BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

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 (Steven) 7 o'clock news - silent night

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Steven Lau Wenjian
Away, I'd rather sail away
Like a swan that's here and gone
A man gets tied up to the ground
He gives the world its saddest sound

 
E.Leau
âge » old enough. fréquence de connexion » souvent. comment t'as connu le forum ? » les fondas. avatar » Ross Butler (c)Blossom (avatar) (c)stefansalvatored (gif) mon personnage est » un pl, again, de @Azariah Vane et @Oscar Ortega DRAMAAAA

SCUM OF THE EARTH


nom prénoms  » (Lau) c’est un nom qui lui vient de sa mère et qu’il ne partage qu’avec environ soixante-sept millions d’individu.
Tout comme son nom, ce fut sa mère qui choisit le prénom 文健 (Wenjian) composé de leur nom générationnel 文 (wen) et de 健(Jian) la force. Peut-être que c’est l’influence de ce nom qui lui donna sa carrure, mais il aurait à ce jeu-là sans doute préféré se faire appeler 文福 (Wenfu) afin de lui apporter de la chance plus que de la force.
Quand ils s’installèrent aux USA, on leur choisit pour lui, sa mère et son frère un prénom occidentalisé afin de simplifier la communication et l’avancement de certains papiers. À Wenjian échoua Steven tandis que son frère hérita de Scott.

surnoms  » À la maison on ne l’appelait pas Steven mais toujours Wenjian et sa mère usait parfois de l’affectueux 仔仔 (zaizai) pour l’interpeler, même ses quinze ans passés, quand elle était de bonne humeur seulement.
C’était à l’extérieur du cercle familial qu’il découvrit que Steven était déjà trop pour les Américains qui préféraient l’appeler Steve ou Stevie.
Une fois dans le syscrew au SWAMP il hérita du traditionnel Smoky en référence à son alignement avec Pluton, un surnom qui resta tout le temps de sa scolarité là-bas.
Surnom préférable à celui que finirent par lui donner le personnel du laboratoire où il échoua. Là-bas on lui donnait régulièrement du Ratboy (affectionate) qu’il détestait mais qui illustrait plutôt bien ce qu’il était à leurs yeux. Au cas où il lui serait venu à l’idée d’avoir un doute.

date de naissance » Au matin du 19 février 1979, alors que la pluie battait les fenêtres de la maison. C’était dans le quartier d’Ayer Itam, sur l’île de Penang en Malaisie.

origines & nationalité  » La mère de Steven est chinoise, de Malaisie où elle a grandi et où Steven est né.
Son père lui, vient du nord de l’Europe, de l’une des quelques communautés de Vélanes existant encore là-bas.
Après leur arrivée aux États-Unis et quelques temps de lutte avec l’administration les Lau, Kaj excepté qui désirait rester invisible de tous les services administratifs, ont obtenu la double-nationalité américano -malaisienne .

pureté du sang  » La communauté sorcière sino-malaisienne est assez refermée sur elle-même, et une poignée de grandes familles considérées comme pures ont la main mise sur la péninsule. Mais les Lau ne sont pas de celles-là.
Lau Demei est sang-mêlée et Steven l’est plus encore en raison de son sang Vélane qu’il tient de son père.

métier/études  » Sa mère et père se sont appliqués à lui donner, ainsi qu’à son petit-frère, les bases d’une éducation académiques avant leur entrée à onze ans dans une école de sorcellerie.
Peu avant l’année de ses onze ans, on inscrivit Steven au SWAMP malgré les quelques réticences maternelles qui aurait préféré voir son aîné dans une école à la réputation un peu moins détendue. Le conseil de famille jugea que cette école était cependant plus ouverte d’esprit pour un élève mixed comme Steven et c’est bien là-bas qu’il fit ses études, aligné sur Pluton d’après la lecture qu’on lui fit à son entrée à l’institut.
Après l’obtention de son diplôme pour couronner la fin de son premier cycle, il n’eut pas le temps de se chercher un emploi et fut "soustrait" à la société contre son gré pour finir comme lab rat pour des personnes peu recommandables.

orientation & état civil  » Ses parents l’ont toujours mis en garde sur les relations amoureuses, le dissuadant de s’y laisser aller, craignant surtout qu’on ne profite de lui, attiré par sa nature à demi vélane. Fort de ces recommandations il n’a donc que très peu expérimenté sentimentalement parlant avant de se mettre avec Victoria à ses quinze ans. Et après cela la vie ne lui a pas laissé le temps de plus se chercher. S’il sait bien qu’il attire plus particulièrement les hommes, il ne saurait dire si la réciproque est vraie.

camp  » Isolé du monde depuis une dizaine d’année give or take, il n’a qu’une idée très vague de ce qui peut se passer "dehors", surtout des rêveries sans queue ni tête qui l’accompagnent parfois dans son sommeil. Comme avait l’habitude de dire son père : il ne sait à quel saint se vouer ; il a cependant gardé cette foi dans son syscrew parce que c’était la seule communauté qu’il ait vraiment connue et en qui il a confiance. Et particulièrement Victoria même si son visage a perdu de sa netteté.

baguette  » Il avait bien une baguette, en bois de tilleul et contenant une tige de moly, durant sa scolarité mais on la lui avait prise à son enlèvement.
Cela fait maintenant dix ans qu’il n’a pas eu l’occasion de posséder une baguette ; inutile de dire qu’à ce train-là les réflexes se perdent vite.

patronus  » Ce n’était pas un charme au programme des enseignements du SWAMP, et Steven n’a pas vraiment eu l’occasion d’approfondir ses capacités magiques depuis qu’il a quitté la Floride.

épouvantard  » La voix, le visage, l’odeur du Dr. Sankaran qu’il a appris à vite reconnaître après toutes ces années. Le bruit de ses pas, le rythme précis de sa respiration, les tics gestuels… Il n’arrive pas à situer parfaitement le curseur de ce qu’il ressent pour lui, entre l’amour, la haine ou la crainte ; mais c’est l’ombre la plus récurrente de ses nombreux cauchemars.

particularité(s)  » Il est demi-vélane grâce à l’héritage paternel. À cela, les docteurs et autres scientifiques des laboratoires où il a été retenu ont jugé intéressant de mêler à son organisme de l’ADN d’Huli Jing.
C’est sa mère en revanche qui l’a poussé à s’animixer dans le respect des traditions. C’est ainsi qu’il fut lié à Zéi (賊) un raton-laveur. Le lien a cependant été rompu suite aux expérimentations dont il a été l’objet aux Royaume-Uni.
À ses quinze ans, au SWAMP, il prit la décision de se faire tatouer son Illuminary au quartz fumé baigné par l’influence de Pluton, sans qu’il ne puisse jamais l’exploiter davantage que pour ses apports passifs. Ses mésaventures post-diplôme cependant l’ont rendu désormais incapable de prendre totalement conscience de l’influence du startoo sur lui.

chronologie

Tonight I'll sing my songs again
I'll play the game and pretend
But all my words come back to me
In shades of mediocrity
Like emptiness in harmony
I need someone to comfort me


1977  » Rencontre entre Lau Demei et Kaj le 18 février, à l’occasion des festivités du nouvel an. La première une est étudiante en fin de cycle à l’Institut de Stimagie de George Town, l’autre est un "touriste" européen. Elle apprendra quelques semaines plus tard la véritable nature de Kaj, vélane en exil volontaire loin de sa communauté et prêt à tout pour ne pas avoir à y retourner.

1978  » Malgré la réticence de sa famille Demei épouse Kaj durant une courte cérémonie qui unit leur magie.

1979  » Naissance de Wenjian au matin du 19 février. Deux mois plus tôt Demei et Kaj avaient emménagés dans un petit appartement à Jeludong.

1981  » (2 ANS) ; Naissance de Wenkang, petit frère agaçant qui lui piquera ses jouets avec la bénédiction parentale.

1982  » (3 ANS) ; Kaj revient à l’appartement agité. La famille doit rapidement faire ses valises et quitter la Malaisie pour emménager précipitamment d’abord en Inde où Kaj avait des contacts avant que Demei ne trouve une place comme Stimage au Ghana et que la famille ne parte s’installer là-bas. Si le déracinement est violent pour leur mère, Wenjian et Wenkang se font très rapidement à leur nouvel environnement.

1984  » (5 ANS) ; Première manifestation des pouvoirs magiques de Wenjian. On aurait pu croire à un simple coup de jus malheureux lorsque Wenjian toucha le front de son frère une première fois, mais quand une nouvelle brève décharge eut lieu au deuxième contact à la grande satisfaction de l’aîné (et le grand dépit du cadet qui se noyait dans ses larmes) on put mettre ça sur le compte de la magie.

1987  » (8 ANS) ; (janvier) Suite à de nouvelles craintes de Kaj, la famille déménage de nouveau mais cette fois à Columbia en Caroline du Sud USA, près d’un Institut de Stimagie où pourra travailler Demei. Cette fois ci, avec deux jeunes garçons de cinq et sept ans les choses se font plus difficilement et Wenjian est perturbé par ce nouveau pays et ce nouveau prénom de Steven qu’on lui a donné.  (septembre) Malgré le déracinement loin de sa famille et de son pays de naissance Demei a insisté pour que Wenjian soit animixé maintenant qu’il avait atteint le bon âge. On l’amène au Lake Greenhood en compagnie de sa mère et d’un mage spécialisé dans ce genre de cérémonie, c’est là qu’il rencontre Zéi quand la bestiole n’est encore qu’un ratonneau. La présence du raton, vite renommé Fat Zéi par toute la famille, aidera Steven à s’adapter à sa nouvelle vie aux États-Unis.

1990  » (11 ANS) ; Entrée au SWAMP avec sa grosse valise dans une main, son skate dans l’autre et Zéi dans son sac à dos. Le liseur l’associe à Pluton sans que Steven ne comprenne encore trop ce que cela pouvait signifier.
Comme pour l’arrivée aux USA, il faut un temps d’adaptation à Steven avant qu’il ne se fasse au SWAMP et à son fonctionnement. Mais il y trouve finalement son compte ; s’il est d’abord impressionné par les plus vieux du syscrew (habitué à ce que ça soit lui l’aîné) il profite de l’influence des "anciens" et de leur protection pour faire sa place dans l’Institut. Il est un peu trop jeune pour avoir pleinement conscience de toutes les histoires entre ses sysmates, mais apprend à roll with it.

1991  » (12 ANS) ; Alors Sunny et Moony vont par paire. Ok. Mais Moony il est avec Red, genre romantiquement parlant. Et Sunny il est… euh ? avec Cloudy ? Ok. Fishy c’est la petite sœur de Moon et elle est assez sympa genre… quand elle parle et quand elle… bouge. Enfin, Steven la trouve cool, et jolie. Y a la nouvelle Pretty, pour remplacer l’ancienne Vénus V’ et elle a l’air cute, et petite. Steven est certain de ne pas avoir été aussi petit lorsqu’il est rentré dans le syscrew mais après à à peine douze ans il fait déjà un mètre soixante-quinze et papa dit que c’est pas prêt de s’arrêter. Y a Peep qui… qui est Peep, à tout gérer et à toujours débarquer comme un diablotin dès qu’il avait l’impression que ça allait pas. Et quand on parle de Peep, on ne peut pas ignorer Petey, parce qu’eux deux c’est souvent… difficile. Et y a Kitty. Ça a pas toujours l’air facile non plus pour Kitty Kat. Au milieu de tout ça Steven se sent parfois pris de vertige, comme au milieu d’un palais des miroirs où chaque face renverrait une image différente de son propre être. Mais en même temps il a l’impression que tous ses sysmates l’aident à s’ancrer davantage, à exister dans le monde ; après avoir toujours senti avec sa famille cette impression constante, parfois de façon inconsciente, de traque et de nécessité de se cacher, il trouve au SWAMP et dans la sérénité (relative) de l’Institut un apaisement bienvenue.

1994  » (15 ANS) ; C’est Victoria qui lui est tombée dessus, plus que l’inverse. Pas du genre à faire le premier pas, Steven. Mais Victoria… c’était plus son style. Il semblerait que les regards, les conversations jusqu’à tard et les chamailleries occasionnellement tactiles ne lui suffisaient plus, alors leur relation est devenue officielle. Fishy et Smoky. Neptune et Pluton. Victoria et Steven. Puis Oscar. Qui n’aimait pas le concept. Heureusement, avec sa nouvelle poussée de croissance, Steven a dépassé Oscar en taille : ça aide, au moins psychologiquement. Après Moony ne peut pas trop parler, comme il est avec Red.
La même année, Steven se fait faire son tatouage illuminary. Il sait que ça l’entraîne vers un travail plus approfondi mais c’est un engagement qu’il est prêt à prendre. Et Victoria trouve ça hot alors qui est-il pour résister ?

1995  » (16 ANS) ; À croire qu’on ne peut jamais totalement être en sécurité. Y en a pour dire que c’est un accident, qui a provoqué la mort de Peep. Y en a d’autres (Red) pour dire que c’est carrément un meurtre, avec Petey en coupable tout désigné après son duel express avec Red et sa fuite. Steven n’y croit pas vraiment, pour avoir vu son père fuir toute sa vie, il y voit plus un réflexe de survie qu’un aveu de culpabilité. Mais son avis n’a pas la même portée que celui de Red qui enflamme de syscrew. Rien ne peut plus être semblable, après la mort et la disparition de deux piliers. Pourtant il faut continuer d’avancer.

1996  » (17 ANS) ; Ses parents avaient cru que l’histoire avec Victoria ne serait qu’une amourette d’adolescents, vite réglée et vite oubliée. Mais les épreuves traversées par le syscrew les ont encore davantage rapprochés. Kaj et Demei commencent à remettre en question cet attachement, soulignant principalement la nature hybride de Victoria qui ne serait pas compatible avec la sienne. Soulignant aussi l’idiotie de s’attacher aussi fortement, aussi jeune. On lui dit que ce sont ses gènes paternels qui parlent et qui lui font faire des idioties et que cette jeune Victoria n’est sans doute qu’attirée par le flux magique qui proviendrait de lui. Il les trouve bien gonflés de parler ainsi alors que sa mère avait épousé son père en secret à à peine vingt-trois ans. Les incitations de ses parents à se séparer de Victoria ne font que renforcer son désir de rester avec elle. Et comme la famille de Victoria semblait avoir les mêmes sentiments à son égard, leur affection n’en sortit que renforcée grâce aux bienfaits de l’esprit de contradiction. Roméo et Juliette n’étaient rien face à eux.

fin 1996-1997  » tw : enlèvement (17-18 ANS) ; Apogée du drame romantique, prévision de fuite à l’étranger pour pouvoir vivre de leur amour loin de la bêtise parentale. Sur papier, tout était parfait. Victoria avait un cousin, au UK, qui pourrait les accueillir — ni Fishy ni Smoky n’étant de grands experts en sciences sociales et politiques, les débuts de troubles que connaissaient ce pays ne les inquiétait pas outre mesure. Maintenant qu’ils étaient majeurs, diplômés et aptes à la vie en société, rien ne les arrêterait.
Steven fut cependant intercepté un soir, avant qu’il ne puisse rejoindre Victoria au point de rendez-vous. Enlevé par des sorciers, on le fait disparaître du monde, comme si on le recouvrait d’un nuage de fumée.

1998  » tw : trafic d’humain (19 ANS) ; Après un an à être amené de droite à gauche sans jamais savoir où il se trouvait véritablement, on le cède (on le vend ?) (il n’est pas tenu informé de ce genre de détails) à des sorciers bien mieux habillés que ceux qui l’avaient gardé jusqu’à présent. De là on l’amène jusqu’à un établissement inconnu peuplés majoritairement de personnes en blouse. S’il pense d’abord à un hôpital, il comprend assez rapidement qu’il s’agit d’un laboratoire plutôt que d’un centre de soin.

1999-2007  » (20-28 ANS) ; ((Unauthorized informations ; higher clearance level necessary.))

notes sur les expérimentations menées sur le sujet V-04.79


tw : mention de violence sur animal, expérience sur être humain, violence médicales

Dates : 01-2000 (début du relevé de données) ; 04-2000 (début de la phase de test) ; 01-2001 (fin de la phase de test et recueil des informations) ; 02-2001 (analyse des données) ; 05-2001 (archivage des données).

Type d’échelonnage dans la phase de test : Trimestriel.
Responsable projet : Dr. SANKARAN, équipe B.
Sujets : V-04.79 (LAU Steven) & H04352 (Procyon lotor linnaeus)
Objet : Sur le rapport entre un sorcier et son animal-lié.
Quote-part budgétaire : 50/3000

Notes liminaires : Contrairement aux sujets des précédents projets ANI v. 1.0, 2.0 et 3.0 les deux sujets semblent avoir une relation fusionnelle depuis de nombreuses années. Des variantes dans les résultats pourront en résulter.

Trimestre un • étude du lien physique et psychique entre les deux êtres. (…) vérification des réactions aux chocs nerveux (stimuli électriques, visuels ou auditifs ; douleurs nerveuses ou musculaires ; simulation de noyade, brûlure etc.) et placement par le sujet sur une échelle de douleur pour récolter une base de données fiables. (…)
Réactions de l’hybride lors d’une expérience douloureuse de l’animal avec un contact visuel → Ressenti de la douleur/sensation quasiment semblable à si on la lui infligeait (marge d’erreur liée à la sensibilité extrême du sujet). BPM supérieur à 120.  
Idem sans contact visuel → Une baisse d’environ 80% du ressenti de la douleur mais existante tout de même malgré l’ignorance de ce que l’on faisait à l’animal (marge d’erreur liée à l’angoisse généralisée du sujet). BPM entre 100 et 120.
Réactions de l’animal lors d’une expérience douloureuse de l’hybride avec un contact visuel → Ressenti de la douleur qui semble similaire à ce qu’il éprouve lorsqu’on lui inflige directement la douleur (marge d’erreur liée à la difficulté d’interpréter les réactions animales)
Iden sans contact visuel → Aucune différence avec la précédente.

Trimestre deux • Séparation totale entre l’animal et l’hybride durant trois mois. De l’aveu même de l’hybride, temps le plus long et de loin où ils auraient été séparés (précédent record : trois jours, ici-même). (…) Maintien en bonne santé des deux sujets, réduction au maximum du stress via calmants et analgésiques.

Trimestre trois • Même expérience qu’au premier trimestre afin de mesurer une potentielle différence liée à la séparation. (…) Synthèse : les réactions de l’hybride sont plus faibles, une distanciation a déjà commencé à s’effectuer (BPM autour de 90, 100 avec la variante amenée par le stress). Pour l’animal la différence est bien moindre. Il semblerait que l’animal soit bien plus dépendant de la magie du sorcier que l’inverse.

À archiver en attendant de nouvelles expérimentations pour un nouveau set de données.

NOTES SUR LE PROJET TAT03 (V.1.02 en dernière date)

Dates : 01-2003 (début de la phase d’observation) ; 02-2003 (début de la phase de stimulation) ; 03-2003 (début de la phase d’extraction) ; 04-2003 (fin de la phase d’extraction, analyse des données) ; 05-2003 (début de la phase de reproduction) ; 07-2003 (début de la seconde phase d’observation) ; 09-2003 (fin de la v.1.01 début de la v.1.02) ; 11-2003 (seconde phase de reproduction) ; 02-2004 (abandon temporaire du projet)

Responsable projet : Dr. NEGASI, équipe A.
Sujets : V-04.79 (LAU Steven) W-08.67 (DAVIS Jared)
Objet : Sur la composition magique des tatouages et leur possible utilisation, extraction et reproduction.
Quote-part budgétaire : 100/3000

Notes liminaires : Les informations rassemblées sur ces tatouages sont caviardées, évasives, peu sourcées (ou alors sourcées par des études peu fiables). L’avancée se fait donc en terrain inconnu. CF. décharge de responsabilité budgétaire ci-jointe.

Observation • après observation du specimen et travaux sur d’autres sources, il est clair que les tatouages ne sont pas placés aléatoirement mais sont en réalité une seule figure principalement runique dont les phases visibles et encrées sont situées à des points d’importance dans la circulation du flux magique. (…) La puissance magique du tatouage reste difficile à compartimenter entre les tracés runiques ou l’encre spécifique utilisée. (…) Le flux magique provoque la montée d’une magie à tendance défensive lorsqu’on parvient à déclencher une réaction chez l’hybride.

Extraction & reproduction • Procédé d’extraction magique de l’encre à partir du tatouage dorsal du spécimen. Analyse du produit obtenu disponible, reproduction autorisée. (…) Reproduction des tracés runiques sur un sorcier en bonne santé et aux bonnes constantes sur les mêmes points que l’hybride. Premières observations plutôt encourageante. (…) Rejet des runes  et/ou de l’encre chez le spécimen sorcier, détérioration des tissus de façon exponentielle, runiste annonce une possible incompatibilité entre les glyphes et l’encre non-naturelle. Spécimen humain hors d’état. (…) Tentative de reproduction sur l’hybride, déjà imprimé de cette magie ce qui permet une limitation des dégâts. (…) Calque d’un segment runique du tatouage dorsal sur le torse en symétrie, nouveau rejet cette fois explicitement de l’encre mais réaction bien moins forte que sur le spécimen sorcier. (…) Réactions magiques brusques, des blocages et autres types de détérioration du flux, au bout de deux mois l’encre semble avoir été totalement absorbée par l’organisme et détruite.

Conclusion • Approfondir le travail sur les tatouages de ce genre nécessiterait davantage de matière première pour pouvoir analyser en croisement différents types d’encre et en déduire la composition exacte. Les échantillons du spécimen hybride sont conservés et le projet gelé en attente d’une nouvelle opportunité.

NOTES SUR LE PROJET MIX04 (V.3.05 en dernière date)

Dates : 07-2004 (première tentative) ; 12-2004 (deuxième tentative) ; 06-2005 (troisième tentative) ; 07-2005 (début du recueil de données sur la 3e tentative) ; 11-2005 (archivage des données, quatrième tentative) ; 03-2006 (cinquième tentative) ; 04-2006 (début du recueil de données sur la 5e tentative) — projet toujours en cours.

Type d’échelonnage des relevés : Mensuel.
Responsable projet : Dr. SANKARAN, équipe B (Vice-superviseur Dr. NEGASI)
Sujet : V-04.79 (LAU Steven)
Objet : Sur le mélange artificiel du génome d’un ER sur un sujet hybride vélane.
Quote-part budgétaire  : Non-divulgué.

Notes liminaires : Pour éviter une surdose de stress au sujet hybride (qui pourrait endommager les expérimentations), il a été accordé de lui administrer un sérum anesthésiant avant les procédures lourdes ; veiller à ce que cela soit respecté dans les doses prescrites.

Première tentative • Le corps ne rejette pas l’apport du génome grâce au traitement magique pris en amont. Les réactions sont minimes, rien ne prouve une quelconque mutation. (…) La mutation n’étant pas la bonne elle a entraîné un dysfonctionnement cellulaire chez l’hybride qu’il a fallut endiguer avant de reprendre une seconde tentative. Deux mois de réhabilitation avant de revenir à des constantes à même de supporter les expérimentations.

Deuxième tentative • Rejet immédiat et violent, shut down complet des organes de l’hybride, après un brusque déficit du flux magique. Prise en charge médicale urgente. Six mois de réhabilitation nécessaire.

Troisième tentative • Via une différente approche et un maquillage de l’apport étranger par un brouillage issu des sorts de camouflage, le corps ne rejette pas le génome ER isolé. Les observations soulignent un début de perturbations des constantes notamment du BPM qui se stabilisera après trois semaines. Le BMP et la température sont supérieures à la moyenne sans que le corps ne semble s’en trouver altérer. (…) La mutation ponctuelle donne naissance à un codon d’arrêt, la protéine est non-fonctionnelle. (…) Tentative avortée. Spécimen en santé relativement bonne, brusque retour à la normale des constantes à surveiller cependant.

Quatrième tentative • Avortée très rapidement en raison d’une immunodéficience de l’hybride après une infection bactérienne.

Cinquième tentative • Le corps ne rejette pas le génome. Les constantes ne changent qu’à peine, contrairement à la v.3.03. (…) La mutation change les nucléotides désirées par celles prévues. Perte d’une nucléotide. Surveillance accrue, H24 7/7, des constantes pour vérifier les éventuelles conséquences physiques au-delà des conséquences magiques. (…) Rupture du lien entre l’hybride et son animal, traduit par une brusque montée d’angoisse sur plusieurs jours, forcé de mettre le projet en stand-by le temps de pouvoir apaiser l’hybride. Signe d’une certaine réussite. (…) Après neuf mois la mutation semble avoir eu ses effets sur tous le corps et les dégâts physiques ont pu être traités un par un. Le spécimen reste faible, non pas en raison d’une défaillance organique primaire mais en raison de l’hybridité qui dérègle son flux magique et son équilibre général. (…) La chiasmatypie ne semble pas avoir retenu les chromatides que l’on soupçonne  être ceux qui renforce les compétences métamorphomagiques, l’influence du tatouage a peut-être permis de bloquer cet apport. (…) Des résultats d’analyses détaillées montrent une augmentation du flux magique à travers la parole lorsque le spécimen parvient à coopérer à ces tests. (…) Parole suggestive prouvée efficace sur un certain degré, mais l’effort semble trop lourd pour être réitéré dans la durée et à l’envie, preuve que le gène apportant ce don a bien muté dans l’hybride mais que partiellement. À voir pour des tentatives de l’isoler totalement et de le réimplanter directement.

prologue

I am a rock
I am an island
I've built walls
A fortress deep and mighty
That none may penetrate

Quand il s’était présenté à elle, Kaj avait utilisé un nom qui avait sonné faux aux oreilles de Demei. Elle n’avait pas relevé cependant. Il y avait quelque chose dans cet homme qui la poussait à accepter ce secret, son regard qui se tournait souvent pour vérifier par-dessus son épaule, l’agitation de ses doigts contre le rebord de la table… Ou bien cette sorte de crainte qui semblait toujours l’habiter, à chacun de leur rendez-vous dans le petit café où on leur servait un teh tarik glacé. Une crainte diffuse qui se mêlait avec la grâce qu’il mettait dans ses gestes, dans ses sourires et dans sa voix. Lau Demei était loin d’être sotte, elle pouvait reconnaître que ce charme n’était pas naturel. Que cette peur n’était pas feinte. Mais elle ne l’interrogeait pas, dégustait son teh en attendant d’avoir obtenu sa confiance.

• • •

Je n’aime pas trop ce garçon, grognait son père, quand Kaj ramenait Demei jusqu’à sa maison. Quel genre de touriste reste planté ici pendant un mois ? Il n’a pas d’autres endroits à visiter ?
Demei ne répondait pas, s’installait dans la pièce principale de la maison et sortait ses plans d’études pour s’avancer dans son travail. Son père restait à la fenêtre pour grogner jusqu’à ce que Kaj ait disparu dans la rue voisine.
Faut faire attention avec les garçons comme ça.
Comme quoi ? qu’elle demande sans vraiment lever les yeux de son travail.
Trop beau.
Ça la fait sourire.

• • •

Vélane ?
Oui.
Comme dans les contes ?
Ça… dépend de quels contes tu parles. On a rarement… un bon rôle ou bien même un rôle euh… réaliste.
La demoiselle du Roi ?
Sans connaître je peux dire au titre que ça doit pas être ça.
C’est un conte qui raconte comment un Roi imprudent s’est fait voler son royaume par une jeune et belle étrangère.
Parfait, vraiment.
La description est bonne ?
Oui, on fait des concours de qui a volé le plus de royaumes. Le vainqueur a le droit de gouverner les royaumes des autres.
Ils recommandent un nouveau verre de Limau Ais avec un rire.
Mais… enfin plus sérieusement ?
Je sais pas trop quoi te dire. J’avais… en vrai j’avais pas prévu de réussir à t’avouer ça.
Quoi ? Je suis la première ?
Non, pas vraiment, mais d’habitude les gens eerm… enfin les gens devinent, ou quelque chose. M’évitent. Se méfient. J’ai rarement… hors de ma communauté j’ai rarement eu un contact aussi prolongé, comme j’ai avec toi.
Ah.
Voilà…
Pourquoi tu n’es pas resté avec ta communauté si… enfin si tu dis que tu dis que c’est compliqué ?
J’avais d’autres problèmes là-bas.
Il n’en dira pas plus ce jour-là à ce sujet.
Mais expliqua un peu plus à Demei qui étaient les Vélanes, lui parla de son Eletad, de son pays. Ne s’appesantit pas davantage, lui laissa digérer l’information. Avant que finalement :
Ton père devait le sentir… tout ça. Les gens… ont tendance à se méfier de ce qui attire trop l’œil. Comme s’ils craignaient un piège.
Je l’ai senti aussi. Et je ne me suis pas méfiée.
Ils avaient fini leur Limau Ais. Par-dessus la table, à côté des deux verres recouverts d’une fine buée, leur doigts s’entrelacèrent.

• • •

L’appartement n’est pas bien grand, mais les loyers sont encore bas dans le quartier de Jeludong pour lequel les politiques commençaient tout juste à mener une politique de réhabilitation. Kaj et Demei n’avaient pas besoin d’un palace, ni même de vivre dans un quartier particulièrement en vue. Leur dossier était honorable, assez pour rassurer les propriétaires. Kaj n’apportait rien de plus qu’un passeport à deux doigts d’être périmé, tout venait de Demei dont la promesse d’emploi après son diplôme et les garantis permirent d’obtenir l’appartement.
J’aurais cru que ça serait plus compliqué.
À partir du moment où mon père se porte garant, le plus gros était fait.
C’est ça qui m’a le plus étonné, je dois dire. Je pensais pas qu’il accepterait de signer aussi facilement.
Demei sourit, se rapproche de la fenêtre de leur nouveau chez-eux pour regarder la rue quelques étages plus bas, dont l’animation leur parvenait à travers le simple vitrage. Il suffirait d’un peu de magie pour régler ce problème. Sa main caressait distraitement son ventre arrondi, à six mois de grossesse.
Je pense que son désir de te voir hors de chez lui l’a emporté sur la tristesse de voir sa fille le quitter.
Kaj pinça un peu les lèvres, comme si les souvenirs de ces longs mois passés dans la maison des Lau revenaient lui tapisser la gorge d’un goût doux-amer.
Alors que pourtant, avec tout mon respect, fit-il, prudemment je pense que j’ai fait mon possible pour lui être agréable.
Oh, lui aussi crois-moi. Mais c’est mieux comme ça. Et puis pour le bébé aussi. On aurait étouffé à la maison, avec mon frère, ma sœur et leur mari et femme.
Elle hausse les épaules, avec une désinvolture charmante. Il se rapprocha d’elle, pour venir la prendre aux hanches, embrasser son cou doucement. Passer sa main sur celle de Demei, posée sur le ventre, et sentir avec elle le mouvement du bébé à naître.



Dernière édition par Steven Lau le Dim 9 Mai - 21:49, édité 10 fois
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I am just a poor boy
Though my story's seldom told
I have squandered my resistance
For a pocketful of mumbles
Such are promises
All lies and jest
Still, a man hears what he wants to hear
And disregards the rest
LES SOUFFRANCES DU JEUNE WERTHERNJIAN

Kaj avait tous les traits de son visage extrêmement figé quand il se présenta devant la maison de ses beaux-parents avec un sac à bandoulière taillé dans du plaid bleu à l’épaule gauche, et la menotte de son fils de deux ans dans la main droite. Son beau-père, en ouvrant la porte, n’avait pas l’air plus heureux.
Ahem… merci de bien vouloir vous occuper de Wenjian.
Umf.
Toutes ses affaires sont dans le sac. Avec son doudou. Hésitez pas à venir me faire chercher si jamais il y a un problème.
Umf.
Wenjian releva la tête pour d’abord regarder son père, puis son grand-père avec un air de suspicion, mais sans rien dire d’abord. Ce ne fut qu’une fois ce partage de politesse terminé, quand il vit son père se délester du sac bleu pour le tendre à yéyé, qu’il crut bon de protester :
Non ! Papa reste ! Pas yéyé ! chouina-t-il en attrapant le bras de son père avec ses deux mains.
Umf, jugea le grand-père.
Umf, râla Kaj qui prenait vite les tics des autres.
Veux pas veux pas veux pas ! continua Wenjian qui sentait bien qu’il y avait dans la situation une faille à exploiter.
Écoute søn, tu as compris que maman était occupée là. Et que je dois aller la rejoindre ? Elle a besoin de moi.
Umf.
Les enfants étaient décidément de vraies éponges, de vrais copieurs.
Yéyé va s’occuper de toi. Et puis il y aura les cousins. Tu te souviens de Wenmin et Wenjie ?
Les deux gugus n’avaient visiblement pas particulièrement marqué le jeune esprit qui continuait de s’accrocher en exprimant par monosyllabes répétitives son désaccord avec le situation, sous les yeux chargés de jugement du grand-père qui ne bougeait pas d’un pouce pour aider son gendre à s’en sortir.
Ce fut lorsque la grand-mère apparut dans l’encadrement de la porte, le bout des doigts recouverts blanchi de farine de tapioca, que Wenjian arrêta son manège pour lâcher son père et avancer vers la matriarche en battant les mains :
Nǎinai !
Ben alors mon filou ? Tu nous fais un cirque ? Alors que moi j’étais en train de te préparer des bons petits kuihs ?
Oh oh…
Ah ben oui on fait moins son grognon maintenant. Allez viens m’aider avec la crème de coco.  
Et sans avoir besoin de plus de diplomatie que ça, elle embarqua le petit à l’intérieur de la maison. Laissant le père et le gendre de nouveau face à face.
Ah ben… elle sait s’y prendre hein votre femme, tenta Kaj, avec un sourire un peu trop maladroit.
Umf.
Voilà voilà… enfin je devrais y aller. Demei doit déjà être à l’hôpital et… bref bref.
Il avait posé le sac, il avait posé le fils, il n’avait pas à s’étendre plus longtemps.
Oui. Filez donc. Prenez soin d’elle. Dites-lui qu’on l’aime.
La remarque l’interrompit alors qu’il allait faire marche arrière, et le laissa planté là comme un piquet. Son beau-père n’était pas du genre bavard, encore moins quand Kaj était dans les parages et encore moins quand il n’y avait que lui à qui parler. Il crut prendre conscience de l’importance de cette demande à l’aune de sa rareté :
Je lui dirais.
Et que le bébé sera en bonne santé.
Il acquiesce. Lui aussi l’espérait. Et il repartit pour l’hôpital, chargé de cette quasi-bénédiction.
Il espérait aussi, surtout, que Wenjian prenne bien la brusque arrivé d’un petit bout qui lui piquerait sa place d’enfant unique chouchouté de toute part. En l’occurrence, la barre d’espoir était peut-être placée un peu trop haut.

• • •

Cépamoa.
Ah, le livre est tombé tout seul sur la tête de ton petit frère alors ?
Cépamoa !
Tu aurais pu lui faire encore plus mal ! Il n’a que onze mois ! Tu te rends compte un peu ?
Cépamoa !
Tu vas aller réfléchir dans ta chambre jusqu’à ce que tu daignes t’excuser jeune homme et…
CÉPAMOA !
Wenjian !! Écoute !! Ta !! Mère !!
AAAAH PAPA FÉ PEUR !
Kaj…Kaj, calme toi chéri. Olala ton visage… Laisse-moi gérer ça.
Tu n’as pas l’air de gérer ça très bien, si tu veux mon avis !
Mais tu crois que tu arranges quelque chose quand tu prends cette tête ?
Elle a quoi ma tête ?!
BOUHOU PAPA PEUR PAPA MOCHE !
Wenjian je te jure que !…
Va t’occuper de Wenkang ! Et calme toi avant ! Zou ! Pars !
Tu mines mon autorité !
Ce n’est pas de l’autorité de faire peur à ton fils quand tu es dans cet état ! Tu vas encore foutre le feu aux rideaux et…
Ah mais j’en entendrais jamais la fin de cette histoire VRAIMENT !BOUHOUHOU OUIN OUIN.
Regarde dans quel état tu le mets !
C’est bon j’ai compris ! Rolala !
Et la porte de la chambre claque dans le dos de Kaj.

• • •

Demei contrôlait d’un mouvement sec de sa baguette le pliage et le rangement des vêtements dans une petite valise au contenu bien plus grand que le contenant. Kaj, lui, avait le dos collé contre le mur, près de la fenêtre par laquelle il scrutait régulièrement le bas de l’immeuble.
Tu es sûr ?
Sûr, oui. Je sais reconnaître les miens quand même !
Ne t’énerve pas ! Je demandais juste. Parce que là… enfin on quitte tout pour…
Elle ne finit pas, ne semble pas avoir le courage d’encaisser totalement l’idée qui se présente à elle alors qu’elle ferme enfin la valise, avant de se tourner vers les meubles qui reste dans la pièce : l’armoire, la petite commode, le paravent, le lit encore recouvert par ses draps.
Avec un autre sort extensible, une autre valise, peut-être qu’on pourrait réduire les meubles et les pren-
On n’a pas le temps ! Demei… tu ne comprends pas. Si elles me trouvent je… tu ne comprends pas vraiment…
Kaj tremblait, son visage n’était pas déformé par la colère comme cela pouvait parfois arrivé, mais c’était le retour de cette crainte qu’elle avait pu apercevoir chez lui, lors de leur rencontre. En beaucoup plus prégnante. Elle teintait chacun  de ses traits, toutes ses expressions d’une couleur triste qui semblait faner son teint et même la brillance de ses cheveux.
Si elles me trouvent, jamais je ne pourrais te revoir. Jamais je ne pourrais revoir les garçons. J’ai eu de la chance de pouvoir partir, tu sais. Pas le genre de chance que je pense avoir une seconde fois.
Demei déglutit, se rapprocha de lui, caressa sa joue pour attirer son regard loin de la rue, comme s’il s’attendait à voir débarquer ces fameuses femmes qu’il avait aperçu dans les rues de George Town.
Tu sais que je te suivrais partout Kaj. Si tu dis qu’on doit partir, on partira. Mais… Enfin, il faudra trouver une solution, un jour. On ne peut pas… on ne va pas fuir toute notre vie.

• • •

Pourquoi on est parti ?
Parti d’où trésor ?
De Penang ? Y avait yéyé et nainai, et les cousins.
Tu te plais pas ici Zaizai ?
Si, moi si. Mais toi mama ?
Mais bien sûr que je me plais ici !
Et papa ?
Papa aussi, évidemment.
Pourquoi des gens suivent papa ?
Comment ça trésor ?
Pourquoi des gens… veulent attraper papa ? Il a fait des bêtises ?
Mais qui t’as dit ça Wenjian ?
C’est toi. C’est papa. Je vous ai entendu parler, une nuit.
Tu n’as pas à t’inquiéter de ça.
Papa a fait une bêtise et c’est pour ça qu’il a peur de sortir ?
Je t’ai dit de ne pas t’inquiéter Wenjian. Alors arrête d’en parler !

• • •

Wenkang pleurait, ventre à terre sur le sol de la cuisine alors que Wenjian s’amusait à appuyer sur sa tête avec sa main droite, comme s’il s’agissait d’un klaxon amélioré. Quand un coup cependant fit crier le petit plus fort que d’habitude, ce fut papa qui passa la tête dans l’entrebaillement de la porte :
Qu’est-ce que tu… mais laisses ton petit frère tranquille enfin !
Plutôt que d’obtempérer, Wenjian préféra persister dans son activité criminelle pour donner un nouveau petit coup sur le crâne de son cadet. Là encore, comme la fois précédente, les cris redoublèrent alors qu’une sorte de brève étincelle claqua entre les doigts de Wenjian et le crâne de Wenkang.
Mais petit sacripant si je te dis d’arrê- attends voir…
Les yeux de Kaj s’étaient un peu agrandis alors qu’il avait fait un pas à l’intérieur de la cuisine.
Qu’est-ce que tu viens de faire ?
Ça !
Et tout content qu’on le lui demande, ou bien tout content de penser comprendre qu’on le lui demandait ce qui équivalait au même, il refit son geste. Là encore la décharge fit vagir le petit qui n’avait pas la force de se traîner hors de portée de son grand frère, trop assommé par son triste sort.
Demei arrivait à son tour dans le dos de Kaj :
Mais tu l’incites à frapper son frère ou je rêve ?
Mais pas du tout !
Je frappe pas, j’éléctrocutionne !
Quoi ?
Bouhou m-ma…mamaaaa…
Chut créature, ou je t’électrocutionne encore !
Mais avant qu’il n’ait pu joindre le geste à la parole Kaj l’attrapa dans ses bras et le souleva pour le tirer loin de sa victime. Demei elle s’agenouilla près de Wenkang, le moucha et sécha ses larmes à grand coup de mooh zaizai c’est rien.
Je fais comme papa maintenant ! Je lance des éclairs ! Bzzt bzzt !
Qu’est-ce qu’il a encore inventé ?
Demei lança un regard à Kaj, l’air de soupirer après les légères turbulences de ses deux enfants. Mais Kaj lui avait attrapé la main de Wenjian, pour coller sa paume contre la sienne, les yeux brillants d’une lueur qui éclairait tout son visage.
Non, je l’ai vu chérie. Il fait comme moi, vraiment.
Tu veux dire ?
De la magie, je crois bien que notre fiston vient de faire de la magie. Oh, petit trésor, comme ça me fait plaisir !
Et il serra Wenjian contre lui, avec un bref rire, en frottant le dos de l’enfant pour le féliciter de cet éclat magique. Le sourire de Demei lui ne dura pas longtemps :
Tout ceci est fort bien, mais je pense que… pédagogiquement parlant il serait bien de ne pas encourager notre enfant à assouvir ses pulsions de tortionnaire en le félicitant alors qu’il a électrocuté son petit frère !
Alors il fut puni. Mais félicité en même temps. C’était un peu compliqué de comprendre, mais la punition n’était pas trop grave, alors il ne pleura pas. Il n’était plus un bébé de toute manière, pas comme Wenkang qui chouinait quand il se prenait quelques volts dans le ciboulot. Pff.

• • •

Papa ? Pourquoi on doit partir ?
Maman a trouvé un travail à Columbia. On y sera bien et…
J’ai plus cinq ans, on peut me dire la vérité maintenant papa.
Quelle vérité ? On a conscience que c’est pas facile pour vous de déménager mais vous allez beaucoup aimer les États-Unis.
C’est pas que c’est difficile, c’est que je veux savoir pourquoi.
Et comme on vous a dit, à toi et ton frère, maman a trouvé un emploi plus intéressant et mieux pa-
C’est parce que les gens te poursuivent encore ? C’est à cause d’eux ? Les mêmes que quand on a dû partir de l’île ?
C-comment ça ? Personne enfin… Qu’est-ce tu t’inventes encore Wenjian ?
Papa, qu’est-ce que tu as fait pour devoir te cacher tout le temps ?
Je ne me cache pas.
Pourquoi tu n’as pas de passeport ? Pourquoi je ne porte pas ton nom de famille ? Pourquoi maman elle t’écrit sur aucun des papiers officiels ?
Comment tu… Wenjian tu fouilles nos affaires ? Tu n’as pas à…
Je veux savoir ! Est-ce que t’as fait une bêtise ? Papa ! Je t’aimerai même si tu avais fait une très grosse bêtise tu sais !
Un silence. Long.
Je n’ai pas fait de bêtise Wenjian.
Alors, pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te caches ?
Tu n’as pas à t’inquié-
C’est parce que tu es vélane ? Est-ce que c’est parce que tu es vénale ? Dis-moi !
Un nouveau silence.
Est-ce que moi aussi je dois me cacher ? Est-ce que Wenkang aussi doit se cacher ? Est-ce qu’on est en danger papa ?
Silence. Puis finalement :
Non mon trésor. Là où on va personne ne vous fera jamais rien. Je te le promets.

• • •

Wenjian, à plat ventre sur le sol de la cuisine, braquait sa lampe torche vers le dessous du meuble pour garder un œil sur la petite boule de poil pelotonnée là, dans la poussière. Depuis qu’il était arrivé dans la maison, il y avait trois jours, le ratonneau n’osait pas sortir de sa cachette hormis la nuit pour boire l’eau dans son bol et grignoter hâtivement ce qu’on lui avait laisser dans une gamelle. Toujours quand la nuit était tombée et que personne ne pouvait le surprendre. Wenjian, lui, passait plusieurs moments de ses journées à tenter de lui tenir compagnie pour l’habituer à sa voix. Il lui racontait ses promenades, ses progrès en skate (il savait faire un ollie maintenant !) et lui lisait même des livres simplement pour tenter de lui faire moins peur.
Peut-être que lui pointer la lumière de la lampe dans les yeux ne l’aide pas à se sentir mieux Zaizai, fit remarquer sa mère, toujours pleine de discernement, quand elle passa dans la cuisine pour sortir un plat du four.
Mais je veux le voir ! Pourquoi est-ce qu’il ne sort toujours pas mama ?
Il lui faut le temps de s’adapter, tu peux le comprendre non ? Toi aussi ça a été dur le déménagement, imagine que lui c’est pareil sauf qu’en plus il n’a même pas sa famille avec lui.
Meuh, ça me dérangerait pas de ne pas avoir eu Wenkang avec moi ici hein.
Et de tourner la tête derechef vers le ratonneau dont on voyait les grands yeux noirs briller sous le meuble de rangement de cuisine pour lui dire, d’un ton très sentencieux :
Tu devrais être content ! Les petits frères c’est rien que des plaies !
Petit frère qui passa quelques minutes après Demei dans la cuisine, lui pour se servir un verre d’eau après avoir fait des pitreries dans le jardin. Il avait les cheveux tout collants de sueur et un grand sourire où il manquait deux dents qu’il pointa vers son aîné, toujours couché par terre :
Il a toujours pas bougé ?
Non. Toujours pas. Alors que je lui ai dit plein de trucs chouettes.
C’est ta grosse tête qui lui fait peur.
Pff, mais non. Mais je crois qu’il me comprend pas, il est p’tet juste bête.
Vous vous êtes très bien trouvé alors.
Mmrf je vais t’arracher les yeux cloporte !
Aaah ! Oskour !!
Et le scarabée s’enfuyait en renversant de l’eau partout dans son sillage. Plus tard, c’était Kaj qui arrivait, et qui s’asseyait à côté de Wenjian :
Alors, toujours à prendre la poussière ?
Oui, je lui ai même tendu la main avec des snacks et il est pas venu.
Il doit avoir peur, tu lui parles ?
Mais oui ! Je lui ai lu des histoires !
Non, mais autres choses que des histoires ? Est-ce que tu lui as parlé de toi ?
Eh ?
Enfin, ta mère m’a expliqué il y a longtemps ce que c’était qu’un animal-lié. Et avec Péng… J’ai vite compris que le lien était vraiment important.
Péng c’était l’oiseau au bec crochu qui suivait maman presque partout et qui veillait toujours à tout d’un œil perçant.
Mais le lien ne se construit pas de nulle part. S’il t’a choisi, lui, c’est que vous étiez destiné, d’une certaine façon. Parle-lui, avec le cœur. Peut-être qu’il comprendra qui tu es vraiment.
Que je lui parle avec mon cœur ?
Que tu lui dises ce qui te pèse. Il te comprendra, peut-être mieux que nous encore.
Et son père se releva, attrapa le chronomètre qui était rangé dans un des tiroirs pour repartir, laissant Wenjian en proie à sa perplexité. D’abord, quand il recommença à parler, c’était pour continuer dans sa lancée, de dire des choses sans trop d’intérêt. Que Wenkang était embêtant et que le skate c’était cool. Que maman était sévère et que papa faisait peur quand il s’énervait. Puis il parla d’une fois où papa s’était vraiment mis très en colère à l’appartement d’Accra. Puis se mit à raconter la vie à Accra. Quand ils allaient au salt ponds de Pambros ou à la forêt d’Achimota. Ses doigts caressaient le carrelage, machinalement, alors que sa gorge se serrait de se rappeler des visages familiers de ses voisins avec qui il jouait, quand il avait finit d’apprendre ses leçons avec son père.
C’est tout nul d’être là. J’étais mieux là-bas, qu’il finit par lâcher, un peu difficilement parce que sa voix était prise dans le fond de sa gorge serrée.
Il s’était un peu plus redressé, pour parler, et maintenant regardait le bas du meuble comme s’il s’attendait à ce que son aveu magique ait fait sortir la petite créature. Mais rien, pas le moindre petit bout de museau à dépasser. Il poussa un long soupir, éteignit sa lampe torche et se redressa :
C’est nul l’animixing, il décréta, avant de sortir dans le jardin reprendre son skate.
Le ratonneau ne sortit pas plus de sa cachette dans la soirée, mais la nuit, après avoir bu et avoir grignoté son repas à l’insu de tous, il crapahuta un peu plus dans la maison et se faufila à travers l’entrebaillement de la porte de Wenjian pour venir se fourrer contre lui, dans le lit.
Et tant qu’on ne les séparait pas, il ne dormit plus jamais ailleurs que contre son humain-lié.

• • •

Ilvermorny a quand même une bien meilleure réputation, fit la mère en relisant pour un énième fois le tract envoyé par l’école états-uniennes.
À force de le lire et le relire, il était étonnant qu’elle ne le connaisse pas déjà par cœur.
Déjà le programme est bien plus consistant. Et les professeurs ont l’air… enfin si tu regardes les photos voilà je leur trouve un meilleur air. Puis l’environnement, plus propice au travail tout de même.
Ça a l’air rasoir Ilvermorny.
Elle fusilla son fils du regard, alors qu’il était à moitié avachi sur la table où se tenait le conseil de famille. Wenkang n’en faisait pas parti et était dans sa chambre pour jouer avec ses billes. L’éducation de son aîné ? Il s’en moquait royalement. Il préférait largement faire des parties de billes avec Jiédan, son serpent animixé (qui faisait rouler les billes du bout de sa queue, de façon très habile, Wenkang prévoyait qu’à eux deux ils deviennent champion du monde de billes).
Ben quoi ? Me regarde pas comme ça, c’est vrai que ça a l’air rasoir. C’est quoi cette histoire de maison ?
Il désigna du bout du doigt l’endroit sur le tract où une brève explication des différentes maisons parlait de personnalités et de saine compétition.
Ça te semble pas bizarre ça comme méthode d’éducation ? Et puis c’est quoi le choix ? Thunderbird… Pukwudgie ? Le cœur ? L’âme ?
Ça me semble déjà beaucoup moins étrange que cette histoire de planètes, d’alignement et toutes ces aventures hippies là. Ce n’est pas là-bas que tu auras un diplôme qui te permettra d’avoir un travail, crois-moi.
Chérie, il a onze ans, son futur travail ce n’est pas encore ce qu’il y a de plus urgent, tu ne penses pas ?
Elle tourna son regard vers son mari qui crut comprendre que sa brusque intervention n’était pas tout à fait appréciée. Il eut une moue dépitée fort charmante (comme beaucoup de ses expressions) et leva les mains devant lui, comme pour signaler qu’il ne cherchait pas la bagarre.
Ce genre de choses se préparent très tôt Kaj et tu le s-
Oulala, oui non. Je ne voulais pas sous-entendre que le futur de notre fils ne m’intéressait pas, mais juste… enfin je pense qu’il serait bien de lui trouver une école dans laquelle il pourrait s’épanouir, plutôt que de cibler seulement en fonction du programme scolaire.
Ouais, je veux m’épanouir moi. Et Zéi aussi, il veut drôlement s’épanouir.
Ilvermorny…
Je suis sûr que c’est une très bonne école chérie, mais pour quelqu’un comme Wenjian… enfin, je me dis qu’un endroit plus ouvert d’esprit serait davantage adapté.
Il n’y a rien écrit contre l’inscription des sorciers mixed. Et puis, si on remplit les papiers on ne te mentionnera pas de toute manière. Ils ne sauront pas.
Kaj et Wenjian se regardèrent avec un air entendu, les yeux légèrement levés au ciel.
’Ma, ça se sait toujours. Tout le voisinage sait. C’est pas quelque chose qu’on cache facilement.
Et si le voisinage est plutôt compréhensif et globalement accueillant… ce n’est pas forcément le cas d’une troupe de jeunes pré-ados ou adolescents. Enfin tu as été à l’école chérie, tu sais comment sont les enfants de cet âge avec tout ce qui… sort de la norme.
Demei croisa les bras, de toute évidence l’argument touchait juste, mais elle semblait avoir beaucoup de mal à faire son deuil de l’école qu’elle s’était imaginé pour son fils. Elle reposa le flyers d’Ilvermorny pour regarder celui, plus colorés et fantaisiste, du SWAMP avec une grimace non-dissimulée.
Et vous pensez tous les deux que les ados de cette école-là seront moins… prompts au rejet que ceux d’Ilvermorny ?
Personnellement, c’est tout de même l’ambiance qui en ressort.
Regarde ! Ils font des plats végétariens ! Est-ce qu’ils font ça à Ilvermorny hein ?
On ne va pas choisir une école pour son menu Wen-
Et leur mascotte est super chouette ! Ils ont une mascotte à Ilvermony ? Même pas, trop triste. Moi je veux aller dans l’école du crocodile surfeur.
Cette histoire d’alignement astral tout de même… ça me chiffonne.
Mais il n’y a pas que ça chérie, et leur programme est un peu différents mais tout de même, regarde on peut suivre une voie qui peut amener à l’étude de la stimagie. Wenjian pourra toujours se retrouver ingénieur, même en passant par là.
Wenjian n’avait absolument aucune envie de finir ingénieur comme sa mère, même s’il voyait bien que c’était par là qu’on voulait le pousser. Son père lui lança un regard lourd de sens et il fit semblant de s’enthousiasmer pour ce fameux parcours stimagie :
Mais oui ! C’est bon ce n’est pas une école au rabais. Et de toute manière pendant les vacances tu vas que me faire travailler donc bon… j’aurais le diplôme Lau, qui vaut tous les autres j’en suis sûr.
Demei fronça les sourcils, mais sans être vraiment en colère.
Bon, je vais y réfléchir.
Ouui !
Je n’ai pas dit que c’était bon, hein !
Mais presque ! Et puis regarde Fat Zéi a trop envie d’y aller, pas vrai mon rat-tonneau ?
Le raton s’était dressé sur ses pattes arrière pour grimper sur la table et faire cliqueter ses petites griffes sur l’image du crocodile en train de surfer sur une belle vague floridienne. Les dés étaient jetés.


WELCOME IN THE SYSTEM

Sun + L’entraînement de Kaikoditch les laissait souvent sur les rotules, avec Azariah, le ventre creux, les jambes tremblantes et le vertige qui prenait la tête à force de s’être pris les batteurs en pleine face et de s’être écrasé plus d’une fois contre les barrières magiques qui délimitaient le terrain et protégeait les récifs de coraux. Ils se gardaient souvent un temps pour souffler, couchés sur le sable qui collait à leur peau salée. Le sourire béat qu’amenait la fatigue sportive aux lèvres, ils restaient là, à regarder les nuages glisser sous le ciel bleu en tâchant de reprendre leur souffle. Zéi farfouillait dans le sable pour s’y rouler, la tête encore protégée par le sort de têtenbulle qu’avait lancé Steven avant d’aller dans l’eau. Un groupe d’étudiant, totalement habillés eux, leur passèrent à côté. Petits échanges entre eux et Azariah qui avait ce sourire qui ferait pousser des fleurs. Steven lui se contenta d’un geste de la main et d’un ouais salut lorsqu’ils repartirent. Avant de planter ses coudes dans le sable pour se redresser à demi, en s’appuyant dessus  :
Je me demande toujours comment tu fais ça.
Comment je fais quoi ? qu’on lui répondit, les yeux pétillants.
Tout ça, tes sourires et… comment tu parles, enfin t’es si à l’aise. T’as pas genre, enfin tu sais… il baisse un peu la voix, comme gêné Des gens amoureux ? Qui viennent te parler ?
Azariah avait cette énergie qui semblait faite pour attirer les gens à lui, différente de celle qu’il avait été habitué à ressentir chez lui, entre son père, son frère et lui-même. Mais même si l’ambiance était différente, il se disait que le résultat devait être le même. Mais ça restait étrange de parler de ça avec un garçon de trois ans son aîné. Il devait le prendre pour un bébé si ça se trouve. Il allait peut-être rire, ou l’ignorer.
Pas du tout. Azariah sembla comprendre le malaise que tentait d’exprimer Steven sans que ce dernier n’ait trop à s’embourber d’explication. Peep serait fier, s’il les voyait là, dans le sable, tournés soudain l’un vers l’autre pour une conversation sur la meilleure manière de gérer ce genre de moment. Parce qu’apparemment Azza connaissait bien ce problème. Ah mais tu ne me croirais pas Smoky si je te disais toutes les fois où ça m’arrive ! (Ah bien, bon… comme quoi il avait du nez.) Et en traçant des sortes de plans de bataille dans le sable, pour soutenir ses propos, Sunshine entreprit de lui expliquer ses stratégies d’évitement face à une déclaration de sentiments profonds. Steven tentait de retenir des phrases entières, de les lui faire répéter, assez impressionné de la façon qu’avait Azariah de lui expliquer ça comme si c’était tout naturel pour lui. Et cela semblait si facile !
Quand il se retrouva, quelques jours plus tard, au self, devant une fille de son cours de soin botanique qui vint lui glisser un mot sur son plateau (mot contenant un poème en dix vers, qui se soldait par une demande plus ou moins explicite d’un date avec lui) il se retrouva à devoir appliquer les leçons du maître.
Ahem non mais, t’es une fille super hein. Et wow je suis super touché de tout ce que tu m’as dit, c’est vraiment super euh… touchant. Et je t’apprécie beaucoup Sam. Mais genre en amie, tu vois ? Enfin, je pourrais pas… t’accorder l’attention que tu mérites. Parce que tu vois dans l’amour, on doit faire ressortir le bien de l’autre et donner le meilleur d’eux-mêmes et tout, et moi je suis pas dans un moment où je peux faire ça. Enfin, voilà, j’espère que tu comprends et que je t’ai pas blessé, parce que t’es vraiment super.
Et il passa sa main dans ses cheveux comme Azza avait fait, lançant d’ailleurs un regard un peu interrogateur vers Sunny qui acquiesçait vivement dans sa direction depuis l’autre bout du réfectoire comme pour l’encourager.
Sam ne répondit pas vraiment, ne pleura pas mais ne lui dit pas non plus que ça avait été le rejet le plus smooth de sa vie. Elle avait l’air surtout un peu déboussolée par tout son laïus. Mais comme quelques mois plus tard elle se mit avec Kevin, il crut comprendre qu’il ne l’avait pas blessée à vie, ce qui était son objectif principal. La technique sunshine, même si elle était moins adapté à lui qu’à Azariah clairement, était donc good to go.

Mercury + Peep fait parti des vieux du crew. Il avait déjà dix-sept ans quand Steven était arrivé dans le system et il avait très vite impressionné Steven. Peut-être plus que Red. Plus qu’Oscar d’une certaine façon aussi. Mercure, Pluton… les planètes les plus éloignées, ceci explique cela, qu’on lui avait souvent dit. Il imaginait qu’on l’avait également dit plus d’une fois à Peep, quand ce dernier venait se poser près de lui, certains soirs, à la choper par les épaules pour se faire une séance de discussion et qu’il repartait souvent les mains vides. Mercure, Pluton. Snoopy et Smoky, fatalement c’était compliqué — l’un voulait savoir et pousser les portes à coup de pied, et l’autre préférait au contraire rester soigneusement cadenassé à l’intérieur de ses propres secrets.
La première année de cohabitation fut peut-être la plus compliquée et Steven, prudent, évitait souvent les confrontations avec son aîné à grand coup d’excuses bidons et de fuite en crabe. Avec les années et l’habitude il parvint à comprendre plus ou moins les motivations de Peep — et également les potentiels bienfaits de ce qu’il pouvait apporter.
Tu me fais confiance quand même Smoky ? qu’il lui demandait souvent, quand il se retrouvait devant un Steven qui hésitait à se confier.
Oui, Steven lui faisait confiance. Comme il faisait confiance aux autres sysmates. Et peut-être bien que cette confiance, qui n’était clairement pas innée, était venue en partie grâce à lui. Peep qui cherchait à bien faire. Peep qui ne les laissait jamais en paix s’il sentait qu’il y avait un nœud, quel qu’il soit, entre eux. Tout devait être démêlé, analysé, réglé. Après avoir vécu dans un environnement où les problèmes étaient réglés loin des yeux des enfants, où els sentiments forts devaient être cachés de peur de trop se révéler au yeux du monde, Peep lui apporta une scène où s’exprimer.
Une scène beaucoup trop grande, certes.
Ben oui, évidemment que je te fais confiance.
Il leur faisait tous confiance. Puis Peep est mort. Et tout devint plus compliqué.

Venus + Après avoir passé ses deux premières années au SWAMP avec V’, elle était partie. Pour être remplacée par une jeunette qui piqua toute l'attention bien vite. Pas qu'il en voulait vraiment, de l'attention… Mais les Vénus… c’était parfois un peu compliqué pour lui. Et Pretty elle était très Vénus. Très à vouloir être partout, à vouloir se coller à tout le monde, à vouloir écouter les problèmes de tout le monde avec ses grands yeux de puppy. Steven ne sait pas trop si son problème c’est le caractère de Pretty ou bien tout simplement que l’ambiance des Vénus lui rappelle d’une certaine façon ce qu’il pourrait être et ce qu’il n’a pas le droit d’être. Ou alors il se prenait simplement trop la tête pour rien, ce qui était fort possible le connaissant.
Pourtant quand Scott, son frère, arriva au SWAMP et qu’on considéra qu’il était lui aussi aligné sur l’étoile du berger, le malaise s’accentua davantage. Ce n’était pas contre V’ qui avait été cool avec lui et qui était partie le dernier jour avec un petit baiser sur son front. Ce n’était pas contre Pretty qui sautillait de partout comme un zébulon monté sur ressort. Ce n’était pas contre Scott qui avait de toute évidence réussi à passer outre l’angoisse familiale et qui n’avait aucune problème à être à totalement à l’aise avec ce qu’il était, ce qu’il provoquait. Aucun problème à se mêler de tout, à se mettre sur le devant de la scène, à s’exposer à tous les regards.
Enfin, si. C’était peut-être contre Scott. Qui avait échappé à tout ça. Qui avait été trop jeune pour comprendre la cause des déménagements. Qui n’avait jamais surpris de conversation angoissées entre papa et maman. Qui ne s’était jamais posé de questions.
Finalement il était content que V’ soit partie vite, et que Pretty l’ait remplacé illico. Sinon, il se serait peut-être retrouvé à devoir supporter son petit frère dans son syscrew et ses sourires rayonnants et ses manies désarmantes. Et ça, il ne l’aurait pas supporté. Peut-être comprenait-il un peu Oscar, qui avait apparemment grincé des dents quand Victoria avait rejoint le system.

Moon + Steven se déroba au baiser au dernier moment, les joues brûlantes et des excuses balbutiantes à la bouche :
Pardon… mais euh, je sais pas là comme ça ? Enfin, je suis pas très public display of affection tu sais hein.
Victoria eut un petit rire, ne sembla pas plus perturbée que ça par l’esquive de son petit-copain et rattrapa son mouvement avorté en passant sa main dans ses cheveux. Les yeux légèrement plissés dans une moue amusée :
Genre, tu n’es pas trop p.d.a. en général ou seulement quand y a mon frère dans le coin ?
Steven eut encore plus chaud, enfoncé dans sa gêne alors qu’il tournait légèrement la tête de côté pour apercevoir à l’autre bout du foyer dans lequel ils s’étaient posés le regard d’Oscar qui semblait les fixer.
Euh… disons que ça n’aide pas.
Pfff mais ne fais pas attention à lui ! Fuck him. Il peut rien dire en plus, vu qu’il fricote avec Red. Hey, on va pas se priver juste parce que môssieur Oscar a décidé de…
Ouais enfin, je sais pas tu sais Vic euh… enfin on peut garder tout ce qui est un peu chaud juste pour nous tu vois. J’ai pas envie que ton frère vienne m’étouffer dans mon sommeil, si tu vois ce que je veux dire.
Elle roula des yeux, en secouant la tête, l’air de dire sérieux les mecs, et elle n’avait pas tout à fait tort à ce sujet. De fait Steven se faisait sans doute beaucoup de film. Très peu à l’aise sur le sujet, et la carrure d’Oscar et surtout son ambiance général de Moony faisait qu’il n’était pas le genre de gars que le demi-vélane avait envie d’aller asticoter. Alors rouler des pelles à sa petite sœur sous son nez ? Bon, tout de même.
Il lança un nouveau regard dans la direction de Moony et il lui trouva les yeux sacrément sombres. Ou n’était-ce qu’un effet de son imagination.
Allez viens Vic, je crois que Zéi a la bougeotte, il veut un peu gambader dehors.
Zéi, vieux frère, meilleure excuse jamais inventée. Victoria acceptait tout en se rendant bien compte du manège de son boyfriend. Elle attrapa sa cup de café tandis que Steven embarquait son sac-à-Zéi sur son épaule :
Franchement, si t’es comme ça pour mon frangin… Imagine si j’avais été la sœur de Red ? T’aurais juste pas accepté de sortir avec moi en fait ?
Sincèrement ? Je pense que j’arrive plus à gérer Red que ton frère. C’est l’alignement lunaire ça.
C’est l’alignement je m’invente des excuses surtout. C’est juste parce que c’est mon frère. Allez, transpire pas trop. Il t’aime bien mon frangin. Au fond.
Je suis complètement rassuré.
Peut-être l’était-il un peu.

Mars + tw : victim blaming, mention de harcèlement sexuel - Même dans une école à tendance peace and love comme le SWAMP, on finissait toujours par avoir quelques éclats de ci de là. On ne collait pas autant de pré-ados et adolescents dans un même endroit sans que cela ne fasse des étincelles, encore moins quand une partie de cette population se trouvait être alignée sur Mars et avait une base d’humeur plutôt sanguine.
Non mais je te dis que ça va. Faut pas s’énerver. Red !
Je ne m’énerve pas, j’interviens c’est tout.
Non mais… ça ne sert à rien de s’en mêler c’était juste… Mais tu m’écoutes Red ?
De toute évidence, non, le Mars ne l’écoutait pas du tout et au lieu de se laisser retenir par Steven, il fonçait droit vers un des bâtiments de l’école, les mollets trempés d’avoir traversé un des multiples cours d’eau à gué, alors que Steven, lui, s’était cassé la tête à passer sur les pierres joliment disposées pour les aider à traverser sans trop se mouiller. Ça lui apprendra à se plaindre de difficultés relationnelles à Red. Il aurait mieux fait de râler devant Peep, ou bien devant Kat et ils se seraient amusés à imaginer des malédictions à lancer aux camarades importuns. Mais non. Fucking Red.
Mais qu’est-ce que tu comptes faire de toute manière Red ? demandait le pauvre Steven qui malgré sa carrure ne se sentait pas de tenter un plaquage pour arrêter son camarade.
Dans son sac à dos, Zéi gazouillait, insensible pour une fois au dramatisme de la situation.
Je vais juste leur parler.
Est-ce que c’est une métaphore subtile pour dire que tu vas leur péter la gueule ?
Viens pas si tu veux pas venir. Mais je te promets qu’après la discussion qu’ils vont se prendre, ils ne te feront plus chier.
C’était bien une métaphore donc. Steven grimaça, le cœur prit entre l’étrange satisfaction de voir quelqu’un se bouger autant juste pour lui, et l’angoisse que cela ne fasse qu’empirer la situation. Et puis c’était rien, finalement. Juste une main qui se perd. C’est lui qui fait de la merde pour rien.
Non mais c’est rien, c’est juste des gars et… ça doit être de ma faute. J’ai dû faire un truc, ça a déclenché quelque chose ils ont pas pu se retenir et…
Red s’arrêta net dans sa marche. Et c’était si sec et brusque que Steven l’en dépassa presque. Le Mars lui saisit l’épaule d’une main, planta ses yeux dans les siens :
Ok, alors déjà. Non. Non. Pas de ces conneries-là avec moi. On me bullshit pas comme ça. C’est pas de ta faute ok ?
Non mais tu sais avec… enfin tu sais bien Red.
Ouais, je te connais. Ouais je sais bien. Mais n’empêche que c’est du bullshit. Moi je t’ai jamais rien fait de ce genre, non ? Et les autres du crew ?
Ben non mais…
Pas de non mais. C’est pas toi le problème. Je leur en foutrais des on peut pas se retenir. Mais ils vont comprendre t’inquiètes.
Il lui lâcha l’épaule et reprit sa marche, laissant Steven planté là un instant, avant qu’il ne le rejoigne. La légende raconte que Red cassa deux nez ce jour-là, mais la vérité est qu’il n’eut besoin que de contracter un peu les muscles et d’en choper un par le col pour qu’on s’aplatisse en excuses et en promesse de ne plus jamais recommencé et qu’ils avaient bien compris.
Et Steven aussi, commençait à comprendre ce que Red lui avait dit.

Jupiter + Quand Steven est arrivé au SWAMP, il n’y connaissait pas grand-chose à ces histoires de planètes et a dû apprendre sur le tas, au débotté, les significations des alignements et des pierres qui leur étaient associé. Il apprit donc, à rebours, que les systèmes complets comme le sien n’était pas quelque chose d’habituel. Qu’il manquait souvent un Sunshine ou un Moony, tous les crew n’avait pas de Saturn non plus. Et que ce qui était le plus rare d’avoir, c’était un Petey. Qu’on avait de la chance (hihi) qu’il soit là (même si Petey clairement avait des choses à redire sur cette fameuse "chance"). Non, personne n’avait prévenu Steven en avance, et ce fut sans doute pour ça qu’au début ce n’était clairement pas l’alignement jupitérien de son camarade qui l’impressionnait mais plutôt son caractère qui poussait sur la ronchonnite aiguë avec une pincée de plainte sur le niveau scolaire ambiant qui lui rappelait un peu trop sa mère pour qu’il soit parfaitement à l’aise. Mais Petey était, heureusement, sur bien des points très différents de la mère de Steven :
Wow Petey, t’as l’air tellement heureux là, ça me transcende.
Steven avait repéré leur Lucky national dans un couloirs du bâtiment où se trouvait la station météorologique et l’observatoire, face à la fenêtre et les yeux braqués sur la marée, sans doute en train de ruminer quelque chose. Steven trouvait bien que Petey ressemblait un peu à une vache. Une vache sang-pure tout à fait altière, mais avec plusieurs estomacs dans lesquels passait toute sa bile et sa rancœur. Il s’avançait vers lui, Zéi sur ses talons.
Un cours qui s’est mal passé ? demanda-t-il, un peu prudent.
Depuis qu’il avait ses lumies, la situation était un peu plus compliquée encore pour Petey. Et avec toutes ces histoires de chance et contre-chance, Steven n’avait pas envie de se prendre un revers malheureux et de finir poissard pour la semaine. C’est qu’il y avait un match en plus cette semaine alors…
Tu ferais mieux de me laisser Smoke.
Sans même être médecin, Steven put poser un diagnostique sur ce qui avait pu se produire.
Oh, Peep c’est ça ? Tu sais il veut juste aider, et il sait que parfois c’est difficile pour t-
Fuck… mais personne ne veut me laisser tranquille dans cette école de…
Steven leva légèrement les mains devant lui, comme dans un signe de reddition :
Hey hey… wow non mais je viens en paix. Je ne veux pas… te faire parler de tes sentiments ou quoi, pas mon genre tu sais. Mercure… Pluton… les planètes les plus éloignés, tout ça.
Il fait un petit geste, avec ses mains, en éloignant son index droit du gauche comme pour montrer les années lumières qui séparaient la planète la plus proche du Soleil de la plus éloignée. Déjà que lui n’irait pas trop parler de ses ressentis avec n’importe qui, alors bon faire parler les autres ? C’était pas trop sa vibe, c’était pas trop son alignement. Au contraire.
Petey décrocha son regard de la fenêtre pour le regarder un instant avant de faire un signe de tête, pour accepter qu’il s’approche. Steven vint se mettre à côté de lui, pour regarder à son tour la mer lécher la plage, en contrebas.
Je peux te poser une question ?
Non.
Est-ce que tu as toujours été comme ça ou c’est de connaître ton alignement qui t’a rendu edgy ? Comme tu sais, quand on se blesse mais qu’on n’a pas mal tant qu’on a pas vu le sang et tout ?
Holy shit Steve ! Tu me…
Rooh, je rigolais. Fais pas la tête, non je voulais juste savoir si tu comptais venir au match.
Petey avait les yeux plissés et le regard franchement noir quand il le regarda.
Les puppy-eyes ça ne marche pas avec moi, qu’il rétorqua.
Mmh, c’est ce que tu dis, mais well je pourrais toujours envoyer Azza pour te les faire, ça fonctionnera sans doute mieux. Il fit un petit pas de côté, au cas où Petey voudrait lui faire payer ça d’un coup de coude ou quoi que ce soit. Mais ça serait cool que tu viennes, tu sais. On a besoin de toi dans les tribunes subaquatiques.
Et pourquoi ça ?
Pour nous porter chance.
Et encore un pas de côté. Toujours par prudence. Mais peut-être que là Petey était dans un bon moment, parce qu’il ne grogna pas.

Saturn + Cloudy parfois s’installait-là, dans leur coin du SWAMP, l’endroit dont ils devaient tous s’occuper, dans leur system. Cloudy avait cet aspect légèrement saturnien des poèmes, ce silence parfois plein de jugement ou d’une affection qu’un bref sourire paraissait transmettre. Steven, en la regardant à côté d’Azariah, se demandait parfois comment le Soleil resplendissant avait-il pu attirer les anneaux taciturne de la belle Saturne. Ce n’était pas de ces choses qui s’expliquaient facilement, mais après tout le monde gravitait plus ou moins autour du Soleil (sauf la Lune… mais c’était encore une autre histoire).
Hey Cloudy. Tout roule ?
Il n’attend pas vraiment de réponse orale avant de s’installer près d’elle. Un signe de tête lui suffit.
T’inquiète, je ne te dérange pas trop longtemps, je voulais juste un peu me poser au calme.
Il a toujours un peu peur de déranger, Steven. Il a toujours peur qu’on le remarque plus qu’il ne le voudrait. Mais Cloudy ce n’était pas tout à fait pareil. Elle était dans le system, et peut-être tirait-elle des bienfaits de la présence de son camarade, au moins autant que Steven appréciait d’être près d’elle. Simplement pour se ressourcer, en silence, devant la nature qui s’étendait devant eux. Il fouilla dans son sac pendant que Zéi se frottait le dos contre l’herbe à leurs pieds et en sorti son walkman Sony WM-DD9, que ses parents lui avaient acheté pour son anniversaire. D’une petite pochette bien protégée il prit une K7 sur laquelle l’étiquette indiquait : S&G concert in Central Park et d’un geste démontrant l’habitude il la cale dans l’appareil. Les écouteurs vissés dans les oreilles, il esquisse un sourire dans le vague. Ses pieds battent machinalement la mesure et Zéi semble lui aussi bouger en rythme avec une musique qu’il n’était pas censé pouvoir entendre.
Puis, après plusieurs minutes il tourne les yeux vers Cloudy, partage un sourire avec elle, et le sien monte jusqu’aux yeux. Il retire l’écouteur droit de son oreille :
Tu veux ?
Elle le regarde un instant, sans bouger, semble inspecter ses mouvements de pieds, puis Zéi qui dansait à sa manière avant d’acquiescer dans un oui silencieux. Il lui tend l’écouteur :
C’est Me and Julio by the schoolyard, après y a Scarborough Fair une de mes préférées.
Elle ne répond qu’avec un sourire, qui s’agrandit au fur et à mesure que la musique entraînante s’avance. La chanson se termine avec les applaudissements du public, les mots du chanteur à la foule que la K7 laissait entendre avant d’enchaîner sur la suivante. Steven, sans les dires à haute voix, mimait les paroles connues par cœur du bout des lèvres. C’était ses moments saturniens.

Uranus +Lààà mais il m’a saoulé lui. Merde, si je me calme pas je vais finir avec ma gueule de harpie, grmbl.
Euuh… gueule de harpie ? Sérieusement ?
Ouais genre… c’est comme ça qu’avec mon frère on appelle quand on vrille genre… yikes tu vois ?
Ben peut-être trouvé un autre terme, hein je sais pas moi, genre sale gueule ou n’importe quoi d’autre. Est-ce que je dis que je fais ma face de vélane quand j’ai l’air idiote ?
Wow harsh.
Ouais, ben encaisse écoute.
(…)
Non mais métamorphomage, c’est franchement trop bien. Tu m’étonnes que tu sois aligné sur Uranus. J’aimerai trop pouvoir changer de tête.
C’est pas si facile que ça en a l’air.
Je me ferais plus petit. Et genre… moins… voilà.
Stupide ?
Aoutch ! Non, c’était pas ce que je voulais dire du tout.
Si tu dit moins beau, je te jure je te mords.
Ah ben je me tais alors.
Vraiment, first world problem, être trop canon.
Wow ok, déso, tout le monde ne peut pas être des mangeurs de nourrisson hein.
Répète ça ??!
Man-geurs-de-nou-ris-son.
Ma main dans ta face, tu l’auras bien cherché.
(…)
Hé… tu fais la gueule pour la dernière fois ?
Quoi, y a eu quoi la dernière fois ?
Ben tu sais, ça a vrillé, on s’est fritté, je suis quasiment certain que tu as menacé de me maudire sur quatre génération et j’ai pété ton mug préféré. Enfin voilà quoi…
Ouais la routine avec toi.
Ok, zéro exagération ici capitaine hein ?
Ben tu veux que je te dise quoi, ça a pété parce qu’il fallait bien que ça pète. Pourquoi je t’en voudrais Stevie, je suis pareille. On s’était promis quoi, on juge pas ?
Elle sourit et tend sa main. Il la prend en retour, la serre :
Ok. On juge pas. Je voulais juste… vérifier.
Je t’ai pas maudit, si c’est ce que tu veux savoir.
Pfiou, ouf, parce que là avec les exams qui arrivent, si je me plante je me fais… enfin bref, merci, pour la non-malédiction.
Of, anytime vraiment. Un plaisir.

Neptune + "Vic, ça fait à peine une semaine qu’on a quitté le SWAMP pour le summer-break et déjà j’ai l’impression que ma famille tente de me tuer sous le travail. Ma mère a zéro confiance dans la fiabilité de l’école et me fait bosser tous les matins sur des annales d’entrées dans les instituts privés de stimagie. Celles de New-York sont les plus sales, mais franchement y en a des belles pour celui de Louisiane. Je crois que j’ai plus travaillé en une cinq jour qu’en un an, ce qui peut-être montre qu’elle n’a pas tout à fait tort…
L’après-midi mon père veut absolument passer du bonding-time avec moi et Scott, alors c’est grandes balades dans la nature et lancé de balle comme si on allait un jour se mettre au base-ball. Au moins Scott trouve ça aussi lourd que moi.
Puis quand enfin on rentre, c’est papotage et racontage d’anecdotes interminables. Finalement y a que le soir où je peux t’écrire. Et faut que je sois discret. Scott a cafté pour nous deux et si mes parents ont l’air de s’en moquer un peu, ils sont quand même pas super chaud pour que tu me serve de distraction pendant mes vacances. Comme quoi je te vois toute l’année, je peux bien souffler. Scott aussi je le vois toute l’année mais on l’empêche pas de coller sa grosse tête devant moi non-stop ! Un scandale.
J’espère que de ton côté tout est plus calme, que tes parents te laissent un peu tranquille et que ton frère ne fait pas trop les gros yeux. (Si tu tombes sur cette lettre Moony hein… en toute sympathie.) Love you, et je pense qu’aucun élève au monde n’a jamais eu autant hâte de reprendre les cours que moi. J’ose pas écrire plus, parce que ça risque d’être cheesy et j’ai peur qu’Oscar tombe dessus et se foute de moi. Mais tu sais tout. Au plus tôt possible. Steven.
"



Dernière édition par Steven Lau le Dim 9 Mai - 18:17, édité 41 fois
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(Steven) 7 o'clock news - silent night Empty
Patterns
From the moment of my birth
To the instant of my death
There are patterns I must follow
Just as I must breathe each breath
And the pattern still remains
On the wall where darkness fell
And it's fitting that it should
For in darkness I must dwell
Rupture

Vic, je te rejoindrais comme convenu. Je ne repasse pas par la maison ce soir, connaissant ma mère elle pourrait soupçonner quelque chose. Je vais rejoindre un copain, qui me doit un peu d’argent en plus. Ça pourrait être utile, comme quoi l’amour et l’eau fraîche ça suffit pas. Plz n’essaye pas de lire ce que je rature, tu me connais c’est cheesy. Je t’aime Vic. À très vite. Steven.

tw : prise de drogue involontaire, suggestion d’enlèvement

Jordan lui avait donné rendez-vous dans un bar, du côté sorcier de Pittsburgh. Le bar n’était pas vide, et pour cause ce soir les Porlocks allaient affronter les Phoenices pour un match des play-off de la Archibaldus Cup, toute la saison avait été décalée à cause du lock out et la reprise avait apporté son lot de drame sur la glace. Tout comme il ne connaissait rien à Pittsburgh, Steven n’était pas un grand fanatique de hockey (entre la Floride et la Caroline du Sud qui jouait en troisième ligue… ça n’aidait pas) mais même sans ça il connaissait la rivalité entre les deux équipes. Et s’il avait une petite préférence pour les Phoenices (plus fun à regarder, leurs jerseys un peu douloureux à regarder mais pour le reste…) il crut bien faire de ne pas exprimer cette sympathie dans ce qui semblait être un repaire à Porlocks.
Dans le bar une radio magique diffusait les paroles des commentateurs pittsbourgeois : le match n’en était qu’au premier temps et aucun but n’avait encore été marqué — en revanche un joueur de philly se trouvait dans la sinbox depuis déjà une minute et l’auditoire semblait particulièrement déçu de voir que leur équipe ne profitait pas de ce powerplay pour faire passer un petit goal. Malgré la tension habituelle qui régnait durant ce genre de rencontre, l’ambiance était plutôt bon enfant et Steven se sentit se détendre en commandant un cocktail, afin de s’occuper en attendant Jordan. Il mâchonnait la paille en regardant d’un air distrait le groupe de sorciers revêtu du jersey des Porlocks qui étaient à faire des ooooh, des aaaah et autres mais le ref là oh ! toutes les trente secondes.
Hey toi, c’est la première fois que je vois ta tête ici.
Steven s’arracha à sa contemplation pour croiser le regard de l’inconnu qui venait de se glisser sur le haut tabouret, à côté de lui. Un sorcier dont l’âge était difficile à jauger, comme beaucoup de sorciers. Plus vieux que lui, c’était tout ce qui comptait. Un sourire sympathique, l’air très à l’aise. Steven lui rendit son sourire sans trop insister, simplement poli.
Un nouveau fan des Porlocks ?
Oula non. Je viens juste… j’ai rendez-vous ici avec un vieux copain c’est tout dans une heure. Mais comme je savais pas où aller en attendant…
Ah je vois. Hey mais attends je reconnais ton sweat. T’étais du SWAMP ?
Ouais, je viens juste d’en sortir là. Tu connais ?
Le sorcier lui paraissait brusquement d’autant plus sympathique.
Tu m’étonnes si je connais, j’y ai été. Enfin ça commence un peu à remonter mais ouais, je l’ai eu aussi ce sweat, enfin une plus vieille version. Je l’ai bien poncé va.
C’est super cool ! Ça fait plaisir de croiser quelqu’un du SWAMP comme ça. Attends, me dis rien t’étais euh…
Il plisse un peu les yeux pour observer son interlocuteur et tenter de voir quel alignement lui correspondait le mieux. À l’aise, clairement. Plutôt inner planet. C’était un petit jeu qu’on faisait beaucoup, au SWAMP, d’essayer de capter qui était quoi sans le lui demander. La manière d’intervenir, de lui parler, de lui poser des questions… son cœur se serre un peu quand il tente :
Mercure ?
Wow, bien joué. Toi aussi, avec de tels talents d’enquêteur ?
L’idée d’être un tant soit peu semblable à Peep le fait rire, il secoua la tête :
Non, rien à voir. Je suis un Pluton moi. Mais j’ai… enfin j’ai bien connu un Mercure et… je les reconnais bien quoi.
Il s’interrompit, ramena la paille de son cocktail à ses lèvres pour en reboire une gorgée. Cela faisait plusieurs années depuis la mort de Peep et le départ précipité de Petey et pourtant le souvenir remontait parfois avec autant de force, simplement que l’intervalle était de plus en plus long.
Ow, Smoky hein ?
Yep. Tatouage et tout. Et toi ?
Eeeh. Non, pas eu la foi. Y a pas eu grand monde à le faire dans mon syscrew.
Il y avait quelque chose de très agréable, très encourageant et réconfortant à entendre des mots familiers dans un environnement inconnu. Il touilla un peu le demi cocktail qui lui restait du bout de sa paille, un sourire aux lèvres en lançant un regard sur son propre sweat où le crocodile surfeur bougeait de la manche droite à la manche gauche.
Ouais c’est pas toujours facile. Moi mon system m’y a beaucoup encouragé aussi, donc bon…
Le groupe de supporter explosa dans un brouhaha de joie lorsqu’un des Porlocks mit le puck dans le net. Steven détourna le regard un instant pour les regarder lever les bras en l’air et se donner quelques coups dans le dos. Quand il se retourna vers le bar et son interlocuteur, il le vit remettre sa veste en ordre d’un air désinvolte. Il reprit son verre, en but de nouveau quelques gorgées. Il restait encore un peu de temps avant que Jordan n’arrive (il était au travail et devait finir sa journée avant de pouvoir le rejoindre) et se réjouit de ne pas être totalement seul en attendant. Avec John (comme se présenta le sorcier) ils évoquèrent plusieurs souvenirs du SWAMP, Steven s’amusa de son regard étonné quand il vit son sac bouger et ouvrit la fermeture pour lui faire voir le visage de Zéi :
C’est mon animal-lié. Là il est timide parce qu’il ne connait pas trop le coin et préfère rester dans le sac.
Adorable.
Beaucoup moins quand il mord.
Je note ça précieusement dans un coin de ma tête alors, rit John.
Philly égalisa le score et la conversation se détourna du SWAMP pour aller vers le hockey. Une critique constructive des jersey de LA et quelques remarques sur certaines mascottes affreuses plus tard on parla du joueur des Phoenice (qui venait de marquer) et qui avait été trade pour les Bicorns. C’était lorsqu’il allait commencer à donner son avis sur l’équipe de Boston que la tête de Steven commença à tourner, et son ventre à se serrer. Son vertige dut se remarquer puisque John l’attrapa par le bras :
Hey, ça va ?
Ouais… ouais. Je sais pas peut-être que vos coktails sont plus fort ici que chez moi.
Il commanda un truc à grignoter, pour tenter de faire passer la sensation, mais le verre avait été bu dans son intégralité et la nausée l’empêcha bientôt de boulotter les cacahuètes comme il l’aurait voulu.
T’as pas l’air bien, tu voudrais pas passer aux toilettes un peu ?
P-peut-être. Woah, normalement je tiens quand même mieux que ça je…
Il se releva doucement de son tabouret mais sa vision se flouta rapidement, le sol sembla se rapprocher et s’éloigner pendant un instant avant que tout ne redevienne à peu près normal.
Tu veux de l’aide ?
Il commençait à avoir un sale pressentiment. Peut-être aurait-il dû l’avoir bien avant ça.
Non, non c’est ok. Et j’ai mon pote qui va pas tar-
Hop, attention à toi.
Et en même temps qu’il parlait, John l’attrapa par le bras, comme si Steven avait manqué de tombé.
T’inquiète, t’as juste besoin de gerber et ça va aller. Je t’accompagne.
Il avait peut-être raison, pas habitué au mélange du cocktail, c’était peut-être du mauvais alcool, ou bien alors les gens à Columbia l’avait toujours habitué à des petits trucs pas très fort. Il finit par se diriger vers les toilettes, soutenu par John. Mais en se rapprochant de la porte tout lui semblait plus flou.
Merde, je crois… qu’il marmonne Je crois que je vais tomber dans les po-
Et en même temps qu’il disait cela, il se sentit tomber, tout juste rattrapé par le sorcier qui le soutenait à demi. Puis après cela plus rien.

• • •

tw : drogue, séquestration

À son réveil, il était couché sur un lit, dans une petite chambre dont la fenêtre était claquemurée par des volets clos. Aucune lumière ne lui parvenait du dehors malgré les lattes disjointes des volets, ce qui le laissa croire qu’il faisait encore nuit. Dans l’obscurité de la pièce il tenta de reconnaître où il se trouvait sans y parvenir, en même temps qu’il essayait de se concentrer pour raviver sa mémoire. Les images lui revenaient par lambeaux, l’arrivée au bar, le match, l’inconnu. De là à comment il s’était retrouvé ici, il n’y avait qu’un creux, une vague sensation de transplanage, accompagné d’une forte nausée qui perdurait encore maintenant et d’une sensation de froid sur le bras gauche.
Il avait peut-être été malade, et on l’avait ramené quelque part pour qu’il se remette. C’était l’unique chose qu’il voulait bien concevoir. Qu’il était dans une chambre, en haut du bar, qu’on l’y avait mit là pour qu’il décuve ou quoi que ce soit. Jordan était peut-être à l’attendre et… Quelle heure était-il ? Sa montre était à sa main droite et il fit un effort pour relever son poignet vers ses yeux. Deux heures dix ?
Quand il tenta de se redresser totalement il senti une résistance à son poignet gauche, baissa les yeux pour voir le bracelet d’une menotte serrer sa peau, l’autre attache fixée au sommier.
Qu’est-ce c’est que ce…
Il tenta de tirer, doucement d’abord comme pour mesurer la résistance de la chaîne et se laisser la possibilité encore de croire à une sale blague. Puis avec plus de force, pour finalement y mettre toute sa force, sans qu’il ne parvienne à faire grand-chose d’autres que d’accentuer la pression du métal sur son poignet. Avec un peu de retard, il tenta d’aller chercher sa baguette de sa main libre mais il n’y avait plus rien de passé à sa ceinture.
Et il devenait difficile de repousser l’idée qu’il avait de très gros ennuis plus longtemps. Qu’on ne l’avait pas amené là par charité chrétienne, mais qu’on l’avait d’abord drogué pour ensuite le caser ici.
Un nouvel effort sur sa mémoire ne lui apporta pas davantage de réponse, hormis qu’à part la nausée, le mal de tête dû sans doute à la déshydratation et à la prise de drogue il ne semblait pas souffrir physiquement sur des points précis. Ce qui était bon signe, semblait-il.
Puis, enfin, il se pencha le plus possible pour tenter de trouver où on avait mis son sac. Sans le trouver. La panique qu’il avait essayé de retenir depuis le réveil monta en flèche à cette prise de conscience, et même si parler demandait un effort de cohérence important, il parvint au moins à crier le nom de son animal-lié.
ZÉI !
Il ne savait pas à quoi il s’attendait,  peut-être à voir le raton surgir de sous le lit pour lui grimper dessus, mais après avoir réitéré l’appel trois fois, force était de constater que l’animal n’était pas dans la pièce. L’idée qu’on avait pu le séparer de Zéi était horrible, l’idée qu’on avait pu tuer Zéi était pire encore. Mais n’était-il pas censé pouvoir ressentir cela ? La mort de son compagnon était présenté comme une des pires choses qui pouvait arriver à un sorcier animixé, mais son corps lui semblait si peu à lui en cet instant qu’il ne parvenait pas à analyser pleinement ce qu’il ressentait et à déduire la moindre chose concernant son raton.
Ses cris cependant eurent un effet. Celui de signaler qu’il était conscient et après quelques temps il entendit du bruit derrière la porte situé à moins d’un mètre du lit. Il y eut le bruit d’un verrou avant que la porte ne s’entrouvre, laissant glisser dans la chambre la faible lumière qui éclairait le couloir. L’homme qui se tenait dans l’encadrement lui était totalement inconnu, et pendant un instant Steven ne sut quoi dire, soutint simplement le regard de l’arrivant, comme stupéfait par la prise de conscience qu’il y avait en effet bien des gens, qui étaient là, qui pourraient le libérer mais qui, visiblement, n’en feraient rien.
T’as quoi à gueuler ?
La réponse, et surtout les questions de Steven restèrent coincées dans sa gorge alors que l’étendue catastrophique de sa situation se développait un peu plus sous ses yeux.
Ouais, c’est ça boucle-là. Je suis pas là pour gérer les ouin ouin d’un gosse.
Et il allait refermer la porte quand Steven réussit à amasser toute sa force pour simplement demander :
Où est Zéi ?
Il aurait voulu savoir où il se trouvait, lui aussi. Et surtout ce qu’ils voulaient. De l’argent ? Si ce n’était que de l’argent cela pouvait s’arranger. Cela pouvait même s’arranger très vite. Et dans l’idée qu’il y avait peut-être un moyen de régler le problème, il pensa à Victoria. S’imagina lui raconter l’histoire, quand tout serait terminé, vite. Très vite. Sans vouloir se laisser le temps de penser qu’il n’y aurait peut-être pas de fin, pas de sitôt.
C’est quoi ça Séhi ?
Mon animal. Il était avec moi quand… Dans un sac.
Son cœur battait si fort qu’il en voyait presque flou. Le visage de l’homme, dont les traits étaient à peine visible avec cette lumière qui l’éclairait dans le dos, restait indéchiffrable avant qu’il ne marmonne finalement :
Ouais, calme-toi c’est bon. On l’a ta sale bête.
Pour la première fois depuis le réveil, il sentit une vague de soulagement le traverser. Rien n’allait, mais au moins Zéi était là, pas loin. Vivant.
Je pourrais… l’avoir avec moi ? On a un…
Ouais, ouais c’est bon je sais c’est quoi l’animxing. Si c’est ça qu’il te faut pour pas me faire chier hein.
Il disparut, laissant la porte ouverte sur un couloir étroit où on devinait l’ombre d’autres portes, avant de revenir avec une cage à transport à la main, et dedans les petits yeux brillants de Zéi.
Tiens, et p’tet qu’elle arrêtera de couiner comme ça elle aussi, qu’il dit en collant la cage par terre, près de la porte.
Steven n’essaya pas de demander plus, qu’on lui rapproche Zéi ou qu’on le laisse carrément sortir. Mais comme s’il sentait qu’il avait un capital question, il préféra demander, avant qu’on ne le relaisse seul :
Attendez ! Qu’est-ce… qu’est-ce que vous voulez ?
De profil, comme il se tenait à cet instant, il pouvait mieux voir le visage de l’homme, son nez cassé et ses pommettes hautes, sa moue agacé quand il lui répondit :
Tu devrais te douter, non ? Même s’il nous a dit que t’étais bien naïf pour un hybride alors bon…
Le mot d’hybride suffit à tendre totalement Steven, à lui faire perdre sa langue, son envie de questionner ou de comprendre. Vraiment, il n’en avait pas besoin de plus. C’était une question récurrente dans la société sorcière, le trafic d’hybride et ses victimes, les tentatives des polices des plusieurs pays pour l’endiguer sans jamais réussir. C’était quelque chose dont on avait parlé chez les Lau, évidemment. Mais c’était aussi quelque chose qui n’arrivait qu’aux autres. Jusqu’à ce que ça vous tombe dessus.
On se dit peut-être que dans cette situation on ferait ci, ou ça. Steven, lui, ne trouva pas la force de faire grand-chose.

• • •

tw : séquestration, trafic d’être humain

Les jours après cela passèrent à une étrange allure ; il revit brièvement l’homme qui l’avait abordé dans le bar mais eut surtout des échanges avec l’autre gars, ainsi qu’une cinquantenaire qui vint plusieurs fois pour l’examiner. Les conversations ressemblaient plus à des interrogatoires sans que Steven ne puisse vraiment en saisir le sens où l’utilité. On lui demanda son prénom, qu’on semblait pourtant connaître, puis son nom de famille (combien de Steven Lau existaient-ils ? sans doute beaucoup), son âge, d’où il venait et d’autres questions qui, il le comprit assez vite, était destiné à situer sa famille. Et ce n’était certainement pas pour leur demander une rançon ou quoi que ce soit — et malgré sa situation critique, Steven n’aurait pas risqué de mettre en danger son père ou pire encore son petit-frère en dirigeant des trafiquants d’hybrides droit sur eux. Après plusieurs jours il avait fini par admettre que ce problème était le sien, et qu’il allait falloir y faire face seul.
Va falloir te détendre un peu petit. Sinon c’est nous qu’on va te détendre.
On l’avait libéré des menottes assez vite ; il avait tenté de transplaner quelques fois avant de renoncer, le sort de protection qui entourait l’endroit était trop fin pour qu’il puisse passer au travers. Il avait ensuite essayé d’ouvrir la fenêtre aux volets constamment fermés sans y parvenir. Il n’y avait que la porte de la cage de Zéi qui ne lui avait pas résister et pouvoir le serrer contre lui apportait à Steven au moins un peu de réconfort et de courage.
On pourrait s’arranger vraiment, avec tes parents. Tu sais nous si on nous paye, peu importe qui ça nous va. Tu te coinces toi-même en voulant rester silencieux mon petit gars hein.
La dame, elle, ne l’interrogeait pas mais plutôt le mesura, des pieds à la tête, la largeur de ses épaules, son tour de taille, de hanches. Lui fit quelques prises de sang rapide, prit sa tension plus d’une fois et prit quelques photos.
Souris un peu. Force-toi, ça sera fini plus vite. Vire ta bête là. Allez comme ça c’est parfait. Et regarde l’objectif. Détends-toi.
C’était dur de se détendre, mais alors que les jours passaient, on finissait par s’habituer d’une certaine façon à l’inquiétude constante, à l’incompréhension, à l’absence totale de contrôle. Il avait au moins la chance, se disait-il, qu’on ne le brusque pas autrement que pour le forcer à sourire ou bien verbalement pour répondre à des questions.
Pas pour te coller le blues petit gars mais… y a rien. Zéro avis de recherche, zéro mention de ta disparition nulle part.
Son geôlier principal, une fois, lâcha simplement le journal sur son lit en disant cela.
J’ai l’impression que tes parents s’en fichent pas mal, de ce qui t’es arrivé. Normalement on en parle un peu, au moins dans certains journaux. Mais là, que dalle. Chaud un peu.
Steven ne répondait pas. Ses parents ne pouvaient pas se permettre une exposition médiatique, quelle qu’elle soit. Son père ne pouvait pas se le permettre en tout cas. Que pensaient-ils ? Qu’il avait fugué peut-être ? C’était après tout ce qui avait été prévu. Mais Victoria ? Que pensait-elle ?
Est-ce que ses parents et Victoria allaient s’imaginer qu’il les avait abandonné ?
Ou bien se doutaient-ils de quelque chose ? Est-ce que Victoria avait les moyens de le chercher ? Surtout de le trouver ?
C’était difficile d’évaluer l’écoulement du temps. Mais un jour on colla de nouveau Zéi dans une cage, la dame planta une aiguille dans son épaule et quelques instants plus tard il était endormi pour se réveiller dans un autre endroit. Une autre chambre, toujours protégé par un tissage anti-transplanage. Steven avait cru, peut-être un peu naïvement, que cette situation d’enfermement ne durerait qu’un temps — l’objectif pas vraiment dissimulé de ses gardien.nes était de le vendre, mais après quelques mois, il était toujours avec eux. On changeait d’endroit régulièrement — parfois simplement en transplanant, parfois durant des trajets plus longs durant lesquels il était toujours sédaté pour l’empêcher de faire la moindre esclandre. Il n’était pas toujours seul, après les premières semaines en solitaire dans sa chambre il partagea ses quartiers avec d’autres hybrides, souvent aussi jeune que lui, voire plus. Des descendants de vélanes, harpies, merfolks ou riverfolks qui avaient eu le malheur de croiser le chemin de ces sorciers. On parlait peu, et souvent iels ne restaient pas longtemps. La femme venait comme pour lui prendre leur taille, poids, détails de santé et quelques photos puis souvent, quelques jours plus tard la victime était embarquée pour ne jamais revenir.
Ce ne fut que tard que Steven comprit ce qui bloquait, chez lui. Personne ne voulait s’encombrer de Zéi, mais personne ne voulait non plus se charger de la tâche que serait de tuer l’animal en raison des dommages que cela provoquerait chez Steven qui perdrait donc une partie de sa valeur. Quant aux marchés qui avaient tendance à apprécier les descendants de Vélanes et qui se moquaient bien de l’intégrité physique ou mentale de leur marchandise, Steven avait à cause de son âge dépassé la date de péremption.
Il crut bien que cet état n’en finirait jamais, sans savoir ce qui était le pire : de quitter l’enfermement constant et abrutissant doublé de l’inquiétude de voir entrer une personne qu’il connaissait quand les trafiquants amenaient une nouvelle victime, ou bien d’être amené dans un nouveau milieu, peut-être plus violent que celui qu’il quitterait. Les autres hybrides de passage, dans les quelques échanges, évoquaient les combats illégaux et Steven savait bien que dans ce milieu malgré sa taille, il ne ferait pas long feu.
Mais finalement, un jour, c’est pour lui qu’on ouvrit la porte.
Steven, lève-toi. On va te préparer pour ton voyage.
On lui demanda de prendre Zéi sous son bras, et il quitta la chambre, et l’attente était terminée.


like a rat in a maze

tw : à partir de ce point il sera fait mention de violences médicales et d’actes médicaux non-consentis : injection, monitoring, prise de substances…

Là, retire tes vêtements, mets ceux-là.
Je… je peux garder le sweat ?
Non. Tu portes les vêtements qu’on te donne. C’est une question de stérilisation.
Elles ont été lavées mes fringues.
Tu vas me les briser encore longtemps ? Tu veux que ça soit moi qui te désape et te rhabille ?
Je… non, non ça va aller.
Alors grouille-toi.
Et Zéi ? Qu'est-ce que je…
On va le gérer. T'occupe pas de ça. Dépêche-toi juste.

• • •

C’est quoi… un hôpital ?
Ha ! Qu’est-ce qui te fait croire ça ?
Je sais pas, les gens en blouses, les couloirs blancs…
Et tu penses que tu as besoin d’être hospitalisé ?
Non mais…
Tu vas vite capter. Tiens, installe-toi sur ce lit. Couche toi. Tends ton bras. En même temps l’homme lui serra une lanière autour du bras Serre le poing. Il passa un coton humide sur le creux de son coude. Ça va piquer, là. Avec une aiguille il plaça le tube fin sous sa peau avant de le fixer avec un sparadrap. Et je te retire ça. Il vira le garrot.
Mais qu’est-ce que… à quoi ça sert ?
Pour quand on voudra te perfuser. C’est la procédure.
Mais la procédure de quoi ?
Notre procédure. Je dois te laisser. Tu restes sage. Ne t’arrache pas le tube sinon… oh et puis après tout. Et d’un mouvement de baguette il fit sortir des liens qui attachèrent les poignets de Steven au rebord du lit. On perdra moins de temps comme ça.
Et il quitta la pièce.

• • •

Une femme, elle aussi en blouse, vint le trouver dans la chambre après de très longues minutes qui s’étalèrent peut-être en heure, durant lesquelles il scruta les murs blancs de la chambre dénuée de tous meubles hormis le lit et quelques appareils médicaux plaqués contre les murs ainsi qu’une étagère. Elle avait un air souriant, plus sympathique que l’homme qui l’avait accueilli dans les lieux.
Steven c’est ça ? Bienvenue ici.
M-merci, je suppose ?
Oh tu es mignon. Je passe juste en coup de vent, pour ton dossier. On a déjà la plupart des informations de la part de ceux qui se sont occupés de toi avant, mais je préfère vérifier certaines choses.
Pour… enfin, pourquoi ? Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi est-ce que je suis att-
Sssh. Steven Lau donc ?
Elle avait peut-être l’air sympathique, mais la manière qu’elle avait de le shusher lui fit bien comprendre qu’elle n’aimerait pas recommencer. Il vit, dans une poche de son habit blanc, le bout de sa baguette dépasser. Il n’osa pas répliquer et se contenta d’hocher la tête.
Bien Steven, tu vois. Dix-neuf ans ? Ta date de naissance est mise en inconnue. Tu n’as pas voulu la donner ou bien tu ne la connais pas ?
Si… si je la connais.
Oh, tu sais je ne présume de rien. Les hybrides comme ça, c’est souvent compliqué quand ça concerne les enfants. Bien, si tu la connais donne-la moi.
Pourquoi ?
Est-ce que ma réponse changera ta réponse ?
Je… je veux juste savoir.
On aime avoir des données fiables. Nous avons des gens, ailleurs, qui aiment compter les choses.
Ça n’avait pas grand sens, mais sa date de naissance n’allait pas les aider à le faire souffrir d’une quelconque manière alors il répondit, balbutiant à demi comme si cette année hors du monde lui avait fait oublier son anniversaire.
Dix… dix-neuf février.
Année, heure et lieu s’il te plaît.
Je… mille neuf cents soixante-dix-neuf. Huit heures quarante. À George Town.
Aux îles Cayman ?
Non… sur l’île de Penang. En… Malaisie.
Mmh, très bien. Un mètre quatre-vingt-dix.
Onze.
Elle hausse un sourcil, sourit à son papier avant d’hocher la tête :
Très bien… on reverra tout ça de toute manière. Pour le poids, tu as dû perdre un peu ces derniers temps. On mange rarement tous les nutriments qu’il faut dans les planques des trafiquants. Demi-vélane donc ? Il hocha la tête. Ton père ou ta mère ?
De quoi ?
Ton côté vélane, de ta mère ou ton père. C’est pour mieux guider tes analyses sanguines.
Mon père.
Intéressant. Et ta mère ?
Sorcière.
Tu aurais son groupe sanguin, par hasard ?
Il secoua la tête en signe de dénégation. S’il y avait bien une question qu’il ne s’était jamais posé c’était bien de quel groupe sanguin était sa mère. Il ne s’était même jamais demandé si les vélanes avaient des groupes sanguins spécifiques. Mais visiblement, dans ce genre d’endroits, c’était une question qui méritait d’être posées.
Tant pis, on te prendra un peu plus de sang pour essayer de répondre à ça. Des allergies ? Des maladies chroniques ?
Je crois… certains pollens.
Ça va, ce n’est pas ici que tu croiseras beaucoup de pollen. Je précise quand même on ne sait jamais. Et donc rien pour les maladies ?
L’interrogatoire se poursuivit encore, plus longtemps qu’il n’avait pu le faire avec l’autre femme, auparavant, et sans les photos cette fois-ci. Et, assommé par le brusque changement, par des mois à ne pas comprendre ce qui se passait et à se laisser balloter, il répondit à tout autant qu’il put en espérant qu’on lui donnerait des éclaircissements en retour. Mais quand elle eut rempli tous les champs nécessaires sur son dossier multi-pages, elle prit un piston dans sa poche, le glissa dans le tube qu’on lui avait mis juste avant dans le pli du coude et remplit quelques fioles de sang.
Tu vas te sentir un peu faible après ça, mais tu ne vas pas bouger et ça ira.
Pourquoi vous voulez mon sang ? il demanda, encore une fois, sans vraiment pouvoir appuyer ses questions d’une quelconque manière vu sa situation. Qu’est-ce… qu’est-ce que je fiche là ? Et pourquoi vous avez posé toutes ces questions ? Vous voulez savoir quoi ? Et vous êtes qui tous ? Et… je suis où ?
Elle n’avait pas perdu son sourire, qui maintenant ne lui semblait plus si sympathique que ça mais plutôt froid. Elle secoua doucement la tête :
Enfin, Steven, tu te doutes bien que les gens qui t’ont enlevé ne t’ont pas juste déposé quelque part parce qu’ils en avaient marre de toi, elle répondit d’une voix un peu trop paternaliste comme si elle s’adressait à quelqu’un de particulièrement obtus. Ils t’ont vendu. À nous. Cet endroit t’a acheté. Et on ne t’a pas acheté pour que tu décores la pièce, même si tu es très joli. Ton sang, ta vie… tout ce qui est toi, en toi, sur toi et caetera… c’est à nous maintenant. Alors il va falloir t’habituer et arrêter avec tes questions parce qu’elles vont vite me fatiguer. Et fatiguer les autres. Ça serait dommage que tu te traînes une réputation de testeur agaçant.
Un quoi ?
Olala… attends, je vais te donner ça pour te calmer.
Les tubes de sang dans sa poche, elle prit sur l’étagère une poche remplie d’un liquide clair, y accrocha un bout d’une ligne de perfusion et appliqua le deuxième connecteur au tube qui dépassait de son coude. Puis installa la poche sur le statif, près du lit. Si rapidement, qu’il n’eut pas le temps de vraiment protester.
C’est quoi ?
Toi tu ne m’as pas écouté quand je t’ai dit de ne pas trop poser de question hein ? Mais c’est rien, rassure toi. Juste de quoi t’endormir un peu, te détendre. J’ai réglé le filtre, ça devrait te faire du bien, dans quelques minutes et hop…
Et elle sortir. Il eut le temps de lutter quelques secondes avec les liens qui le retenaient pour essayer de retirer le tube qui amenait dans ses veines le sédatif avant de sentir son esprit glisser vers le vide.

• • •

Après le premier usage des sédatifs, on le détacha. La porte était fermée à clé et la fenêtre qui laissait passer la lumière du jour semblait être totalement fausse, donc encore une fois il n’avait nulle part où aller, hormis la salle d’eau qui dépendant de la chambre. Rien de bien palpitant, mais il devait admettre que c’était plus clean que ce à quoi il avait été habitué ces derniers temps. Ses trois premiers repas avaient été sommaire, presque semblable à ce qu’il avait pu manger depuis son enlèvement. Il revit la femme qui ne lui posa plus de questions mais lui fit prendre avec de l’eau plusieurs pilules. Des compléments alimentaires et vitamines pour contrebalancer une part de ses résultats sanguins apparemment ; il ne chercha pas à résister, ne voyant pas vraiment le mal que ça pourrait lui faire. Si on voulait faire monter son taux de magnésium ou de fer, franchement il était tout pour. Il vit deux autres personnes, vêtu de blanc également. L’un d’entre eux amena Zéi qu’on avait mis dans une cage pour la poser à côté de son lit. Un autre vint simplement prendre ses constantes. Il demanda si on pouvait ouvrir la cage de Zéi et on lui répondit par un rire incrédule.
Oui, pour qu’il bousille tout ?
Non, il est très bien éle-
C’est non.
Et non, ici, c’était un gros non. Clairement pas un peut-être.
Le premier vrai problème, dans cette nouvelle situation, arriva au quatrième repas. Quand on lui apporta le plateau, il remarqua très vite le problème :
C’est quoi ça ? qu’il demanda en pointant du bout de sa fourchette un morceau d’aliment perdu dans une sauce.
Du poulet.
Je mange pas de viande.
L’homme haussa les sourcils, se rapprocha de la porte de la chambre, sur l’extérieur de laquelle se trouvait suspendue magiquement ce qu’il supposait être le dossier contenant les informations qu’on avait regroupé sur lui. Il le feuilleta un instant avant de le regarder de nouveau dans les yeux, avec un sourire pincé :
Ce n’est pas précisé. Raison médicale ?
Juste… je ne mange pas de viande.
Tes plats sont préparés comme ils sont pour de bonnes raisons. Et moi je dois m’assurer que tu manges tout. Alors si ce n’est pas une raison médicale, je m’en moque. Mange.
Et Steven refusa. Cela faisait un an qu’il subissait, faute de pouvoir se défendre, tout ce qu’on lui imposait. L’opposition, tout ce temps, lui avait semblé trop difficile et inutile — il n’était pas en mesure de remporter le moindre conflit physiquement parlant sur ses geôliers, et même s’il parvenait à faire quelque chose il était enfermé, sans moyen de transplaner et sans même savoir où il se trouvait. Mais en cet instant, cela lui parut presque facile. Il repoussa le plateau, simplement.
Non. Avant de réitérer : Je ne mange pas de viande.
L’autre pinça encore plus les lèvres, sembla un instant hésiter sur la marche à suivre, peut-être entre lui coller un claque comme à un gamin ou bien le forcer d’une façon ou d’une autre. À ces deux options, il préféra la troisième.
Fuck this. Je vais voir le docteur, et il se débrouillera avec toi. Ou toi avec lui. Avant de reprendre, dans un marmonnement qui n’était pas censé être audible par Steven : J’suis un chercheur moi pas un baby-sitter non mais franchement…
Il claqua la porte dans son dos, poussa le verrou et Steven fut de nouveau seul. Il s’assit un peu plus droit sur le lit et prit la cage de Zéi pour la mettre sur ses genoux, à défaut de pouvoir vraiment le prendre contre lui. Il passa ses doigts entre le petit grillage pour que le raton vienne y poser sa truffe.
Ça va aller Zéi. On va te laisser sortir un jour, ssh ça va aller.
Il n’avait aucun moyen de savoir si effectivement les choses allaient bien se passer, mais rassurer Zéi était une manière de se rassurer soi-même. Il ferma les yeux, tenta de se concentrer sur son énergie qui le traversait, comme on avait pu lui apprendre au SWAMP après qu’il a pris ses tatouages. L’exercice le détendait au moins un peu, et si l’on croyait ses anciens professeurs était même bénéfique pour sa magie… pour tout le bien que ça pouvait lui faire.
Il sursauta et rouvrit les yeux aussitôt quand il entendit de nouveau le bruit du verrou et la porte s’ouvrir. L’homme qui apparut dans l’encadrement n’était pas en blanc mais en civil et totalement inconnu à Steven :
Bonjour Steven. Ce n’était pas prévu que je te vois tout de suite mais apparemment… Il s’avança sans refermer la porte derrière lui, la laissant entrouverte et s’approcha du lit, retira le plateau pour le poser sur la table de nuit avant de s’installer à quelques centimètres de Steven. … on a besoin de moi maintenant. Tu ne manges pas ?
C’est vous le médecin ?
L’idée sembla l’amuser un instant :
Non, je ne suis pas médicomage, ou guérisseur. Qu’est-ce qui te fait croire ça ?
Le gars il a dit qu’il allait appeler le docteur. Je sais pas depuis que je suis là on parle du médecin mais je sais pas qui c’est et…
Ah, je vois. Non, c’est bien de moi dont il s’agit. Docteur Sankaran. Il lui tendit la main, comme pour que Steven la serre, ce qu’il ne fit pas, trop occupé à serrer la cage de Zéi contre ses genoux. L’autre ne parut pas s’en formaliser. Je ne suis pas médecin. Docteur en génétique et biologie humaine.
Steven battit des cils, sans trop comprendre comment interpréter l’information. S’il avait bien compris qu’il n’était pas dans un vrai hôpital, l’ambiance générale lui avait laissé croire que c’était plus ou moins le genre d’endroit dans lequel il se trouvait. Mais les docteurs en génétique, il n’était pas certain de savoir où c’était censé se trouver.
J’ai d’autres qualifications, si ça peut te rassurer. Et je suis ton… comment dire ça simplement, mmh, référent. Je m’occupe de toi ici.
S’occuper de moi pour quoi ? Personne n’a voulu m’expliquer à part me dire que… que j’ai été…
La main du docteur vint se poser sur son épaule et Steven eut immédiatement l’envie de se dégager, il ne fit qu’un geste cependant pour se retirer et l’autre retira sa main aussitôt.
Là… j’imagine à quel point ça doit être difficile, de traverser ce que tu traverses en ce moment. Le déracinement, la perte de liberté, c’est normal d’être sous le choc Steven. Mais maintenant que tu es ici, tu peux t’attendre à de la stabilité. Fini les courses à travers le monde, les passages de douanes et tout ça.
C’était incroyable comment les gens pouvaient parler sans jamais lui répondre directement. Il serra un peu plus encore ses bras autour de la cage. À l’intérieur Zéi grattait le sol en plastique de nervosité et le bruit du crissement hérissait encore plus les nerfs de Steven.
Mais pourquoi est-ce que… personne ici ne me dit ce qui va m’arriver ? Je veux juste savoir. Vous me faites quoi ? C’est pour des combats ? Si c’est pour des combats je peux vous le dire je suis grand mais les seuls personnes que j’ai étalé j’avais de l’aide et…
Oh oh… ssh Steven, non pas de combat d’hybride ici. On est plus classe que ça quand même. Enfin, c’est de ça dont tu as peur ?
Je… majoritairement oui.
Il y avait tant de choses qu’on pouvait craindre dans sa situation qu’il s’était concentré sur celle qui lui faisait le plus de sens, la plus brusque, peut-être la moins terrifiante finalement, incapable de gérer les autres.
Enfin, de ça et… je sais pas de mourir aussi ? Je suppose.
On ne t’a pas acheté pour te tuer. Le gâchis ce n’est pas trop le motto de la maison. Regarde autour de toi, tu ne devines pas ? Il secoua la tête, lentement, deviner c’était trop risqué et il ne voulait pas jouer à ce genre de jeu avec un potentiel tortionnaire. Disons… Tu as déjà mis du déodorant right ? Il hoche lentement la tête, sans trop comprendre. Eh bien ton déo, avant d’être foutu dans son emballage, il a été fabriqué. Et pour être sûr que le produit ne soit pas dangereux pour ta petite peau, on l’a testé. Sur des animaux. Pour voir leur réaction.
Steven eut une grimace d’incompréhension, qui fit légèrement soupirer le docteur avant qu’il ne reprenne une sorte de sourire :
On appelle ça des cobayes. Tu dois voir ce dont je parle, des lapins, des souris… parfois plus gros pour certains produits. Et puis quand on quitte le cosmétique et tout ça, on rentre dans des dimensions de recherches scientifiques et là on ne peut plus trop se contenter d’un animal mini-modèle. On essaye de se rapprocher le plus possible de l’humain. Alors tu te doutes que dans cette optique les hybrides sont très recherchés, à moitié humain, à moitié créature. Il y a beaucoup à apprendre sur vous. C’est donc pour ça que tu te trouves ici.
Il se tut, et Steven ne répondit pas. C’était comme se prendre un rouleau dans l’océan et de se sentir tourner et encore tourner dans l’eau sans pouvoir refaire surface. Avec la brusque prise de conscience que, en effet, il n’aurait pas deviné, il n’aurait jamais pu dire ça à haute-voix. Et pourtant :
Un co… cobaye ?
Mmh. Alors je comprends le choc. Il faut un temps d’adaptation à toute chose, et on te veut dans une santé optimale avant de commencer, pour avoir des bonnes données de départ. Il s’interrompit un moment avant de regarder le plateau laissé de côté. Végétarien, c’est ça ? Je connais ça, mes parents l’étaient aussi. Écoute, je ne veux pas te forcer à quoi que ce soit là-dessus, je m’arrangerai pour virer ça du menu.
Steven plissa les yeux, sans savoir s’il fallait y croire où… Mais il semblait inutile de lui faire une telle promesse s’il ne pouvait pas la tenir.
Ok… merci.
Mon plaisir Steven. Et comme c’est notre première rencontre et que je ne veux pas te laisser un souvenir traumatisant, y aurait-il d’autres demandes auxquelles je pourrais accéder ?
Il y en avait plein. Notamment le libérer, le laisser sortir, le rendre au monde. Mais cette demande-là devait être hors d’accès, et Steven n’était pas connu pour son sarcasme ou son insolence. Il baissa les yeux vers la cage dans laquelle Zéi tournait en rond.
Faire… faire sortir Zéi ?
Le docteur le regarda un long moment, ses yeux noirs dans les siens, avant que d’un brusque mouvement de l’index, sans même se redresser ou altérer sa respiration, il ne fasse sauter le verrou de la cage du raton qui s’ouvrit sous les yeux de Steven. Il attrapa Zéi dans ses bras et laissa la cage tomber par terre à ses pieds. La fourrure chaude de son animal-lié contre lui, il pouvait presqu’en oublier son angoisse. Zéi couina quelques instants avant de finalement se taire.
Et voilà… fit le docteur avec un petit mouvement de la main vers Steven et Zéi comme pour montrer son œuvre. Surveille-le bien par contre. S’il s’échappe, s’il fait une connerie il y retourne et pour de bon.
C’était dit avec un ton tel que Steven n’était pas prêt à douter qu’il tiendrait ce genre de promesse. Il acquiesça :
Non, pas de souci. Il est sage.
Et toi tu seras sage aussi, j’espère ?
Il n’était pas vraiment question de répondre non. Alors Steven haussa les épaules en hochant la tête, un maigre oui aux lèvres. Ce qui suffit au docteur qui se leva du lit, lui tapota brièvement l’épaule et attrapa le plateau d’une main :
Je te fais apporter un autre repas. Et un autre petit quelque chose pour sceller notre… pacte de bonne volonté mutuelle.
Quelle autre chose ?
Tu verras. Ça te plaira Steven, j’en suis sûr.
Il quitta la pièce. Ferma la porte. La verrouilla. Plus que lui et Zéi, l’un contre l’autre pendant ce qui aurait pu sembler durer des heures. Avant que la porte ne se rouvre devant la femme qu’il connaissait même sans savoir son prénom. Elle déposa le nouveau plateau, lui intima de manger et posa au pied du lit un paquet enveloppé dans du papier blanc :
Le docteur a dit de te donner ça.
Il attendit qu’elle fut partie pour ouvrir le paquet, et y découvrir son sweat du SWAMP, lavé et même retapé aux endroits où les fils avait commencé à s’user après tout ces jours à le porter. Le crocodile continuait de surfer d’une manche à l’autre avec entrain et quand il plongea son nez dans le tissu il eut l’impression d’y sentir un mélange entre l’odeur des draps au SWAMP et celle qui flottait toujours dans la cuisine de la maison, quand papa préparait le repas. Il n’avait aucune idée que la lessive qui mimait l’effet olfactif de l’amortensia existait mais ne se posa pas de question sur cet étrange mélange qui lui procurait beaucoup trop de bien. Il se laissa tomber sur le lit, le sweat sur la tête, Zéi roulé sur son ventre. Le doc avait raison, ça lui plaisait ce cadeau.


quotidien

Du bout de l’index il frottait le patch d’électrode posé dans son poignet gauche. Son ongle recourba légèrement un coin et il dut résister à l’envie de retirer totalement l’électrode qui permettait, avec toutes les autres de garder un œil sur son activité cardiaque. Mais faire ça entraînerait très rapidement l’arrivée dans sa chambre d’un des membres de l’équipe qui lui en remettrait un nouveau immédiatement, le sermonnerait et… Sans même qu’il n’y pense, il avait retiré le patch de sa peau, pendant une brève seconde il éprouva une sorte de grande satisfaction, à sentir l’objet s’arracher doucement de son épiderme. Puis, immédiatement après le bruit du moniteur, situé de l’autre côté du lit (c’était ce qu’il y avait de bien, avec les électrodes sorcières, elles n’avaient pas besoin d’être directement reliées à tous les engins de mesure), se mit à résonner dans la pièce, d’un bruit strident.
Fuck. Il retira l’autre, qui était sur son poignet gauche, puis ceux de ses chevilles — quitte à se faire engueuler… La porte s’ouvrit (elle n’était plus aussi souvent fermée à clé, il avait obtenu le droit il y avait un bout de temps de pouvoir circuler dans le couloir attenant, on avait estimé que c’était mieux pour sa santé mentale et donc sa santé générale de ne pas le laisser constamment confiné) et il n’eut pas besoin de relever les yeux pour reconnaître les pas et la voix du doc.
Steven ! Arrête ça !
Depuis quelques mois — il était difficile de Steven de déterminer combien de temps exactement, le doc était beaucoup plus à cran. Ça avait été d’abord une sorte d’inquiétude que le prisonnier avait pu repérer chez le scientifique, avant que cela ne se mue brusquement en amertume. Rien qui ne soit de la faute de Steven, avait-il assuré à l’hybride un jour où il s’en inquiéta, plutôt une histoire de statut et de promotion crut-il comprendre, à laisser son oreille traîner pour capter des conversations entre les autres praticiens du laboratoire. Mais la plupart des mots qu’il entendait n’avait pas grand sens pour lui, et si Steven avait pu en une dizaine d’années engranger quelques informations sur l’endroit où il se trouvait, sur ce qui se passait au-dehors (très vaguement) et retenu quelques grands noms, tout lui restait trop nébuleux pour qu’il puisse comprendre quoi que ce soit des enjeux. Il savait juste qu’il avait affaire à un doc sur les nerfs et qu’il aurait préféré que ça soit un assistant qui vienne.
Il n’arrêta pas cependant, et avait passé sa main sous son t-shirt dans l’idée d’arracher également les électrodes sur son ventre. Mais une main saisit son poignet au vol pour l’en empêcher.
Arrête-ça. répéta-t-il en détachant distinctement les syllabes.
Steven avait la capacité physique de le repousser au moins un temps, mais n’avait pas les moyens de s’opposer à lui dans la durée, les années le lui avaient prouvé. Ses moments de tentatives d’opposition n’avaient mené à rien, et on lui avait appris à attendre des récompenses lorsqu’il se tenait bien et des privations lorsqu’il dépassait les limites ou ne coopérait pas suffisamment. Sa chambre, au fils des ans, s’était amélioré. Au fur et à mesure de ses anniversaire, pour le féliciter de son bon comportement ou bien simplement parce qu’on voulait lui assurer qu’on ne désirait que son bien-être, on lui avait amené de quoi décorer, pour qu’il s’acclimate.
Il y avait quelque chose d’ubuesque dans cette prison parfaitement cosy ; les draps de son lit n’était plus blanc depuis longtemps mais bleu, plusieurs posters s’étendaient sur les murs, de skateurs, de groupe de musique sorciers et une affiche d’un film des ondes cristal américaine que Steven ne connaissait pas mais dont il s’amusait à imaginer l’histoire en détaillant chaque détail de l’affiche. On lui avait ramené un poste radio et des K7 pour qu’il puisse écouter de la musique. On lui proposait différents choix de vêtements avant de lui donner ses préférés. Sur un pan de mur, il accrochait avec de la patamagifix les cartes postales que les officiants des laboratoires lui ramenaient de leurs vacances. Ça avait fini par devenir une tradition, et même si les vacances ne semblaient pas nombreuses dans ce métier, il commençait à en accumuler un petit paquet. Trois photos de lui et de l’équipe scientifique des différents projet pour lesquels il a participé était également affiché à cet endroit. Parce qu’il était gentil, parce qu’il était obéissant, parce qu’il était docile, parce qu’on voulait le garder le plus détendu possible malgré les horreurs qui pouvaient avoir lieu entre ces murs. La prison était charmante, mais la porte ne s’ouvrait jamais plus loin que le couloir, et s’il avait le contrôle de comment il pouvait agencer la disposition des posters au-dessus de son lit, il n’avait pas celui de son propre corps, constamment soumis à des études, des calculs, des observations, des changements…
Souvent, Steven se répétait qu’il était bien là. Qu’il avait réussi à tirer le meilleur parti de ce que le destin lui avait collé dans la face. Qu’il ne s’en tirait pas trop mal comparé à d’autres. Il se le répétait, le doc le lui répétait, l’équipe entière le lui répétait et c’était parfois facile d’y croire. À d’autres moments, le bip constant du moniteur lui collait la nausée, l’état de son corps affaibli par les manipulations le terrifiait, la sensation d’à-côté le hantait. Il voulait tout arracher et ne plus rien entendre ou sentir.
Lâchez-moi ! qu’il ordonne au doc qui avait toujours son poignet serré dans sa main. Je supporte plus le bruit, je supporte plus ces patchs de merde et…
Il essaye vaguement de se dégager, sans réussite. Son regard croisa les yeux noirs du docteur.
C’est pour toi qu’on fait ça. Pour être certain qu’il n’y a pas de…
Vous en faites pas du tout ça pour moi ! C’est juste pour vos calculs et vos…
Sssh, là Steven calme-toi. C’est encore ton angoisse qui parle.
Le docteur lui ramène sa main loin de son t-shirt avant de le lâcher et de tenter de lui prendre les épaules. C’était la mécanique habituelle, Steven ne savait pas ce que l’homme lui avait fait précisément mais certains mouvements précis amenaient une réaction presqu’immédiate de la part de Steven, incontrôlable. Là, c’était pour le calmer, et il ne voulait pas être calme. Il y avait une fureur à s’énerver, quelque chose qui lui faisait reprendre le contrôle de lui-même. Il voulait continuer. Le bout de ses doigts craquelait d’un bref crépitement, comme un baromètre de son flux magique que la colère faisait gonfler.
Non ! J’en peux plus ! J’en peux plus de tout ça, je vais crever ici ? Je vais crever après un de vos trucs ? Je veux pas… je-
Il y avait tant de choses dont il ne voulait pas dans cette vie, évidentes pour beaucoup, moins pour d’autres, qu’il ne parvenait pas à les expliciter. Mais l’idée que quelque part des documents retracent point par point toute son agonie grâce à ces mesures lui donnait envie de gerber, lui faisait prendre un peu trop conscience de sa condition et…
Sankaran tenta une nouvelle fois, sans parole, de l’attraper — il pourrait utiliser la magie, mais il devait se douter que cela ne ferait qu’augmenter la défiance de Steven, et parvint à saisir son épaule.
En même temps qu’il adoucissait encore sa voix dans un ssssh grave. Il sentit un afflux de magie s’emmêler dans son propre corps, comme embouchonnée, et monter jusque dans sa gorge alors qu’il sentait ses muscles commencer à se détendre et que son esprit luttait contre cette réaction. Lâche-moi, criait son esprit. Mais sa voix semblait prise, enfoncée au fond de sa bouche, jusqu’à ce que la magie se libère quand il croisa les yeux du docteur. Tout devint flou, sa vision se blanchit, il lui semblait qu’il perdait pied.
Sa voix était légèrement différente lorsqu’il fit, à haute voix :
Lâche-moi.
Le temps sembla d’immobiliser un moment, le docteur plissa les yeux parut lutter contre quelque chose avant que Steven ne répète, sans même s’en rendre compte :
Lâche-moi.
La main le lâcha, et l’accumulation de magie s’apaisa brusquement, comme une vague qui se retire, le laissant avec le souffle court, le sang battant à ses tempes. Une sensation indéfinissable dans le creux de son ventre remonta jusqu’à sa poitrine, à sa tête pour lui coller un vertige. Des symptômes qui venaient quand il avait usé de ce talent que les expériences lui avaient donné.
Sankaran s’en était rendu compte également.
Steven… tu as réussi.
La vague magique avait emporté avec elle la colère, pour ne laisser plus que l’incompréhension, familière dès que quelque chose d’aussi étranger à son propre corps faisait éruption. Et la peur, le sentiment d’être submergé, la crainte d’avoir fait cela à quelqu’un comme le docteur.
Je suis… je suis désolé, je n’ai pas fait… je n’ai pas fait exprès.
Le docteur ne semblait pourtant pas en colère, mais plutôt modérément impressionné, ou satisfaisait. Il tenta de rapprocher encore une fois sa main, pour le toucher, mais s’arrêta en plein mouvement avec une brève grimace. Comme si l’ordre que lui avait imposé Steven résonnait encore dans sa tête.
Je vous ai fait mal ? s’inquiéta-t-il immédiatement.
Rien du tout non. Rien du tout. Il faudrait… quel dommage que nous n’ayons pas pu enregistrer ça.
Il resta un bref instant silencieux, comme pour accuser le choc de ce qui venait de lui arriver avant que sa voix ne prenne des tonalités plus douces :
Et toi ? Comment te sens-tu ? Il va falloir qu’on fasse quelques examens, la dernière fois le backlash avait été violent.
Il acquiesce, faiblement, angoissé à l’idée de retraverser ce genre de moment où il était cloué au lit.
Oh Steven, fit-il, assez bas Nous allons tout faire pour supprimer ces symptômes. Tu le sais, qu’on veut prendre soin de toi non ?
Il acquiesce de nouveau, sans plus trouver la force soudain de protester contre cette sollicitude.
Là, tu me laisses remettre les électrodes ?
Il acquiesça. Mais Sankaran ne bougea pas d’abord, puis redemanda :
Tu me laisses le faire ? dis-le-moi, s’il te plaît.
Oui…
Il tendit ses deux poignets pour qu’il les replace. Avant qu’il ne remette ceux de ses chevilles cependant Steven se rapprocha un peu plus de lui, chercha une étreinte. Qu’on le tienne, ça l’aiderait lui semblait-il. À rester accrocher à la terre, à rester vivant et présent. Le docteur ne le repoussa pas, le prit contre lui dans une étreinte quasi-paternelle.
Je suis… tellement désolé… répéta Steven.
Tu n’as pas à être désolé, c’est très bien ce que tu as fait. Je suis très fier de toi Steven.
Et d’entendre ça le rassura. Enterrant toujours plus profondément qu’un jour il pourrait vivre autre chose que tout ça.




Dernière édition par Steven Lau le Dim 9 Mai - 18:27, édité 19 fois
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first

déjà notons ce bel avatar DRAMAAAA DRAMAAAA

et bon you know il est cute même si oscar l'aime pas (trop) (Steven) 7 o'clock news - silent night 2909631245


Citation :
Et Victoria trouve ça hot alors qui est-il pour résister ?
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:catcry: déjà, honte d'être à la traine mais si c'est Moony ça va.
Ensuite, honte bis de pas être sous Azza mais tu sais pourquoi.
Enfin: !!
Il est là et il est adorable et parfait :catcry: de son caractère sweet à Fat Zei tout en passant par les mentions du syscrew je meuh non
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Hâte de les voir être des dude bro pas toxiques ensemble et de venir le sauver et brûler les labos Stru (Bry compte les $$$ partis en fumée et pleure) et surtout de lire la suite parce que même avec tous les spoilers et là la pensine je veux toujours en lire plus prcq tes persos sont géniaux et si humains (Steven) 7 o'clock news - silent night 2951650651
Forever du love sur toi (Steven) 7 o'clock news - silent night 736882016
Je repasserai avec Azza pour commenter mes quotes préf et pleurer un peu plus :catcry:
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Tao Zheng
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l'avatar je vais mourir de rire tu veux me tuer c'est ça ?
alors déjà le fc je : OUI EN FAIT. j'adore ross tbh donc je ne peux qu'applaudir.
ensuite je suis trop triste ????? il a pris trop cher ??? il méritait pas ??? ptn faut qu'on aille retourner le gouvernement c'est plus possible là. JE SUIS DETRUITE QUE SON LIEN AVEC ZEI AIT ETE BRISE TU M'ENTENDS JE SUIS TROP TRISTE (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 ptn je suis détruite pourquoi tu me fais ça ??? pouRQUOI
j'espère que ses potos vont vite le sortir de là ptn (Steven) 7 o'clock news - silent night 1108413058 or else *knife*
re bienvenue à la maison tu connais
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Amity Safaatauemana
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Amity Safaatauemana
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Âge : quarante ans. (rendez le spitfire ça conserve ouin)
Occupation : agent spécial™ de l'UICS, Handler intérimaire de la VB et secrétaire personnelle de Silver (ew).
Allégeance : agent-double pour l'OdP pendant des années, sauf qu'en fait elle servait de taupe au gouvernement ; depuis la débandade de novembre 2007, elle a officiellement rejoint les bad guys™.
Particularité : occlumens confirmée, animagus non déclarée + un peu de magie sans baguette + beaucoup de tatouages de beauf, aussi.
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(Steven) 7 o'clock news - silent night 2814398919  (Steven) 7 o'clock news - silent night 2814398919  (Steven) 7 o'clock news - silent night 2814398919 J'EN REVIENS PAS QUE CE SOIT TOI NOTRE PLUTO GENRE (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 2951650651 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1566152604 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1566152604 (Steven) 7 o'clock news - silent night 2951650651 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1910853676 trop trop trop contente omg ?????
puis cet avatar jpp your minds ?? t'es une planète pour nous bb tkt (Steven) 7 o'clock news - silent night 3374001651  (Steven) 7 o'clock news - silent night 3374001651 et cette fiche déjà si complète ????? (bonjour comment j'ai honte maintenant (Steven) 7 o'clock news - silent night 2909631245) et il est trop chou en fait ???? j'attendais un mec un peu chiant on va pas s'mentir ((Steven) 7 o'clock news - silent night 2570323690), et en fait je l'aime trooooop omg !! (aussi le mot "ratonneau" est trop cute, bon ça apporte pas grand-chose mais voilà c'est dit (Steven) 7 o'clock news - silent night 1172237334 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1215722860)
go go go le secourir maintenant, he deserves ptn (Steven) 7 o'clock news - silent night 3374001651 (Steven) 7 o'clock news - silent night 2074697252 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1958205885 (Steven) 7 o'clock news - silent night 1686381141
hâte de voir la fin, de continuer à te lire, de te croiser enfin inrp (Steven) 7 o'clock news - silent night 1172237334 je ne suis qu'hype vraiment (Steven) 7 o'clock news - silent night 2951650651 (Steven) 7 o'clock news - silent night 4140770214

rebienvenuuuuuue et bon courage pour la fin de ta fiche, t'es déjà en si bon chemin anyway (Steven) 7 o'clock news - silent night 123712488 (Steven) 7 o'clock news - silent night 633955990
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un dédoublement de qualité DRAMAAAA
(re) bienvenuuuue ici (Steven) 7 o'clock news - silent night 736882016
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Oh mais c'est le petit Steviiie !!! Gouzi gouzi le petit Stevie What a Face What a Face Je vois pas ce qu'ils disent au-dessus, les labo des stru c'est super accueillant, franchement je suis sûre que leurs toilettes sont plus luxueuses que les chambres de votre SWAMP là DRAMAAAA DRAMAAAA Steven devrait apprécier sa chance d'aider la science au lieu de se plaindre parce qu'il a plus son doudou (Steven) 7 o'clock news - silent night 2839299746 Vraiment l'ingratitude™ g pa 2 mo...

Plus sérieusement tu le sais j'ai envie de jouer l'animal lié de Steven, le frère de Steven, le docteur de Steven, le sauveur de Steven, le voisin de cellule de Steven, c'est terrible, encore une fois alliance des esprits entre Elo et toi on a que du bon que du bon (Steven) 7 o'clock news - silent night 2451062272 (Steven) 7 o'clock news - silent night 2451062272 (Steven) 7 o'clock news - silent night 2451062272

Trop hâte de lire la suite, trop hâte de trouver comment l'embêter, osef de tes rps à faire, laisse-moi te démaj' pour que Steven soit parmi nous (Steven) 7 o'clock news - silent night 2223887705
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CE. PERSO. (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287 (Steven) 7 o'clock news - silent night 3917032287
je...
... ne suis absolument pas surprise par la qualité mais déjà ce pl, les expériences, le drama, I'M LIVING (Steven) 7 o'clock news - silent night 1172237334 j'adore tout ce que je lis, et j'en veux plus DRAMAAAA rebienvenue à la maison avec un énième personnage parfait jpp (Steven) 7 o'clock news - silent night 123712488
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