Studios de la BCBC - Octobre 2007 Honnêtement, Paris ne s'était pas attendu à ce que ça soit aussi facile de rentrer dans les studios de la BCBC. Cependant, tout le monde court partout, personne ne fait attention à personne, et le portier ne semble clairement pas payé assez pour vraiment faire attention à qui rentre et qui sort. Donc Paris n'a qu'à se pointer - vêtue de son plus beau manteau de fourrure grise (histoire de faire un peu professionelle quand même) - lui offrir son plus beau sourire en lui montrant ses papiers d'identités, et lui faire deux trois compliments pour qu'il lui donne un badge visiteur et la laisse passer le portique de sécurité. Good, elle se dit. R. Scam wasn't stupid enough to signal her to security.

Dans les couloirs qui mène au plateau de tournage de la chaîne d'infos, Paris fait tourner quelques têtes. Il faut dire que vu son accoutrement - ses talons bleus pastels et ses lunettes de soleil flanquée sur le crâne - elle aurait plus sa place du côté de la Crystal Réalité ou des Soap Operas plutôt qu'ici. Mais bon, personne ne l'arrête alors elle garde la tête haute et marche avec détermination à la recherche de sa nouvelle meilleure amie.

Quand elle arrive au niveau du plateau, Paris s'arrête pour observer la pagaille que c'est, les lèvres pincées. Elle est à la fois émerveillée et un peu amer, l'environnement la faisant penser à Lucrèce, toujours MIA. C'est peut être mieux ainsi, d'ailleurs. Paris ne sait pas encore ce qu'elle fera quand elle la verra. Cependant, son absence commence à peser et elle déteste ça, ne pas savoir où elle est ou avec qui. Et elle pense que tant qu'elle ne l'aura pas revu, elle gardera en tête la vision de Carrie et elle, ensemble. Rien que d'y repenser, elle sent la colère remonter et elle a envie de se défouler.

R. Scam. Where is that bitch hiding?

Paris essaye de la trouver parmi les gens qu'elle voit passer et repasser mais aucun ne ressemble à R. Scam et, d'ailleurs, aucun ne semble faire attention à elle cette fois. L'atmosphère est lourde, pesante, comme si quelque chose de grave s'était passée et Paris suppose que ça vient du gars qui a disparu. Robbie Potter ou quelque chose comme ça. Elle n'est pas sûre de trop avoir compris qui il est ni pourquoi les terroristes tiennent tant à mettre la main sur lui mais visiblement, ils ont réussi. Soit. ça ne risque pas trop de changer sa vie. Il n'était pas un de ses clients, lui.

Paris veut bien attendre mais, au bout d'un moment, l'attente commence à se faire longue. Alors, sans vraiment y réfléchir, elle claque des doigts quand elle voit une femme passer devant elle, l'interrompant visiblement dans sa tâche, comme si elle était chez elle. "Hey, you! Can you tell me where I can find Rowan Scamander? I need to talk to her." La femme s'arrête devant elle et Paris est alors frappée par l'étrange sentiment de l'avoir déjà vu quelque part.

tw: PTSD
Comme tous les jours, Chanel travaille d'arrache-pied. Sa place à la BCBC, elle l'a méritée. Ce poste d'assistante de production n'est pas le plus haut dans la pyramide, mais il lui a ouvert des portes. Parfois, elle se prend à rêver à une carrière d'actrice ou de présentatrice. Un travail en or qui lui garantirait une vie de faste et de luxe. La vie qu'elle mérite, celle dont elle rêve. En attendant, Chanel se retrouve à faire le café et à réserver des chambres d'hôtel la plupart du temps. Avec les années, on lui a confié un peu plus de tâches et elle gère aussi les plannings et achète tout ce dont Rowan Scamander a besoin pour son émission. Un job ingrat, mais bien plus prometteur que celui d'hôtesse d'accueil qu'elle avait décroché il y a quelques années.

── Daniel, why isn't Studio 210 ready for tonight? Chanel tape frénétiquement du pied et le bruit de ses escarpins résonne entre les quatre murs. ── Well, I-I don't know. It was supposed to- ── I don't care what should have been done. I need the studio by tonight. Get it done or you're fired. En vérité, Chanel n'a pas vraiment la possibilité de virer qui que ce soit, mais Daniel l'ignore. Il n'est qu'un stagiaire incapable de faire son travail correctement. Si Rowan n'a pas de plateau pour tourner le journal de ce soir, c'est elle qui risque de perdre son job. Et c'est tout bonnement impossible. Pas après tout ce qu'elle a enduré et tous les sacrifices qu'elle a dû faire. ── Go now! ── Yes, Madam. Le jeune homme se faufile rapidement dans la foule à proximité, mais Chanel n'a pas une confiance totale en ses compétences et va s'assurer elle-même que le studio est bel et bien disponible pour ce soir.

D'un pas déterminé, elle se rend en direction de la cafétéria quelques étages plus bas, afin d'aller se prendre un café et d'en récupérer un pour amadouer celui qui pourra régler son problème. Chanel ne fait pas vraiment attention aux gens qui se trouvent sur son chemin. A la BCBC, il faut savoir se frayer sa propre voie, tant les locaux grouillent de monde. Il est si facile de passer inaperçu, mais ce n'est jamais son cas. Le menton levé, elle descend quatre à quatre les escaliers menant au rez-de-chaussée.
Elle est presque à la cafétéria, lorsqu'elle se fait interpeller. ── She is not available. You have to make an appointment at the- Chanel ne termine pas sa phrase, trop choquée par la présence d'une vieille connaissance face à elle. Paris. She didn't die after all. Les souvenirs de son enfance remontent à la surface comme un raz-de-marée. Chanel s'est stoppée net dans sa lancée. Malgré les années, elle n'a pas totalement changé. Si ce n'est son look extravagant. ── You shouldn't be here. This is for employees only. I don't want to call security but I will if I have to.

Ce n'est sûrement pas très poli de dévisager une inconnue de cette façon mais Paris n'a jamais vraiment été un exemple en la matière. Et puis, elle n'est même pas sûre que cette femme est une inconnue, son visage lui paraissant étrangement familier. "She is not available. You have to make an appointment at the-" elle commence à lui répondre avant de se stopper nette dans sa phrase, Paris prête à parier que cela vient de son apparence. Ce n'est pas la première fois qu'elle a ce genre d'effet sur quelqu'un. "You shouldn't be here. This is for employees only. I don't want to call security but I will if I have to."

Paris la dévisage encore un peu plus, lève un sourcil, presque offensée, et rétorque, "Ah but see, I'm not just someone passing by. I'm a friend of hers. Tell her that Paris Hepburn has come to see her. She'll know what it's about," elle dit avec un petit sourire en coin qui ferait pâlir de jalousie la plus désagréable des sang-purs. Sa phrase semble assez claire, cependant, la femme ne bouge pas d'un pouce et Paris fronce maintenant les sourcils, n'ayant pas la patience de faire face à des difficultés.

Essayant d'adoucir la situation, elle tente une approche, qui répondra d'ailleurs peut être à sa question. "I know you, right? I feel like I know you..." Paris a beau chercher, elle n'arrive pas à remettre ce visage sur un souvenir. Elle connait chacun de ses clients par coeur donc elle sait que ce n'est pas ça. Elle aurait pu l'avoir croisé au Dancing Phoenix mais elle en doute. Un visage pareil, elle s'en serait souvenu. Peut être une cliente de Harper ou d'un autre dog ? Mais encore une fois, cela semble peu crédible. Elle connait très bien les anciens clients et les nouveaux... Et bien elle ne les a pas encore croisé.

Il reste, bien sûr, le vague souvenir de cette femme qui a veillé sur elle pendant toutes ces semaines qu'elle a passé loin de chez elle, mais elle semblait plus grande, plus pâle, plus maigre, plus costaud. Et puis, Paris ne voit pas pourquoi cette simple assistante aurait voulu la kidnapper et la garder prisonnière pendant plusieurs mois.

Sa dernière option, c'est finalement Lux. Elle a passé tellement de temps à la stakler dans le moindre journal, la moindre émission crystal, qu'elle a finit par retenir les autres visages qui l'accompagnent souvent. Après tout, ce n'est pas la plus improbable des possibilités. Cette femme travaille à la BCBC, certes pas sur la bonne chaîne mais elle navigue peut être entre plusieurs services. "You don't happen to know Lucrèce Harcourt?" Paris essaye de demander le plus nonchalamment possible, ne voulant pas qu'on puisse penser qu'elle la connait personnellement. C'est juste une fan curieuse, rien de plus.

tw: PTSD
Les souvenirs de son enfance chaotique lui reviennent en pleine face, telle une gifle. Chanel ne perd que rarement son masque de convenance. Pourtant, face à Paris, elle a bien du mal à se contenir. Ses yeux se ferment une demi-seconde et elle prend une grande inspiration. Impossible de perdre le contrôle de son don ici. Personne ne doit savoir. Sa vie se porte mieux ainsi. Paris n'est pas synonyme de bons souvenirs, au contraire. Elle ne lui rappelle que le froid, la rue, la violence et la pauvreté. Elle ne représente que cette trahison qui lui laisse un goût amer sur la langue. Toutes ces années à lui en vouloir, à penser que Paris était morte, alors qu'elle était au chaud quelque part. Vu son accoutrement, elle ne semble manquer de rien. Un constat qui la dégoûte encore plus. Paris la laisser pourrir seule dans la rue, sans se soucier une seule seconde de ce qu'il adviendrait d'elle.

Chanel a besoin de se reprendre et d'oublier qu'elle vient de croiser une vieille connaissance. Pour ça, Paris doit disparaître de sa vue. Alors Chanel la menace d'appeler la sécurité. Il n'y a que ça qui lui vient à l'esprit. Paris ne semble pas prête à décamper. ── If you are a friend, you will find a more convenient time to reach her. Mrs Scamander is very busy. I'm sorry. I'm sure you'll understand. Chanel lui sert son plus beau sourire, même si dans le fond, elle n'en a absolument pas envie.

Toujours face à Paris, elle attend patiemment qu'elle s'en aille. Impossible de la laisser sans surveillance, elle serait capable de se faufiler en coulisses et d'aller toquer à la loge de Rowan. Impossible que cela arrive. Chanel n'a pas envie de se faire renvoyer pour incompétence et manquement à la sécurité de sa patronne. Le silence se brise lorsque Paris finit par lui poser la question. Un rire s'étouffe entre ses lèvres et elle baisse la tête un instant. Elle ne manque définitivement pas de culot. Chanel rumine quelques secondes, réfléchissant quoi lui répondre mais rien de cohérent ne lui vient à l'esprit. Alors qu'elle s'apprête à improviser quelque chose, Paris lui coupe la parole. ── Everyone knows Mrs Harcourt. Quelle question ! Son visage est partout, notamment dans les locaux de la BCBC. La présence de Paris ici lui paraît de plus en plus étrange et l'idée d'appeler la sécurité ne semble pas être si loufoque. ── I didn't think you would forget me so easily Paris. I guess friendship is a strange concept to you. Chanel arque un sourcil. ── You are not welcome here. Please go now.

"If you are a friend, you will find a more convenient time to reach her. Mrs Scamander is very busy. I'm sorry. I'm sure you'll understand." Paris jette un regard noir à la femme qui se tient devant, étant loin d'apprécier le ton qu'elle emploie avec elle. Who does this bitch think she is? Elle n'est clairement pas l'une des vedettes de la chaîne, ça, Paris, elle serait au courant si c'était le cas. Ce n'est qu'une simple employé, probablement une assistante bien trop contente d'avoir un peu de pouvoir et qui n'hésite donc pas à s'en servir quand elle croit avoir affaire à un fan dérangeant. (Honnêtement, Paris ferait probablement de même à sa place. Mais elle n'est pas à ça place et c'est bien là le point le plus important. Paris est quelqu'un d'autre, quelqu'un tout court, du moins pour Rowan. Et cette femme ose se mettre en travers de son chemin.) "Oh I do, but I don't think that you do, sweetheart. This is very important." Et elle pensait que son manteau et sa manucure suffirait à faire passer le message.

"Everyone knows Mrs Harcourt." Paris ne peut pas retenir le léger sourire acide qui se dessine sur ses lèvres. Tout le monde connait Mrs Harcourt, certes, mais pas comme elle, et à chaque fois qu'elle est confrontée à cette idée, Paris se sent un peu plus grande, un peu plus fière. Paris pourrait d'ailleurs lancer un nouveau commentaire grinçant qui va dans ce sens, mais la femme n'a pas finit et ce qu'elle a encore à dire, Paris n'est clairement pas prête à l'entendre. "I didn't think you would forget me so easily Paris. I guess friendship is a strange concept to you."

Aussitôt que son nom est prononcé, suivit du mot friendship, Paris a un flash, un vieux souvenir longtemps enfoui qui a refait surface avec toute une vague d'autres souvenirs flous depuis qu'elle est revenu de sa prison.

Chanel.

La femme, l'employée qui se tient entre elle et R. Scam, C'est Chanel. Le souvenir est si lointain et brumeux que Paris a presque du mal à croire que c'est le sien. Et pourtant... Il lui revient quelques bribes. Elle se rappelle des rues dans lesquelles elle mendiait pour le compte des Warlocks, se souvient de cette autre petite fille qui avait environ son âge, celle qui vivait chez les non-magiques mais qui l'était, magique. Une amie, peut être sa première amie (avec Mo, bien sûr et Verdi.)

C'est violent, un souvenir qui lui revient d'un coup, comme un flash et soudain, Paris ne rigole plus du tout, n'en a plus rien à faire de Lux ou de R. Scam, elle veut partir d'ici, loin, et se cacher derrière le spitfire et un corps, n'importe lequel, du moment qu'elle ne pense plus à ça, plus à elle, plus à rien.

Pourtant, quand Chanel lui ordonne de partir - "You are not welcome here. Please go now" - Paris se trouve bien incapable de bouger. Elle reste planter là, au milieu du studio, la bouche entrouverte, comme sonnée.

Elle doit en avoir le cœur net. "Chanel? It's you, right? It's really you? I can't believe- I- I had... completely..." Paris ne finit pas sa phrase parce que, peut être pour la première de sa vie, en tout cas depuis qu'elle est une Warlock a part entière, elle ressent une pointe de honte. Elle l'avait oublié. Mais visiblement pas Chanel. "It's really you," elle répète à nouveau, comme pour se convaincre. Elle ne peut plus s'empêcher de la regarder maintenant et c'est elle, c'est vraiment elle, bien plus âgée bien sûr mais toujours aussi captivante. Paris a presque envie de la toucher mais se retient parce qu'elle a au moins cette décence là. "It's been so long, I... What happened to you?" elle demande en espérant que Chanel ne lui retourne pas la question parce que, honnêtement, elle ne saurait pas quoi dire, par où commencer.