« Non, pas un vampire. » Cette phrase la libéra d’un poids. La DHS avait fait, vraiment, un excellent travail lorsqu’il avait fallu instiller la peur des hybrides dit violents à ses étudiants. On avait déjà, plusieurs fois, essayé de raisonner Ocean sur cette peur qu’elle avait, particulièrement, des vampires, sans que cela ne soit très efficace. Surtout qu’elle savait que son sang pouvait leur être plutôt savoureux, depuis qu’un employé de la banque de sang lui avait lâché cette information qui l’avait faite frissonner. Bien, elle ne risquait pas de finir dévorée et jetée dans un fossé donc. Le clapotis de l’eau lui parut soudain plus audible, apportant à son corps un léger apaisement. « Je suis un demi-gumiho, c’est la sous-espèce coréenne des esprits-renards. » Elle battit des yeux, sans vraiment trop comprendre. Les esprits-renards, elle ne connaissait pas. La Corée, elle la situait très mal sur une carte. Si la côté ouest et sud-africaine lui était bien connue, le reste nageait dans un grand flou que son école n’avait pas cru bon de rendre plus net. Dans l’est. Bien plus à l’est que ce qu’elle avait pu voir. Ce qu’il confirme finalement, en mentionnant l’Asie de l’Est. Elle hocha la tête, en effet ce n’était pas très connu ici, mais elle comprenait ce qu’il voulait dire — non pas des hybrides issus de malédictions, mais de naissance… tout comme elle. L’eau était plus audible encore, l’appelait presque, le bruit du courant était comme un murmure à ses oreilles.
Quant à ses autres questions, il y répondit un peu moins… clairement. Alors qu’elle avait voulu instinctivement éviter les risques liés au trafic — même s’il était un peu plus rare que les trafiquants d’hybrides soient eux-mêmes des hybrides, la crainte implantée bien jeune d’être vendue à un sorcier la poursuivait toujours et l’amenait toujours à se méfier de la sorte — il se retrouvait à lui dire qu’elle avait bel et bien de la valeur. Mais apparemment d’un point de vue plus philosophique, plus abstrait. Son père, lui, n’accordait pas ce genre d’intérêt à l’abstrait, plutôt intéressé par tout ce qui pouvait se compter et remplir son compte en banque. Elle eut un bref sourire, mécanique, de politesse, gêné : « Oui… oui je suppose. Mais je voulais dire… enfin peu importe. » Elle battit des cils quand il assura qu’il la ramènerait où elle voudrait. Elle songea au couvre-feu, même s’il y avait encore un peu de temps avant que ne sonne l’heure où elle devait être présente dans sa petite chambre. La suite, cependant, elle ne s’y attendait pas. « Comment ça une autre option ? » Dans l’absolu, elle comprenait. En pratique cependant ce n’était tout simplement pas possible.
Est-ce qu’il était en train de vraiment lui proposer de fuir ? « On est comme une famille, tu vois. Des hybrides de tout genre. On protège ceux qui savent pas se battre et on leur offre un endroit où aller, aussi. Où ils n’ont pas à vivre écrasés par le gouvernement. Y a l’océan pas loin. Ça te plairait, je pense. » Elle ne sait que dire, et le son de l’eau de la rivière résonne ne plus en plus fort à ses oreilles alors que le mot océan ramène des souvenirs à son esprit, des désirs brusques de sentir l’eau la réconforter, la transporter, de sentir la fraîcheur douce des ondes l’encercler paisiblement. C’est toi qui vois, qu’il lui disait, avec un calme terrible, comme s’il n’était pas un fugitif en train de tenter de lui faire rejoindre sa cause.
Ocean n’avait quasiment jamais croisé de membre de la résistance. Il y avait eu Camilla, mais elle était surtout perdue, et en danger. Elle n’avait jamais vu de membres actifs, qui faisaient des choses contre le gouvernement, qui tabassaient des agents et qui sauvaient des hybrides d’un passage au Ministère en leur proposant ensuite une porte de sortie.
Une porte de sortie… Ocean n’arrivait pas à imaginer que ça puisse être réel.
Lottie… peut-être que Lottie aurait accepté, de le suivre, de ne pas rentrer. D’aller avec Seo Jun. Peut-être qu’elle aurait eu ce courage-là. Mais Ocean, qui n’avait jamais eu à prendre vraiment de décision seule et par elle-même ne s’imaginait pas commencer avec ça.
En réalité, les seules décisions signifiantes qu’elle avait prises avait été pour retrouver Lottie. Elle songea à Dan, qui devait l’aider, lui aussi. Si elle partait, elle n’aurait peut-être jamais de réponse sur ce qui était arrivé à Lo. Entre ses genoux et son torse, il y avait encore le dossier, qu’elle n’osait ouvrir. Elle serra un peu plus ses bras contre ses jambes, avec une expiration sourde.
« Je peux pas partir. Je peux… je peux pas. » Comment expliquer ? Avait-elle-même à expliquer ? On lui dit qu’on ne retirera pas sa mémoire, sauf si elle le demande. Elle se dit que c’est ce qui serait peut-être le plus prudent. Mais la crainte qu’on vienne lui toucher l’esprit avec de la magie était suffisant pour lui faire refuser une telle intervention. Alors elle secoua la tête : « Non… Mais… » Elle souffle de nouveau, comme si elle voulait se libérer d’un poids qui pesait sur sa poitrine. « Je n’aime pas être là où je suis, je veux pas… je veux pas que tu penses que je suis un chien du gouvernement. » Pourquoi est-ce important qu’on ne croit pas ça ? Elle n’en savait rien. « Mais je ne peux pas… Si je disparais peut-être qu’ils s’en prendraient à mes proches. Si je disparais, mon père me retrouvera et me… Non, je si je pars, je ne retrouverais jamais Lo et… » Et à dérouler toutes ces excuses finalement il n’en restait plus qu’une. Dure à admettre. Elle desserra ses mains d’autour de ses jambes, prit le dossier dans la main droite pour le regarder, la gorge serrée. « J’ai toujours été là-dedans. Je saurais pas. Je peux juste pas. » C’était un mur qui l’en empêchait. Qui faisait qu’elle était coincée. Coincée dans cette société. Coincée dans une vision qu’on avait d’elle. Coincée. Coincé.

T'as l'impression que la merfolk se détend un peu, quand tu lui dis ne pas être un vampire. Une impression subtile, de ces choses qui se perçoivent sans toujours se comprendre. Peur d'eux ? Ils sont nombreux dans ce cas, tu supposes. T'en dis rien, préférant donner quelques explications sur ce que tu es, même si c'est vague et que ça n'explique presque rien. T'en dis assez, pour l'instant tout du moins. Elle a d'autres questions, comme tu t'y attendais, auxquelles tu réponds comme tu peux, comme ça te vient.
« Oui… oui je suppose. Mais je voulais dire… enfin peu importe. » Elle a un de ces sourires machinal et un peu gêné, d'une politesse qui trahit l'habitude inculquée - celle d'acquiescer comme ça, aussi ? De pas se mettre en opposition à ceux qui parlent en face ? T'accroches son regard plus directement, plus longtemps que tu l'as fait depuis que tu lui as expliqué que tu la sortirais du MOCHE, y a de ça même pas une heure. "C'est pas une supposition. Pas peu importe, non plus. J'vois ce que tu veux dire mais t'as de la valeur pour toi-même, parce que t'es toi. Tu importes, Ocean." C'est peut-être un peu dangereux d'instiller ce genre de pensées alors que le pouvoir voudrait la voir ployer, l'écraser pour lui faire croire qu'elle est rien d'autre que de la vermine. Mais c'est vital, tu crois, parce que t'as aucun moyen de savoir si on le lui a déjà dit un jour. C'est d'une simplicité désarmante mais sincère. Convaincue.

Quand tu lui dis qu'elle a une autre option que de rentrer, elle t'interroge à ce sujet avant que t'aies eu le temps de continuer. T'élabores, expliques en quelques mots, en quelques indications vagues - juste assez pour donner un début d'impression. Ca suffit, t'as l'impression, à la secouer un peu, à la plonger dans des pensées et des réflexions qui lui appartiennent et dont t'essayes pas de la sortir. C'est pas une offre anodine pour elle, t'en as conscience. Même écrasés par la société comme vous l'êtes, qui lâcherait tout comme ça, sur un coup de tête, pour partir avec quelqu'un tout juste rencontré ? Personne sûrement, à moins de plus en pouvoir et d'être déjà prêt à partir. Même à Manticore, ouvrir vos portes à quelqu'un aussi rapidement est rare. Question évidente de confiance et de sécurité pour vous. Question de ceux qui restent, souvent, de l'autre côté.
Ocean se resserre contre elle-même, s'enlace plus fort - de ces gestes qui sont barrières inconscientes contre l'extérieur. Elle refuse, et y a la répétition de l'incapacité, ce je peux pas de ceux qui ont la sensation d'être enfermé ou n'ont pas le choix. Qui te donne aussi l'impression qu'elle voudrait peut-être accepter, au fond. T'insistes pas plus pour le moment. C'est elle qui y revient, et ça semble lui importer que tu saches qu'elle est pas un chien du gouvernement, selon ses mots, même si ça te semble tenir de l'évidence, même basée sur peu de choses. "Je sais. Tu l'es pas et tu l'as montré, kiddo," que tu poses dans l'air, exposes pour la conforter et appuyer ses paroles. Ca te ferait presque sourire encore, en coin toujours, même si tu le fais pas, parce que ça montre sa résistance. Son envie d'indépendance, de pas se laisser faire, de pas se laisser écraser comme ça. C'est important. T'en a vu des gens, des hybrides, qui se laissent faire par lâcheté ou à force de se faire piétiner, la flamme soufflée, sans parfois même de braises pour lui subsister.
Les détails viennent. La mention de son père te fait tiquer, et tu plisses un peu les yeux lorsqu'elle se coupe de la sorte en disant qu'il la retrouvera - ça t'évoque un peu ton propre géniteur et, avec, les rumeurs qui courent et murmurent que ses enfants seraient sur le territoire britannique. C'est pas le moment d'y penser, et tu laisses la pensée filer pour rester concentré sur ce qu'Ocean te dit, sur la mention de Lo qu'elle semble chercher - ce qui l'a poussée à voler le registre, peut-être ? La façon dont elle prend et regarde le dossier en question te laisse penser que c'est sûrement ça.

Vient encore un filet de voix, un peu étouffé, pour apporter la dernière raison de son refus. Ca te serre un peu dans la poitrine, entendant dire qu'elle saurait pas vivre hors de cette prison aux barreaux même pas dorés. Ca fait mal de voir comme la liberté lui semble inaccessible, impossible. T'as l'impression de la sentir angoissée, paniquée peut-être, du cul de sac dans lequel elle se retrouverait coincée : son aura se trouble, s'agite, mais t'extrapoles et interprètes peut-être les raisons, t'en a conscience. Doucement, sans bouger, tu tends ta magie à la rencontre de la sienne, l'enveloppe, pas trop près, juste de quoi transmettre un peu de chaleur qu'elle sentira probablement pas consciemment, de quoi donner peut-être, t'espères, la sensation de pas être seule. D'être protégée. "Tu serais pas seule. Ca s'apprend, la liberté, Ocean," la voix est basse et lente, s'étire dans l'air et y a toujours cette assurance, cette certitude pour la porter. Tu laisses passer une seconde, le temps de te décider à le sortir, parce que c'est pas une période de ta vie à laquelle t'aime penser. "Moi aussi, j'ai appris. On m'a aussi laissé croire que j'étais coincé, pendant des putains d'années. Sans d'autres choix que ceux qui ont été fait pour moi, sans moi, imposés," y a le sourd d'un grognement, profondément enfoui dans la poitrine, qui remonte un peu, une flamme dans les yeux à la mention de ce que tu laisseras plus arriver. "Mais c'est ce qui importe le plus. La liberté. Être soi. Pas se laisser écraser."

Tu secoues la tête encore, mais ton regard reste sur elle. Tu tempères un peu tes paroles, parce que tu sais que c'est pas aussi simple. Parce que tu te doutes qu'elle est sûrement pas encore prête à tout ça. Toi aussi, ça t'a pris du temps. Le réveil est toujours brutal. "Prends le temps d'y penser. T'as pas à choisir maintenant," même s'il faut déjà vous trouver, pour fuir avec vous, tu feras ce que tu peux pour garder un oeil sur elle, de loin. Après ce qui s'est passé, c'est de toute manière plus prudent, au moins pour un temps. Tu penses pas qu'elle soit en danger, t'as pris soin que personne ne la voit ou ne se souvienne d'elle, mais on sait jamais. "Saches quand même qu'on laisserait pas ton père te retrouver comme ça - personne que tu veux pas." Tu sais pas qui c'est, mais vous feriez de votre mieux. C'est pas sans risque, mais c'est ce que vous faites : protéger les vôtres.
Un léger mouvement de tête en direction de dossier, t'embrayes sur l'autre information qu'elle t'a donnée, et par la même, le but originel de ta mission. Tu changes de position pour te mettre en tailleur, abandonnes avec une légère grimace en sentant ta cuisse te lancer. "C'est pour- la personne que tu veux retrouver, que tu voulais voler ça ? Dis-m'en plus." Ca marche bien pour toi, comme technique, de détourner ton attention avec un autre sujet et en te faisant parler, alors tu tentes de faire pareil pour elle. Se concentrer sur autre chose la calmera peut-être et t'as de toutes façons besoin de ces infos aussi.

Seo Jun, face à elle, ne semble pas la juger. Ocean semble se noyer dans l’impossibilité du choix qui se présente à elle ; abandonner la seule vie qu’elle avait connue ? retourner à cette vie qu’elle ne pouvait pas apprécier ? Tout avait semblé plus simple quand elle n’avait jamais eu le choix, on pouvait se dire d’une certaine manière qu’elle pourrait un jour s’enfuir si l’occasion se présentait, elle avait économisé avec le rêve d’un jour pouvoir posséder un bateau et partir au loin tout en sachant profondément qu’elle ne pourrait jamais y accéder. Mais là, se retrouver à hésiter alors qu’on lui promettait au moins un début de liberté… C’était horrible, désarmant et Ocean pourrait comprendre qu’on puisse la juger. Pourtant lorsqu’il lui parla de nouveau, son interlocuteur n’eut qu’une voix douce, des mots apaisants. « Tu serais pas seule. Ça s’apprend, la liberté, Ocean. » Son prénom, dit de cette manière, la fit hocher la tête. Ou bien peut-être était-ce ce ton assuré qui lui permettait de croire en ces paroles. « Moi aussi, j’ai appris. On m’a aussi laissé croire que j’étais coincé, pendant des putains d’années. Sans d’autres choix que ceux qui ont été fait pour moi, sans moi, imposés. » Ocean sent sa gorge se serrer, alors que l’expérience colle fortement à la sienne, et à celles de certains camarades hybrides qu’elle avait pu rencontrer ces dernières années. Balloté.e.s de droite à gauche sans vraiment avoir leur mot à dire, c’était là leur lot. De voir cependant quelqu’un comme lui, qui avait agit comme il l’avait fait quelques minutes plus tôt face à tous ses sorciers, dire qu’il était également passé par là… Peut-être ne disait-il cela que pour la mettre en confiance, mais il y avait une réaction physique qui accompagnait ses mots laissait croire qu’il n’inventait pas. « Mais c’est ce qui importe le plus. La liberté. Être soi. Pas se laisser écraser. — Je sais, » elle souffle bas en réponse. Mais ce n’est pas si simple. Il y avait plus qu’elle, il y avait Lo, Millicent, son père et son demi-frère, Dan… L’éventail des conséquences l’étouffait, et elle secoua aussi sa tête, en prenant une lourde inspiration pour tenter de dénouer le nœud dans sa poitrine.
« Prends le temps d’y penser. T’as pas à choisir maintenant. — Je… peut-être qu’un jour, oui… Peut-être qu’un jour je pourrai. Mais pas maintenant. » Ce n’était pas tant une question de réflexion, plus que d’un moment à saisir. Maintenant, elle ne pouvait pas. Il fallait qu’elle retrouve Dan, qu’il puisse lui dire pour Lottie. Il fallait qu’elle retrouve Millicent, pour qu’elle lui dise s’il y avait des nouvelles de Perdita. Il fallait qu’elle voit son demi-frère, rien que pour lui assurer que tout allait bien. Il fallait qu’elle reste là, en ville, au cas où Camilla reviendrait pour lui demander de l’aide, et qu’elle soit disponible. « Pas maintenant, » répète-t-elle doucement. Avant de sourire brièvement quand on l’assure que si elle venait à rejoindre les fugitifs, on ne laisserait personne la retrouver. Elle aimerait que ça soit si facile — en réalité ça n’était pas si compliqué que ça de se cacher de son père, mais elle avait toujours cru (et y croyait encore) qu’il avait un moyen magique de savoir où elle se trouvait, plus ou moins, comme il avait eu avec sa mère. Lars n’avait jamais rien dit pour la contredire sur cette idée. « Il y a des gens… dont on ne se cache pas si facilement, » elle répond, sans vraiment le regarder, en haussant un peu les épaules. « Il est habitué à… chasser et traquer. » Littéralement. Ce n’était pas comme les Mangemorts qui se revendiquaient chasseurs parfois et s’amusaient à faire des remarques de ce genre au Ministère devant des hybrides effrayés. C’était vraiment le métier de Lars, et elle l’avait vu pratiquer durant de longues années. Enfin, ils n’en étaient pas à là. « Mais je suppose qu’il y aurait d’autres problèmes avant ça. » Beaucoup trop.
Elle relève le regard vers Seo Jun, finalement, en déglutissant. Les yeux qui la regardent recèlent vivement son ascendance inhumaine, gumiho avait-il dit. Sans savoir ce que c’était, elle se demanda comment il avait grandi, avec une dissemblance si évidente. Ocean n’avait jamais eu l’occasion de pouvoir cacher son ascendance non plus mais aurait pu et cela semblait faire toute la différence ; qu’avait-il connu, lui ? Avait-il eu son parent non-sorcier à ses côtés, comme elle, pendant au moins quelques années, à lui raconter les secrets de son peuple ? Avait-il déjà voulu rejoindre les siens sans jamais pouvoir y parvenir ? Se sentait-il coincé entre deux mondes ?
Elle regarda le dossier quand il l’évoqua. Puis évoqua Lottie, sans la nommer. Elle hocha la tête d’abord sans un mot avant de se racler la gorge et de rassembler ses forces afin de répondre : « Oui. J’ai mon amie qui a disparu et personne ne veut me dire où elle est. Je me suis dit que peut-être il y aura sur la liste une information. Je sais qu’ils… ils précisent les morts et autres. » Ses mains tremblent légèrement en regardant le dossier, l’entrouvrant pour commencer à voir les lignes de noms associés à des numéros s’étendre sous ses yeux. C’est une née-moldue. Et elle… enfin elle attire souvent les problèmes. » Mais elle ne peut se résoudre à chercher le nom de Charlotte, à imaginer qu’elle puisse être morte. « Et toi ? Tu cherches quelqu’un aussi ? Peut-être que je le connais ? Et t’aider, comme tu m’as aidé. » Ocean n’était pas vraiment habitué à ce qu’on agisse pour elle, sans rien en retour. Sauf avec Lottie et Millicent. Et Dan. Mais c’était autre chose. Complètement autre chose.

« Je… peut-être qu’un jour, oui… Peut-être qu’un jour je pourrai. Mais pas maintenant. » C'est ce qu'elle te répond lorsque tu lui dis de prendre le temps de penser à ce que tu lui dis. A la porte de sortie offerte, celle qu'on lui a toujours dit avoir fermé à clé et que t'as poussé ouverte pour elle ; celle qui git, déjà entrouverte, et dans l'entrebâillement de laquelle elle peut sentir la fraicheur de l'air sur sa peau, entrapercevoir un monde sans chaînes. T'as pas de moyen de savoir si c'est vraiment le cas, tu la connais pas assez, de loin pas, pour pouvoir l'affirmer. C'est que des suppositions, des hypothèses que tu bases sur son expression. Que tu déduis parce que t'as déjà vécu ça, déjà été dans une situation similaire y a maintenant quasiment 10 ans. Ca t'a pris du temps de comprendre et d'agir, ou plutôt de céder à la colère, même sans d'autre véritable attache que Hye Rin - Hollis déjà trop lointaine dans ton histoire, malheureusement, pour qu'ils risquent de s'en prendre à elle - alors tu sais. Tu comprends. Tu hoches la tête alors qu'elle répète les deux derniers mots, doucement, comme une finalité, une possibilité qu'elle se garde pour plus tard. "Quand le moment sera venu. Quand tu seras prête. On sera là." Une autre affirmation au goût de promesse, même si c'est risqué. T'as confiance en Manticore, en vous. Tant que l'un.e reste debout, et même encore après, vous existerez.

La conversation passe à son père. Sujet d'inquiétude, ou tout du moins elle t'en donne l'impression, et ça chauffe les entrailles un peu plus encore de cette colère sourde et chronique, au point d'être presque constante chez toi. Vos parcours, vos vies sont différentes, pourtant elles résonnent ensemble sur bien des points. C'est pas étonnant, pas une première : vous êtes beaucoup d'hybrides à avoir des expériences qui, sans être identiques, sont souvent assez similaires pour pouvoir vous comprendre naturellement.
"Je sais," que tu glisses en connaissance de cause. "On nous a pas encore trouvé, pourtant - même si certains de nous sont recherchés." Tous ceux qui résistent, par le gouvernement. Est-ce que Hye Rin et toi êtes encore cherchés par l'armée magique coréenne ? Ca fait longtemps, mais y a probablement pas de prescription pour votre désertion. "Nous aussi on sait traquer, et nous défendre. On protège les nôtres." Et bien sûr, l'idéal serait de ne pas être retrouvés, mais tu veux lui faire comprendre que ça rentre pas vraiment en ligne de compte. C'est pas ça qui vous arrêterait, faudrait juste composer avec et s'occuper du problème.
Elle en mentionne d'autres pourtant, sans les nommer ni les expliquer. "Ca se règle, les problèmes, tu sais." T'hausses les épaules. L'observes. T'hésites à lui demander ce qu'ils sont, pas certain que ce soir le meilleur moment pour ça. Tu décides de laisser la porte ouverte, de lui laisser le choix d'en parler si elle le veut. "Si tu en as..." Son regard est venu trouver le tien - tu le soutiens sans pousser, la laisse t'observer ou y trouver ce qu'elle pourrait y chercher.

A la mention de son ami.e, un hochement de tête. T'attends qu'elle explique mais elle garde le silence - tu dis pas mot pour la laisser trouver les siens, tu patientes, aussi surprenant que ça puisse paraître à ceux qui te connaissent. Ca vient justement, après un raclement de gorge, entrouvrant le dossier sans encore vraiment l'ouvrir. Tu lui relances un regard lorsqu'elle mentionne que son amie n'est pas hybride, mais soit, tu sais que certain.es sont corrects et que les nés-moldus, ici, sont loin d'avoir la vie simple eux aussi. Ca t'amuse un peu, aussi, d'entendre qu'elle s'attire souvent des problèmes - you can relate to this, at least - même si t'en montre rien.
La question t'es retournée, et ça te fait étrange qu'elle te propose son aide en retour, parce que c'est rare, hors du crew. A ton tour, tu gardes le silence pour quelques secondes, l'observant pour décider de ce que tu peux dire ou non. "Je le connaissais pas bien mais c'était, c'est un des nôtres. Ca fait un moment déjà qu'il a disparu. Warren, il s'appelle. On a le nom de quelqu'un du MOCHE avec qui il était ami aussi, si elle habite encore là." Tu désignes le dossier. "Tu te sens de chercher le nom de ton amie ? De lire ce que tu trouveras ?" Tes yeux cherchent son visage. Tu sais que de voir la réalité indiquée froidement sur le papier peut-être difficile - plus qu'on ne le penserait parfois. "Je peux regarder pour ou avec toi, si t'as besoin." Tu laisses la proposition comme ça, sobre, sans jugement, sans douter de son courage non plus. Elle est arrivée jusque là. "C'est toi qui voit. Certains préfèrent affronter ça seuls, d'autres pas."

Seo Jun prend vraiment le temps de la rassurer, de lui répéter qu’il y avait quelque chose, là dehors, qui pouvait l’attendre, qui pouvait l’accueillir, qui pouvait la protéger. Quelque chose avec des personnes qui lui ressembleraient au moins un peu, et qui comprendrait ses doutes, ses questions, ses traumatismes. Quelque chose qu’elle n’a jamais pu véritablement connaître auparavant : les personnes qui avaient compté (et qui comptent encore) étaient éparpillés dans sa vie, sans qu’aucune communauté vraiment ne les réunisse : Lo, Millie, Dan… là Seo Jun parlait presque d’une société. Cela l’effrayait un peu, en plus du reste. Comme si la multitude (toute relative) ne pouvait être que synonyme de problèmes. La société c’était celle du bateau et des marins, c’était celle de l’école, c’était celle du Londres dans lequel elle devait évoluer à présent. Non, vraiment, elle ne peut pas, pas maintenant.
Mais il comprend, réitère sa présence : ils seront là, si jamais un jour Ocean vient à changer d’avis. C’est un filet de sécurité, non c’est encore plus, c’est une présence qu’elle peut imaginer à ses côtés maintenant, comme jamais auparavant. Seo Jun l’avait tiré d’une très sale affaire, et jamais elle n’avait eu l’impression d’être à ce point protégée. Ou d’être importante, non pas par ce qu’elle faisait ou ce qu’elle valait de façon globale mais simplement par son existence qu’on ne jugeait pas inutile.
Elle acquiesça de nouveau : « J’y réfléchirai, promis. Je… je ne pourrais pas oublier ce que tu as fait pour moi aujourd’hui et ce que tu me proposes tu sais. » Comme une promesse d’y songer effectivement. Elle n’essaierait pas de pousser tout ça sous le tapis. Elle n’oubliait pas.
Quand on en vient à la liste cependant elle ne peut pas masquer son trouble, préfère encore rallonger le temps, retarder le moment où elle devra chercher Lottie sur la liste des malheureux, voir ce qu’il en était. La question est là pour ça, principalement, pour s’accorder du temps, faire durer encore les quelques instants où elle pouvait fermer les yeux sur la situation de sa meilleure amie. Mais la situation de Seo Jun la frappe, malgré sa propre anxiété qui pourrait tout masquer. « Warren… ça me dit rien. » Enfin si, d’une certaine manière ça lui disait quelque chose. On en avait entendu parlé du sang-pur devenu loup-garou parmi les siens. Et quand elle devait aller à ses rendez-vous au ministère. Mais elle doutait qu’il s’agisse du même. De toute manière même si le nom lui avait été connu elle n’aurait pas pu faire grand-chose. « J’espère… j’espère sincèrement que tu vas le retrouver. Qu’on va pouvoir les retrouver. » Elle en appelle à ses ancêtres, en fermant un moment les yeux, les ancêtres de l’eau aux couronnes de corail et aux capes d’algues, dont la magie ancienne parvenait à conserver les flammes brûlantes au creux même des vagues. Elle leur demande de la force, à ces héros qu’elle n’a jamais connu qu’à travers les mots de sa mère, pour pouvoir faire face à la réalité.
Seo Jun est là aussi : « Tu te sens de chercher le nom de ton amie ? De lire ce que tu trouveras ? » Elle ne sait pas quoi répondre à cela. L’honnêteté lui ferait dire que non, elle ne s’en sent pas capable. Lottie est là depuis ses onze ans, depuis l’école. Lottie la soutient, Lottie la porte, Lottie l’aime plus que n’importe qui sur cette terre l’a aimé semble-t-il. Elle craignait que ce souvenir de son amour, de sa force ne disparaisse si elle venait à apprendre sa mort. Elle craignait de s’écrouler si elle prenait conscience que sa Lottie était m-
Morte.
Le mot, dans son esprit, résonnait tel un glas. À la rendre malade. Lottie n’avait pas le droit d’être morte, mais elle savait bien, Ocean, que ses désirs correspondaient rarement avec la réalité.
« Je peux regarder pour ou avec toi, si t’as besoin. C’est toi qui vois. Certains préfèrent affronter ça seuls, d’autres pas. » Elle rouvre bien les yeux, pour le regarder lui et ses pupilles étranges. « Merci beaucoup. Je… j’aimerai pouvoir ne pas le faire moi-même mais… pour Lottie… enfin on a toujours eu que nous deux et je pense qu’il faut que ça soit moi. » Elle se rapproche cependant un peu de lui, toujours avec le dossier. « Mais je ne veux pas être seul non plus. » Et d’ouvrir, près de lui, le dossier avec des mains tremblantes.
Les noms se mêlaient devant ses yeux, elle passa les premières feuilles où certaines lignes étaient raturées et marquées de la mention décédé qui lui soulevait le cœur. Elle tentait de ne regarder que la première lettre du nom, cherchait les S jusqu’à finalement…
« Scully ! Charlotte. » Le nom était barré. Elle eut l’impression que son cœur tombait dans son ventre, dans ses pieds, s’enfonçait dans le sol pour y crever. « Oh non, non non Lottie non… » elle souffle, quand les larmes viennent à ses yeux et coulent sur ses joues. Son doigts suit la ligne, pour y atteindre la mention qui serait sans doute comme les autres décédée sa Lottie. Sans doute tuée par un Mangemort agacée par son insolence. Sans doute exécutée par un connard qui… Sa gorge était si serrée qu’elle peinait à respirer.
Transférée.
Quoi ? Ses larmes cessèrent presqu’aussitôt. Elle passa son doigt sous la mention, vérifia qu’elle était sur la bonne ligne. « Transférée ? Mais qu’est-ce que… transférée où ? Dans un autre centre ? Dans… » Mais dans ce cas-là… même si cela ne réglait pas la question de savoir où elle se trouvait au moins cela prouvait bien que… « Elle est vivante ? C’est bien ça que ça veut dire hein ? » Et de se tourner vers son nouveau camarade, qui savait peut-être mieux comprendre ces choses-là qu’elle.

La liste, de toute évidence, est source de troubles et de complications. Si ta mission première devait être assez simple – juste t’introduire en douce dans un bâtiment dortoir, trouver la liste et en ressortir sans être vu ou en limitant au possible les dégâts – il va sans dire qu’elle a pris un tour inattendu et bien plus risqué. Tu regrettes pas tes actions pour autant : même si t’as été repéré et que t’as fait une sortie pour le moins remarquée en faisant exploser une partie d’un escalier et d’un mur, t’en es sorti sauf, avec la liste, et en tirant une jeune hybride de ce qui aurait été un très mauvais pas si elle avait effectivement été capturée par ce putain de garde. D’un sort deux coups et un rush d’adrénaline en plus en cadeau. Ca te va.

T'as l'impression que ça trouble toujours Ocean cela dit même maintenant que vous êtes hors d’atteinte. Ca se comprend, aussi. Même après tant d’efforts et de risques courus, qui aurait pas peur des réponses qui devraient s’y trouver ? Parfois la réalité est plus dure que d’espérer, même en vain. Alors elle temporise, s’enquiert à la place des raisons qui t’ont poussé toi à chercher cette foutue liste. T’évoques Warren, sur la piste duquel t’as été envoyé. C’est pas aussi dur pour toi que ça l’est pour elle. C’est pas les mêmes enjeux, surtout pas la même affection non plus. Si elle est particulièrement proche de son amie, tu connais pas tellement bien Warren. T’es habitué aussi, dans une certaine mesure, aux pertes et aux ravages de la guerre, même si ça rend pas ça plus facile. C’est l’un des vôtres.
Elle s’inclut dans son espoir que vous le retrouviez, comme mue d’un engagement que tu lui découvres, et ça pousse la commissure de tes lèvres à un sourire en coin – a real manticore cub, this one. She just doesn’t know it yet. "Merci Ocean. On fera ce qu’on peut pour retrouver ton amie aussi," tu lui rends avec calme, une assurance qui se garde malgré tout une certaine réserve : vous savez pas encore ce qui vous attend, ce qui leur est arrivé.

Tu rediriges la conversation et votre attention vers la liste, lui propose même de regarder pour elle, si elle a besoin. Et elle a l’air d’hésiter, prise d’un dilemme qui agite à nouveau sa magie de houles plus nerveuses. Tu lui laisses le temps, continues à la regarder en tâchant de ne rendre ça ni pressant ni insistant, de façon à ce qu’elle sache que l’option tient toujours et que la décision est sienne. T’attends, même si c’est pas ton fort.
Elle rouvre les yeux pour croiser ton regard, te répond que c’est à elle de le faire alors même qu’elle se rapproche de toi et tu comprends le message implicitement, avant qu’elle ne l’énonce : avec toi, donc. "T’es courageuse. Regardons ça alors," t’acquiesces et l’encourages avec un hochement de tête alors qu’elle ouvre le dossier.

Penché vers Ocean, la tête un peu inclinée, de façon à pouvoir lire, tes yeux dégringolent la liste de noms souvent barrés. Une page – les lettres commencent à se flouter, isn’t there a spell to automatically the names you need ? Machinalement, tu fais à nouveau tourner la bague autour de ton doigt pour les occuper et t’aider à te concentrer. T’essayes  de voir si tu reconnais certains noms alors que la merfolk tourne les pages jusqu’à trouver la lettre voulue. Avant qu’elle n’y arrive, ton regard est attiré par le nom de Warren. Barré, la mention décédé indiqué à la va vite à la suite, un signe griffonné juste à côté. Tu fronces les sourcils mais t’assures de mémoriser le symbole. Un moyen d’indiquer les circonstances de sa mort ? Qu’il faisait partie d’un groupe de résistance et donc de vous ficher ? Ca soulève un tas d’autres questions sous l’amertume de la découverte de sa mort, sur lesquelles t’as cependant pas le temps de te pencher maintenant : Ocean a trouvé le nom de son amie.

Tes yeux quittent le nom pour chercher celui qu’elle souligne du doigts, t’étonnes pas de la trouver barrer alors qu’elle a commencé à réagir et que la peine a envahi ses mots et sa voix. Tu lui jettes un coup d’œil pour voir son visage déjà inondé par les larmes, et t’hésites une seconde avant de poser – lentement, pour ne pas la surprendre – ta main sur une de ses épaules, de pousser ta magie autour de la sienne, soutient silencieux mais manifeste. Y a pas grand-chose que tu pourrais lui dire qui soit pas fait d’évidences crasses, tu connaissais pas son amie, y a rien de réconfortant ni dans la connaissance de sa mort ni dans le futur trop noir qui se profile toujours. Juste, peut-être, de savoir qu’elle est pas seule – et encore, tu sais pas si c’est ce dont elle a besoin

Tu retournes sur la ligne de Lottie au même moment où Ocean réalise que… non. C’est la mention transférée qui la ponctue. Tu te poses les mêmes questions que la merfolk demande. C’est étrange. Louche, même, comme ces autres disparitions inexpliquées, sans preuve de quoi que ce soit, qui s’amassent depuis des années. Elle cherche ton regard, et avec une confirmation que tu peux pas lui donner avec certitude. T’hoches tout de même la tête. "Ca veut dire qu’elle a quitté le MOCHE vivante. Il y a encore une chance." Tu peux pas lui dire qu’elle est toujours vivante, parce que vous avez aucun moyen d’en être sûrs. Tu tais aussi d’autres doutes et d’autres possibilités, du genre qui pourraient être peut-être même pires que la mort. Si tu veux pas lui donner de trop grands espoirs au risque de la voir tomber de haut, pas besoin de l’alarmer inutilement non plus. Tu poursuis. "Mais ça veut aussi dire que tes recherches sont pas finies et que ça va se compliquer. Si t’as pas eu de nouvelles, c’est soit qu’elle est trop loin pour te rejoindre, soit qu’elle est hors d’atteinte – difficilement en tout cas." Tes yeux sont tombés sur le mot porteur d’espoir, les sourcils un peu froncés alors que tu réfléchis aux cas possibles. Tu lui souhaites d’être plutôt coincée chez un soi-disant sang-pur un peu inoffensif que d’être aux mains des mangemorts voire enfermée dans un labo. Ce serait sans doute le pire. T’en dis rien, ramènes juste ton regard sur Ocean pour soutenir le sien – et à nouveau, y a ce côté vif, un peu acéré, concentré sur vos possibilités d’action. " A quoi elle ressemble – Lotty c’est ça ? J’vais essayer de me renseigner, voir si quelqu’un l’a aperçue quelque part. Toi, faudra que tu fasses attention à toi, Ocean, après tout ça. Même si personne t’as vu ni avec moi ni avec la liste, ce serait dangereux que tu te fasses prendre à fouiner." T’es sérieux, et tu laisses la gravité s’installer, donner du poids à ta recommandation. T’es sûr d’avoir effacé les souvenirs du garde et réussi ton sort de désillusion pour la rendre invisible, mais on sait jamais. Y a toujours des imbéciles trop zélés pour tirer des conclusions hâtives – l’avoir vue entrer dans le bâtiment peu avant toi et peu avant l’attaque par exemple. Y a toujours, aussi, la possibilité qu’elle se fasse legilimens ou interrogée, aussi, alors mieux vaut qu’elle multiplie pas trop les risques en se faisant chopper là où on veut pas que vous fourriez le nez.

Relâchant son épaule, tu fouilles ta poche un moment à la recherche d’une montre rayée mais brillante, volée y a quelques années tu sais même plus où. "On va y aller. Faudrait pas que tu disparaisses trop longtemps, ça aurait l’air louche. Surtout, tu continues d’agir comme tu le fais toujours, ok ? Si tu me vois une fois, tu me connais pas - sauf si y a quelque chose qui va pas et que t’as besoin que je te tire de là." Tu marques une brève pause, avant d’ajouter ça, le temps de la réflexion. T’aurais tendance à pas l’ajouter pour pas l’inquiéter ; tu le fais quand même pour t’assurer qu’elle sache qu’elle a une porte de sortie avec toi, dans la continuité de ce que tu lui offrais déjà – partir, fuir ce système qui l’exploite pour vous rejoindre, pour trouver une communauté qui l’accepte enfin. Tu te lèves, manques d’oublier que t’as été blessé à la jambe mais t’en souviens juste avant de t’appuyer franchement dessus pour ce faire. "Je vais garder la liste pour pas qu’on te retrouve avec, ils mettront le vol sur mon compte comme ils t’ont pas vu la voler ni avec moi. On transplanera en plusieurs fois, peut-être pas trop près du MOCHE au cas où y a des mangemorts qui surveillent le coin." En temps normal, t’aurais sans doute préférer la laisser au MOCHE ou tout près, pour qu’elle ait l’air de quitter l’endroit d’où elle est venue, mais vu les circonstances, ça risque peut-être d’être plus dangereux pour elle, alors faut que t’avise. Pas seul cela dit : Ocean aussi a son mot à dire là-dessus.