tw: douleur, blessure

Abbas a à peine le temps de se laisser tomber à son bureau que la boule cristal qui y siège se met à briller - rouge.

Sa tête lui tourne et lui fait mal depuis qu'il est rentré de Gracefield. Il devrait appeler Lizzie et lui demander de l'ausculter - il est à peu près certain qu'il a une concussion - mais il n'arrive pas à réfléchir clairement. Il pourrait ignorer l'appel d'urgence de sa boule cristal, s'endormir, ne jamais se réveiller, mais Abbas sait que c'est urgent. Depuis quelques minutes, la Marque à son bras a cessé de lui faire mal.

La cheminée est inutile - tout le réseau privé semble s'être effondré, celui liant les endroits importants pour le Lord: entre Gracefield, le Département des Mystères, l'appartement de Malfoy et Potter, les manoirs Lestrange, Yaxley, Malfoy, Fitzroy et Shacklebolt, entre autres. Abbas a la mauvaise impression que c'est l'oeuvre de Zabini Jr, quoiqu'il soit encore difficile de déterminer quand et comment ce petit enfoiré a commencé à la leur mettre à l'envers depuis son manoir de malheur.

Les Battues sont tombées. Gracefield n'est plus. Est-ce que Penelope serait fière?

La boule cristal continue de briller, rouge, de plus en plus fort. C'est normalement un signe que le Lord se trouve dans les appartements qu'il a fait construire à Abbas dans les tréfonds du N9, là où personne n'est allé depuis des siècles. Seuls le directeur des Mystères, le Lord lui-même, le Survivant et Fitzroy connaissent l'existence de cette cave mystérieuse où le Lord s'emploie sans relâche à ses sombres desseins. Abbas essaye de ne pas trop y réfléchir. Entre les sacrifices humains, l'odeur quasi-constante de sang et la magie noire qui exulte de l'endroit, il essaye de s'en tenir aussi éloigné que possible.

Il pose faiblement la main sur la boule cristal pour l'éteindre, quand la douleur dans son bras se réveille brusquement. Aveuglé de douleur, Abbas gémit et se retrouve à genoux au sol. Il lui faut plusieurs minutes pour calmer les battements erratiques de son coeur et enfin trouver la force de transplaner directement dans l'atrium du Ministère, son crâne lui faisant affreusement mal. Il se fraye un chemin jusqu'au N9 à grand mal, en se tenant le bras, et joue rapidement de sa clef-Squelette dorée pour rentrer dans son labyrinthe, désert à cette heure. Il est presque fiévreux alors qu'il se fraye un chemin à travers le département, se tenant au mur, retenant sa respiration alors qu'il s'enfonce dans les couloirs prétendument abandonnés du N9. Il a l'impression que les murs se resserrent autour de lui, prêts à l'étouffer, et que l'épaisseur des ténèbres cache un monstre à l'haleine fétide...

Abbas a fait ce trajet un nombre incalculable de fois pendant la convalescence du Lord, lui apportant de quoi se nourrir et des provisions pour les expérimentations de Fitzroy. Il est familier avec l'impression tourmentante d'étouffement, il connait cette odeur rance de magie noire, cette impression aussi d'être observé, décortiqué, affaibli. Ce trajet ne lui a jamais semblé aussi long, et il est presque soulagé quand il passe la dernière porte, à bout de souffle, la douleur lancinante dans son crâne n'ayant de cesse de battre à ses tempes.

L'endroit est éclairé, comme toujours, d'une lumière magique et froide qui tire des ombres impossibles sur le sol et les murs. Fitzroy se trouve avec le Lord au centre de la pièce, et le corps de ce dernier ne bouge pas.

Le coeur d'Abbas fait un saut périlleux dans sa poitrine, un mélange de soulagement et d'effroi, et il reste un moment tétanisé dans l'encadrement de la porte en plomb qu'il vient d'ouvrir. C'est seulement quand le regard lourd et mort de Fitzroy se pose sur lui qu'il se met en marche et s'avance en trébuchant, en attrapant sa baguette d'une main tremblante, plongeant son autre main dans sa poche.

Abbas s'écroule près du corps du Lord et dispose autour de lui huit morceaux d'ambre à la teinte rougeâtre. Ils doivent préserver le corps, selon les instructions laissées par le Lord et rectifiée par Fitzroy. Abbas a l'impression que sa langue est comme du papier de verre contre les parois de sa gorge et de sa bouche alors qu'il bredouille le sortilège appris par coeur, baguette en main. Les morceaux d'ambre sont reliés par un fil magique qui construit un dôme autour du corps du Lord, dont la surface devient ambrée jusqu'à ce que son corps soit emprisonné dans un état de stasis pour un temps indéterminée.

Une fois qu'il a fini, Abbas se laisse retomber en arrière et ferme les yeux pour calmer ses vertiges. "Nagini, was he... was he with you?" demande-t-il d'une voix éraillée à Fitzroy, les yeux flous et embués de larmes quand il les rouvre pour les poser sur l'alchimiste. "We need to get the boy, and Umbridge, too. The private Floo Network collapsed but he lives on Diagon Alley with the Malfoy kid, you need to--" Abbas s'interrompt quand l'épaisse lourde en plomb de la pièce grince de nouveau sur ses gonds et qu'il relève les yeux vers... une Umbridge extatique, aux dents blanches étincelantes et aux yeux rouges pernicieux. "Oh, no."

tw: idéation de suicide, euh creepy much?

La main d'Umbridge pèse des tonnes sur son épaule et à chaque fois que Harry bouge, il peut sentir ses ongles acérés s'enfoncer dans sa chair et répandre des décharges électriques le long de son torse et de son bras. Il a déjà fait ce trajet par le passé, accompagné par un Shafiq morose et fatigué, et c'est là qu'il a découvert les sordides plans de Voldemort, sa pierre philosophale sanguine et ses désillusions d'immortalité impossible. Harry se demande parfois pourquoi le Lord s'est ainsi confié à lui et pourquoi il semble si attaché à sa personne. Ne devrait-il pas le détester? Pourquoi n'est-il pas mort? Harry a cru qu'il allait mourir des dizaines de fois. Plusieurs fois, il aurait préféré mourir à vrai dire, s'abandonner au noir et à la douleur, au désespoir et au froid. Mais à chaque fois qu'il était sur le point d'abandonner, que son corps allait lâcher, on le soignait, on l'aidait, on le rassurait et on le reconstruisait, en lui rappelant d'être reconnaissant et fier d'être là, en vie. Harry sait qu'on ne le laissera pas mourir. Il ne comprend toujours pas pourquoi mais il a appris à réapprécier la demi-vie qu'on lui a offert, grâce à Draco notamment. Sans lui, il ignore si il aurait seulement le moindre désir de continuer cette mascarade douloureuse qu'est devenue son existence.

"What is going on?" demande-t-il à mi-voix à Umbridge qui, dans son dos, rit légèrement. Harry sent son souffle sur sa nuque qui s'hérisse, et elle le pousse avec brusquerie dans les couloirs étroits du Département des Mystères. Il ignore où elle s'est procurée la clef dorée en forme de crâne humain qu'il a vu apparaître dans sa main quand ils sont arrivés au N9, et il ne lui a pas posé la uestion. C'est à vrai dire la première phrase qui traverse ses lèvres depuis qu'ils ont quitté Diagon Alley, laissant derrière eux un Draco inquiet et confus, à qui Harry a essayé d'adresser une mimique rassurante. "Where is the Lord?" Les doigts d'Umbridge s'enfoncent un peu plus dans son épaule, envoyant une autre déflagration de douleur dans son corps. "Can't you tell?" Sa voix envoie une nuée de frissons sous la peau de Harry, qui préfère se taire en suivant le petit couloir mal éclairé où ils se trouvent.

Les murs semblent se rapprocher à mesure qu'ils avancent. À la fin du chemin, ils effleurent même les épaules de Harry alors qu'il avance, et il doit se mettre de profil pour laisser Umbridge passer devant pour ouvrir l'épaisse porte en plomb noir qui leur fait face. Alors qu'elle se démène avec sa clef, Harry est tenté de courir dans l'autre sens pour s'échapper. Quand elle est passée sous son nez, il a été agressé par l'odeur de soufre et d'oeuf pourri émanant d'elle, à mille lieues de son parfum sucré et fruité habituel. Cette odeur lui rappelle la magie noire de Voldemort. Et cette énergie mystérieuse pulsant du médaillon autour de son cou...

Harry déglutit quand Umbridge parvient enfin à ouvrir la porte et il la suit dans la grotte aménagée. Comme la dernière fois, l'endroit est immense, d'une manière presque surnaturelle, et éclairé de cette lumière changeante qui dessine des ombres aux formes incompréhensibles sur le sol et sur les murs. De nombreux symboles, runes et cercles sont gravés et tracés avec du sang sur le sol, et une odeur rance de renfermé traîne dans la pièce. Les yeux de Harry se posent sur les trois silhouettes au milieu de l'endroit. Il reconnait Shafiq, mais pas l'homme à ses côtés. Le Lord, quant à lui, semble emprisonné dans une prison d'ambre, son corps pâle et immobile au milieu de la pièce.

Le coeur de Harry fait une embardée et il se sent blêmir, ses cheveux se dressant sur sa tête presque douloureusement. Le Lord est... le Lord est...

Comme si elle avait entendu ses pensées, Umbridge se met à rire. "Well well well, what do we have here?" Elle s'approche des deux Mangemorts, ses talons cliquetant sur la pierre de la pièce. "A spineless coward and a shard of ice walk into a bar. Who gets served first?" En parlant, toujours de cette voix froide et terrifiante que Harry ne lui reconnaît pas, Umbridge sort sa baguette rose pâle des plis de sa robe. Elle s'arrête à quelques mètres de Shafiq et de l'autre homme, et Harry rentre lentement dans la pièce en longeant le mur, terrifié, pour voir son visage.

Il est toujours découpé d'un sourire froid et semblant forcé, tirant sur les plis épais de son visage immonde. Sa peau semble avoir pâli depuis qu'elle est venue le chercher à l'appartement, et ses veines ressortent d'autant plus sous la lumière blafarde de la grotte. "Tut-tut-tut," fait-elle d'un ton léger quand elle voit les deux autres Mangemorts faire un mouvement. "You wouldn't want to hurt him, would you?" Pendant un instant, Harry pense qu'elle parle de lui mais Umbridge lève son autre bras et de la manche de sa cape apparaît le serpent du Lord, Nagini.

Harry s'en souvient comme d'un monste terrifiant, épais et musclé, aux écailles étincelantes et acérées. Ce qu'il a sous les yeux est... pathétique et lui rappelle vaguement la fois où il était allé au zoo avec les Dursley, le serpent famélique et faible qu'il avait sauvé d'une vie en captivité et d'une mort prochaine certaine. Nagini relève faiblement la tête quand Umbridge lève le bras et le fait s'enrouler autour de ses épaules, mais ne réagit pas plus que ça. Harry ne l'a jamais vu plus complacent qu'auprès d'Umbridge.

"Now please get away from His body," reprend-t-elle d'une voix joyeuse, en faisant un mouvement de baguette en direction de la prison ambrée. "We won't be needing it anymore. As you can see, the Lord has found a much healthier and, dare I say, handsomer host to do His bidding. Chop chop." Le sourire qui étire ses lèvres est mort, et Harry se renforgne dans son coin de ténèbres avec angoisse. "I would advise that you decide to be reasonable, misters."

tw: douleur, mort

Le Lord est mort.

De ses yeux, Otto l’a vu s’éteindre et retomber froidement sur le sol, la vie de son Maître arrachée par ni plus ni moins que la main de Shacklebolt. L’esprit de l’alchimiste habituellement autrement plus pragmatique joue et rejoue cette scène, la vision de l’éclair vert frappant de plein fouet la poitrine du mage noir, essayant déjà d’en décortiquer et passer au peigne fin chaque détail pour comprendre comment cela a pu arriver, sous ses yeux. Ce n’est pas le moment de se manger les doigts et d’explorer les innombrables scénario qui auraient pu arriver, s’il n’avait pas relâché sa garde un bref instant.

Le Lord est mort, mais ce n’est certainement pas la première fois qu’il côtoie l’autre côté du voile.

Sa baguette pointée devant lui pour faire léviter le corps du Lord, Otto avance dans les couloirs sombres et étriqués du Département des Mystères, se fraye un chemin d’un pas assuré. Il étoufferait presque sous l’air qui se raréfie à mesure qu’il progresse dans ce labyrinthe, ses poumons se remplissant plus de magie rance et tenace que d’oxygène. Et pourtant, plus il lui semble suffoquer, plus il sent couler dans ses veines une ivresse presque extatique qui, dans ses meilleurs jours, lui tirerait l’ombre d’un sourire. La magie du Lord est partout en ces lieux, vibrante, puissante, faisant presque trembler les murs et la surface de sa peau couverte de sueur.

Le Lord est mort, mais il est toujours avec eux, l’appelle un peu plus à lui, s’infiltre dans sa chair, fait battre douloureusement le tatouage marquant son avant-bras. Et cette douleur, Otto s’en nourrit, s’y raccroche, manquerait de le rendre euphorique s’il en était capable.

”You took your sweet time.” Le regard du sorcier se tourne vers Shafiq lorsqu’il pénètre dans la pièce tout juste éclairée. Il a suivi froidement, méthodiquement les instructions mises au point avec le Lord il y a dix ans de cela déjà, disposant son corps au centre de sa la pièce, retirant sa cape, dépliant ses membres, avec le soin qu’on lui connaît quand on en vient à la pratique de son art. Otto présente un calme glacial, contrastant avec l’air affolé de son confrère qui se jette au sol à ses côtés pour disposer les pierres ambrées autour du corps de leur Seigneur - cela n’empêche en rien son cœur de tambouriner violemment contre sa poitrine.

Le Lord est mort, et le Lord va vivre, certes, mais à quel prix ? Dans quel état se trouvera-t-il quand il se réveillera avec seulement deux morceaux d’âme restant ?

Ces questionnements sont relégués à l’arrière de son crâne, et Otto lève sa baguette pour énoncer avec Shafiq la formule permettant de préserver le corps du Lord. Ses yeux restent rivés sur son confrère, ne serait-ce que pour s’assurer que son état de panique ne le fera pas bégayer ou oublier l’incantation. Le Lord semble placer une certaine confiance en lui, suffisamment pour lui confier sa vie, et c’est suffisant pour qu’Otto lui fasse également confiance. Mais si ça ne tenait qu’à lui… Dans un soupir, il laisse retomber son bras en baissant le regard sur la carcasse du mage noir cristallisée dans un cocon protecteur. ”Nagini, was he... was he with you? – No.” La gorge sèche, Otto déglutit en observant les larmes monter aux yeux de son vis-à-vis ; ce n’est pas le moment de se laisser aller à ses émotions, il leur faut réfléchir, et vite. ”We need to get the boy, and Umbridge, too. The private Floo Network collapsed but he lives on Diagon Alley with the Malfoy kid, you need to-- Oh, no.” Il semblerait qu’ils n’ont pas à se déplacer pour aller chercher les précieux réceptacles du Lord.

La mâchoire du Mangemort se contracte brusquement en voyant Umbridge pénétrer dans la pièce. La vision pourrait être presque rassurante, si sa consœur n’arborait pas un sourire extatique, et deux grandes pupilles rougeâtres, un visage presque déformé ne lui ressemblant guère. La vision pourrait être presque rassurante, si sa baguette n’était pas pointée sur le garçon. ”Well well well, what do we have here? A spineless coward and a shard of ice walk into a bar. Who gets served first?” Avant même de chercher à esquisser un geste, Otto baisse les yeux sur le médaillon ouvert sur la poitrine d’Umbridge, et sent un frisson parcourir son échine, mais bien moins violent que celui qui le prend lorsque Nagini apparaît de la manche de la sorcière pour s’enrouler autour de ses épaules. ”You wouldn't want to hurt him, would you?” Une bouffée de colère, rare, presque inédite, brute, traverse l’alchimiste, qui se relève le plus doucement possible sans quitter Umbridge du regard. Comment ose-t-elle mettre en danger la possibilité de ramener le Lord ? ”Now please get away from His body. We won't be needing it anymore. As you can see, the Lord has found a much healthier and, dare I say, handsomer host to do His bidding. Chop chop. I would advise that you decide to be reasonable, misters.” La situation est pire que ce qu’Otto avait anticipé. La magie du Lord vibre dans le regard sanguinolent de la sorcière, émane d’elle presque à l'œil nu, Umbridge parfaitement aveuglée et possédée par un pouvoir bien plus puissant qu’elle, bien trop puissant. It’s wrong. Et il sait que Shafiq, vers qui ses yeux se tournent, peut le sentir aussi bien que lui. Il échange un bref regard avec lui alors que le silence retombe, et que chaque personne dans la salle reste immobile ; bref, mais suffisamment long et éloquent, espère-t-il, pour lui faire comprendre qu’il est hors de question qu’ils laissent accès au corps du Lord.

Otto resserre ses doigts sur sa baguette, sans bouger néanmoins, alors qu’il détaille Umbridge avec son froid et calme habituels. ”You know we can't do that. My dear Dolores, I think you’re not able to see the situation clearly. The locket is speaking, you’re not”, expose méthodiquement Otto, sa voix sèche claquant dans l’air. Il est parfaitement conscient que parlementer avec une sorcière possédée n’aidera en rien à la ramener à la raison. Mais il peut gagner ainsi un minimum de temps, évaluer la situation, et éventuellement mettre à l'abri Nagini et le garçon. ”You’re aware His power will eventually have you rotted and killed, it will drain you as much as you will drain It. This would simply be a waste, and you don’t want to compromise the Lord’s possibility to rise again.” Toujours, l’alchimiste reste sur place, entre Umbridge et le corps protégé du Lord ; jamais il ne lui donnera accès au seul réceptacle viable pour accueillir Sa magie, Son âme, Son essence. Il a vraiment fallu qu’il se retrouve dans cette situation, entouré d’un Shafiq qu’il peut sentir transpirer d’ici, du garçon qui observe la scène de son regard bovin, et de Nagini lui aussi vraisemblablement envoûté par le médaillon. Otto se sent aussi seul que lorsqu’il se trouvait au fond de sa cellule à Azkaban. ”Let Nagini and the boy go, Dolores. There’s no point in dragging them into this.” Sa main est stable autour de sa baguette, prêt à la pointer à tout moment vers le sol pour graver un cercle, ou directement vers Umbridge au besoin, quitte à endommager le médaillon et le serpent du Lord au passage. Il lui faut en préserver au moins l’un des trois, et s’il a toujours vu le garçon comme un ultime recours, peut-être sera-t-il leur seule chance, ce soir.

Les mains d'Abbas tremblent alors qu'elles traversent ses cheveux, les recoiffant nerveusement dans des mouvements saccadés et répétitifs. Il suspend seulement ses gestes quand Umbridge se met à rire, un son strident et dissonnant qui lui glace les sangs. "Well well well, what do we have here?" Abbas se force à expirer posément, en ramenant lentement ses membres contre lui pour se relever doucement, les genoux tremblants toujours. "A spineless coward and a shard of ice walk into a bar. Who gets served first?" Abbas referme ses doigts sur sa baguette en l'entendant, son coeur plongeant dans sa poitrine. Le médaillon ouvert sur sa poitrine, les yeux rouges et le sourire sans joie d'Umbridge ne mentent pas, il comprend très bien ce qu'il s'est passé ce soir quand l'Ordre... qu'ont-ils fait exactement? Abbas a dû mal à se figurer le Lord perdre un duel. Il jette un regard en biais à Fitzroy dont la composure normalement glaciale exulte d'une haine sans pareille pour l'immonde chimère qu'ils ont sous les yeux. Abbas commence lentement à lever sa baguette, mais s'interrompt quand Umbridge les interpelle: "Tut-tut-tut. You wouldn't want to hurt him, would you?"

Un frémissement parcourt la peau d'Abbas et font se hérisser ses cheveux sur son crâne quand il voit Nagini sortir de la manche de l'affreuse Sous-Secrétaire d'État, le serpent s'enroulant lentement autour de ses épaules et de son cou. L'animal fétiche du Lord est chétif et pâle, comme si il était sur le point de mourir. "Now please get away from His body. We won't be needing it anymore. As you can see, the Lord has found a much healthier and, dare I say, handsomer host to do His bidding. Chop chop. I would advise that you decide to be reasonable, misters." Fitzroy et lui échangent un regard. Abbas est légèrement tenté de la laisser faire, elle est Marquée elle aussi après tout, et il n'a nullement envie de se battre - encore moins avec la soirée qu'il vient de passer. Mais le regard immuable de Fitzroy fait le choix pour lui.

”You know we can't do that. My dear Dolores, I think you’re not able to see the situation clearly. The locket is speaking, you’re not. You’re aware His power will eventually have you rotted and killed, it will drain you as much as you will drain It. This would simply be a waste, and you don’t want to compromise the Lord’s possibility to rise again.” Fitzroy parle bien plus qu'Abbas ne l'a jamais entendu, mais il ne l'écoute que d'une oreille, gardant ses yeux noirs fixés sur Umbridge. Ils n'auront pas beaucoup de temps une fois que les sorts se metteront à filer. Fitzroy est compétent, et un alchimiste de talent - il se défendra bien. Il leur faut préserver le corps du Lord, ainsi que le serpent... ou le garçon. Ce dernier s'est carapaté dans un coin, ses yeux verts agrandis d'effroi. Lui aussi a l'air plus chétif qu'avant, plus pâle aussi. Les yeux d'Abbas reviennent à Umbridge. ”Let Nagini and the boy go, Dolores. There’s no point in dragging them into this.” Les yeux rouges de la bonne femme les regardent tour à tour. "No. - Walk away, Dolores." Si la voix de Fitzroy est inflexible, celle d'Abbas est suppliante - en l'entendant, Umbridge sourit. "I said no."

Un léger silence s'installe.

"OTTO - THE BOY!" hurle Abbas en se jetant en avant, pointant sa baguette vers Umbridge et laissant filer un Legilimens silencieux qui la cueille en pleine face. Abbas s'enfonce dans son esprit comme un bulldozer écrasant tout sur son passage. Pensée après pensée, mur après mur - il y a un bruit de fond, et il lui faut quelques instants (infinis pour lui) pour réaliser que c'est lui en train de gémir de douleur. Certains esprits sont plus lisses que d'autres, moins confus, faciles à naviguer. Celui-ci est accidenté. Il y a les images de la vie sans importance d'Umbridge, et la colère froide implacable du Lord. Abbas a passé beaucoup de temps avec le Lord depuis sa promotion inattendue, petit jouet manipulable et mou duquel on peut faire ce que l'on désire sans avoir peur d'être doublé ou contrecarré (le Lord l'a bien choisi pour une raison). Il pourrait dire qu'il a l'impression de le comprendre.

Il réalise que ce n'est pas le cas en explorant ses pensées, quoique bien accrochées aux tendances hypocrites et mielleuses d'Umbridge. Il voit un orphelinat sombre et cruel; le visage rajeuni et bienveillant de Dumbledore; les cachots humides où enseignait Slughorn; le visage terrifié d'Hagrid; une tombe solitaire ornée du nom Merope Gaunt; le goût du sang; la douleur de ses muscles; son reflet déformé dans le miroir; la main argentée de Pettigrew; un visage qui ne lui appartient pas; les centaines de corps morts étalés devant lui; la baguette de Sureau ne lui obéissant pas tout à fait; les yeux terrifiés d'Harry; le regard apeuré d'Abbas; la crainte non-dissimulée dans les yeux inquiets d'Umbridge; et la peur. Sa peur.

La peur lui nouant l'estomac, la peur le rendant fou de rage, la peur qui l'empêche de dormir - la peur de mourir.

Les yeux rouges du Lord lui apparaissent comme un cauchemar. "Get out."

Abbas est expulsé des pensées de Lord Voldemort dans un sursaut douloureux. Umbridge pousse un hurlement de douleur en levant une main aveugle vers son front, sa baguette faisant apparaître une gerbe de flammes noires qui vont éclairer le plafond de la caverne. À peine une seconde s'est déroulée depuis le début du Legilimens, réalise Abbas en voyant seulement Otto se mettre en marche. Comment est-ce possible? Il est en train de tomber, ses jambes fauchées sous lui, et il a à peine le temps de souffler un "reducto" en direction du sol sous les pieds d'Umbridge avant de voir des points noirs envahir son regard alors qu'il tombe à genoux en gémissant.