BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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 BRISE-LAME ⊹ AS MEAT LOVES SALT.

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Anna-Lise Kasuga
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Anna-Lise Kasuga
Date d'inscription : 27/04/2021
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Crédit : dionysass (av). tumblr (gifs). mary shelley (quotes).
Âge : trente-six ans (11/11).
Occupation : matricule #69 au Mutex, ancienne agent-double.
Allégeance : la Science™.
Particularité : maudite (rolling eyes), occlumens confirmée (complexe), troisième oeil (arithmancie).
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abram carrow
It is true, we shall be monsters, cut off from all the world; but on that account we shall be more attached to one another.
tw: sang, chirurgie

Anna-Lise revient à la vie dans un long cri éraillé.
Son corps s'arc-boute dans un mouvement violent, formant un arc de cercle parfait sur le bureau d'Abram, et ses yeux se révulsent dans leurs orbites.
Pendant un bref instant, le monde entier devient noir et douleur pour elle. Rien d'autre ne semble exister que cette obscurité poisseuse et lourde qui la maintient épinglée sur la table opératoire d'infortune comme un insecte sous verre dans une collection entomologique. Ses muscles sont crispés dans une position inconfortable, qui lui fait mal, et c'est à cette douleur qu'Anna-Lise se raccroche pour revenir à une conscience toute relative.

C'est en répondant à un instinct primal que ses membres battent l'air pour repousser ce que son corps considère comme son attaquant: son talon s'enfonce dans l'épaule d'Abram penché au-dessus d'elle et son genou manque de lui briser le nez quand elle le relève brutalement. Elle n'a pas l'impression d'être dans son corps mais simplement de se voir faire: Anna-Lise repousse le directeur du MuTex avec une violence aveugle, jusqu'à le propulser parterre, Anna-Lise ahanne difficilement en s'étranglant sur le sang qui remonte dans sa gorge, Anna-Lise s'assied d'un mouvement brusque pour darder des yeux infinis sur la pièce autour d'elle, Anna-Lise est en vie.

Il lui faut quelques secondes pour chasser les derniers trous noirs de sa vision. Elle papillonne des yeux en se redressant, à bout de souffle, sa poitrine se soulevant difficilement. Sa chair est encore tendre et elle sent son coeur, son nouveau coeur, battre à tout va entre ses côtes. Anna-Lise tâte sa poitrine d'un air hébété, ses doigts suivant la ligne de l'incision entre ses seins en éprouvant la peau encore rouge, les fils de suture magiques encore douloureux. Elle est recouverte de sang, le sien, et tous ses nerfs sont en feu. Mais elle est en vie.

Ses grands yeux noirs s'écarquillent et elle les pose sur Abram, dont les mains et le visage sont recouverts de sang - le sien là encore. Son nez a quant à lui commencé à doubler de volume, et à saigner. Anna-Lise observe comme un aigle la goutte de sang qui est à deux doigts de couler jusqu'à sa lèvre.

Anna-Lise baisse de nouveau le regard sur ses mains, qui tremblent très légèrement, comme à chaque réveil. Elle serre les poings, regarde les tendons à l'arrière de ses mains osseuses se soulever sous sa peau pâle comme des chaînes. Son coeur fait toujours le colibri dans sa poitrine. Elle l'a choisi et retiré elle-même de son ancien propriétaire, un sang-mêlé, et l'a entretenu pendant toute la semaine qui a précédé l'opération, continuant à le faire fonctionner avec l'une des nombreuses machines du MuTex. Rendu exsangue, il n'est qu'un muscle, un énème outil, et le sang d'Anna-Lise est toujours aussi pur dans ses veines.

Maintenant qu'elle ne sent plus le poids accablant de la malédiction, elle se sent plus légère, et un sourire soulagé et manique s'étire sur ses lèvres. Anna-Lise regarde de nouveau Abram et se force à analiser l'expression de son visage. Même si elle sait qu'il est très doué à manipuler ses traits, elle note la crispation de ses sourcils, la ligne dure de sa mâchoire, et la veine battant à sa tempe. Il est bouleversé. Non, dérangé. Non, tracassé. Non, souffrant. Non, Anna-Lise n'arrive pas à décrypter cette expression - elle ravale son agacement avec son sourire, en se souvenant que si elle est dans cette situation, c'est à cause de lui.
Et pourtant, elle ne ressent ni colère ni rage en cet instant précis; juste la puissance aveuglante du sang qui habite ses veines, l'exstase indéfinissable d'être en vie.

"There is something on your face," lui dit-elle espérant qu'il comprendra qu'elle a besoin d'aide pour bien comprendre son émotion. Anna-Lise se laisse glisser du bureau sans une pensée pour sa nudité, cherchant du regard ses affaires mais, surtout, son carnet d'observations. Elle garde rigoureusement des notes sur chaque opération. "How long was I under? In seconds." Normalement, elle est consciente tout du long - là, elle a perdu connaissance peu avant la fin de l'opération. Ce n'est rien de grave, du moins elle ne pense pas, même is elle est déçue de ne pas avoir pu profiter un peu plus de ce moment privilégié. Surtout ici... En cherchant robe et carnet, les yeux d'Anna-Lise explorent le bureau d'Abram, et elle doit réprimer l'envie pressante de lui faire visiter le reste du manoir.
Chaque chose en son temps. À la place, elle se rapproche d'Abram, ses yeux clignant répétitivement en absence de lunettes, le considérant avec curiosité. Elle regarde la goutte de son sang à lui qui est si proche de son sang à elle, et elle sent quelque chose de désagréable remuer au fond de ses entrailles. "What happened?"
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Abram Carrow
DEATH EATER
Abram Carrow
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Âge : Quarante-cinq quoiqu'Azkaban, entre autres joyeusetés, lui ait ravagé sa jeunesse relative.
Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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tw: sang, chirurgie

Abram ne se recule pas quand le corps arc-bouté d’Anna-Lise revient à la vie. Il ne se recule pas quand son cri transperce ses tympans. Abram est au-dessus d’elle comme un créateur au-dessus de sa création, les mains plantées de part et d’autre des bords du bureau qu’il a préféré à sa table d’examen (plus large, plus confortable pour le pentaculum qu’il a fallu marquer sous elle), les yeux exorbités par la folie de l’excès et la fièvre monomaniaque du refus d’échouer.

Il tient sa baguette dans l’une de ses paumes et vient d’achever un ixième maléfice autour et sur le corps dénudé d’Anna-Lise ; tandis que dans l’autre repose encore la bobine de fil magique ayant servi à recoudre les chairs entre elles. Abram a l’impression de respirer avec Anna-Lise. De revenir à la vie avec elle. Le ventre de sa langue-de-plomb se détache de son buste vêtu et rouge de sang pour retomber dans un bruit sourd succédé par le silence. Le silence et les bouches qui respirent, fort, de manière saccadée. La vision d’Anna-Lise contracturée comme un corps foudroyé hante un moment les pupilles du mage noir.

Jusqu’à ce qu’elle se débatte et lui envoie un coup de genou qui le repousse. Abram tombe à la renverse, dégringolant sur le sol en pierre de son atelier qui l’accueille avec toute la dureté dont un sol en pierre est capable. Le râle qu’il a poussé en tombant se termine en grimace, tandis qu’il appuie le dos de sa main armée contre son nez de rapace pété. Abram se redresse sans tarder, animé par la volonté seule de continuer à observer (à étudier) sa création ressuscitée. Il s’assoit, puis se lève avec une certaine pénibilité eu égard à toute l’énergie qu’il a dû déployer les minutes d’avant. Sa nervosité naturelle et aggravée par le shot d’adrénaline donne cependant à ses gestes et ses longs membres une vivacité paradoxale, comme une acromentule bougerait dans l’eau.

Debout, il dévore la jeune-femme des yeux ; en ne voyant pas sa peau dénudée, mais son pouls battre la chamade sous ses maxillaires étroites, sa poitrine nouvellement tissée se soulever de manière erratique, et ses yeux sans lunettes s’ouvrir grand sous les lueurs tamisées. Il n’a pas eu peur de la perdre. Il a agi par réflexe, les gestes mécaniques et rapides, avec une précision chirurgicale, et prêt à tout pour que cette précision repousse la Mort. Il n’a pas eu peur de la perdre, mais il a souhaité qu’elle vive. Pour la monstruosité de son œuvre et son aberration. Abram a développé une fascination perverse pour ce qu’Anna-Lise est devenue (par sa faute). Une fascination qui frôle l’autolâtrie, et dérive parfois même en idolâtrie quand, toute sage et disciplinée, Anna-Lise lui apporte les cœurs qu’elle a arrachés à ses cadavres pour qu’il les lui plante profondément en elle. Son nez pisse maintenant le sang et Abram se doit d’avouer, aussi, que le gâchis de sa perte l’aurait probablement rongé de haine ; parce qu’elle est son œuvre, son aberration, et qu’elle pourra mourir quand il le lui autorisera seulement.

"There is something on your face. - On yours too." Les billes noires fixent le sourire d’Anna-Lise comme s’il s’agissait là d’un nouveau phénomène à étudier. Sa légilimancie s’est étendue par habitude, léchant la silhouette nue et son esprit plus particulièrement, autour duquel elle vibre et s’insère. Sans aller trop loin. Mais assez pour palper les bribes d’émotions que le mur de l’occlumens laisse échapper ici et là. Il sait qu’elle le hait. Il sait aussi qu’elle ne le hait pas. Un paradoxe presque aussi fascinant que l’œuvre en elle-même. Abram relâche la pression dont son buste est rempli en soufflant longuement. Il dépose la bobine de fil magique et se soigne négligemment le nez. L’hémorragie nasale s’arrête un peu après que le gonflement se soit réduit. C’est assez comme ça. Il se recoiffe d’une main osseuse qui plaque en arrière ses mèches grasses et éclaboussées de sang.

Un regard est égaré dans le geste. Un regard pour les épaules nues d’Anna-Lise, et le rebond de ses seins quand elle marche en direction de son carnet. Abram sent une attirance physique pour sa langue-de-plomb, aussi puissante qu’éphémère. C’est déjà arrivé. Ça arrivera encore. Il en fait peu cas.

"How long was I under? In seconds." Le perfectionnisme de la langue-de-plomb est accueilli sans expression, comme s’il s’agissait là d’une norme. Il tire sa montre à gousset et l’inspecte, tâchant de rouge le verre derrière lequel quatre aiguilles tournent. Une pour l’heure. Une pour les minutes. Une pour les secondes. Et une dernière pour le Seigneur seul sait quoi, tournant à un rythme qui n’est jamais le même. "Three hundred and six seconds." Abram détache son regard du cadran au moment où Anna-Lise est en face de lui. Sa légilimancie continue de tourner en elle, de fouiller comme une bête affamée fouille un nid ou un terrier, mais elle le fait sans infliger de douleur volontaire. Il est arrivé une fois, et une seule, qu’il s’insère méchamment en elle, et c’était uniquement pour lui rappeler à qui elle s’adressait. "What happened?" Il range sa montre et réfléchit en ne détachant pas son regard malade et cerné de celui érodé et buté d’Anna-Lise. Temps de réflexion. "The mechanical assistance broke down." Il plisse les yeux. Coule un regard à la machine en question. "Not due to any malfunction; I checked everything before the procedure." Il en revient à Anna-Lise, dont il observe avec un intérêt détaché l’épaisse et grande cicatrice balafrant son thorax. La sensation humide et épaisse du cœur inanimé entre ses mains lui revient dans les paumes. Il remue ses doigts dans le vide, les bras ballants. "It must be an umpteenth magical anomaly. We'll have to be more careful, next time", préconise-t-il avec flegme, ramenant ses yeux dans ceux d’Anna-Lise.

"What happened?" La question revient en écho dans la bouche du Mangemort. La goutte pendant à son nez tombe au-dessus de sa lèvre mal rasée. Il s’en débarrasse d’un geste de pogne avant d’absorber les résidus de sa lèvre inférieure. Saveur de fer. De mort et de magie noire. Un frisson de plaisir traverse sa mâchoire et teinte ses yeux mornes d’une lueur malsaine. Il se sent excité par cette saveur. C’est déjà arrivé. Ça arrivera encore. Il en fait peu cas. "Just before. During. And right after."
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Anna-Lise Kasuga
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Anna-Lise Kasuga
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tw: sang, mention de chirurgie, de mort

Lorsqu'Abram baisse les yeux vers sa montre, Anna-Lise ne se cache pas de son observation obsessive des traits de son visage, le détaillant analytiquement entre deux mèches-épis poisseuses de sueur et de sang. Elle essaye, et échoue, de lui trouver une ressemblance avec Hestia. Elle devine plus qu'elle ne voit le trait familier avec Amabella Shacklebolt, qu'elle connait peu. Elle tente de déceler ce qu'un homme tordu et puissant comme lui peut apporter à un carriériste comme Simon. Mais peu importe le nombre d'heures qu'elle a passé à l'examiner, la nature profonde d'Abram Carrow lui échappe encore.

"Three hundred and six seconds." Anna-Lise détourne seulement les yeux pour les baisser sur son carnet. Protégé magiquement, il ne se tâche pas du sang et n'accepte que l'encre qu'elle utilise pour écrire avec la plume prise à la va-vite sur le bureau de son boss (elle essayera ensuite de la voler et de la ramener chez elle). Elle écrit les trois chiffres en question, puis une série de treize autres, sans un mot ni une explication.

Elle s'arrache à l'envie pressante d'analyser les chiffres devant elle pour s'approcher de son bourreau, après avoir reposé plume et carnet. Quelque chose était différent, cette fois. Quelque chose de dangereux et de terrifiant.
Tout devrait être dangereux et terrifiant, au contact d'Abram Carrow. Anna-Lise le sait, tout comme elle sait qu'elle devrait le redouter, et se méfier de lui. Mais personne ne l'a touchée comme lui la touche, et personne ne l'a jamais regardée comme lui la regarde - comme un exploit, comme un miracle, comme une aberration, comme un succès. A-t-elle jamais été comprise plus profondément que par l'homme qui enfonce plusieurs fois par an ses mains dans sa poitrine?

Elle peut sentir son attention sur elle comme autant de piqûres d'aiguilles chauffées à blanc, sur son corps et son esprit. Anna-Lise a l'habitude du bourdonnement environnant Abram, sa manière de presser sur ses barrières mentales sans répit ni force. Autour de lui, elle est toujours vigilante - meilleure. "The mechanical assistance broke down." Ils tournent de concert leur regard vers la machine en question, la mâchoire d'Anna-Lise serrée d'indignation. "Not due to any malfunction; I checked everything before the procedure." Son cœur se remet à battre follement dans sa poitrine sous l’œil de son chirurgien; Anna-Lise se sent s'empourprer, de colère plus que de gêne, à l'idée qu'il n'ait peut-être pas été assez méthodique.

Néanmoins, elle ne pas vocalise ce potentiel pêché capital, tout simplement parce qu'elle sait qu'elle ne pourra pas retirer ses mots, et qu'ils seraient sans le moindre doute faux. "It must be an umpteenth magical anomaly. We'll have to be more careful, next time. - "Must be" is not explanation enough for me, and it shouldn't be for you either," siffle-t-elle en se forçant à respirer calmement. "Fine." Elle obtempère, plie la nuque, renifle, garde une main-mise tremblante sur le débordement imminent de ses pensées et émotions. Pas devant lui - ce n'est pas qu'elle serait honteuse, pas vraiment, elle refuse simplement de lui offrir cette satisfaction.
Pour l'instant.

"What happened?" Anna-Lise est désolée de voir le sang d'Abram disparaître dans sa bouche; en écho, elle passe sa langue sur ses lèvres distraitement. "Just before. During. And right after. - Nothing at all. Just... just darkness." Mais rien de rassurant: en ravalant son énervement et son agacement, Anna-Lise est de nouveau confrontée au vide abyssal qui l'a attendue dans l'inconscience, cette obscurité pesante et terrifiante qu'elle n'a jamais observée avant. Elle frissonne sous une brise imaginaire et se détourne d'Abram, croisant ses bras sur sa poitrine, soudainement pudique, gênée ou mal à l'aise, difficile à dire.
Elle a les doigts trop gourds et le corps trop poisseux pour ré-enfiler sa robe; elle finit par jeter son dévolu sur son manteau, en coton épais, qu'elle enfile sans rien d'autre en récupérant ses lunettes dans l'une des poches. Elle se passe elle aussi une main dans les cheveux, les dégage de là où ils sont collés sur son front, son visage et son cou. Elle enfile ses lunettes, se pince l'arrête du nez, soupire.

De quoi se souvient-elle? Elle se souvient avoir mollement résisté contre la poigne autoritaire d'Abram autour de son bras lorsqu'ils avaient pris une cheminée ensemble pour se rendre au manoir. À sa grande déception, ils étaient directement arrivés dans son bureau. Ils avaient procédé comme à chaque fois précédente, l'échange de mains presque cérémonial du cœur, le déshabillage posé et lent, son regard défiant, celui désintéressé d'Abram, l'endormissement des nerfs de sa poitrine, la mise en marche des machines, la première incision, la deuxième, le sang, le regard concentré d'Abram, celui observateur d'Anna-Lise, le chatouillement de ses doigts sur sa peau, la torsion de ses côtes ouvertes, le sang, le froid du scalpel, le bruit des machines et puis-

"Not just darkness," rajoute-t-elle posément dans le silence éprouvant qui s'est abattu sur la pièce. "There was - something."

Anna-Lise fronce les sourcils, perplexe de sa propre confusion. Sa poitrine la démange, les sensations qui lui reviennent sont désagréables, elle regrette ne rien avoir mis sous son manteau mais se contente d’en resserrer les pans autour d’elle en frissonnant. "I’ve never died before." Elle se redresse à ces mots et le regarde, un rien accusatrice.

Elle n’a pas envie de s’avancer sur la nature de ce something, de dire quelque chose de faux. Anna-Lise a besoin de plus de temps, et lève le nez, un peu insolente, un peu défiante, un peu fragile. "I’m hungry."


Dernière édition par Anna-Lise Kasuga le Lun 5 Déc - 12:06, édité 1 fois
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Abram Carrow
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tw: sang (mention)

"Nothing at all. Just... just darkness." Quelque chose, donc. Abram regarde Anna-Lise et se retient de lui dire que : darkness is something. La déception se lit dans ses yeux et son regard n’en devient que plus hautain ; l’arrogance du reproche formulé quelques secondes plus tôt l’a tourné au vinaigre. Il est, maintenant, presque plus acide que du sulfure.

Abram continue de suivre Anna-Lise des yeux quand elle s’éloigne derechef pour s’habiller de son manteau. Il ne sait pas ce qu’il espérait entendre mais il espérait bien quelque chose et cette seule réalisation le laisse pantois, les sourcils évidemment froncés. Il réfléchit en silence pendant qu’il voit, sans détourner une seule fois ses billes noires, le tissu épais du manteau couvrir l’opale de la peau d’Anna-Lise. Le retour des Morts a soulevé des interrogations qui ne cessent de croître et de grossir dans le crâne inquisiteur d’Abram. Tout autant que ses théories et intentions se sont démultipliées et font encore des excroissances. Se pourrait-il que certaines d’entre elles soient portées par le désir d’un père attendant au mieux une apparition, au pire un signe de son enfant prodigue…? Il refuse d’y croire. Nouveau froncement de sourcils, cette fois consterné.  

"Not just darkness. There was - something." Abram regarde le col du manteau d’Anna-Lise qui s’est enroulé autour de sa nuque longue et fine. Il donne l’impression d’être resté dans ses pensées, lors même qu’elles se sont toutes et immédiatement arrêtées. "Something…", répète-il tout bas, tandis que lui et ses yeux restent figés. Darkness is something. L’ombre d’un sourire s’échappe. Elle donne à ses traits rogues un quelque chose de cruel. Abram n’a pas encore dit à Anna-Lise qu’un fragment de sa magie noire ronflait en elle, confortablement installé entre la tangibilité de ses chairs et l’intangibilité de son énergie vitale. Parfois, il se sent en elle. Comme s’il était possible de sentir un bout de soi excisé et planqué ailleurs. Abram se demande si le Seigneur ressent ça aussi, car Abram a cette prétention de croire que ce qu’il a accompli, ce qu’est Anna-Lise, est en passe de devenir aussi brillant et contre-nature que les horcruxes de leur Maître. Pour l’heure cependant, ce fragment ne doit pas l’aider lui à survivre, mais elle à mourir ; si d'aventure il lui prenait l’envie de le tuer.

Et il sait qu’elle en a très envie. Après tout, ce n’est pas comme si elle n’avait pas déjà essayé d’attenter à sa vie et cela ouvertement. Elle essaie encore, d’ailleurs, bien que moins ouvertement. Comme ce café servi très tôt dans la matinée. Un café qu’il savait être empoisonné mais qu’il a bu, sans détacher son regard du sien. Il pense lui révéler dans très peu de temps ce lien magique qui les lie pour savoir si Anna-Lise va continuer de vouloir l’empoisonner. Abram a la sensation qu’elle n’arrêtera pas. Ou alors in-extremis. C’est là une preuve qu’il l’estime. Qu’il la désire aussi, comme il désire toute chose mauvaise et malsaine. "I’ve never died before." Il sourit. De manière plus prononcée, cette fois. Ses yeux ne rient pas, évidemment. Ses yeux ne rient jamais. "And yet, here you are. Defying the odds." Il la contemple une dernière fois. Son teint, presque exsangue après l’importante perte de sang, la rend irréelle. Fantasmagorique. Le doute serait permis de la croire revenante et non pas revenue. Mais Abram ne doute pas. Il s’est senti en elle à l’instant même.

"I’m hungry." Il tourne les talons et contourne d’un pas cassant son bureau, en direction du dispositif d’assistance ventriculaire inexplicablement défectueux. "What a journey it is to crave a heart…" C’est comme s’il ne l’avait pas entendue. "There is nothing more vital and deeply buried than this organ. It is truly unfortunate to be affected in this particular spot. Every time we touch it, Death awaits, filled with hope." Contrairement à lui qui pullule de troubles et de maux la cruauté d’Abram est aseptique. Elle émet des faits avec une propreté chirurgicale. Sa main se pose sans douceur contre le matériel qu’il inspecte du bout de la baguette. Son nez lui fait encore mal. Il grimace quelques fois. "Yes. Of course you are hungry. You bled a lot." Abram sent ses semelles patauger dans la flaque rouge que la petite rivière de sang, à même le bureau où se trouvait Anna-Lise, a formé à force de s’écouler.

"Lerk!" Son appel tonne sans prévenir. Un craquement répond aussitôt, suivi par une voix crevassée. "Yes, master?" L’elfe de maison avance jusqu’à son maître. Sans arrêter son inspection, Abram tend une main en désignant vaguement Anna-Lise. "Fetch Lady Kasuga some-" Il s’arrête. Lerk attend, la nuque tendue, ses horribles petites mains tordues entre elles par nervosité. Abram interrompt son inspection, considérant sa langue-de-plomb de là où il se tient. Le portrait racé d’Anna-Lise, son port altier malgré la fatigue qui l’étreint, et son aplomb naturel qui fait que son menton est toujours haut et fier malgré les épreuves, saisissent Abram d’indignité. Il ne la fera pas manger dans son atelier comme un piètre prisonnier. Il a quelques standards, quand même, et Lady Kasuga, sans nul doute, mérite qu’il s’en rappelle. "Set the table and prepare the dinner. We are going to eat. - Yes, master." Lerk disparaît aussitôt.

"We will be alone." Leto ne mange plus que dans sa chambre, sise à l’aile ouest du manoir. Son fils insiste. Quant à Alecto… Alecto est retenue depuis des lustres à St Mungo’s. Sa seule et récente réapparition fut brève et Abram ne demande plus à ce qu’on dresse la table depuis. Quand il le faut, il mange dans la bibliothèque près de l’âtre. Abram range sa baguette après s’être très succinctement nettoyé du sang couvrant sa chemise et son pantalon. "You can keep the outfit, if needed." La chose lui est sincèrement égale. Il n’est pas le plus protocolaire des Sang-Pur, même si le coup d’œil qu’il égare sur le manteau dont Anna-Lise s’est seulement vêtue a quelque chose de dédaigneux. Par pur automatisme. Les longues secondes qui suivent, pendant lesquelles son regard insiste, trahissent en revanche une appréciation équivoque.

Près d’elle, il tend enfin le bras. "Shall we?"
Il les transplanera au beau milieu de la salle à manger où la t’immense table est déjà dressée.
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Anna-Lise Kasuga
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tw: spécisme, mention de sang

Anna-Lise n'aime pas les sourires d'Abram. Ils ne sont ni sincères, ni chaleureux - ce qui ne devrait pas l'étonner, bien entendu, mais qui parvient toujours à la rendre profondément mal à l'aise. Ce qui achève de l'énerver, en revanche, c'est la remarque qui suit, encore pire pour elle que son sourire mort: "And yet, here you are. Defying the odds." On dirait une deuxième malédiction. Défier les lois de la probabilité est quelque chose qui ne viendrait jamais à l'esprit d'Anna-Lise, dont le monde est régi par ces premières. Statistiques, probabilité, suites logiques, enchaînements techniques mathématiques: autant de petites choses qu'elle a souvent l'impression d'être seule à voir, ou à vouloir voir, et à comprendre.
Elle est déjà pâle, et le devient plus encore. Se ratatine tout en relevant le nez, frissonne tout en se sentant suer d'angoisse sous le manteau, se sent rassurée d'être avec Abram quand bien même il est la source de ses soucis et la personne la plus dangereuse et malsaine qu'elle ait jamais rencontrée.
Anna-Lise n'aime défier les lois de la probabilité, mais elle trouve un certain réconfort dans les paradoxes.

Abram, sans la moindre surprise, ignore sa demande ténue pour de la nourriture: Anna-Lise le regarde avec agacement traverser la pièce d'un air empressé et sérieux, qu'elle ne peut pas s'empêcher de trouver légèrement attirant. "What a journey it is to crave a heart…" Sa poitrine la démange de nouveau. Elle repense au chatouillis de ses doigts au plus profond d'elle, là où personne d'autre ne l'a jamais touchée, et où personne ne la touchera jamais. Embêtée des remous qu'elle ressent dans ses entrailles à cette idée, Anna-Lise se renfrogne en enfonçant son visage dans le col de son manteau qu'elle relève, et va s'asseoir contre le bureau en regardant les mains couvertes de sang d'Abram inspecter leur machine. "There is nothing more vital and deeply buried than this organ. It is truly unfortunate to be affected in this particular spot. Every time we touch it, Death awaits, filled with hope." Anna-Lise l'observe intensément, suit du regard la peau usée des revers de sa main, les mouvements de sa baguette, les froncements de son visage. "Why would Death await for something she knows will get there eventually? No one has ever escaped her." Elle regarde la manière qu'a sa chemise claire de coller à son avant-bras à travers laquelle elle peut voir sa Marque des Ténèbres. "No one, save your Lord, of course." Ni admiration, ni critique dans sa voix. Juste les faits.

Elle ne trouve pas en elle l'énervement habituel qui lui ferait rappeler que c'est de sa faute à lui si elle est touchée par une affliction pareille. Elle ne ressent qu'une profonde fatigue, et un certain mal-être. "Yes. Of course you are hungry. You bled a lot." Elle a passé le plus clair des deux semaines précédentes à prendre des potions de régénération (jusqu'à en tomber malade) tout en se drainant progressivement de sang afin nourrir la machine pendant l'opération. Hors de question pour elle que de se fournir avec autre chose que son propre sang - si le coeur n'est pas pur, ses veines ne peuvent pas être remplies de quoique ce soit d'autre.
Elle sursaute comme une forcenée quand Abram appelle son elfe, et grimace en voyant l'ignoble petit monstre apparaître. Elle déteste ces bêtes, qu'elle ne peut pas considérer autrement que comme telles. Ses domestiques sont des né.es-moldu.es. "Fetch Lady Kasuga some-" Brusquement, Anna-Lise arrache son regard du monstre pour le planter sur Abram.

He knows my name. C'est ridicule: évidemment qu'il connait son nom. Ils se connaissent depuis des années. Il a assisté à sa soutenance. Il lui a envoyé moultes lettres. Il travaille avec elle depuis plusieurs années. Il la regarde comme ça. Évidemment qu'il connait son nom.
Et pourtant, elle ne se souvient pas de la dernière fois qu'il l'a utilisé. Anna-Lise déteste le feu dévorant de satisfaction qui s'allume en elle, la curiosité ravie dans ses yeux qui tombent dans le regard impavide et froid d'Abram Carrow. Elle se sent déchiquetée sous son attention, éparpillée en mille morceaux, et elle se redresse, laisse le manteau s'ouvrir un peu sur son corps nu.

"Set the table and prepare the dinner. We are going to eat. - Yes, master." Anna-Lise réalise seulement qu'elle aurait sans doute dû s'insurger qu'il ait été sur le point de la nourrir à même son bureau crasseux de sang; elle pince des lèvres en sursautant quand la bête quitte la pièce. "We will be alone." Anna-Lise ne parvient pas à calmer la pointe de déception qui s'installe dans sa poitrine à cette idée et qui la fait tiquer. Elle a eu l'honneur de rencontrer les sœurs Carrow à quelques soirées mondaines de l'élite de Londres, et elle aurait été curieuse de les voir dans un autre contexte.

Toute information qu'elle peut grappiller d'Abram lui semble capitale. Elle ne sait pas encore pour quelle raison - mais elle trouvera. "You can keep the outfit, if needed." Son regard sur elle est comme un faisceau brûlant. Anna-Lise sent sa nuque se hérisser, et elle se force à ne pas bouger de là où elle est toujours appuyée sur le bureau. Si elle avait amorcé un mouvement pour rapidement se nettoyer et enfiler ses vêtements, il est désormais oublié. Elle se console en se disant que de toutes manières, elle n'a nullement la force et la patience de se traîner jusqu'à sa robe pour batailler avec et l'enfiler. Elle aurait dû prendre des vêtements plus pratiques, mais être invitée à Carrow Manor a changé ses plans.
"As long as your beast leaves us alone," dit-elle après un moment, se redressant quand il s'approche. "Shall we?" Anna-Lise enroule son bras autour du sien sans répondre. Elle peut sentir son coude presser contre son sein; elle s'accroche à cette sensation alors qu'ils transplanent dans un craquement.

Elle atterrit avec un hoquet et un tremblement. C'est malgré elle que ses doigts s'enfoncent dans le bras d'Abram et qu'elle se crispe toute entière en s'accrochant à lui, nauséeuse et prise de vertiges, avant de se laisser guider aveuglément jusqu'à une chaise autour de la table. Elle se détache d'Abram avec une pointe de regret, se raccroche aux bras du meuble en tremblant. "Thank you," s'entend-t-elle dire, alors qu'il est la dernière personne sur Terre qu'elle devrait jamais remercier. "I'm fine." Presqu'en réponse, ses murs mentaux s'érigent de plus belle, dans une parodie de forteresse imprenable (elle ne trompe personne: ils savent tous les deux qu'il pourrait la détruire en un clin d’œil). Elle apporte un calice d'eau claire à ses lèvres, y boit les lèvres gourdes.

Une fois qu'elle a cessé de trembler, Anna-Lise s'autorise à mieux regarder la pièce. La grande table pourrait accueillir une dizaine de personnes, mais ils ne sont que deux. Les portraits sentencieux de quelques ancêtres Carrow les observent depuis des tableaux accrochés bien au-dessus de leurs têtes: quand le regard d'Anna-Lise s'attarde trop sur eux, ils disparaissent en silence et avec un regard noir. Un bar montre une collection impressionnante de bouteilles, prétendument sous scellés, toutes illégales. Un coin présente un gramophone qui grésille même sans disque. Les fenêtres sont la porte vers une immense propriété plongée dans le noir, qui s'étend à des kilomètres, déserte.
Anna-Lise reporte son attention sur le maître de maison, qui est assis en tête de table, à quelques places d'elle. Il s'inscrit parfaitement dans ce tableau du manoir Carrow. Il est un gestalt de toute cette longue histoire dont il a hérité par ses parents - peu de gens peuvent comprendre Anna-Lise aussi bien que lui au travail.

"It's the first time you've brought me here." Elle finit le calice d'eau, le regarde se remplir magiquement de nouveau avant de l'apporter à ses lèvres. Elle se sent un peu mieux, désormais hydratée, mais son estomac est crampé, tordu: elle a avalé trop de sang durant l'opération, elle a dû se mordre la langue sans s'en rendre compte.

Elle repose le calice avec un mouvement brusque, un fouet sonore dans le silence quasi-dévot de la pièce. "Tell me something, Abram," les coins de sa bouche tressautent sans pour autant sourire, à la limite de l’insubordination. Elle ne l'a jamais appelé comme ça auparavant, même quand ils étaient amis avant qu'elle ne travaille pour lui. "Why is it that you introduce me as a lady to your horrendous little creature, and as a mere number to your employees?" La curiosité est presque infantile, naïve; le fantasme d'une jeune étudiante qui entendait pour la première fois du semestre quelque chose d'intéressant de la bouche d'un professeur. Anna-Lise s'en voudra pour cette faiblesse plus tard. "You parade yourself as uncaring, think of yourself as remote from the world, believe that you can't be reached. But I know the truth." Anna-Lise regarde le calice se remplir, son doigt faisant le tour du liseré du verre avec légèreté. "You've left it buried in a deep, vital spot inside of me. You're the one who's filled with hope - hope that you may one day succeed in overcoming Death, instead of merely escaping it." Son doigt s'arrête. Son regard revient sur lui. "Am I correct?" demande-t-elle, de nouveau l'étudiante impatiente.



Dernière édition par Anna-Lise Kasuga le Jeu 20 Oct - 12:04, édité 2 fois
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Abram Carrow
DEATH EATER
Abram Carrow
Date d'inscription : 21/02/2022
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Crédit : self (av.), josman (cit.), poupoune (carrows gif), jool (santa's gift)
Âge : Quarante-cinq quoiqu'Azkaban, entre autres joyeusetés, lui ait ravagé sa jeunesse relative.
Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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tw: mort (mention)

L’odeur de renfermé de la pièce est remarquable. Ils n’ont pas ventilé depuis longtemps et il y a quelque chose de rance dans l’air qui ne souligne que davantage l’atmosphère pesante de la salle à manger. Abram s’y sent bien. Dans son élément. Ni ses adelphes ni sa mère ne s’en sont jamais plaint.e.s, seul.e.s les rares invité.e.s qui se sont un jour assis.es à cette table ont froncé du nez en déglutissant péniblement. Anna-Lise boit, sous le regard intrigué d’Abram, un verre d’eau qu’elle vide d’une traite. En dehors de l’inconfort dans lequel l’a plongée leur mésaventure passée, elle n’exprime pas de dégoût ou de malaise depuis qu’il l’a aidée à prendre place. Cela aussi le maître des lieux le remarque. Tout comme il n’a pas manqué de remarquer le carré de peau qui est apparu quand elle s’est assise, un pan de manteau découvrant la cuisse nue d’une manière si lente et si subtile que c’en a été sensuel. Etrange comme la suggestion d’une chose excite parfois plus que son exhibition brute et pleine. En bas, le corps d’Anna-Lise n’était qu’une composition organique récemment cousue et ranimée. Ici, il est une tentation qui se pare d’atours et de pudeur ; une tentation parce qu’Abram a envie d’enlever ces atours, et de gâcher cette pudeur.

"It's the first time you've brought me here." Il s’en rend compte avec elle. "It is." Un sourcil surpris s’est levé, sans déployer davantage d’expression. Il n’y a de toute manière rien à dire de plus. Abram égare ses yeux sur la table pour l’instant vide de mets, constatant dans un même temps la lenteur de son personnel à les servir. Ses bras sont en appui sur les accoudoirs, les mains croisées entre elles comme un nœud ferme et tendu, prêt à relâcher la pression au moindre déplaisir. Son père avait cette exacte position, dans ce même siège qu’Abram occupe, raison pour laquelle Leto le regardait parfois pendant de longues minutes quand son fils l’acceptait encore à table et plus largement sous sa vue. Le bruit mat du verre qu’Anna-Lise repose fait tourner tout aussi brusquement le profil d’Abram vers elle, dans un réflexe mi-prédateur mi-adorateur. En somme, de créateur.

"Tell me something, Abram." C’est la première fois qu’elle l’appelle ainsi et, quoique la prononciation soit délectable, il s’en voit irrité. "Why is it that you introduce me as a lady to your horrendous little creature, and as a mere number to your employees?" Il a l’air soudain très ennuyé et répond de manière lasse. "A matter of decorum, really. I believe you are familiar with it." Ils ont reçu la même éducation. Peut-être pas la même même, mais ils sont tous les deux des aristocrates engoncés dans leurs carcans élitistes. Il ne l’aurait jamais appelée par son matricule en ce lieu où l’étiquette est de mise (étiquette dont elle a pleinement conscience, autrement quoi elle ne se serait pas aussi correctement apprêtée pour venir). Abram pourrait en revanche l’appeler autrement que Sixty-nine dans les laboratoires du MuTEx, puisqu’ils se connaissent de bien avant le Ministère, mais il y a assez d’une exception avec son empaffé d’assistant. "My horrendous little creature, as you so rightly call it, shan't know you otherwise than by your rank." Son nez aquilin et encore douloureux se lève. "The same applies to your peers", ajoute-t-il, sans que l’on puisse déterminer avec précision s’il est sérieux ou moqueur. Car il y a, certes, une cruauté latente à appeler des têtes comme son service en est rempli par de simples numéros. C’est déshumanisant, régressif voire humiliant, et probablement qu’Abram Carrow, qui n’a pour C.V. que sa Marque et pour lettre de recommandation que sa conscience vérolée, en tire un plaisir malsain. Revanchard.

"You parade yourself as uncaring, think of yourself as remote from the world, believe that you can't be reached. But I know the truth." Abram n’a pas bougé. Il observe Anna-Lise droit dans les yeux, l’ampleur de son mouvement de bras, prolongé jusqu’au doigt, créant un remous hypnotique dans son champ de vision. "You've left it buried in a deep, vital spot inside of me. You're the one who's filled with hope - hope that you may one day succeed in overcoming Death, instead of merely escaping it." Le mouvement de bras, prolongé jusqu’au doigt, s’arrête alors. Abram n’a pas bougé. "Am I correct?" Il sent une colère froide et terrible monter en lui, réanimer son propre cœur qui fait la plupart du temps le mort. Ses pouces se sont détachés du nœud de phalanges et les ongles entre eux se dévorent jusqu’au sang. Il n’est pas en colère parce qu’elle le connaît bien. Il est en colère parce qu’elle le connaît mal. "Not even close."

Abram se recule dans sa chaise et sent le haut dossier en ébène ouvragé tenir son râble. Il se concentre sur ce contact dur et la douleur qui lance sous chacun de ses ongles qu’il mutile pour garder son calme. "I have no wish to overcome Death. I am not my Master." Ce disant, il sourit. Laidement. Sans que l’on puisse déterminer avec précision s’il est sérieux ou moqueur. Et, si moqueur, envers qui. Cette sorte de grimace qu’est sa bouche ainsi tordue continue d’articuler. "Eternity would bore me", confie-t-il alors que son sourire disparaît d’un coup, laissant place à une expression d’ores et déjà morte. Il ne fuit pas la Camarde. Il l’a accueillie sous ses chairs depuis bien longtemps déjà et ensemble ils font ce corps livide et malade qui rebute tant la vie et sa faune d’êtres bien-portants. C’est pourquoi il aime tant enfoncer ses mains dans la poitrine ouverte d’Anna-Lise, sentir son pouls battre à même ses paumes. C’est pourquoi il ne se sent jamais plus proche de quiconque d’autre au monde que lorsque ses cœurs se meurent, et qu’elle dépérit à vue d’œil.

"What a strong opinion you have of me. Very elaborate, as usual." Sa colère continue de vrombir sous langue. L’outrecuidance d’Anna-Lise n’a d’égal que son intelligence. Sa perspicacité, évidemment, est des plus affûtées, et les faits, comme d’habitude, sont là. En revanche, prétendre savoir ce qu’il pense et veut est le débordement de trop. "But do not forget yourself." Au même moment et alors que la tension monte (de manière palpable, dans cette atmosphère déjà pesante) la grande porte s’ouvre sur un elfe de maison derrière lequel des plats lévitent à la perfection. L’elfe reste près de la porte, une serviette ridiculement passée par-dessus le bras à la manière d’un valet, tandis que les plats viennent délicatement se poser devant les deux sorciers. D’autres mets, fruits et condiments apparaissent instantanément sur table, de même qu’une carafe de vin sans alcool (pour le décorum).

Abram effectue un premier geste pour congédier l’elfe, et un second pour que la carafe les serve tous les deux dans des verres à pied. L’air s’est désaturé de magie noire et sa légilimancie se rétracte de l’esprit fatigué d’Anna-Lise comme après une marée haute. "However." Il regarde son rôti mariné sur son lit de légumes sans une once d’appétit. Son bras se tend plutôt pour récupérer le verre à pied, dont il boit en revanche une gorgée. "You have put your finger on a truth. Brilliantly, as usual," s’agace-t-il presque. Annabel-Lisbeth Kasuga est un génie, peut-être même celui de toute une génération et il le pense, quoiqu’il ne l’ait jamais ouvertement formulé (ce serait trop lui faire plaisir). Abram savoure sa malheureuse piquette et ce qu’il s’apprête à lui révéler. "I did bury something inside of you. A fragment of black magic. Mine, to be specific. If something were to happen to me, that fragment would consume you from the inside and kill you within the hour. Very painfully, I'm afraid." Il n’a en effet pas choisi cette condition et, dans sa cruauté pourtant limpide, Abram ne tire aucun plaisir à l’idée qu’Anna-Lise le suive dans la Mort tordue de douleur et de peine. Pas alors qu’il ne pourrait ni la voir ni la toucher. "I had to make sure that our little… settlement, would not hasten my demise." Il avale une nouvelle gorgée. "Questions?"
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Anna-Lise Kasuga
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Anna-Lise Kasuga
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"Not even close." Le fait d'avoir tort devrait la frustrer, l'énerver, l'agacer. Plutôt, Anna-Lise se réjouit de la vive émotion qui traverse le visage d'Abram, réarrange ses traits dans une expression flirtant avec l'énervement. Elle-même doit réprimer un fin sourire quand il se redresse sur son séant, ses mains se torturant entre elles, son regard plus noir qu'il ne l'a jamais été. Elle aimerait qu'il repousse sa chaise et se jette sur elle, qu'il la prenne sur la table et l'étrangle, qu'il arrête d'avoir ce regard distant et affable qu'il porte tout le temps. Elle aimerait qu'il l'appelle Anna-Lise, devant l'elfe ou ses collègues ou Bernie; elle aimerait qu'il cède. Elle aimerait gagner.

Mais elle ne gagne jamais, avec lui; c'est une mathématique vue et revue. Le résultat est toujours le même. Si elle est en vie, c'est parce qu'il l'autorise, qu'il la maintient en vie; et ainsi, tout ce qu'elle fait de sa vie lui appartient à lui, elle n'est devenue qu'une extension de sa présence sur Terre.
C'est révoltant; c'est rassurant. "I have no wish to overcome death. I am not my Master." Abram sourit, et Anna-Lise sent quelque chose de très désagréable se réveiller sous sa peau, descendre le long de son échine jusqu'à ses reins; elle croise ses jambes sous la table. "Eternity would bore me." Elle renifle. "You lack vision." Elle a déjà entendu parler de ces contes où l'héroïne demande au yokai une vie éternelle, et qui regrette amèrement sa décision une fois sa famille décédée, ses amants disparus, sa vie immuable là où le monde est chamboulé. Anna-Lise a toujours trouvé ça stupide. Une éternité de recherches, de questions et de réponses, de chiffres et de nombres - que demander de mieux?
Anna-Lise méprise cette réponse. Ça ne fait qu'attiser son intérêt.

"What a strong opinion you have of me. Very elaborate, as usual." Son sourire s'est volatilisé, et le regard qu'il vrille sur elle est pesant comme une enclume. Elle n'a jamais vu cette colère s'inscrire sur son visage, et en fait immédiatement une note mentale, qu'elle range dans un petit dossier de références multiples (et quelque part, elle s'invente flattée de ce qu'elle considère être comme un compliment dans la bouche du directeur du MuTex). "But do not forget yourself." Anna-Lise réalise alors qu'elle devrait détourner les yeux, mais elle s'en retrouve incapable. Elle se sent devenir minuscule sous le poids de son regard, de sa colère, de sa magie. Les ombres s'étirent dans la pièce, l'atmosphère pesante devient pressante, ses pensées esquivent celles d'Abram mais n'ont pas de porte de sortie, son cœur se remet à rebattre de plus belle dans sa poitrine, colibri en cage, tambours sourds, marche funèbre--

Elle avale une goulée d'air quand le sort est rompu par l'elfe qui arrive avec la nourriture. "I apologise," s'entend-t-elle dire de lèvres gourdes, la langue pâteuse. Les yeux tournés vers le sol et la table, elle esquive Abram en ramenant à sa bouche le calice d'eau fraîche.

L'odeur de la viande lui fait délicatement froncer le nez, et elle inspecte le plat devant elle en déterminant de ce qu'elle pourra picorer. Le verre de vin, en revanche, est accueilli avec un hochement de tête reconnaissant. "However." Decorum, dit-il en buvant à son verre sans l'attendre, offensant sans une pensée ses manières d'européenne. "You have put your finger on a truth. Brilliantly, as usual." Le compliment ne lui fait pas plaisir (c'est une vérité qu'elle sait déjà), Anna-Lise est trop occupée à froncer le nez en humant le contenu de son verre, avant de l'apporter à ses lèvres à contrecœur.
Trop sucré, trop épicé - ce n'est pas du vin. Anna-Lise pince des lèvres en reposant le verre, laissant l'alcool sans intérêt glisser dans sa trachée. "I did bury something inside of you." Anna-Lise s'empare de sa fourchette pour commencer à trier ses légumes méthodiquement. "A fragment of black magic." Anna-Lise relève les yeux vers lui. "Mine, to be specific." Anna-Lise a l'impression qu'elle va tomber de sa chaise.

C'est soudainement comme se prendre une vague en pleine figure, et finir sous l'eau. Le reste lui parvient comme à travers un épais coton: "If something were to happen to me, that fragment would consume you from the inside and kill you within the hour. Very painfully, I'm afraid. I had to make sure that our little… settlement, would not hasten my demise." C'est impossible. Son cœur se remet à battre à toute vitesse, et le monde à tanguer; Anna-Lise se sent nauséeuse. Ses doigts tremblent autour de sa fourchette. Elle aimerait la lui enfoncer dans les yeux. Elle aimerait se l'enfoncer dans le cœur. "Questions? - You're lying." Sa voix est étonnamment calme et claire, alors même que son corps se met à vibrer tout entier, ses jambes à rebondir sous la table, et la vaisselle lentement à l'imiter par proxy magique. "You're lying," répète-t-elle, d'une voix neutre et calme et intelligente et brillante et sûre, sauf qu'Abram ne ment pas: quand il ment, il n'a pas ce visage.

Les yeux d'Anna-Lise se mettent à cligner frénétiquement alors qu'elle se repasse en mémoire leurs longues années d'amitié et de violence. Ils vont à droite, à gauche, en haut, à droite, en bas, à gauche, ses paupières tressautent, elle repasse en revue des centaines de journées, des milliers d'heures, en silence. Elle cherche des preuves, des explications, des sentiments, des mensonges, et elle n'y arrive pas, elle revient au goût sucré du vin-pas-vin, elle revient au sang qui recouvre encore sa poitrine, elle revient aux légumes qui ont trempé dans le jus du rôti, elle revient au regard affable d'Abram vrillé sur elle, elle revient à la texture rugueuse de son manteau sur ses seins, elle revient à l'humidité ambiante de la pièce, elle revient au métal froid de sa fourchette contre sa paume, elle revient à l'odeur de la viande, elle revient--

Les crises ne sont permises nulle part, encore moins au N9, encore moins face à Abram. Les crises ne sont pas permises, sa mère le lui a dit, et elle essaye de s'accrocher à tout ça: les légumes et la fourchette et le manteau et l'humidité, mais rien n'y fait, et elle sent quelque chose enfler en elle, comme un ballon ou une explosion, et elle n'arrive pas à l'arrêter. "You're- YOU'RE LYING!" elle pointe une fourchette accusatrice vers Abram, avant de l'abattre sur la table. La douleur remonte le long de son poignet et pendant un instant, Anna-Lise voit clair; alors elle recommence le mouvement, se refait mal, abat son poing serré autour de l'argenterie sur le beau meuble. Elle continue plusieurs fois, martelant la surface pour éclaircir ses pensées, sans une réflexion pour les nerfs endoloris qui remontent jusqu'à son épaule, son cou, son crâne. "YOU'RE LYING! IT'S NOT--"
Elle ne sait pas ce que ce n'est pas, elle sait juste ce que c'est: vrai.

Elle le sent, maintenant, au fond d'elle, lui, qui l'a marquée plus profondément qu'elle le pensait jusque là. Comme un second cœur, malsain et ténu, près du sien. Dans mouvement rageur, Anna-Lise enfonce sa main déjà blessée dans la poche de son manteau pour saisir sa baguette et la pointer vers Abram, sans une pensée pour ce que ça voudrait dire pour elle si elle parvenait à le tuer. Elle ne pense pas, elle ne réfléchit pas; elle a juste peur, et mal, et se carapate sur elle-même pour se jeter sur lui dans un cri de rage, les yeux aveuglés de larmes. Anna-Lise sait que c'est vain, elle veut juste qu'il la tue pour de bon, ou s'infiltre dans ses pensées, ou lui fasse mal; elle ne veut plus de ce cadeau empoisonné qu'il a enfoncé dans sa poitrine, alors même qu'elle le lui a fourni elle-même.
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Abram Carrow
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Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
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tw: violence, sang (mention), blessure (mention)

Un frisson d’excitation traverse la nuque d’Abram quand Anna-Lise l’accuse de mentir en branquant d’abord sa fourchette. Il y a quelque chose de grisant à voir une tête aussi froide et méthodique qu’elle craquer, se fendre à vue d’œil sous la pression de l’émotion et hurler comme elle s’est soudainement mise à hurler alors que son timbre de voix est toujours proportionnel à l’impavidité de ses expressions. Abram ne bouge plus, fasciné par le phénomène qu’Anna-Lise redevient, et s’il rompt son immobilité ce n’est que pour inspirer une bouffée de cet air rance et saturé de colère qu’il absorbe comme un trou noir absorberait tout.

"YOU'RE LYING! IT'S NOT--" Anna-Lise déborde maintenant dans tous les sens, et si ça ne se voit pas totalement à l’œil nu, Abram le sent via sa légilimancie. Un volcan d’émotions qui coule pesamment mais éclate aussi en plein de petits morceaux, quelque chose de vaste qui dépasse le corps tordu armé de son couvert. Abram repose son verre dans un mouvement faussement calme, tremblant à l’extrémité de sa main ce qui créé un remous dans le liquide pourpre piégé derrière cristal. Sur son visage, les traits se contracturent et se tirent, nourris par la folie passionnelle et destructrice qui agite Anna-Lise. Les doigts de la main gauche se crispent sur l’accoudoir, et bientôt tout le corps d’Abram se tend aussi, par effet miroir.

Quand Anna-Lise fond sur lui, Abram se redresse tout aussi brusquement, cela sans avoir dégainé sa propre baguette qui est pourtant à sa portée. Le mouvement est si abrupt que sa rotule lésée cède et lui fait perdre l’équilibre. Ses bras sont allés chercher ceux agressifs d’Anna-Lise, mais ce sont ses jambes titubantes qui les font tous les deux reculer vers la table dans un heurt sec et violent. Après un bref débat de corps où tous les coups sont permis Abram profite de ce déséquilibre pour peser de tout son poids sur Anna-Lise et la renverser sur le buffet. Les couverts sautent et tombent sur le sol dans un carillon désagréable, l’assiette intouchée se renverse à moitié sur le manteau d’Anna-Lise et le pantalon d’Abram, et le verre à pied renverse le vin sans alcool sur la nappe immaculée, imbibant les cheveux noirs de l’une et un bout de manche de l’autre. Il est sur elle. Lui tient les poignets. Son genou lésé en porte-à-faux, l’autre sur les cuisses nues et fébriles, découvertes dans la querelle, pour éviter qu’un second coup parte comme le premier est parti à la résurrection d’Anna-Lise.

"It’s irrational. That doesn't sound like you", dit-il alors qu’il la contemple avec ce même regard qui l’a contemplée quand elle est revenue à la vie ; impressionné, ébloui, désarçonné, par cette aberration qu’elle est et qu’elle continue d’être. Anna-Lise est tout sauf irrationnelle. Depuis qu’il l’a connaît, Abram l’a toujours vue se tenir près de la raison, appliquer des structures de logique comme elle applique ses formules mathématiques pour résoudre le moindre problème. Anna-Lise, normalement, fait sens. Extrêmement sens. Elle n’a, dans aucune des lettres échangées en début de leur relation, ou aucun dialogue qu’il ont pu avoir de vive-voix, jamais exprimé le moindre doute ou la moindre incertitude. Pas même dans l’optique de ses recherches où une difficulté, à la rigueur, est traitée comme un délai dont on sait, parce que c’est un délai, qu’on va venir à bout de celui-ci. Pour Abram, c’est aussi plaisant que déplaisant. Il admire son esprit. Mais déteste sa perfection, à l’opposé de ses modi operandi chaotiques et désordonnés.

"I tell you that you will die if you kill me, and here you are? attacking me?" Sa prise est douloureuse. Son poids sur elle accablant. Il ne se sent plus uniquement en elle, mais sur elle aussi. Ses formes confusément dénudées trouvent un reliquaire en les tissus sales et encore peu secs de sa chemise et pantalon. L’attirance physique revient en plein milieu de l’imbroglio, tend les muscles d’Abram et apporte sous ses chairs des vapeurs libidineuses. "It’s irrational…", répète-t-il, comme détaché de l’effet que lui fait leur position, regardant ses yeux l’un après l’autre comme s’il convulsait avec elle dans ce trop-plein d’adrénaline.

Il détache soudain ses mains et les reporte sur le visage d’Anna-Lise qu’il prend en coupe. Elle n’est pas désarmée, elle a encore sa baguette et Abram le sait. Mais Abram n’a jamais été rationnel. Il n’a toujours été que chaos et désordre. "Oh, Anna-Lise, you are so much alive." Il tremble de la sentir elle et sa colère et tout ce qui escorte sa colère, un maelstrom d’émotions qu’elle a toujours tenu loin de lui, ou tout du moins gardé derrière ses barrières mentales. Abram ne la dévore plus seulement des yeux. Il la bouffe sans commune mesure, et au plus sa légilimancie accueille ces émotions, au plus la vie revient en lui, lui donnant un nouveau souffle et quelque chose d’autre que l’acidité de la pourriture pour animer ses traits. Ses doigts blêmes se pressent contre les joues rougies d’Anna-Lise, parfois si lentement que c’en devient des caresses. Il pourrait lui démolir le crâne tant il se sent revivre. "Don't waste", les mots traversent sa bouche qui respire fort, comme s’il était en plein effort, "this chance", il ferme momentanément les yeux, comme s’il était en pleine montée de Spitfire.

Son dos se creuse sous la puissance de la vague émotionnelle, puis ses omoplates saillissent quand il se courbe et que le visage d’Abram s’écrase contre celui d’Anna-Lise. Elle sent le chloroforme, le sang et la sueur. Les mèches épineuses d’Abram s’en imprègnent. "I do not lie." Son nez aquilin gratte la tempe envahie. Le pouls du nouveau cœur greffé bat si fort qu’il le sent pulser sous ses narines. "Nor did I lie when I said - I wanted you by my side." Sa voix se fait hargneuse à cause de la colère qu’il absorbe, mais c’est bien sa détermination qui parle, cette même détermination qui l’a poussé à la maudire après qu’elle lui ait dit non. "You and I will do great things together Anna-Lise - of that I am sure." Une main se décroche, coule en direction de la clavicule, s’insère entre les seins, et trouve l’énorme cicatrice fraîchement fermée sur laquelle elle passe sans gêne ni dégoût. Certains de ses doigts forcent un peu contre les points de suture. Le geste n’en reste pas moins langoureux.

Abram aime ce qui est abîmé. Surtout si c’est lui qui a abîmé. Il est malsain et possessif. Protecteur aussi, de ce qu’il a abîmé tout particulièrement. "I believe in your work - and your capacity to comprehend magic to its core. Thus - I won't let anything happen to you. All I ever did - was lead you down the right path - while others' mediocrity held you back…" Sa main quitte la cicatrice et saisit Anna-Lise à la taille en passant sous le pan de manteau. Une saccade du poignet la rapproche de lui. "All I ever did, son haleine hachée, presque plus rance que l’air de la pièce, flotte au-dessus de la bouche d’Anna-Lise, il la tient plus fermement, "was lead you to me."
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Anna-Lise Kasuga
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Anna-Lise Kasuga
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Allégeance : la Science™.
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Avant-même qu'il ne le lui dise, Anna-Lise sait ce qui va sortir des lèvres d'Abram. Combien de fois l'a-t-elle entendu de sa propre mère?
Ça aurait été si simple, à l'époque comme maintenant, de s'arrêter rationnellement et de mettre fin à cette crise qui lui fait perdre le contrôle sur ce qu'elle dit, ce qu'elle fait et ce qu'elle pense. Parmi la douleur et la colère et la panique, Anna-Lise a honte. Une honte brûlante et terrible, d'être ainsi soumise à cette condition - matérielle et psychologique -, à ce problème, à cette faiblesse. Et elle a honte d'avoir honte. Et elle a honte d'être soumise aussi face au corps d'Abram, qu'elle essaye de repousser sans succès. Il y a pourtant quelque chose de rassurant à son corps pressé au sien qui la maintient sur la table, ses mains douloureusement serrées à ses poignets, l'immobilité forcée la rappelant à un calme certain, mais qui n'est pas suffisant pour lui permettre de complètement reprendre le contrôle.

Anna-Lise repense aux légumes gorgés de sauce et au vin sans alcool, au sang pur partout dans le bureau d'Abram et à l'angoisse de la machine qui s'est arrêtée de fonctionner pendant l'opération, elle pense à son genou connectant avec le nez d'Abram et elle pense à son regard flegmatique quand il lui a dit qu'il l'a maudite. Elle pense à tout ça, et à trois mille choses en plus, et elle a l'impression d'avoir des insectes sous la peau, dans le crâne, qu'elle tape répétitivement, de plus en plus fort, contre la table sur laquelle elle a été renversée. Son sang vrombit dans ses oreilles. C'est un évènement catastrophique, c'est un glissement de terrain, et elle sait qu'il va y avoir une fin; elle n'a simplement pas envie d'être là quand cela arrivera.

Why must you embarrass me so? Elle repense à la voix de sa mère, et à ses mains qui encadrent son visage pour la forcer à se calmer, alors même qu'elle sait que ça ne fonctionnera pas. Et puis il y a les mains d'Abram, immenses et rugueuses, qui effacent celles de sa mère; Anna-Lise a envie de pleurer, de soulagement ou de peur, elle ne sait pas. "Oh, Anna-Lise, you are so much alive." Elle n'a jamais rien désiré de plus: vivre plus longtemps, et continuer ses recherches. Et pourtant ces cinq mots lui font l'effet d'un coup de fouet et elle se débat, inutilement, ses lèvres articulant des mots qui ne sortent pas.
Elle sent les doigts de sa légilimancie s'infiltrer en elle, retirer de son crâne ce qu'il désire. Abram est comme une sangsue malsaine qui se nourrit de sa colère et de son angoisse. Anna-Lise déteste cette sensation, mais n'a ni la force, ni la fortitude d'y couper court. Elle est incapable de se concentrer et puis--

Les pics de ses émotions se calment, aspirés par Abram. Le monde était devenu douleur et noir, de nouveau, et il redevient supportable; les mains sur ses joues sont moins accablantes, plus douces; l'expression sur le visage d'Abram moins sombre. Anna-Lise réalise qu'elle a mal aux poignets et à l'arrière du crâne. Elle réalise aussi qu'elle est presque nue, qu'il l'a épinglée sur la table, qu'il lui a laissé sa baguette, qu'elle sent son érection contre sa taille, et qu'il ne l'a jamais regardée d'une manière si dévote.

"Don't waste this chance." Son extase le dégoûte; elle n'arrive pas à détourner les yeux. "Get out, get out, get out." Sa bouche est pleine de sang, le sien, elle s'est mordue en se débattant. Elle ignore si elle parvient à parler ou si c'est dans sa tête, mais gémit audiblement quand elle sent sa légilimancie se faire plus pressante, en même temps qu'il enfonce son visage contre le sien. Les bras désordonnés d'Anna-Lise se referment autour de lui, elle a relâché sa baguette d'une main molle, et elle enfonce ses doigts dans son dos, pour lui faire mal, pour le serrer contre elle, pour le repousser, pour l'avaler. "I do not lie." Elle déteste ça à propos de lui. Tout le monde ment - même elle. Et pourtant. "Nor did I lie when I said - I wanted you by my side. You and I will do great things together Anna-Lise - of that I am sure." Existe-t-il un monde où elle aurait accepté sans protester, où il ne l'aurait pas maudite? Son coeur remue son torse où il passe sa main, la cicatrice à peine recousue et encore tendre qui la démange de plus belle lorsqu'elle sent les cals de sa paume la toucher sans douceur ni cruauté.

Elle ferme les yeux et se détend contre lui, les murs de son occlumancie brûlant comme autant de bibliothèques d'Alexandrie, le laissant prendre ce qu'il veut, la débarrasser de ce qu'elle déteste. Anna-Lise aimerait qu'il enfonce ses doigts dans la plaie de nouveau, prenne son cœur dans sa main et l'écrase - en finisse une bonne fois pour toutes. Mais elle comprend aussi l'amour d'un créateur pour sa chose.

"I believe in your work - and your capacity to comprehend magic to its core. Thus - I won't let anything happen to you. All I ever did - was lead you down the right path - while others' mediocrity held you back…" Elle rouvre brusquement les yeux à la secousse, la main sur sa taille, le visage d'Abram qui se rapproche. "All I ever did was lead you to me." Elle n'est encore que trop consciente de son érection, son expression, sa propre nudité. L'état quasi-renversé de la table, le feu brûlant ses entrailles, le tremblement de tous ses membres. Elle a peur, alors même qu'elle sait qu'il n'y a rien qui devrait la surprendre à cette situation. Elle a peur, alors même qu'elle sait qu'elle désire ça depuis tellement longtemps - qu'il perde, qu'il cède - qu'elle se sent devenir nauséeuse de déception et de joie.

Et puis, elle se détend. Brutalement, comme un élastique sur lequel on arrête de tirer et qui reprend sa forme.
Abram est encore couvert de sang. Anna-Lise prend à son tour son visage dans ses mains, ses doigts retracent le chemin rouge qu'a laissé la goutte de son nez jusqu'à sa bouche, mal effacée. Évidemment qu'il l'a sauvée de la médiocrité du monde; évidemment qu'il l'a damnée. Anna-Lise ne parvient pas à distinguer ce qui appartient à elle et ce qui appartient à lui. Si c'est lui qui a insufflé le calme qu'elle ressent alors, si c'est lui qui a avalé sa peur, si c'est lui qui l'a rendue ainsi, malléable, et si c'était vraiment par la force, ou si c'est véritablement ce qu'elle voulait depuis le début. Elle se sent épuisée, vide, son esprit un champ ouvert où il peut ratisser comme il le désire, y planter ce qu'il veut y voir pousser. "There is no world in which I do not fight the speck of your magic inside of me." Elle parle doucement, presque avec tendresse, ses doigts glissant sur ses joues jusqu'à ses tempes, l'arrière de son crâne. "I will use it to try and kill you at every corner - is that really what you want?" Elle resserre ses doigts dans ses cheveux et le tire en arrière pour mieux le voir.

Anna-Lise, avant, n'aimait pas croiser le regard des gens. Là, elle se jette dans celui d'Abram, pour le comprendre, pour le voir, alors même qu'elle sait sa quête pour la moindre trace d'humanité vaine. Même sans image de référence, Anna-Lise sait qu'Abram veut ça. La veut elle. "Don't let me go," dit-elle d'une petite voix, faisant plus référence à la main-prise mentale qu'il a sur ses émotions qu'à la position inconfortable du rebord de la table. Si il relâche la pression, elle sait que la crise reviendra de toutes ses forces, et elle en rougit déjà de honte et d'embarras; alors à la place, elle le repousse légèrement pour pouvoir déplier ses jambes, et les enrouler autour de ses hanches. Le monde lui parvient comme à travers un voile épais et translucide - peut-être qu'elle n'en est pas revenue au final. "Don't go."
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Abram Carrow
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Occupation : Mage noir™. Chef du bureau d’expérimentation sur les nés-moldus et traîtres consentants (a.k.a MuTEx Office), au Département des Mystères. Membre de la Chambre à la tyrannie facile (prochain édit : taxer l'air que tu respires).
Allégeance : Le Lord, qu'il a servi toute sa chienne de vie, et continuera de servir jusqu'à la mort.
Particularité : Maître Legilimens. S'enfonce dans les esprits comme une faux dans les blés ; y dévore aussi les émotions puissantes qui lui font dorénavant tant défaut. Le contrecoup, cependant, revêt parfois des allures de cauchemar.
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Quand Anna-Lise se détend Abram se sent se déverser en elle comme une masse grouillante qui pullule par-dessus toutes les barrières renversées. Il est chacune de ces petites formes morfales, une conscience multiple et excessive qui lui donne l’impression d’être partout en elle, dans son système nerveux, dans ses pensées, dans ses souvenirs, dans ce cœur qui n’est pas le sien et qui bat pourtant dans cette poitrine qu’il écrase sous lui. Le vertige le saisit. Il n’était jamais entré en elle auparavant, pas comme ça, pas autrement qu’en ouvrant sa cage thoracique ; vivre les émotions d’Anna-Lise, c’est comme se jeter du haut d’une falaise.

"There is no world in which I do not fight the speck of your magic inside of me." Anna-Lise parle si doucement qu’Abram ferme les yeux, bercé par son timbre de voix et l’ivresse du reste. "I will use it to try and kill you at every corner - is that really what you want?" Il les rouvre à moitié, la paupière lourde et le regard grave. Les doigts d’Anna-Lise, enlisés dans ses cheveux, ont quelque chose de fanatique qui lui plaît. Ses yeux aussi expriment la fièvre, comme une prolongation de son verbe. Abram a un rictus, ivre de sa colère et de ses désirs complexes qu’il aspire et décortique sous langue avant de les engloutir. Anna-Lise l’admire, il le sait. Elle le hait aussi, c’est une certitude. Des paradoxes de sentiments qu’il avait déjà pressentis et qui se confirment alors qu’ils se regardent sans ciller. Le désir est là aussi, bête énorme qui s’était cachée de lui tout ce temps. Le désir charnel. Sur lequel vit le parasite de la révolte. Elle veut qu’il cède. Alors quoi il perdra. C’est une logique étrange, de toute évidence irrationnelle, à laquelle l’homme qu’il est ne peut accéder. Abram se contente de presser un peu plus son bassin contre ses formes, prenant seulement maintenant conscience de son érection et des gouttes de sueur perlant dans son dos.

"Don't let me go." Elle le repousse et il laisse faire, détachant une main de son visage. Laissant cependant son autre crochée à sa taille. Les cuisses s’écartent sous lui. Abram la regarde faire, les pupilles noires tombant sur son pubis découvert et le relief de ses fémurs. Il expire, soudain épuisé, pris au dépourvu par l’approbation de sa libido. Anna-Lise s’enroule autour de lui et il se redresse un peu plus, détachant sa paume de sa taille pour venir de ses deux mains saisir de part et d’autre les cuisses nues. "Don't go." Ses doigts osseux sous les ongles desquels traîne encore du sang séché jurent avec le délicat de la peau d’Anna-Lise. C’est un endroit d’elle qu’il n’a jamais découpé. Et qu’il découvre du bout des phalanges, montant d’abord lentement jusque sous les ligaments croisés de ses genoux, avant de redescendre près de ses fesses. Il a chaud et respire difficilement. Sa bouche ne s’ouvre pour autant pas, si bien que ses narines crachent très bruyamment l’oxygène dégradé de ses poumons.

Abram n’a pas été intime avec une femme depuis longtemps. Si l’on ne tient pas compte de sa relation tortueuse et taboue qu’il entretient avec sa propre jumelle. Il connaît par cœur le corps d’Amabella, il sait exactement quoi faire pour l’entendre gémir et la sentir se tordre sous ses mains. C’est une routine bien huilée à laquelle certes ils ne s’abandonnent plus autant qu’avant mais qui a le mérite d’être confortable - consolatrice et familière. Tout, ici, est nouveau, grisant, troublant. Les ongles d’Abram remontent une seconde fois sous les cuisses d’Anna-Lise, les redressant un peu plus dans le mouvement, permettant un peu plus à la turgescence sous son pantalon de s’intercaler contre son sexe écartelé. "Why would it defeat me…", dit-il, la voix grave, comme chargée de fatigue, alors qu’il continue d’observer son con et la forme de l’érection retenue par les tissus. Ses mains se pressent maintenant. Elles abandonnent des douleurs sourdes comme la pression des vaisseaux sanguins et l’écorchure de la chair. Elles abandonnent des caresses pleines et sans compromis. "And why would I resist it, when it feels so good?" Abram ramène son regard vers celui d’Anna-Lise. Ses mèches éparpillées sur son front sentent encore son odeur de chloroforme, de sang et de sueur.

"This is not a defeat, Anna-Lise." Des souvenirs d’elle viennent s’imprimer sur sa rétine. Il se voit à travers ses yeux, s’admirer et se haïr. Désirer sa chute, précipitée par la concupiscence animale de tout homme. Abram se sent sourire, d’une manière toujours aussi laide, d’une manière qui ne mérite pas la beauté nue enroulée autour de lui. Anna-Lise le surestime. Il n’a rien d’un être sophistiqué ; sous le vernis de son éducation rigoureuse il y a le sang des Carrow, sordide et répugnant, il y a la primitivité du mal comme on la trouve chez les bêtes les moins nobles. "Defeat is much more embittering, as you know." Ses peines et celles d’Anna-Lise se mélangent dans sa bouche et font tomber son sourire. Il a tant pris d’elle qu’il ne sait momentanément plus qui a vécu quoi. Qui est qui. Ile continue pourtant, aussi bien de lui aspirer les émotions que de se presser contre elle dans des mouvements de bassin parfois presque insupportables pour lui. Pour elle. Qui est qui.

Les bras d’Abram se retirent des cuisses d’Anna-Lise pour se retracter vers l’avant. Au niveau de sa ceinture qu’il défait. Il est pris dans sa transe, la légilimancie plus épaisse et redoutable que son corps long et maigre ne l’est contre Anna-Lise. "I won’t go", promet-il alors que la boucle en acier et la lanière en cuir tombent devant ses mains blêmes. Il bascule en avant, une main près du visage d’Anna-Lise, dans une partie des ses mèches qu’elle tire en se posant à plat sur la nappe de la table. Son autre main est restée plus bas, elle trouve du bout des doigts les lèvres chaudes et humides et les laisse s’insérer à plusieurs reprises autour et dedans. Abram apprécie d’abord la vue. Comme quelqu’un qui redécouvre quelque chose qu’il a toujours aimé voir, faire et sentir. "And I will let you win", promet-il encore, tandis que ses phalanges s’écartent et pressent l’intérieur d’Anna-Lise. Il y a du sarcasme dans sa voix. De l’adoration aussi. Qui est qui.

Quand il se penche totalement vers elle, dans sa position d’avant, c’est pour entrer en elle, autrement qu’en ouvrant sa cage thoracique ou en la masturbant de ses doigts osseux. C’est pour entrer en elle et le plus profondément possible, à la limite de ses frontières de chair où celles de son esprit gisent encore. Abram souffle encore bruyamment. Son avant-bras a remplacé sa main, qui elle s’est engouffrée dans la tignasse noire où elle tire parfois sur le cuir chevelu - il doit réfréner l’envie d’enfoncer ses doigts directement le crâne d’Anna-Lise. L’autre main soulève une cuisse. La prise y est presque trop tendre pour ce(ux) qu’ils sont. "Don’t fight-" Un soupir plus lourd que les autres l’interrompt. Il transpire jusque dans ses yeux, où le plaisir brut de l’acte luit et déborde. "Don’t fight the speck of my magic." Abram la regarde droit dans les yeux. Ses mots s’approchent de son visage, de sa conscience aussi, où le libre-arbitre d’Anna-Lise, comme n’importe quel autre libre-arbitre, réside sagement. "Why resist it - when it feels so good?"

Abram ne pense pas que son fragment de magie-noire fasse en sorte qu’Anna-Lise se sente bien. Tout au plus, il le fait se sentir bien lui, qui s’est trouvé un refuge dans la poitrine chaude et vivante de la jeune-femme. Mais il ne veut pas qu’elle meure en essayant de le combattre. Parce qu’elle en mourrait : en résultat de sa mort à lui, ou de sa baguette qui parfois suit la démesure de sa colère. Il sait qu’elle le hait. Il la dégoûte même - il sent sa répulsion courir dans tous les sens alors qu’il va et vient en elle. Il sait aussi qu’elle se sent seule et que ça fait très longtemps que ça dure et qu’elle en souffre et que si elle pouvait elle reviendrait en arrière pour effacer ce moment où elle ne s’est plus sentie seule. Abram arrive à comprendre ça. C’est un regret qui ne lui est pas étranger. "Let me be - inside of you, Anna-Lise. Let me live - near your veins - and your flesh. It's not necessarily destructive. It can be - an asset too." Abram l’étudie depuis qu’il l’a maudite et qu’il a inséré son fragment de magie noire en elle. Il l’étudie comme un dieu capricieux aurait créé sa bizarrerie sans trop savoir à quoi s’attendre. Beaucoup de questions sont encore restées sans réponses. A-t-elle développé une affinité avec la magie noire ? S’est-elle imprégnée de ses cauchemars ? Le sent-elle comme lui se sent en elle ? "A presence", il complète, cette fois presque à bout de souffle, le plaisir sexuel renversant momentanément sa réflexion.

Il retire sa main de la cuisse et profite de cette pause pour aller chercher quelque chose près de la tête d’Anna-Lise. Une lueur argentée passe dans leur champ de vision. Il approche le seul couteau à viande resté miraculeusement sur table et le place de grès ou de force dans l’une de ses main. "Or, yes, you can kill me now. Well, kill us both." Derrière le rideau de sueur et d’effort qu’affiche sa gueule, les traits flegmatiques reviennent l’espace d’un instant. Son sourcil se lève. "Wouldn't that be romantic", se moque-t-il avec méchanceté, alors qu’il est en elle, sur elle, partout avec elle.
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