tw: alcool, drogue
Seul un œil avisé aurait compris que, pendant les soirées, Serena suivait un rituel bien particulier. Inconsciemment, d'ailleurs, certains de ses fans avaient pris le coup de main, comprenant qu'ils avaient plus de chance de la dénicher à tel ou tel endroit pendant la soirée.
Mais là, au Royaume-Uni, elle était en terrain inconnu ; aussi, elle pouvait opérer comme bon lui semble, sans qu'on la soupçonne de calculer quoi que ce soit.
Après une arrivée super tardive (elle adorait débarquer le plus tard possible -mais pas trop tard non plus, histoire que les invités soient encore en forme), prétextant quelques before à droite à gauche, elle prenait soin de saluer sensiblement tout le monde (mais en réalité, elle ne saluait qu'un nombre très restreint de personnes, toujours avec beaucoup de chaleur, si bien qu'une nana qu'elle n'avait jusqu'alors jamais croisé pouvait avoir l'impression d'être sa bff l'espace d'un baiser et d'une accolade).

Elle s'arrangeait ensuite toujours pour qu'on lui serve à boire, suivait docilement la personne en charge de son cocktail bien relevé, histoire de rentrer rapidement dans le vif du sujet. Quelques pas de danse, le verre en main, les cheveux dans les yeux, toujours un peu trop collé-serré, avant de se laisser embarquer dans le coin des fumeurs, fourrés sur le rebord d'une fenêtre.
Elle pouvait y rester longtemps, à écouter les langues se délier à grands renforts de cigarettes et de joints. Elle en profitait pour caser, l'air de rien, que sa vie à elle était sensationnelle, avant de s'éclipser dans son spot favori ; la salle de bain.

Les meilleures contre-soirées se déroulaient dans les salles de bain. Entre celles et ceux qui retouchaient leur maquillage, ceux en train de comater sur les toilettes, chouinant sur le râteau qu'ils venaient de récolter, vraiment, tout était croustillant, drôle et intime, dans les salles de bain.
Serena tamise la lumière d'un tour de poignet prolongé de sa lourde baguette. Il y a un couple qui chuchote, recroquevillé sur les toilettes. L'endroit est exigu; les soirées underground sang-mêlé se déroulaient généralement dans des squats moldus discrets.

"Hey handsome," ronronne-t-elle à l'intention du garçon déjà avachi en biais dans la baignoire, ses jambes balancées par-dessus le rebord. "Got room for one more?" Sans attendre quelle que réponse que ce soit (il est évident qu'il allait dire oui, de toute façon), Serena enjambe le rebord en émail, la pénombre profitant à sa jupe décidément plus courte de jour en jour, ainsi qu'à ses tatouages roses clairs sur sa peau brune, presque luminescents. Effet garanti sur cet inconnu qui lui a tout l'air d'être le regular jock, comme elle avait pu en date aux Etats-Unis, quand les artistes commençaient à la déprimer un peu trop. Pas qu'elle prévoyait de sortir avec ce garçon (si elle savait), mais les jock étaient toujours d'une compagnie assez agréable, bonne enfant et sexy, puisqu'ils la mettaient parfaitement en valeur. Ils étaient convoités pour leur popularité, mais tout aussi influençables, à force de perdre des neurones à grands renforts de cognards. Elle en voulait pour preuve les éclats de soleil qu'elle avait allumés dans ses yeux, aussitôt qu'elle avait posé ses fesses dans le fond de la baignoire.

"Waaaazzzzzuuuuup!!!!!!!" Malgré son cri et le généreux sac en plastique plein à craquer d'alcool acheté en chemin dans un corner store moldu, Rayane a du mal à cacher au bro Reese le tout nouveau tatouage triangulaire lui fendant la moitié de la gueule pour indiquer sa nouvelle et désagréable nature. Ça fait des mois que Rayane se confine (sans masque, mais avec couvre-feu obligatoire, hybride oblige) au BITE quand il n'est pas au travail au N2, sur la recommandation d'Igor. Des mois aussi que ce dernier essaye vainement de lui faire comprendre qu'il a changé, que tout a changé, que tout va changer, que tout change - mais il est pas con, Rayane, il sait bien ce que ça veut dire, hein. Peut-être que tes amis te traiteront différemment, lui a gentiment intimé son garde du corps improvisé, ce à quoi Rayane n'a pas pu s'empêcher de fanfaronner: mais alors ça veut dire que c'est pas mes amis!!!

Et le bro Reese, c'est un vrai. Ils jouaient souvent au foot, avant, et même qu'ils ont gagné plein de fois quand ils étaient en équipe, et même que Rayane lui a arrangé un plan avec sa go sûre Julia - donc clairement, c'est un vrai pote, un vrai bro, un vrai ami, et il ne va pas le traiter différemment, hein?

Reese a l'air pourtant un peu surpris de le voir, et horrifié en voyant la marque sur sa joue. "Rayane?! - Yessss bro, it's me, it's Rayane! How are you??" Rayane ne lui laisse même pas le temps de protester, le prend dans ses bras, lui claque une bise à la française sur les deux joues, lui tape dans le dos. "Sorry I didn't give news, I was busy-busy. - Uh... - But Tom told me you have a party, so I think I come, and now I'm here, you're happy? - Sure, I mean, but, err, what's that on your face? - It's the new mode, bro, and well, it's a long history..."

Une longue histoire que Rayane esquive sensiblement, préférant à la place mettre des bières en cannette dans la main de tous ceux qu'il croise, souriant suffisamment en espérant que ses fossettes feront l'affaire de dissimuler le tatouage sur sa joue. Il reconnait quelques gens, les embrassent et leur fait des checks, les régalent d'un grand rire et d'un clin d'oeil. Il ne pense pas au couvre-feu (au pire il demandera à Igor de venir le chercher), il ne pense pas au fait qu'à chaque fois qu'il apporte sa bière à ses lèvres il a l'impression que la boisson se transforme en cendre dans sa bouche, il ne pense pas au fait qu'il a faim, tellement faim, et que le cou d'Andrew n'a jamais paru aussi appétissant... non, Rayane ne pense à rien, et il fait la fête, et il boit, et il danse, et pendant quelques instants c'est comme si tout était comme avant.

Mais le bro Reese finit par le laisser, le bro Andrew aussi, sa go sûre Carolina aussi, et Rayane fait genre il a pas remarqué que tout le monde l'évitait et il se dit que c'est lui qui va éviter tout le monde, ça leur fera les crocs (grrr), tiens, et puis on se rendra compte que la fête est pas aussi bien sans lui, et on ira le chercher, non?

Il se réfugie dans la salle de bains, adresse un sourire plein de dents (trop longues) au couple en train de pleurer-s'embrasser-s'engueuler-se réconcilier près des toilettes, et va plutôt s'allonger dans la baignoire. Changement de perspective: Rayane regarde le plafond en alignant les cigarettes, la seule chose qui a le moindre goût depuis sa transforme, un pêché mignon qu'il a caché à tout le monde, même au bro Greed. Il y a des traces de pas sur le plafond, Rayane imagine quelqu'un marcher à l'envers, ou se battre en duel avec des moustiques farouches. Ça le fait rire et il est heureux, promis il est heureux, vraiment heureux, il peut retourner à la vie normale, tout change mais rien n'a changé, Igor t'as vraiment compris r au bail en fait, être vampire, c'est juste despi de régime et ne plus pouvoir enjoy le Happy Meal du vendredi soir, c'est tout, rien d'autre, rien n'a changé.

"Hey handsome." Rayane a fermé les yeux et les ouvre en comprenant qu'on s'adresse à lui - c'est bizarre, et il réalise que personne ne lui a parlé depuis son arrivée à la fiesta, c'est juste lui qui allait vers les gens, bref. Il sourit à la nouvelle venue, elle a l'air familière ou alors c'est juste parce qu'elle est belle, et il se redresse un peu dans le fond du bac. "Yo!!! - Got room for one more? - Yes of courseeee!" Il la regarde s'inviter au fond de la baignoire avec des yeux de merlan frit, ses yeux clairs remontant ses jambes interminables et attrapants les étranges dessins lumineux sur sa peau mate. Rayane s'assied correctement dans son siège de fortune, en tailleur face à elle, coinçant sa cigarette à moitié entamée entre ses lèvres. "I think that I know you from somewhere..." tente-t-il d'un air sérieux, la dévisageant avec un grand sourire qu'on ne pourrait que qualifier de benêt, et déjà assurément séduit. "...from my dreamz!"

Il rigole et se laisse aller contre le fond de la baignoire, ignorant le robinet lui rentrant dans l'épaule. "You brille in ze dark," note-t-il en tirant une taffe, laissant tomber la cendre sur le sol de la salle de bains. "How?!"

Serena aurait dû s'étonner que la baignoire ne soit occupée que par un seul garçon. Généralement, les gens ne se faisaient pas prier pour s'entasser les uns sur les autres, et le couple en pleine rupture avait l'air bien mal installé sur les toilettes brinquebalantes.
Mais ça ne fait que quelques jours que Serena est arrivée, aussi, elle n'est pas encore au fait de la politique d'exclusion des vampires. Aux Etats-Unis, elle avait eu l'occasion d'en croiser quelques-uns, genre des intervenants edgy af au SWAMP, venus pour donner un séminaire sur l'inspiration artistique en pleine nuit, les bienfaits de la lune sur l'écriture d'une pièce de théâtre etc.
Elle a déjà vu ce tatouage sans y prêter attention, dans les rues sorcières. Et elle doit avouer que ce triangle rouge sur la figure du mec ne va pas avec tout le reste ; le regular jock est peut-être pas si regular que ça...

Elle s'est assise en face de lui dans la baignoire, s'accaparant la place la plus confortable, à l'opposé du robinet qui s'enfonce dans le deltoïde robuste du garçon. Elle se met à genoux, protégeant ses fesses du froid de l'émail.
"I think that I know you from somewhere..." Elle hausse un sourcil, habituée à ce genre de mise en bouche. Généralement, les gens s'étaient contentés de voir, ou pire, d'entendre simplement parler de WizKids, et peut-être d'avoir vu le premier volet de CCDBBD. "...from my dreamz!" La pick-up line est si grossière que Serena pouffe de rire. "That's a first..." admet-elle, ravie de constater que le crâne de son interlocuteur ne semblait s'encombrer que d'un neurone et demi. Ravissant.
"You brille in ze dark, how?!" Elle cligne des yeux, incrédule. "I— what?" Elle intercepte les yeux du garçon rivés à ses tatouages. Oh, ça aussi, elle a l'habitude. Elle tend les bras vers lui, l'invitant à toucher? Qui sait. "You like them? It's rose quartz based ink ; super rare. You can only find it in the US, where I'm from." Elle remue un peu les bras, comme si elle dansait, pose ses mains sur les genoux du garçon. "You ain't from here either, right? Your lovely accent; you must be French."
Serena adore les Français ; il paraît que dans leur pays, la version non censurée de WizKids est disponible. Ceci dit, s'il l'avait connu par ce biais, il lui aurait été bien inutile de lui dissimuler son derrière. "Comment tu dis... enchantey," La réplique est bateau au possible, mais venant de Serena, c'est un délice ; elle le sent au sourire ébahi de son compagnon. Elle sait pas si elle a envie de photographier ce sourire dans sa tête pour toujours, ou si elle veut lui donner une petite baffe, ou peut-être même s'asseoir sur sa figure. Peut-être les trois à la fois (elle était loin de se douter qu'à l'avenir, elle aurait certainement l'occasion d'expérimenter chacune de ces trois envies, wink).

"I got some on my feet as well, and under my boobs," explique-t-elle en haussant les épaules, comme s'il s'agissait d'une caractéristique tout à fait banale aux States. "What about yours? It's..." Elle cherche le terme qu'utilisait l'équipe pédagogique à l'école pour décrire les concepts pas forcément les plus séduisants, "bold." Une ravissante grimace étire sa bouche, les sourcils plissés. Elle agite ses doigts, comme pour lui demander de lui partager sa cigarette. "You got more? Tell me you have a blue circle on your ass, or whatever."

"I— what?" Rayane fait un mouvement excité du menton en direction des mains de sa compagne d'infortune. Il n'a jamais vu ça auparavant, et il trouve ça super classe. Il aime bien la couleur du tatouage, et il aime bien celle de ses ongles, et celle de ses yeux qui semblent briller légèrement quand elle lui répond: "You like them?" Quand elle tend les bras, Rayane ne se fait pas prier et se redresse, ses mains se levant précipitamment pour venir la toucher. Et pourtant, ils ralentissent puis s'arrêtent à quelques centimètres de sa peau. C'est avec une douceur presque étrange qu'il attrape ses poignets et fait tourner ses mains pour mieux observer les motifs gravés à même sa peau. "Woaaaaaaah. - It's rose quartz based ink ; super rare. You can only find it in the US, where I'm from." Les States, trop la classe. La peau de la fille est chaude sous sa main et Rayane passe machinalement son pouce sur son poignet, observant toujours ses tatouages mais sentant aussi la pulsion et l'appel de son sang dans ses veines.

Quand il la relâche, elle pose ses mains sur ses genoux et Rayane sourit. "Super cool! I like them a lot. Very badass," se rappelle-t-il de répondre à sa question. "You ain't from here either, right? Your lovely accent; you must be French." Rayane hoche la tête avec ravissement, riant un peu. "Oui, oui, je suis français!" Tout le monde le devine rapidement en l'écoutant parler deux secondes mais ça lui fait toujours autant plaisir. Il a rapidement appris que les gens ici adoraient les français. "Comment tu dis... enchantey." Les yeux de Rayane s'écarquillent comme si elle venait de prononcer un sortilège option coup de foudre. "Woah," est tout ce qu'il a à lui répondre. "Moi aussi...." Il comprend mieux pourquoi les gens aiment son accent français en anglais: il ne pense pas qu'il a entendu une mélodie plus attrayante que l'accent américan de la fille s'enroulant autour des mots français.

"I got some on my feet as well, and under my boobs." Le cerveau de Rayane se met à tourner à pleine régime et si il n'était pas vampire, son coeur ferait une embardée dans sa poitrine pour venir colorer ses joues d'un rouge brûlant. "Oh." Il est en train de se triturer les méninges pour essayer de trouver une manière de les lui montrer mais elle enchaîne: "What about yours? - Mine?! - It's.. bold." Il comprend qu'elle parle de celui-ci sur sa joue et, hébété, Rayane lève une main pour la poser sur sa mâchoire, ses doigts venant effleurer la marque rouge qui indique sa nature. Il oublie parfois son existence. "You got more? Tell me you have a blue circle on your ass, or whatever." Il rit à cette idée et met sa cigarette dans ses doigts tendus. "I wish! No, just that and..." Rayane se redresse pour s'asseoir sur ses genoux face à elle - on dirait qu'ils sont à deux doigts de communier ensemble - avant d'attraper le col de son t-shirt pour le faire passer au-dessus de sa tête.

Maman lui a dit de le montrer à personne mais qu'importe. Rayane a envie d'impressioner cette fille - et elle semble déjà plutôt appréciative du torse nu et musclé qu'il découvre en retirant son t-shirt PSG - et il sourit en naviguant le bac étroit de la baignoire pour se retourner et lui montrer son dos. Il lui jette un regard par-dessus son épaule, un oeil bleu pétillant rencontrant le sien. "You can touch," dit-il d'un ton léger, roulant des mécaniques pour faire jouer les muscles (étrangement imposants, parlons-en) de ses épaules et de son dos, où sont étalés tous les signes alchimiques et runiques gravés profondément par Maman. "I don't know what is quartz," admet-il. "And I don't know what mine is made with. But it's cool, no?" Il réfléchit quelques secondes, faisant bien attention à garder ses muscles aussi flexés que possible pour les beaux yeux de la fille. "If you have blue quartz ink, you can maybe tattoo the blue circle on my butt? Hihi," propose-t-il dans un petit gloussement (et déjà prêt à baisser son short pour lui laisser de la place si elle a l'encre en question sous le coude).

Serena aime bien quand les gens la touchent. Elle sent qu'ils aiment ça. Le pouvoir passif de son alignement de planète lui communique constamment le ressenti d'autrui. A l'instar de Rayane qui perçoit le flux de son sang et la palpitation de ses veines, Serena apprécie l'enthousiasme qui secoue l'imposante stature du garçon lui caressant la main.
De fait, même sans faire appel aux charmes de Vénus, Serena pense connaître ce genre de mec. Il a toutes les caractéristiques d'un adorable jock ; bâti comme un athlète, la cervelle aussi épaisse qu'un haricot, le cœur sur la main si on parvenait à s'attirer ses faveurs. Et, généralement, les faveurs d'un jock résidait dans la plastique de ses congénères.
En plus de ça, celui-ci venait de France, et Serena, usant de son maigre vocabulaire, finit de se le mettre dans la poche (ou sous sa jupe, à vous de voir, wink). Le français est ronronnant dans sa bouche, et elle pourrait l'écouter parler toute la nuit. Pas de temps à perdre, puisqu'elle avait en tête d'en faire son cavalier (voire sa monture, uuf), le temps d'une soirée, pour sans aucun doute s'en défaire au lendemain (si ce n'était lui qui était le premier à découcher, elle avait pris le pli, et désormais, ne s'en vexait presque plus).

Le temps de tirer une première fois sur la cigarette à demi consumée, le garçon est sur les genoux, appuyant encore un peu davantage la différence de taille et de carrure. Les yeux de Serena reste accrochée à la ceinture (enfin à l'élastique, puisqu'il porte un jogging, cela va sans dire), avant de délicieusement remonter le long de son ventre et jusqu'à son poitrail qu'elle n'a pas le temps d'apercevoir qu'il s'est déjà retourné.
L'image du regular jock se fissure une bonne fois pour toutes. La vision du tatouage dans le dos de Rayane arrache une inspiration de Serena, dont le souffle se coupe momentanément. Le dessin est immense, complexe ; elle ne reconnait pas tout de suite les cercles alchimiques, saisit la prononciation de quelques runes, le regard papillonnant sans savoir où se poser.

Mais Serena, contrairement au reste du BITE, ne cherche pas à déchiffrer ce tatouage. Serena, elle s'en fout du sens littéral ; tout est dans le ressenti, dans l'émotion que communique ce tatouage. Et, même si les trapèzes du garçon lui donnent envie de s'y agripper, même si ses adorables boucles gigotent quand il essaye de la regarder par-dessus son épaule, même si son jogging est porté ridiculement bas sur ses hanches, Serena ressent un genre de malaise face aux dessins gravés dans le dos de Rayane. Ce tatouage a l'air trop grand, trop important, trop intimidant pour figurer sur un garçon aussi doux.

Pourtant, il n'a pas l'air de s'en formaliser, l'invite à toucher, gonflant un peu ses mécaniques. La main que Serena pose est tiède, nerveuse au premier contact. Puis, progressivement, le malaise laisse place à une sensation de chagrin, dont elle ignore si elle provient du garçon ou juste d'elle-même (les risques des effets passifs de Vénus). La paume de sa main se détend, s'imprime entre ses omoplates, chaleureuse, pour intimer qu'elle est là, ferme, pour signifier qu'elle le soutiendra s'il le faut, alors qu'il ne montre aucun signe de tracas.
Elle s'attendait pas à ce que cette simple caresse produise autant de sensations dans sa poitrine qui se soulève fiévreusement. Elle contrôle sa respiration, entendant son cœur battre dans ses oreilles. "Quartz is a crystal. It's the stone of love." explique-t-elle d'une remarque succincte, témoignant de l'émoi que suscite le tatouage du garçon. "It's usually transparent, but you can find pink, smoky or even blue quartz." Il paraît que la couleur est due à des impuretés de la pierre ; mais Serena n'y croit pas une seule seconde.
"If you have blue quartz ink, you can maybe tattoo the blue circle on my butt? Hihi!" La petite blague de Rayane désamorce l'état pensif dans lequel son tatouage avait inexorablement attiré Serena. Elle lui sourit, sa main traçant machinalement les lignes du tatouage duquel elle a dérobé son regard. "Your ass would shine under your clothes; I live for that idea!" Ce faisant, elle presse ses doigts dans le bas de son dos, flirtant avec l'élastique de son jogging, avant de lui prendre le bras pour le ramener face à elle. La cigarette dans son autre main s'est presque entièrement consumée.

"Your tattoo is one of a kind..." Elle écrase la clope sur le rebord de la baignoire derrière elle. "And what's the name behind these big muscles and tats?" Elle se rassoit, cette fois-ci dans le fond de la baignoire, ramenant ses jambes contre elle. "I'm Serena; you can call me Siri, or Nana, whatever suits you best, honey."

La main de la fille sur son dos répand une drôle de sensation dans les muscles de Rayane et sous sa peau, une sorte de bien-être inattendu. Rayane ressent un mélange de fascination et de dégoût pour les marques noir charbon qui se trouvent pêle-mêle sur son dos. Comme le reste du BITE, il aimerait savoir ce que ça signifie. Comme un gamin abandonné par sa mère, il aimerait savoir pourquoi c'est la seule chose qu'elle a jamais voulu lui léguer.  

Rayane est ramené à l'instant présent par la voix de la fille qui lui dit que le quartz est la pière du love ("aaaaaah l'amour!!!" commente Rayane avec un air béat) mais le vampire ne comprend pas vraiment ce qu'elle entend par là. Elle a fait un tatouage avec... une pierre?! Ça a dû fait grave mal. Ça l'étonne pas, tout le monde lui a toujours dit que les filles avaient une plus grande résistance à la douleur que les garçons... C'est pour ça que ça brille, peut-être. Rayane trouve ça tellement chanmé, comme ça elle peut jamais perdre ses doigts dans la nuit et se les enfoncer dans l'oeil par erreur (ce qui est arrivé à Rayane de nombreuses fois). Il dit une connerie et il entend le sourire dans sa voix quand elle répond: "Your ass would shine under your clothes; I live for that idea!" Rayane glousse de plus belle en l'entendant dire le mot ass, et rougit d'un air ravi quand les doigts de la sorcière se glissent jusqu'à la chute de ses reins, faisant frémir sa peau de frissons délicieux. "Shiny butt," glousse-t-il en trouvant lui aussi l'idée géniale, se tournant quand elle lui attrape le bras pour qu'il lui fasse face.

"Your tattoo is one of kind..." Elle n'a pas idée de combien elle a raison. "And what's the name behind these big muscles and tats?" Rayane suit le moindre des gestes de la jeune femme avec un air presque avide, fasciné - on pourrait presque le croire hypnotisé vu l'intérêt qu'il lui porte, suivant ses mouvements avec grande attention. "Rayane. Not Ryan," explique-t-il rapidement, par force d'habitude. "Ra-yane. But you can call me Rayou. You can call me whatever you want," ajoute-t-il précipitamment. "I'm Serena; you can call me Siri, or Nana, whatever suits you best, honey." Serena, Serena, Serena. Comme une sirène - elle en a indéniablement le charme. "Nana!!! Because you're so super haha." Il a la vague idée que son dessin animé n'a pas le même nom dans ces contrées anti-Molière, mais cette pensée se désagrège aussi vite qu'elle s'est imposée à lui. "Nice to meet you, Nana." Il lui tend la main d'un air joueur et puis lui offre un sourire plein de dents lorsque ses doigts se glissent contre les siens. "This is how we do it in France," fait-il d'un ton innocent en tirant sur sa main pour la faire s'approcher de lui, et il se penche en avant pour lui embrasser une joue, puis l'autre. Pas un petit baiser dans l'air, ou une joue pressée contre l'autre, ah non - un vrai bisou, même pas baveux, sur ses deux mâchoires.

Elle sent bon, son sang encore plus. Rayane s'attarde un peu avant de se reculer, relâchant sa main à regret. "Very intime, but the French are very sexy people." Il fait jouer de ses sourcils d'un air vaguement suggestif dans sa direction. Mais le sourire béat et énorme sur ses lèvres semble innocent, alors qu'il se laisse de nouveau appuyer contre le rebord de la baignoire derrière lui. "You're from the States, so what you're doing here? You're a student?"

"Rayane. Not Ryan, Ra-yane. But you can call me Rayou. You can call me whatever you want." Serena cligne des yeux ; qu'est-ce qu'il est en train de raconter ? S'il y a une différence, elle ne la perçoit pas, sous l'épaisse couche de son charmant accent français. Elle hoche la tête, arrêtant son choix sur Rayou, en attendant de le baptiser autrement, quand le cœur lui en dira. "Nana!!! Because you're so super haha." Ses cils battent l'air, circonspecte. C'est fou, elle ne comprend pas une phrase sur deux, bien qu'il s'exprime dans un anglais convenable. Son cerveau a l'air d'être connecté à un autre système solaire; en fait, Rayane avait tout l'air d'être le soleil de son propre système. Et Serena, qui le dévisage avec un air insolent, se retrouve irrémédiablement attiré par son baragouinage, se voyant déjà le faire taire en lui roulant le patin du siècle.

Contre toutes attentes, Rayane devance sa pensée, et c'est lui qui l'embrasse, par deux fois, sur les joues. Prise au dépourvu, Serena aurait pourtant pu se vanter d'avoir imité ce genre de coutumes dans les soirées branchées, parce qu'à la française, ça faisait toujours bien. Mais il faut avouer que Rayane y met une insistance et une chaleur qu'elle n'avait encore jamais expérimenté, et qu'elle ne savait même pas de mise.
Il y a quelque chose de chaleureux et de régressif dans ces baisers. Serena aurait presque l'impression, l'espace d'un instant, qu'il est un ami qu'elle n'a pas vu depuis des années. Sa poitrine se serre un peu, en réalisant qu'elle aurait aimé que ce soit tellement d'autres personnes qui lui collent un baiser pareil.

"Very intime, but the French are very sexy people. - Oh really? Lemme see how sexy you Frenchie could be," ronronne-t-elle à son visage, avant qu'ils ne décident d'un commun et frustrant accord de s'arracher l'un à l'autre pour reprendre leur place initiale, d'un bout à l'autre de l'étroite baignoire. "You're from the States, so what you're doing here? You're a student? - Not anymore; I graduated from the SWAMP a few years ago. I've been in a bunch of movies, done a bunch of art stuff, modeling, then wanna go abroad, on a different journey, you know?" Un discours vague et nonchalant afin de ne pas révéler qu'en réalité, si elle est partie au Royaume-Uni, c'est pour retrouver son syscrew et Shōta.
Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle fait ici. Elle ne sait pas par où commencer ses recherches ; quant à Shōta, le revoir par accident lui avait causé plus de peine qu'autre chose.
"I'm an artist," l'insupportable dénomination devrait aider à détourner son attention de ses réels motifs. "I'm pretty big in the US underground artsy world, you know?" Evidemment qu'il n'en sait rien, il doit sûrement mater des blockbusters et des séries grand public. Dommage pour lui, il en aurait eu pour son argent.
"You should watch them; you'd get a clear view on my tats," intime-t-elle en jouant avec le bord élimé de son crop top.

"I've seen people with the same tats you got on your face." Des souvenirs confus, cotonneux à cause de l'alcool, refont surface ; des types chelous, en uniforme. "Are you, like, from the government?" Cette idée absurde l'amuse. Elle se mord la lèvre, mutine; ça n'aurait aucun sens, il n'aurait rien à faire dans une soirée de ce genre, à la limite du légal. Serena le voyait difficilement dans les milices armées ou même en simple gratte-papier... Peut-être qu'il était genre... agent d'entretien ? Ou alors il avait été pistonné à l'entrée ? "You ain't gonna arrest me, are you?"
Ça commençait à faire beaucoup d'éléments contradictoires pour un seul et même garçon. Serena avait l'habitude de s'acoquiner avec des gens forts de vies flamboyantes pour combler un passé banale et un futur incertain (pour ne pas dire qu'elle en faisait partie) ; généralement, ces personnes avaient une manière de parler d'elles-mêmes, de leur quotidien unique avec une certaine flegme qui rendait le discours très arrogant.
En revanche, Rayane n'avait pas l'air de réaliser à quel point son profil était singulier. C'était touchant, dans un sens, risible, sans doute (mais Serena ne se moquait jamais de qui que ce soit, tant et si bien que ça en devenait insupportable).

"What about you, Rayou? How do you spend your time?" qu'elle demande, vague, faisant aussi bien référence à son taf qu'à sa présence, étonnamment recluse, dans la salle de bain. Un garçon aussi boute-en-train, elle l'aurait plutôt imaginé en train de draguer (lourdement) une nénette (wait...) ou en train de s'arracher la gueule, le nez dans un cocktail improvisé, à retirer son t-shirt à la première occasion. Elle appuie sa question d'une légère pression de son pied contre sa jambe, les bras balancés sur le rebord de la baignoire, le souffle impatient.

Nana répond à sa question avec beaucoup trop de mots, et Rayane ne comprend pas la moitié de ce qu'elle est en train de dire, finissant par se résigner en hochant la tête mécaniquement avec un grand sourire bênet sur les lèvres pour lui assurer qu'il l'écoute et qu'il comprend, oui oui oui, il n'est pas du tout en train de penser à son accent s'enroulant autour du mot sexy ou au fait qu'elle ait parlé de sous ses seins il y a quelques secondes ou à son sang battant la mesure dans son cou et l'appelant discrètement, et il fait un peu chaud dans cette baignoire, non? "I'm an artist. - Ahhhhh!" Ça il comprend, et il hoche la tête d'un air sérieux. "I'm pretty big in the US underground artsy world, you know? - Oké, oké." Il y comprend rien à l'art, surtout les conneries genre les gens qui font des tâches sur des toiles et font genre ça veut dire la fin du capitalisme (kézako on sait pas) ou du monde tel qu'on le connait, mais il continue d'hocher la tête en prenant l'air sérieux qu'il imagine que les artistes ont quand ils parlent de l'Art. "You should watch them; you'd get a clear view on my tats." Watch what? Ah, les films, pourquoi, c'est elle qui les a faits ou ils ont été inspirés d'elle, enfin, il a rien compris mais il hoche toujours la tête. Elle joue avec le bord de son crop top et le sang de Rayane lui monte à la tête avant de descendre à toute vitesse un peu plus bas. Attends, elle a dit tats ou tits? "Right, right, right, right, right..." Dans le doute il n'en dit pas plus, mais ses yeux la dévorent avec le même appétit qu'il ressent à l'idée d'enfoncer ses canines vampiriques dans la peau douce de sa nuque.

"I've seen people with the same tats you got on your face. Are you, like, from the government?" Petite moue, avant de se rappeler qu'il aime bien Super Nana et qu'il a envie d'avoir l'air cool, alors il sourit d'un air désinvolte. "Yeah, I'm with the police." Il en reste là, surtout qu'elle n'a pas l'air de savoir et/ou comprendre la signification de son tatouage et sa couleur, et il serait triste à l'idée qu'elle quitte la baignoire pour aller boire un coup avec les autres. "You ain't gonna arrest me, are you?" Rayane rit un peu et lui adresse un clin d'oeil. "I only arrest very bad girls." Il se mord la lèvre en la regardant des pieds à la tête, elle est plutôt bad quand même, et il l'espère qu'elle l'est encore plus qu'elle le paraît.

"What about you, Rayou? How do you spend your time?" Nana pousse sa jambe du pied, et Rayane est content de remarquer qu'elle s'attarde un peu sur sa cuisse, à moitié découverte par son short élimé qui est quand même un peu court pour la température - mais elle doit chauffer du même bois que lui, vu la longueur de la jupe à la coupe pourtant sévère qu'elle porte. "Football. But not american, hein! Real football. You know Zizou?" Il n'attend pas la réponse. "Best footballer in the world! I want to be like him when I grow up. Well. Later. I guess." Il a déjà grandi, et apparemment il ne va plus vieillir et il n'a pas envie d'y penser alors il enchaîne: "I like... I like catching bad guys! I like being a good guy. I like music, like rap, you know Sexion d'assaut? NTM? IAM? Diam's?" Il a l'air éberlué en la voyant secouer la tête à chaque mot. "Soprano? Magic System? Bouger bouger, no, you don't know the song? Oh my goooood, I need to make you listen! It makes you want to dance and jump and move! I like basketball too. I like ice creams... I mean... I used to like ice creams. I can't really have them now." Il se lèche les lèvres d'un air songeur en caressant, sans y réfléchir, la marque rouge sur sa joue. "I like... I like pretty girls. And I love, love, LOVE art!" Vu qu'elle est artiste, ça peut pas faire de mal. "Like, uh... Van Gogh..." dit-il en donnant le premier nom qui lui vient à l'esprit, "pfiou olala... good artist... very very good, oui, oui... Love that guy..."

Serena ne le croit pas tout de suite, quand il confirme qu'il est de la police. Elle pense qu'il joue un petit numéro, au cas où son fantasme à elle, ce soit les forces de l'ordre. Secouée d'un coup de chaud, Serena l'imagine dans un uniforme un peu fantasmé d'officier (pas avec les capes miteuses de la VB). "I only arrest very bad girls." Uuf.
Elle pourrait se lancer dans un discours confus et incendiaire sur la place de Rayane dans les forces armées, au service d'un régime dictatorial qui l'avait tellement embrigadé qu'il était désormais persuadé qu'il poursuivait des "méchants" pour le compte des "gentils". Elle pourrait lui dire que la vie, c'est plus compliqué que ça, qu'elle en savait quelque chose.
Seulement, Serena, elle est là pour le pécho ; aussi, elle se fiche bien de savoir dans l'immédiat s'il arrête des orphelins ou s'il est persuadé de sauver le monde.

"Football. But not american, hein! Real football." Les yeux de Serena s'écarquillent, tandis qu'elle attrape sa réponse un peu au hasard. Heureusement pour lui, elle n'était sortie qu'avec des joueurs d'alligators polo (et une joueuse de Quidditch) ; aussi, ce sport moldu n'a jamais fait partie de ses centres d'intérêt, même de loin. Cependant, en bon produit de sa société, elle n'a strictement aucune idée de ce qu'il veut dire par real football, s'il ne s'agit pas de l'américain. Elle imagine une version à la française, où les joueurs courent après une tranche de pain, or whatever.

Elle le laisse lister ses artistes préférés, hochant pensivement du chef, lui faisant ainsi comprendre qu'il avait son attention, fragile, pour l'instant, et qu'elle allait surtout tout mettre en œuvre pour détourner son attention à lui. Elle se garde bien de lui parler de Keanu South, le rappeur avec lequel elle était sortie, et qui était sans aucun doute une autre pointure que les Magic Diams ou elle ne sait quelle friture française. Elle n'a pas envie de le défaire de son sourire béat, pas comme ça, parce que quand on veut pécho, généralement, on évite de parler de ses ex.  

Cependant, à mesure qu'il poursuit son discours interminable, Serena met un soin particulier à montrer qu'elle ne l'écoute plus, le déconcentrant en le fixant droit dans les yeux avec une intensité assez insolente, jouant avec ses cheveux, avec sa bouche, avec ses jambes. Elle a de nouveau basculé vers l'avant, et s'est rapprochée de lui, appuyant ses bras et sa poitrine contre ses genoux. Les bouteilles de shampoing posées derrière elle ont une vue imprenable sur son derrière, que le garçon, s'il est encore capable de réfléchir, pourrait envier. C'est qu'elle a son visage si proche du sien, ses cheveux font comme une cascade, un rideau qui cachent un peu leurs figures. Elle respire fort. Rayane n'en finit plus de lister des trucs qu'il aime, qu'il fait semblant d'aimer. Serena s'en fout ; elle veut juste que ce soir, il l'aime, elle. Aussi, pour établir sa dominance, elle finit par passer une main à l'arrière de sa tête, dans ses boucles brunes et, exerçant une légère pression pour lui lever le menton, elle l'embrasse.

Ce baiser est bref, fiévreux. Il traduit l'impatience qui avait gagné Serena, lui avait fait tourner la tête et bondir sur ses genoux. Il traduit l'injonction, hâtive, de passer à l'étape suivante. Serena en sait déjà plus sur ce garçon que ce dont elle avait l'habitude de se contenter. Ce baiser, il veut dire "ok i got it, babe, you want me and i want you too, so let's make out already!" Elle finit par suspendre le baiser, ravie de l'avoir ainsi pris au dépourvu, comme la very bad girl qu'elle était. "Come on, let's dance, Rayou." Elle s'extirpe de la baignoire, le tirant par la main. Elle passe son bras autour de sa taille en l'amenant au salon et sur la piste de danse, histoire de s'afficher comme il se doit, suspendue à son prétendant du soir, qui allait avoir une importance dans sa life qu'elle était encore à mille années lumières de s'imaginer.

Rayane est bien parti pour se mettre à namedropper tous les artistes qui lui viennent en tête, quitte à en inventer quelques uns en prétendant qu'ils sont un big deal en France. Il remarque à peine le désintérêt profond qui semble soudainement s'abattre sur Serena (faut dire qu'il y est habitué et a été complètement immunisé par sa mère, ses roulements d'yeux pas très discrets, ses soupirs genre "je suis au bagne" en pleine conversation avec son fils, ses répliques cinglantes destinées à le faire finir plus vite, bref) ainsi il est complètement pris au dépourvu quand elle se penche, l'attrape par la nuque et l'embrasse.

Pris au dépourvu, certes, mais pas surpris au point de ne pas réagir - les yeux de Rayane s'arrondissent puis se ferment brutalement, et il répond au baiser de Serena avec ardeur, une main aggripée au rebord de la baignoire et l'autre venant se poser sans honte sur sa cuisse à la lisière de sa jupe délicieusement courte. Le baiser est bref mais intense, et laisse même pas à Rayane le temps d'y foutre la langue que déjà elle se détache avec un petit sourire qui fait faire des loopings à son pauvre petit coeur coincé dans sa poitrine. "Come on, let's dance, Rayou." Il hoche la tête avec ardeur - oui oui oui, Nana, tout ce que tu veux - en se levant à son tour, entrelaçant leurs doigts alors qu'un énorme sourire béat vient éclairer son visage.

Ils rejoignent le salon bras-dessus bras-dessous, et Rayane a des yeux de merlan frit quand Serena se met à danser face à lui, avec lui, contre lui, et il ne lui en faut pas plus pour lui aussi se mettre en marche. Roulements d'épaule, jambes qui se lèvent, petits sauts surexcités, déhanchés improbables, grimaces de tchoin en manque: bingo. Ce qui devrait être une danse ridicule et stupide est étrangement grâcieuse, aidée sans doute par la confiance infaillible qu'il exulte, son grand sourire ravi d'être là, et ses yeux pétillants qui n'ont pas lâché Serena du regard pendant une seule seconde.

"You dance very good," lui murmure-t-il quand même à l'oreille, après avoir posé une main sur sa hanche, sous son crop top coupé à l'arrache (ou pas?), sa paume gelée trouvant un certain réconfort contre la peau chaude de son flanc. Ses doigts glissent le long de sa taille jusqu'au bas de son dos et il la presse contre elle, ses doigts remontant un peu le long de sa colonne. Il se demande si il est en train de toucher un autre tatouage rose. Il a hâte de le découvrir. La bouche de Rayane vient se poser sur sa pommette, sur sa joue, sur sa mâchoire, descente rapide et hâtive légèrement affamée - et pfiou, son cou, il aimerait bien en croquer un bout si possible, mais il sait qu'il n'a pas le droit. "Everyone is looking at us." Le vampire et la starlette, même si ces deux considérations sont à mille lieues de l'esprit de Rayane qui est simplement content d'avoir quelqu'un avec qui parler et flirter ce soir. "You don't care?" Difficile de savoir si il parle de cette attention indue, ou du tatouage rouge étalé sur sa gueule.