Yoda - Do or do not

Do or do not

The self is not so weightless
Nor whole and unbroken
Remember the pact of our youth

La scène est familière, comme la première d'un spectacle après le fiasco de mois de répétitions. Elle est installée derrière son bureau, non pas celui de l'aile est cette fois-ci, mais celui, bien plus personnel, situé au nord, et elle contemple, de nouveau, un monticule de papiers particuliers.
Kolya se tient non loin, le même air désapprobateur affiché sur les traits, quoi que très léger, discerné grâce aux années passées à ses côté et, une fois de plus, elle ignore son mécontentement. Le bruit des pages qu'il tourne, sans les lire, elle en est certaine, berce le silence agréable de la pièce d'un rythme satisfaisant. Elle sait ce qu'il pense de cet arrangement et, si elle le comprend, ils savent tout deux qu'il peut difficilement en être autrement.
Ses yeux s'attardent sur les signatures encore fraîches, plus dans sa mémoire que sur le parchemin sec depuis longtemps maintenant, et la culpabilité peine à pointer le bout de son nez.
Son regard glisse légèrement sur le bois de rose délicatement verni du bureau, sur la plaque de marbre veinée qui en recouvre le dessus, et la surface lustrée lui renvoie un sourire satisfait auquel elle ne peut qu'acquiescer.

It's for the best really.

Une alliance avec les Rowle est extrêmement bénéfique pour leur famille. Ils y gagnent un nom avec un bagage, un prestige, mais aussi une image bien ancrée dans l'esprit britannique, la garantie de la qualité d'un service et un monopole qu'ils étaient les seuls à contester.
Elle n'aurait pas pensé finir dans ce type de partenariat avec Rosemary, l'envie de pouvoir entreprendre une compétition plus sincère face à ses talents d'architecte et de businesswoman plus que réelle mais elle sait reconnaître l'avantage d'un tel arrangement. Des considérations futiles comme la fierté ou la passion n'ont pas à se mêler des affaires professionnelles et jamais elle ne compromettrait les intérêt familiaux pour des aspirations personnelles.

Pas pour ça en tout cas.

Si elle est consciente des attraits économiques et sociaux de la transaction, elle n'en a pas oublié Zoya pour autant.
Elle n'a pas besoin de rouvrir le portefolio pour conjurer l'image d'Hector dans son esprit, le sorcier croisé à plusieurs reprises au sein de la demeure Rowle ou dans les locaux de leur entreprise. Bien évidemment il n'est pas assez bien pour elle. Sur aucun point. Ni le nom, ni le prestige, certainement pas le talent et encore moins la prestance. Zoya mérite bien mieux.
Mieux qu'un Weasley désargenté et désintéressé, mieux qu'un Rowle désemparé. Mieux, peut-être, que tout ce qu'elle aurait pu lui proposer. Mieux que ce dans quoi les Strugatsky l'ont enfermée. Un mariage d'intérêt.

Son attention erre du récamier où Kolya est négligemment allongé, le velours pourpre une complémentarité élégante aux tentures d'un lin discret, au spectacle des flocons qui dansent derrière l'immense fenêtre encadrées de dorures ciselées.
La neige n'est que factice derrière la baie vitrée, magie et illusions mariées pour un hiver éternel, paysage blanc fréquent dans les ailes qu'elle occupe, la Russie toujours un souvenir doux amer.

England suits Zoya just fine.

Si elle doute qu'ils finissent par s'aimer sincèrement, ce qui ne serait pas plus arrivé avec le Weasley, n'en déplaise aux espoirs juvéniles que sa cadette a pu nourrir, le Rowle a bien plus de mérite et d'attrait à ses yeux.
Mou, malléable, sans talent, sans présence et sans ambition. L'époux fantôme parfait. Nulle doute dan son esprit que Zoya saura resplendir sans s'embarrasser de sa présence, un mariage joliment ficelé et une liberté officieuse que beaucoup pourrait lui envier.
Avec un peu de maturité, et une certaine discrétion, elle pourrait même trouver cet amour si parfait auquel elle se plait à rêver, qui sait ?

« Yes. This is good. »

Et si elle doit de nouveau ignorer son Ombre, son sourcil levé, la question aussi claire dans le silence que son affirmation précédente, qu'il en soit ainsi.
Good, better even, but for whom ?
Kolya congédié, agacée, plus par son sourire amusé que sa présence, elle se résout à une après-midi solitaire. Le travail ne manque pas mais il semble qu'elle doive supporter les inquisitions d'un autre membre de leur famille.
Baguette tournoyée, les portes de son bureau s'ouvrent et elle accueille Zoya.

« What's the matter ? »

La scène est familière, comme la première d'un spectacle après le fiasco de mois de répétitions.

There is no try

Where you go
I'm going
So jump and I'm jumping
Since there is no me without you

Do or do not

Zoya et Brygida

Clac.Clac.Clac. Ses talons frappent le sol de marbre, résonnent sur les murs et traversent d’un bout à l’autre le manoir. Les escaliers se mettent en place dès qu’ils sentent qu’elle approche. Les portes s’ouvrent automatiquement sur son passage. Elle marche droit. Elle regarde droit devant elle, son cou légèrement tendu vers le haut. Ses yeux sont plissés et ses lèvres pincées par une colère bien cachée. Les pas de Zoya suivent un rythme régulier et un tempo silencieux, comme si elle se retrouvait sur la passerelle d’un défilé de mode. Zoya aurait fait une mannequin magnifique. Elle en a tous les attributs et les qualificatifs. Grande, mince, des jambes élancées, un visage d’ange, des lèvres bien dessinées, une moue de poupée, des yeux souriants, des longs cheveux bruns soyeux, un équilibre parfait et un charme capable de déstabiliser n’importe qui. Plusieurs agents ont approché maman Strugatsky et elle leur a toujours rit au nez. La matriarche avait bien d’autres plans pour sa plus jeune. Zoya joue un peu ce rôle de toute manière dans la famille. Elle ne vend pas des vêtements, mais elle vend la marque des Strugatsky et un style de vie. Son apprentissage a ressemblé grandement à celui des modèles. De sa posture droite et fière, à sa façon de parler et de s’exprimer. Mais, tout ça, c’était déjà inné chez elle. Il a juste fallu un peu de perfectionnement. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas parce qu’elle se pratique à marcher qu’elle traverse les couloirs d’une démarche déterminée, mais bien parce qu’elle a deux mots à toucher à sa sœur ainée. Sa sœur chérie qui, depuis la mort de leur mère, a décidé de prendre le rôle de celle-ci et de décider ce qui est le mieux pour sa cadette. Et Zoya en a marre. Elle commence à le faire comprendre au reste du clan. D’abord, par sa fugue qui même si elle n’a pas été prise au sérieux, a tout de même lancer un message.

Depuis sa révolte avortée, Zoya a décidé de faire profil bas. Parce qu’elle sent bien que son attitude dérange sa fratrie, mais aussi parce que ça ne lui ressemble pas. Elle n’aime pas ressentir toutes ces émotions négatives. Elle a vécu beaucoup d’événements émotifs dans les derniers mois, mais elle n’aime pas comment elle a géré, ou plutôt comment elle n’a pas su bien gérer. Mais, ce qu’elle vient d’apprendre vient tout gâcher. Elle ne peut pas rester silencieuse, alors que Brygida lui a joué dans le dos. Une fois de plus.

---Quelques minutes plus tôt

Zoya se trouve dans l’aile sud et profite des rayons du soleil qui traversent l’énorme fenêtre de son atelier de peinture. Passe-temps qu’elle a négligé beaucoup trop dernièrement et qui pourtant, lui fait un bien fou. Quand elle peint, elle oublie tout. C’est cliché, mais c’est la vérité. Il n’y a qu’elle et sa toile, ses pinceaux, ses couleurs et des idées artistiques. Une barrière se forme entre ses pensées encombrantes de la vie courante et ses pensées créatives. Tout autour d’elle devient flou et plus aucun son ne traverse ses tympans. Elle sifflote doucement un air au hasard. Les poils de son pinceau glisse sur la surface granuleuse de la toile blanche qui s’imbibe peu à peu de couleur. Un léger faisceau passe au-dessus d’elle. Elle lève la tête. "Bonjour mère."Si au début c’était déroutant, à présent, elle est rassurée lorsque le fantôme de sa mère vient lui rendre visite."Tout va bien?"Question plutôt étrange lorsqu’on s’adresse à un esprit errant. "Je n'aurais pas pensé que ta soeur choisisse de récupérer le Weasley. Surtout pour te laisser un Rowle fané. Tu le prends bien je trouve, étant donné les affinités avec le déserteur." Elle se montre pensive, mais en réalité, elle attend la réaction de Zoya. Cette dernière n’est pas certaine de comprendre et son air interrogateur attise la revenante. "Oh tu ne savais pas? Je croyais que vous vous disiez tout."Sa mère n’a pas perdu de son mordant. Ce n’est pas parce qu’elle est translucide qu’elle ne peut pas se montrer sournoise. Zoya se prend une douche glacée en pleine figure. La surprise lui donne un haut le cœur. Elle n’arrive pas à prononcer un seul mot et elle ne remarque pas le visage satisfait de sa mère avant que celle-ci ne s’évapore. La jeune fille reste là sans bouger pendant de longues minutes. Remettant un peu d’ordre dans ses pensées, elle se sent dépassée…---

Elle tourne le coin qui mène à l’aile nord où se trouve le bureau personnel de sa sœur. Elle se bute à une porte qui refuse de s’ouvrir, trop récalcitrante à la magie défaillante de la plus jeune des enfants. Comme si elle ne reconnaissait pas la magie de la brunette. Zoya l’ouvre manuellement en pestant et elle reprend sa cadence. Le bureau se trouve juste devant elle. Elle accélère le pas, les portes s’ouvrent et Kolya apparait dans l’embrassure. Il pose une main sur ses frêles épaules en la voyant bouillir de rage. Elle l’esquive, pas question qu’elle ramollisse, et pénètre dans l’énorme bureau de Brygida qui l’accueille non sans montrer son agacement. "VOLEUSE!" qu’elle s’écrie, elle-même surprise par cette accusation, mais elle est trop remontée pour faire marche arrière.

smoke and mirrors

Do or do not

The self is not so weightless
Nor whole and unbroken
Remember the pact of our youth

L'accusation tonne dans le bureau tranquille. Kolya s'est éclipsé, le traître, et ne reste que Zoya et cette scène décidément trop familière qu'elle n'a aucune envie de voir se jouer de nouveau pour un encore.

Elle pourrait s'offusquer pour l'entrée virulente dans ses bureaux. L'excuse, offerte sur un plateau, est tentante. Lui annoncer, calmement, qu'elle n'a aucune envie d'être parlée sur ce ton et lui enjoindre de prendre un rendez-vous ultérieur à la date de sa maturité enfin retrouvée, et Dieu sait qu'ils l'ont tous cherchée ces derniers jours. Mais elle ne le fait pas. Parce qu'il s'agit de Zoya.

Elle n'a même rien dit pour la fugue, Brygida. Ni à Mikhail, face à sa consternation, ni à Zoya qu'elle devinait prête à la confrontation. Elle a gardé toute son amertume moqueuse en croisant Izar. Pas un mesquin « I hope it still feels worth it. ». Rien.
Pourtant, elle aurait pu. Regarder leur Suprême, arquer un sourcil narquois en souvenir de ses propos sur Zoya, sa confiance en sa capacité à porter plus que les lettres de leur nom et lui demander how he felt about that, now ? Proposer de remettre la responsabilité de tout faux pas sur le compte de Vasilisa. N'était-elle pas celle qui s'obstinait à pousser leur sœur sur la voie qui lui avait coûté sa propre Ombre ? Rappeler à Zoya que le Suprême, tout comme n'importe quel membre du conseil familial, aurait pu demander l'exécution d'Izar pour son écart.
Elle n'en a rien fait.

Parce que, dans le fond, elle n'est pas déçue. Pas même surprise. Zoya a cédée à la moindre pression et il n'y a qu'elle, apparemment, pour ne pas s'en étonner.
Elle ne lui en veut pas parce qu'elle n'attendait rien d'elle. Rien de plus que toutes ces années déjà passées. Qu'elle vive sa vie, éloignée des considérations qui la dépassent, et qu'elle y trouve un bonheur suffisant dans lequel se noyer. Elle n'échappera jamais totalement aux affaires familiales, personne n'oserait lui promettre un tel rêve, les aspects les moins reluisants de leurs commerces un bourdonnement constant, un écho persistant dans ses pas dont elle devra s'accommoder. Si elle arrive à fermer les yeux dessus, ou juste à les détourner, un peu, à se laisser éblouir par l'or extrait de la sueur et du sang d'autres, alors, elle pourra être heureuse.
Elle lui a tenu la tête sous l'eau, longtemps, à la forcer, peut-être, à ne rien voir ni entendre. Bien qu'elle ne regrette pas ses choix, la plupart dont Zoya ne sait rien, elle admet néanmoins posséder une part de responsabilité dans la situation actuelle.

« And what did I steal exactly ? »

Aussi s'arme t-elle de patience envers sa benjamine, les traits gardés placides quoi que curieux. Manquant cruellement d'envie, elle entre tout de même dans la danse, donne la réplique à sa sœur plutôt que d'attendre ses explications.
Qu'a t-elle bien pu lui voler ?

L'idée lui vient, un instant, qu'elle sait. It can't be. La crainte fugace est étouffée avant même qu'elle ne s'autorise à formuler son inquiétude dans la sécurité de ses pensées. She can't possibly know about that.
Les secrets ne manquent pas au sein du palais et s'il ne s'agit pas du mieux gardé, c'est le seul qu'elle laisserait Zoya lui reprocher.

There is no try

Where you go
I'm going
So jump and I'm jumping
Since there is no me without you

Do or do not

Zoya et Brygida

Alors que les deux sœurs se toisent, l’une avec un regard noir, l’autre avec un regard ennuyé et que la tension dans l’immense bureau a monté en flèche depuis l’entrée accusatrice de Zoya, il est difficile de croire qu’elles ont déjà été inséparables. Zoya a ne sait pas quand leur relation s’est brisée, quand les choses sont devenues différentes entre elles. Depuis la mort de leur mère? Probablement avant. Quand Zoya était trop occupée par ses études et que Bry a été lancé sans grands ménagements dans les affaires plus ou moins louches de l’entreprise. Elle a toujours tenue sa benjamine loin de tout ça, s’éloignant elle aussi du même coup. Elle a changé. Elle a pris plus de responsabilités sur ses épaules et quand Zoya a demandé des explications, elle a fait face à un mur incorruptible. Rien à voir avec celle qui lui chantait des chansons la nuit quand elle avait fait un cauchemar. Toujours qualifiée de faible, la plus jeune la trouve pourtant très forte. Au bout d’un moment, elle a cessé d’insister et elle a fait son bout de chemin de son côté. Leur relation s’est évaporée, s’est tendue, jusqu’à pratiquement disparaitre. Zoya ne se souvient pas la dernière fois qu’elles ont pris le thé ensemble simplement pour parler de tout et de rien, juste pour potiner. Si elles discutent, c’est souvent concernant son rôle d’image, des mises au point, des événements à venir et autres trucs génériques. Des conversations sans saveur, mornes et impersonnelles. Sa sœur lui manque, mais elle a peur de sa réaction si elle doit lui avouer. Alors, elle laisse les choses aller comme elles sont. Elle ne dit rien quand on lui impose un fiancé inconnu. Elle rage à l’intérieur quand elle apprend que Bry est fiancée à celui qu’elle aime. Elle accumule la colère, mais elle n’ose pas éclater de peur de briser pour de bon le peu de ce qu’il reste entre elles.

Jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce qu’elle apprenne que Hadriel lui était destiné et que sa sœur a manigancé pour lui enlever. Là, c’est trop pour elle. Elle a encore envie de fuir, peut-être pour de bon cette fois. Elle en a marre qu’on la prenne pour une valise. Mais, elle se ressaisie et préfère affronter cette fois. "Hadriel! " Le prénom retentit avec force sur les murs. Le cœur de Zoya bat à toute vitesse. Sa mâchoire est serrée, ses poings aussi. Jamais, elle n’a ressentie autant de rancœur envers sa sœur. "C’est à moi qu’il avait été promis!" Elle se sent ridicule. Elle a l’impression de se battre pour une peluche. Une peluche qui n’en a rien à faire d’elle, mais qu’elle pense qu’elle peut aider. Mais, elle est tellement énervée qu’elle ne réfléchit pas. "Tu savais que je l’aimais et tu as manigancé pour me l’enlever. Pourquoi?" Sa voix, même si toujours accusatrice, a perdu de sa vigueur. Zoya se laisse submerger par les émotions. Elle se sent trahie par l’une des personnes qu’elle a le plus en estime. Elle a l’impression que le but de Brygida est de la détruire, de la rendre malheureuse et elle ne comprend pas pourquoi. Elle ne comprend pas pourquoi sa sœur s’acharne à lui imposer des choses qui ne lui plaisent pas et qui ne font que la rendre mal.

smoke and mirrors

Do or do not

The self is not so weightless
Nor whole and unbroken
Remember the pact of our youth

Ah. Weasley, again.

Qui aurait cru que ses fiançailles seraient rendues pénibles non pas par son fiancé, qu'elle ne croise que très peu, mais par sa propre famille ? Why were they all so obssessed with him ?
Elle se pince l'arrête du nez, inspire lentement, les yeux fermés un instant juste pour effacer Zoya de sa vision, et expire, presque amusée, quand l'image d'Hadriel peine à se former dans son esprit à sa place.
Tout ce bruit et elle ne saurait pas même dire la couleur de ses yeux.
Peut-être que mère savait. Qu'elle a tout anticipé, de son décès sur lequel elle a fermé les yeux à son incompréhension, sa paranoïa face à ses décisions – Hadriel pour Zoya, vraiment ? - et son réflexe, irréfléchi, d'écarter Zoya de toutes ses machinations. C'est un peu fantasque, et pourtant, elle n'en attendrait pas moins de sa mère. Elle ne doute pas, aussi, qu'elle est celle qui lui a envoyé sa sœur.
Petty bitch.

Peut-être qu'elle aurait dû les voir fiancés. Laisser Zoya s'esquinter le cœur en vain. La voir gratter au pied des murs de granit érigés en masques affables et charmants qui servent de personnalité et d'affect aux monstres bouffis d'arrogance et d'avarice auxquels elle trouve un intérêt malsain comme une pauvre bête en manque d'attention. Attendre, sagement, qu'elle s'essouffle et s'épuise, qu'elle réalise que sous la couche ridicule de vernis, la pourriture reste la même et qu'un animal élevé dans la fange ne connaitra satisfaction que dans sa vicissitude.
Est-ce qu'elle pleurerait, de le voir s'abandonner dans les bras d'une autre, moins belle, moins prestigieuse, inférieure en tout point ? A moins qu'elle ne sache déjà.
La pensée qu'elle s'inflige cette risible comédie en connaissance de cause ravive sa colère, et sa mâchoire se resserre en même temps que ses doigts qu'elle a refermé sur son porte plume d'améthyste. Elle ne sent rien, évidemment, les terminaisons nerveuses étouffées depuis longtemps, et il n'y a rien d'autre que sa concentration sur sa poigne, et un peu de hasard, pour l'empêcher de faire couler son sang le long des pointes affilées élégantes.
Il est loin, le temps où leur père s'amusait de ses coups de sang, à la taquiner de vouloir s'imaginer comme Mikhail alors que ses colères tenaient de celles de Vasilisa, celui où elle pensait qu'ils resteraient ensemble, sans concession, et que les seuls cauchemars qui la tiendraient éveillées seraient ceux des autres. Cette époque est révolue et les monstres se sont échappés de la nuit pour venir hanter ses jours, ombres de doutes et questions sans réponse qui la font garder un œil par-dessus son épaule.
Zoya aussi a grandi, elle n'est plus une enfant naïve, n'a même jamais été une enfant stupide et Brygida ne lui fera pas l'affront de la penser aveugle. Elle reste, cependant, une adulte immature, emportée par ses sentiments frivoles et inconstants, éphémères. Une douce idéaliste comme seuls les privilégiés peuvent l'être. Et comme le rôle lui sied. Pauvre martyr dans sa robe de soie immaculée, sur l'autel familial sacrifiée, à offrir son cœur aux pieds d'un traître qui n'a jamais eu son nom à la bouche.

« Is this why you came here ? To throw a tantrum over a man who never once mentionned your name while the details of the betrothal were discussed ? Should I shed a tear or two for your sad excuse of a tragedy ? »

Le lourd cristal est relâché, la plume ajusté sur son piédestal délicatement, du bout des doigts, d'un geste plus contrôlé que ses émotions, le tranchant de la roche délaissé pour l'incisif des mots. Elle n'a pas le temps ni l'envie de se préoccuper de caprices mais peut-être que Zoya a besoin de certains rappels. De savoir pourquoi, et surtout à quel prix, elle peut taper du pied et penser le Weasley comme sa plus grande tragédie.

« Is this what you think we've all been doing ? Ceaselessly wondering "Mhhh how could I meddle in Zoya's life today ? Surely, I have nothing better to do and what a ridiculous idea it would be to entertain the mere possibility that some matters are bigger than her and her wishes !" »

La moquerie s'estompe avec l'air faussement pensif, l'arrondi des moues exagérées qui glisse et se meut en lignes dures.

« If I can't count on you to go the extra miles, can't you at least not bother me ? »

There is no try

Where you go
I'm going
So jump and I'm jumping
Since there is no me without you

Do or do not

Zoya et Brygida

Si les yeux de sa sœur avaient pu lancer des poignards, Zoya en aurait reçu un en plein cœur. Elle se sent immédiatement petite sous ce regard sombre qui ne semble vouloir qu’une seule chose, qu’elle disparaisse. Le visage de Brygida ne présente aucune émotion, si ce n’est que de l’ennui. Il est froid, dur et il la cloue sur place. Il stop direct Zoya dans son élan. Il fait mal. Il oblige la cadette à prendre une grande respiration pour ne pas perdre ses moyens et de faire marche arrière qui la couvrirait de honte. Elle sait qu’à tous les coups, l’ainée aura le fin mot. Zoya n’est pas de taille dans une confrontation, surtout pas contre Bry qui est déjà très expérimentée dans la matière. Elle a eu affaire à des gens beaucoup plus influents et imposants que sa fluette de soeur. Cette dernière n’a jamais été douée pour affronter. Malgré toute sa volonté de se faire entendre, c’est une douceur qui ne souhaite que la bonne humeur. Aussitôt que les mots sont un peu plus durs, elle se dégonfle. Elle déteste ressentir la colère ou la jalousie. Elle déteste les disputes. En face de Brygida qui a l’air d’avoir dix ans de plus depuis la mort de leur mère, elle se rend rapidement compte qu’elle se comporte de façon immature et que cette crise n’est pas digne d’elle. Bry lui fait rapidement savoir par son ton sarcastique qu’elle n’en a absolument rien à faire de ce qu’elle peut ressentir et surtout pour qui, mettant l’accent sur le fait que l’homme au cœur de leur dispute n’aille même jamais mentionné son prénom. Un rappel qui a l’effet d’un coup de poing pour Zoya. Parce qu’elle sait déjà tout ça. Elle sait qu’Hadriel l’a utilisé. Elle sait qu’il n’a jamais tenue à elle, pas plus que sa dernière paire de chaussette. Elle était juste une autre de passage, pas importante. Juste là pour oublier ou pour passer le temps. Il savait qu’elle s’était attachée et il en a profité. Et elle, par son grand cœur et son côté romantique, a cru qu’elle pourrait le faire changer d’avis, lui montrer qu’elle en valait la peine. Mais aussitôt le terme mis à leur relation, elle est oubliée alors que lui est de toutes ses pensées.

Blessée, elle sent son genou fléchir sous le poids de sa naïveté, mais elle se ressaisit et se redresse. Elle ne baisse pas les yeux devant Brygida, même si l’envie de fuir est forte. Elle sait que ce n’est pas la réponse à chaque fois qu’elle se sent dépassée. On le lui rappelle bien assez. Elle savait que Bry ne se laisserait pas crier dessus sans répliquer et qu’elle n’aurait pas la langue dans sa poche. Elle sait utiliser savamment les mots pour toucher là où ça fait mal. Il n’y a aucune empathie pour sa petite sœur, aucun mouvement d’explication sur ses dernières décisions ou de mots encourageants de sa part. C’est peut-être insignifiant pour elle qui malgré son jeune âge, en a connu d’autre, mais pour Zoya oui, c’est significatif pour elle. Pas une tragédie en soi, mais une peine pour laquelle elle a besoin de soutien. Celui de sa sœur qu’elle admire, mais qui semble lui filer constamment entre les doigts. C’est peut-être ça le nœud du problème. Au-delà de ce « vol » de fiancé. Bry ne s’intéresse plus à Zoya. Elle n’essaie plus de la consoler ou de la prendre dans ses bras. Elle s’adresse à elle comme à une simple employée, sans chaleur. Comme à une inconnue. "Tu ne fais peut-être pas tout pour me pourrir la vie, mais tu fais tout pour m’éloigner de toi." Elle déteste cette Bry, moqueuse qui lui fait bien comprendre que le moindre entretient avec elle est une perte de temps et d’un ennui mortel. "Pourquoi avoir changé les plans? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé? Pourquoi faire tout ça dans mon dos en sachant très bien ce qu’il représente pour moi? " Même si moi je ne représente rien pour lui, pense-t-elle très fort. Sa voix s’est calmée, même si elle tremble. Elle a tant de question sur les agissements de sa sœur. "Si ce n’est pas pour m’embêter, pourquoi alors?" Elle a besoin de savoir pourquoi Bry s’est fiancée à Habriel alors qu’elle ne le connait pas, alors qu’elle savait très bien que Zoya l’appréciait et qu'elle ne le prendrait pas très bien.

smoke and mirrors

Do or do not

The self is not so weightless
Nor whole and unbroken
Remember the pact of our youth

Zoya ne recule pas. Elle flanche, elle tremble mais son regard est droit et Brygida est soulagée. Pas fière, pas pour si peu, l'aplomb dans la confrontation la moindre des choses quand on porte leur nom, mais soulagée. Rassurée que, malgré tous les efforts faits pour la préserver de ce qui pourrait la blesser, venir durcir la douceur qu'ils ont eu tant de mal à protéger, et tous ceux mis en place pour ajuster le monde à la vision naïve qu'elle s'en fait, elle ait l'échine assez droite pour lever le menton et lui demander des comptes.
L'accusation laisse rapidement place à des reproches plus calmes, quoique plus lourds de sens.
Juste un éclat, c'est tout. Elle ne demande pas plus. Juste assez de caractère pour tenir en cas d'urgence, le temps qu'on vienne la soutenir.
Son Ombre ou la sienne, Mikhail, ou même Vasilisa, peu importe. Simplement de quoi survivre en attendant que quelqu'un prenne le relai.
Ses réactions aux récents événements ne l'ont pas vraiment réconfortée quant à la question et la litanie bien huilée de ses nuits se fait de plus en plus oppressante.

If I were to die tomorrow, would I leave everything in order ?
Mikhail est loin d'être un Suprême au point mais le Syndicat est proprement infiltré et les liens avec Moscou plus étroits que jamais, le soutien et le ravitaillement nécessaires disponibles en un tour de baguette pour le moment où l'institution ridicule tombera avec les têtes qui la composent. Vasya est toujours une ombre au tableau mais les relations avec sa famille biologique sont stabilisées – and what a hateful sight to see them both alive and well -
Kolya saura gérer l'entreprise, tous comme tous les hauts sièges de l'Administration, habitués aux changements abrupts de dirigeants -
But what about Zoya ?
Where does she fit in this madness ? In the business Mikhail can barely manage ? With Vasilisa and her shortening lifespan, one scandal, one revelation at a time ?
Personne ne la protégera jamais comme les Strugatsky le font, certitude évidente qui ne demande aucune contemplation, mais personne ne la mettra jamais autant en danger non plus.
Alors peut-être qu'elle l'écarte depuis toutes ces années. Peut-être que Zoya lui en veut, et à raison.
Elle s'en fiche.
Une belle-famille locale, réputée et respectable. Assez proche du gouvernement pour conserver ses faveurs mais avec assez de jugeotte pour savoir quand s'en détacher – elle sait Rosemary trop intelligente pour ne pas avoir prévu le renversement inévitable du régime rongé par l'ineptie de ses acteurs.
Voilà ce qu'il faut à Zoya ; un point d'accroche et une distance raisonnable. Un endroit où s'échapper de toutes les vérités qu'elle ne sait pas incapable à affronter.
D'un haussement d'épaule laconique elle enterre le sujet. « Maybe. »
Tant pis si ça lui brise le cœur. La savoir en sécurité vaut toutes les peines du monde.

How long ago were those sleepless nights spent brushing her hair and listening to the tales of her crushes, giggling until the admonishing first rays of sunlight ?

Quiconque d'autre que Zoya et la réponse aurait été aisée et expéditive. Pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Do you ask pigs for the way to the slaughterhouse ? Do collared dogs get a say in the affairs of the day ?
Mais il s'agit de Zoya ici. Elle n'est pas de la chair à canon ou une bête de ferme à sacrifier, peu importe à quel point ses jérémiades veulent faire croire au contraire, pas plus qu'elle n'est un animal que l'on traîne à son pied, peu importe à quel point elle s'en est convaincu.
Et pourtant... Elle ne nie pas qu'elle est pieds et poings liés.
Elle ne peut pas dire qu'elle a le choix. Elle l'avait plutôt.
Elle l'aurait eu, si elle en avait fait de différents auparavant.

Brygida se détend et s'enfonce davantage dans son fauteuil, la posture impeccable abandonnée pour celle plus confortable du moelleux du dossier.
Le ton s'est lui aussi laissé aller, l'impertinence échangée pour l'indolence. « What for ? Why lose hours on a matter your opinion wouldn't have affected either way ? »
Ses yeux se plissent légèrement, scruteurs. « So I could hear all about how you're not willing to do the bare minimum ? When nothing was ever asked of you while we were pouring our sweat and blood into the family business ? »

Elle tapote de l'index le revêtement marbré de son bureau, contemplative. Zoya veut la vérité ; elle peut lui en donner une partie.
« It was selfish, to be honest. » Elle le sait, mais pas dans le sens où Zoya l'entend. « It's not about potential time lost or having something better to do. » Son doigt d'immobilise à quelques millimètres de la surface du meuble. « I didn't want to see those sides of you. »
« I didn't want to believe you blind to all the sacrifices made for you, to what we lost and grieved. »
« I know you're not stupid enough to believe the ridiculous schemes and promises of a pathetic man, greed disguised as love with nothing to prove it, but the thought of you knowing and yet arguing in favor of this masquerade was unbearable. »

« I didn't want to pity you. »

Ses yeux ne la quittent pas. « I know it's my fault. I was the loudest advocate of your ignorance and I do not regret it. » La sincérité de ses mots n'est pas feinte et elle le répéterait sans ciller. Moins Zoya en sait au mieux elle s'en portera toujours, à condition qu'elle accepte de détourner les yeux.
But she barges in her rooms, she makes assumptions and demands of her and she won't stay silent.

« Does knowing the cause make the consequences sweeter ? Would you have slept soundly, had I told you Mother tortured us so much believing she made such a poor match simply for the sake of your young heart made it impossible to be at ease ? »

« An heiress of the main Strugatsky house, to be wed with a penniless, worthless Weasley ? A traitor born to a family of traitors let into our lineage ?
Was I supposed to think nothing of it but praise her generosity ? »

Quelques secondes s'écoulent, maîtrisées, le silence imposé d'un regard pesant.
Une réponse la satisferait-elle seulement ? Des remords, une illumination soudaine. Un retrait ou une nouvelle fugue qui sait. Sa curiosité est titillée.

« Have you thought about anything, even for a second, before storming into my rooms ? Except for your self-righteousness, what rights do you think you have to make demands of me ? In this very walls ? »

Ces murs qu'ils ont tous nourri de leur magie et de leur sang, de celui d'inconnus et d'innocents, de celui qu'ils auront toujours sur les mains.
Sauf elle.

There is no try

Where you go
I'm going
So jump and I'm jumping
Since there is no me without you

Do or do not

Zoya et Brygida

Devant le regard sévère de Brygida, Zoya se liquéfie littéralement sur place. Elle en vient à regretter sa venue. Normalement, la belle est confiante et fière, mais devant sa sœur, elle perd tous ses moyens. L’ainée sait toujours quoi répondre. Elle trouve toujours le mot dur qui fait mal, qui fait reculer. Son ton acerbe déstabilise. Zoya se sent comme une gamine à qui on a volé la sucette et elle sait que Bry s’en délecte. Elle adore ce rôle.
Brygida a l’air d’avoir quinze ans de plus, alors qu’en réalité, les deux sœurs n’ont qu’un peu plus d’un an d’écart. Pourtant leur rôle au sein du clan est complètement différent. Il est à l’opposé. L’une mène d’une main de maître tout ce qui touche à la logistique et l’organisation de la famille. Dans l’ombre, des regards noirs lancés à tous ceux qui osent la regarder. Contrôle et manigances sont ses mots d’ordre. L’autre, rayonne, virevolte, attire et veut l’attention, s’assure qu’on connaisse leur nom. C’est une image. Une illusion. La surface de ce qu’ils sont réellement. Elle n’a rien à se soucier, juste de sourire et de bien paraître. Mais, tout ce poids sur ses épaules depuis la mort de leur mère ne fait qu’accentuer cette maturité précoce sur les traits de son ainée. Elle prend son rôle très au sérieux. Peut-être trop. Elle pense que la gestion de la famille et de l’entreprise doivent venir de sa main. Ces responsabilités pèsent depuis tellement d’années déjà. Zoya ne se souvient pas la dernière fois qu’elle a vu sa sœur sourire. D’un vrai sourire franc, joyeux, libéré. Elle ne se souvient pas la dernière fois qu’elle a vu Bry s’amuser et ne pas être derrière ce bureau beaucoup trop imposant pour son frêle corps. La benjamine ne sait pas si c’est Bry elle-même qui a choisi de prendre la place de Mère ou si c’est cette dernière qui lui a soufflé de le faire de son vivant. Elle ne sait pas si c’est Misha qui lui a demandé de le soutenir ou si ça c’est juste fait graduellement au fil du temps. Parce qu’elle ne sait rien. On ne lui dit rien. Elle ne comprend rien de ce monde de cachotteries. On l’a toujours mise à l’écart. Sans doute pour son bien. Mais, justement, son bien est touché aujourd’hui. On ne lui dit rien. On la contrôle. On marche dessus sans se soucier d’elle ou de ce qu’elle peut ressentir. N’est-ce pas pour cela qu’on la toujours surprotégé pour qu’elle puisse avoir des sentiments et le cœur à la bonne place au contraire de ses adelphes qui ont vu et vécu une forme de noirceur?

Elle n’est pas une poupée. Elle n’aime pas qu’on puisse jouer avec sa vie. Lorsqu’elle ose montrer un peu de caractère, on tourne ses actions et ses paroles en dérisions. Brygida s’en donne à cœur joie. Elle la ridiculise et l’humilie. Son sarcasme est pire que le coup d’un couteau. Elle balai du revers de la main toutes les inquiétudes et les questions de sa sœur comme si elle n’était qu’une employé quelconque. Aucun soutien, aucune empathie. Juste des crachats. Zoya ne réagit pas. Elle retient sa lèvre de trembler alors que ses poings sont fermés. Elle déteste sa sœur. Elle déteste ce qu’elle est devenue. Son discours a sans doute nombreuses vérités, Zoya étant trop aveuglée par son affection envers Hadriel pour réellement le comprendre, mais le ton dégoûté utilisé aurait pu être tout autre. Elle n’est pas n’importe qui. Elle n’est pas une inconnue. Elle est sa sœur. Sa petite sœur, celle à qui elle chantait des chansons, celle avec qui elle a tout partagé dans leur jeunesse. Brygida lui parle des sacrifices faits par tous les membres de sa famille pour elle. Ça fait tiquer la plus jeune. Elle n’a jamais demandé à être protégée. On a toujours supposé qu’elle était trop bonne, trop faible, trop naïve, trop blanche pour faire face à la réalité. On n’a jamais voulu la préparer à la vie. On lui a toujours montré que le beau et le bon et après on se surprend quand elle monte sur ses grands chevaux pour une histoire de jalousie et de garçon.

Elle ne dit rien et encaisse chaque phrase, chaque mot. Elle se sent de plus en plus ridicule et idiote. La tête commence à lui tourner. Le visage de sa sœur commence à la dégoûter. Elle sait que toutes tentatives pour se défendre sont vouées à l’échec. Elle ne fait pas le poids devant Brygida qui a des années d’expérience en négociation et paroles acerbes. "Non. Je n’ai pas réfléchie. " Peut-être aurait-elle dû. Elle regrette d’être venue dans ces murs poussée par la colère, mais pas d’avoir fait part de son mécontentement. Sa famille doit comprendre qu’elle n’est pas dépourvue de caractère et qu’elle n’a plus douze ans. Je comprends que tu veux me protéger, mais il serait temps que tu me laisses faire mes propres expériences et mes propres idées. Je ne peux pas vivre dans une bulle toute ma vie. Tu devais te douter que ça ne me plairait pas ton petit manège. Tu croyais que je ne dirais rien? Tu croyais que j’accepterais tout sans broncher? Et c’est moi qui suis naïve?" Elle parle plus calmement qu’espéré. Elle sait que Bry n’en écoute aucun mot et que tout va à nouveau lui retomber dessus, mais elle compte bien ne pas lui en laisser la chance. Sans doute par lâcheté, surtout elle n’est pas prête à un nouvel affrontement. "Tu penses sans doute que tu te sacrifies en te liant à ce pauvre traitre de Weasley ou que tu me sauves d’un cœur brisé certain? Tu me permets d’avoir une belle vie et un mariage doux avec un mari terne, alors que toi, tu seras misérable? Mais hey, tu l’auras fait pour ta petite sœur fragile qui mérite tant d’être heureuse, quel héroïsme. Quel dévouement. Tu t’attends à des remerciements, peut-être? " Elle a mal. Elle ne se sent pas bien. Elle n’aime pas cette situation. Elle n’aime pas ressentir autant de mépris pour sa sœur. "Désolée de t’avoir dérangée pour des idioties. Étant donné que tout ce que je fais ces derniers temps semble te donner de l’urticaire, je vais m’abstenir de t’adresser la parole désormais." Sans attendre de réaction, elle tourne les talons et sort de l’énorme pièce aussi vivement qu’à son arrivée. Ce n’est plus la colère qui l’anime pourtant, mais la tristesse.

Zoya peut presque entendre la déchirure complète de sa relation avec Brygida.

smoke and mirrors

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