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Les lumières de Londres deviennent des étoiles, la nuit, et je pourrais passer des heures à les regarder s'allumer et s'éteindre, clignoter et changer de couleur, de tempo, comme des notes de musique sur le ciel noir. Je suis fatigué mais je profite quand même un peu de l'activité sécurisante du centre de Londres, rien à voir avec le calme plat et faussement inoffensif de l'île écossaise où Zabini a créé l'Enfer sur Terre - cette nuit, j'ai veillé avec d'autres employés sur les prisonniers de Gracefield, et je suis même allé sur le terrain délivrer un peu de nourriture. D'après certains, de nouvelles Battues arrivent (même nous ignorons les dates précises jusqu'à la dernière minute) et je suis parvenu à faire passer l'information à Elena, qui a eu l'air surprise et vaguement inquiète.

Un orage se prépare. L'air est gonflé d'énergie et est pesant, comme un manteau fait de pluie invisible qui me suit partout. Le ciel commence à se colorer de violet et la nuit à céder la place au jour, quand je parviens enfin à l'immeuble où nous vivons avec Stevie et Bashir - et Max et Serena, depuis quelques temps. Si on m'avait dit, il y a un an, qu'on vivrait avec des stars du cinéma américain... Bashir n'y a pas cru quand Stevie nous a présenté Serena. La Serena de Wizkids, son film préféré. Même moi je savais qui c'était, il m'a montré le film onze fois (et dix fois avec son commentaire et sa critique, changeant à chaque fois). Elle est bien plus cool que ce que je pensais. Et j'aime les cheveux de Max - j'aime y passer mes doigts et les sentir chatouiller ma paume. Ils sont roses, en plus. C'est joli.

Je referme aussi silencieusement que possible la porte de l'appartement après avoir monté les escaliers jusqu'à notre étage, et dépose mon sac dans l'entrée. Une chappe de plomb s'abat sur moi. Je suis fatigué. Mais il faut que je mange quelque chose avant d'aller me coucher, alors je me dirige vers la cuisine, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Max et Serena qui dorment encore dans le canapé. Après leur arrivée, Bashir s'est rapidement mis en quête d'une meilleure situation pour eux, et il a dégoté un vieux canapé sorcier des années 80s qui se déplie d'un tour de baguette en grand lit king size qui fait du bruit à cause des ressorts rouillés. Parfois, on s'y glisse tous les cinq pour regarder des films cristaux, les pieds se touchant sous la couette, en partageant un bol de pop-corn. C'est les meilleures soirées de tous les temps.

Je ne suis pas le seul encore debout quand j'entre dans la cuisine. Il y a Serena, qui a ce drôle d'air comme à chaque fois qu'elle est dans cette pièce, comme si elle n'était pas sûre de ce qu'elle faisait là. Je lui ai pourtant montré où trouver les pâtes, et la farine, et les oeufs, et la sauce tomate, et les autres trucs à manger, et je lui ai même répété qu'elle pouvait se servir, mais elle ne le fait jamais. Je crois qu'elle sait où est tout, mais qu'elle préfère ne pas y toucher.

"You're up early." Serena est tellement grande. Certains diraient envahissante, mais moi je trouve qu'elle prend juste la place qu'il faut, un peu comme Bashir. Je lui offre un sourire circonspect en avançant dans la pièce, me dirigeant vers le réfrigirateur moldu qui lui aussi a la tête d'un objet datant d'une période immémoriale. "Or late." Difficile à dire. Nous sommes des oiseaux de nuit et de jour, nous avons une vie avec un rythmne connus de nous seuls. Bashir est peut-être en train de fumer dans sa chambre, et Stevie en train de jouer de la musique dans la sienne, et Max en train de lire dans leur lit. Serena a juste l'air perdue dans la cuisine.

Un miaulement se fait entendre et je me penche pour attraper Mendo, qui se met à ronronner quand je le prends dans mes bras. Il se love contre mon épaule, sa longue queue de fléreur s'enroulant autour de mon biceps, son nez mouillé se pressant contre mon cou. "I thought I was going to make myself a ham and cheese toastie, but I wouldn't be able to offer you some, since you don't eat meat or cheese." C'est souvent plus facile d'expliquer sa pensée quand on parle aux gens, de la dérouler comme un morceau de musique pour qu'ils comprennent. Des fois j'ai l'impression que Serena ne me comprend pas; souvent j'ai l'impression de ne jamais avoir été mieux compris que par elle. Je l'aime beaucoup. "What would you like?" je lui demande finalement en ouvrant la porte de réfrigirateur d'une main, l'autre tenant toujours mon fléreur aux grands yeux jaunes rivés sur l'américaine. "Maybe I'll just make myself a little something, and you can pick from it, if that's better." Elle ne mange pas beaucoup, après tout - j'ai fini par le remarquer, même si elle le cache bien.

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Serena n'arrive pas à dormir. Elle s'est tournée et retournée dans les bras de Max, encore un peu assommé par le décalage horaire, sans doute. Puis, quand elle a senti que le bas de son dos commençait à devenir moite, elle s'est levée, se carapatant dans la cuisine. Elle a d'abord gardé les lumières éteintes, ouvrant la fenêtre pour s'aérer. L'air est tiède, moite. Il va y avoir de l'orage. Ça l'indispose, mais en même temps, elle aime bien ce genre d'atmosphère. C'est pas aussi facile à supporter qu'une nuit glaciale et pluvieuse ou qu'un soir ensoleillé. Elle a l'impression d'être transportée au bord du temps. Elle respire l'air chargé, touchant à peine à la cigarette qui se consume paresseusement au-dessus du vide. Elle se nourrit de vide, pour pallier la faim.
Aux contrôles à la frontière, elle n'avait pas pu prendre avec elle ses potions coupe-faim ; et depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait pas encore eu l'occasion de s'en procurer dans le plus grand des secrets, ignorant encore à qui elle pouvait se fier.

Elle n'arrive pas à dormir parce qu'elle a faim. Mais aussi parce qu'elle a soif de savoir où le vent va la porter. Elle vient de débarquer dans une toute nouvelle ville, loin des côtes ensoleillées de Los Angeles. Un tout nouveau champ des possibles s'offre à elle, et personne n'a encore eu le courage de la prévenir que ça ne ressemblerait en rien à sa vie de folie aux Etats-Unis. Elle vient de débarquer dans une nouvelle ville, et dans trois nouvelles vies, celles de Bashir, Stevie et Caliban.
"You're up early." Elle se retourne, charmante, s'appuyant au rebord de la fenêtre, les jambes étendues. Elle porte le t-shirt de Max, elle porte toujours les affaires de son compagnon du moment, une manière de signifier qu'il lui appartient. "Hi, handsome. -Or late."
Serena adore Caliban. Il la fascine ; et personne n'a jamais fasciné Serena ainsi. D'habitude, c'est elle qui fascine les autres, c'est elle qu'on n'arrive pas à saisir, qu'on n'arrive pas à suivre, qu'on observe avec attention, avec incertitude. Serena n'a pas tout de suite compris Caliban. Des fois, elle ne le comprend toujours pas, et ça la ravit. Pour elle, ne pas chercher à comprendre Caliban revient à le comprendre.

Ça s'est imposé comme une évidence. Quand elle est arrivée dans la coloc, ça a créé des étincelles, dans les yeux de Bashir, ça a embrasé les joues de Stevie. Elle ignore encore ce qu'elle a provoqué chez Caliban. Elle sait pas encore ce qu'il provoque chez elle. Il est un peu comme le temps orageux, dehors, le temps juste avant l'orage. Elle l'avouera pas, ou seulement à moitié, qu'il l'a d'abord mise mal à l'aise, à ne pas se jeter à ses pieds, à ne pas lui faire la cour, à ne pas être aussi expansif que les autres. Sa discrétion indispose, un peu, son regard pèse, avec rondeur, avec douceur, comme une couverture trop lourde pour les épaules. Son regard voit toujours au-delà des autres, tandis que Serena, elle veut que les regards s'arrêtent sur elle, comme si derrière, il n'y avait plus rien, comme si elle s'étendait jusqu'à l'horizon.
Alors, dès que le regard de Caliban se pose sur elle, elle s'en gorge.

Il propose de faire à manger, et Serena est tellement ravie d'être au centre de son attention qu'elle en oublie de refuser. De toute manière, elle n'aurait pas pu lui cacher qu'elle avait faim, à cause de son étrange chat détecteur de mensonges... Son fléreur l'indispose, aussi, parce qu'elle a peur de découvrir elle-même qu'elle ment. "Oh, Cal that's so sweet," qu'elle gémit presque.
Serena quitte le rebord de la fenêtre, se tortillant un peu devant la porte du frigo ouverte, à une distance censée témoigner de sa désinvolture vis-à-vis de la bouffe, malgré la faim tiraillante. "I think there's some tofu left? And rice, with soy sauce?" L'improvisation est réelle, et elle finit par abdiquer. "Yeah, don't mind me, sweetie ; I can have what's left."

Sortie d'affaire pour l'instant, elle attrape la bouilloire. "I'll make us some tea ; or you're more like a coffee guy? A cold drink maybe? It's so hot, don't you think?" Elle s'évente avec le col de son t-shirt. Elle s'affaire un temps, à sortir et aligner toutes les boîtes de thé, de café, avant de mettre de l'eau à bouillir, désormais assise sur le plan de travail, les jambes battant doucement l'air.  
Rabattant ses énormes cheveux sur une épaule, elle tapote la place à côté d'elle, au cas où le fléreur se sente de rester. Il lui rappelle Yamori. "How was your night?" Elle ne sait plus si on lui a déjà expliqué en quoi consistait le travail de Cal; ou alors elle n'a jamais pris le temps de lui poser la question, prise dans l'effervescence de cette nouvelle coloc. Elle vient de débarquer dans leurs vies, après tout, et n'en a apprécié que les grandes lignes, pour l'instant.

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Il n'y a pas une étoile ou une lumière qui brille plus fort que Serena. Je me demande comment les autres ne sont pas éblouis par elle, tellement ils la regardent. Partout où elle va, Bashir serait capable d'embrasser le sol qu'elle foule comme si il était saint. Stevie, même si elle fait genre que non, a des yeux de merlan frit quand elle est dans la pièce. Max est tellement entortillé autour de son petit doigt qu'il est difficile de dire où l'un commence et l'autre finit. Elle est un peu comme une reine dans son monde. On dirait qu'elle connaît toutes les règles du monde et des hommes. Je n'ai pas encore osé lui demander de me les apprendre, parce que moi aussi j'aimerais bien tout comprendre...

"Oh, Cal that's so sweet." Comprendre pourquoi tout est tellement trop avec elle. Trop sweet, trop proche, trop fort. Je ne crois pas qu'il existe deux personnes plus différentes qu'elle et moi. Ou du moins, aucunes qui ont osé vivre sous le même toit... "I think there's some tofu left? And rice, with soy sauce?" Je hoche la tête. Du riz, et de la sauce soja, et du tofu. Elle pourrait me demander d'aller chercher du lait végétal à l'épicerie du coin qui est encore ouverte même si elle est à trente minutes de marche, que j'irais sans me poser de question. L'entendre énoncer des noms de nourriture est agréable, même si j'imagine que son entrain est faux. "Yeah, don't mind me, sweetie ; I can have what's left. - Rice, tofu and soy sauce," j'énonce posément. "That sounds good." J'attrape le tofu dans le réfrigirateur et le referme en me dirigeant vers l'un des plans de travail.

"I'll make us some tea ; or you're more like a coffee guy? A cold drink maybe? It's so hot, don't you think? - I'll have some tea, please. It's a bit late for coffee..." Et je n'ai pas envie de passer la nuit les yeux grands ouverts à regarder le plafond en me refaisant le film de ce que j'ai pu observer cette nuit. "It's a warm July for London. But maybe not as warm as California." Petit sourire maladroit, alors que d'un mouvement de baguette j'envoie le riz dans le cuiseur à riz magique avant de commencer à préparer le tofu. Juchée sur un des plans de travail comme sur un trône, je regarde Serena tapoter la place à côté d'elle et regarde Mendo, qui est bien accroché à mon bras. "Join our new friend, Mendo," je lui dis d'une voix douce avant de l'embrasser entre les deux yeux, et le déposer à côté d'elle. Aussitôt, le fléreur s'approche de Serena, quémandant des caresses.

C'est bien la preuve que c'est quelqu'un de bien - Mendo n'aime que les gens biens, et je lui ferai confiance avec ma vie. "How was your night?" Je pondère sa quesion en retournant au tofu, prenant mon temps pour rassembler mes pensées et répondre. "It was a long night," je concède d'une voix lente. Il n'y a pas beaucoup de choses que je peux dire sans risquer de me faire maudire, ou pire, par Blaise Zabini. "Very warm. I saw a fox on the way back. Right next to the bus stop. I think it was looking for some food. Also, I lost one of my shirt's buttons. I need to sew one in again... Also, I'm really hungry." La première fois que je lui ai présenté le fil de mes pensées, Max a un peu ri en pensant que je rigolais - Bashir l'a rappelé à l'ordre, en lui conseillant d'être plus gentil. Serena, elle, n'a jamais ri.

Toute mon attention est absorbée par le tofu que je suis en train de découper sur le plan de travail et, quand j'ai fini, je reporte mon regard sur Serena. Surtout, je regarde ses mains, l'une d'elles en train de caresser Mendo qui ronronne très fort. Ce bruit m'apaise, et je souris. Je tends un peu la main pour attraper les doigts de Serena, mais je me ravise. "It's pretty," je lui dis juste timidement, lui adressant un sourire sans la regarder dans les yeux. Je regarde son épaule, ses cheveux, son menton. "One day, maybe you can tattoo me like that?" je demande avec espoir. Je n'ai pas osé en parler jusque là, mais j'aime beaucoup regarder ses mains. Elles sont belles. Je n'ai jamais vu des motifs tatoués comme les siens, et certainement pas de cette couleur. "I like pink..."

"Oh my Venus! I always lose track of time when I can't sleep!" Serena choisit la plus jolie boîte de thé, donc, se préoccupant peu du parfum, partant naïvement du principe que s'ils étaient là dans un premier temps, c'est que Cal les appréciait. "It's a warm July for London. But maybe not as warm as California. -You tell me ; I hope I won't miss the sun too much..." soupire-t-elle. Ici, s'il faisait chaud, de temps à autre, le soleil perçait difficilement les nuages. A l'instar d'Azza, le Sun de son syscrew qu'elle avait perdu de vue, le soleil manquait déjà à Serena.
Elle met l'eau à chauffer à la main, sa baguette laissée dans ses affaires (elle n'avait pas forcément le réflexe de se balader tout le temps avec, l'instrument étant bien plus lourd que la moyenne). Elle pousse les boîtes de thé pour faire une place à Mendo, le caresse paresseusement, le grattant entre les oreilles et dans le cou.

Cal n'en révèle pas plus que ça sur la nature de son travail, et Serena se dit qu'elle a définitivement dû oublier l'info, et que ça serait assez mal vu de lui redemander. Pourtant, elle n'arrive pas à remettre le doigt dessus. Elle pourrait très bien demander à Max, plus tard, mais il risquerait de se moquer d'elle, voire même de le répéter à Cal. Max, il sait que Serena, bien que constamment tournée vers les autres, est centrée sur elle-même ; c'était un critère indispensable, pour pouvoir briller en permanence dans les yeux des autres. Max fonctionne de la même manière, en quelque sorte. En fait, si ça se trouve, même Max ignorait à quoi Cal occupait ses nuits.
"A fox? In the city? That poor thing might be starving!" Malgré son air peiné, comme si elle était prête à aller livrer de la bouffe au pauvre animal sans défense, Serena garde ses fesses vissées au plan de travail, les premières effluves de cuisine titillant d'ores et déjà son estomac vide.

Le regard de Caliban roule comme une vague sur les mains de Serena. "It's pretty. -You think so?" Elle tend le bras, contorsionne un peu son poignet dans tous les sens. Avec un peu d'imagination, on pourrait même croire qu'elle s'attend à ce que Cal lui fasse un baise-main. Au lieu de ça, c'est plus comme une invitation à observer de plus près ses intrigants tatouages dont elle est extrêmement fière. "One day, maybe you can tattoo me like that? -Yeah, sure, hon'!" Que Cal n'ait pas reçu une seule miette de la formation illuminary passe à des kilomètres au-dessus du crâne de Serena. Elle est certaine que beaucoup d'élèves du SWAMP s'étaient lancés dans le cursus illuminary pour la beauté des tatouages qu'on y recevait.
"My sysmates, they all got different colors," elle caresse pensivement l'intérieur de ses avant-bras, "and different shapes." Ses doigts semblent suivre des symboles différents des siens, comme si elle se rappelait les tatouages de l'un de ses sysmates. "It's actually mehndi and futhark because it's part of my family heritage." Elle revient finalement à lui, lui montrant consciencieusement les différentes parties de son tatouage. "In the end, I didn't get to choose; you know, it depends on all the cosmic stuff; but you're so right, pink is, like, the best!"

L'eau chaude gargouille dans la bouilloire, et l'interrupteur claque. Serena verse l'eau dans une théière qui avait l'air d'être plus vieille que tous leurs âges réunis, puis la boule à thé brune et argenté. "You don't need to get tattoos all over you when you got the most amazing hair already!" Etonnamment, Serena se retient de passer une main dans les épaisses dreadlocks qui tiennent miraculeusement en équilibre sur le crâne de Cal. Elle triture les pointes de ses propres boucles, songeuse. "It's like you have snakes on your head; Medusa style." Avec force exagération, elle détourne la tête comme si croiser son regard pouvait la changer en pierre. Et il y a de ça ; la première fois qu'elle avait capté son attention, clairvoyante, et qu'elle a eu l'impression qu'il avait vu au-delà d'elle, ça l'a pétrifiée. Depuis, elle fait un peu plus attention, se dérobant avec la malice d'un serpent.

L'enthousiasme à toute épreuve de Serena est contagieux. La plupart du temps, je déteste ça. Elle prend trop de place. Mais ce soir, j'ai l'impression qu'elle meuble le silence pesant qui m'est tombé dessus depuis mon retour de Gracefield. J'ai envie de noyer ces pensées et ces images qui tournent dans mon esprit en boucle. Il faut que je m'occupe l'esprit. Si je m'attarde trop, c'est moi qui vais me noyer.

Je l'écoute avec attention parler de ses tatouages. "My sysmates, they all got different colors and different shapes." Je crois que j'ai entendu Max parler de cette histoire de sysmate, quand Serena n'était pas là. Il avait un ton de conspirateur, en expliquant rapidement à Bashir, à mi-voix, les raisons de leur venue sur le territoire. Je ne sais pas trop sur quel pied danser avec Max donc je n'ai pas posé de question malgré ma curiosité. Un système solaire d'amis... je me demande quelle planète je serais. Je trouve cette idée tellement belle. J'ai toujours eu l'impression que Bashir et moi, on était comme deux objets célestes, obéissant à une gravité connue de nous seuls. Des satellites tournant l'un autour de l'autre d'une danse délicate et grâcieuse. Différents mais complémentaires. Puis, il y a eu Stevie. Elle a un peu tout chamboulé sur son passage, mais elle a fini par se faire une place dans notre équilibre sophistiqué. Et puis Max, et Serena. Eux aussi ont trouvé leur place dans notre système solaire, même si parfois il y a des bémols ou des fausses notes.  

Je me demande si ça lui fait bizarre, à Serena, d'appartenir à plusieurs systèmes. "It's actually mehndi and futhark because it's part of my family heritage." Je ne connais pas ces mots et me penche avec intérêt vers les mains qu'elle tend vers moi. Réticent à la toucher, mais trop curieux pour ne pas m'approcher un peu plus que nécessaire, main levée à mi-chemin vers ses doigts. "In the end, I didn't get to choose; you know, it depends on all the cosmic stuff; but you're so right, pink is, like, the best! - It is, yes. It looks good." Cosmic stuff. Certains disent qu'on a notre avenir d'écrit dans les étoiles. Je trouve cette pensée très réconfortante.

Je sursaute quand l'eau a fini de bouillir et adresse un sourire piteux à Serena pour excuser ce geste brusque. "You don't need to get tattoos all over you when you got the most amazing hair already!" Je lève une main que je passe machinalement sur mes cheveux. Ils sont si épais maintenant que c'est presque impossible de passer quoique ce soit à travers, à certains endroits, à moins d'avoir quelques heures devant soi et un peigne approprié. "I've been growing it for years," je lui dis avec beaucoup de fierté et un de mes rares sourires brillants. "It's like you have snakes on your head; Medusa style. - Oh I love snakes!" je réponds avec joie. "I think my favourite one is the monocled cobra. It's called like that because it has two concentric circles on its hood, you know, the flat part that looks like the back of their head? Well, snakes like that, they can inflate their hood at will. Well, technically, they don't inflate, of course, the right word is "spread" or "raised." They're not to be confused with the spectacled cobra of course. Two circles, but not concentric. They hiss a lot! I saw one at the London Wizard Museum one day. It was very beautiful."

Je vais nous cherche deux tasses dans une étagère sans m'arrêter de parler pour respirer, excité que je suis à la perspective de faire une des choses que j'aime le plus au monde: parler d'animaux. Je donne sa tasse à Serena en faisant attention à ne pas la toucher ou à croiser son regard et commence à triturer la mienne en attendant que le thé ait fini d'infuser et le riz de cuire dans son cuiseur magique. "What's your favourite snake?" Tout le monde a un serpent préféré, c'est bien connu.

"I've been growing it for years." Serena plisse les yeux, l'expression mutine. Ce n'était pour l'instant qu'une ébauche de l'enthousiasme qui pouvait secouer Cal de temps à autres, mais elle ressent déjà la chaleur de sa fierté. Il parle de ses cheveux comme d'autres exhiberaient des plantes qu'ils font pousser depuis des années et qui finissent par devenir hors de contrôle. Serena serait ravie de découvrir que la chambre de Cal n'est qu'une épaisse jungle, remplie de lianes, de dreads et, pourquoi pas, de serpents.
Well, par la suite, elle se réjouirait certainement moins du fait d'hériter de la chambre du jeune homme, après sa soudaine disparition.

"Oh I love snakes!" Elle cligne des yeux, fixe le côté de son visage qu'il lui présente en lui tendant la tasse, incapable encore de capturer son regard, Méduse inversée. Elle reste bouche bée, une main en suspens au-dessus de la théière, tandis que Cal n'en finit pas d'expliquer pourquoi il aime les serpents plus que tout au monde. Elle ne l'avait jamais vu dans cet état. Elle se rappelle vaguement Stevie lui expliquer que Cal avait des passions qui tournaient parfois à l'obsession, mais Serena n'en avait pas tenu rigueur, se considérant elle-même comme un sujet obsédant. Peut-être que c'était pour ça qu'elle s'était attendue à ce que le jeune homme soit obsédée par elle ; et qu'elle était bien vite retombée de son piédestal quand elle avait réalisé que, plus qu'obsédé, il savait lire en elle. Une lecture à voix basse, certaine, mais tout aussi déroutante qu'elle ne savait pas décrypter ce qu'il pouvait penser d'elle.

Peut-être que, dans le fond, mais pas trop au fond non plus, elle aurait aimé qu'il chante ses louanges avec le même enthousiasme qu'il nourrissait pour les serpents.
La respiration ralentie, comme si son propre souffle pouvait l'empêcher d'écouter son exposé, elle verse le thé dans les deux tasses, presque fébrile. Elle était restée silencieuse jusque là, maniant avec assurance l'art de réagir d'un simple et appuyé hochement de tête, d'une moue impressionnée ou d'un plissement des yeux intrigué, autant de froissements de son visage qu'elle contrôle histoire de toujours avoir l'air super canon, juste au cas où un paparazzi ait la riche idée de la prendre en photo à l'instant.

"What's your favourite snake?" Serena était sur le point de boire une première gorgée de son thé, se ravise un instant, puis, réalisant qu'elle n'en avait absolument aucune idée, sirote la surface de son thé histoire de gagner du temps. "I— Hmm... I kinda like the red one, you know, with the black and white stripes? Can't remember its name, though..." Pour ne pas dire qu'elle ne l'avait jamais su, accessoirement. "I think it's kinda dangerous... But, you know, the colors are- nice..." Capter un tel moment de confusion de la part de la jeune femme relève du miracle, et elle espère secrètement que Cal ne se rend compte de rien. "Anyway, elle repose la tasse, oscille un peu sur le côté, balançant sa crinière sur son épaule, are you, like, one of these guys who can talk to snakes? Or is it something, like, they talk snak-ish?" Elle secoue la tête, évasive. "I mean, wouldn't it be great? You get a pet snake and you just keep it nested in your hair! That would be rad, honey, don't you think?"

La réponse de Serena n'est pas immédiate et je fronce les sourcils, en me demandant pourquoi elle n'a pas de serpent favori. "I— Hmm... I kinda like the red one, you know, with the black and white stripes? Can't remember its name, though... - The... red one with the black and white stripes...?" Pourquoi ne connait-elle pas son nom? Je réfléchis un peu pour l'aider (je n'aime pas quand un nom m'échappe comme ça), frustré. "Sounds like a scarlet kingsnake..." Serena n'a pas l'air super intéressée et je comprends qu'elle l'ignorait sans doute, et s'en fout plus probablement.

People just don't... care like that, Cal, m'a déjà dit Jesse. Je déglutis en baissant les yeux vers ma tasse de thé. Je l'embête. Je l'embête, c'est sûr, elle s'en fout, c'est sûr, et je l'embête. Je suis fatigué et puis... et puis elle doit me trouver bizarre, alors que Serena est quelqu'un de cool, enfin ça c'est Bashir qui le dit. "I think it's kinda dangerous... But, you know, the colors are- nice..." Je renifle et hoche la tête, attrapant une gorgée de thé en laissant mes yeux regarder le sol. "Yeah, yeah." Je n'ai plus faim, tout d'un coup, et je pense à une excuse pour m'esquiver vers ma chambre. "Anyway, are you, like, one of these guys who can talk to snakes? Or is it something, like, they talk snak-ish? - Parseltongue," je souffle avec envie. Mais Serena s'en fout. "I mean, wouldn't it be great? You get a pet snake and you just keep it nested in your hair! That would be rad, honey, don't you think?" Je la regarde d'un air horrifié. "Snakes need to be kept in a very specific and carefully crafted environment and hair is definitely not appropriate! And I wash it, you know!" Je sais que je parle un peu trop fort, et avec un peu trop de colère qui n'a pas lieu d'être, mais c'est plus fort que moi: j'en tremble déjà de rage. "I would never kill a snake." Je suis dégoûté qu'elle puisse insinuer ça.

"You know what, Serena, I'm not hungry and uh I need to make sure my bed is warm so I need to go to my room right now!" Sur cette excuse tout à fait légitime, j'attrape mes clics et mes clacs et je sors de la cuisine à grands pas pour aller dans ma chambre en claquant la porte, et peu m'importe que Stevie, Bashir et Max soient en train de dormir. J'ai le coeur qui bat fort et je secoue la tête en posant ma tasse de thé sur le meuble le plus proche, la main un peu tremblante, avant de me m'arrêter quand je vois mon reflet dans le miroir. C'est vrai que mes cheveux ressemblent à des serpents... pourquoi n'y avais-je jamais pensé?

"Snakes need to be kept in a very specific and carefully crafted environment and hair is definitely *not* appropriate! And I wash it, you know!" La réaction de Cal diffère de tout ce que Serena aurait pu imaginer. Une main pressée contre sa gorge, elle le dévisage, horrifiée, en réalisant que c’était bien la première fois que quelqu’un lui essuyait à la figure le fait que sa réponse était banale, inintéressée et inintéressante. Serena était une people pleaser et, pendant des années, elle n’avait pas fait un seul faux pas; ou du moins, pas un qui n’eût été relégué au rang de bold statement, ou qu’elle n’ait pu effacer d’un sourire charmant.
Et c’est ce qu’elle essaye de faire, de lui sourire, avec soucis, mais Cal est déjà parti loin de son orbite; et d’un impérieux : "I would *never* kill a snake," il balaye la risette tremblante de Serena qui, abasourdie, bafouille une défense brinquebalante: "I didn’t say th— you should calm d—" "You know what, Serena, I'm not hungry and uh I need to make sure my bed is warm so I need to go to my room right now!"

Les mains tremblantes de Cal —elle ne l’avait jamais vu trembler; au contraire, Cal se déplaçait et manipulait son univers avec une stabilité presque malaisante, comme si rien n’avait bougé autour de lui depuis des centaines d’années— lâchent ce qu’il était en train de faire et il quitte la cuisine sans demander son reste, et sans que la jeune femme n’ait le temps —ni le courage— de le retenir, rouge de honte.

Serena reste un temps seule dans la cuisine. Elle a posé la tasse de thé à cause de ses mains tremblantes à elle aussi. Elle porte ses doigts contre sa poitrine, sous laquelle son cœur bat à tout rompre. Elle a chaud aux joues, froid partout ailleurs. Son regard s’était d’abord épinglé à la porte laissée grande ouverte. Il furète désormais un peu partout, comme si elle s’attendait à trouver une tierce personne, un témoin de la scène déplorable qui venait d’avoir lieu. Mais il n’y a personne d’autre qu’elle et Mendo, qui la fixe avec la même intensité que son énigmatique propriétaire. Alors, Serena essaye de se calmer, de détendre les traits de son visage. "What the hell’s wrong with this guy?" siffle-t-elle entre ses dents. Elle réalise que son expression s’était tordue d’une rage et d’un dégoût sourd, comme on ne pouvait jamais le voir. Le dégoût pour cette humiliation sortie de nulle part. Cal avait vu clair dans son petit jeu et elle aurait pu s’en rendre malade s’il ne s’était pas éclipsé avant.

Elle se lisse pensivement la ligne du sourcil, souffle par le nez. Elle caresse l’arête de sa tasse de thé, pose sa main, paume ouverte, à quelques centimètres de Mendo, pour voir s’il s’en approche. Elle jette un œil mauvais à la casserole de riz. Elle non plus, elle n’a plus faim; elle n’a rien dans le ventre, et pourtant, elle se sent nauséeuse, comme si Cal lui avait donné un coup dans les tripes. Elle lui en veut d’avoir été aussi direct; elle s’en veut d’avoir été aussi sotte, d’avoir pris son attention pour acquise. L’attention de Cal est un cadeau risqué, une lame qui a entamé la couche superficielle dont elle s’était enrobée depuis tant d’années.  
Et pourtant, Serena se sent un peu triste aussi; parce que du fait de son ascendance, elle avait ressenti, comme un courant d’air glacé, la déception de Cal, lorsqu’il avait réalisé qu’elle se fichait de son discours. Et Serena veut que Cal l’aime. Mendo s’approche, renifle le creux de ses doigts. "I know, right?"

Elle se faufile hors de la cuisine, retrouve la porte de la chambre de Caliban. Si elle n’a pas fait de bruit dans le couloir, ses pieds frottent contre le parquet, pour signifier sa présence, Mendo calé entre ses mollets nus. Elle toque à la porte, son cœur battant à tout rompre. "Hey handsome... you know I didn’t mean that... It’s just..." Elle se perd un peu dans ses excuses ; c’est qu’elle n’a jamais vraiment eu à en faire. En baissant la tête, elle devine le regard luisant de Mendo qui semble lui aussi attendre ses excuses... Il paraît que le fléreur peut discerner le mensonge de la vérité.
Serena s’accroupit et gratte doucement la tête de l’animal. "At least, let Mendo come in; he can keep your bed warm... ain’t that right, Mendo?"

Je crois que j'aimerais bien être Méduse, mais ça doit être un peu stressant de devoir s'occuper de ses cheveux comme des animaux... je me détourne rapidement de mon regard après m'être fait cette réflexion - je n'aime pas les miroirs -, attrapant ma tasse de thé pour aller la siroter tranquillement, assis sur mon lit. Mon coeur bat toujours un peu vite dans ma poitrine mais les murs de ma chambre sont protégés magiquement et le silence complet de la pièce me détend. Serena est... perturbante. Je l'aime bien; malgré tout, je crois que je la trouve superficielle et vaine. J'aimerais avoir la capacité de Bashir à toujours comprendre ce que les gens veulent dire. Je suis toujours à côté de la plaque, et c'est encore plus vrai avec Serena qui me fait parfois l'impression de venir d'une autre planète...

C'est une métaphore que me reprochait souvent ma mère. Non, les gens ne viennent pas d'une autre planète, tu dois juste faire l'effort de les comprendre. Je suis un cosmonaute aguerri maintenant, je fais beaucoup d'efforts (même si j'ai souvent l'impression que personne ne le remarque). Mais Serena... well, c'est juste compliqué.
Je suis en train de réfléchir à attraper mon casque et ma basse, quand on frappe à ma porte. Après un moment d'hésitation, je me lève pour aller ouvrir, faisant une grimace en pensant que ça va être Bashir ou Stevie qui viennent me reprocher d'avoir fait du bruit; mais c'est bien ma coloc de l'autre côté de l'univers, dont le visage est froissé d'une contrariété qui trouve écho sur mes propres traits.

"Hey handsome..." Je fronce les sourcils, et c'est avec un certain malaise que je sens mon coeur louper un battement dans sa poitrine. "You know I didn’t mean that... It’s just..." Non, je ne sais pas justement. J'en sais rien, et j'aimerais lui dire mais je reste silencieux et la regarde baisser les yeux avec embarras. Mendo, à ses pieds, ne dit pas qu'elle ment. Ça me suffit. "At least, let Mendo come in; he can keep your bed warm... ain’t that right, Mendo? - I..." At least? Elle veut aller dans ma chambre? Dans mon... dans mon lit?
Je fais la moue. "Okay." J'ouvre la porte et je retourne vers mon lit, laissant le battant ouvert autant pour mon fléreur que pour Serena, puisqu'elle a l'air d'avoir envie de venir. "You should be more accurate when you speak," je lui reproche à mi-voix quand elle rentre dans la chambre. Je me demande si elle a envie de coucher avec moi; plus particulièrement, je me demande si moi-même j'en ai envie. "You're very confusing." Je m'assieds au rebord du lit et sourit quand Mendo saute sur mes genoux, le caressant avec entrain alors qu'il se met à ronronner de toutes ses forces. "I'm sorry I lost my temper-- - LYING. - ..." Je n'aime pas m'excuser. "I shouldn't have lost my temper. It sucks. Now I'm hungry and upset." Je fais la moue. "I don't blame you," je précise, "but it still sucks."

Caliban a ouvert la porte et ça a un peu surpris Serena qui se voyait déjà rejouer la scène d’un film où les deux protagonistes, brouillés et malheureux, tiennent la discussion importante de part et d’autre de la porte, profitant d’être défilé au regard de l’autre pour leur confier ce qu’ils avaient sur le cœur. Serena aurait bien aimé que Cal n’ouvre pas la porte, pour ne pas avoir à le regarder dans les yeux. Mais en même temps, elle est rassurée qu’il ait ouvert la porte; que ce serait-il passé si quelqu’un l’avait surprise à sa porte, seule dans le couloir; how embarrassing.

Elle observe le fléreur rentrer dans la chambre, et en profite pour y faire un pas, elle aussi, histoire de ne pas faire le pied de grue dans le couloir. Elle reste un moment dans l’encadrement de la porte, à l’instar d’un vampire qui ne peut pas aller plus loin tant qu’on ne l’y a pas invité. Bah, elle finira bien par s’y inviter toute seule. "You should be more accurate when you speak." Serena hoche simplement la tête, mais elle reste circonspecte; ce n’est pas quelque chose qu’on lui a déjà reproché. Au contraire, généralement, on lui en voulait d’être trop directe, d’avoir la langue bien pendue et la cause bien changeante. "You're very confusing. - I— Les mains dans le dos, elle observe Mendo, réfléchissant (pour une fois) à sa réponse; il ne manquerait plus que le fléreur la traite de menteuse, elle ne s’en remettrait pas. — I didn’t know…" admet-elle.

"I'm sorry I lost my temper— - It’s fine— - LYING." Serena plisse les yeux et se mord les lèvres, confuse, ignorant si le fléreur parlait d’elle ou de lui. It’s not fine, enfin si, peut-être un peu plus maintenant que Cal s’est excusé. "I shouldn't have lost my temper. It sucks. Now I'm hungry and upset. I don't blame you, but it still sucks. - It happens to everyone… le rassure-t-elle, prenant soin de ne pas préciser si elle s’inclut dans le everyone ou non. Elle fait encore un pas dans la chambre; elle ne se souvient pas y être jamais entrée. Elle est intimidée, et garde son dos contre le mur, ses pieds tapotant doucement le sol. "I don’t want to upset anyone… usually I’m good at it; but since I’m here, it seems that I’m in over my head… or that I can’t go in other people’s heads that easily anymore…"
Serena savait (plus ou moins) ce qu’il se tramait avec le gouvernement en place, et c’était aussi pour ça qu’elle avait insisté pour faire le déplacement. Mais, à plus petite échelle, elle ne pensait pas que ça allait impacter son ascendance à ce point, la rendant plus morne et fébrile qu’elle n’avait jamais été, ou du moins qu’elle n’avait jamais voulu admettre.

Mais là encore, ça n’était pas des aveux qu’elle avait l’habitude de faire. Aussi, elle chasse cette confession d’un charmant haussement d’épaules. "Your room looks nice and cosy; mind if I take a look? I won’t touch anything, I promise."