On toque doucement à la porte arrondie de sa cabine. Fuck. Sinead aimerait dire que le bruit la réveille, mais ce n’est pas le cas. Elle voudrait bien se persuader qu’elle n’a aucune idée de l’identité de la personne qui agit ainsi, mais le pattern a été assez souvent répété pour que tout son corps se voile la face. Fuck again. Ce n’est pas vraiment qu’elle l’évite, ce n’est pas non plus qu’elle redoutait sa venue - quoi qu’un tout petit peu peut-être - mais Sinead n’a pas cherché à trouver George depuis qu’elle sait, encore moins depuis les battues et sa décision de le garder.

Assise sur le petit lit, ses cheveux qui retombent en cascade autour de son visage où des dents s’acharnent à maltraiter une pauvre lèvre qui n’a rien demandé, une des mains de la sorcière se serre contre le long t-shirt qu’elle porte la nuit tandis que l’autre s’accroche au vieux drap. Elle hésite à aller lui ouvrir la porte, à le laisser entrer.

Ses pensées s’emmêlent dans un brouillard qui lui fait froncer les sourcils et se tendre les muscles de ses épaules.

Tout était simple, il fallait donc que tout se complique.

Dans un flash brusque, des images apparaissent : son père, les battues, Gabriel, Elena, George et elle, Eimear, Matthew, sa mère, le Tempest qui avance sous l’eau, les blessés. Des cris et des larmes se mêlent discordantes et ses yeux se ferment d’un seul coup pour tout rejeter en bloc. Y’a pas l’temps pour tout ça. Y’a pas l’temps pour s’laisser aller, pour s’morfondre, pour s’cacher, pour s’enfuir.

Ses jambes se posent au sol qui grince de cette mélodie bien connue. Il suffit de faire un pas puis un autre jusqu’à la porte, de tendre le bras, d’actionner la poignée, d’lui ouvrir la porte et de sourire doucement. Après tout, elle lui demande rien. Ils se sont jamais rien promis.

Quand la porte enfin s’ouvre - après ce qui aurait pu paraître une éternité mais n’a duré que quelques minutes - c’est bien sur le visage George dont les traits tirés déclenchent un pincement dans son cœur. “Hey,” elle murmure en s’passant une main dans les cheveux. Un coup d'œil à gauche puis à droite et enfin la sorcière se décale pour le laisser entrer. “Entre”

Sinead pense savoir ce qu’il est venu chercher et est persuadée que ce qu’il trouvera à la place ne lui plaira pas. Il doit comprendre que quelque chose n’est pas comme d’habitude quand au lieu de l’embrasser en passant une main contre sa nuque, Sinead s'assoit en tailleur sur son lit en jouant avec son t-shirt. Quand au lieu de retirer le tissu, elle tire dessus. Quand ses yeux bleus préfèrent fixer ses propres doigts que le corps du sorcier. Quand tout dissone de cette routine intime et salvatrice dans laquelle ils s’étaient plongés à corps perdus tous ces mois durant.

Si elle parle, tout est fini. Elle va le faire fuir. Sinead en est persuadée, parce que même s'ils passent la plupart de leur temps dans un lit ou là où ils peuvent et que leurs activités sont plus horizontales que bavardes, ils ont appris à s'connaître. Véritablement. Il est une des rares personnes (depuis Gabriel, à part Elena) à s'être fait une place dans sa vie. Alors, c'est peut-être con et puéril, mais elle veut pas le perdre Sin, ils ont déjà trop perdu. Des gens, du temps, de l'espoir. Elle peut pas le perdre lui aussi.

Et pourtant....

Pourtant c'est ce qu'il va s'passer quand la révélation quittera ses lèvres. Elle a déjà tellement répété cette conversation dans sa tête qu'elle pourrait jouer le rôle de George les yeux fermés, il va se refermer comme une huitre - comme elle l'aurait fait si les rôles étaient inversés - il va bredouiller quelques mots, s'énerver aussi, contre lui-même ou contre elle ou les deux. Elle ne s'étonnerait même pas s'il donnait un coup ou deux contre le Tempest (bien qu'il vaudrait mieux éviter s'il ne veut pas se faire éjecter du navire par toute une famille de Bullstrong en furie et l'ire d'Ed). Et puis ce sera terminé, finite, game over.

Sinead ne s'voile pas la face, ne s'attend pas à ce qu'il fasse preuve de calme et de patience, George n'va pas lui promettre qu'il sera là, qu'il jouera son rôle de père. Elle-même ne sait pas bien comment ça va s'terminer toute cette histoire, juste qu'après les Horror Games, elle pouvait pas s'résigner à avorter.

Alors, elle est là dans cette situation. A cause d'une putain d'erreur et d'un putain de choix et maintenant elle va perdre son ami, un des meilleurs, un des seuls. « Tu te sens bien ? » Elle va perdre cette douceur qui provient de lui sans jamais qu'il le remarque. « Je peux… On n’a pas besoin de… » Ses mains lâchent son t-shirt et ses bras se serrent autour de son corps, en évitant son regard elle rate la posture qu'il prend, si similaire à la sienne. Deux naufragés qui n'ont qu'eux pour s'rattraper et ne pas s'noyer. « Sin, qu’est-ce qui se passe ? »

Sinead a pas envie de lui retirer ces moments. Et elle n'parle pas de l'intimité qu'ils partagent, mais de tout le reste. Peut-être qu'elle pourrait n'rien dire pour quelques semaines de plus, c'est pas comme si on pouvait voir quoi que ce soit pour l'moment, c'est trop tôt. Pas grand monde est au courant encore, personne lui a posé la question à 1000 gallions. Il suffirait de sourire, d'hausser une épaule, de l'distraire et ainsi le protéger plus longtemps de cette sombre réalité. C'pas parce qu'elle coule qu'elle doit l'emporter à sa suite dans ces eaux profondes et opaques.

Mais, il suffit que la laborantine lève les yeux, l'observe à travers ses longs cils et s'perde un petit peu dans l'angoisse qui se lit aisément sur son visage pour que s'effondre en morceau cette chimère. Mieux vaut retirer le pansement maintenant que plus tard. Alors, il saura et elle sera fixée.

Ses jambes se déplient pour se coller contre sa poitrine avec ses bras qui les entourent et son mention qui vient se poser à l'intersection que forment ses deux genoux et d'un seul coup, rapide, bref, intransigeant ; d'une seule voix, faible, inquiète et tremblotante, Sinead piétine cette bulle de protection qu'ils avaient mis tant de mois à construire : « J'suis enceinte. »

Il recule comme elle s'y attendait. Le geste n'en est pas moins brutal. George est coi sous ses yeux, à tourner la tête de droite à gauche encore, et encore, et encore. Il ne dit rien, l'attente lui paraît éternelle. C'est comme si tout tournait au ralenti depuis que son amant était entré dans sa cabine. Elle se sent lourde Sin, engourdie dans ses gestes et dans ses mots. Y'a un décalage entre eux, les mots s'enroulent dans l'air et rebondissent contre les parois en bois du Tempest avant de retentir à leurs oreilles. Ca sonne faux. Elle a l'impression qu'il va chuter, s'écrouler au sol ou bien prendre la poudre de cheminette ; Sinead n'le retiendrait pas. Elle n'fait pas mine d'approcher non plus, pas certaine que George l'accepterait là maintenant. Sinead garde ses distances alors que ses mains la démangent de l'attirer à elle pour faire taire le fracas assourdissant de leurs pensées. Qu'il parle ! Les yeux de George sont trop expressifs, mais ne lui révèlent jamais assez. Les orteils de Sin s'agitent de plus en plus frénétiquement sur le matelas, tic nerveux et incontrôlable.

"Tu es enceinte de moi?" "Oui," qu'elle répond simplement en hochant de la tête, ne s'offusque pas de la question posée ; George et elle ne sont pas un couple et ne se sont jamais promis l'exclusivité, y'a de quoi demander. Ptêtre qu'une petite part d'elle aurait aimé avoir un doute, ne pas savoir ne pas chercher non plus. Mais les dates concordent et elle a fait le calcul, une fois, deux fois, puis trois. C'est lui. C'est tout. "Je... T'en es sûre ?" "Désolée" parce qu'elle l'est. Parce qu'elle voulait pas briser ce qu'ils partageaient, parce qu'elle a choisi de garder ce bébé sans lui demander son avis - qu'il décide d'être présent ou non. Parce que.. Parce qu'elle peut pas lui offrir la porte de sortie que George cherche désespérément. "Mais ... T'es pas obligé de ... T'es pas obligé d'être son père. J'voulais juste que tu saches parce que ça va finir par se savoir et ..." Sin déglutit, ses doigts tracent toujours des lignes sur ses jambes repliées, dès qu'elle a commencé à parler son regard s'est baissé. la laborantine pensait pas que ce serait difficile. Pas autant, pas à ce point. "Jte demande rien. Jt'en voudrais pas. Mais fallait que tu saches. Enfin je crois ?" C'est pas comme si y'avait un putain de manuel du style what to expect when you're expecting the child of your friend with benefits. Avec en sous-titre When your boyfriend just got back from hell. Gé-nial. Elle grince des dents en repensant à la réaction de Gabriel. Un enchaînement de conversations gênantes et déprimantes semble être devenu son pain quotidien. Ensuite, elle en parlera à ses pères. Et puis, les autres l'apprendront.

Sinead a conscience que sa vie va changer, c'est pas une décision banale ou un truc sans conséquence. C'est un petit-être, quelqu'un qui grandit à l'intérieur d'elle et même elle n'arrive pas encore à se l'imaginer, à se représenter ce que va devenir sa vie ? Est-ce que c'est pas putain d'égoïste de faire naître un enfant dans cette conjoncture ? Sera-t-elle une mère suffisamment bonne ? Les inquiétudes fusent et Sinead n'arrive pas à les contrôler, ses dents viennent mordiller la chair de ses lèvres et ses mains s'accrochent maintenant à ses jambes.

Ce serait plus facile s'il y avait George pour l'accompagner. Mais elle ne l'obligera pas. Ne le lui demandera pas même pas.
Ce serait plus simple si Gabriel pouvait arrêter de lui en vouloir, mais elle comprend.
Ce serait mieux si ça s'était passé autrement, mais c'est pas le cas et Sinead a fait son choix. Maintenant, il ne lui reste qu'à assumer.

Sinead a l'impression de ne plus savoir comment respirer, d'inspirer à l'envers et d'expirer difficilement. Des pensées s'enchaînent dans sa tête, traîtresses qui la font douter de ses choix ; pas celui de garder le bébé mais d'en avoir parlé à George en premier lieu. En soit, elle aurait pu emprunter un autre chemin - plus facile sans doute - en lui cachant sa grossesse et puis en lui mentant s'il venait à la confronter sur le sujet. Non le bébé n'est pas de toi, je ne sais pas qui est le père, un mec random certainement. Sauf que Sinead n'veut pas que cet enfant naisse autour d'un mensonge, il va déjà assez en baver vu les circonstances actuelles. Plus elle y pense, plus George est silencieux et plus elle a l'impression d'être la pire des personnes à prendre cette décision sur un coup de tête sans prendre en compte l'avis d'autrui et probablement de l'intéressé.

Mais, c'est plus fort qu'elle. Sin a essayé, vraiment, après avoir retourné le problème des centaines de fois dans sa tête. Elle était prête, elle croyait être certaine. Et puis Gracefield a tout bousculé. A tout retourné. Maintenant, elle ne peut plus.

Ouais, non, t’as eu raison » Un souffle s'échappe de sa gorge et un semblant de sourire glisse contre ses lippes, il atteint pas complètement ses yeux et s'effondre aussi vite qu'il est apparu tandis qu'elle bouge pour la énième fois sur le lit, étirant un instant ses jambes engourdies avant de les rassembler contre son corps, Sin s'y accroche comme à une bouée pour ne pas tomber.

Perdue dans ses incertitudes, s'acharnant encore sur sa lèvre, Sinead ne voit pas George s'approcher et s'asseoir à côté d'elle sur le lit. Elle sent le vieux matelas qui s'affaisse - il est assez proche pour la toucher mais ne le fait pas et elle l'en remercie silencieusement sans trop savoir pourquoi - son visage à elle se retourne vivement vers lui sans oser encore affronter son regard. Un deuxième souffle tremblant s'échappe de ses lèvres. Okay, il n'est pas parti. C'est déjà bon signe. «Tu le sais depuis longtemps ?  » Il regarde au loin et cette absence de contact visuel l'aide à poser les mots, à tourner la réponse dans sa tête, à ne pas s'engouffrer tête la première comme elle en a tant l'habitude. La sorcière est surprise de le voir aussi calme, se souvient comment elle-même a réagi en apprenant la nouvelle ; il faut pourtant se méfier de l'eau trop calme. Après avoir passé une main dans ses cheveux pour les remettre en arrière et fermé les yeux pour bloquer le corps de George qui lui paraît trop proche maintenant - et si loin pourtant - Sin répond "Depuis fin mai. Début juin. Je- je te l'ai pas dit tout de suite parce qu'au départ j'avais pas prévu de le garder et puis on a appris pour les horror games à peu près en même temps, donc ça paraissait pas la priorité." Retrouver son père et peut-être Gabriel l'était. "Puis, y'a eu la mission et après tout c'qu'on a vu, tout ce qu'il s'est passé, c'est comme si quelque chose avait changé. J'sais pas." Un haussement d'épaule. Un temps. "Y'a eu trop de morts," ajoute-t-elle doucement, un fil invisible, cinq petits mots qui font la java dans son ventre depuis Gracefield et qu'elle prononce à voix haute pour la première fois. Sin est médecin (sorta, kinda) donc elle sait que ce ne serait pas pareil si elle décidait d'avorter. Mais, elle n'peut tout simplement pas.

Elle prendrait bien un verre.
Ne l'peut pas.
Ouvre les yeux, les referme. Pose une main sur le matelas, l'autre contre son ventre sans même s'en rendre compte. Ouvre les yeux et tourne le visage cette fois complètement vers George. Et dans une tentative d'alléger l'atmosphère si pesante de la pièce, "Clairement pas ce pourquoi t'étais venu eh ? Tu regrettes pas trop d'avoir toqué à ma porte ce soir ?" et tous les précédents du coup... Ca sonne un peu amer et acide comme tout cet échange, comme toute cette situation.

Ils s'évitent, leurs regards se croisent sans jamais s'accrocher. Ils se fuient comme ils voudraient l'faire avec cette conversation peut-être. Toutefois, Sinead a trop longtemps remis à plus tard l'inévitable confrontation. Ça s'passe pas du tout comme elle l'avait prévu, pas complètement du moins. Bien qu'elle connaisse assez bien George depuis l'temps, elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse de cette manière. Aurait imaginé un rejet total, une fuite, de la colère. Tout, mais certainement pas cette tristesse lancinante qui s'enroule autour de leurs deux corps dans cette petite cabine. Si les positions étaient inversées, Sinead aurait sans doute déjà cogné un mur, juré dix fois - vingt fois même - gueulé un bon coup, pris la poudre de cheminette sans un regard pour mettre de la distance entre la réalité et ses attentes. Mais leurs positions ne sont pas inversées et Sinead n'peut pas fuir la situation ; ils ne sont pas la même personne, ne vivent pas avec les mêmes problèmes.

Même dans les étreintes les plus sensuelles qu'ils ont partagé, ils ont toujours été un peu seuls.
On est toujours un peu seuls avec ses merdes de toutes façons.

Ses mains dessinent des formes floues sur son ventre. C'est étrange comme sensation, elle sait qu'il est là à l'intérieur d'elle même si elle peut pas encore le sentir. Et plus fou encore, ce geste involontaire de ses mains sur son ventre (parfois en mouvement parfois juste posées dessus) elle s'est rendue compte a posteriori qu'elle le faisait avant même de savoir. Comme si son corps savait quelque chose alors que son cerveau était encore dans l'ignorance. C'est un geste qui la rassure, l'ancre à cette nouvelle réalité, la sienne. Sinead va être maman. Elle a encore parfois du mal à y croire, s'demande toutes les trois minutes si c'était vraiment la bonne décision.

Se demanderait la même chose sûrement si elle avait décidé de mettre à un terme à la grossesse quand il était encore temps.

George finit par reprendre la parole après s'être allongé sur son lit, une phrase qui lui fend le cœur, lui fait plisser les yeux en une grimace qu'elle dissimule derrière un geste de sa main sur son visage. Elle comprend, vraiment elle comprend. En vrai, Sinead ne s'fait pas trop de soucis pour le.a petit.e à naître, que George s'investisse ou non, l'enfant sera bien entouré. Il aura sa mère, ses deux grands-pères, Lena et Eimear, et même peut-être Alex (ils sont amis, il l'a dit, ça doit compter). Il y a les autres membres de l'Ordre et même si on peut pas toujours compter sur l'organisation, la sorcière n'doute pas que ses membres seront présents si jamais elle en a un jour le besoin ; tout un village pour élever un enfant. Alors oui, bien sûr qu'elle préférerait qu'il ait un père et que celui-ci soit présent, bien sûr que ça aurait été plus facile si les choses ne s'étaient pas goupillées de la sorte. Mais les choses sont comme elles sont, et elle fera de son mieux et ça doit avoir de l'importance. Sin l'espère de tout son corps, son corps qui s'allonge à son tour plus doucement, avec une gêne qui n'lui ressemble pas. Cet échange ne leur ressemble pas. La chaleur de George se répand contre les bords de sa peau alors même qu'ils prennent grand soin à n'pas se toucher. Pas encore. Mus par le même désir de garder une certaine distance, par la peur peut-être. Par d'autres choses que Sin n'saurait comment expliquer, qu'elle sait juste ressentir.

Ses mains continuent leur danse délicate sur son ventre tandis qu'elle fixe avec attention les rainures du plafond qu'elle connaît par coeur. Chaque coin et recoin, chaque cachette, chaque imperfection de ce Navire sont gravés en elle pour toujours, tant et si bien qu'elle pourrait le dessiner dans sa tête, les yeux fermés. “Hmm. Je sais pas si on peut savoir à l’avance quel parent on va faire.” Une pause. “Mais jamais j’te forcerais à prendre ce rôle si t’en veux pas et tu sais, enfin si tu le souhaites, je peux dire que j’sais pas qui est le père. Même s’il s’avère que ce gamin est roux, c’est pas incriminant vu ma tête !” une dernière pause. “Tu peux prendre tout l’temps que tu veux pour y réfléchir, j’bouge pas.”. Tu peux m'répondre demain, dans un mois, dans deux ou même dans dix ans. Que tu choisisses de n'jamais être là pour l'enfant ou un peu ou complètement, que tu décides d'être un père ou rien du tout, cela n'changera pas ce que j'pense de toi, la manière dont je te vois.  Elle y croit mais elle n'le dit pas. N'a jamais été très douée pour formuler à voix haute c'qu'il se passe dans sa tête d'autant plus lorsqu'il s'agit de ses sentiments ou de quelque chose d'intime.

Elle n'sait pas s'il vaudrait mieux pour cet enfant qu'il ait un père ou pas du tout. Pas plus qu'elle n'sait si elle sera une bonne mère. La sorcière n'sait pas grand chose, si ce n'est qu'elle veut essayer de faire de son mieux (qu'elle a arrêté de boire, qu'elle est plus calme à l'intérieur depuis que cette décision a été prise) et que ça doit vouloir dire quelque chose.