(azries #5) is it all we've ever been?

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Azra aurait pu se mettre en colère et exiger des réponses, des excuses, n'importe quoi. Apprendre que d'autres — notamment Abbas, étaient informés lui donnait une raison de plus de s'énerver contre Ambros. À quoi bon ? Malgré le flot d'émotions qui l'envahit, elle n'a envie qu'une chose : tout faire pour que cette malédiction soit rompue. Son cerveau a du mal à accumuler toutes les informations et toutes les hypothèses qui s'y forment. Comme à son habitude, Azra réfléchit aux solutions avant de connaître la véritable ampleur du problème. C'est plus fort qu'elle. L'état de détresse d'Ambros la bouleverse.

Ne pouvant faire autre chose que de se rapprocher physiquement de lui, Azza s'assoit sur l'accoudoir du fauteuil. Sa main ne quitte pas la nuque d'Ambros. Leurs regards ne se croisent pas vraiment. Une façon pour elle de lui laisser l'espace nécessaire pour tout lui expliquer, sans craindre un quelconque jugement de sa part. Tous les scénarios possibles et imaginables se bousculent dans son esprit. Azra imagine le pire, même si elle essaye de restreindre ses pensées trop noires. Imaginer des destins sombres n'arrangera rien à la situation. Mais ce silence la mange de l'intérieur. Elle refuse d'imaginer une malédiction qui le condamne à mourir dans les mois à venir. Azra a déjà perdu Hisham. Elle refuse de perdre l'amour de sa vie, après l'avoir enfin trouvé.
La première réponse d'Ambros n'est pas rassurante. Si même lui n'arrive pas à expliquer clairement ce qui plane au dessus de sa tête, comment pourront-ils en venir à bout ? Azra caresse la peau de sa nuque pour l'encourager à poursuivre. Oblivion. Ambros tente de feindre un sourire au coin des lèvres. Ce terme lui fait froncer ses sourcils. Elle n'est pas certaine de bien comprendre ce qu'il veut dire.

Sa main libre vient trouver celle d'Ambros, alors qu'il prend une pause avant de lui dire ce dont il est vraiment question. La vérité tombe. Voué à être oublié. Azra se demande ce qui est pire entre la mort et ne plus être reconnu de personne. Un fantôme. Jusque-là, elle ne l'a pas oublié. C'est une bonne chose. Peut-être que cela ne concerne que ceux qui travaillent avec lui ? Peut-être que cela est lié à l'Irak ? Ils trouveront une solution. Il y en a forcément une.
You too will forget me. Sa dernière phrase la fait sortir de ses pensées et de ses théories en pagaille. D'un mouvement rapide, Azza se lève du fauteuil pour lui faire face. Sa main toujours dans la sienne. — I won't. Son ton est confiant. Elle ne peut pas se permettre de laisser transparaître une seule faille. — It is not an option. Elle se détache de lui et fait quelques pas à la recherche d'ouvrages, n'importe quoi. — We'll find a way. I promise you that. I love you, dit-elle en se retournant dans sa direction. — I've got- I've got something for you. It might help us. Azra prend la direction de ses bagages, qu'elle ouvre à la va vite. Elle fouille dans ses affaires, un air sérieux et concentré sur le visage. Après une longe minute, Azza trouve enfin la statuette soigneusement enroulée dans un linge. — Don't ask me how or why, but... Elle lui présente l'objet récupéré via le testament du Dr. Antlebottom. — It's a statuette of an Akkadian goddess, Shub-Ad of Ur. But you already knew that. Azzra se rapproche de lui, l'objet entre les mains, toujours soigneusement emballé. La statuette peut donner des visions, et elle n'a pas spécialement envie d'entrer dans une transe.

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Elle dit qu’elle ne l’oubliera pas, mais Ambros sait que ce sera inévitable. Les années à se connaître n’y changent rien, ni le sang versé en bande, ni la proximité, ni la force des sentiments. Ni les prières, ni les cris. L’amour d’Azra le touche et Merlin le garde, il veut la croire, veut se laisser aller dans la certitude de sa compagne et à son tour penser qu’ils seront intouchables, qu’elle ne l’oubliera pas, mais il n’en est pas capable. Pas depuis que son esprit est empoisonné des cauchemars et visions d’horreur débloqués de sa mémoire, pas depuis qu’à chaque jour, moins ses camarades le reconnaissent, de la même façon que lui croit toujours moins Medea.
Ils s’en sortiront, ou ils en mourront, comme ça a bien failli arriver une nouvelle fois en mai, avant que Castor les plante là et qu’ils rencontrent Lethe.

Alors l’amertume se distille, persiste, et si l’amoureux ne dit rien, le sourire contrit qui étire ses lèvres avoue tout ce qui est pensé tout bas. Son cou s’étire alors que la sorcière mentionne avoir quelque chose qui pourrait les aider, curieux de savoir ce qu’elle cherche dans ses bagages. Son coeur semble s’arrêter dans sa poitrine lorsqu’un paquet soigneusement emballé, les traits mille fois reconnaissables de Puabi, celle qui hante ses jours et ses nuits, se dessinent sur une statuette.

Nous n’écrirons pas, ni le traduirons le juron gaélique qui lui vient, mais sachez que ce ne sont pas des affaires très polies et que sa maman lui tirerait les oreilles à l’entendre ainsi s’exprimer.

Azra s’approche de lui avec la statuette et Ambros, le réflexe plus fort que la curiosité, se recule d’un pas, de deux. Il ne s’est même pas rendu compte que sa baguette a pratiquement sauté dans sa main. « Put it on the table, now », indique-t-il enfin à la Shafiq, qui heureusement écoute sa demande. Le briseur de sorts se sent déjà mieux maintenant qu’il est certain qu’elle ne risquera pas de toucher la statuette à mains nues, même par accident. Sait-elle ce qu’elle peut faire ? Se doute-t-elle d’à quel point ça peut les aider ? « Puabi was a priestess, a magician, pas une déesse, mais certainement ce qui s’en rapproche le plus, a powerful witch, way more than any living wizard, bénie de Nanna, envoyée par le dieu-lune, and the one who cursed this place. » Celle qui l’a maudit lui et tous les autres de la Seconde Ligue d’Ur, et celleux venus avant eux. Celleux qui viendront après, peut-être, s’ils ne réussissent jamais à lever le mauvais sort.

De ses poches, l’homme sort un crayon et c’est à même la table qu’il commence à tracer des runes autour de la statuette. Sa baguette, elle, tisse des sortilèges de protection au rythme de ses murmures. « You know you’ve got to tell me how and why, et l’Irlandais s’interrompt une seconde, avant de reprendre : Us. You’ll have to tell us. » Ils sont une équipe et Azra en fait partie, de cette équipe, pour les deux prochaines semaines. Pendant quelques secondes, Ambros trouve le moyen de s’en émerveiller une nouvelle fois. De ça et de se dire que cette femme… vraiment, cette femme, s’ils s’en sortent, s’ils s’extirpent de tout cela, il voudrait la marier. S’il sort vivant de ce temple, s’il réussit à vaincre l'œil de Nanna posé sur lui, il mariera Azra Shafiq née Patil. le sourire amer, dur, se transforme, et reprend de cette réelle joie. « Welcome in the League, my love. »

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Azra affirme des choses et fait des promesses qu'elle n'est pas sûre de pouvoir honorer. Si cela ne dépendait que d'elle, évidemment que cette malédiction n'aurait aucun impact sur leur relation. Cette — très mauvaise — nouvelle l'effraye. Oublier Ambros reviendrait à renier une part d'elle-même. Après tout ce qu'elle a enduré, après le décès d'Hisham, Azra estime qu'elle ne mérite pas ça. Avoir enfin trouvé l'amour de sa vie et risque de le perdre à cause d'une force extérieure ?
Elle fera tout ce qu'elle peut pour les aider à trouver une solution, la solution. Peut-être que sa perspective leur permettra d'élaborer des plans insoupçonnés ? Azza l'espère.

La première chose qu'elle doit faire, c'est de sortir cette statuette. La ramener jusqu'ici n'a pas été une partie de plaisir. Heureusement qu'elle peut compter sur Abbas pour ce genre de broutilles administratives.
À l'instant où la statuette est mise sous le nez de Ambros, celui-ci se lève précipitamment, baguette en main. Azra se dit qu'elle a bien eu raison de ne pas avoir de contact direct avec l'objet. Il lui ordonne de la poser sur la table et c'est ce qu'elle s'empresse de faire. En dehors des choses terribles que cet objet peut faire, Azza le trouve particulièrement fascinant. Ambros s'empresse de la corriger au sujet de Puabi. Il faut dire qu'elle n'a retenu que ce qu'elle a entendu le jour où on le lui a remis. Mais c'est lui l'expert. And the one who cursed this place. Cette simple phrase lui fait basculer sa tête en direction d'Ambros. Si elle pensait simplement aider un peu la Ligue, Azra ne se doutait pas une seule seconde de l'importance de cet objet. Peut-être est-ce la clé ?

Elle se recule légèrement pour le laisser tracer ses runes et lancer ses sortilèges de protection. Azra l'aiderait bien, mais elle préfère le laisser s'en occuper seul. Faire une erreur dans ces lieux pourrait avoir de graves conséquences. — I will. Cette histoire n'a rien d'extraordinaire, mais si le moindre élément peut leur servir, alors soit. — I can't wait to get started! dit-elle, dans un immense sourire. C'est loin d'être les vacances dont tout le monde rêve, mais ce sont les siennes. Partager ça avec Ambros, enfin savoir toute la vérité même la plus sombre. Rien ne lui ferait plus plaisir. — I'm glad I got to help you all.
Azza attend qu'il termine pour passer sa main contre son dos, dans un geste tendre. — I can tell you about it first. If you want too. Rien ne presse. Ils ne sont pas à quelques minutes près.

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Au point où la Seconde Ligue d’Ur en est, toute l’aide est la bienvenue. Sans surprise, Aries déteste demander de l’aide à qui que ce soit, y compris à son équipe. Il n’est pétri de rien si ce n’est d’orgueil, d’une volonté de se prouver, de se faire meilleur sorcier capable de faire cavalier seul, autosuffisant dans un métier où il est impossible d'œuvrer seul. Il ne peut pas tout savoir, ne peut pas maîtriser toutes les magies, n’est pas assez puissant pour vaincre ce qu’ils doivent affronter. Faire appel à d’autres briseurs de sorts est une chose : ramener Lethe dans leur équipe était une excellente décision, avec la disparition de Cat et de Lillian. S’adjoindre le soutien de Shaula et d’Azra, cela dit… c’est différent.

S’il leur advient quoi que ce soit, ce sera entièrement de sa faute. De leur faute, à toute la Ligue, pour avoir entraîné des personnes qui ne font pas ce métier dans le plus gros bordel possible. Elles diront certainement le faire de plein gré, mais Ambros sait que personne ne peut s’engager là-dedans de plein gré en sachant exactement tout.

Sauf eux, parce qu’ils n’ont pas d’autre choix.
Ils doivent régler tout cela, réussir là où tous les autres ont échoué.

Ambros laisse Azra l’approcher, caresser son dos, et sans quitter la statuette des yeux, s’autorise à la prendre dans ses bras une nouvelle fois. À profiter de cette femme qui, pour l’instant, se souvient de lui, de vraiment lui, et à laquelle il ne pourra jamais décrire les cauchemars horribles qui occupent ses pensées depuis son entretien avec Abbas.

Elle est là, là où tous les autres ne sont pas.

« Yeah, approuve-t-il doucement, le visage lové dans le cou parfumé de sa compagne, là où son odeur est la plus douce, mêlée à celle si distincte de sa peau, si délicate, là où peu peuvent en profiter. Où lui peut en profiter ― le sentiment qui mord son estomac est égoïste, satisfait, s’attache à la mâchoire gourmande d’un animal ronronnant. let’s enjoy a bit of time together, before we go to see the others. » Et que toute idée d’intimité ne devienne que cela : une idée et rien de plus. Pas seulement par le manque général de discrétion dans ce campement, mais parce que… L’homme a un soupir bref, sec, et secoue un peu la tête. Il prend la main d’Azra et la tire avec lui jusqu’au fauteuil où il était précédemment installé, s’improvise siège pour sa compagne. Le sourire est revenu et bien qu’il manque de sincérité, que ses yeux bleus ne s’ornent pas des petites rides typiques, il est néanmoins là. « Tell me how you’ve been, since June. Tell me about the kids. I missed you, and I miss them. » Ils auront tout le temps du monde pour parler de Puabi et de ses mystères.

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