La pression de la main de Myrthild sur son épaule le détend à peine, bien qu’il lui semble respirer mieux maintenant que les protections magiques ont été révisées. Qu’il sait que justement, Bertram Prewett ne pourra pas tout simplement faire irruption dans son salon et tomber sur bien pire encore qu’un bordel avec sa chère femme en mère maquerelle. Lance attrape la bouteille extirpée du placard et entreprend de leur verre à chacun un verre ― et pour s’en claquer un fissa, d’ailleurs, avant de le remplir à nouveau. « C'est qui Rhys ? Il va venir ici ? Pourquoi ? Il va apporter de quoi vous soigner, répond-il à Lottie, voyant que Max ne sait pas vraiment quoi dire à sa question bordée de soupçons et de méfiance. Réponse incomplète, puisqu’avec Rhys, il n’y a pas que cela qui vienne : il y a son sourire, son énergie, sa douceur, ses yeux tendres et tristes. Il y a son cœur, sa chaleur, sa stabilité. C’est mon meilleur ami. Il connaît Max. Il veut lui assurer qu’elle va l’aimer, elle aussi ― Rhys a ce talent, après tout, celui d’attirer tout de suite l’amitié. Je lui confierais ma vie. »

Ça ne veut peut-être rien dire, pour Lottie.
Il le dit quand même.

« Je… je savais pas où aller ailleurs. T’as bien fait, petite. (ça lui fait peut-être un baume de savoir qu’elle le considère comme un refuge, qu’elle sait qu’elle peut être en sécurité auprès de lui, qu’il va la protéger) J’voudrais pas t’savoir ailleurs », lance-t-il en profitant que les sorcières soient au salon pour aller investiguer dans sa penderie. Toutes ses fringues sont évidemment trop grandes pour ses deux nouvelles locataires, mais elles ont l’avantage d’être propres, sèches et confortables. Il leur constitue ainsi à chacune un petit paquet comprenant un t-shirt (de Quidditch, bien sûr, équipe au choix de la fugitive), un short de pyjama dont la taille devra être sévèrement resserrée et des chaussettes chaudes.
Profitant aussi de ce moment de solitude, dans la pénombre d’une chambre où le lit n’est même pas défait, trahissant l’insomnie de Myrthild, pour mettre ses mains sur son visage et inspirer. Expirer. Rattraper ce souffle un peu désordonné, ce coeur qui bat si vite, cette façade de contrôle, d’assurance, qui veut craquer.

Max l’a retrouvé. Une nouvelle fois.
Il n’a pas encore osé la prendre dans ses bras.
Il a peur de se briser.

Trois coups à la porte arrière le font surgir de la pièce, les bras toujours pleins de ses vêtements, et s’empresser de vérifier par la fenêtre enchantée que c’est bien celui qu’ils attendaient qui est là. Sans faute. Le Gallois entre avec une douce salutation, sans même vraiment le regarder ― de toute manière, the main event, ce n’est pas lui, mais bien les invitées-surprise dans son salon, et tous leurs regards soudain tournés vers le nouveau venu. Qui, évidemment, est parfait (il ne s’attendait pas à moins). Qui, bien qu’il doit le détester de lui envoyer des putains d’origamis codés en pleine nuit, est là, tout simplement. Là avec de quoi aider, de quoi soigner, de quoi compléter le petit rassemblement illégal sous son toit. Le chocolat distribué, là seulement son ami se retourne vers Myrthild et lui, son regard bleu aussi sérieux qu’interrogateur (et franchement, il doit partager au moins la moitié des questions qu’il se pose). « Drôle d'heure pour une réunion de famille... Je préviendrai d’avance, la prochaine fois », répond-il avec un haussement des épaules. Ce ne sont pas des excuses, ni des explications, mais il n’a rien à lui répondre de mieux.

Le sorcier s’avance vers Lottie et lui tend le premier paquet de vêtements. « Tu prends le temps qu’tu veux, dans la douche », précise-t-il afin qu’elle ne se sente pas pressée, ou n’ose pas profiter de l’opportunité. Il ne sait pas s’ils vont réussir à la mettre un peu plus à l’aise, entourée d’inconnus, mais Lance s’attache à la logique qu’une fois lavée et nourrie, la rouquine ira un peu mieux. Juste un peu. Ce sera déjà beaucoup. « T’es blessée ? » Pas encore qu’est-ce qu’il s’est passé, ni d’où vous venez : ce n’est même pas encore assez important, dans son esprit, pour qu’il s’y attarde. L’immédiat concentré autour des besoins de base des deux fugitives.

ohana means family

Family means nobody gets left behind or forgotten
Nuit du 25 au 26 juillet 2007
@Lance Farrow @Myrthild Travers @Rhys Lloyd

---

tw : ptsd, mort, sang, douleur, anxiété, wounds

Le nouveau nom inconnu sur les lèvres des adultes autour d'elle lui arrache un frisson - la méfiance monte, comme un mécanisme. Elle étudie les murs, comme si elle était en quête d'une porte de sortie ; la vérité, c'est que fixer les décorations lui fait garder les pieds sur terre. Le grondement qui lui monte dans la gorge ne s'apaise pas pour autant - griffes presque sorties. "Il va apporter de quoi vous soigner." Lottie ne répond pas tout de suite, se contente de poser un regard hésitant sur Lance - elle triture le pan de son tee-shirt, se bouffe l'intérieur des joues et se frotte les yeux. Les sourcils, jusqu'alors froncés, s'affaissent presque brutalement. "C’est mon meilleur ami. Il connaît Max. Je lui confierais ma vie." Meilleur ami. C'est un terme qui lui est familier - Ocean lui vient immédiatement à l'esprit. Alors, la gamine finit par hocher de la tête. "D'accord." Et l'attention qui se porte sur les chaussettes de Max, comme si c'était réellement ce qui était important là tout de suite. Trouver des nouvelles chaussettes. Are you fucking dumb? Who cares! "Ouais… je… elles sont pleines de flotte. Les tiennes aussi." À la réponse de la sorcière, la môme cligne des yeux et ne répond pas tout de suite.
Il lui faut quelques secondes pour percuter - le temps qu'elle jette un regard à ses propres chaussettes - et c'est seulement là qu'elle capte l'état misérable des siennes. Trouées, trempées et couvertes de boue. "Putain .. ouais .. j'avais pas vu .. la merde." Les mots sortent au ralenti après quelques secondes à ouvrir et refermer la bouche comme un poisson hors de l'eau - have I always been that slow, or am I just exhausted ? Lottie ne sait plus réellement ce qu'elle dit après, oublie sa question aussitôt qu'elle a quitté ses lèvres - mais la réponse de Max ne se fait pas attendre. "Elle… de la magie. Protection." Ah, oui, c'est vrai. Elle a demandé ce que fait Myrtle-Myrth. "T'es sûre ?" qu'elle demande, encore un peu à cran - les muscles sont encore tendus de la situation qui a eu lieu quelques instants plus tôt, et le souffle est encore court.
Un léger sursaut agite les bras de Lottie lorsque Myrtle-Myrth revient vers eux, les tasses fumantes flottant avec elle pour se déposer sur la table qui leur fait face. La rouquine fixe les volutes de fumée qui s'étendant comme des rubans sous ses yeux exténués ; fantômes de vapeur qui l'hypnotisent presque. "Je vous présente mes excuses, à toutes les deux." La née-moldue reste silencieuse, obnubilée par les tasses. "Il fallait que je sois sûre." Sûre...sûre... sûre de quoi ? Elle ne pose pas la question pour autant. Son cerveau ne suit plus. "..... ok." Puis, après un court instant d'hésitation : "Mais plus de baguette .. s'il vous plaît madame." Elle plante son regard dans celui de la brune quelques secondes, puis baisse la tête. Plus jamais. Elle ne peut pas. La vue d'un simple bout de bois pointé dans sa direction la terrifie. "Ils ne pourront pas vous traquer jusqu’ici, je viens de m’en assurer. Vous êtes aussi en sécurité ici que de l'or à Gringotts." Alors que Max répond, elle murmure presque : ".. c'est une bonne chose ? .." La question restera sans réponse (ce qui n'est pas plus mal).

Myrtle-Myrth range sa baguette - Lottie se détend considérablement lorsque c'est fait, comme si le simple fait d'ôter la baguette de sa vue était capable de changer son comportement du tout au tout. La née-moldue observe la sorcière stopper le saignement de son doigt avant de boire son thé, pour ensuite les inviter à l'imiter : "Buvez, ça vous réchauffera un peu." Rapide regard vers Max, qui approuve : "Elle a raison, ça fera du bien." C'est suffisant pour la jeune fille, qui finit par se saisir d'une tasse pour boire une gorgée. La sensation du liquide chaud glissant dans sa gorge lui aurait presque arraché un ronronnement - elle ferme les yeux une courte seconde avant de les rouvrir pour poser son regard sur l'index de la sorcière en face d'elles. "Faudra mettre un pansement." C'est ce qu'on lui a toujours dit de faire - sinon ça s'infecte, et ça pique, et ça se soigne pas bien et faut couper le doigt. On peut être un sorcier de talent avec un doigt manquant ou pas ? Ça a pas l'air d'être quelque chose qui bloquerait Myrtle-Myrth.
Trois coups soudains à la fenêtre lui arrachent un violent sursaut, si bien qu'elle en renverse presque sa tasse - mais elle se rattrape de justesse, ne faisait tomber que quelques gouttes sur ses genoux engourdis qui, de toute façon, ne ressentent plus rien au vu de la fatigue qui les prend. Un homme entre dans la pièce - elle l'étudie de haut en bas, sans un mot. Lance l'a laissé rentrer, c'est qu'il n'est pas un ennemi ? (Est-ce que c'est Rhys ?). "Max?!" Son regard va donc de Max vers l'homme - méfiant, plissé. "Je suis Rhys, un ami de Maxwell." Elle hoche de la tête, se détend légèrement. "Lottie." La môme plonge à nouveau son nez dans la tasse, boit quelques gorgées et suit Rhys du regard qui retire sa cape, avance vers elles et se met à fouiller dans une trousse pour leur tendre quelques chose. "Tenez, c’est pour vous, on s’occupera de vos blessures ensuite." Cela fait tellement longtemps qu'elle n'en a pas vu que ce n'est que lorsqu'elle la prend dans ses mains que Lottie comprend qu'il s'agit d'une tablette de chocolat. Comme si son estomac prenait soudainement conscience de son vide abyssal, un gargouillement retenti dans la pièce - elle ne réagit pas tout de suite, hoche de la tête. "Merci .. Rhys." I'm so fucking hungry i could eat a whole damn horse. Elle ne s'embarrasse pas de politesse et n'attend personne ; alors que Rhys, Mytle-Myrth et Lance échangent quelques mots, elle défait l'emballage et croque à même la tablette sans même prendre la peine de casser un ou deux carrés. Quelques miettes tombent, mais elle les rattrape et les enfourne dans sa bouche aussitôt. "C'est bon." qu'elle souffle à Max (la bouche pleine, évidemment). Elle jette un regard vers Rhys, puis les autres - complètement appâtée par la nourriture, oui. L'instant d'après, Max fond en larmes dans les bras de Rhys, et Lottie ne sait pas trop où se mettre - elle mastique le chocolat en regardant le plafond, Lance, Myrtle-Myrth, ses pieds ...

Lance lui tend soudainement un paquet de vêtement - elle le regarde les bras ballants quelques secondes, sans comprendre tout de suite. "Tu prends le temps qu’tu veux, dans la douche." La rouquine hoche de la tête et accepte les vêtements sans plus hésiter - elle n'est plus à ça près, et vient de finir d'engloutir la tablette de chocolat. "Ah ... euh .. merci." Elle lève la tête pour croiser le regard de Lance, détourne aussitôt les yeux - tout est encore fiévreux dans sa tête. Les cris .. le sang .. la panique - "T’es blessée?" Blessée ? Est-ce qu'elle est blessée ? Elle ne sait même plus où elle a mal .. Son regard se pose sur son poignet encore rougi par la poigne de la louve Greyback qui l'a embarquée pendant leur course effrénée. Elle se rappelle soudain de l'ouverture sur son arcade - porte une main sur ses sourcils couverts de sang séché. "Là, c'est tout .. je crois." Pause. Elle fronce les sourcils, cherche ses mots. "Mais ça fait plus mal .. enfin presque." Un peu confuse, Lottie se gratte la tempe - c'est trop bizarre, elle a l'impression de même plus être dans son corps. Elle suit Lance dans son ombre, l'allure robotique, et s'arrête devant la porte de la salle de bain.
La née-moldue hésite un instant devant la pièce avant de se retourner vers Lance, lui faisant un signe de la main pour qu'il lui tende l'oreille - et, se haussant sur la pointe des pieds, elle lui souffle : "C'est Max qui a vraiment morflé." Un léger coup d'oeil furtif est lancé vers la métamorphomage - elle reprend : "Faut que vous regardiez son bras. Je sais plus quel sort ils lui ont lancé mais .. elle l'a pris à ma place .. donc faut qu'elle aille mieux vite, ok ? Promis ?" La jeune fille plante son regard dans celui de Lance (en se tordant le cou au passage) puis se glisse dans la salle de bain - se retrouve seule face à la pièce vide, laissant les autres adultes à côté. Et, pour la première fois depuis longtemps, elle savoure le silence et la solitude.

ohana means family

Family means nobody gets left behind or forgotten
Nuit du 25 au 26 juillet 2007
@Charlotte Ellis @Lance Farrow @Rhys Lloyd & Seonag Maxwell

Elle essaie de ne pas trop regarder la jeune fille à côté de Maxwell, mais elle ne peut s’empêcher de s’interroger -quel âge peut-elle bien avoir ? Parfois, à être du bon côté des lois du sang, Myrthild se surprend à oublier ce qu’il peut bien y avoir comme ignominies perpétuées par le Ministère et par ceux qui se disent ses semblables. Mais Max et Lottie sont bien le signe qu’il existe des choses qui ne le devraient pas (pas parce que les deux jeunes femmes mériteraient la mort, mais tout à fait le contraire !). Max a l’air perdue, et tandis qu’elle bafouille, la métamorphomage observe son apparence, tente de repérer les éventuelles plaies qui se dissimuleraient sous leurs vêtements. Ce n’est pas parce que ses enfants n’ont jamais ramené d’entailles ou d’éraflures de leurs promenades champêtres (ou simplement dans le jardin) que Myrthild a oublié celles qu’elle ramenait quand elle était gosse. Il y a un peu de cela, à rester à quelques mètres de distance et à profiter que Max a baissé le nez vers son thé pour scruter les corps fourbus et fatigués. « Je savais pas… savais pas que tu serais… là. » dit tout de même la fugitive et la seule réponse qu’elle récolte est un long soupir de la part de Myrthild.
Elle n’a pas spécialement envie de détailler ses problèmes conjugaux, encore moins en sachant (en se doutant) d’où viennent les fuyardes. Sur ces entrefaites, alors qu’elle souffle sur la surface de son thé, on toque à la fenêtre et Rhys fait bientôt son entrée dans les lieux. Ne répondant pas à la remarque du sorcier alors que Lance le fait déjà, elle se contente de hocher les épaules sans chercher à justifier sa présence. Une gorgée de thé, et les méninges qui continuent de tourner.

Plus les minutes passent, plus elle détaille l’apparence des escapées, moins elle ne peut ignorer d’où elles viennent. Ainsi ce que Shacklebolt lui avait annoncé s’est produit. Elle pourrait en concevoir une certaine forme de fierté si elle pensait qu’elle seule avait contribué une telle chose, mais elle n’est pas sotte au point de croire que l’Ordre a bougé sur la base de ses seuls renseignements (auquel cas, ils auraient sans doute agi plus tôt). Son regard revient sur Max alors que la petite rouquine apprend à l’assemblée qu’elle n’est pas trop blessée, à la différence de son aînée qui a pris le gros des sorts. Alors que Lottie demande qu’on s’occupe en urgence de son amie, Myrthild la rassure, doucement : « On va la soigner, promis. » suivant du regard la rousse, elle garde une mine grave, concentrée.

Pour l’heure, elle est encore en train de peser le pour et le contre.
Feindre qu’elle ne savait rien ne passera pas. Après tout, elle a elle-même avoué à Lance, il y a bien six mois de cela, qu’elle avait transmis des informations à Kingsley Shacklebolt, of all people, et il sait (pour une très bonne raison) qu’elle l’a vu il n’y a pas longtemps. En outre, s’il y avait des renseignements à donner à l’Ordre, c’était probablement parce que la société sorcière ne savait pas tout. Quant à Rhys… Elle en est moins proche, mais vu ce qu’il fait pour des personnes recherchées, elle ne voit pas pourquoi il irait trahir quoi que ce soit.

Lorsque la porte de la salle-de-bain se referme derrière la jeune fille, Myrthild reprend une gorgée de thé, puis repose sa tasse sur la table basse et pose ses yeux verts sur Max, la regardant avec intensité. La mention du tatouage sur le talon lui a permis d’ores et déjà de savoir qu’elle a bien face à elle la jeune femme qu’elle a vu grandir pendant de longues années. Peut-être que les deux hommes la trouveront trop brutale dans ses manières, montrant trop peu d’empathie vis-à-vis de leurs épreuves et ne lui laissant même pas le temps de souffler avant de l’assaillir de questions. Mais les protections runiques qu’elle a renforcées quelques minutes plus tôt vont peut-être nécessiter d’autres précautions, des noms à éviter, une solidification sur le long terme. Tandis que le bras de la métamorphomage est en train d’être ausculté, Myrthild se positionne face à Max et se penche un peu vers elle pour capter son regard : « Comment est-ce que vous êtes parties de l’île ? » Le regard que Max lui jette est plein de doute et de surprise, et puisqu’elle reste mutique pour le moment, Myrthild explique brièvement, à l’adresse de Rhys et Lance : « La plupart des prisonniers qui, officiellement, étaient envoyés à perpétuité à Azkaban, ont été bazardés sur une île dont ils ne pouvaient pas partir. Elle tait bien sûr l’utilité de ce vivier de proies. Pourrait peut-être en dire plus, mais Max réussit à articuler dans sa stupeur : - Co… Comment tu sais ça ? » Et Myrthild de revenir à Max, sentant le regard insistant de l’échappée sur elle : « On s’en fout de savoir comment je le sais. Ce qui importe, c’est de savoir quels sont les biais de traque possibles… » Une membre du Magenmagot comme elle a pu croiser des dossiers d’instructions : certes, elle est loin d’avoir la connaissance pratique des sorts qu’auraient des brigadiers de la Justice Magique. Mais une maître runiste comprend les bases, et elle pourra au moins envisager les différentes contre-mesures à mettre en place quand elle en saura plus. « Vous avez pu transplaner ? Vous aviez des balais ? C’est l’Ordre qui t’a donné ta baguette, d’ailleurs, ou tu l’as prise à quelqu’un ? », ajoute-t-elle, prudente, ne voulant pas l’encourager à la ressortir en se sentant sous pression. Elle manque évidemment de douceur, et même peut-être un peu de patience. Elle devrait y aller plus doucement, ou laisser au moins Max dormir avant de l’ensevelir sous le poids des interrogations. Elle devrait faire autrement. Mais la situation lui échappe complètement, et tout ce qu’elle peut faire, c’est essayer de les protéger de menaces qu’ils n’auraient pas encore envisagées. Et tant pis si dans la manœuvre, elle fait l'effet d'un troll dans un magasin de porcelaine.

Le sorcier observe Lottie avec attention alors qu’elle lui désigne un peu confusément son arcade sourcilière blessée, suit son regard vers un poignet un peu rougi, cherche des blessures qui pourraient avoir échappé à son radar. « Tant mieux si y’a presque rien », conclut-elle sur un ton un peu bourru. Pas rien physiquement, du moins. Pour le reste, disons qu’il a hâte et pas hâte de savoir d’où elles arrivent, comme ça, avec cette tête de déterrées d’un tombeau. La rouquine lui fait un signe de main et cette fois-ci, Lance se plie pratiquement en deux pour écouter ce qu’elle glisse à son oreille. Il regarde Max de biais et hoche gravement la tête. « Promis, on va la soigner. » Petit chœur avec la voix de Myrtle, réaction au diapason de Rhys qui entraîne la plus jeune Métamorphomage sur le canapé pour regarder son bras en vrac.

Le bruit de la douche envahit l’appartement. Lance s’appuie lourdement sur le dossier du canapé, sa grande paluche pas loin de la tête blonde de Max, les yeux rivés sur sa sale blessure. Puis, sur la sang pure venue s’installer face à la fugitive. La mention d’une île tracasse le Farrow ― fait bouger quelque chose en lui, sans qu’il sache. Sans qu’il se rappelle, bien sûr, lui-même déjà avoir vu cette île, déjà avoir observé l’horreur à travers une boule de cristal, que pour ensuite demander qu’on efface tout de sa mémoire. Il ne pouvait rien faire, jadis, et pas plus maintenant, et le poids était trop grand. Trop lourd sur une conscience déjà malmenée, une moralité de plus en plus tiraillée. Il ignore donc tout, mais le malaise croît néanmoins dans sa poitrine. Tension familière, serrement qui picote sur sa nuque, dans ses poumons, fait s’approcher une angoisse dont il n’a pas besoin en ce moment.

« On s’en fout de savoir comment je le sais. Ce qui importe, c’est de savoir quels sont les biais de traque possibles… Myrthild. Myrtle », et encore une fois, sa voix se fait un choeur ― cette fois-ci de celle de Rhys, sur la même longueur d’ondes que lui. Celle où il ne voit pas d’un bon oeil l’insistance de sa meilleure amie, qui se fait finalement couper par un Rhys virulent. Virulent, protecteur et dans son bon droit, le gallois prenant le dessus sur l’anglais dans la défense féroce de Max et Lottie. Le Farrow enchaîne, ferme : « Elles sont en sécurité, ici, oui ? Il ne l’a pas fait renforcer les protections de son appart pour faire joli, si ? Tu nous expliqueras cette affaire d’île après. Les petites sont là, elles vont pas r’partir. » Quand Max et Lottie dormiront dans une chambre bien insonorisée, dans un lit confortable et assez grand pour les accueillir toutes les deux (vous avez vu la carcasse de Lance). Et pareil pour les autres questions de l’ancienne Serpentard ― questions certes pertinentes, mais qui semblent (et de loin) dépasser les capacités actuelles de leurs invitées surprise.

« Max, laisse Rhys s’occuper de ton bras. T’es la prochaine à la douche : tu schlingues la mort. » Elle sourit sans sourire, elle réplique sans coeur, ses yeux verts toujours fixés sur la figure de la Travers. Trop de questions sans réponses persistent. « Aide-moi à cuisiner un truc », invite-t-il la quadragénaire. Ce sera toujours mieux de l’occuper en cuisine, avec lui, que de la laisser assommer les deux sorcières avec son interrogatoire. Lottie est un sac d'os, Max ne semble pas avoir mangé depuis la dernière fois où il l'a vue, elles ont besoin de quelque chose de chaud, de bon, qu'importe qu'ils soient en été, dans la chaleur collante du cœur de Londres.

ohana means family

Family means nobody gets left behind or forgotten
Nuit du 25 au 26 juillet 2007
@Lance Farrow @Myrthild Travers @Rhys Lloyd

---

tw : ptsd, mort, sang, douleur, anxiété, wounds, dépersonnalisation, poids (malnutrition)

"On va la soigner, promis."
"Promis, on va la soigner."

Les deux réponses lui sont adressées presque en même temps: ça lui arrache un sourire (tremblant, certes, mais bien visible).

Lorsqu'elle se retrouve seule dans la sale de bain, Lottie dépose d'abord les vêtements prêtés par Lance dans le lavabo. Elle va ensuite pour fermer la salle de bain à clé, afin d'être sûre que personne ne puisse être témoin de la crise qui est sur le point d'exploser. L'endroit est finalement clos dans un petit clic significatif.
Ce n'est que là que la rouquine se laisse tomber par terre. Elle s'adosse à la porte et se laisse glisser jusqu'au sol, l'impression de peser une tonne la prenant soudainement à la gorge. Les mains tremblantes s'agrippent à ses genoux, recouverts de terre et de sang - les ongles en sont eux aussi couverts.

Comme sur le Tempest, Lottie se met à gratter frénétiquement le tissu de son pantalon - puis ses bras, ses pieds. Elle est vivante et en sécurité. Elle a encore du mal à y croire, tout est brumeux: c'est à peine quelques heures plus tôt que les cris résonnaient sur l'île, et que les prisonniers fondaient en larmes sur le bateau à la vue des silhouettes encore coincées sur Gracefield.
Il y a les visages qui s'enchaînent à une vitesse telle qu'elle en a la nausée. Aoife, Dan-bi, Tristram, Faye, Perdita, Rena, Simon, Irene, et tant d'autres encore. Certains qu'elle sait en vie: d'autres dont elle n'a aucune nouvelle et ne peux qu'espérer être sauvés et libres. They must be alive, right? All of them? They have to. They can't be dead. They just can't. Un hoquet lui retourne la gorge et elle plaque sa main sur ses lèvres pour réprimer le sanglot.

La rousse se relève maladroitement, retire ses vêtements et reste pendant quelques secondes face au miroir, à observer son reflet. Elle ne reconnaît pas le regard que lui renvoie sa propre personne. Ni même la silhouette décharnée couverte de bleus, de sang, et de cicatrices aussi vieilles que fraîches. Toute une constellation de souvenirs morbides est tracée à même sa peau, entre les tâches de rousseur et les côtes saillantes.
Lottie passe une main sur son ventre, après de longues minutes à hésiter, comme hypnotisée par la personne en face d'elle. La peau est rêche, elle sent les os sous ses doigts, butte contre les angles. That's not me. No. Have I always been like this? Elle se mordille la lèvre inférieure et tourne, se tord le coup pour observer son dos qui est fidèle au reste de son corps. Maigre, terne, couvert de marques, de terre, de sang et Dieu sait quoi d'autre.

Étonnement, elle n'a aucune réaction. Juste un maigre soupir. La violence du constat ne l'atteindra que bien plus tard: pour l'instant, elle n'agit que par automatisme.


La douche lui a fait un bien fou. Elle a dû se laver plusieurs fois pour dégager toute la saleté: et elle a bien savouré l'eau chaude. Peut-être même qu'elle en a profité pour pleurer de tout son saoul, à l'abris sous le bruit du jet d'eau: ça restera un mystère. Les yeux rougis et gonflés pourraient tout aussi bien être la faute au gel douche qui lui a déglingué les yeux (absolument personne n'est dupe). Lorsqu'elle revient dans la pièce où se trouve tout le monde, Lottie porte un t-shirt des Rowdy Ravens bien trop grand pour elle qui lui arrive en dessous des genoux. Avec ça, un short de pyjama dont elle a tellement serré le cordon qu'il appelle à l'aide - et des chaussettes si douces qu'elle a presque envie de les caresser avec sa joue. Feels like home.

Les fringues avec lesquelles la môme était arrivée se trouvaient sur son dos longtemps que Lottie a l'impression qu'elle vient de changer de peau. C'est désagréable, elle n'est pas très à l'aise, et ça se ressent (mais ça fait du bien)(les fringues sentent bon et elle aussi)."Max." qu'elle appelle d'une petite voix. Assise à côté de Rhys, Max ne lui répond pas tout de suite. Lottie s'approche et insiste. "Hey. À toi. Y a les fringues dans le lavabo." La blonde pose brièvement sa main sur son épaule et elles échangent un regard - Lottie a l'impression que Max lit dans ses pensées et n'aime pas ça, alors, elle détourne le regard et l'autre rescapée va à son tour s'enfermer dans la salle de bain.

Un peu comme un animal, elle se met à renifler l'air. Food. Son estomac gronde, semble avoir déjà oublié la tablette de chocolat qu'il s'est enfilé. Après une courte hésitation elle s'approche de la cuisine où Lance et Myrtle-Myrth s'affairent (elle a trop peur de leur traîner dans les pattes). "Merci pour les vêtements." fait-elle à l'attention du géant avec un léger hochement de tête. Elle porte ensuite son attention sur la sorcière et ajoute un très hésitant "Ça.. sent bon..?" avant d'aller rejoindre l'autre sorcier sur le canapé. "..Rhys..?" appelle-t-elle timidement. Pause. Elle renifle et s'essuie le nez du plat du pouce (beurk oui c'est dégueulasse elle a plus l'habitude des mouchoirs). Lottie reste debout en face de lui quelques secondes avant de finalement s'asseoir. "Est-ce que ça va, son bras?" qu'elle lui demande en chuchotant, comme si Max allait les entendre de l'autre côté de la porte - et elle écoute le sorcier sans un mot, les mains sagement posés sur ses genoux couverts de bleus.

L'appartement est calme, et elle n'a aucune idée que quelques minutes plus tôt l'atmosphère était électrique. Il fait chaud. Elle a des nouvelles fringues confortables. Et il y a une bonne odeur qui flotte dans l'air.

Lottie est bien contente d'être en vie et d'avoir survécu à ce cauchemar.

La stupeur sur le visage de Max ne l’a pas vraiment retenue, pas plus que la conscience infime de ce que les jeunes filles avaient pu avoir traversé avant d’arriver sur le perron de Lance. Il y a quelque chose qui est prégnant chez Myrth, ce sentiment que la mise en garde de Kingsley est arrivée à son terme et que ce contre quoi il l’avertissait s’est produit. Puisque les anciennes prisonnières sont à Londres, Gracefield a dû tomber cette nuit. Si cette perspective réjouit Myrthild, il y a néanmoins un risque qui est accru quant à la sécurité des jeunes femmes rescapées, et la runiste en vient à se demander si ses protections suffiront, et si les prisonniers de l’île n’avaient pas été affublés d’une marque ou d’un traqueur quelconque.
Mais Rhys et Lance haussent le ton, alors qu’elle dépasse les bornes du raisonnable. Il faut toutefois que Rhys intervienne plus énergiquement pour qu’elle détourne le regard, comprenant un peu trop tard l’impression que ses interrogations ont pu produire.
Évidemment que ni Max, ni Lottie n’ont rien fait de mal. (Quoique, Max a quand même attaqué un chef de département ministériel, mais bon, c’était Roy Flint, il n’avait rien pour lui, reconnaissons-le.)

Alors que le Gallois repasse à sa langue maternelle, Myrthild recule d’un pas ou deux, levant les mains comme pour faire comprendre qu’elle a compris. Un regard à Max, un peu gêné, est accompagné d’excuses : « Pardon, je suis désolée. » C’est la deuxième fois en même pas vingt minutes qu’elle va trop loin. Il va clairement falloir qu’elle aille prendre l’air, et des informations, parce qu’elle se sent complètement impuissante, et cette situation l’horripile. Alpaguée par Lance, d’un « Elles sont en sécurité, ici, oui ? », elle hoche la tête, confirmant qu’elle n’a pas fait son tour pour rien. « Tu nous expliqueras cette affaire d’île après. Les petites sont là, elles vont pas r’partir. » Le sous-entendu est clair, et la sang-pur acquiesce, en s’approchant d’une fenêtre pour regarder dehors, et tenter de voir s’il y a une certaine effervescence sur le Chemin de Traverse (mais ça n’est pas le cas). Elle sent un regard sur elle, et dans le reflet de la vitre, elle repère le visage de Max tourné vers elle. Se retournant, elle croise le regard de Lance, qui lui donne une occupation : « Aide-moi à cuisiner un truc - Hm. » en guise de réponse. Elle s’approche de lui, passant dans le coin cuisine, et commence à faire le tour des placards, avant de sortir plusieurs ingrédients qui permettront de mettre quelque chose de consistant dans l’estomac des échappées.

Occuper ses mains permet d’occuper en partie son esprit et de le contenir, d’éviter de trop penser aux répercussions que pourrait avoir un tel évènement sur le long terme.

Ce n’est que plus tard, une fois Max sortie à son tour de la douche, et elle et Lottie rassasiées et assoupies, que Myrthild explique ce qu’elle peut, sans forcément aller aussi loin dans les informations que ce qu’elle avait pu dévoiler à Kingsley, peut-être plus honteuse vis-à-vis de sa part dans un tel spectacle d’horreur auprès de son meilleur ami qu’elle ne l’était face à celui qu’elle renseignait.
Elle fera ce qu’elle peut pour protéger les survivantes, et se promet déjà d’aller voir dans sa penderie au manoir familial ce qui pourrait leur aller. Il va falloir surtout faire comme si de rien n’était, et elle s’engage à vérifier régulièrement les runes de protection de cet appartement. Pour garantir la sécurité de Max et Lottie, mais aussi celle de Lance, qui risque sacrément gros à héberger des fugitives.