Coincée entre père et frère, elle attendait que ça passe en chantonnant mentalement The Ketchup Song qu'elle n'arrivait pas à sortir de la tête. Foutus moldus et leurs musiques beaucoup trop entrainantes. En plus, cela n'allait pas du tout avec le thème du jour, bien au contraire. L'oraison funèbre prenait une toute autre allure avec cette mélodie en BO et Siham ne gardait son sérieux que parce qu'elle se concentrait avec intensité sur la pointe de ses chaussures. Merlin que c'était long, Merlin qu'elle en avait rien à foutre du type qui était mort. Elle ne le connaissait pas et ça faisait un mangemort de moins dans la circulation. Que de points positifs. Elle remua un peu sur sa chaise, s'attirant un regard noir de son père alors que la femme du défunt prenait la parole. Bla-bla-bla, discours tire-larme à souhait, à mourir d'ennuis dixit Siham qui avait l'empathie d'une huitre ou peut-être un petit peu moins. Ce qu'elle retint du discours était que l'Ordre était vraiment le S vu qu'ils butaient des méchants pas beaux et qu'à la réception, il y aurait à manger. Cela tombait bien, l'inactivité lui ouvrait l'appétit.

Elle suivit donc la foule jusqu'au manoir, jouant les sorcières aimables et bien-éduquées du haut de ses vingt-quatre ans, poussant le vice à discuter avec un ami de la famille quelconque qui attaqua direct part les sujets qui fâchaient. Oui, elle n'était pas venue avec son fiancé. Il était en déplacement... Ah et l'absence de bague à l'annulaire ? Sourire gêné, geste évasif, dispute très rapidement évoquée tout en cherchant des yeux une porte de sortie. Elle prétexta un besoin pressant, hochant la tête à l'ultime recommandation (oui, oui, elle l'épouserait avant qu'il ne meurt, c'était triste les veuves, il fallait profiter des années communes {...} quelle plaie ce type) avant de s'éloigner rapidement. Un crochet au buffet pour piquer un verre d'elle ne savait trop quoi (avec de l'alcool espérait-elle) et elle se retrouva dans les couloirs inconnus du manoir.

Du silence, enfin. Et plus personne pour lui traîner dans les pattes. Elle profita du calme pour s'étirer, alla siroter un peu de sa boisson au bord d'une fenêtre (joli jardin) avant de se dire qu'elle ferait bien un tour pour s'aérer. L'idéal était de trouver l'entrée de service pour sortir sans se faire remarquer. Elle se mit donc en route, se perdit assez rapidement. Ce qu'elle aurait pu prévoir vu qu'elle ne connaissait pas les lieux. Cool, cool, cool... La voilà à roder comme une âme en peine, un verre à la main et la mine franchement agacée qui se tinta d'espoir quand elle aperçût une silhouette. Oh tiens, la veuve. Avec une risette qui avait tout du sourire machiavélique des méchants fiers de leur coup. Un effet de lumière, très certainement, vu que Léonilde avait repris l'expression qui ne la quittait pas depuis la cérémonie et proposait des cigarettes en plus de tout ça. Et qui était Siham pour refuser quoique ce soit à une endeuillée ? "Merci" fit-elle en extrayant une clope de la boîte avant d'envoyer un regard presque inquiet à la dame. Elle n'allait pas pleurer, hein ? Siham détestait les gens qui pleuraient, ça la rendait beaucoup trop mal à l'aise au point que les larmes se faisaient contagieuses. "Je n'ai pas encore eu l'occasion de m'adresser à vous, toutes mes condoléances. Inna lillah wa inna ilayhi raaji'oun." Formule récitée cérémonieusement en bonne élève tout en allumant sa cigarette et juste avant de reprendre une gorgée de sa boisson. "C'était une très belle cérémonie, très émouvante" ajouta-t-elle pour ne pas passer pour la dernière des sauvages, observant du coin de l'œil le visage de la veuve, pour voir si elle souriait de nouveau.  

Totalement de l'espèce à se raidir d'avantage quand on l'invitait à la familiarité, Siham esquissa un sourire un peu crispé. Finalement l'entrevue ne valait pas la cigarette offerte - pas que la brune y ait cru, les discussions avec les tout juste veuves n'étaient pas réputées pour être agréables - et elle en regretta presque l'absence de son frère. Lui, malgré ses années de moins, savait quoi dire dans ce genre de situation. Elle, elle donnait plutôt dans les maladresses du style "un de perdu, dix de retrouvés" dés qu'elle commençait à paniquer. Et il ne valait mieux pas donner dans les maladresses face à une veuve de mangemort réputé. Rien que pour les affaires. "Si vous le souhaitez" répondit-elle, trop bien élevée pour basculer directement dans la familiarité, cherchant quel était la marche à suivre quand on se grillait une clope avec la veuve à la fin d'un enterrement. Elle avait même fait l'effort d'allumer sa cigarette de manière réglementaire (et pas du claquement de doigts nonchalant habituel) et c'était parti pour les badineries un peu fausses avec le sourire un peu faux. Non mais sérieusement, à qui ça plaisait les enterrements ? A part aux traiteurs qui allaient se faire de la thune, ouais. "Votre générosité est toute à votre honneur" s'entendit-elle dire, à deux doigts d'en rajouter sur les petits fours très réussis et sans doute clou du spectacle (et non pas du cercueil, haha, elle voulait mourir). Au moins elle n'avait rien dit sur le nom de l'elfe de maison, drôle de nom vu les circonstances. La mort subite, la veuve qui semblait faire dans les larmes de crocodile, l'elfe qu'on appelait Alibi, coïncidence ? Déformation professionnelle plutôt, il fallait qu'elle arrête de voir le mal partout, c'était l'Ordre qui avait fait le coup (faudra les féliciter à l'occasion). Elle allait plutôt tirer sa cigarette et prendre l'air attristé quand il fut question de Simone. Brrr, une gosse qui avait une bonne raison de pleurer. "C'est triste en effet, je n'arrive même à imaginer ce que je serai devenue si j'avais perdu mon propre père à son âge." Beaucoup plus épanouie certainement. "Mais je suis sûre qu'elle s'en sortira à vos côtés." Après tout, Oliveira avait déjà réussi à obtenir la protection du Lord juste en devenant veuve, joli mouvement. "Après tout vous ne semblez pas du genre à vous laisser abattre" glissa-t-elle, l'air de rien, guettant la réaction de son interlocutrice.

Sourire poli qui vacilla d'un iota à la mention de son élevage. Chez Siham, on les trouvait vite les limites de ce dernier et quand on grattait trop le verni, elle sortait les crocs. Là,, elle commençait à être légèrement agacée par la veuve et par le fait d'être coincée avec la veuve, ça se traduisit par une légère crispation de ses doigts autour de la cigarette et si le sourire était toujours en place, le regard était plus froid. "La politesse n'a jamais endetté non plus" répliqua-t-elle, diction parfaite, en pleine représentation de son éducation sang-puresque alors que sa clope se consumait au bout de sa main. Elle revint cependant aux phrases un peu plus réglementaires, soutien à la veuve, compassion feinte, elle pourrait presque ajouter les larmes de crocodile à l'idée de la mort de son père qui attristerait même Oliveira. Bah voyons. Nouvelle taffe de cigarette avant de donner dans l'insolence, air un peu cruche en accompagnement. "Oh, j'ignorai que l'hypocrisie payait elle." Le sourire fit entrevoir les dents. Il ne fallait pas déconner, si elle, elle avait des raisons (y comprendre la filiation) de pleurer son père, peu d'autres en avaient étant donné que l'homme en question était du style arriviste imbuvable amateur de grands débats pour montrer qu'il savait plein de choses (ce qui n'était pas faux) et que les autres ne savaient rien (ce qui n'était pas sympa). Y ajouter le racisme de certains et on n'obtenait un bilan mitigé sur la personne de Farouk Al-Massri à tendance on sabrerait éventuellement le champagne s'il venait à crever. Et à sa mort aussi d'ailleurs, si elle continuait à se montrer impolie avec les veuves sympa parce qu'elles payaient des clopes. Elle se remit donc à hocher la tête sagement. Voilà, c'était très bien de ne compter sur soi-même, toute façon, tous les mecs étaient des cons. Lord compris d'ailleurs mais elle n'en dit rien, se contentant d'avoir l'air approbatrice des grâces du dictateur du moment. "Sa générosité est un exemple pour nous tous" amen. Ou pas. Franchement, les épouses de mangemort, si elles pouvaient crever en même temps que leur mari, cela ferait des fachos en moins. Mais la tendance était plus à faire baisser la population aviaire (dommage) et Siham était même impliquée dans la chasse avec son joli uniforme de la VB. "Je vous assure que le ministère fait tout son possible pour les retrouver." Là, elle ne mentait pas. C'était qu'aller buter un mangemort, ça rendait tout le monde très colère parce qu'il pensait que la marque était un tatouage d'immunité aux AK ou un truc du style. "En tout cas, je vous remercie pour la cigarette" qu'elle ajouta en espérant pour s'échapper et retourner aux petits fours ou même réussir à se tirer de là.

Légère moue. Siham était bien placée pour savoir que l'hypocrisie payait, suffisait de compter les amis de son frère puis ses amis à elle. Puis de déduire lequel était faux-cul et lequel en avait trois (mais peut-être était-ce juste parce qu'elle n'était pas la fille la plus avenante du monde). Pourtant, elle faisait des efforts, elle parlait gentiment à la veuve, complimentait le Lord, cela lui aurait valu sans aucun doute vingt points pour gryffondor (uniquement sous le régime d'Acelius, le seul qui valait évidemment). Sauf que l'on n'était plus à Poudlard (tant mieux, cela n'avait pas été les années les plus sympathiques de sa vie) et que Léonilde préférait lui rire au nez. Oh, ce n'était pas prévu ça. Siham, un peu vexée, se rembrunit sur le champ et le regard se fit de plus en plus noir alors qu'en face ça continuait à se marrer. Ne pas insulter la veuve, ni la menacer de faire courir le bruit que le lord n'aurait pas du se montrer si généreux. Ni lui dire que c'était elle qui avait commencé à jouer la carte de l'hypocrisie sur le sujet (si Siham n'en était absolument pas certaine au début, l'éclat de rire était louche et elle en était à se redemander si ce n'était effectivement pas un sourire qu'elle avait perçu sur les lippes de la veuve un peu plus tôt). Elle ne releva pas, du moins pas à haute voix, mais le ton était nettement plus froid alors qu'elle continuait à dérouler méthodiquement les phrases à sortir. Lawrence Runcorn serait vengé par le ministère parce que Lawrence avait été un grand homme selon les critères actuels, blablabla. La veuve le confirmait, elles étaient d'accord, la vie était belle, sa cigarette était terminée. Elle chercha un cendrier des yeux pour aller y écraser son mégot et quand ce fut fait, il devait être un peu trop évident qu'elle n'avait plus qu'envie de se tirer. Oups. Au moins y avait-elle gagné des indications quant à la manœuvre à suivre pour se tirer discrètement. Elle n'aurait plus qu'à se trouver une excuse à sortir au reste de sa famille encore piégée à la réception quand ils seraient rentrés. Ou alors se contenter de les snober, c'était bien aussi. "Et merci pour les indications." Sympathique la veuve, même si elle s'était moquée d'elle. "Bon courage pour... le reste." Sincèrement. Sourire presque timide, presque reconnaissant aux lèvres, ce fut sans se faire prier qu'elle se dirigea vers le jardin. Puis après tout, Léonilde avait bien raison de ne pas être totalement dévastée par la mort de son mari. Ce genre de chose était juste bonne à encombrer et la veuve n'avait plus qu'à confier sa fille à l'elfe de maison (comme le faisait tous les parents, du moins ceux de Siham qui avait généralisé pour des raisons de voilage de face) pour être totalement libre et en profiter pour faire... Du quidditch ? Mouais. En passant le portillon, Siham n'était finalement plus tant convaincue que ça mais arrêta vite d'y penser pour beaucoup plus intéressant : elle faisait quoi maintenant ? Aller voir Joseph semblait être une bonne option.