tw: mention de meurtre, sang, violence


Sienna a toujours considéré qu’il était important de faire savoir à ses alliés que leurs actions et leurs renseignements étaient appréciés. Cette fâcheuse histoire avec les Holt se serait grandement envenimée si jamais une missive ne lui était pas parvenue et elle n’osait songer à ce qui aurait pu lui arriver, à elle, mais aussi surtout à ses infants, si les sombres desseins de son défunt mari avaient été menés à bien. En train de se recoiffer tout en fixant un portrait qui avait été réalisé d’elle et de cet imbécile de Lionel, au moment de leurs épousailles, elle était ainsi en pleine réflexion, alors que le sang maculait encore certains canapés du grand salon où le clan Graymalkin avait mis fin à cette funeste mascarade.

Oh, un sortilège ou deux sauraient venir à bout des taches les plus récalcitrantes.

Les corps, en tout cas, avaient été brûlés et s’en était suivie une odeur écœurante de porc carbonisé pendant quelques heures après l’extinction du bûcher expiatoire. Elle et Maximus s’étaient entendus sur le fait que c’était une bien bonne chose que le vent se soit levé. Leurs narines sensibles n’auraient pas souffert cette pestilence un jour de plus.

Désormais débarrassée d’un poids, Sienna avait remisé le pendentif que Lionel avait tenu à lui offrir au moment de leur union dans une petite boîte qu’elle avait envoyé se perdre dans le manoir délabré, et avait enfin écrit une lettre qu’un corbeau avait emportée en toute hâte, histoire de proposer à sa chère Margaret de se joindre à elle pour fêter cette libération en bonne intelligence. Et, le temps que la vampire à la chevelure tout aussi cuprifère que la maîtresse des lieux arrive, Sienna était descendue dans la cave pour sélectionner un bon cru bien sanguin. Autant dire que les bouteilles étaient plutôt jeunes, datant des dernières chasses avec ses infants, mais elle finit par en dénicher deux qui lui semblaient adéquates et remonta avec juste à temps. Les posant sur une table dans le petit salon (ce manoir avait tellement de pièces qu’elles n’étaient pas obligées de s’installer à l’endroit du massacre), la Graymalkin alla ouvrir l’huis à la sculpturale apparition et s’écarta pour la laisser entrer dans sa demeure. Un sourire charmeur étira ses lèvres alors que sa visiteuse la saluer : “Hello Darling. My condolences for your loss.” Un petit rire accueillit ces condoléances et Sienna se contenta d’un “Oh please, you’re gloating.” alors qu’elle refermait la porte derrière la Warlock et lui prenait le bras pour la guider dans sa modeste demeure. “I’m glad to see you’re doing fine, actually you’re glowing. Sienna Graymalkin, a widow. If someone told me. - And I have you to thank for that, indeed…” Traversant une bibliothèque remplie d’ouvrages anciens (ou plutôt, d’époque, en ce début de vingtième siècle), Sienna les guida enfin jusqu’au petit salon (« petit » parce qu’on ne pouvait y mettre que trois tableaux, et six canapés et autres fauteuils et desserte), et laissa son amie choisir où elle désirait s’installer, tandis qu’elle allait chercher la première bouteille (un sang de demi-vélane, forcément) et attira d’un geste de la baguette deux verres en cristal dans la vitrine entrouverte. Débouchant la bouteille d’un geste assuré et habitué, elle la huma brièvement, pour s’assurer que rien n’avait tourné. L’odeur délicate et quelque peu fruitée du sang l’assura de la qualité du breuvage, et elle servit en première son invitée, l’invitant à trinquer avant de répondre enfin à la question que Margaret lui avait posé alors qu’elles étaient en chemin. “To you, my dear, and the sisterhood we have.” Et prenant une gorgée du nectar légèrement sucré, Sienna inspira longuement avant d’avouer tranquillement :  “The manor is ours for tonight. They’re all out hunting.” Sur ses ordres. C’est que Sienna avait envie de remercier personnellement Maggie pour l’information qui lui avait sauvé la vie, et il fallait bien qu’elles soient tranquilles et n’aient aucune interruption d’aucun type. Croisant les jambes l’une sur l’autre, la Sanglante dévoila ses cuisses tandis que le tissu de sa robe vert émeraude, fendue jusqu’à la hanche glissait contre sa peau laiteuse. “I’m afraid all that remains of my beloved husband and his clan are some bottles of blood…” Sous-entendu, quelques bouteilles contenant du sang des Holt. C’était de notoriété publique que les Holt comptaient dans leurs rangs un vélane et une demie-néréide, tous les deux transformés en vampire par Holt. Leur sang avait été précieusement recueilli après les meurtres réalisés et ces bouteilles, encore sans dépôt de poussière dessus vieilliraient un peu avant d’être consommées. “Speaking of which, are you satisfied with the one we’re drinking? It’s a bit young maybe, a 1892.” Et tout en posant la question, la voilà qui se penchait légèrement pour replacer une boucle rousse derrière l’oreille de Maggie, en se rapprochant sans aucune subtilité -mais fallait-il l’être ?