Date d'inscription : 23/09/2020 Messages : 255 Crédit : avatar©Bé la queen / gifgiverprofil©Jool la queen / gifgiversigna©poupoune la queen / aes©Chilton au top Âge : 46 ans (13/11/1961) Occupation : Elle fait de la merde. (Agent dormant pour la WUSS ; interprète à la Coopération Internationale Magique ; ringfinger des Black Hands) Allégeance : Neutral as fuck (mais un peu pour les Black Hands, quand même) Particularité : Voyance (rêves prémonitoires 1/3, et instinct de survie ++) & Occlumens (complexe, maître).
| | | jealous of the way you're happy without me But I always thought you'd come back, Tell me all you found was Heartbreak and misery
Par la fenêtre, les premiers rayons du soleil vous parviennent. Des doigts courent sur ton échine, tracent des arabesque, dévalent tes courbes avant finalement de remonter vers ta nuque, te faisant frissonner. Tu gardes les yeux fermés, profitant de la caresse pour te réveiller lentement. Tu roules bientôt sur le dos en grognant légèrement et ton compagnon rit doucement, ses doigts caressant le reste de ton buste tout aussi dénudé. Tes yeux s’ouvrent finalement sur un visage familier alors qu’un charmant sourire étire tes lèvres, joueuse dès les premières lueurs du jour, dès les premiers effleurements. Vous n’êtes pas vraiment pressés de vous séparer, on dirait. Comme au tout début, tu pourrais dire, même.
Au Ministère, plus tard, en soufflant sur la tasse de café matinal, tu constates que tu te sens plus reposée et moins tendue, en ce moment. Tu dors mieux d’ailleurs, davantage même, pourrait-on souligner si on était d’humeur badine. Tes traits ont l’air moins tirés lorsque tu regardes ton reflet, et tu as moins cette impression écrasante de fatigue, de poids global. Tu ne vas pas imaginer que tu as rajeuni, ce serait certainement trop arrogant de pouvoir imaginer cela, mais tu te sens mieux, en tout cas. Cela n’a, bien sûr, absolument aucun rapport avec l’ébauche de réconciliation tissée entre Silver et toi. Rien à voir.
La raison voudrait reconnaître un autre facteur à ton état. Un autre élément, également inconnu des collègues du Ministère, entre effectivement en ligne de compte, comme si tu t’étais faite moins insistante sur les tours à donner au sablier qui pendait à ton cou, sous tes vêtements. Mais là encore, hors de question d’imaginer un seul instant que Monsieur Marsh a pu avoir raison. Plutôt crever que de formuler pareille affirmation.
Pourtant, malgré ces sursauts d’orgueil, quelque chose a changé, entre toi et le Hit Wizard. Depuis quelques semaines, les jours se suivent et se ressemblent : le reste de la journée, tu vaques à tes occupations classiques, mais la nuit, lorsque la porte est déverrouillée et que la poignée apparaît, c’est comme une invitation à le rejoindre à laquelle tu réponds presque sans hésiter. (il y a toujours, au fond de toi, la crainte de te faire plus de mal que de bien, avec cet espoir que tu n’oses formuler) En effet, depuis quelques temps, les événements se sont plutôt bien enchaînés pour vous rapprocher et la tension persistante n’est plus que charnelle, puisque vous évitez la plupart des sujets fâcheux.
Il faut bien dire que craindre de l’avoir perdu a dû jouer dans le fait de moins lui hurler des horreurs, même s’il est toujours hors de question de reconnaître quoi que ce soit. Tu te remémores parfois la terreur qui t’a étreinte bien malgré toi, la sensation d’urgence prégnante qui pulsait dans tes veines au moment où lui-même luttait pour sa survie, la pression de vos magies liées qui serrait vos deux cœurs, et tu essaies de chasser cette vieille rengaine du et si qui te pousserait à imaginer le pire. Sans doute que l’apaisement ponctuel de vos querelles à la fin du mois d’avril et la visite (la convocation !) à Poudlard avaient tassé un terrain propice à l’entraide et à la tendresse, deux termes qui ne vous étaient guère familiers depuis une dizaine d’années. Une sorte de bulle idyllique vous avait ainsi englobés et tu n’aurais sans doute changé cela pour rien au monde. C’est qu’il y avait quelque chose de rassurant à se retrouver dans ces bras bien connus, quelque chose d’apaisant à se serrer contre le maître des lieux en pleine nuit lorsqu’un rêve t’avait tirée du sommeil, un peu de courage à puiser au fond de ses yeux dorés. Vous ne parliez pas boulot, c’était un accord tacite et tout ceci continuait son petit bonhomme de chemin, alors que le mois ténu qui séparait votre fils de sa majorité tirait vers sa fin.
Tu devrais savoir pourtant, à force, que le temps joue toujours contre toi. Besoin d’un exemple comme quoi le temps n’est pas ton allié dans cette affaire ? Ça fait deux fois déjà qu’en plein ébat, tu te tais à temps avant de laisser échapper des mots que vous n’avez jamais eu l’indécence (le courage ?) de prononcer. Deux fois déjà que tu t’interromps dans un soupir qu’il prendra pour ce qu’il veut, et qu’à la place, tu laisses tes gémissements dissimuler subtilement l’aveu manqué. Et ces deux fois ont déjà été suivies de deux nuits un peu plus agitées que les autres, où, tirée d’un sommeil réparateur, tu te perds à l’observer dormir de son sommeil de plomb, les rayons de la lune qui glissent sur son profil, et à ne pas savoir ce qu’il faut en retenir, en tirer... Deux fois déjà que tu as préféré ne pas passer de ton côté de la maison pour y tracer rapidement l’image la plus saisissante de ton rêve prémonitoire, comme pour le nier.
Alors, dans ces silences et ces dénégations, le temps reprend son travail d’usure. À un moment ou un autre, tu finis par te faire rattraper par tes responsabilités, et lui par les siennes. Après cette double-journée doublement de merde, entre dossiers insipides et réunions plus ou moins utiles, couronnée par la découverte d’un cadavre là où tu ne t’y attendais plus vraiment, malgré la fumée, les décombres, les dégâts occasionnés par des coupables pour l’heure inconnus, après la compréhension soudaine du fait que des gros nuages s’amoncelaient à l’horizon, après le débriefing fait au plus vite au Fist, tu reviens chez toi, épuisée et ébranlée par la vision d’horreur qui s’était superposée à celle du corps sans vie de Valeska Von Bäume, le cœur qui tambourine encore de l’illusion éphémère qui t’avait tétanisée. La montre enchantée se met à hurler peu de temps après ton retour et tu réagis au quart de tour, mais là où tu n’aurais pas été contre trouver la poignée vers l’autre partie de la maison, ta main ne rencontre que du vide. Ça te ramène à cette promesse tacite, selon laquelle tu n’étais plus censée utiliser son côté de la baraque pour éviter tes doubles. Et ça te ramène aussi en mémoire un de ces rêves que tu as préféré enfouir plutôt qu’anticiper. La parenthèse dorée s’est achevée.
Néanmoins, l’urgence t’empêche de trop t’attarder sur ce que tu peux bien ressentir et tu laisses ton instinct de survie guider tes pas, çà attrapant ta cape, là ouvrant en quelques enjambées la porte d’entrée, t’éloignant à grands pas de la baraque pour éviter d’y croiser ton précédent passage. À peine réfléchis-tu pendant ces quelques instants où tu agis presque machinalement. C’est plus tard, lorsque le ciel se déchire alors que tu es encore en train de te balader dans le parc voisin de votre maison, que tu t’autorises à analyser un peu plus précisément le pincement que tu as ressenti au moment même où tu constatais l’absence de cette foutue poignée. Un soupir profond et las s’échappe d’entre tes lèvres : « Espèce d’idiote. » Personne autour, il est évident que tu ne t’adresses qu’à toi. Il n’y a que toi que tu peux blâmer, face à cette situation absurde : il faut être une véritable gourde pour y avoir cru, même un tout petit peu ; pour avoir imaginé que vous pourriez revenir à cet avant. Il reste fidèle à lui-même, avant tout. Loyal à cette marque qui orne son bras. Peut-être même féal à une autre que toi. Et rien que cette ébauche de pensée, que tu repousses dès qu’elle s’immisce, pernicieuse et sournoise, dans ton esprit te meurtrit, encore et toujours et comprime ton poitrail sous un poids terrible.
Tu aurais dû le savoir, que c’était mort. Au dessus de ta tête, comme des milliers de coups approbateurs, la pluie martèle le couvert forestier, résonne, t’assourdit presque, et toi, tu restes là, sous les arbres, les mains dans les poches de ton pantalon, figée sur place. Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es retombée dans le panneau, la tête la première. Après tout, tu le hais, c’est pourtant clair, c’est ce qui est le plus logique, le plus évident, si on refait la liste des griefs que tu as contre ton époux -ton ancien époux, rentre-le-toi dans la tête, te morigènes-tu encore. Tu le hais, ou plutôt, non, pire, tu lui es indifférente. C’est bien, ça, de lui être indifférente. Ça met encore plus de distance. Ça couvre encore mieux cette espèce de plaie béante que tu pensais pourtant refermée par le temps. Ça te laisse une chance de ne pas trop souffrir, peut-être aussi…
Sotte que tu es ! Tant que tu continueras de te voiler la face, de toute façon, elle ne partira pas, hein. Cette rancune tenace. Cette haine factice. Cet amour increvable.
- Spoiler:
un mot spécial a été caché dans ce one-shot pour fêter ton anniversaire, femme de ma vie : sauras-tu le débusquer ?
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