fragment 1 ; famille | « Tiens-toi droite, tu es une Black bon sang Andromeda. » La sentence claque, implacable. Tel un coup de fouet. Et Andromeda, aussitôt se redresse. Non sans pousser un soupir. Elle le sait, sa mère a raison. Elle est une Black, et si pour certains cela n’est qu’un nom, la gamine elle sait que c’est bien plus que ça. Black. Cinq lettres. Un mot. Et un poids qui pèse sur ses épaules. Un poids lourd, éreintant. Le poids d’un héritage ancestral et inéluctable. Elle a beau avoir onze ans, à peine, elle ne sait déjà que trop bien ce que signifie le fait de porter ce nom ô. La Noble et Très Ancienne Maison des Black, qu’ils disent. Et pourtant, elle ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, la gamine avant de relever la tête. Elle se tient là, en cette énième bal mondain, elle se doit d’honorer l’étendard familial. Autour d’elle, se mélange tout le gratin de l’aristocratie magique. Ce genre d’évènement où les réputations se font et se défont, mais surtout où se façonnent les unions qui feront les lignées de demain. « Alors voici Andromeda ! » s’exclama une femme entre deux âges, vêtue d’une robe chargée de frousfrous tapageurs et aux yeux lourdement fardés. Surement une vieille tante éloignée, avide de connaître le prochain cancan à raconter aux prochains événements mondains. « Oui, notre deuxième fille, Andromeda. Elle a fêté ses onze ans, et entre à Hogwarts en Septembre. » « Mais quelle beauté ! Elle a hérité de l’allure des Black, c’est un fait. Avez-vous déjà discuté de son mariage ? » Mariage. Le mot fait frissonner Andromeda. Elle n’est pas sans savoir que les unions arrangées sont monnaie courante, au sein des familles comme la sienne. Après tout, sa sœur, Bellatrix n’est-elle pas d’ors et déjà promise à l’ainé du clan Lestrange ? Pourtant, elle a toujours eu cet espoir un peu utopique, stupide presque, qu’elle passerait au travers. Comme si en tant qu’enfant du milieu, on l’oublierait. « Rien n’est conclu, mais des discussions sont en cours … et en bonne voie. » Andromeda fronce les sourcils, lançant un regard surpris à sa mère. « Et qui serait l’heureux élu ? » demande la vieille harpie, avide. Un léger sourire se dessine sur les lèvres de la matriarche Black, posant les mains sur les épaules de Andromeda avant de se pencher vers l’autre femme. « Disons qu’il se pourrait qu’il n’y ai non pas une, mais deux unions entre les Black et les Lestrange. » Le reste, Andromeda ne l’entend pas. Comme si son cerveau s’était mis à bouillonner, seul résonnant un mot dans son esprit, tel un écho moqueur. Lestrange. Rabastan Lestrange ? Elle lance un regard vers le jeune garçon, discutant avec sa famille. Ainsi, ce serait a lui que serait lié son propre destin ? La jeune fille s’apprête à ouvrir la bouche, protester ou simplement poser une question, mais elle se ravise aussitôt. Après tout, elle sait qu’elle n’a pas le choix. Elle est une Black,et porter ce nom signifie porter la responsabilité qui va avec. Celle d’honorer et de transmettre la pureté de ce sang. Toujours Pur, comme ils aiment à le clamer. Elle n’est qu’un pion dans cet échiquier, un pion qui n’a guère le droit à sa volonté, seulement à avancer comme on le lui a demandé. Et elle se contente de sourire, Andromeda.

fragment 2 ; rencontre | D'aussi loin qu'elle se rappelle, Andromeda avait toujours aimé les livres. Déjà gamine, elle aimait à flâner entre les rayonnages de bois, passant les doigts sur les couvertures de cuir pour enfin choisir dans quel univers elle allait se perdre des heures durant. Elle ne saurait l'expliquer, mais rien ne lui plaisait d'avantage que ce sentiment d'évasion alors qu'elle parcourait les pages de mille et un romans. Bellatrix lui disait souvent que lire était un passe-temps de moldu, frivole et inutile. Mais qu'importe, pour Andromeda, c'était son échappatoire. La porte d'un univers qui lui était propre, loin des exigences de son nom et de la pression du clan. Quand à ses parents, ils préfèrent fermer les yeux, après tout, elle pourrait avoir pire comme passe-temps. Et puis certains des ouvrages présents dans l'immense bibliothèque familiale ont été écris par d'illustres sorciers. Et pourtant, Cygnus et Druella Black ignoraient que, depuis qu'elle avait foulé les couloirs de Hogwarts, Andromeda avait eu accès à des ouvrages bien moins prestigieux - à leurs yeux. Qu'auraient-'ils pensé, en voyant leur gamine, confortablement installée entre deux rayons, parcourant d'un air avide les pages du Moby Dick, d'Herman Melville. Un roman moldu, prêté par l'une de ses camarades de chambrées. Un roman passionnant, intriguant, où la magie telle que la connaissait la jeune fille était absente. C'était la deuxième fois qu'Andromeda découvrait un romain moldu. La première fois, elle avait trouvé par hasard un exemplaire abimé d'Orgueil et Préjugés entre deux romans sorciers. Fascinée par cet univers, et par les amours transis d'Elizabeth Bennet. Bien-sur, elle n'avait pas retrouvé d'autre livre moldu dans la bibliothèque de Hogwarts - à par quelques ouvrages, celui-ci devait avoir été oublié par un élève étourdi depuis des lustres ... et il avait échappé à la vigilance de la vieille bibliothécaire. « Moby Dick ? » Andromeda lève les yeux, tombant nez à nez avec un jeune homme arborant les couleurs jaune et noires d'Hufflepuff. Ted Tonks, un élève de son âge qu'elle avait rapidement côtoyé lors des matches de quidditch. « Tu connais ? » Le jeune garçon sourit. « Bien-sûr ! C'est un classique. » Il marque une pause, semblant se rappeler que les classiques moldus n'étaient pas les mêmes que ceux des sorciers, loin de la d'ailleurs. « Enfin, un classique de né-moldu. On va dire. » rajoute-il, nerveux. « J'aime beaucoup. Chez moi, je n'ai que des livres écris par des sorciers. J'aime découvrir les romans moldus. » réponds Andromeda, avec un léger sourire. « Mon père est libraire, chez moi les livres c'est une seconde nature ! » Un sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme. « C'est vrai ? Génial ! » « Si tu aimes celui-là, j'en connais un autre qui devrait te plaire, je te le prête si tu veux ? » « Oh vraiment ? Ce serait super ! » « Je te l'emmène demain ? On a cours de potions en commun. » Andromeda ne réponds pas tout de suite, songeant un instant à ce que dirait sa famille si elle savait qu'elle s'acoquinait avec un né-moldu, un sang-de bourbe, comme ils diraient. Pourtant, l'idée d'un nouveau roman à dévorer lui semble bien attirante. « Plutôt ici, après les cours ? » Ted acquiesce en silence, ne se doutant sûrement pas de la raison de cette demande. Elle l'ignore, Andromeda, mais la voici qui s'engage sur un chemin semé de bien des embuches.

fragment 3 ; destin | « J'ai reçu une lettre de mes parents, ils savent pour nous. Ils ont décidé d'avancer mon mariage avec Rabastan. » Une poignée de mots. Et une sentence qui résonne dans la pièce telle une litanie. Et en réponse ne retentit qu'un silence assourdissant. Tous deux se tiennent dans une salle de classe abandonnée dans laquelle ils ont l'habitude de se retrouver. Mais l'allégresse qui les accompagne habituellement semble tarie, brisée en cet instant. Andromeda fixe Ted, tentant de discerner une émotion dans le regard de son amant. d’un geste tremblant elle tend la main pour la poser sur celle du jeune homme qui  se lève brusquement, faisant tomber sa chaise sur le sol en un bruit sourd. Un bruit qui brise le silence qui s'était installé depuis que les mots avaient été lachés. Ted  se tient là un instant, silencieux, les yeux clos, les poings tellement serrés que ses phalanges sont livides. Une détresse sourde semble exsuder de chaque part de son corps, emplissant la pièce d’une tension lourde. Douleur. Déception. Peur. Jalousie. Angoisse. Émotions désinhibées d'un rêve qui venait de se briser, comme ça, en à peine le temps d'un soupir. Il s’y attendait, il n’avait jamais ignoré qu’elle était fiancée à Rabastan Lestrange. Cela faisait maintenant quelques années qu'ils se connaissaient. Quelques années d'une amitié bâtie par leur passion commune, puis ils s'étaient rendu compte que leurs sentiments allaient bien plus loin. Un an à s'aimer, envers et contre tout. Tous deux le savaient, tout était contre eux. Et pour commencer, la famille d'Andromeda qui n'accepterait jamais qu'elle épouse un enfant de moldu. Qu'importe, ils avaient décidé de vivre leur passion, profitant de cet amour sans se poser de questions. Au jour le jour comme les adolescents éperdus qu'ils sont, après tout. Et aujourd'hui, voilà que le rêve semble se briser. Comme ça, d'un coup. Comme on se réveille en sursaut après un doux rêve. Avec cette sensation étrange d’avancer à tâtons entre songe et réalité. « Quand ? » La question est à peine murmurée. Un mot, à peine, mais qui semble résonner d’une douleur profondément ancrée. « Ils ne m'ont pas donné de date exacte, mais cela se fera  au cours de l'été. » Ted ne réponds pas de suite suite, comme s'il était plongé dans ses pensées. Le visage aussi impénétrable que celui d'une statue. Andromeda, elle, sent son esprit bouilloner. Ce silence lui semble aussi assourdissant que s'il avait hurlé. « Ted .. je ..  » « On s’y attendait, ça devait bien arriver un jour. » « Je suis désolée. » « Qu'importe ce qu'on ressent, Andromeda. Tes parents ne changeront jamais d'avis, je me trompe ? » répond-il, d'un ton glacial, sûrement bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Des mots qui atteignent la Black tel des dagues enfoncées en plein coeur. Tellement qu'elle sursaute. « Ted ... » Encore une fois, il reste muet.  Quelques secondes se déroulent dans ce silence lourd, jusqu'à ce que Ted ne se décide enfin à braquer ses yeux dans ceux d'Andromeda. Il s'approche lentement, posant une main douce sur celle de la Black, comme pour s'excuser. « Je suis désolé, je suis un peu troublé ... je» Il semble chercher ses mots. Pousse un soupir, puis se reprend, braquant son regard dans celui d'Andromeda. « Tu sais, n'ai jamais voulu te mettre devant un ultimatum. » dit-il, d'une voix douce. « Je n'ai jamais voulu te forcer à choisir entre moi, et ta famille. Et là encore je ne te le demanderai pas. Je te dirai juste une chose, Andromeda. Tu sais que tu n'es pas comme eux, je suis sûr que tu le sais au fond de toi. Je sais aussi à quel point tu aimes tes soeurs, à quel point les quitter serait un déchirement. Mais imagines ce que seras ta vie si tu épouses Rabastan. Est-ce vraiment la vie dont tu as envie ? » Il marque une pause, semblant avoir quelques difficultés à prononcer ces mots. Andromeda, elle reste là, interdite. Les poings serrés et les yeux embués de larmes. « Il n'est pas uniquement question de moi, de nous. Je ne suis personne pour te forcer à prendre une décision. Et qu'importe celle que tu prendras, je la respecterai. Je te dirai juste une chose, un conseil si je peux me le permettre. Pense à toi, Andromeda. Dans quelques jours nous serons diplômés. Pour beaucoup c'est le début de quelque chose, d'une nouvelle vie. Et là il est question de ta vie justement. Pas de celle de Narcissa, de Bellatrix, ni même de la mienne. C'est ta vie. Et c'est à toi de choisir ce que tu veux en faire. Et à toi seule. » La main de Ted se pose sur le visage de la Black, essuyant les larmes qui coulent tel un flot irrépréssible le long de ses joues. « Qu'importe le décision que tu prendras, je la respecterai. Et je serai là, si tu as besoin de moi. Juste, réfléchis-y, s'il te plait. Pour toi. » Andromeda ne réponds pas, alors que Ted se recule pour la laisser seule. Elle le sait, elle doit suivre son destin. Elle est une Black, et elle ne sait que trop bien les responsabilités que cela incombe. Qu'importe ses sentiments, ses envies et ses désirs. Le destin tout tracé s'étire devant elle, droit, rectiligne. Inévitable. Et pourtant, les mots de Ted résonnent dans son esprit. Encore, et encore. Et même alors qu'elle quitte la salle de classe pour rejoindre son dortoir, ils sont là. Tel un écho qui se répercute dans la moindre parcelle de son esprit. Irrepréssible.

fragment 4 ; envol | Cissy,
Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je sais que c'est toi qui a dit aux parents pour Ted. Ils m'ont envoyé une lettre, me stipulant sans détour de le quitter, et m'anonçant l'avancée de mon mariage pour cet été. Mais ça, je suppose que tu le sais déjà. Je ne dirai pas que je ne t'en veux pas, cela serait te mentir. Je suis déçue, tu sais. Je croyais que nous étions proches, toutes les deux. Je te faisais confiance, et c'est pour ça que je t'avais confié mon secret. Et toi, tu as tout brisé. Tu as brisé ma confiance, et ce que je croyais que nous avions. Si tu savais à quel point je suis déçue, Cissy. Mais cela n'a plus d'importance, car sache que j'ai pris une décision. Ce soir, quand tu prendras le Hogwarts Express, je ne serai pas avec toi pour rejoindre nos parents. Je m'en vais, avec lui. Je quitte cette famille, toi, Bella et tout ce qui me retiens aux Black. Aujourd'hui, j'ai décidé de vivre ma vie, de suivre mon chemin. Je sais que tu me trouveras certainement égoiste, et tu auras peut être raison. Mais aujourd'hui, j'ai décidé de vivre pour moi. J'ai choisi l'amour. Et qu'importe le reste. Je sais que c'est le bon choix.

À l'heure ou tu liras cette lettre, je serai déjà partie. Ce sera seule que tu rejoindras Londres, et nos parents. Je te laisse donc leur annoncer ma décision. Tu trouveras ça lâche, et je te dirai bien que j'en suis désolée. Mais je crois qu'après ta trahision, tu me dois bien ça.

Andromeda.

Quelques mots tracés, et un destin de scellé. Andromeda pousse un soupir, attachant la lettre à la patte de la chouette de sa soeur. « Tu es prête ? » Andromeda se tourne vers Ted, acquiescant. «  Je suis prête. » Elle lance un regard vers la chouette, avant d'observer Ted. Il se tient là, à l'entrée de la volière. Un sac à dos négligément posé sur ses épaules. « Il ne faut pas qu'on tarde, ils ne vont pas tarder à réunir les élèves pour rejoindre la gare. Sirius nous attend à la statue de la sorcière borge, c'est ça ? » «  Oui. Je ne sais pas comment il sait ça, mais il y aurait apperement un passage secret vers Pré-Au-Lard. » Elle se saist à son tour d'un sac ne contenant que le nécassaire, quelques vêtements, des économies et quelques affaires. Rien de plus. «  Ted ? » « Oui ? » « Ce qu'on fait c'est complètement fou, inconscient. Je n'ai jamais été aussi effrayée. Mais surtout je n'ai jamais été aussi heureuse. Je ne regrette pas, Ted. J'ai hâte de vivre ma vie, avec toi. »  Qu'importe ses parents, Rabastan, Cissy et Bellatrix. Qu'importe la peur, les doutes. Elle est avec lui, et le reste n'a pas la moindre importance.

fragment 5 ; combat | «  Je veux en être. » La voix est claire, determinée. Aucune trace de doute, juste une conviction sans faille. Sirius observe Andromeda, semblant la jauger du regard quelque instants. Et Andromeda elle, soutient ce regard. C'est fou ce qu'elle semble avoir changé, depuis qu'elle a tiré un trait sur sa famille. Elle est plus vive, ose beaucoup plus affirmer ses opinions et pourtant, Sirius sait qu'il en a toujours été ainsi. Elle a juste éclos. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Après tout, il n'avait jamais douté que sa cousine serait prête à le rejoindre dans cette aventure, si on peut appeller ça ainsi. «  Tu es sûre de toi ? » Andromeda lance un regard vers Ted, et tous deux se comprennent sans même échanger un mot. Ils le savent, la menace qui plane sur le monde sorcier est là, réèlle. Elle tient en un nom, un seul : Voldemort. Un nom synonyme de peur, de terreur. Rejoindre cette organisation secrète, l'Ordre du Phénix ne fait aucun doute pour eux. «  Oui. Je suis sûre. Parce que je ne supporte pas l'idée qu'un homme avec de telles idées ne parvienne à ses fins. Parce que je crains pour la vie de Ted, pour celle de tous ceux qui sont menacés par ce fou. » Elle marque une pause, plongeant un regard dans celui de son cousin. «  Toi et moi savons a quel point la menace est grande, pas vrai ? Après tout, ce n'est pas pour rien que nos visages ne sont plus que des trous béants dans le fier arbre généalogique Black, non ? » lance-elle avec un léger rire, sirotant une gorgée de bierraubeurre. « Quand à moi, mes raisons sont plus qu'évidentes. Je refuse qu'un sorcier me refuse le fait d'être un sorcier, et d'exister comme tel. » Sirius sourit, levant son verre. «  Qu'il en soit ainsi, je vais bien sûr en parler à Dumbledore mais je crois qu'on a besoin de gens aussi determinés que vous deux, les Tonks. » Les verres s'entrechoquent, comme pour sceller une promesse. Et un combat à venir. Andromeda et son cousin échangent un bref regard. Ils savent. Tous deux ont fait le choix de laisser derrière eux leur famille. Ils ont tous deux tourné le dos à des idéaux qui les ont vu naître, et aujourd'hui sont plus determinés que jamais à les combattre. Un instant, le visage de ses soeurs se dessine dans l'esprit d'Andromeda. Instant fugace, et une douleur qui la transperce. Nostalgie d'un autrefois. Et souvenirs de rires entremêlés et de confidences murmurées. Elle secoue la tête, buvant une grande gorgée pour se redonner contenance. Qu'importe les souvenirs, elle le sait, Andromeda. Leurs chemins se sont séparés, déchirés. Et si un jour ils se croisent, les choses ne seront plus jamais comme avant.

fragment 6 ; bohneur | Elle est paisiblement endormie, ses petits poings serrés et son visage empreint d'un air paisible. Andromeda ignore depuis combien de temps elle se tient là, observant la petite embarquée au pays des songes. Ses premiers. En quelques heures, voilà que tout a basculé. Des heures de douleur, de cris. Mais à la fin, un bohneur inexplicable. Si fort, qu'elle a cru vasciller. Incapable de pleurer, de parler, de penser. Jusque une sensation qui avait deferlé en elle, telle une vague implacable. Pour la submerger, totalement. Des émotions indescriptibles, entremêlement d'amour, de peur, et surtout de joie. Cela fait déjà une poignée d'heures, et Andromeda ne peut quitter les yeux de la petite endormie. Comme si elle craignait qu'elle ne disparaisse si elle détournait le regard ne serait-ce qu'une seconde. «  Ma belle Nymphadora. » Nymphadora. Un nom peu commun, surement glané dans un roman oublié au fin fond de sa mémoire, mais qu'importe. Ça lui va comme un gant, après tout, cette enfant n'est pas comme les autres. Après tout, elle est née de bien des tempêtes. Héritière blamée d'une lignée séculaire qu'elle ne connaitra jamais, mais surtout fille d'un amour plus fort que la raison. Un amour qui avait tout balayé, les certitudes et les conventions. Les traditions et les obligations. Tout ça avait été balayé, oublié. Juste l'amour qui gagne toujours, comme dans les romans. « Je suis sûre que tu n'as pas bougé depuis que je t'ai quitté, tu as dormi au moins ? » Andromeda sourit, se tournant vers Ted. Non, impossible. Elle ressent pourtant cette chape de fatigue qui pèse sur ses épaules, c'est que ce n'est pas rien, de donner la vie. «  À ton avis ? » Ted sourit, se glissant aux côtés de sa femme. « Je suis là, maintenant. Alors repose toi, d'accord ? » Andromeda acquiesce, se blotissant contre son mari sans quitter des yeux la petite endormie. Pourtant, elle croit un instant rêver alors qu'un changement se fait sur la gamine. Comme ça, d'un coup. «  J'ai rêvé, ou ses cheveux sont devenus rouges ? »

fragment 7 ; simplicité | Elle sourit, Andromeda. Elle doit sembler un peu idiote, avec ce sourire béat qui se dessinne sur ses lèvres au fur et à mesure qu'elle parcoure la lettre de Nymphadora. La première qu'elle envoie depuis Hogwarts. Cette année marque en effet le début de quelque chose, d'une nouvelle ère pour la petite famille. Depuis quelque jours, la petite Nymphadora a embarqué à bord du célèbre Hogwarts Express, vers de nouvelles aventure dans cette école merveilleuse. Onze ans, déjà que le nourisson aux cheveux écarlate est né. Onze ans, et tant de choses qui ont changé. Voldemort n'est plus, brisé par un bébé une nuit d'octobre. Bien sûr, cela avait été une journée d'allégresse et de fête, pourtant, pour Andromeda cela avait aussi été synonyme de deuil. Pour Lily et james Potter d'abord, tués par le Mage Noir avant que lui même ne sombre, terrassé par leur héritier de la façon la plus inexplicable. Puis Sirius. Enfermé dans cette prison macabre, accusé d'avoir un lien avec ce meutre infâme. Elle pense souvent à son cousin, Andromeda. Elle ne sait vraiment quoi penser, mais une chose est sûre, il lui manque. Néanmoins, la vie a semblé reprendre son cours suite à cette sombre nuit d'octobre. Plus de Voldemort, l'ordre dissout. Et tout le loisir de vivre une vie normale, loin des combats. La petite famille avait décidé de quitter Londres et les souvenirs qui y étaient présents, pour rejoindre la petite ville de York, au nord de l'Angleterre. Et depuis, Andromeda travaillait comme libraire dans une petite libraire de quartier, telle une moldue parfaitement intégrée. Parfois, elle songeait à ce que dirait sa famille, si elle apprenait ce qu'elle faisait. Nulle doute que sa mère en ferait une attaque : Andromeda Black, Héritère de l'une des anciennes et des plus pures des  lignées vendant des livres à des moldus ? Cela avait de quoi faire sourire.  « Alors ? La Maison ? » Andromeda sourit, tirée de ses pensées par un Ted impatient de découvrir dans quelle maison a finalement été répartie Nymphadora. «  Laisse moi finir de lire, attends ... AH, voilà. HUFFLEPUFF ! J'en étais sûre ! » s'exclame la mère poule, avec un grand sourire. Et sont là, et se regardent. Souriant bêtement comme des idiots, mais qu'importe. Après tant d'épreuves, la vie est belle.

fragment 9 ; renouveau | Voldemort est de retour. Quatre mots. Et des certitudes qui basculent. Andromeda reste un instant interdite, comme pétrifiée. Ses mains sont serrées sur le parchemin, livides. Une lettre, rédigée de la main de Dumbledore lui même. Quatre mots, et un passé qui semble revenir à la surface, déchirant des années de tranquilité et de paix, comme si elles n'avaient été qu'illusions. Des souvenirs qui reviennent, vifs. Des années de combat, de terreur. Des marques des ténèbres flottant au dessus des maisons, et des larmes qui coulent sur les joues des survivants. Les visages d'alliés d'un autrefois qu'elle croyait oublié. Lily et James. Sirius. Albus Dumbledore. Maugrey. Les Bones. Les Longbottom. Des souvenirs teintés de sang, d'union et de determination. Elle ne regrette pas, Andromeda. jamais. Mais elle ne pensait pas que cela devrait reccomencer. Elle pousse un soupir, lançant un regard vers Ted a qui elle tends la lettre. Un instant, il parcoure la lettre des yeux, puis plonge son regard dans celui de sa femme. « Alors, tout reccomence. » Elle acquiesce en silence. « Oui. Comme avant. » « Et nous dans tout ça, qu'est ce qu'on fait ? » Andromeda ne réponds pas tout de suite. Elle reste un instant là, songeuse. Elle ne doute pas un instant de la décision qu'elle s'apprête à prendre. Et elle sait que Ted pense la même chose. Tant de choses ont changé, depuis que l'ordre a été dissous. Il y a au Nymphadora, aujourd'hui jeune adulte. Puis harry Potter, qui semble être le nouvel espoir de tous. non. Mais après tout, la menace reste la même, si ce n'est plus grande encore. Et ça, elle ne peut l'accepter. « Tu sais ce que je vais dire, mon amour. Nous, on se bat. Comme autrefois. » Ted sourit, prenant la main de son épouse. Il n'en avait jamais douté.

fragment 10 ; to be continued | Andromeda passe une main dans ses cheveux bruns, désormais striés de quelques mèches argentées qu'elle tente parfois de dissimuler, quand elle y pense. Elle observe un instant son visage dans le miroir de la petite salle d'eau. Un visage, elle sait, qui a su se préserver des affres de la cinquantaine entamée. Quelques rides par-ci, par là. Mais ça pourrait être pire, après tout. Et surtout, elles ne les dérangent pas, des rides. Elles sont des traces de son histoire, de ses mille et une vies. Parfois, elle aime à y associer les jalons de sa propre existence. Comme cette ride, là, au coin des yeux. Celle-ci, c'est lorsqu'elle a pris la décision de quitter les Black, de tout quitter pour Ted. Un choix qu'elle ne regrette pas. Jamais. Et cette ride, au coin des lèvres c'est les mille sourires qui ont paré son visage depuis la naissance de Nymphadora. Enfin, il y a celle-là, de l'autre côté. Celle-ci, c'est le petit Teddy et la joie de sa naissance. Comme un espoir dans tout cette noirceur. Et celles-ci, barrant son front lorsqu’elle fronce les sourcils. Ces rides, profondes ce sont les inquiétudes, les combats. Elles sont aussi la mort d’Albus, celle d’Alastor et de tous ceux qui ont perdu la vie dans ce combat. Et enfin, il y a cette ride, un peu cachée. Une petite ridule juste sous les yeux. Celle-là, c’est la nostalgie qui parfois l’enserre lorsqu’elle pense à ces sœurs. Bellatrix. Narcissa. Si les choses avaient été différentes, si elles avaient su accepter, et s’aimer malgré tout. Parfois, elle se surprends à songer à Narcissa, surtout. Elle a appris par la presse ce qu’il lui est arrivé, la trahison qu’elle a vécu. La déchéance et son nouveau mariage. Elle aussi, avait eu son lot d’épreuves. Tant d’années ont passé, des années sans se parler, ni même se voir. Des années à tenter d’oublier, de faire comme si cela n’avait pas d’importance. Et pourtant. Le visage de sa sœur n’a jamais cessé de la hanter. Même des décennies après. Un soupir, puis la Tonks se passe un peu d’eau sur le visage. D’un geste de baguette, elle souligne ses yeux sombres d’un peu de noir, puis elle quitte la pièce. Prête à entamer ce rôle qu’elle occupe depuis voilà quelques années, un rôle que lui a proposé Minerva et qu’Andromeda a accepté sans la moindre hésitation. Fawkes Learning Center. Une école proposée aux oubliés, à ceux qui ont fui. Ceux à qui Hogwarts la bafouée ne peut rien apporter. Cette école, c’est le bébé de ces deux femmes d’exception : Minerva et Molly. Et ce fut un honneur pour Andromeda, lorsqu’elles lui ont proposé d’en faire partie. Depuis le début de cette institution, elle apporte sa patte, donnant des cours aux étudiants et les aidant au quotidien. Il faut dire qu’elle est touchée, à la vue de ses âmes égarées. Des jeunes bien décidés à combattre, à renverser ce gouvernement. Quelque part, tous lui rappelle sa propre jeunesse, et la flamme qui brillait dans son propre être. La flamme de l’espoir, de la liberté et du désir de tout faire pour rendre le monde meilleur. Une flamme, qui brille avec la même force dans son propre coeur. Encore aujourd’hui. Et c’est avec cette pensée qu’elle pénètre dans la salle de classe aménagée, un sourire aux lèvres. « Bonjour à tous. » Et une nouvelle journée qui s’écoule. Et une nouvelle pierre apportée a l’édifice de la résistance. Une nouvelle journée d’espérance, dans toute cette noirceur.