Le ventre s'arrondissait déjà et si Frida espérait bien que cela soit la dernière fois, elle nageait dans le bonheur et tenait à le partager à sa façon. Soit en portant deux fois plus d'attention aux manquements de ses collègues et sous-fifres pour ne pas les louper quand viendrait l'heure de les rabrouer sèchement car son café était froid et qu'ils avaient du être élevés par des trolls pour oser faire patienter une femme enceinte. Elle leur mettait, pour l'occasion, sa grosse bagouze sertie de pierres précieuses sous le nez et indiquait par là que si on l'énervait réellement, cela ferait mal et décorerait les joues d'une jolie trace. Elle voulait aussi que sa victime soit suffisamment proche de son annulaire pour compter le nombre de diamants qui étaient indéniablement marqueurs de sa réussite sociale (en tant que veuve suffisamment attractive pour recapturer un sorcier bien comme il fallait dans ses filets, bien entendu, pas comme simple potiche mariée). Ainsi, dans son couloir pour lequel elle donnait le la - les échelons se grimpaient de plus en plus vite maintenant qu'il était là bien qu'encore caché - la terreur régnait. Des employés aux gens convoqués plus ou moins arbitrairement. Frida ne pouvait pas (encore) coller de procès à ceux qui ne lui disaient pas bonjour mais presque. Puis on lui avait fourni une jolie liste de noms à emmerder le plus possible voire à mener à la déraison à force d'ennuis tout administratifs et la sorcière, amoureuse des procédures qui provoquaient des sueurs froides chez les autres, s'y attelait avec un plaisir certain, flirtant avec l'extatique vu que c'était Lui qui lui avait demandé.

Le nom du jour lui collait des frissons d'excitations. Elle l'exécrait de tout son être et le plaisir n'en serait que plus grand quand elle réciterait de sa voix mielleuse les vices de formes, erreurs de formulaires et autres manquements juridiques qui rendaient donc la présence de Minerva McGonagall illégale dans ce pays (qu'elle aille se moucher dans son tartan à l'autre bout du monde cette chienne). Bien sûr, il y avait eu quelques minimes falsifications ici et là. Bien sûr que l'entreprise n'aboutirait pas jusqu'à l'expulsion mais cela resterait plus que suffisamment prise de tête. Frida finit donc d'aligner sur son bureau les quelques documents dont elle avait besoin, regarda son œuvre avec satisfaction avant de tenter d'effacer son sourire narquois. Ce fut à moitié réussi et l'ironie perça dans sa voix dés les premiers mots. "Minerva, ma chère" fit-elle à l'entrée de la sorcière dans la salle. "Vous êtes en retard, je vous attendais il y a une heure." Ton ennuyé, comme si l'heure de la convocation n'avait pas été respectée.

S'il y a une chose que Minerva déteste par dessus tout, c'est l'injustice. Mais juste après ça, il y a ceux qui osent remettre en question son travail et son intégrité. Des mois qu'elle se donne corps et âme au Ministère de la Magie, Département de la Justice Magique. Des mois qu'elle se lève aux aurores chaque matin et qu'elle se couche tard le soir pour veiller à faire régner l'ordre et la justice sur le monde sorcier britannique. Il y a tant de chemin qu'il reste à parcourir, tant de torts qui doivent être corrigés, et de sorciers à aider. La route est longue et semée d'embuches, surtout quand on voit l'état du Magenmagot aujourd'hui. Malgré la chute de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, nombre de ses fidèles sont encore étroitement impliqués dans les affaires de l'État, occupant parfois des postes à hautes responsabilités. Bien sûr, ils se cachent, prétendent être innocents, mais nul n'est dupe. C'est qu'il n'y a pas de preuve. Ou qu'ils ont acheté leur liberté en vendant leurs congénères. Mais peu importe les raisons, ils laissent de lourdes séquelles dans le système juridique et Minerva est prête à tout pour lutter contre ça.

Malheureusement, elle doit pour l'heure supporter de travailler avec des personnages débectables, comme Mrs Beckett, qui la convoque aujourd'hui pour elle ne sait quel vice de forme complètement absurde, en lien avec son immigration en Angleterre. Elle ne sait vraiment plus quoi trouver pour embubobulber son monde, celle-là. A peine eut-elle franchit la porte de son bureau que Minerva sent tous ses muscles se tendre dans une réaction viscérale et épidermique. “ Minerva, ma chère. ” McGonagall reste de marbre, n'étant pas vraiment du genre à s'ennuyer de faux semblants. “ Vous êtes en retard, je vous attendais il y a une heure. ” “ Dans ce cas-là, il aurait fallu me convoquer il y a une heure, Frida. ” Toujours impassible, Minerva fait quelques pas supplémentaires en direction du bureau. “ J'espère que cette histoire ne prendra pas trop de temps. Certains d'entre nous ont suffisamment de pain sur la planche. ” Pour ne pas perdre leur temps avec des idioties pareilles. Bien consciente qu'elle ne devrait jamais parler ainsi à une supérieure, Minerva n'en a que faire et, bien que prenant soin de respecter les protocoles à la lettre, elle n'a jamais su dissimuler son mépris envers les individus qui le méritent.

Ces gens qui ne se donnaient même pas la peine de répondre aux politesses crachées toutes enrobées de fiel. Frida aurait pu vraiment se vexer mais dans sa grande bonté, elle se contenta de plisser les yeux, rictus ennuyé aux lèvres. "Oh mais je pensais que quelqu'un aussi bien placé que vous savez qu'il était toujours de bon ton de venir en avance." Pour patienter bêtement dans la salle d'attente, cela allait de soi. Les sièges y étaient faussement confortables, la lumière trop forte et les magazines de piètre qualité. Tout pour saper le moral des gens convoqués voir en faire fuir quelques uns (il y avait en réalité deux salles d'attente, certains visiteurs ne devaient surtout pas recevoir un tel traitement). Du bout de ses doigts parfaitement manucurés, elle tapotait un dossier épais sur lequel on pouvait lire parfaitement orthographié le nom de la victime du jour. La juge ne l'ouvrit pas, sachant exactement ce qu'il contenait - quelques papiers concernant vaguement Minerva puis des feuilles blanches pour gagner des centimètres - , se contenta de soupirer en secouant légèrement la tête. "Je crains que le temps de régler cette histoire ne dépendra que de votre coopération." Si l'animagus pouvait démissionner rapidement et quitter le pays, ce serait parfait. D'un geste de la main, elle intima à McGonagall de s'asseoir et pas le moins du monde pressée, elle contempla quelques instants son bureau parfaitement rangé avant de décaler le dossier d'une poignée de degrés vers la droite pour mieux l'aligner. "Quelque chose à boire peut-être ? Un thé ? Un café ? Ou même plus fort ?" Si elle pouvait rajouter sur son rapport qu'en plus il y avait consommation d'alcool en journée... "Cette situation m'embête au moins autant que vous. Voyez-vous, des professeurs de notre école renommée en situation irrégulière... Songez au scandale que cela serait si ça venait à se savoir. Déjà que de drôles de rumeurs circulent sur notre pays." Style la montée du fascisme, niark niark niark. "Vous pourriez être renvoyée en un claquement de doigts et ni vous ni moi souhaitons que cela arrive." Sourire de requin contrastant avec le regard faussement navré. Frida sortit sa baguette de l'étui dans laquelle elle était rangée. D'un mouvement de poignet, elle mit la bouilloire posée sur une petite table au fond de son bureau à chauffer. "A vrai dire, cette histoire m'étonne. Une telle erreur sur des documents aussi classiques, on n'en voit pas tous les jours. Je suis persuadée que cela est un pur malentendu. Mais l'on ne peut laisser cette situation en état. Vous avez votre certificat de naissance ? Il faudrait aussi ceux de vos parents, grand-parents et arrières grands-parents." Et le sourire s'élargit pour laisser voir les dents tandis que sa main vint négligemment se poser sur son ventre rond.

“ Oh mais je pensais que quelqu'un aussi bien placé que vous savez qu'il était toujours de bon ton de venir en avance. ” Une heure en avance ? Les lèvres pincées, Minerva la toise du regard, les sourcils légèrement haussés. “ De toute évidence. ” Le ton est plat mais le sarcasme à peine dissimulé. Ses yeux tombent sur le bureau de Beckett, sur lequel sont entassés quelques dossier, dont le sien, présumément. C'est pour elle ce tas de paperasse ? Qu'est-ce que la sorcière a bien pu trouver sur elle, qui puisse tenir dans autant de pages ? Elle fronce légèrement les sourcils, et son regard se pose à nouveau sur Frida, qui reprend la parole. “ Je crains que le temps de régler cette histoire ne dépendra que de votre coopération. ” Nouveau regard désabusé. Le temps de régler cette histoire ne dépendra que du temps que Beckett a sur les mains. Minerva se contente d'un faible mouvement du menton en direction de l'autre sorcière, signe qu'elle a compris mais qu'elle ne lui fera pas le plaisir de rentrer dans son jeu. “ Quelque chose à boire peut-être ? Un thé ? Un café ? Ou même plus fort ? ” La jeune McGonagall lève une main en signe de refus. “ Rien pour moi, merci. ” Il ne manquerait plus qu'elle lui mette un poison dans sa tasse. Nul doute qu'elle en serait capable. Je ne comprends pas, elle s'est effondrée tout à coup et... c'est un chiffon que vous portez en guise de costume, jeune homme ? Oui, elle en serait sans doute capable. “ Cette situation m'embête au moins autant que vous. ” Voilà qui m'étonnerait. “ Voyez-vous, des professeurs de notre école renommée en situation irrégulière... Songez au scandale que cela serait si ça venait à se savoir. Déjà que de drôles de rumeurs circulent sur notre pays. Vous pourriez être renvoyée en un claquement de doigts et ni vous ni moi souhaitons que cela arrive. ” Le ton mielleux lui donne la nausée, les mots sans queue ni tête lui donnent le tournis. “ Par Merlin, Frida, de quoi Diable parlez-vous ? ” Évidemment, la sorcière prend un malin plaisir à la faire mariner, prenant tout le temps du monde à se mouvoir sous le regard perçant de McGonagall. “ A vrai dire, cette histoire m'étonne. Une telle erreur sur des documents aussi classiques, on n'en voit pas tous les jours. Je suis persuadée que cela est un pur malentendu. Mais l'on ne peut laisser cette situation en état. Vous avez votre certificat de naissance ? Il faudrait aussi ceux de vos parents, grand-parents et arrières grands-parents. ” Minerva laisse échapper un rictus outré. Elle était si loin d'imaginer qu'on puisse atteindre un tel niveau de perversion. “ Vous vous doutez certainement que je n'ai aucun de ces documents en ma possession aujourd'hui. ” Et sans doute qu'elle n'avait pas non plus l'acte de naissance de ses arrières-grands-parents, si tant est qu'ils en aient eu un un jour. “ Vous auriez pu me prévenir, dans votre courrier, que vous souhaitiez ces informations aujourd'hui. Cela nous aurait fait gagner un temps considérable. A moins que l'information m'eut été transmise si j'étais venue une heure plus tôt ? ” Les lèvres pincées, Minerva poursuit. “ A quoi est-ce que tout cela rime, Frida ? Avez-vous tant de temps à perdre au Magenmagot ? ”

Dans un coin de la pièce, une bouilloire à la peinture écaillée se mit à siffler sans que Frida ne s'en préoccupe. Yeux bleus posés sur McGonagall, on pouvait y lire une joie féroce alors qu'elle prenait des airs navrés. Du temps à perdre, elle n'en avait évidemment pas tant que ça en tant que membre du magenmagot mais lorsqu'il s'agissait de faire perdre le sien à ses ennemies de toujours, sur ordre de Tom en plus, elle voulait bien s'y plier. Elle ouvrit le dossier qui se trouvait devant elle avec une lenteur exagérée, laissant échapper un soupir en secouant la tête alors qu'elle faisait mine de lire la première page. "Mais je ne pensais pas un jour devoir préciser à quelqu'un qu'il faut toujours avoir ces papiers-ci sur soi..." Tout se perdait décidément. Elle se leva de son fauteuil, regarda Minerva de toute sa hauteur quelques instants avant d'aller jusqu'à la bouilloire pour remplir sa tasse de thé. Frida en profita pour appeler son assistant - le prénom de ce dernier résonna dans tout le couloir - qui arriva en moins d'une douzaine de secondes. Il avait sur le visage la même expression que sa supérieure et répondit sans l'once d'une hésitation à la question que la sorcière lui posa : oui, bien entendu, il avait sur lui les actes de naissance de ses ancêtres, il les sortit même de son portefeuille pour le prouver et il trouvait même que c'était une question étrange à poser, qui se baladait sans ? Frida le congédia d'un hochement de tête appréciateur (elle avait toujours eu le nez pour choisir ses subordonnés, les chouchoutait juste comme il le fallait pour qu'ils deviennent diablement efficaces et loyaux) avant de revenir à son siège, tasse de thé en main. "Vous voyez, même John a ses papiers" ronronna-t-elle (oui, ils s'amusaient beaucoup dans son département). "Enfin, j'imagine que l'on pourra s'en passer aujourd'hui mais il faudra revenir." Tout dans son ton signifiait qu'elle faisait une fleur à la métamorphe. La blonde prit une longue gorgée de son breuvag avant de reposer le mug sur le bureau. Elle ouvrit un premier tiroir pour en sortir un rouleau de parchemin vierge qu'elle lissa pendant une bonne minute avant de prendre une plume dans un autre tiroir. Cette dernière était mal taillée alors Frida prit tout son temps pour y remédier avant de s'intéresser de nouveau à son interlocutrice. "Bien, je vais avoir besoin de quelques informations. Nom ? Prénom ? Date de naissance ?" Niveau de patience ? Frida pouvait tenir comme ça jusqu'au petit matin.

Il ne fait aucun doute que Beckett prend un malin plaisir à la faire tourner en bourrique. Minerva ignore le fond de ses motivations, si ce n'est le simple fait de faire perdre du temps à quelqu'un qu'elle n'apprécie guère. Quoi qu'il en soit, cette mascarade est absolument absurde et l'écossaise se voit complètement sciée par tant de stupidité. S'il lui a toujours été évident que le Ministère devait être réformé en profondeur au nom de la Justice, la vraie, elle était bien loin d'imaginer les circonvolutions par lesquels certains sorciers mal intentionnés étaient prêts à passer pour simple but, pardonnez l'expression, de faire chier leur monde. “ Mais je ne pensais pas un jour devoir préciser à quelqu'un qu'il faut toujours avoir ces papiers-ci sur soi... ” Si les yeux pouvaient lancer des éclairs, Frida Becket ne serait plus qu'un ramassis de cendres lamentablement posé au beau milieu de ce qu'elle semble prendre pour son royaume - un bureau somme toute banal, dans lequel elle a pourtant l'impression que ses injustices resteront impunies.

Devant le regard médusé de Minerva, Frida fait appel à son assistant. Un pauvre sorcier visiblement formaté par la psychologie aberrante de sa supérieure. “ Vous voyez, même John a ses papiers. ” Minerva observe le jeune homme ranger son portefeuille et quitter la pièce aussi rapidement qu'il est apparu. “ Absolument grotesque, laisse-t-elle échapper avant de se concentrer à nouveau sur l'autre sorcière. ” “ Enfin, j'imagine que l'on pourra s'en passer aujourd'hui mais il faudra revenir. ” Combien de fois compte-t-elle lui faire ce petit numéro ? Minerva boue intérieurement mais son visage reste de marbre. Seules ses lèvres pincées ne forment plus qu'un trait trahissant son irritation.

Elle observe alors Beckett se saisir d'un long parchemin qu'elle prend un malin plaisir à étaler parfaitement devant elle. Minerva inspire longuement. “ Bien, je vais avoir besoin de quelques informations. Nom ? Prénom ? Date de naissance ? ” Cette fois c'en est trop. Toute cette scène est incroyablement ridicule et elle ne le supporte plus. C'est qu'elle a du travail, des hiboux à envoyer, des rendez-vous à prendre. Elle n'a aucunement l'intention de perdre davantage son temps pour le bon plaisir de cette sorcière de bas étages. “ Miss Beckett je crains de me méprendre. ” Elle fait un pas en direction du bureau, toisant son interlocutrice avec tout le mépris dont elle est capable. “ Je pensais avoir à faire à un personnel compétent. Clairement, j'avais tord, et la faute me revient. Si vous n'êtes pas capable de trouver toute seule ces informations déjà bien connues du Ministère et que vous préférez faire perdre un temps considérable à l'une de vos consœurs, alors je crains qu'il faille que vous baissiez considérablement l'opinion que vous avez de vous-même. Il est hors de question que je perde une minute de plus à jouer à vos petits jeux. ” Peut-être va-t-elle trop loin. Peut-être a-t-elle encore quelques leçons à apprendre avant de prétendre pouvoir travailler au Ministère, une institution bien plus corrompue qu'elle ne l'imaginait. “ Vous faites la honte de notre pays, chère Frida. ”

La convocation de Minerva était bien ce qu'elle semblait être : une mascarade d'un goût douteux, préparée avec une joie presque enfantine (son assistant avait été ravi de mettre la main à la patte et il se définissait lui même comme un ex-enfant adorablement casse-pied donc parfaitement insupportable). Elle n'y avait pas passé trop de temps non plus : elle avait mieux à faire puis donner l'impression qu'ils étaient tous crétins était toujours utile. La tête qu'avait tiré la professeure au moment où son assistant avait déballé ses papiers valait de toute façon la chandelle et Frida attendait tranquillement la réaction qui ne tarda pas. "Miss Beckett je crains de me méprendre." La plus âgée lui servit son plus bel air étonné. "Miss ? Vous vous méprenez en effet." Frida agita sa main ornée d'une somptueuse alliance - c'était Madame Everett en cette année-là - avant de la poser sur son ventre rond qu'elle caressa d'un geste inconscient. Un instant, elle se demanda si son fils entendait déjà la conversation et, si oui, il prenait des notes sur comment faire enrager l'ennemi. "Je pensais avoir à faire à un personnel compétent. Clairement, j'avais tord, et la faute me revient. Si vous n'êtes pas capable de trouver toute seule ces informations déjà bien connues du Ministère et que vous préférez faire perdre un temps considérable à l'une de vos consœurs, alors je crains qu'il faille que vous baissiez considérablement l'opinion que vous avez de vous-même. Il est hors de question que je perde une minute de plus à jouer à vos petits jeux." Quelle verve, la juge prit une gorgée de son thé avec à l'appui la moue qu'elle sortait à ses enfants lorsqu'ils étaient en pleine colère. "C'est bon, tu as fini? semblait-elle dire, toujours la main posée sur son giron pour rappeler que c'était une femme enceinte et donc qu'il fallait la traiter avec égard. "Vous faites la honte de notre pays, chère Frida." Elle roula des yeux dans son fauteuil, reposant la tasse sur le bureau avant d'étirer ses lèvres pour former son habituel sourire de requin. "Et vous, vous faites la honte à notre système éducatif tout entier. Non mais rendez-vous compte, une professeure insultant une membre du Magenmagot... Je suis à deux doigts de porter plainte pour outrage à magistrat. De plus, toute cette colère en vous..." commença-t-elle, d'une voix paresseuse. Elle poussa un long soupir avant de fermer dans un claquement ce qui faisait office de dossier au cas McGonagall (et qui ne concernait ni de près ni de loin l'écossaise en réalité). "Vous auriez du accepter une tasse de thé. C'est très bon pour les nerfs" ajouté avec une petite moue désolée. Une des plumes de Frida se mit alors en mouvement, griffonnant d'une écriture arrondie un long paragraphe sur un rouleau de parchemin vierge. Les mots étaient tellement serrés les uns aux autres qu'il était plus que difficile d'y lire quoique ce soit de compréhensible. Pourtant, la sorcière semblait y trouver son compte vu qu'elle hocha la tête d'un air satisfait après y avoir jeté un bref coup d'œil. "Ces questions sont bien entendues de simples formalités administratives mais la loi veut que l'on vous les pose personnellement, pour éviter toute erreur regrettable qui serait de notre fait. Vous devriez vous asseoir, il y en a pour un petit moment..." Et Frida avait beau être assise, c'était bel et bien elle qui toisait son interlocutrice maintenant.

“ Et vous, vous faites la honte à notre système éducatif tout entier. Non mais rendez-vous compte, une professeure insultant une membre du Magenmagot... Je suis à deux doigts de porter plainte pour outrage à magistrat. De plus, toute cette colère en vous... ” Toute cette colère en elle ? Oui, toute cette colère, Minerva aimerait pouvoir la canaliser en envoyant un joli cognard en direction de Beckett, en souvenir du bon vieux temps. Mais malheureusement, elle est adulte désormais et se doit de donner l'exemple. Ses élèves ne sont pourtant pas dans les parages, songe-t-elle, mais tout de même, il ne s'agirait pas que l'un d'eux apprenne par l'un de ses parents que sa professeure de métamorphose a créé un esclandre au Ministère. Non, il fallait qu'elle soit plus futée que ça, même s'il était clair qu'un bon verre de whisky pur feu allait être nécessaire pour calmer ses nerfs une fois rentrée. “ Vous auriez du accepter une tasse de thé. C'est très bon pour les nerfs, renchérit l'autre harpie. ” “ Je doute que la mixture insipide que vous me proposez soit digne de se comparer à du thé, rétorque-t-elle. ” Elle est, après tout, une fière écossaise amatrice des plus forts Earl Grey que l'on puisse trouver sur le marché. Et si elle n'a aucune idée du goût de ce que lui a servi l'autre sorcière, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un prétexte pour lui rétorquer une quelconque réplique cinglante. Et puis, si c'est son origine qui est au cœur de la polémique actuelle, autant l'assumer jusqu'au bout.

Minerva fixe d'un œil sévère la plume qui gratte sur le parchemin de Beckett. McGonagall est à peu près sûre qu'il ne doit s'agir que de sa liste de courses, car que diable pourrait-elle inscrire de si intéressant à son sujet ? Quoi qu'il en soit, Beckett semble aussi satisfaite d'elle-même que déterminée à ne pas mettre fin à cette supercherie. “ Ces questions sont bien entendues de simples formalités administratives mais la loi veut que l'on vous les pose personnellement, pour éviter toute erreur regrettable qui serait de notre fait. Vous devriez vous asseoir, il y en a pour un petit moment... ” La professeur observe d'un air incrédule la magistrat, qui la toise en retour, un contentement sadique peint sur son visage. Minerva prend une grande inspiration. “ Vous semblez oublier, Frida, que j'ai moi aussi travaillé au sein de ce département, et que je connais non seulement les pratiques, du moins suffisamment pour savoir quand quelqu'un dépasse les bornes, mais aussi des anciens collègues, qui sauront régler cette situation bien assez vite. ” Si ses années au Ministère s'étaient révélées plus que compliquées à cause de sorciers de la trempe de Frida Beckett - ou Everett, qu'importe, elle avait également eu la chance de faire quelques rencontres étonnantes, parmi lesquelles son cher ami Elphinstone Urquart, dont les sentiments à son égard ne lui étaient pas inconnus. “ Je vous suggère donc de ne pas laisser traîner cette affaire grotesque. Il s'agit après tout d'une erreur de votre part. Une erreur très récente, qui plus est, puisque jamais ma nationalité n'a posé de problèmes avant que vous ne fourriez votre nez dans mes papiers. Une coïncidence étonnante, vous ne trouvez pas ? ” Minerva lève le menton un peu plus haut, ses lèvres plus pincées que jamais. “ J'aurais pensé que maintenant que vous êtes mère de famille et membre du Magenmagot, vous aviez d'autres chats à fouetter. ” Une vague de sympathie à l'égard de ses rejetons parcourt McGonagall, bien vite rattrapée par la réalisation que Beckett se fera sans aucun doute un malin plaisir à contester chaque Acceptable qu'elle donnera à ses enfants en métamorphose.

La remarque sur le thé fut accueillie par un rictus satisfait : entre trouver cette boisson insipide (par ailleurs tout à fait réglementaire et qui méritait l'appellation thé) et rêver plutôt d'un verre d'alcool, il n'y avait qu'un pas et la plume à papote l'effectua avec brio. McGonagall, professeure à Poudlard, alcoolique, information enregistrée et la plume ne s'arrêtait d'ailleurs pas là mais Frida s'en était désintéressée pour commencer à réfléchir à ses réparties. "Vous semblez oublier, Frida, que j'ai moi aussi travaillé au sein de ce département, et que je connais non seulement les pratiques, du moins suffisamment pour savoir quand quelqu'un dépasse les bornes, mais aussi des anciens collègues, qui sauront régler cette situation bien assez vite." La juge croisa les mains sur son ventre rond - elle crut sentir un coup de pied, elle le prit comme un encouragement - et, sans se séparer de son demi-sourire, hocha doucement la tête. Compter sur d'anciens collègues, alors même que le ministère était en pleine restructuration dans l'ombre, c'était optimiste. "Dépasser les bornes ? Comme vous y allez ma chère, personne ne dépasse les bornes ici, nous ne faisons que discuter." Le tout dit d'un calme olympien avant qu'elle ne se redresse sur son fauteuil pour prendre une gorgée de thé. Un froissement sur le côté lui indiqua que sa plume en était à noircir le verso du parchemin de tout un tas d'inepties qui ravirait Frida et son stagiaire à la prochaine pause café. Les yeux bleus revinrent sur la mine contrariée de Minerva, éclair de satisfaction dans le regard. "Je vous suggère donc de ne pas laisser traîner cette affaire grotesque. Il s'agit après tout d'une erreur de votre part. Une erreur très récente, qui plus est, puisque jamais ma nationalité n'a posé de problèmes avant que vous ne fourriez votre nez dans mes papiers. Une coïncidence étonnante, vous ne trouvez pas ?" Après le thé, c'était son travail qui était critiqué et encore une fois, Minerva n'obtint rien d'autre qu'un rictus. Les erreurs de Frida étaient voulues (ou du moins, elle faisait en sorte qu'au final tout passe pour calculé), elle se savait méticuleuse et pas du genre à laisser tomber. Un peu comme là, à tenir la jambe de la professeure qui pourrait toujours venir porter plainte pour harcèlement au magenmagot (dommage, plus de la moitié des juges étaient tous aussi corrompus que Frida et le triomphe de Tom n'en serait que plus grand). "J'aurais pensé que maintenant que vous êtes mère de famille et membre du Magenmagot, vous aviez d'autres chats à fouetter." Et non, juste un, cela avait d'ailleurs l'air de bien marcher au vu du niveau d'agacement de son interlocutrice. "Ne vous inquiétez pas, j'ai tout le temps qu'il me faut." Parce qu'elle était une femme organisée, ses enfants étaient bien élevés (oui oui), Tom lui avait demandé personnellement de pourrir la vie des amis de Dumbledore (peut-être qu'il ne le voyait pas comme ça mais le style "j'arrache les ongles de mon ennemi un à un avant de le mettre sous impero pour lui faire avaler ses enfants" dont certains mangemorts étaient friand semblait beaucoup trop barbare à ses yeux). "Mais vous êtes peut-être débordée ? Nous pouvons fixer un  autre rendez-vous si vous le souhaitez. Que dites vous de... - elle feuilleta son agenda qui était quasiment aussi rempli que le parchemin sur lequel s'excitait la plume depuis le début de la discussion. la semaine prochaine ?" Rictus un rien carnassier cette fois-ci, pour faire craquer les gens, il fallait miser sur la durée. Elle fit peser son regard sur la sorcière, tout non vaudrait une convocation officielle (celui qui était chargé de les rédiger était son stagiaire d'avant).