Lucy n’a pas aimé la surprise qu’on lui a faite à son arrivée, on a pourtant fait comme si elle devait se sentir reconnaissante de passer la journée avec quelqu’un d’autre qu’Isobel. Peut-être qu’ils ont raison, mais Lucy n’aime pas qu’on brise sa routine et elle aime encore moins être prévenue au dernier moment de ce qui l’attend dans un quart d’heures. Elle aurait aussi pu se réjouir un peu plus si sa partenaire pour la mission n’était pas Siham Al-Massri, comme si on ne savait pas à la brigade que toute collaboration est impossible entre elles – ce n’est pas par hasard qu’elles ont été séparées.

Elle tire la gueule lorsqu’elle arrive près de Siham encore occupée à boire du café (comme si elle n’était pas déjà assez excitée pour ne pas se rajouter de caféine en plus), répond à son bonjour sur le même ton et jette un regard vaguement dédaigneux à la sorcière.

- Allons-y.

Lucy n’attend que ça, commencer vite pour finir vite. Avant qu’elle n’ait pu se rapprocher d’Al-Massri pour transplaner avec elle, celle-ci a déjà disparu.

- Sérieux ??!

Elle croise les bras, attend trois secondes pour s’assurer que ce n’est pas une blague, mais non, l’autre ne revient pas avec un sourire narquois à mériter une paire de claques et Lucy reste seule au milieu de la pièce.

- Putain, souffle-t-elle, passablement contrariée.

Et allez que ça ne se souvient pas que son ancien binôme a quelques problèmes avec sa magie et n’a de fait jamais appris à transplaner – elle lui en foutrait des allons-y et des regards de travers. Les doigts de Lucy pianotent avec agacement contre son biceps alors qu’elle attend. L’autre n’est même pas assez concentrée pour remarquer son absence, certes la blonde n’est pas très bavarde et ne dégage pas une aura particulièrement solaire, mais de là à faire sa vie sans elle dans une mission avec elle ?

Apparition soudaine de Siham, enfin, Lucy la gratifie d’un regard incendiaire.

- Fallait pas te donner cette peine, lance-t-elle. Que l’autre mène sa mission toute seule puisqu’elle se passe si bien de hound.

Lucy l’agrippe finalement ; elle n’aime pas les transports magiques voire les transports tout court, ils lui filent la nausée, lorsqu’elle atterrit, une sensation très désagréable s’ajoute à sa contrariété. Elle la passera sur les individus qu’elle doit débusquer, parce que pas question de fermer les yeux avec Siham comme il lui arrive de le faire quand Isobel est d’humeur aimable avec ceux qu’elles poursuivent.

Les iris de Lucy balayent la rue dans laquelle elles ont atterri, la blonde flaire les odeurs (égouts, poubelles, vieux ragoût de la veille et l’odeur de Siham qu’elle trouve fort désagréable purement par principe) et se met en marche. Il n’y a personne, elle espère que ça restera comme ça ; généralement, elle se porte mieux lorsque sa route ne croise pas celles de fugitifs. Si ceux-ci se défendent, Lucy y gagne presque à coup sûr une égratignure, s’ils ne se défendent pas, elle écope d'un syndrome de culpabilité aigue.

- Arrête de traîner.

- C'est bon je suis là, rétorque-t-elle avec mauvaise humeur.

La louve lui jette un long regard assassin et presse le pas. Si elle détestait Henry, il se pourrait qu’elle déteste encore plus Siham, peut-être même qu’elle aurait préféré que ce soit elle qui soit tuée lors de cette traque l’année précédente. Elle songe à ne pas prévenir la brune si des fuyards apparaissent dans l’espoir qu’ils lui tordent le cou, mais un deuxième trépas de handler en sa présence ne passerait surement pas devant la hiérarchie.  

tw. violence

Et c’est décidé, Lucy déteste – non, elle hait, elle exècre, elle méprise – cette espèce de grognasse hautaine qu’on lui a refilée pour une raison qui défie toute logique. C’est quand elle se dit que peut-être, peut-être, Isobel n’est pas si mal que ça que Lucy sait que son seuil de tolérance est presque atteint, parce que dans le genre pain in the ass, si Yaxley est forte, Siham bat tous les records.

Elle penserait à remercier la direction pour les avoir séparées, parce que Lucy avait presque oublié avec le temps à quel point Siham la soulait, à quel point elle aurait bien voulu l’étriper. Si ça avait été elle dans cette mission où feu l’ancien handler est mort, Lucy aurait carrément pensé à pousser Siham sur la trajectoire du sort, histoire d’être accusée pour quelque chose qu’elle a au moins fait.

L’autre daigne enfin revenir, Lucy la gratifie d’un regard aussi noir que blasé, l’imagine encore se vider de son sang dans la forêt à la place d’Henry (la vision apaise un peu son agacement)

- Tu penses passer ton permis de transplanage un jour ou tu préfères l'assistanat ?

Le sang de Lucy se remet à bouillir aussitôt, son regard vire plus noir que noir. Pour un peu qu’on ait été deux jours plus proches de la pleine lune, elle lui aurait sauté à la gorge et l’aurait juste bouffée, l’échéance étant à une semaine et demi, Lucy se contente de serrer les dents à les faire grincer alors que quinze répliques différentes lui traversent l’esprit sans qu’elle ne sache laquelle serait la plus pertinente. Elle ne trouve pas, elle se saisit donc du bras avec répugnance et atterrit dans une rue quelconque avec un début de mal de mer.

Il y a déjà un truc vivant par là-bas, Lucy dresse l’oreille et s’apprête à lui sauter dessus, sans se presser puisqu’elle sera toujours plus rapide que le fugitif quoiqu’il arrive. Encore plus si l’autre la spolie de ses chances de l’attraper.

Lucy darde sur elle un autre regard assassin, ses poings se serrent un instant avant qu’elle ne se dise qu’au moins, contrairement à Yaxley, Al-Massri se donne la peine de travailler. Un demi-point pour elle, rien qui ne rattrape la très (très) mauvaise opinion que Lucy a d’elle.

Elle s’approche du fuyard, envie de sang tambourinant dans son crâne alors qu’il est impossible de passer la colère que lui inspire Siham sur l’intéressée puisque perdre un handler sous sa garde est inenvisageable.

- C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?

Elle voit rouge (sang), ne se retourne même pas pour donner à l’autre la joie de recevoir un nouveau regard mortifère, elle a plutôt les iris rivés à l’individu qui se relève sur les coudes, l’air vaguement sonné. Elle ne se presse toujours pas Lucy, il n’a aucune chance, aussi fait qu’un rat, or lui ne l’a pas encore compris. Il se lève, leur lance un regard de lapin pris dans les phares et prend la fuite.

L’instinct de chasseuse prend le dessus, de toute façon Siham l’a soulée et c’est elle qu’elle gnaquera si elle ne se fait pas les crocs sur une diversion. (dé) Le fuyard est rattrapé en cinq longues foulées, Lucy lui bloque le passage de sa très peu impressionnante silhouette et lui attrape le bras lorsqu’il croit pouvoir la contourner. Le membre est tordu dans un sens loin d’être naturel par les mains expertes de Lucy, le gémissement de douleur qui en résulte est presque une musique à ses oreilles. Elle lui envoie un coup de pied dans la rotule pour le faire s’affaisser, l’effet est immédiat, le bras fait crac, l’individu couine à nouveau. Un coup de poing au visage, un autre, et un autre – sang, ça inonde les sens de Lucy qui lâche le bras en morceau pour fracasser le nez du fugitif sur son genou à elle.

Il s’effondre en arrière avec un chuintement, Lucy le regarde de haut, fermant et rouvrant son poing droit aux jointures maculées du sang de l’assommé.

- Ça te va comme ça ? lance-t-elle à l’attention d’Al-Massri, le ton tranchant comme une lame de couteau.

L'individu émet un bruit que Lucy comprend comme un please combiné à un gargouillis, c'est désagréable, Lucy lui écrase sa semelle sur le visage, produisant un nouveau craquement intéressant et envoyant le fugitif droit dans l'inconscience.

tw. violence (pensées)

Lucy se demande si elle a une tête qui laisse supposer qu’elle est plus capable que d’autres de supporter les pétasses brunes de sang-pur. Si on lui demande, elle dirait que non, elle les supporte très mal, n’a qu’une envie : leur envoyer son poing dans la figure et casser cette jolie dentition qu’elles ont. Apparemment, les têtes pensantes de la VB ne sont pas de cet avis ; peut-être qu’eux aussi la trouvent ridiculement silencieuse, jugent son niveau de tolérance supérieur à celui des autres donc lui mettent dans les pattes les plus chieuses des chieuses. Heureusement qu’à défaut de pouvoir leur botter le cul, elle peut s’acharner sur les fugitifs.

Maintenant Lucy espère qu’Al-Massri apprécie le spectacle : quelqu’un comme elle, ça doit apprécier les excès de violence et les gargouillis d’humain s’étouffant dans son sang. Si ça ne lui plait pas, c’est tout pareil de toute façon, il faut attraper du fuyard, la méthode est le cadet des soucis de la VB.

- Pas mal.

Enfin. Lucy redresse le menton, presque trop fière d’avoir décroché un compliment (presque).

- Le style laisse à désirer mais j'imagine que l'on ne peut pas trop vous en demander.

Tous ses muscles se tendent brusquement alors que son regard vaguement radouci retrouve sa lueur mortifère. C’est peut-être un jeu pour Yaxley et Al-Massri, à celle qui se fera défigurer la première. Là tout de suite, Lucy contemple l’idée d’appliquer le même traitement à Al-Massri que celui qu’elle a appliqué au fugitif sous ses pieds ; peut-être que ça lui apprendrait une leçon, ça vaudrait surtout beaucoup trop de problèmes à Lucy qui, comme d’habitude, ferme sa gueule et sert les poings pour les empêcher de malencontreusement atterrir dans la mâchoire d’une future mangemort.

Soudain, alors que Lucy se détourne et se penche pour attraper le fugitif inconscient, un hoquètement lui fait relever la tête. Elle aurait bondi en avant et lui aurait réservé le même sort qu’à son collègue en bon substitut de Siham qu’il aurait pu faire, si seulement l’autre ne lui avait pas coupé l’herbe sous le pied.

Lucy le regarde s’effondrer tête la première, sa mâchoire serrée pourrait grincer tant sa frustration la ronge. L’odeur du sang persiste dans ses narines et lui fait tourner la tête, elle serre un peu plus les poings et essuie ses phalanges rougies sur son pantalon comme pour faire disparaître l’effluve qui n’apaise en rien son envie de taper sur la handler (ou un des terroristes, pour ce que ça change) jusqu’à entendre ses os se briser.

- Ce n'est pourtant pas si compliqué.

Ses lèvres se tordent en une grimace ; le sang qui pulse à ses oreilles lui permet de se focaliser sur autre chose que l’envie croissante de faire taire Siham une bonne fois pour toute – Lucy est pour une fois ravie de lui avoir tourné le dos, elle prend une grande inspiration, serre et dessert ses poings endoloris, finit par se mettre en marche. Elle est animée d’une force plus spectaculaire qu’à l’accoutumée alors qu’elle saisit le stupéfixé par le col et le traîne jusqu’à son collègue contre qui elle l’envoie rouler comme un vulgaire sac de charbon.

L’ignorance, le mépris, tout ça, ça ne peut qu’énerver Siham de ne pas obtenir de réaction à ses petites provocations. Lucy n’a de toute façon pas le choix, si elle pourrait se débarrasser de Siham à mains nues, les répercussions ne valent pas le coup.

- Il y en a d’autres, déclare-t-elle.

L’un comme l’autre fugitif portent les effluves d’autres individus sur leurs vêtements, Lucy en identifie deux différentes.

- Je peux m’en occuper, ajoute-t-elle d'un ton froid, comme si elle n'avait besoin de personne pour faire le taffe. C'est la vérité, quand elle traque avec Yaxley, elle pourrait tout autant être seule.

L’autre n’a qu’à emmener ceux là au ministère et la rejoindre après, quand le travail sera fait, quand les derniers fuyards baigneront dans leur propre sang pour les provocations de quelqu’un d’autre.

tw. violence (pensées), vulgarité

Ce n’est pas si compliqué. Elle lui en foutrait du pas compliqué. Qu’est-ce qu’elle a fait l’autre, depuis le début, à part l’oublier au bureau, râler, encore râler et attendre que le travail se fasse ? En soi ça ne change pas beaucoup des habitudes de Lucy, mais les remarques de meuf hautaine, ça ça lui donne des envies de meurtre, même si ça aussi, elle a l’habitude.

Lucy a très très envie d’évacuer Al-Massri de son périmètre, l’autre la met sur les nerfs et lui donne envie de fracasser des crânes sur le trottoir, ce qu’elle vient de faire mais qui ne suffit pas à la détendre – vraiment dommage qu’elle ne puisse pas engager un 1VS1 contre la handler, ça ça aurait le mérite de calmer ses nerfs à vif.

- En mettre un en sang ne t'as pas suffi ?

C’est toi que je vais mettre en sang pouffiasse – évidemment Lucy ne répond pas, fusille Siham du regard et imagine le bruit que ferait son poing en se fracassant dans sa mâchoire. Peut-être qu’elle pourrait la déboîter, lui casser une dent ou deux. Ce serait bien.

- Ah oui, j'avais presque oublié que vous teniez plus de la bête que de l'humain.

Mais quelle sale conne putain de m– qu’on lui rende Yaxley et jette Siham au fond d’un puit avant qu’elle ne commette un acte regrettable.

- Je pensais qu’on était là pour travailler, mais bon, si tu veux discuter, gronde-t-elle, regard incendiaire promettant mille morts violentes si elle ne trouve pas rapidement une distraction.

Le destin lui sourit, elle sent la magie avant même que le sort ne quitte la baguette et n’atteigne Siham. Cheh. Lucy fait volte-face et croise le regard d’une femme, peut-être qu’elle devrait s’écarter et la laisser massacrer Al-Massri ; deux handlers zigouillés en sa présence, ça ne ferait pas joli sur son CV, mais en même temps ce sont tous des gros cons que personne ne regretterait alors pourrait-on la blâmer ? – pas sur que le boss soit de cet avis.

Lucy a le mort mais elle n’a pas le choix, en plus elle doit faire en sorte de garder la handler en vie alors qu'elle voudrait exactement l'inverse. Franchement des fois elle se dit qu’elle devrait tout plaquer et se carapater avec Hayden et son pote aux yeux chelous, en emmenant Nawal, Reinir et les autres sous ses bras.

En attendant, elle bat son record au 50m pour avaler la distance qui la sépare de la terroriste, la baguette est toujours levée et les sorts fusent, (dé) Lucy a beau en éviter une poignée, elle se retrouve dans le faisceau d’un, puis d’un autre. Le premier est dérisoire, une coupure au torse comme on en voit tous les jours, le deuxième explose comme une bombe à ses pieds et la propulse en arrière, droit sur Siham. La chute fait mal, son coccyx proteste et Lucy n’est même plus vraiment énervée, trop secouée par le vol plané et son oreille qui siffle.

Lorsque ses yeux font la mise au point, elle voit la fuyarde occupée à aider ses deux comparses à se relever. Lucy secoue la tête pour chasser le bourdonnement et saute sur ses pieds ; elle titube un coup, se dit qu'elle a le temps, qu'elle leur laisse cinq secondes d'avance pour que ce soit équilibré. Elle en profite pour frotter ses coudes dans lesquels se sont enfoncés plein de petits gravillons, relève les yeux vers les fugitifs. Maintenant ils ont assez d'avance, maintenant la chasse reprend.

tw. violence.

L’avantage des missions qui dégénéraient était qu’au moins on ne s’y ennuyait pas. Lucy fit un roulé-boulé, mortification à faire des vols-planés avec atterrissages auprès de l’autre conne vite chassée par la nécessité de se remettre vite sur pieds pour repartir à l’attaque. Elle était contrariée maintenant, prête à faire leur fête à ceux qui prolongeaient son temps en compagnie d’Al-Massri et lui égratignaient les coudes.

Fugitifs pris en tenaille, Lucy envoya un coup de pied derrière les genoux de l’un, l’envoyant par terre alors qu’un éclair coloré filait au milieu du groupe sans toucher personne. Terrible comme Al-Massri était mauvaise; Lucy la regarda s’envoler d’un air neutre, se disant qu’Isobel avait beau ne pas être bien meilleure, elle lui épargnait au moins le pitoyable spectacle de sa déchéance. Coup de coude derrière le crane de l’individu à genoux qui le raya de la liste des adversaires, coup de poing envoyé droit dans le nez d’un autre qui tituba en geignant, sa compagne le vengea en envoyant un sort (dé 1) qui lui fit brusquement perdre la vue. Lucy prit deux secondes pour se focaliser sur ses autres sens, elle reprit ses esprits au moment où la sorcière murmurait un sort; (dé 2) la louve l’évita à l’instinct et à l’ouïe, se ramassa sur elle-même pour bondir sur son opposante. Elle perçut un mouvement plus loin, l’associa à Siham, renifla l’odeur du brûlé, battit des cils au moment où un cri retentissait.

Lucy était bien contente que la handler se décide enfin à se rendre utile, elle prit le parti de lui laisser la fugitive, se tourna vers son acolyte sur lequel elle bondit. Un sort partit, Lucy sauta sur le côté pour l’éviter (dé 3), l’éclair lui brûlant le coin de l’oreille alors que son genou finissait sa course dans l’estomac de l’assaillant. Elle entendit le souffle laborieux qu’il échappa, embraya d’un coup de poing au visage qui l’envoya au tapis.