objection ! (kingham #1)

objection !

@Kingsley Shacklebolt | juin 2007

Il fallait voir le bon côté des choses, penser positif. P O S I T I F avec des petites étincelles autour du mot pour le faire briller. Elle n'était positivement plus en train de calculer le nombre d'années - enfin de mois voire de jour vu la situation et le fait que les étoiles avaient l'air de beaucoup en vouloir aux Al-Massri - qu'il lui restait avant de mourir dans d'atroces souffrances pour traîtrise ou autres petits détails. Elle ne pensait même plus au paternel qui arrivait à l'emmerder même mort avec son foutu héritage. Non, Siham n'avait plus qu'une chose en tête et cette chose était Elena Alvarez - cette engeance de harpie croisée bouffonne - qui avait osé être nommée référente personnelle de son humble personne à la place du Vieux. De son vieux à qui elle avait l'habitude de parler depuis des années au point qu'elle était heureuse à l'idée de le voir (alors que ça voulait quand même dire être un minimum sociable), de son vieux à qui elle aurait bien aimé parler de son père tout juste mort et d'à quel point son anniversaire était le plus pourri qu'elle n'ait jamais vécu. Mais non, il avait fallu que le destin s'acharne à lui retirer TOUTES ses figures paternelles (ou presque) et qu'il lui foute l'autre grognasse dans les pattes qui avait rien trouvé de mieux que lui sauter dessus pour lui annoncer la nouvelle. Non, franchement, elle aurait préféré resté dans le camp des méchants aux yeux d'Alvarez, là ça leur ajoutait un point commun sur leur liste de points communs (à savoir brunes, yeux marrons et ça s'arrêtait là parce que Siham était une sorcière super bien et l'autre voilà quoi).

Pour la peine, elle avait appelé une autre figure potentiellement paternelle (des daddy issues ? que nenni). Enfin pas tout à fait, Siham n'appelait pas, Siham galérait avec le machin moldu qu'on lui avait refilé et les avait tous maudits de ne pas avoir trouvé un moyen de communication magique. En plus, il avait d'abord fallu passer par Carmen et faire comprendre l'urgence de la situation sans trop en dire non plus pour ne pas ~~spoiler~~ se griller. L'exploit avait été de rester gentille et polie au téléphone alors qu'elle maintenait une poche à glaçons sur l'œil que l'autre malade avait poché en guise de cadeau de début de collaboration. Merci l'éducation, Siham avait même réussi à avoir un ton tout à fait affable ce qui avait fait douter la vieille de la nécessité de l'entrevue. Là, elle songea carrément à trahir l'Ordre juste pour leur faire les pieds. Carmen avait capté les mauvaises ondes à ce moment là, balança l'adresse et Siham lui raccrocha au nez. Poliment.

Tout ça pour se retrouver dans la cambrousse et trop bien habillée pour s'y balader. Il avait plu, il y avait de la boue et des flaques, si Shacklebolt ne résolvait pas le problème, elle faisait un malheur. D'ailleurs, c'était encore loin le point de rendez-vous ? L'endroit indiqué était à la fois très vague et très spécifique - style sous l'arbre déchiré en deux par la foudre - alors elle n'avait pas pu y transplaner directement. Elle s'alluma une cigarette - trois semaines qu'elle avait enfin réussi à arrêter pour que son père foute son sevrage à l'eau en mourant - et la première bouffée la calma légèrement. Ok, elle voyait la silhouette d'un sorcier se découper au loin, il était largement temps de prendre l'air civilisé. Avec un peu de chance, son œil au beurre noir ne se verrait pas sous le maquillage - Elena ne l'avait pas loupé -, au pire elle inventerait une histoire de chute dans les escaliers pour sauver l'honneur. Sourire poli au sorcier, hochement de tête en bonjour, légères hésitations sur les salutations - chef, Shacklebolt, le nom de code, le prénom ?, définitivement pas le dernier - avant d'ouvrir la bouche et d'entrer directement dans le vif du sujet. "Je dois vous faire part d'une situation des plus fâcheuses." Traduction : "rendez-moi le vieux, même s'il est mort, tout même le spiritisme plutôt que l'autre". "Mais je pense que les qualités de référente d'Alvarez sont, au mieux, inexistantes." Sourire entendu, ça devait savoir que l'autre, à part cogner comme une débile, ne savait rien faire.

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Déléguer n'est pas une affaire simple pour quelqu'un comme Kingsley, mais il lui a fallu se rendre à l'évidence il y a quelques temps maintenant: même si il en a envie, il ne peut pas tout faire et se présenter à tous les fronts. Alors tous les agents-double ne répondent pas à lui et lui seul, seuls ceux qu'il trouve particulièrement pertinents et utiles - même si il pose un véto sur chaque potentiel agent et certains informateurs, micro-manager désagréable et omniprésent que tout le monde adore détester.

Généralement, c'est lui qui s'immisce entre informateur/agent et le référent, au grand déplaisir de ce dernier. Ainsi, il est plutôt surpris quand Carmen l'appelle pour lui dire que Cleo (une agent-double, sang-pure de surcroît, Handler, la totale) veut rentrer en contact avec lui, par-dessus la tête d'Elena. Peut-être qu'elle a beaucoup à lui dire, qu'elle a découvert quelque chose d'important? Kingsley n'a pas vraiment de temps à perdre, occupé comme il est, alors il se doute que ce doit être un sujet primordial que la Cleo veut aborder avec lui - et il sait que Carmen l'aura cuisinée et bassinée pour qu'elle crache le morceau ou parle au moins de l'importance de la situation.

Donc il prend rendez-vous et s'y rend, en avance, ses yeux sombres et nerveux observant son environnement avec méfiance. On ne reste pas longtemps en vie sans une bonne dose de paranoïa.

Le craquement du transplanage de la jeune femme lui fait tourner la tête et il l'observe s'approcher d'un regard pesant et intense. Il la salue d'un hochement de tête lorsqu'elle est proche, ses yeux dévalant le long de sa silhouette à la recherche d'un indice ou d'une indication quelconque de la raison de ce rendez-vous impromptu. "Je dois vous faire part d'une situation des plus fâcheuses." Kingsley fronce les sourcils. "Mais je pense que les qualités de référente d'Alvarez sont, au mieux, inexistantes." Un lourd silence accueille sa déclaration et le visage de Kingsley reste figé dans une expression alarmée et désapprobatrice à la fois. "Qu'est-ce que..." Il s'interrompt et soupire. Une main sort de la poche de son manteau pour se poser sur son front, glisser le long de son visage, pincer l'arête de son nez. Elena, évidemment qu'Elena ne cesse pas d'être une épine dans son pied quoiqu'il arrive. "C'est pour ça que tu m'as fait venir ici." La question tombe à plat, et la main de Kingsley aussi, alors qu'il se tourne tout à fait vers elle.

Il la dévisage et puis finit par soupirer lourdement. "Qu'est-ce qu'elle a fait, encore?" demande-t-il, supérieur improvisé gardien improvisé frère pourri, habitué à ramasser après les siens.

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@Kingsley Shacklebolt | juin 2007

Silence pesant, Siham ne bougea pas d'un iota, air déterminé, dos bien droit, pour montrer que ce n'était pas un simple caprice mais une affaire d'état. Qu'on lui mette le premier clampin venu mais pas Alvarez, elle ne méritait pas Alvarez, personne ne méritait Alvarez et Alvarez ne méritait qu'un aller-simple au fond de la Tamise. Mais les poissons du lieu ne méritaient pas ça non plus. Dur. Sourire un peu froid option maintien de l'air respectueux. Kingsley, c'était quand même le boss (enfin, il y en avait d'autres mais c'était le plus classe, votez Kingsley, avec un peu de chance la flatterie télépathique marchait) et elle le dérangeait parce qu'Elena était méchante avec elle même si elle n'allait pas le présenter comme ça sinon elles allaient finir au coin toutes les deux et ça règlerait rien à part le compte de leur dignité. "Oui, c'est pour ça. Je sais que cela semble assez... Futile mais rien que sur la question de la discrétion, l'on peut aisément dire qu'Alvarez ne remplit aucun critère." Battements de cils, en mode toute gentille, toute mignonne, toute professionnelle. Si ça ne marchait pas, elle tenterait les larmes de crocodiles avec la carte "mon papa est mort la semaine dernière".

Sourire satisfait quand l'homme réclama les explications. C'était bon ça, surtout le mot encore, ça prouvait qu'Alvarez semait le désordre absolument partout donc était potentiellement évinçable. Tant pis pour l'honneur et la honte qui pesait sur les dénonciations, elle désigna son œil poché. "Ca pour commencer." Puis elle avait tenté de lui éclater la tête sur le béton, l'avait faite pleurer, l'avait battue aux examens en première année d'étude supérieure même si ce n'était plus d'actualité. "Et l'on ne s'entend pas particulièrement." Euphémisme. "Ce qui, dans le cadre d'une relation aussi délicate, peut être risqué..." Elle ne disait ça, elle ne disait rien mais si elle devait espionner sous les ordres d'une connasse, la tentation de trahir juste pour faire chier entrait dans le tableau. Elle ne le dit pas à haute voix, elle n'avait aucune envie de se faire exécuter sommairement pour mutinerie. "Je ne veux plus rien avoir à faire avec elle et je demande réparation." Toujours réclamer plus pour avoir ce que l'on voulait réellement. Les réparations, elle s'en fichait bien, le coquard serait parti bien assez tôt puis elle lui avait éclaté le nez et l'épaule en représailles donc elles étaient déjà quittes. Et maintenant, la carte finale, histoire de bien montrer que l'Ordre avait besoin d'elle. "Oh, sur un autre sujet, je peux potentiellement intégrer les mangemorts sous peu. Cela serait intéressant pour l'Ordre, non ?" Ton innocent, si avec ça elle ne pouvait pas faire de caprices...

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"Futile mais rien que sur la question de la discrétion, l'on peut aisément dire qu'Alvarez ne remplit aucun critère." Kingsley doit véritablement convoquer toutes ses forces pour ne pas se mettre à rire, à renifler, ou à lever les yeux au ciel - ou les trois en même temps, pourquoi pas. La jeune femme n'a pas tout à fait tort, bien entendu, Elena n'a jamais été un modèle de discrétion et d'obéissance. Malgré leur mésentente constante ces derniers temps, et leurs nombreux accrocs au fil des ans, Kingsley sait qu'il peut lui faire confiance et qu'il n'aura jamais à douter de sa loyauté. C'est ça, plus que tout, qu'il chercher parmi les membres du cercle cinq et, plus particulièrement, les référents des agents-doubles.

Quand il lui demande ce qu'elle a fait, Siham désigne son visage. "Ca pour commencer." Oeil au beurre noir. Il reconnait bien là le coup de poing de la soeur de Javier. "For fuck's sake," marmonne-t-il sous sa respiration, excédé. "Et l'on ne s'entend pas particulièrement. Ce qui, dans le cadre d'une relation aussi délicate, peut être risqué..." Kingsley n'aime pas du tout quand on fait des conclusions pour lui mais il laisse filer - à l'entendre, il comprend bien que l'animosité entre les deux femmes est profonde, et que Siham ne doit pas avoir beaucoup de gens à qui se plaindre et en parler.

"Je ne veux plus rien avoir à faire avec elle et je demande réparation." Kingsley arque un sourcil, toute compassion s'évaporant en un clin d'oeil de son visage et de ses pensées en l'entend. "Réparation? - Oh, sur un autre sujet, je peux potentiellement intégrer les mangemorts sous peu. Cela serait intéressant pour l'Ordre, non ?" Kingsley plisse des yeux. "À vrai dire pas du tout, ça te mettrait en danger et nous avec. On a déjà suffisamment d'agent-doubles de ce côté-là de la barrière, on n'a pas besoin de ça en plus," crâne-t-il avec une assurance placide. C'est un mensonge (malheureusement), les Marqués fidèles à l'Ordre se comptant à peine sur les doigts d'une main... mais ça, Siham n'a pas besoin de le savoir.

Kingsley arque les sourcils, la mettant au défi de continuer avec son bluff. "Je crois que tu es en train de te méprendre sur deux-trois choses, Siham. Ici, c'est pas la colonie de vacances, et je ne suis certainement pas un moniteur qui va te faire changer de chambre parce que tu ne t'entends pas avec ta voisine de lit. Je parlerai à Elena mais la prochaine fois que j'entends parler d'un incident du genre, je te le promets, vous allez le payer toutes les deux." Il prend sa voix la plus grave et la plus sérieuse pour dire ça, son regard sombre et intense comme toujours. "Je t'explique. Tu ne peux pas faire de marché avec moi, tu ne peux pas me faire chanter, tu ne peux pas espérer une seule seconde tirer ce que tu veux de moi à mon insu, et tu ne demandes certainement pas des 'réparations'. Tu fais ce que je te dis et si jamais tu t'aventures à faire quelque chose qui ne me plaît pas, si tu pètes de travers ou si tu décides tout d'un coup de déconner, rappelle-toi que je sais qui tu es, je sais de quel bois t'es faite, et je sais où t'habites. Et toi? Qu'est-ce que tu sais de moi et de l'Ordre?" Il arque les sourcils. "Je veux bien passer sur ça aujourd'hui. Mais si jamais tu essayes quelque chose du genre de nouveau, ne sois pas étonnée du résultat. Pigé?" Des réparations... et quoi encore, des conséquences néfastes aux décisions de Kingsley? La bonne blague!

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@Kingsley Shacklebolt | juin 2007

Ok, qui faisait le malin tombait dans le ravin et Siham n'était pas loin de trouver du pétrole. Rétropédaler n'étant pas en option, il n'y avait plus qu'à camper sur ses positions. Oui, oui, réparation parce qu'Elena avait tapé et on avait dit pas le visage. Pas parce que c'était douloureux, juste parce que ça pouvait être chiant à dissimuler notamment lorsque l'on avait zéro skill en médicomagie. Puis bien sûr, elle avait continué sur sa lancée et eut bien du mal à ne pas paraître mortellement offensée lorsqu'elle se prit un next. Douche froide bonus vague sensation de soulagement. Elle, si rien ne l'obligeait à prendre la marque et que l'Ordre n'y avait aucun intérêt, elle passerait son tour volontiers. Les visages de mangemorts qu'elle connaissait défilaient dans sa tête, une question : qui ? Elle ne la posa pas, sachant que dans un aucun monde on ne filait la liste des collègues aux agents doubles. Meilleur moyen de faire un strike si l'un tombait. "Vraiment ?" finit-elle quand même par demander parce qu'une telle assurance lui faisait douter de son utilité.

Déluge de remontrances dans la gueule, vague impression d'avoir seize ans de nouveau, face à son père en version limite sympa. A l'époque, ça aurait oscillé entre les larmes le "tu connais pas ma vie" et les représailles à la boîte d'allumettes, là elle se contenta de le regarder fixement, ravalant l'air de défi pour ne pas en rajouter. Les limites avaient été testées, les limites avaient été trouvées, au moins c'était clair.

"Oui" chef.

Un temps de silence. "Veuillez m'excuser..." Elle ne fut pas d'humeur à en ajouter d'avantages. Les longues excuses - hypocrites au possible - ce n'était pas pour les entrevues secrètes les pieds dans la boue. Elle n'avait plus grand chose à dire de toute manière, pas d'informations intéressantes à balancer, que dalle à part que son référent originel lui manquait. Mais Alvarez l'avait dit, c'était la guerre et Siham n'était pas du genre à (trop) chouiner. Spécialement devant le haut de la hiérarchie qu'elle aurait éviter se mettre à dos. Fallait dire que dans ce domaine, elle était passée pro. Et maintenant ? Très forte envie de transplaner dans la seconde, elle attendit quand même, des fois qu'il en aurait une couche à ajouter. Puis elle demanderait éventuellement à sa mère si elle connaissait une malédiction pas trop-trop mortelle pour les sorciers qui osaient la faire se sentir particulièrement conne.

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Malgré son regard vaguement défiant, la gamine a au moins le mérite de paraître vaguement piteuse, et de lui donner un "Oui" obéissant qui pourrait presque foutre la frousse à Kingsley - il faut dire qu'ils ne sont pas nombreux, à se laisser être mater par Royal après quelques mots, et qu'il lui faut généralement travailler les autres à bras-le-corps pour qu'ils entendent raison (il pense notamment à Elena).

Il ne se permet pas d'avoir l'air surpris, au contraire, se contentant de la vriller de ses yeux sombres et pesants en attendant la suite inespérée, qui finit par venir après un court silence: "Veuillez m'excuser..." Et lentement, très lentement, les traits de Kingsley s'adoucissent, séduits peut-être par quelqu'un qui sait reconnaître ses torts au lieu de lui renvoyer les siens dans la gueule (...il pense notamment à Elena). Kingsley se contente de lever la main, de l'agiter dans les airs d'un air désobligeant. "C'est oublié," dit-il sincèrement. Pas le temps pour les querelles du genre au sein de l'Ordre, leur mission est bien trop précieuse pour être mise en péril par des egos froissés et des pardons à rallonge: lui n'a jamais eu la patience pour ce genre de choses, et il apprécie l'efficacité de Siham en la matière.

"Parle-moi de cette histoire de Mangemorts," lui demande-t-il, revenant aux affaires courantes. Il n'a pas besoin qu'elle le fasse, et préférerait qu'elle ne se mette pas en péril ainsi, mais il n'est pas bête au point de penser qu'elle a un modicum de choix sous l'égide de Voldemort. Quelque chose d'autre s'adoucit sur le visage de Kingsley, un morceau de lèvre qui s'étire dans un pli vaguement compatissant, alors qu'il rajoute d'une voix égale: "j'ai appris pour ton père." Il a de nombreux oiseaux dans la société sorcière et, comme chaque sang-pur qui meurt, la mort de Farouk a fait coulé un peu d'encre et a réveillé quelques rumeurs. "Je suis désolé." Son père à lui est encore en vie malgré son âge, et il ignore ce qu'il ressentirait à apprendre sa disparition dans les journaux... apprendre celle de son frère et de sa belle-soeur avait déjà été un coup au coeur. Son père... Kingsley préfère ne même pas y penser.

Il hésite à lui donner un petit coup dans l'épaule, façon papa grognon maladroit, mais s'abstient, imaginant qu'il n'est pas assez proche de Siham pour se le permettre, et qu'elle prendrait peut-être ça pour de la pitié. "Tu te retrouves en selle avec votre entreprise de baguettes, j'ai cru lire. Parle-moi de ça aussi." Qu'au moins il sorte de cette entrevue avec un minimum d'informations.

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@Kingsley Shacklebolt | juin 2007

En fait, tout était de la faute d'Alvarez. Parce que c'était elle qui avait été nommée, parce qu'elle n'était rien qu'une brute et lui avait éclaté un genou en plus de la gueule, parce que Siham ne pouvait pas se la voir à en oublier qu'elles étaient censées avoir muries depuis leur onze ans. A en oublier surtout qu'elle n'était pas du genre à aller chouiner auprès d'un supérieur même si l'incompétence de sa référente n'était pas à démontrer. Elle aurait du se contenter d'y pallier, voilà tout, ça lui aurait même permis de démontrer qu'elle méritait sa place et ce plus qu'Elena au lieu de se retrouver face à Shacklebolt sans raison valable.

La posture perdit un peu de sa raideur quasi-militaire aux mots du sorciers. Les excuses avaient été acceptées presque trop vites à son goût (c'était louche ou alors elle était parano). Peut-être parce qu'il n'y avait après tout pas de temps à perdre avec les futilités de ce genre vu la vitesse à laquelle il retourna au vif du sujet. Ah bah voilà, il était quand même un minimum intéressé par les promotions de type mangemoresques, rassurant. Elle s'apprêtait à répondre quand survint l'aparté condoléances. Le regard vira au froid alors que le visage de son interlocuteur s'adoucissait. "Il n'y a pas vraiment de quoi l'être, cela fait un ennemi de moins." déclara-t-elle, factuelle, ne tenant absolument pas à en parler outre mesure, sentiments mitigés à l'égard du décès, impression d'inachevé surtout. Elle avait trop souvent rêvé du jour où il se serait rendu compte - trop tard - que depuis le début, elle le trahissait, qu'il n'avait jamais réussi à la mater. Et cela aurait été en souriant qu'elle aurait regardé Farouk et ses projets s'effondrer en château de cartes. Puis maintenant ? Rien. Presque une raison de moins de se dresser contre le régime plus une légère sensation de vide...

Pensées refoulées dans un coin de son esprit - l'occlumancie se révélait être pratique - Siham résista à l'envie de s'allumer une cigarette, ce n'était après tout pas très correct devant un supérieur. Elle se lança plutôt dans les réponses, s'assurant ainsi de changer de sujet. Quoiqu'on y revenait toujours un peu, foutu paternel, foutu héritage. "Mon père était en passe d'être promu mangemort malgré la mauvaise réputation que nous ont collé certains membres de la famille." Pointe de mépris à la mention des autres alors mêmes qu'ils étaient dans le même camp. "Je vous passe les détails qui ne sont guère passionnants mais il avait réussi à revenir dans les bonnes grâces du régime. Moi-même ai de bonnes relations avec des personnes haut-placées dont des mangemorts et l'on s'attend plus ou moins à ce que je prenne la relève et donc la marque qui va avec" exposa-t-elle, ton sérieux, marquant une pause avant de reprendre. "Quant à l'entreprise, j'en hérite également bien que cela ne soit pas encore tout à fait abouti..." La faute au mort et au disparu ça. "Mais les derniers prototypes de baguette se sont avérés être réussis, c'est notamment ça que mon père s'est... S'était refait une réputation. Rapides à fabriquer, peu chers, efficaces pour les sorts jusqu'au niveau... Mettons quatrième année ? Après, elles perdent nettement en puissance, spécialement pour les sortilèges offensifs, que la population Le véritable intérêt est que les baguettes sont utilisables par tous les sorciers, quelques soit leurs caractères et leur spécialité. Ainsi, plus d'histoire de "c'est la baguette qui choisit son sorcier", non, là, elles coûteront une somme ridicule et les consommateurs pourront même en choisir la couleur. Ce sont les hybrides qui sont visés pour l'instant, vu leur statut de danger public. Après je ne pense pas que le lord cracherait sur une population intégralement équipée de baguettes peu puissantes et donc affaiblie en cas de soulèvement. Surtout que l'on aimerait les rendre traçables voire même y insérer un dispositif de sécurité qui permettrait dans l'idéal de détruire la baguette et son utilisateur à distance si besoin." Sujet connu sur le bout des doigts, des années qu'elle avait été enrôlée pour le projet. Elle reprit son souffle quelques instants, sourire sans joie aux lèvres. "Voilà pour le cahier des charges officiel, officieusement le tout peut être facilement trafiquer. Mon père a tenu à ce que les détails de fabrication restent nébuleux donc ils peuvent toujours être modifiés..." Haussement d'épaules comme si rien n'était plus facile.

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"Il n'y a pas vraiment de quoi l'être, cela fait un ennemi de moins," lui dit-elle, avant de parler des certains membres de sa famille qui y ont apporté l'opprobre. Kingsley repense à Aslan dans son bureau, la voix vibrante de passion et de détermination, et il a du mal à se figurer en quoi Siham et lui font partie de la même famille - la jeune femme semble perdue dans sa danse entre les deux camps, et il ignore encore véritablement si il y a véritablement une perle à trouver chez elle, ou si elle ne se révélera être qu'une épine dans son pied au final.

Elle a l'air pourtant bienheureuse de répondre à sa question, avec un sens du détail qu'il apprécie. Kingsley écoute posément tout ce qu'elle a à lui dire sans bouger, la tête légèrement penchée sur le côté, son visage fermé et imbibé de réflexion. Il se demande quels liens ont véritablement le Lord et la famille de Siham, et si elle l'a déjà vu de ses propres yeux - en quel état est-il? Est-il en bonne santé? Accessible?

Pourrait-il s'en approcher et le tuer?

L'idée fait dévaler un frisson presque douloureux le long de son échine, et Kingsley doit réfréner sa curiosité dévorante, gardant plutôt un air placide face à Siham, hochant lentement la tête lorsqu'elle a fini. "Merci," commence-t-il, par que sa mère n'a pas élevé un rustre (paraît-il). "Quand est-ce que tu penses que ça se fera? Pendant la production, est-ce qu'il serait possible que tu nous procures des baguettes?" Ses yeux se plantent dans ceux de Siham, une invitation silencieuse à ne pas les détourner et à ne pas tourner autour du pot. Même si l'Ordre ne manque pas de baguettes, Kingsley est soucieux d'un jour en perdre - et puis, face à un gouvernement fasciste au fonctionnement tentaculaire et quasi-omniscient, on n'est jamais trop préparé. Jusqu'où serait-elle capable d'aller pour l'Ordre? Ou elle-même? C'est toujours difficile à dire avec les agents-doubles, surtout ceux de son acabit.

"Tu dis que tu as des bonnes relations avec des gens haut-placés, y compris des Mangemorts. Dis-moi leurs noms, et leurs postes, et explicite ta relation avec eux." Kingsley est sans relâche, précis et autoritaire - il a besoin d'avoir toutes les cartes en main, pour ensuite savoir comment les distribuer aux autres. Même si ça a tendance à lui exploser au visage, il ne sait pas fonctionner autrement et il ne pense pas qu'il existe meilleur moyen de se démener de cette guerre sans fin à laquelle ils sont confrontés depuis des années maintenant. Il est tenté de lui demander si elle connait l'existence des Battues, mais il ne pense pas lui faire entièrement confiance encore, alors il se contente de se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas dire quelque chose de compromettant.

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@Kingsley Shacklebolt | juin 2007

Et ça jouait la gentille soldate au rapport exhaustif récité soigneusement alors que ça bouillonnait de l'intérieur. Yeux sombres rivés sur le visage de l'homme en face, à y chercher un quelconque signe d'approbation et à rien n'y trouver. Pas si étonnant, il ne lui devait rien, c'était à peine s'ils se connaissaient, il lui avait même fait comprendre qu'elle n'était pas si utile que ça, qu'il y en avait d'autres des agents doubles, des mieux placés qu'elle même. Siham, pourtant, crevait d'envie de lui prouver le contraire, un peu inutilement d'ailleurs, juste par soif de reconnaissance par un gars qui représentait ses idéaux. Désir partagé avec celui de tourner les talons en déclarant que l'Ordre pouvait se faire foutre, Shacklebolt et Alvarez en premier. Elle ne bougea pas d'un iota, prit trente secondes - fait rare - avant de répondre, air imperturbable de fille de bonne famille collé à la face. "Je ne peux promettre de date, le décès de mon père a quelque peu perturbé le calendrier." Lèvres qui s'étirèrent en un sourire sans joie, presque ironique, jusqu'au bout il faisait chier. "Mais dans un mois, les choses devraient être rentrées dans l'ordre et la production amorcée. Quant à procurer des baguettes pour l'Ordre, ce serait faisable, en théorie." En pratique, ça pouvait la foutre dans la merde mais alors bien comme il fallait si on tombait sur une baguette et que l'on remontait jusqu'à elle. Il n'y avait pas trente milles producteurs de baguettes Wish dans le pays... Foutue dépendance des anglais à leur bout de bois là, si la résistance pouvait réussir à s'en passer, ce serait quand même nettement plus pratique.

Elle finit par craquer, glissant une cigarette entre ses lippes, l'allumant d'un claquement de doigts nerveux avant de continuer à répondre à son interrogatoire. Son ancien référent ne lui avait jamais autant manqué qu'à cet instant précis, même Alvarez semblait vivable à côté de Shacklebolt qui virait à l'inquisiteur. "Felix Wickham, mangemort, un collègue de la VB" commença-t-elle à lister sans sourciller, commençant par son préféré comme ça le nom ne serait pas forcément le plus retenu. "Callum Selwyn, mangemort travaillant au ministère également, grand ami de mon père, nous avons failli finir fiancés. J'ai également des contacts à la BCBC, notamment via mon fiancé qui y travaille, puis avec la société des sang-purs bien comme il faut en général." Haussement d'épaules, pas tout à fait certaine de vouloir énoncer les noms des gens qu'elle connaissait un à un parce que ça serait fastidieux et que surtout elle n'aurait plus grand chose à offrir derrière. Et elle commençait à se méfier de cette éventualité car le sorcier en face d'elle avait pile la gueule du mec qui se débarrassait des agents doubles une fois leur utilité épuisée. Peut-être qu'elle était juste paranoïaque, peut-être qu'elle se disait ça parce qu'à la place du Shacklebolt, c'était ce qu'elle ferait pour limiter les risques de trahison derrière. Elle tira une nouvelle fois sur sa cigarette, veillant à ne pas envoyer la fumée dans la gueule de son interlocuteur, regrettant vraiment de s'être plainte d'Alvarez.

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"Je ne peux promettre de date, le décès de mon père a quelque peu perturbé le calendrier." Le sourire cynique sur les lèvres de la gamine donne une mauvaise impression et un mauvais pressentiment à Kingsley, qui reste silencieusement impassible. "Mais dans un mois, les choses devraient être rentrées dans l'ordre et la production amorcée. Quant à procurer des baguettes pour l'Ordre, ce serait faisable, en théorie." Ce serait dangereux, surtout pour elle, mais Kingsley range tout de même l'information dans un coin de son esprit. Il n'a pas encore décidé si Siham Al-Massri était suffisamment utile pour qu'il ait envie de la protéger et de ne pas laisser un coup dans ce genre remonter jusqu'à elle, mais il en parlera plus tard avec Sofia et ils aviseront quoi faire de cette information et de cette possibilité. "Très bien." Ce sera suffisant pour l'instant.

La pression semble monter du côté de la joueuse Al-Massri, parce qu'elle dégaine une cigarette et la glisse entre ses lèvres - Kingsley doit se retenir de lui en demander une pour lui-même. Il ne fume pas, mais il y a des moments comme ça où la nicotine prend l'apparence illusoire d'un bon exutoire de stress. "Felix Wickham, mangemort, un collègue de la VB." Une moue s'invite sur la bouche de Kingsley, qui connait bien la brochette de Mangemorts Wickham et n'a aucun amour pour eux. "Callum Selwyn, mangemort travaillant au ministère également, grand ami de mon père, nous avons failli finir fiancés." Un Selwyn, catégorie sale race, Kingsley se souvient avoir été gamin et avoir été terrifié par cette famille malsaine jusqu'au bout des ongles. "J'ai également des contacts à la BCBC," l'évocation même lointaine d'un autre Zabini durcit un peu le regard de Kingsley, "notamment via mon fiancé qui y travaille," Marius Ravenac aux dernières infos, Kingsley garde des notes complètes sur ses agent-doubles, il ne le connait pas très bien ceci dit, "puis avec la société des sang-purs bien comme il faut en général." Pas plus de noms que ça. Peut-être qu'elle n'est pas aussi stupide qu'elle en a l'air.

"Très bien," répète Kingsley d'une voix égale. "Merci." Il l'observe fumer avec une envie non dissimulée avant de détourner le regard. "Ce sera tout pour moi." Il attrape les pans de son manteau et en fait claquer le col sur sa nuque en tapant du talon sur le sol humide, un tic qu'il remarque à peine et qui indique qu'il en a fini avec ce qu'il était en train de faire. Ses pensées bouillonnent et il n'a désormais qu'une envie: retourner à St James, se servir un verre de whisky, se couper et s'allumer un cigare, et discuter avec Sofia du cas Al-Massri. Ah, et... "Je toucherai un mot à Elena. La prochaine fois..." Kingsley soupire, inspecte d'un oeil nouveau le bleu que la soeur de Javier a laissé sur le visage de Siham. "Je vais pas t'encourager à lui en foutre une, mais il va falloir se serrer les coudes et résoudre ses problèmes comme des grandes. Parce que si le problème devient trop gros, la seule résolution acceptable est généralement de se débarasser des éléments perturbateurs." Il lui jette un regard impavide.

"Bonne chance avec les baguettes," lui dit-il simplement avant de se détourner et de transplaner dans un craquement sonore.

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