wreck ⊹ infernal affairs.

remy lynch

Someday, you’re going to fuck up so magnificently, so ambitiously, so overwhelmingly that the sky will light up and the moons will spin and the gods themselves will shit comets with glee.

2002. Okay. This is bad.

Buck enfonce autant que possible ses poings fermés dans les poches poussiéreuses de son blouson en cuir mais rien n'y fait: le sol n'est pas en train de se résorber sous ses pieds pour l'avaler tout entier et le recracher ailleurs, de préférence aussi loin d'ici que possible.

Alors que Neal et l'homme dénommé Darragh échangent quelques mots, Buck fait mine d'être très occupé par l'absence de moulure au plafond - mais autant qu'il essaye de prétendre être distrait ou occupé dans un coin de sa tête, il ne peut pas s'empêcher de jeter des regards vers Grainne de temps à autres. Grainne. Remy.

Remy.

Pour être tout à fait honnête, il ne pensait jamais la revoir. C'est stupide, surtout en sachant à quel point la communauté sorcière britannique est minuscule et à quel point le pool génétique est aussi prévisible - mais Buck a toujours cru en sa bonne étoile, et ses talents d'escape artist lui ont toujours voulu d'esquiver les situations awkward du genre avec un doigté de pianiste et une chance de cocu.

Il aurait dû comprendre, depuis longtemps, que sa chance a tourné il y a des années et qu'elle est encore loin d'avoir fait un tour de cadran complet. C'est peut-être ces derniers mois qui l'ont rendu con. En voyant une porte de sortie à ses dettes multiples et ses très mauvaises décisions financières, en copinant avec Neal sous l'égide des Travellers, en vadrouillant partout en ville, dans le reste du Royaume-Uni jusqu'en Irlande - un parfum de liberté qui lui a retourné la tête, lui a fait momentanément oublier qu'il craint, que sa vie craint, que ça ne va jamais finir de craindre.

Buck a une très forte envie de se faire une rasade brûlante du whisky cheap planqué dans la flasque coincée dans la poche intérieure de sa veste mais, soudainement, les yeux clairs de Remy vrillent sur lui et il reste pétrifié sur place. Voilà deux minutes que lui et Neal sont entrés, deux minutes que les deux roux conversent à grand fracas avec un accent à couper au couteau que Buck a du mal à suivre - et, enfin, l'autre boss des Travellers arrache son regard du document de comptabilité devant elle pour jeter un coup d'oeil à ses invités inattendus.

Buck déglutit très difficilement et ses lèvres deviennent très sèches et il a très envie de se casser sauf qu'au moment où il fait un pas en arrière (en ayant la terrible impression d'être un animal de proie face à à l'apex prédateur du coin), Neal abat une main pesant trois tonnes sur son épaule. "As I was sayin, dis is Jemmy Jem, we've been wahrkin tahgether fahr... what?" Neal sourit à son adresse, l'invitant à dire quelque chose, mais Buck lui jette simplement un regard paniqué. "Aw comb ahn pal, dahn't be shy! You've been doin great wahrk and it's abooeht time de bahsses meet you. See, dis goehy right 'ere, 'e can do sahme crazy stoehff wit 'is 'ands. Show dem, Jemmy, comb ahn." Les yeux écarquillés de Buck passent de Neal à Remy, à Darragh, à Remy, à Neal, à Remy, à Neal, à Remy encore, et il sort les mains de son blouson mais elles restent le long de son corps. "Perfahrmance anxiety?" rigole Neal, mais Buck ne rigole pas du tout. "Errr..." Il ignore si son pote est insensible à son désespoir, ou s'il s'en amuse: c'est toujours dur à dire, avec ce salaud.

Buck s'humecte les lèvres et étire sur ses lèvres le sourire le plus charmant et désarmant de son répertoire, celui qui faisait fondre Remy à chaque fois, avant. "Hi." Du génie.

Spoiler:

Un an déjà que ce gang se casse la gueule et que les trafics clandestins font la triste mine. Chez les Travellers, c’est pas folichon et c’est pas les comptes qui te diront le contraire. Assise sur une chaise branlante, ta canne appuyée contre le dossier d’une autre chaise vide à ta gauche, t’es penchée sur des pages et des pages de chiffres que t’enchaînes comme on sifflerait un petit shot de whisky pour faire passer la pilule. Dans le fond du pub désaffecté, vous êtes plutôt tranquille pour causer crime organisé et tractations obscures. C’est aussi le lieu où vous recevez si besoin une éventuelle nouvelle recrue. Bien sûr, ça se fait par cooptation. Tant que personne se porte garant, c’est même pas la peine d’espérer entrer en discussion avec vous.

Mais là, quand même, t’aurais préféré avoir le nom du trouduc qu’on voulait vous présenter avant qu’il se pointe devant vous. Parce que bon, Neal, là, avec son pote « Jemmy Jem », il a sacrément trompé son monde. T’as grogné un « Fock no » tout bas, que Darragh a pu facilement entendre avant d’aller accueillir Neal, quand t’as vu la mine trop familière de Buck se détacher des ombres.

Résultat, t’es restée assise derrière la longue table, et t’as fait mine de revenir à tes parchemins de comptes. Toujours intéressant de regarder un peu comment vous vous débrouillez quand on arrive au milieu de l’année. T’es toujours sur la même page depuis deux minutes, mais c’est pas parce que t’as du mal à comprendre ce qu’il se passe dans les chiffres, faudrait pas déconner. Non, c’est que tu sens que progressivement quelque chose monte en toi. De la colère. De la fureur. De la douleur. T’as beau avoir les pieds ancrés sur le sol, posés solidement, tu sens quand même un tremblement dans ton genou droit, et tu sais que c’est pas parce que tu fatigues, ça non.

De quel droit est-ce qu’il se pointe ici ?

Tes billes bleu perçant s’accrochent aux traits d’encre qui dessinent une histoire de flambée des prix et de chute des effectifs dans les mois précédents, tout ça pour ne pas papillonner vers la silhouette de ce connard qui t’a lâchée comme la dernière des merdes il y a de cela plus de quinze ans. À croire que la rancune est tenace chez toi, ce qui serait plutôt logique. Tu finis néanmoins à relever la tête vers lui, parce qu’il va bien falloir le dévisager à un moment, sinon on pourra croire que t’as peur de lui (alors que, soyons sérieux deux minutes, c’est plutôt lui qui devrait flipper vu votre passé commun réduit en miettes). Tu le fais, parce que en tendant l’oreille pour écouter attentivement ce que Darragh et Neal racontaient à toute berzingue, tu as bien compris qu’il va falloir causer sérieusement, comme des adultes. Tu replonges la plume dans son encrier et tu attends, patiemment. Les pas de ton jumeau le ramènent sur la chaise à ta droite, et tandis qu’il s’assied, tu dévisages Neal d’abord, puis Buck, avant de revenir au loubard ravi d’avoir toute votre attention. En les observant tous les deux, tu supposes que Buck s’est fait un bon ami, mais tu ne comprends toujours pas vraiment ce qu’il attend de vous, à part peut-être un peu plus de jobs juteux. Appuyée contre le dossier de ta chaise, tu écoutes, et un peu contre ta propre volonté, tes billes se sont ancrées sur le visage de Buchanan Jr. Tu poses un coude sur la table et te rends compte dans la manœuvre que tu as réussi à te mettre de l’encre sur la tranche de la main, mais bon, c’est le moment où Neal commence à parler des mains de ce bon vieux « Jemmy Jem » et essaye de l’encourager à retrouver sa voix. Et il fait sans doute ce qui achève de t’exaspérer.

That focking smug smile.

Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres, et tu jettes un coup d’œil à ton jumeau, à ta droite, comme pour le laisser prendre la parole en premier, ce qu’il te laisse bien évidemment, par un « You’re dem Brains, lassie. » Lever les yeux à ce genre de remarque est devenu une habitude, ce que tu fais après un petit son de dépit, puis tu reviens à la silhouette malhabile de l’autre abruti briseur de cœur, le cernant de tes prunelles glacées : « Neal here says you’ve got something grand teh show us? Let’s have it. ’t boehtter be good, tho, Jemmy. » Comme si tu le connaissais pas spécialement. Comme si t’avais pas qu’une envie : bondir par dessus la table et lui abattre ta canne sur la gueule, comme une Moldue.

Spoiler:

Le sourire était peut-être une mauvaise idée, vu le regard assassin que jette Remy dans sa direction - mais c'est plus fort que lui, Buck ne sait véritablement pas à quoi s'attendre de sa part. It's always the same with you, lui a un jour dit sa femme (son ex-femme) (future ex-femme) (il a reçu les papiers il y a deux mois) (les a mis au feu) (a légalement été obligé de les réassembler lui-même). When you freak out, you switch back to that good boy charm and honestly, sometimes, it's borderline offensive.

Remy n'a pas l'air offensée mais meurtrière.

Yay? Non? Buck ne sait pas ce qui est préférable.

Après tout, elle ne va pas réellement le tuer? Neal lui a dit que les Travellers, c'était du sérieux mais que c'était pas non plus des petits thugs ou des tueurs en série de pacotille, hein ("We're naht foehckng Warlahcks," a-t-il même dit, sans expliquer en quoi être en sorcier mâle était un problème - Buck n'a pas osé poser la question). Et ils peuvent pas tuer le dernier des connards impunément. Right? « Neal here says you’ve got something grand teh show us? Let’s have it. ’t boehtter be good, tho, Jemmy. » D'accord, technique classique de "on n'a qu'à faire comme si on se connaissait pas". Buck peut travailler avec ça: il a utilisé la même technique plusieurs fois avant, avec des conquêtes secrètes et rapidement oubliées, pour ne pas rendre des situations gênantes plus gênantes encore.

"Alright, errr..." Il adresse un regard à Neal qui lui sourit, encourageant, lui tapotant l'épaule avant de la relâcher. "Alright." Buck a l'impression d'être un gamin de nouveau, tremblant et hésitant, incapable d'aligner deux tours de passe-passe devant son public à l'oeil critique. Il n'a jamais eu le trac, pourtant - mais là, sous le regard clair des jumeaux Lynch, il sent un noeud individisible lui serrer l'estomac. Il a peur de se faire... lyncher. Littéralement.

Et pourtant, ce couillon s'avance jusqu'à la table derrière laquelle est assise Remy et tend la main vers elle. Et comme un magicien de pacotille, il se penche pour faire mine d'attraper quelque chose derrière son oreille. En ramenant sa main vers lui, Buck fait apparaître une rose, rouge, entre ses doigts - et avec son pire sourire, il laisse tomber la fleur sur la table face à Remy. C'est que quand il est né, ils étaient apparemment à court de bon sens et d'instinct primaire.

Il se doute néanmoins qu'un tour de magie digne d'un moldu ne sera pas suffisant pour montrer l'étendue de ses capacités alors d'un mouvement brusque, il se retourne et lance la rose en direction du visage de Neal. La rose se transforme en une pluie de papillons colorés, faisant glapir Neal de surprise dont les mains se lèvent par réflexe vers ses yeux. Ils disparaissent dans un scintillement pailleté (et un étrange bruit de maracas), révélant les poignets de Neal tous les deux encerclés de menottes clinquantes.

"So..." Buck se tourne vers Remy et se recule de la table, son visage ayant récupéré quelques couleurs. "Yeah."

S’il y a une chose qui peut te mettre un peu de baume au cœur (quoique, pas sûr que ça apaise tes blessures soudainement rouvertes à vif), c’est peut-être de voir que James Buchanan Jr n’en mène pas large à devoir te faire face. Le problème, c’est que passée la gêne soudaine de ces retrouvailles imprévues, ce trou du cul a l’air de reprendre un peu de contenance, et commence à enchaîner connerie après connerie.
Non parce que si on te demande, cette rose rouge qu’il fait apparaître de derrière ton oreille, c’est vraiment pas le meilleur moyen de te garder calmer. C’est même plutôt la pire option, parce que la proximité, même fugace, fait remonter pas mal de trucs.
Trop de trucs, même.
Ta mâchoire se contracte, mais pour le moment, personne ne s’en rend compte, vu que tout le monde est trop occupé à regarder le manège du magicien de pacotille. Dans un sens, si t’arrivais à être complètement objective vis-à-vis de ce type, le numéro ne te ferait rien. Mais t’as quand même du mal à digérer le fait qu’il se pointe comme une fleur sur ton terrain.
Pas comme s’il s’était vraiment excusé, depuis cette rupture en carton qu’il t’avait balancée au moment où tu aurais sans doute eu le plus besoin de lui.

Alors oui, il savait y faire, avec la magie informulée et la magie sans baguette, ça, tu pouvais le prendre en note et le concevoir. C’était pas la première fois que tu le voyais faire le malin avec ça et, objectivement, tu ne pouvais rien y redire.

Mais ce foutu sourire de con qu’il esquissait comme un réflexe défensif quand il croisait ton regard !
Ça non, ça pouvait pas passer comme un hibou dans une cheminée.

Tes doigts entrecroisés se serraient sans que tu ne t’en doutes, tes phalanges blanchissant alors qu’il lançait alors la rose vers Neal qui avait dû être bercé trop près d’un mur pour s’émerveiller d’un tour de passe-passe pareil. Une fois la démonstration terminée, tu pousses un soupir un peu désabusé avant de tourner la tête vers ton voisin, pour t’arracher un instant à l’observation de l’autre couillon. Il semblait que ton jumeau ne serait d’aucun secours aujourd’hui, bien entendu, vu qu’il haussa les épaules, le visage inexpressif au possible.
Bon, dans un sens, ça voulait dire que tu avais toute latitude pour envoyer chier Buchanan Jr si jamais ça t’ulcérait à l’avance de te retrouver à donner du boulot à cet ex en particulier.
Mais de l’autre, puisque tu avais toute la responsabilité décisionnaire pour cette entrevue, il fallait réfléchir en termes d’intérêt du gang, et pas de tes intérêts personnels. Et puis, avec un peu de chance, tu le croiserais peu, ce qui serait tout aussi bien. Passant une main rapide dans tes cheveux blonds coupés en carré flou, tu te forces à te détendre et tu étires tes épaules en arrière pour tâcher péniblement de ne plus être aussi crispée que les minutes précédentes.

« Alright. », tu concèdes avant de poser brièvement ton regard glacé sur ton ancien amant, puis sur Neal, en arrière-plan, qui a l’air franchement ravi de la scène, content de voir que son bon copain a réussi à montrer toute l’étendue de son talent. Basculant brièvement ta tête en arrière pour faire craquer tes cervicales, tu souffles et tu poses les mains à plat sur la table, histoire de te forcer à arrêter de te broyer les doigts. « Not bad, I’ll admit. » Te voilà qui t’adosses à ton siège et croises les bras tranquillement, alors que la cadence cardiaque s’est accélérée autant que tu contiens ta rage.

« So, besides from flowers, butterflies and handcuffs, what else are you able to conjure out of thin air? » Et au coin de tes lèvres, un sourire narquois, peu impressionné. « ’Cause this ain’t a bloody circus, here, no matter what we may look like. Ça fait bien longtemps que tu n’es plus regardée comme une bête de foire avec ta canne et ta démarche spécifique, mais le voir, ici, ça te renvoie quand même dans la gueule des jours bien sombres de ton existence. What kind of serious job do you intent to cover, James? » Faut bien que tu restes polie : c’est en qualité de recruteuse du gang que t’es là et que tu accueilles ce prétendant (professionnel, hein, qu’il n’essaie même plus de se rendre agréable à ton cœur qui lui est définitivement défendu). « What have you been doing up ’til now with Neal, who speaks so highly of you? »
Et alors que Neal commence à faire mine de vouloir reprendre la parole, tu lèves simplement un index, histoire de lui signifier qu’il a fait son vendeur de tapis, et que c’est maintenant à Buchanan Jr de montrer à quel point il a besoin de cette rentrée d’argent peu scrupuleuse.
Parce que bon, tu sais que c’est un putain de beau parleur, et t’as bien envie de vérifier s’il continue à dire de la merde à longueur de journée, ou s’il croit un peu plus aux conneries qu’il professe.

Spoiler:

Petit silence gênant qui s'installe, Buck ne peut pas s'empêcher de renifler: "tough crowd, eh" à mi-voix, s'attirant un regard noir de la part de Neal qui lui fait signe de se taire et d'attendre, apparemment pas très inquiet des menottes pourtant bien magiques ceignant ses poignets. Enfin, Remy ouvre la bouche: « Alright. » ...ok, pas top. Buck grimace un peu. Tough crowd indeed, couldn't have found a tougher one however - il est même surpris que Remy ne lui offre pas une page de son propre livre en faisant s'écrouler le pauvre plafond sur lui et ses jambes...

Oh, yikes, mauvais souvenir - Buck s'en éloigne avec empressement.

« Not bad, I’ll admit. » Buck se redresse un peu, pas indifférent au léger compliment, et carre les épaules alors qu'un nouveau sourire à bouffer de la merde s'étire sur ses lèvres. « So, besides from flowers, butterflies and handcuffs, what else are you able to conjure out of thin air? » Le sourire méprisant sur les lèvres de Remy le pique à vif et Buck se sent rougir, s'étouffant sur sa fierté malgré lui. Où est Mike quand on a besoin de lui?! « ’Cause this ain’t a bloody circus, here, no matter what we may look like. What kind of serious job do you intent to cover, James? » Il rougit de plus belle en entendant son prénom dans la bouche de son ancienne amante et prend l'apparence d'une jolie tomate sur le point d'exploser. « What have you been doing up ’til now with Neal, who speaks so highly of you? » Remy lève la main pour faire signer à Neal de se taire et Buck reste silencieux, ses yeux clairs vissés sur elle.

"You want to see what I can conjure up for you, Remy?" Cette fois, quand ses doigts se lèvent dans les airs, ils tracent précisément le sortilège et un cercle de feu apparaît devant lui et face à Remy. C'est elle qui a parlé de cirque - le temps de quelques battements de coeur, un énorme tigre du Bengale en sort en sautant, comme il le ferait lors d'un spectacle, tous crocs dehors et gueule écumante à l'haleine fétide. Ses crocs sont seulement à un centimètre de Remy quand l'animal se transforme en une nuée épaisse de corbeaux noirs qui se répandent brutalement dans toute la pièce. Quand ils disparaissent, Neal a sa baguette pointée sur Buck et ce dernier a dans les mains les documents qu'elle était en train de consulter qu'il déchire sans plus de cérémonie. "Check your back pocket," siffle-t-il avec humeur, prestigidateur fatigué de sa performance. "I've been helping Neal with your precious leprechauns and trying tae get ya fucking horses handled." Pourquoi est-ce que son terrible accent du Nord ressort à ce point à chaque fois qu'il cause deux minutes à un irlandais? Il s'éclaircit la gorge pour se reprendre. "I didn't come here to waste my fucking time. Am I in, yes or no?" Il plisse des yeux. "And you can call me Buck. James is my da."

TW• jurons toutes les trois lignes, insultes envers les mères

Plutôt imperturbable vis-à-vis de l’homme qui se transforme en tomate, tu restes toute en retenue. Parce que si tu laisses tes émotions prendre le pas sur ce que ta raison te dicte froidement, tu vas vraiment finir par l’éclater, avec son sourire de connard n’ayant vraisemblablement pas conscience de la merde noire dans laquelle il est. Tu essaies de ne pas trop laisser parler ton mépris, mais le problème c’est qu’en muselant comme tu le peux ta colère, tu n’as quand même pas l’air bien sincère, à t’enquérir de ses réussites et de ses capacités plus poussées.

Il semblerait en tout cas que tu aies piqué sa susceptibilité à vif, vu l’expression qu’il affiche. "You want to see what I can conjure up for you, Remy?" qu’il commence ainsi, avant de se faire plus offensif dans ses sorts. Toi, tu ne bouges pas. Tu ne bouges pas quand le tigre surgit du cercle enflammé, pas plus que quand il se rapproche de toi, tend ses griffes vers ton visage. Tu cilles peut-être lorsque le félin se transforme en un ensemble de corbeaux qui s’éparpillent en croassant et en lâchant des fientes un peu partout. Tu ne bouges pas quand ils disparaissent, ou presque. Les seuls mouvements que tu esquisses au moment où ta vision est dégagée et que tu peux de nouveau observer Buchanan Junior sans obstacle, c’est vers ta canne, dont tu t’empares en crachant un "Motherfucker!" alors qu’il déchire les documents que tu consultais jusqu’à peu, et que tu te lèves, furieuse. Neal et Darragh ont été plus rapides que toi, parce qu’ils le pointent déjà de leur baguette alors que tu en es encore à extirper ta propre arme de son fourreau-canne.

S’il ne perd pas la vie à l’instant, c’est parce qu’il siffle un avertissement. "Check your back pocket," Coup d’œil à ton jumeau, comme pour savoir s’il est pas en train de vous entuber complètement. Ton cœur pulse rapidement, ton envie de trucider ton ex est clairement passée au dessus du seuil acceptable, mais quand même, tu fais tous les efforts du monde pour lui accorder le bénéfice du doute et tu glisses la main dans la poche arrière de ton pantalon. Contre toute attente, tu y trouves quelque chose et, le temps que tu le sortes, ce qui avait l’air minuscule entre tes doigts grandit de seconde en seconde pour revenir la liasse de papiers qu’il avait pourtant déchirés sous tes yeux.
Première pensée, dépitée : That asshole is fucking good.
Seconde pensée, plus agressive : He’s also too stupid for his own good.
Pas le temps de répliquer, qu’il reprend la parole avec presque humeur. "I've been helping Neal with your precious leprechauns and trying tae get ya fucking horses handled." Insulter les chevaux en présence Darragh est sans doute la pire idée du monde, mais tu ne dis mot, encore trop furax pour considérer qu’il est temps d’ouvrir ta gueule. "I didn't come here to waste my fucking time. Am I in, yes or no? And you can call me Buck. James is my da. - Fuck you!" est la première chose que tu trouves à éructer en lâchant la liasse de comptes sur la table.

D’un geste silencieux de ta baguette, tu écartes brutalement la table, sans perdre du temps à la contourner, et te voilà qui avances vers cette espèce d’enflure, sans le soutien de ta canne, dont le fourreau en chêne massif est posé sur une chaise. Et comme pour anticiper un quelconque mouvement, tu plantes ton regard dans celui de l’outrecuidant visiteur, comme si seule cette pression oculaire allait suffire à le figer sur place. Tes pas sont prudents quoique déterminés : il ne manquerait plus que tes jambes se dérobent à ce moment précis. À croire que l’adrénaline t’aide à garder une démarche digne et droite. Une fois à sa hauteur, tu lui intimes, rien que pour lui, calmement, avec une esquisse de sourire pour la façade, mais la haine qui brûle au fond de tes prunelles : "Try to pull this kind of crap again, and I’ll blow your fucking head off." Aucun signe ne permettrait de mettre en doute pareille menace. Et, plus haut déjà, pour que les deux rouquins dans la pièce puissent profiter aussi de ton langage fleuri. "You’re lucky I don’t have a bloody temper but consider this your first and final warning: fuck up or show direspect, Buck, and you’ll be sorry. And don’t expect whatever we had to be an efficient shield here." Là, tranquillement, tu largues la bombe. Pas que Darragh ignore que Buck est un ex, même s’il ne connaît pas les circonstances exactes qui ont amené à votre séparation. Mais des fois que Neal ne soit pas au jus…

Une fois que tu as dit ce que tu avais besoin de lui cracher à la gueule, tu cilles. Ton jumeau fait en sorte de te rappeler que c’est mieux de verbaliser clairement ce que tu penses de cette histoire. "Grainne?" Tandis que tu te retournes vers Darragh, tu inspires profondément et tu hausses les épaules alors que tu attires à toi le reste de ta canne pour encastrer de nouveau ta baguette dans son socle : "Fine by me. But under Neal’s supervision, that is.", ajoutes-tu en dévisageant de nouveau ton ancien amant, comme pour voir s’il a bien compris ce que tu lui as expliqué dix secondes plus tôt.

"Fuck you!" C'est presque une victoire, il imagine, d'arracher ce cri de la bouche de Remy. Si il était en train de se disputer avec Anne - une mauvaise habitude devenue quasi-quotidienne sur la fin -, il se serait permis de sourire d'un air insupportablement condescendant, de quoi raviver les flammes de la colère en son sein. Mais face à Remy, en étudiant son visage semblant sorti d'une autre ère de sa vie, Buck se surprend lui-même a ressentir un certain... dépit.

Dépit qui est bien vite remplacé par de la peur quand Remy, d'un mouvement brusque de sa baguette, écarte brutalement la table qui les sépare et s'avance comme un train sur ses rails: inébranlable, et impossible d'y réchapper. Buck doit vaincre la peur qui vient lier ses muscles pour lui murmurer de s'enfuir, et tient bon en carrant les épaules et en serrant les mâchoires, ses yeux clairs fichés dans ceux de son ancienne amante avec un air de défi. "Try to pull this kind of crap again, and I’ll blow your fucking head off." Un frisson désagréable dévale le long du dos de Buck face à ce murmure venimeux, et il cligne lentement des yeux en regardant Remy comme si il la voyait pour la première fois. "You’re lucky I don’t have a bloody temper but consider this your first and final warning: fuck up or show direspect, Buck, and you’ll be sorry. And don’t expect whatever we had to be an efficient shield here." Il la dévisage, et il essaye de transposer son expression haineuse au visage charmant qu'il a connu un jour, et aimé.

Il a repensé à Remy, souvent, toujours avec une pointe de regret et de culpabilité. Et puis avec une sorte d'agaçement, à l'idée de se sentir coupable. J'ai fait ce qu'il fallait que je fasse pour préserver mon mariage - quel tissu de conneries quand on sait comment il s'est fini. Dans une autre monde, Buck aurait peut-être pu prendre sa vie à deux mains et admettre qu'il aurait bien plus heureux avec quelqu'un comme Remy, ruinée et accidentée, que quelqu'un comme Anne. Où seraient-ils aujourd'hui? Peut-être que ça aurait fini comme son véritable mariage: dans la violence, les larmes et la colère. Parce que c'est tout ce qu'il sait faire, non?

Ses yeux passent d'un oeil de Remy à l'autre. Il ouvre la bouche pour répondre, mais les mots restent suspendues; ses mâchoires claquent quand il presse de nouveau ses lèvres ensemble. "Grainne?" Remy se détourne, et Buck soupire discrètement, la nuque tapissée d'une sueur froide et désagréable. "Fine by me. But under Neal’s supervision, that is." Une deuxième chance, en quelques sortes. Buck soutient le regard de Remy et puis ploie lentement l'échine, enfonçant ses mains dans les poches de son blouson défoncé, rentrant les épaules comme un gamin pris la main dans le sac. "Sure." Il a bien compris tout ce qu'on lui a dit, oui oui oui, il va être sage maintenant. Ça fonctionnait peut-être quand il avait quinze ans, sous le regard de cet enfoiré de Shacklebolt, mais ça ne semble pas convenir aux irlandais, alors il se force à continuer: "I'm sorry, won't happen again." Et après un moment de battement et de réflexion - visible à ses sourcils qui se froncent légèrement: "Ma'am." Il ne croit pas imaginer le reniflement amusé qui lui parvient de la direction de Neal, et il se retient quand il a la soudaine envie de se retourner pour lui adresser un regard noir. Autant être trop obséquieux que pas assez.

Et peut-être que contrairement à ce qu'il pensait, il ne connait pas Remy aussi bien qu'avant.

Cet espèce d’imbécile comprend enfin quel est le rang que tu occupes, on dirait. Fini le sale rictus que tu veux lui arracher de la gueule avec tes ongles. Finie l’étincelle de défi dans les yeux dans lesquels tu aimais te plonger, quinze ans plus tôt. Fini cet air de couillon qui croit que t’es encore éprise de lui, suffisamment pour tout lui passer et te prosterner devant sa maîtrise de la magie. Ça fait du bien de voir qu’il a capté que t’étais plus sa meuf et qu’il pouvait pas te balader comme avant, à te raconter que bien sûr qu’il allait quitter sa femme, mais que pas tout de suite, tu comprends.

Plutôt crever.
Néanmoins, ça serait bien que tu arrêtes de repenser à ce genre de choses alors qu’il faut toujours que tu te contrôles et que tu agisses dans l’intérêt de ta famille et de ton gang.

Le voir courber l’échine, se diminuer, marquer sa soumission au moins hiérarchique, ça te fait déjà du bien. Tu le toises quand même, le regard toujours aussi sombre qu’un ciel orageux. Appuyée de nouveau sur ta canne, tu sais que tes genoux vont pas tarder à flancher et que tu ne tiens debout, droite, que parce que l’adrénaline te l’a permis. Les deux mains sur le pommeau, la canne posée entre tes jambes, tu restes grave dans ta posture et tu sens le regard de ton jumeau sur ta nuque (pas besoin de le regarder, il te connaît par cœur et sait très bien pourquoi tu évites de croiser ses yeux). Lorsque Buchanan présente ses excuses, ça t’enlève un poids.
Pas que tu lui pardonnes la façon dont il t’a quittée il y a si longtemps.
Mais tu sais bien que c’est pas pour ça qu’il s’excuse (ça serait trop beau !).
Alors tu prends ce qu’il y a.

Il est peut-être moins con qu’avant. (Bon, tu doutes sérieusement de ça.)

"Hm. You’ll get paid what anyone gets when they start here." poursuis-tu, histoire de clarifier tout ça. "7th of each month. The pay will get better once we’re satisfied. Neal!" ton regard froid semble se réchauffer lorsque tu fixes le rouquin qui a cru bon d’embrigader ton ex : "keep up with the good work, lad." les jointures de la main droite blanchissent mais sont dissimulées par la main gauche, posée dessus. Tu inspires en silence, et puis tu reviens enfin à Buck : "Any important question? For all the rubbish, you shall annoy your pal."

Le silence s'étire et Buck garde les épaules voûtées comme un gros animal blessé, les yeux baissés. Il s'épuise dans sa contemplation du bout métallique de la canne qui est plantée devant les deux jambes de Remy. Il se souvient comme si c'était hier des news de l'accident, de son inquiétude multiple - pour son état, mais aussi pour le fait qu'Anne pourrait être amenée à découvrir sa tromperie... Au final, c'est ça qui a prévalu. Il l'a regrettée, sa belle Remy, a failli lui envoyer mille hiboux, était à deux doigts de se jeter à ses pieds des dizaines de fois. Mais il ne l'a jamais fait, par honte, par instinct de survie, par faiblesse, par lâcheté, par peur.

Il se retrouve bien con, tout d'un coup. Pour une fois, même Buck admet qu'il a bien déconné.

"Hm." C'est du passé, tout ça. Mais pas si loin que ça au final. "You’ll get paid what anyone gets when they start here." Les yeux clairs de Buck se lèvent vers elle, la regardent d'en-dessous (technique de lover qui sortait Anne hors d'elle). "7th of each month. The pay will get better once we’re satisfied. - Yes, ma'am. - Neal!" Être payé. Le sept du mois. Parfait! Buck sent une étrange excitation l'étreindre, et une certaine impatience - ainsi qu'un vif soulagement qui manquerait presque de le renverser. "Keep up with the good work, lad." Baragouin d'anglais à la sauce irlandaise du côté de Neal, bien content et soulagé lui aussi de la tournure des choses. Si ils le lui avaient demandé, Buck ne doute pas que l'autre grand dadais n'aurait pas hésité une seule seconde à laver le sol de la pièce de son sang, mais il ose espérer qu'il aurait eu un grain de tristesse à l'idée de perdre un bon pote.

"Any important question? For all the rubbish, you shall annoy your pal." Buck secoue aussitôt la tête, plutôt enthousiasmé à l'idée de se casser fissa. "Nothing ma'am, thank you." Il fait un pas en arrière, puis deux en réalisant qu'on ne va pas l'arrêter. "Thanks," répète même-t-il dans sa barbe. "Uh, I'll do you proud." Il regarde Remy une dernière fois, jette un regard à Darragh qui le fait rougir jusqu'à la pointe des oreilles, et sursaute quand Neal pose une grosse patte sur son épaule avant de l'entraîner vers la porte sans lui laisser l'opportunité de se retourner.

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