dewam † belly of the beat.

siham al-massri

I've been thinking, I could leave the world today, Everybody dies, we anoint their eyes and we dance like angels do, Writing out your name, little shapes that feign some knowledge of you, And you'll never get sad and you'll never get sick, And you'll never get weak, We're deep In the belly of the beat, yeah.

Dewie ne se sort presque plus de Crain Manor maintenant, la quasi-totalité de ses responsabilités étant cantonnées à la propriété appartenant aux Douze. Si certains pourraient étouffer à être confiné dans le même endroit pendant des semaines, des mois parfois même, sans la moindre sortie, pas Dewie. Même si elle n'est pas immense, la propriété des Crain est imposante et recèle de secrets et de passages peu fréquentés par les autres Adeptes, offrant une solitude et une quiétude appréciables; parfois, au contraire, l'endroit est plein à craquer. Tous les soirs, Dewie partage sa nourriture avec ses pairs, et le reste de la journée, il vit au rythme des prières et de son quotidien bien organisé. Il y a quelque chose d'incroyablement rassurant à cette structure. Dewie ignore qui il serait, et qui il serait devenu, sans cette structure. Et il n'aime pas y penser.

Mais des fois, il n'a pas le choix. Il y a certaines tâches qu'il ne sait pas déléguer, surtout lorsqu'il doit réparer ou remplacer des parties de l'orgue lithurgique principal qu'ils utilisent pendant les services et les messes. Il a essayé, pourtant, mais à chaque fois il manque quelque chose, ou l'Adepte envoyé en mission revient avec la mauvaise pièce, et ça gâche du temps, de l'argent et des ressources pour tout le monde. Alors, depuis, Dewie se déplace tout seul.

Il n'y a qu'un seul magasin qui vaille le coup, dans le domaine des orgues lithurgiques magiques anglais, et c'est une petite boutique lovée dans une ruelle du quartier historique de la ville de York. L'endroit est poussiéreux et étroit, alignant une collection impressionnante de matériel, mais Dewie aime beaucoup l'atmosphère studieuse qui y règne. Pendant quelques minutes, il oublie l'angoisse qu'il ressent à l'idée d'être loin du manoir et de louper la prochaine prière (dans deux heures, il a de la marge... mais quand même) (il n'a jamais loupé la moindre prière). Il échange quelques mots avec le propriétaire du magasin, un homme appelé Ernie qu'il connait depuis des années, et l'apparence normale de cette conversation est presque dérangeante. Dewie est mal à l'aise lorsqu'Ernie commence à parler de la situation de ces jours-ci comme il l'appelle. Il a des faux papiers, fournis par les Douze, pour justifier sa présence. Mais il se tient éloigné de la société pour une raison... pour leur salvation.

Il est en train de consulter, sourcils froncés, un catalogue de tuyaux pour orgues quand un mouvement attire son regard à travers la vitrine du magasin. Un homme, l'air mal en point, qui se tient les côtés d'une main et une baguette de l'autre. Avec des yeux ronds, Dewie regarde son visage ensanglanté et sa silhouette qui se hâte... dans sa direction. L'instant suivant, il a poussé la porte, faisant tinter la clochette. Ernie se précipite vers lui d'un air inquiet et ils échangent quelques mots - c'est plus fort que lui, Dewie s'approche, se sentant concerné. "Tout va bien?" tente-t-il timidement, sortant sa baguette pour aider à soigner le pauvre homme blessé.

Mais il s'arrête dans ses gestes quand la cloche tinte de nouveau et qu'une nouvelle silhouette apparaît dans l'encadrement de la porte de la boutique. L'uniforme de la VB le fait immédiatement blêmir et se redresser, raffermir son emprise sur sa baguette - la dernière fois qu'un Adepte a fini entre les mains de la VB, il s'est fait tuer à distance. Et même si Dewie comprend pourquoi, même si il sait que c'était pour le mieux et la survie des Douze, il sait aussi qu'il n'a pas envie de mourir. Ses yeux finissent leur lente ascension de l'uniforme jusqu'au visage du brigadier, et il a du mal à ne pas ouvrir la bouche sous le coup de la surprise en reconnaissant les traits aux sourcils froncés qui lui rendent un regard sombre. "Siham?" demande-t-il, bêtement, avant de jeter un coup d'oeil à Ernie et à l'homme blessé pour essayer de jauger la situation. Avant qu'il ait le temps de faire quoique ce soit ou de poser la moindre question, l'homme ensanglanté grogne et tend sa baguette en direction de Siham, et un sort fuse dans sa direction sous le regard paniqué d'un Dewie complètement pris de court.

belly of the beat

@Gelawdewos Creed | juin 2007

Journée qui n’avait pas si mal commencé : vingt minutes de silence – entrecoupé de bruits de mastication mais bon, on ne pouvait pas tout avoir – qui lui avait coûté trois mornilles, prix du muffin de la cafétéria offert en pâture au hound qu’elle se coltinait, café siroté tout du long, paperasse refourguée aux hit wizards contre affaires plus intéressantes et sourire victorieux lâché à Joseph alors qu’elle repartait avec le bon dossier. Il y avait définitivement deux catégories de gens au ministère et il n’était pas dans la bonne (coup dur). Le problème majeur qu’elle rencontra, si on pouvait qualifier cela de problème, était que le dossier était épais et qu’il était hors de question de filer la moitié à lire au crétin qui lui servait de binôme parce qu’elle n’était même pas sûre qu’il sache réciter l’alphabet (quoique, peut-être que si, en rotant comme un enfant de huit ans, bonus sourire fiérot). Elle se reprit donc un café pour se donner du courage et constata qu’à la première page on avait déjà fait une jolie petite synthèse en guise de memento à celui qui partirait sur le terrain. Décidément, la brigade version wish était très efficace dans leurs tâches de secrétaire.

Il n’y eut donc plus qu’à checker si l’uniforme était bien mis et à peu près propre – question de réputation, Siham n’avait, n’était, ne serait jamais mal-fagotée -, remettre la main sur son crétin de compagnie pour l’envoyer acheter un smoothie papaye-citrouille-citron-ginseng à l’autre bout de Londres (pas qu’elle aimait la boisson, juste qu’il y avait une seule boutique qui vendait ce genre d’immondices et elle était loin) et transplaner sur la trace du sorcier à ~~définitivement mettre hors d’état de nuire~~ pacifiquement arrêté. Le problème fut sans doute le vocabulaire dû une fréquentation trop assidue de Rayane : quand on parlait pacifique, Siham pensait océan et donc à noyer le gars dans la Tamise du bled où ils se trouvaient (ils devaient avoir ça non ?) avec du plomb accroché aux chevilles. Surtout parce que le type n’avait pas daigné se laisser interpeler tranquille, non. Il avait fallu que ça crie, ça supplie, ça se défende (putain de drama queen), tout pour que la brune commence à perdre son calme. Le pire était peut-être le moment où il s’enfuit alors qu’elle croyait que le problème était réglé.

Course poursuite amorcée, elle bénit ses joggings quotidiens, maudit ses cigarettes fumées en douce (retour en adolescence grâce à l’illégalité…), accéléra avant de sourire de toutes ses dents quand le fuyard entra dans une boutique pour y trouver refuge. Pire idée digne de l’amateur moyen : il était fait comme un rat. Elle y pénétra à sa suite, à deux doigts de dire bonjour bien poliment en entrant pour montrer que la VB c’était des gens fréquentables (non), préféra buguer sur un des clients présents. Visage familier, l’air étonné prouvait que lui aussi la connaissait (sans compter qu’il prononça son prénom, ce qui n’était pas un mince indice). Illumination. "Gw… Geldaw… Dewie ?" Merde, elle avait raté son coup, ça aurait pu faire la meuf qui se rappelait des prénoms même les plus imprononçables même des années après (et donc la meuf qui était restée bloquée, pas si bien que ça finalement). Regard noir à l’homme parce que quand même, il l’avait nexté de manière mémorable avant que son intention revienne au fuyard alors que le sort fusait déjà. Merlin… Heureusement que le gars était trop amoché pour savoir viser, dégomma une étagère de cymbales plutôt que Siham. Tant mieux pour la brune, tant pis pour les oreilles de toutes les personnes présentes dans le magasin surtout que le sort qui fusa en représailles ne fut guère plus brillant. Il fallait voir le bon côté des choses : ils expérimentaient un tout nouveau style musical (non). Et comme le sorcier n’était plus très vif, la brune en profita pour toiser Dewie, regard vaguement noir, ton désobligeant. "Je pensais que tu étais mort" déclara-t-elle vu que c’était la seule raison valable pour lui coller un lapin. Elle détestait les lapins.

"Gw… Geldaw… Dewie ?" Dewie n'a pas le temps d'être particulièrement offensé du fait que Siham ne se souvienne pas de son prénom (lui n'a absolument aucun mal à l'invoquer dans son esprit? Bon, d'accord, ce n'est pas le même nombre de syllabes... mais quand même; il se reprend rapidement, se trouvant trop vaniteux et superficiel d'y penser obsessivement) qu'une cacophonie vient lui agresser les oreilles alors que quelques sortilèges sont échangés.

Dewie sait que les choses ne sont pas toute rose, au-dehors. Il n'a pas eu l'occasion, jusqu'à maintenant, après presque dix ans, à vraiment observer les effets de cette guerre mortelle et inutile qui agite le Royaume-Uni. Il en entend surtout parler lors des heures d'études, lorsque les Adeptes sont loin des oreilles fines des Disciples et s'adonnent au partage d'informations et de potins avec joie. Il sait vaguement que l'Ordre et le gouvernement du Premier Ministre se battent inlassablement, et il comprend vaguement que les hybrides (un terme dérogatoire et qu'il n'apprécie pas, vu qu'il semble recouper l'existence sâcrée et bénie des Disciples auxquels il a décidé de dédier sa vie) sont coincés dans un statu quo sous le joug de la VB.

Le reste de la politique agitant le monde sorcier, autant dire que ça passe très haut au-dessus de sa tête.

Un peu comme le sort qui fait résonner tout un toutim d'instruments derrière ses oreilles. "Oh non." Dewie fait un, puis deux, pas de côté, un spectateur indolent et pétrifié de la scène sous ses yeux. "Je pensais que tu étais mort." Les yeux de Dewie reviennent à la brigadière et il ouvre la bouche, pris de court. Il se souvient sans mal de leurs dernières intéractions, il y a toutes ces années - il y a souvent repensé, avec un rien de nostalgie et d'amertume, avant de se rappeler qu'il avait enfin trouvé sa place parmi les enfants de Dieu.

Mais à la voir, là, presque dix ans plus tard, quelque chose comme du regret vient lui grignoter un morceau de pensées. "Je ne suis pas mort," répond-t-il, se sentant philosophe. En voyant l'homme blessé s'apprêter à incanter un nouveau sortilège, Dewie produit sa baguette. Il faut aider la loi, a fortiori, et il n'est pas prêt à se mettre sa vieille connaissance sur le dos - l'idée de finir dans les entrailles du Ministère est terrifiante, surtout qu'il sait qu'il finirait par se faire tuer à distance.

L'Expelliarmus parvient à désarmer ce qui doit être un criminel mais, à la grande surprise de Dewie, c'est le propriétaire du magasin qui sort à son tour sa baguette et la pointe dans sa direction. Il a tout juste le temps de se jeter derrière une étagère où s'aligne une quantité impressionnante de métronomes avant de se faire cueillir en pleine face par un sortilège cuisant. Le mouvement l'a rapproché de Siham à qui il adresse un regard incertain. "Je suis désolé de ne pas avoir laissé de mot mais j'ai..." Difficile de vraiment expliquer les raisons de son départ précipité, et la fin un peu amère d'une relation qui n'en était pas vraiment une, mais un peu quand même, mais pas trop non plus. "...j'ai trouvé ma voie." Et Dieu - mais à vrai dire, Lui ne l'a jamais quitté.

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@Gelawdewos Creed | juin 2007

Etonnement feint vint se lire sur son visage. Quoi ? Gelawdewos - ça devait être un truc comme ça à la réflexion - n'était pas mort ? Comme si sa présence dans le magasin de musique (ou plutôt cimetière d'instruments) n'avait suffit à lever le doute. Pas mort mais efficace. Plus que Siham. Ce qui craignait un peu parce que c'était elle qui était censée arrêter les méchants (dans sa tête elle se disait que c'était les méchants, sinon elle était bonne pour passer sa vie à psychoter en position fœtale dans le coin d'une pièce ce qui ne ferait rien avancer) pas son ex parti du jour au lendemain, lui brisant le cœur par la même occasion (non). Elle en était donc à réfléchir à sa réplique acerbe à lancer sur ton hautain vu que maintenant l'ennemi était désarmé quand - surprise ! - deuxième ennemi. Dégringolade de métronome - Merlin que les tic-tic étaient agaçants - œdème de Quick ou presque pour le revenant qu'elle gratifia d'une œillade désabusée. Le nul. Elle, elle n'avait pas une seule égratignure.

Et savait écrire. Et avait trouvé sa voie sans disparaître du jour au lendemain alors qu'ils avaient rendez-vous et du coup elle avait du poireauter dans la nuit, sapée comme jaja et entourée d'ours polaire parce qu'il faisait vraiment froid. Elle exagérait, clairement. Il n'y avait plus d'ours en Angleterre depuis le XIème siècle. "Oh, ravie pour toi..." siffla Siham avec un peu de mauvaise foi avant de regarder du côté du futur arrêté qui avait... Tenté un truc ? Elle n'avait pas trop compris la manœuvre d'ailleurs mais il lui semblait qu'il avait glissé sur un maracas qui avait roulé ce qui avait bousillé son mouvement. Wahou. "Quelle voie si ce n'est pas trop indiscret ?" A tous les coups, c'était juste une autre meuf ultra-possessive qui lui avait fait lavage de cerveau et tout. Elle lorgna du côté de la main gauche de l'homme pour voir s'il y avait une bague avant de se dire qu'il y avait peut-être un peu plus important à faire surtout que le fuyard se relevait et le propriétaire du magasin avait l'air franchement hostile avec son sort sur le bout des lèvres. Elle claqua des doigts.

Il y avait une accumulation assez impressionnante de partitions poussiéreuses aux pages au bord de l'effritement dans ce magasin. Et de bois plus ou moins sec. Elle avait éventuellement pas prévu que ça prenne aussi bien. Elle ne s'en plaignait pas pour autant mais quand même, là, ça allait foutre de la suie partout sur son uniforme. Regard se perdant dans les flammes. "Prépare toi à courir" soufflé à Dewie. Un coup d'oeil vers la porte de sortie, un coup d'oeil vers les adversaires. Un tentait d'étouffer le feu avec sa cape, l'autre contemplé le spectacle d'un air horrifié. Ses yeux reflétaient les flammes, Siham trouva ça joli. Et bien fait, il n'avait qu'à pas attaquer.

Dewie a un peu de mal à vraiment concilier que Siham est là, juste là, sous ses yeux. Elle est sans doute l'une des dernières personnes à l'avoir vu avant qu'il ne trouve sa voie, comme il a dit - ou plus précisément, avant que le chemin de la vérité ne s'ouvre à lui, en la personne de Raven Crain. Il a souvent pensé à elle, au début. Quand il a été refusé au sein des Douze, la première fois, une partie de lui s'est trouvée étrangement soulagée (il a honte d'y repenser) - peut-être qu'en quittant Crain Manor pour toujours, il pourrait retrouver la trace de Siham, renouer avec elle, la faire lui pardonner...

Et puis il avait réussi les épreuves d'Alabina et était rentrée au sein de la société secrète. Et si il avait pensé à Siham, plusieurs fois, au cours des années, elle était rapidement devenu un souvenir flou et lointain, arrière-goût amer, sur lequel il avait bien vite appris que s'appesantir ne servait à rien.

"Oh, ravie pour toi..." lui répond Siham quand il lui dit qu'il a trouvé sa vocation, et Dewie, malgré la situation absurde et dangereuse dans laquelle ils se trouvent, et le ton vaguement hostile de la jeune femme, esquisse un sourire. "Quelle voie si ce n'est pas trop indiscret ?" Celle du Seigneur, a-t-il envie de lui dire, mais il se mord la langue. Il préférerait encore ne pas attirer son attention plus que nécessaire, vu l'uniforme qu'elle porte. "Celle de la vérité," explique-t-il rapidement, se jetant sur le côté en voyant une cimbale essayer de lui faire un home run dans le nez. "Et je vois que tu as trouvé la tienne. C'est bien." Il pensait qu'elle se destinait à être autre chose que représentante des forces de l'ordre, mais qu'importe. Les gens changent, la vie continue et seul Dieu sait de quoi demain sera fait.

Tout d'un coup, des flammes. Dewie blêmit. Non pas qu'il ait peur, mais parce qu'il voit des partitions et des objets prendre feu, de véritables trésors commencer à se faire avaler par le feu. "Prépare toi à courir." Les grands yeux sombres de Dewie se tournent vers elle, écarquillés. "On... attend quoi?" demande-t-il d'une petite voix, sa baguette le démangeant à l'idée d'éteindre le feu ou d'au moins aider le pauvre criminel sous ses yeux - c'eut été la chose chrétienne à faire, sans doute. Mais il n'a pas envie d'aller à l'encontre de Siham. Elle fait partie de la VB, elle est devenue, de facto, une ennemie des Douze, même si elle l'ignore. Il ne peut pas attirer l'attention.

Alors la chose chrétienne à faire, conformément à leur mission, est de rester là, les bras ballants. "Où vais-je trouver mes tuyaux lithurgiques, maintenant?" gémit Dewie en voyant les flammes avides commencer à lécher les murs, levant la baguette en essayant de sauver quelques instruments. Au final, sans attendre le moindre signal de la part de Siham, alors que les deux hommes sont occupés à désespérément essayer d'éteindre les flammes, Dewie se met à courir vers la porte lorsque la fumée envahit la pièce. Il tousse en s'en extirpant, remarquant avec angoisse que l'incendie est en train d'attirer l'attention de quelques badauds. "Seigneur, donne moi la confiance dont j'ai besoin pour accomplir Ta volonté et guide-moi sur Ta voie," prie-t-il rapidement, ses yeux noirs exorbités roulant dans leurs orbites en revenant sur Siham qui a l'air étrangement fière d'elle. "Où sont-ils?" s'écrie-t-il en se rendant compte qu'ils sont seuls. "Ils ne sont tout de même pas..." Il ne finit pas sa phrase, estomaqué.

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@Gelawdewos Creed | juin 2007

Un sourcil automatiquement arqué, incrédulité peinte sur la face. La vérité ? Merlin, il était devenu moine tibétain et passait ses journées à méditer ? L'image passa fugacement dans son esprit - plutôt marrant - avant qu'il ne reprenne sur sa voie à elle. Haha. S'il savait. Peut-être qu'elle aurait du le suivre sur son chemin éclairé par la vérité -amen - et tout aurait été beaucoup plus facile. "Je ne sais pas..." Le bien, le mal, tout était une question de point de vue, hein ? Ils n'avaient pas quatre heures pour débattre, encore moins maintenant qu'elle avait collé le feu. Ombres des flammes valsant sur les murs, se reflétant dans les yeux grand ouverts de Dewie, elle se souvint de ce qu'elle lui avait trouvé à l'époque. L'atmosphère brûlante la ramena sur terre, question du revenant occultée pour se concentrer sur la scène. Le propriétaire avait disparu, elle espéra qu'il avait pris simplement la fuite et pas en train d'échafauder un plan de vengeance s'étalant sur cinq décennies. Le fuyard lui... Ambiance barbecue.

Et ça aurait ricané si Gelawdewos n'avait pas tout cassé avec sa question idiote. La scène était grandiose pourtant : les instruments en flamme, les murs rougeoyant, eux deux debout face à l'incendie alors que le criminel tombait à genoux sous leurs yeux. Siham aurait presque pris son pied pour peu que le mec ait hurlé moins fort (ça faisait mal aux oreilles à force) mais elle se retrouva plutôt à faire face à des interrogations existentielles. "Des quoi ?" Elle ne comprenait décidément rien de ce qu'il racontait, passa outre, le regarda plutôt partir en courant, étonnée que l'on puisse se tirer alors que c'était trop beau. Ou qu'elle était trop maso. Une possibilité à considérer. Ok, ça commençait à piquer quand on respirait, il était plus que temps de se remettre en route et de s'arracher à la contemplation. Un sort murmuré en direction du brûlé pour mettre fin à ses souffrances (aka elle l'assomma), corps mis à léviter derrière elle, sortie de la boutique en solo dans un premier temps. Elle avait mal calculé, elle toussait-crachotait trop de suie.

Retrouvailles - les deuxièmes en si peu de temps - avec Gelawdewos sur le trottoir, cernés par les badauds. Cool, cool, cool. Elle prit sur elle pour ne pas couper la prière en toussant, question de respect, elle en avait un peu pour la religion et tenta de récupérer son souffle. Il choisit ce moment précis pour poser sa première question pertinente, Siham lui servit son plus beau sourire tordu. "Non, non..." Voix un peu éraillée alors que les yeux étaient retournés se perdre dans les flammes qui commençaient à sortir des fenêtres du bâtiment. "Enfin je crois, le propriétaire a filé, l'autre..." Était encore à cuire. Fuck ~~Kingsley~~. "L'autre était un criminel recherché." Donc c'était mérité, auto-persuasion. Agaçant surtout, très très agaçant surtout qu'il le fallait vivant, que les bavures ça ne faisait pas joli sur les dossiers (quoique c'était un hybride, tranquille n'était-il pas ?), qu'elle avait tué un type juste parce qu'elle s'était emportée sur la taille de l'incendie. Et pour ne pas trop se détester, elle s'en prit à Dewie. "Si tu n'avais pas été au milieu aussi ! Je pourrai te faire comparaître pour obstruction à la justice !" qu'elle siffla, poings serrés.

Siham lui sourit, mais elle ne ressemble pas à la Siham souriante dont il se souvient. Difficile pour lui de replonger dans des souvenirs lointains et réchauffés, datant d'il y a presque dix ans - mais impossible pour lui d'oublier les risettes en coin qu'elle lui servait au-dessus de leurs verres, qui donnait à Dewie l'envie d'embrasser ses lèvres jusqu'à l'oubli.

Non, la personne qu'il a en face de lui est à mille lieues de la jeune femme qu'il a connu. Les gens changent, évoluent, vieillissent, lui aussi a changé. Et pourtant, un carcan de déception se referme autour de son coeur, surtout quand à la lueur des flammes, l'uniforme clinquant de la VB brille de plus belle. "Non, non..." Il étudie son profil, son visage éclairé par le feu. "Enfin je crois, le propriétaire a filé, l'autre... L'autre était un criminel recherché." Dewie ressent un peu de soulagement à l'idée qu'Ernie ne soit peut-être pas mort, et soupire, se tournant lui aussi vers la boutique partant en fumée. "Quelle journée," marmonne-t-il plus pour lui-même que pour elle. Lui qui ne sort jamais du manoir se retrouve sous les feux croisés des autorités et d'un criminel recherché... Il laisse échapper une prière rapide, silencieuse, pour la vie de l'homme piégé par les flammes. Il se confessera plus tard du soulagement insidieux qui s'infiltre en lui - mieux vaut lui que moi.

Dewie a un mauvais pressentiment, et une nervosité handicapante qui se fiche dans ses tripes, fait remonter une bouffée d'angoisse dans sa poitrine et le long de sa gorge. "Si tu n'avais pas été au milieu aussi ! Je pourrai te faire comparaître pour obstruction à la justice !" Dewie se tourne vers elle et recule d'un pas, ses yeux noirs écarquillés. "Quoi? M-m-mais non!" Il recule de quelques pas maladroitement, blêmissant. La dernière fois qu'un Adepte a été tiré jusqu'aux bureaux de la Justice Magique, il a été tué à distance. "J'ai rien fait! Je savais pas!" Il a toujours sa baguette à la main mais n'ose pas la lever, se contentant de raffermir sa prise dessus. "C'est- non, ce n'est pas de ma faute. Et tu n'as pas de preuve! C-C'est toi qui l'a laissé à l'intérieur, pas moi...?" L'exclamation devient un questionnement existentiel - est-il à l'origine de la mort de cet homme? Il aurait mieux fait de rester au lit aujourd'hui.

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@Gelawdewos Creed | juin 2007

Voilà, elle était en rogne maintenant. Contre Dewey qui lâchait des "quelle journée" comme s'il avait quatre-vingt piges, contre le criminel qui avait osé mourir, contre l'autre qui s'était tiré, contre le monde entier, contre elle surtout. Qui semait des morts de plus en plus facilement, qui avait encore la décence de s'en vouloir encore un peu mais que ça énervait surtout. Et il fallait que quelqu'un prenne et il y avait Gelawdewos le Revenant à proximité. Gelawdewos qui se la jouait victime. Regard plus que noir de Siham alors qu'il enchainait les bafouillages. Bien sûr que ce n'était pas de sa faute mais il pourrait avoir la délicatesse de dire que si, non ? Juste pour faire plaisir à Siham. Mais ça, il savait pas faire apparemment, peut-être même pour ça qu'il s'était tiré d'ailleurs. Ah oui, pour rien faire, il avait rien fait, il avait juste été là avec sa gueule qu'elle avait quasi oublié, sa gueule qui l'avait déconcentré. Puis le feu. Putain. "Non, toi, tu t'es enfui comme un lâche. Ta spécialité il semblerait." Ton doucereux, sourire presque mielleux alors que le regard était toujours furibond. Shoot dans la canette qui traînait non loin de ses pieds, jurons en arabe (parce qu'il fallait rester poli pour les apparence mais vu qu'en arabe les gens comprenaient pas, ça passait crème), elle se tourna de nouveau vers le sorcier, pas calmée pour deux mornilles. "Tu veux des preuves ? Rien que ta présence ici est louche, tu voulais acheter un objet qui n'existe même pas !" qu'elle cracha, ignorant tout des tuyaux liturgiques. "Regarde ! Tu te pointes, ma mission rate, un mort ! Coïncidence ?" Oui, totalement mais ça, elle ne le dirait pas à haute voix. Et il était où son connard d'hound ? Qu'il se rende utile une fois dans sa vie et éteigne le feu. Siham, elle n'osait même plus regarder en direction du bâtiment. Pas parce qu'elle y avait laissé cramer un type, non, mais parce qu'elle savait qu'elle allait rester bloquée sur les flammes, en oubliant justement le gars et tout le reste par la même occasion. Ok, inspirer, expirer, arrêter de rugir sur Dewey qui avait toujours ses doigts cramponnés à sa baguette. Ce serait con de devoir le brûler lui aussi (inquisition 2.0) juste parce qu'il l'avait pris pour une folle furieuse et était passé à l'attaque. "Tu pourrais au moins éteindre le feu pour te faire pardonner." La moindre des choses, surtout qu'elle était occupée à gérer ses émotions. Etape un, vider son esprit, étape deux arrêter de s'énerver au milieu d'une rue devant un bâtiment en flamme, c'était très mauvais pour l'image et encore plus pour la réputation.

"Non, toi, tu t'es enfui comme un lâche. Ta spécialité il semblerait." La mâchoire de Dewie se décroche, ses joues colorées d'un rouge incandescent qui le brûle jusqu'à la racine des cheveux. Est-il véritablement un lâche? La vie est bien plus précieuse que tout autre cadeau de Dieu - n'a-t-il pas eu raison de s'enfuir pour ne pas périr? Comment est-il sensé Le servir si il n'est pas en vie?

Et pourquoi est-ce que le jugement de quelqu'un comme Siham le dérange tellement, pourquoi aimerait-il changer la lueur de mépris qu'il peut apercevoir dans son regard vrillé sur lui?

Elle n'a aucune importance dans sa vie ou son futur. Sa vie et son futur sont les Douze - et rien d'autre. Siham est un reliquat poussiéreux du passé qui aurait mieux fait de rester enfermé à double-tour au fin fond de ses souvenirs. "Tu veux des preuves ? Rien que ta présence ici est louche, tu voulais acheter un objet qui n'existe même pas ! - Quoi?! - Regarde ! Tu te pointes, ma mission rate, un mort ! Coïncidence ? - O-Oui?" Quand Dewie a peur, ses affirmations ont la drôle et suspicieuse manie de ressembler à des interrogations... Dewie pince des lèvres en resserrant ses doigts sur sa baguette, ses grands yeux noirs sautant avec affolement et inquiétude du feu au visage de Siham aux badauds se rapprochant de plus en plus d'eux. "Tu pourrais au moins éteindre le feu pour te faire pardonner. - Euh, oui, d'accord, bien sûr. Aguamenti!" Bien content qu'on lui dise enfin quoi faire, Dewie se tourne vers le bâtiment et un filet d'eau jaillit de sa baguette, venant enlacer les flammes les plus proches avant de recouvrir comme une nappe épaisse l'origine-même du feu.

Personne n'en ressort et c'est avec une certaine tristesse qu'il constant les restes fumants et cendrés de son magasin préféré, ses traits s'affaissant en même temps qu'une partie du toit rongé par les flammes. "Du coup pas besoin d'alerter les autorités, euh, je vais y aller?" couac-t-il au final en direction de Siham, lui jetant son regard de biche en danger qui ne sait pas trop où se mettre, reculant d'un pas en gardant main-prise sur sa baguette - il redoute encore un, littéral, retour de flamme de sa part, surtout vu la lueur orageuse de son regard.

belly of the beat

@Gelawdewos Creed | juin 2007

Décors digne des origin movies de grands méchants, rougeoiement des flammes se reflétant dans le regard sombre, ça montrait les crocs, suintait la rogne, prête à bondir sur celui qui finissait de l'agacer avec ses bafouillements. En plus, il avait l'audace de ne pas répondre comme Siham voulait. Grrr. Il n'y aurait pas les spectateurs, elle... Aurait rien fait de plus, elle avait déjà pulvérisé son record de conneries pour la journée, accuserait son hound sans trop de remord d'ailleurs. Ou pas, le feu la mettait toujours en tête de liste des suspects potentiels (discrimination). "Vraiment ?" renchérit-elle, mine soupçonneuse, parce que c'était quand même improbable de retomber sur un disparu pile au milieu d'une mission foireuse (ou alors, elle avait foiré la mission à cause de la présence du revenant mais ça ferait mal à son professionnalisme donc hypothèse rejetée). A deux doigts de l'interroger plus que ça, de lui faire avouer tout sur tout - bien qu'un type comme Dewie ne devait pas avoir grand chose à cacher à part d'obscures histoires d'orgue machintique - pour se défouler. Elle se retint, l'envoyant plutôt éteindre le feu alors qu'elle se dirigeait vers les civils qui investissaient les lieux, air sombre, ton sec, circulez, il n'y a rien à voir.

Juste des cendres et un plafond qui dégringolait. Elle eut la décence de prendre un air vaguement embêté. Peut-être accuserait-elle plus le mort que son hound, puis elle dirait bien qu'il y avait zéro témoin, elle n'allait après tout embarqué Gelawdewos pour faire son rapport alors qu'elle l'avait déjà (un peu) traumatisé. Grandissante envie de faire bouh dans sa direction pour voir si il partait en hurlant. Siham préféra lever les yeux au ciel, comme si il ne pouvait poser de question plus stupide. "Mais tu fais ce que tu veux !" C'était un grand garçon autonome, non ? Qu'on pouvait plus laissé sans surveillance que Siham, cf le magasin de musique. Bon, s'agirait d'envoyer des sous-fifres s'occuper des dégâts (genre les nés-moldus chargés du ménage dans le ministère, ça leur ferait une petite sortie, elle était trop sympa comme fille). Dernier regard à Dewie, peut-être un peu moins noir cette fois, temps d'hésitation. "C'était cool de te revoir" ? Bof non, ça sonnait bizarre et très saut d'humeur. "A dans dix ans" préféra-t-elle donc grommeler avant de transplaner en vitesse pour annoncer la bonne nouvelle à la VB : le fuyard ne causerait plus jamais de soucis.

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