this is war (suye#2)

this is war

Le sang, la violence, la terreur et la rage ont longtemps rythmé tes journées et tes nuits. Te retrouver à devoir courir une nouvelle fois pour ta peau n’avait rien changé à ta vie, jusqu’à ce que tu comprennes que ce serait peut-être la dernière soirée où tu devrais tracer, gueuler, cogner pour t’en sortir. Alors tu avais redoublé de rage, d’énergie, de combattivité pour voir cette nuit se terminer et quitter pour de bon cette île de malheur.
Au passage, tu avais fait des dégâts, on ne pouvait le nier. Tu en avais récoltés en retour, comme en attestaient ton derme blanchi par le souffle brûlant de la chimère feudeymon invoquée par un chasseur, au niveau de ton cou, de ton buste et de tes bras ; tes cicatrices récentes, liées à un tronc d’arbre qui avait malencontreusement croisé ta route ; le sang qui maculait çà et là ton pantalon et ton soutien gorge. Définitivement, tu n’avais pas aussi bonne mine que le jour de ta capture, et les années d’horreur avaient laissé leurs traces sur le reste de ta peau et de tes membres.

Par un hasard inconcevable, tu t’en étais sortie.
Non seulement tu tenais encore debout, mais tu avais réussi à puiser dans tes dernières réserves d’énergie magique pour surmonter l’influence viciée de Gracefield, et tu avais réussi à transplaner avec quelques résistants, au plus près de la rive, au plus près du Tempest, dont tu avais reconnu la silhouette presqu’instinctivement, malgré les années à ne pas l’avoir vu. Un pas en arrière, tu vacilles presque. Et puis c’est un membre de l’Ordre que tu n’identifies pas immédiatement, qui te hurle de te baisser, vous protège d’un maléfice quelconque, et s’éloigne pour défendre le repli des prisonniers sur le navire.

T’as toujours deux baguettes dans une main (la droite ; la gauche ayant servi à tenir la ribambelle de squatteurs du transplanage collectif), t’es pas particulièrement fringante mais tu sens quand même que tu peux te battre encore un chouilla, ne serait-ce que pour laisser aux autres de la Résistance de Gracefield encore quelques instants pour vous rejoindre dans le chaos que ça produit. Et, alors que tu t’avances vers la ligne de front, un demi-cercle autour de la plage au bord de laquelle le Tempest attend son capitaine, bien décidée à en découdre encore, tant que tu pourras, parce que c’est ça aussi l’esprit qui t’anime, tu la repères.
Là.
Dans la cohue.
Éclairée par les sorts qui fusent dans un sens comme dans l’autre.

Susan.

Et de beugler, ta voix qui porte pas dessus les sorts, par-dessus la fatigue accumulée, par dessus les râles de douleur des uns et des autres : « BONES ! BOUGE TON CUL, VIENS M'MONTRER C'QUE T’AS APPRIS PENDANT QUE J’ÉTAIS PAS LÀ ! » Parce que c’est pas encore le moment de la prendre dans tes bras et de laisser la pression retomber d’un coup. Parce que les combats ne sont pas encore achevés et que tu guettes encore des visages qui manquent sur la plage. Parce que vous devez encore vous battre pour en sauver d’autres.
Tu musèles les battements de ton cœur qui se sont accélérés en la voyant. Tu fais taire le soulagement de l’avoir vue, là, vivante, saine et sauve, cette sœur de cœur que tu avais été toujours heureuse de ne jamais voir débarquer (autrement que maintenant) aux Battues. Ce faisant, tu lui interdis également de se laisser aller à des effusions quelconques, ou même à te demander ce que tu fous en soutif et pantalon, dans ce merdier. C’est pas le moment de relâcher l’attention et de se croire arrivée, surtout maintenant que tu retrouves la jeune femme à qui tu proposes sciemment de venir se battre flanc contre flanc avec toi, contre les pires enflures que la Terre a jamais portées. Elle a grandi, songes-tu brièvement, avant de lancer un Stupefix sur un chasseur qui venait de transplaner en face de toi.

S’il y a bien une chose que tu as daigné apprendre sur Gracefield, c’est qu’il y avait un temps pour tout, et pour le moment, c’était encore celui de se battre. Et là, à te battre à côté d'elle, en lançant des sortilèges offensifs sans aucune finesse, tu ne peux t'empêcher de ressentir une fierté immense à la sentir près de toi, indépendamment de toute l'hémoglobine que vous avez sur vos fringues respectives. Et entre un sortilège du bouclier et un rayon violacé, tu lances sans la regarder : « Bah alors, t’es devenue une adepte des explosifs ? », faisant référence au manoir qui a explosé, sans savoir à quel point tu as raison de l’avoir envisagée au plus près du danger.

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tw: sang, blessure, it's a fucking war

Susan transplane difficilement sur la plage. Elle chancelle dangereusement. La main de Michael agrippe toujours son poignet. A bout de souffle, ses genoux touchent le sable dans un mouvement lourd. ─ Va au bateau, je te suis juste après. ─ Je ne vais pas te laisser seule ici, alors qu'il y a encore des mangemorts dans le coin ! Prenant une grande respiration, Susan s'appuie sur le jeune homme pour se relever. Sa brûlure à la cuisse lui fait terriblement mal. Elle ne doit pas y penser. Bientôt elle sera de retour au manoir et quelqu'un la soignera. Peut-être Luna. ─ Je n'ai pas pu mettre la main sur les garçons. Ce n'est certainement pas pour te perdre toi aussi maintenant. Va sur le bateau, c'est un ordre. Je te rejoins très vite. Je veux m'assurer que Cormac n'est pas dans les environs. Elle l'entend soupirer, mais son regard sérieux finit de le convaincre. ─ On se revoit bientôt. Sa main se pose sur son épaule pendant quelques secondes, avant de finir sa course dans le vide lorsqu'il tourne le dos et se dirige vers cet immense bateau : le Tempest.

Elle n'a pas le temps de se reposer plus longtemps, que des sorts fusent non loin d'elle. Un éclair rouge lui frôle le bras. Susan ne ressemble pas à grand chose. Ses vêtements sont déchirés et brûlés à certains endroits. On peut notamment admirer la brûlure qui a mangé la peau de sa cuisse. Le sang de Caliban est partout sur elle et du sable est venu s'y coller. Son front saigne et la plaie est relativement profonde. Elle ne compte plus les cicatrices et autres hématomes. Sans s'en rendre compte, la main où se trouve sa baguette tremble. Susan est hésitante et cela ne lui ressemble pas. Elle n'a pas été comme ça depuis des années. Son cœur bat à tout rompre. Elle regarde à droite, puis à gauche, puis derrière elle. Ses mouvements sont saccadés. Susan ne voit Cormac nul part. Au fond d'elle, la blonde sait qu'il est encore là-bas. Elle a presque envie d'y retourner. Elle ne sait pas si un transplanage fonctionnerait, mais elle peut essayer. Oui, elle va y retourner même si tout est en ruines. Mais c'est sans compter sur une voix qui porte jusqu'à elle.
Ses yeux se plissent et ses sourcils se froncent. Faye. Susan reconnaîtrait sa façon de parler entre mille. Avec toutes ces histoires, Susan avait oublié son hypothèse sur la présence de Faye à Gracefield. Une vague de soulagement l'envahit. En quelques foulées, elle rejoint Faye. ─ Bombarda! Du sable vole là où son sortilège s'abat. Un mangemort est également propulsé un peu plus loin. Pendant plusieurs secondes, son regard passe en revue la silhouette de Faye. Elle vient seulement de remarquer son accoutrement, et cela lui arrache un rire. Ses traits se ferment lorsqu'elle aperçoit les diverses blessures et autres cicatrices. Certaines sont récentes, d'autres non. Ce n'est pas beau à voir. Un assaillant lui envoie un sort sur le bras, laissant une marque rouge. ─ Son of a banshee! Elle lui renvoie un éclair violet aussi sec. Presque collée à Faye, Susan envoie des sorts de part et d'autre, tout comme sa mentor. ─ Je suis toujours là pour cramer quelques mangemorts tu sais bien ! Mais je ne faisais pas partie du groupe en charge de la bombe. Susan se baisse rapidement et réplique. ─ Ca ne m'a pas empêche d'en tuer quelques-uns. Et d'avoir vu Voldemort, et tenté de tuer Greyback, entre autre. ─ Je vois que toi aussi tu as fait partie d'un feu de joie. Elle n'a pas le temps de finir sa phrase, qu'un sort leur fonce droit dessus. Susan lance un sort de bouclier juste à temps.

TW : jurons x1000, violence, mention de blessures & sang

Susan approche, et tu te rends compte d’un coup d’œil rapide et furtif qu’elle est couverte de sang (le sien ? celui de quelqu’un d’autre ?)(tu n’as pas repéré qu’elle est blessée également). Tu ne t’arrêtes pas là-dessus, parce que vous n’avez pas le temps, parce que les sorts fusent de toute part et parce que, pour le moment, vos blessures respectives ne comptent pas.
Tout ce qui compte, pour l’heure, c’est d’assurer la retraite de vos camarades de lutte, des résistants de l’île, des membres de l’Ordre du Phénix venus libérer Gracefield. Tout ce qui importe, c’est de protéger celles et ceux qui arrivent, claudiquant pour certains, au niveau de la passerelle menant sur le pont du Tempest.

C’est l’instinct qui parle.
Les années d’entraînement.
L’expérience en tant que Hit Witch, même si lointaine.

Les cris couvrent le bruit de la mer qui s’échoue sur la plage dans ton dos. À tes côtés, Susan n’est pas en reste, malgré les sorts qui la frôlent, voire la touchent parfois. La plupart de ceux que tu lances toi-même sont informulés, à peine éructés, tandis que tu te concentres et que tu puises dans tes dernières forces et ressources magiques. Tu as attendu ce moment depuis si longtemps, tu l’as rêvé tant de fois, que tu ne peux pas, ne dois pas, faiblir. Encore moins maintenant que la jeune Bones est à tes côtés et te prête main forte.
Tu l’écoutes, précisément parce que tu ne sais pas ce qu’elle est devenue après tout ce temps sans la voir. Tu as bien compris, en quelques coups d’œil, qu’elle s’est endurcie, depuis le temps où tu l’entraînais avec quelques autres recrues, et où ses traumatismes et ses craintes l’entravaient dans la maîtrise de sa magie. Alors tu lui fais confiance, viscéralement, et tu ne cherches pas à dévier les sorts qui foncent vers son côté, parce que tu sens qu’elle saura s’en protéger.

Tu hoches la tête, ainsi, lorsqu’elle t’annonce ne pas avoir été de l’équipe des poseurs de bombe. Un ricanement s’échappe même d’entre tes lèvres lorsqu’elle affirme avoir tué des sbires de Voldemort, et un « Tu as compté ? » un peu fanfaron l’interroge.
Tu n’as pas compté, pour ta part.
Mais s’il fallait estimer le nombre de sales types que tu as dégommé depuis que tu as compris que c’était le Grand Soir, ça serait entre 5 et 10, à la louche.

Néanmoins, tu abandonnes rapidement ces histoires de décompte de victimes, lorsque Susan fait une remarque sur un potentiel feu de joie. Un claquement de langue suffit, juste avant que tu lances un sortilège cuisant costaud dans la gueule d’une chasseuse dont tu avais des mauvais souvenirs, et puis tu daignes répondre juste après un sortilège du bouclier qui vous englobe toutes les deux : « Oh, tu sais, la base : on a vu un feudeymon gigantesque avec Tristram et on s’est dit que c’était le moment pour le déf— Bordel de merde ! » Interrompue dans ta tirade vaguement railleuse alors qu’un rayon vert fonçait vers toi, et que tu l’évites in extremis en t’aplatissant par terre, tu te relèves finalement en crachant le sable que tu as avalé sans le vouloir.

Les deux baguettes toujours en main, tu lui intimes brièvement : « Couvre-moi, ça va être sale. » Tu inspires profondément, croisant les bras un bref instant devant ton buste, les baguettes pointées vers le ciel. Ton état d’esprit est le bon, et cette fois-ci, tu as des canalisateurs de magie, ce qui devrait faciliter le tout et tu décris deux cercles concentriques avec tes baguettes, avant de les pointer sur les cinq ou six gêneurs qui s’approchent menaçants, tout en hurlant l’incantation habituelle qui a très bien marché la dernière fois : « Magna Tormentorum ! » [dé de merde] Seuls deux projectiles jaillissent pourtant de tes baguettes, et vont se perdre entre les silhouettes qui restent indemnes, t’arrachant une flopée de jurons que nous ne retranscrirons pas ici par égards pour les yeux innocents. L’adrénaline pulse dans tes veines, ton cœur tambourine, c’est certainement le pire moment pour que ta magie se détraque [dé pourri - échec critique], mais lorsque tu lèves tes baguettes pour invoquer un Protego, tu le sens moins épais et moins efficace que les minutes précédentes. « Son of a banshee, c’est pas le moment ! », rages-tu, tout en tentant de garder la tête froide et de ne pas laisser voir ton trouble. T'en informes brièvement néanmoins ton ancienne protégée, histoire qu'elle soit pas surprise : « Défaillance technique, Bones ! Explose ces connards à ma place ! »

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