemorts beaucoup plus en forme qu’eux.

Cette vision de vos ennemis en fuite te ragaillardit, et ce même si tu es parfaitement avertie du fait que ceux qui leur ont fait peur sont les deux hommes qui te flanquent. Mais justement, il serait temps que tu sortes ton épingle du jeu. Après tout, si le sol a explosé une première fois, il ne va quand même pas le refaire, non ? La magie est certes instable ici, même un première année à Beauxbâtons pourrait s’en rendre compte. Mais si, au lieu de puiser dans le sol et les plantes alentour, tu viens puiser en toi ? Ta jeunesse apparente est bien le signe que tu as refait le plein d’énergie récemment, autant que ça serve. T’accroupissant brièvement, en faisant confiance aux mâles silhouettes pour t’éviter un trépas fâcheux, tu traces dans la terre meuble un pentacle que tu pourras briser aussi sec d’un coup de botte s’il s’avère que le sol recommence à gronder. L’œuvre est fort rapide, c’est un des sorts de base dont tu uses et tu n’as pas vraiment envie de changer une équipe qui gagne, si bien que tu te relèves à peine quelques dizaines de seconde plus tard, et inspirant profondément, tu souffles ensuite des flammes comme un dragon, en direction de deux fuyards (en faisant bien attention à ne pas viser tes compères).
Ils sont néanmoins trop loin déjà, ou tu n’as pas soufflé suffisamment fort, car les flammes ne touchent ni l’un, ni l’autre, et tout ce que tu sens sur l’instant, c’est une pointe au niveau de tes entrailles, alors que des rides froissent progressivement les traits de ton visage, signe de ce que tu es en train de défaire sans hésitation. Portant une main au niveau de ton champ de vision, tu constates que tes tatouages alchimiques sont déjà bien noirs, et que ta peau, habituellement si lisse au niveau de tes mains, est également plissée.

Rares sont ceux qui t’ont vue vieillie, et ce n’est peut-être que parce qu’il y a urgence et nécessité (ne pas laisser les ennemis s’échapper, car ils pourraient bien revenir plus tard, plus nombreux) que tu ne te soucies guère de ce que pourrait penser Silver, s’il venait à jeter un coup d’œil dans ta direction. Détournée un instant de vos adversaires, tu ne vois une nouvelle fois pas l’éclair qui fonce droit sur toi, et ce n’est que parce qu’Elie projette un rocher pour intercepter le sort (rocher qui explose en centaines de petites pierres, dont une ou deux qui t'égratignent le portrait) que tu évites de peu la mort.
Tournant tes billes vers les derniers vampires du secteur, tu constates qu'il devient ardu de les toucher. Une question, à tes alliés, plus habitués du champ de bataille que toi émerge d'entre tes lèvres pincées : « Devrait-on les poursuivre ? Trouver leur nid ? » Ton regard sombre saute d’Elie à Silver, alors que les dernières silhouettes s’enfoncent dans la forêt dont elles avaient émergé.

Spoiler:

La force de l’habitude s’imprime dans tes membres lorsque du coin de l’oeil, tu aperçois l’alchimiste s’accroupir ― tu te places devant elle, mouvement miroir imité par le garde du corps dévoué, afin de faire barrage de ton corps et de ta magie le temps qu’elle y trace les symboles que vous connaissez sur le bout des doigts. Tu n’as même pas besoin d’y penser, tant le geste est automatique, naturel, et tu remercies tous les grands sorciers que la terre ne s’ouvre plus, ne tremble pas davantage, lorsque la sorcière se relève et crache littéralement du feu à vos ennemis. Ennemis qui, bien malheureusement, ont pour eux la typique célérité vampirique et ont bien compris que ce combat ne jouait pas en leur faveur, et se carapatent sans attendre de perdre davantage de leurs camarades.

L’explosion brutale de la pierre attire ton attention vers le duo de Mangemorts et tu ne peux pas t’empêcher de détailler ce qui ne peut pas être raté. C’est-à-dire, l’effet de la puissante magie employée par Philomène, dans l’urgence de l’instant. Les rides qui s’accumulent autour de ses yeux, les mains soudain plissées, loin de celles presque immaculées de jeune femme qu’il lui connaît, les tatouages noirs qui émergent de son corsage.

Tu détournes le regard en sentant celui insistant de Beckett sur toi. Comme si de détailler la sang pure avec autant de curiosité, tu commettais un impair. Juste à temps pour capter les yeux sombres de la Flamel, dont l’expression pincée se rapproche très fortement de la tienne : « Devrait-on les poursuivre ? Trouver leur nid ? » Tu soutiens son regard, puis celui de Beckett, avant de poser tes iris d’un brun doré sur la forêt. La conclusion que ton esprit durement rodé de Hit Wizard tire te déplaît fortement, et ne risque pas non plus de plaire à tes deux camarades du jour. « Ils vont prévenir les autres de notre arrivée et nous ne sommes pas spécialement dans la position idéale pour être en infériorité », calcules-tu dans un soupir excédé. Tu es de nature compétitive, tu détestes perdre, et laisser aller les vampires a le goût étrange de l’échec ― tu sais toutefois qu’il ne sert à rien de gaspiller trois bons Mangemorts dans une chasse aux vampires, sur cette île d’où vous espérez nettoyer toute trace des carnages précédents. Et vu comme l’endroit réagit vivement à votre magie, que ce soit celle de votre baguette ou celle alchimique… « Une brigade pourra venir faire ce ménage. » Le léger dégoût de ta voix laisse deviner de quelle brigade tu parles, à savoir celle dirigée par Yaxley.

Ta baguette tourne entre tes doigts, claque sur sa cuisse, en signe d’agacement, et tu finis par la ranger dans son fourreau, toujours à portée de ta main. Si les vampires sonnent bel et bien l’alarme, il n’est donc pas impossible que vous ayez à nouveau de la compagnie, mais tu ne crains pas d’être assez rapide pour intervenir. Pas quand c’est exactement ce que à quoi ta propre magie alchimique se voue, dans sa forme utilitaire, brute, pratique, loin des arts délicats des autres. « Trouvons ces cercles alchimiques. Ça aussi, tu sais faire, toutefois. On pourra peut-être utiliser cette magie instable à notre avantage. » Tu pensais précédemment détourner les cercles qui entourent le village, mais si vous réussissez à en étendre la portée… il pourrait suffire d’une présence humaine, même un peu, pour qu’un grand feu de joie se déclare. À voir si vous réussissez à convoquer quoi que ce soit de potable sans que tout vous explose à la gueule. « Je dois ensuite retourner au manoir. »

La réponse de Silver est bien plus sensée que ton idée de poursuivre les vampires. Un signe que le Hit Wizard a quand même une meilleure expérience du terrain que toi. Heureusement pour vous, pour une fois, tu daignes t’en remettre à un avis autre que le tien, et ton garde du corps a l’air d’être sur la même longueur d’ondes. En voilà une bonne idée, Philomène, que de faire confiance à ceux qui connaissent les risques mieux que toi.
« Ils vont prévenir les autres de notre arrivée et nous ne sommes pas spécialement dans la position idéale pour être en infériorité - Soit, je peux en convenir. », reconnais-tu à contre-cœur, en hochant la tête et en gardant quand même les prunelles sur l’endroit où ont disparu les hémovores. Vous avez mieux à faire que de leur donner la chasse et l’adrénaline retombe un peu avec ce constat. C’est qu’elle pulsait jusque là dans tes veines, avec cet effet grisant qu’avait le danger sur toi, alors que tu étais plutôt habituée à des intérieurs cossus et sécurisés. Au ton que Marsh emploie pour poursuivre et compléter sa réflexion (« Une brigade pourra venir faire ce ménage. ») il va sans dire que tout le mal qu’il pense de la Values Brigade est évident. Tu ne relèves néanmoins pas davantage, parce que les guéguerres entre les brigades de la Justice Magique ne te passionnent nullement -à vrai dire, si ce n’était que Kalen était mort, tu n’aurais guère su nommer lequel des Yaxley en assurait le contrôle et le bon fonctionnement.

Relevant le col de ta cape, afin de couper un peu le vent qui souffle dans tous les sens, tu observes quelques instants la silhouette de Marsh, ses gestes, et t’en remets à lui pour décider de la suite des opérations. Comme dit plus tôt, tu considères que tu n’es sans doute pas la mieux placée pour prendre des décisions à l’instant : si tu es une puissante alchimiste, tu n’as aucun instinct de terrain et tu aurais tôt fait de vous faire tomber dans un piège absurde si tu n’écoutais que toi. « Trouvons ces cercles alchimiques. Ainsi voilà votre nouvelle piste et tu hoches la tête, échangeant un bref regard avec Elie, comme pour vérifier que cette façon de faire lui convient également. On pourra peut-être utiliser cette magie instable à notre avantage. » Est-ce un sourire dangereux qui orne tes lèvres, soudainement ? C’est fort probable. « Ça ne serait que leur rendre les Noises de leur Gallion… », approuvas-tu alors que tu tentais de te remémorer l’impression d’en connaître l’emplacement exact lorsque tu avais sondé le sol avec ton alchimie. Alors que Marsh prononce « Je dois ensuite retourner au manoir. », tu parles en même temps, sans préméditation : « Ils sont plus proches du village que du manoir, de ce que j’ai senti… », annonces-tu, davantage pour Elie que pour Silver, qui aurait pu s’en rendre compte par lui-même.

Et puis tu sembles soudainement prendre conscience de ce qu’a dit Silver et tu le dévisages un instant : « On aurait pu commencer par là. Qu’y cherches-tu ? Ou qui ? » l’interroges-tu, curieuse soudainement face à ce nouveau mystère qui relève peut-être davantage d’une affaire privée. « Veux-tu t’y rendre d’abord, et nous rejoindre ? » Pas que ça te dérangerait d’avoir quelques instants seule avec Elie, mais au vu des menaces insoupçonnées de l’île, ça ne serait peut-être pas forcément la meilleure idée du monde…

Le plan semble convenir à tes compagnons ― le sourire de la Flamel te plaît et augure de bien sombres choses pour celleux qui habitent encore à Gracefield, coincés par le sauvetage pas si bien organisé de l’Ordre du Phénix. Suffisamment bien pour mettre les suppôts du Lord en déroute, ainsi que le Lord lui-même, de ce qui a été rapporté aux absents.
Vraiment, tu brûles de savoir ce qu’il en a été, et tu en viendrais presque à regretter ton absence ce soir fatidique… enfin, vraiment, presque.

Ton ajout à propos du manoir ne passe pas inaperçu et la brune est prompte à le relever, et à relever l’incohérence (croit-elle) de votre plan : « On aurait pu commencer par là. Qu’y cherches-tu ? Ou qui ? » Une hésitation passe sur ton visage, alors que tu n’es pas nécessairement chaud de révéler ce que t’as demandé Marlon ― ce n’est pas un secret, crois-tu, mais dans le doute… L’homme est suffisamment ton ami pour que tu gardes ta langue.
Commencer par les décombres du manoir aurait définitivement été plus simple, mais au vu des ratés splendides qui jalonnent votre chemin depuis votre arrivée, tu n’as pas envie de mettre les pieds dans la baraque écroulée. Déjà que tu n’es même pas sûr de trouver la baguette de Marlon là-bas… si en plus une chiée de magie défectueuse se met sur votre magie, ça va être l’enfer.
Et ça, c’est si un de ces pignoufs de vampire n’a pas d’ores et déjà dérobé l’objet, advenant que celui-ci ait bien survécu à l’explosion + l’effondrement + le piétinage intempestif + le manque de soins des terroristes de l’Ordre du Phénix. Ça pourrait te faciliter un peu la tâche, mais tu ne crois pas tant que ça à l’alignement des astres pour ta pomme.
« Veux-tu t’y rendre d’abord, et nous rejoindre ? Non. Notre mission est prioritaire », bien malheureusement pour le Travers.

Vous reprenez tous les trois votre route, suite à un signe impatient de la part du duelliste, en direction du village. Tu transplanerais volontiers vers le point d’intérêt, mais tu crains tout autant de te désartibuler que d’atterrir directement sur un cercle alchimique mal fait. Autant utiliser vos connaissances du terrain, chasseurs que vous avez tous les trois été sur cette île de malheur, afin de vous y rendre sans trop de soucis. Puis, dégommer quelques indésirables en chemin n’est pas triste non plus.

Tu réponds enfin à la question de l’alchimiste, ton visage baissé vers l’élégante sorcière : « Je suis venu chercher un objet. Tu te fais suffisamment évasif pour que ta camarade comprenne que oui, on t’a bien confié une side quest, à l’occasion de cette petite escapade champêtre dûment chaperonnée par le Beckett. Et je suis malheureusement assez sceptique sur mes chances de le retrouver. Intact, surtout. » Tu grimaces un peu. Comme dit précédemment, disons que les chances ne vont pas en la faveur de Marlon, quant à l’intégrité de son bien-aimée arme magique. « J’irai au manoir seul, une fois que nous en aurons terminé avec ces cercles, et un sourire charmant, charmeur même, se trace sur ton visage. Bien que ce soit toujours un plaisir d’accaparer ton temps et ton attention », et tu peux pratiquement sentir le dédain émaner en vagues depuis le Mangemort de l’Élite toujours présent aux côtés de la Française. Provocation qui n’a l’air de rien, dissimulée dans les échanges parfois un peu acérés, mais toujours agréables, avec la Magister.