Susan est nerveuse. C'est complètement stupide, d'être un tel état, alors qu'elle va voir Hannah. Leur relation s'est améliorée, au cours de ces derniers mois. Tout va beaucoup mieux entre elles. Rien n'est encore gagné, mais leur dernière mission ensemble leur a permis, d'enfin briser un peu la glace. Elles se sont revues, depuis ce passage dans la serre des Greengrass. Susan a passé une commande précise à la médicomage. Une potion appelée la Sensorite, qui sera utile à Riley, et à ses quatre sens conservés. Elle aurait pu laisser ça, entre les mains des médicomages de l'Ordre, ou demander à un des garçons de s'en charger, mais elle a tenu à le faire elle-même. Déjà, parce qu'elle estime le risque assez élevé, et qu'elle ne veut pas le faire courir aux garçons. Ensuite, parce que, peut-être, qu'elle a aussi envie de revoir Hannah. Cette raison, elle la garde précieusement pour elle. Il n'y a que Alexis, qui le sait. Il faut dire, qu'elle a plutôt compris d'elle-même. Ce n'est pas compliqué, après toutes ces années de colocation et d'amitié.
Elle finit de se préparer, devant le large miroir de la salle de bain. Elle a enfilé un débardeur noir, et une jupe à motif fleuri, fendue sur la droite. Il commence à faire chaud, en cette fin du mois de juin. Elle sait, qu'il fera certainement moins chaud à Édimbourg, mais tant pis. Ses cheveux sont légèrement roux pour la journée, précaution quand elle s'aventure à l'extérieur, même dans le monde moldu. Elle les attache grossièrement en un chignon. Après s'être appuyée sur le lavabo, pendant dix bonnes minutes, Susan a fini par prendre une grande inspiration. Elle sort de la salle de bain, prend un gilet et son sac à main, où se trouve notamment de l'argent moldu. Sa baguette y est soigneusement rangée, grâce à un sortilège de compression. ─ Bye Alexis! See you tonight, love you!

Elle transplane ensuite, direction un coin à l'abris, pas très loin de Portobello Beach. Une fois arrivée, elle ajuste ses cheveux, et plisse sa jupe. Son cœur bat toujours trop vite, quand elle doit se déplacer en dehors du manoir, surtout dans le monde moldu. Susan déglutit, avant de se rendre au point de rendez-vous fixé ensemble. Il y a beaucoup de monde, en ce jour de juin. Il faut dire, que la plage attire des visiteurs. Susan n'est pas vraiment rassurée de cette foule. Elle essaye de regarder droit devant elle, mais aussi, de ne pas paraître trop bizarre. Elle doit se fondre dans la masse, elle le sait.
Elle finit par trouver le banc en question. Elle s'y assoit, attendant, que Hannah la rejoigne. Après ça, elle a prévu d'aller manger au Bross Bagels. Justin lui a parlée en long, en large, et en travers de ce restaurant, soit-disant excellent. Il sera jaloux, quand elle lui va lui dire y être allée. Susan se promet, de faire une fois, une sortie dans le monde moldu avec lui, ne serait-ce que pour manger au McDonald. Il en parle jour et nuit, et ça en devient presque épuisant. Elle tape nerveusement du pied, et essaye de se calmer comme elle le peut. En cinq minutes, elle a déjà dû rembarrer trois moldus un peu trop lourds. Pitié, faites qu'elle arrive vite.

Spoiler:

Hannah apparait dans un nuage magique dans un coin discret du point de rendez-vous. Le vent frais iodé s'engouffre dans sa robe fleurie fendue et elle est assaillie par les odeurs de la côte bien distinctes de celles de Londres. Elle prend une grande inspiration plus pour se donner du courage qu'autre chose et pose une main sur sa poitrine. Son cœur bat à toute vitesse, un mélange d'excitation et de joie à l'idée de revoir Susan qui s'emmêle dans la peur qui ne la quitte plus complètement depuis mai. Elle passe une main dans ses cheveux, glisse derrière son oreille une mèche brune un peu rebelle avant de se mettre en marche vers le banc auprès duquel elles sont censées se retrouver. Hannah est en retard - une mauvaise habitude, une de plus à ajouter au tableau des changements inconvenants - et tandis qu'elle avance au milieu des moldus (qui sont plus nombreux qu'elle ne l'aurait songé dans cette petite ville d’Édimbourg) son visage se tourne à droite et à gauche, tente de se tenir à distance des corps qui pourraient la frôler et resserre sa prise sur son sac en bandoulière, non seulement pour protéger les quelques potions préparées pour l'amie de Susan mais tout autant parce que le contact rugueux du cuir sous sa main l'ancre et la rassure.

Ses dents s'acharnent sur sa lèvre inférieure, alors qu'elle repasse en boucle apaisante les mantra qui ont pour but de la détendre. Si elle sait qu'Ernie avait raison en lui conseillant de voir un spécialiste, Hannah n'en a pas le luxe ; ne pourrait révéler la raison de sa venue sans risquer de se mettre en danger ainsi que tous ses proches. Il n'en est pas question, et puis elle va de mieux en mieux. Non ? She's not certain, working helps, not thinking helps, making potions for the Order helps. Seeing her surely will too.

La sorcière presse le pas quand elle croit apercevoir la silhouette de Susan à quelques mètres ; quelque part elle sait être en retard car elle n'aurait pas supporté d'attendre seule sur un banc la venue de son amie, et aussi parce qu'elle a passé trop de temps à se préparer. A choisir une robe et un léger gilet, à maquiller son visage pour dissimuler les quelques traces d'insomnies (qui heureusement ne sont plus que ponctuelles), elle veut se montrer sous son meilleur jour. N'en comprend pas encore complètement la raison, bien que raisonne dans son esprit la dernière pensée qu'elle a eu quand elle a cru que son jour était venu. Ce n'est pas Zach qui a envahi son esprit embrouillé ; cela doit bien vouloir signifier quelque chose. Hannah sent qu'un détail lui échappe, qu'un écrou manque au rouage pour que tout se mette en marche à nouveau et que tout prenne sens, enfin.

Son sourire s'élargit à mesure qu'elle approche et quand Hannah s'arrête devant le banc, lâchant le bout de cuir pour entrelacer ses deux mains, il éclaire tout son visage. C'est plus fort qu'elle. Et c'est la première fois qu'elle sourit ainsi depuis Mai, et ça aussi ça doit bien vouloir dire quelque chose. Susan a ses cheveux roux d'avant, et porte une jupe dont les motifs font un miroir à ceux qui adornent sa robe. "Hey !" Hannah commence, puis s'arrête pour ne pas bredouiller. Son pied bien au chaud dans une tennis frotte le sol, elle se sent maladroite ; est-ce qu'elles doivent se serrer la main, s'enlacer ou au contraire ne pas se toucher ? Quelles sont les règles quand il s'agit de leur fragile amitié ? L'insécurité revient de plus belle mais le sourire est là sur son visage, brillant, puissant. Et ça lui en ferait presque mal aux oreilles tant ces derniers temps ses lèvres étaient à l'envers. Et son cœur bat très fort, mais pour une fois il n'y a plus de peur. Et il y a son ventre qui se tord, mais ce n'est pas de douleur. Et c'est brutal comme parallèle, comme des sensations similaires peuvent prendre des sens opposés. "I have ehm, the potions." Hannah ne brise pas le contact visuel qui s'est installé entre elles, ne fait pas mine de récupérer les fioles. Il y a tout qui tourne dans sa tête et elle ne fait pas complètement confiance à son corps pour le moment.

Surtout, il y a cette idée entêtante, va-t-elle partir une fois qu'elle aura eu les potions ? Hannah devra-t-elle la retenir comme la dernière fois dans l'auberge ? En aura-t-elle le courage ? Continuera-t-elle de sourire ainsi si Susan disparaît ?
Hannah wants to keep smiling, she wants to keep hoping that not anything is lost and broken. And that she is not either. The answer is here somewhere, she knows.

Spoiler:

tw: mention de PTSD
Susan est nerveuse malgré elle. Elle fait tout pour ne rien faire transparaître, mais cela devient de plus en plus difficile. Elle ne sait pas nommer exactement, ce qui la rend si nerveuse. Peut-être est-ce la foule, ou le monde moldu, ou la nature de la mission. Peut-être est-ce tout simplement, l'arrivée imminente de Hannah. Leur relation est un roller coaster depuis quelques temps. Après des années de silence et de distance, elles se sont retrouvées, et tout ne s'est pas exactement passé comme prévu. Rien n'a été facile depuis ces retrouvailles. Tout est toujours trop compliqué, et on ne peut pas dire, que Susan facilite la chose. Sa tendance, à toujours over think tout, est épuisante. Elle se fatigue elle-même. Et puis, la guerre l'a changé. Elle le sait, et elle déteste ça. Être plus forte est une bonne chose. Ce qu'elle hait, c'est le reste, les cauchemars, les traumatismes, la méfiance, la rancune tenace, la haine viscérale et la peur constante. Détester Hannah est la solution de facilité. C'est d'une simplicité folle, que de reporter toute sa rage sur quelqu'un d'autre, sur quelqu'un qui vous a fait du mal. Parce que oui, malgré tout ce que la guerre a renforcé, Hannah lui a fait du mal. Elle l'a blessé au plus profond de son âme, et cette blessure est difficile à guérir. Parfois, elle se referme, puis elle s'ouvre d'un seul coup, et il faut tout recommencer. C'est tout ça, que Susan déteste. Parfois, elle ne se reconnaît pas. Elle n'ose même pas se regarder dans un miroir, par peur de ne pas savoir à qui appartient ce reflet.
Depuis leur dernière rencontre, Susan a un peu moins de rancoeur. Elle a bien remarqué, que quelque chose a changé. Elle est fatiguée d'être sur la défensive, d'être rancunière après toutes ces années. Susan a envie d'un peu de simplicité dans sa vie. Et aujourd'hui, elle a envie de voir Hannah. L'attente est courte dans la durée, mais lui paraît être interminable.
Un hey interrompt ses pensées. Son pied arrête de taper nerveusement sur le bitume. Hannah est devant elle. Ravissante dans sa robe à fleurs, qui lui va très bien. Elle remarque tout de suite son changement capillaire. Ses yeux s'écarquillent. Hannah est devenue brune. Depuis qu'elle la connaît, elle ne l'a jamais vu autrement que blonde. C'est déroutant, mais pas dérangeant. Cela lui sied particulièrement bien. Elle se surprend, à ressentir une petite chaleur contre ses joues. ─ Hey! finit-elle par lui répondre. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Elle est sincèrement contente. Hannah ne semble pas à l'aise, et Susan la comprend, parce qu'elle également ne l'est pas. Tout est si bizarre, comme si quelque chose a changé. ─ Oh cool. Riley's going to be happy. Nouveau sourire. Et un silence s'installe, alors que Susan est encore assise, et que Hannah est debout face à elle. ─ Hm you-you want to eat something? Justin told me about a bagel restaurant not too far from here. Elles ne sont pas obligées de faire ça. Susan peut simplement récupérer les potions et s'en aller. Mais, elle n'en a pas envie. Pour une fois, depuis le début de cette guerre, la poufsouffle a envie de passer un moment hors de tout ça. ─ I mean if you have nothing to do. I wouldn't want to keep you. Pincement de lèvres. ─ I really like your hair by the way. It suits you.

Spoiler:

Hannah s'est repassée cette rencontre dans sa tête depuis plusieurs jours déjà. Elle retrouvera Susan au lieu indiqué dans le dernier message, elles se salueront en partageant quelques banalités, puis celle-ci tendra la main pour récupérer ce pourquoi elle est venue avant de la quitter sans autre forme de procès. C'est ainsi que les dernières rencontres entre les deux sorcières se sont déroulées. Excepté la fois où Hannah l'a retenue pour s'excuser, et la dernière fois où elles sont restées un peu plus longtemps que nécessaire à proximité de la Serre des Greengrass. Mais c'étaient là des exceptions déclenchées par Hannah, de quoi confirmer la règle implicite qu'elles étaient plus complices de crime qu'amies maintenant.

Mais rien ne se passe comme Hannah l'a planifié dans son anxiété croissante et son insécurité débordante. Susan ne tend pas les mains vers les potions et si elle commente avec entrain la déclaration d'Hannah, elle ne se lève pas pour partir. un silence s'installe, la médicomage retient son souffle, en oublie de cligner des cils.  ─ Hm you-you want to eat something? Justin told me about a bagel restaurant not too far from here, sa bouche s'entrouve mais aucun son ne sort que ce soupir coincé dans ses poumons en apné.  ─ I mean if you have nothing to do. I wouldn't want to keep you. Get yourself together. Alors qu'elle n'aurait pas pensé cela possible son sourire s'étire un peu plus, ses épaules s'abaissent - relâchant la tension et l'expectative dans laquelle elle se trouvait depuis le transplanage - "I'd like that. I have nothing to do. Nowhere I have to be." Nowhere I'd like to be more than here, with you. Pas seulement pour la présence de sa plus ancienne amie, mais pour oublier au moins pour un temps les tracas et les cauchemars et la guerre intangible qui fait rage dans l'ombre du Londres Sorcier.  ─ I really like your hair by the way. It suits you. A cette remarque, Hannah passe une main dans ses cheveux coupés au niveau de ses épaules, ils ont déjà un peu perdu l'éclat chocolat de la couleur, elle hésitait à les laisser reprendre leur couleur de blé ; soudain, elle hésite plus du tout. "thanks. I needed the change." un haussement d'épaule - ne sait jamais comment réagir quand on lui fait des compliments, ne s'attendant certainement pas à ce qu'ils viennent de la part de Susan - et Hannah espère ne pas avoir à expliquer pourquoi ce besoin de changement. Par où commencer, et la Abbott ne souhaite pas passer pour une faible incapable de se remettre d'un petit sort de rien du tout (qui a failli lui coûter la vie mais tout de même) alors que la fugitive a surement dû vivre bien plus. qui serait-elle pour se plaindre et se morfondre.

En outre, Hannah ne veut pas que le sourire sur le visage de Susan disparaisse. Elle s'y accroche comme une noyée à une bouée, et respire l'air frais du vent marin et sent le doux soleil envoyer des caresses légères sur sa peau, et Hannah veut simplement oublier un peu tout le reste et profiter de cette journée. D'autant plus, qu'elle ne sait pas quand elles pourront se voir la prochaine fois, et que depuis son agression son esprit vogue plus souvent que de coutume vers l'ancienne rousse, playing again and again in her mind conversations from the past and from not too long ago. "Where to then?" Et elle lui tend la main sur une impulsion qu'elle regrette aussitôt. Susan n'a pas besoin d'aide pour se lever, et c'est une chose de se tenir la main quand on court dans une serre que l'on est en train de voler, s'en est une autre entièrement de le faire sans raison. Hannah se dit que c'est simplement son besoin de contact qui prend le dessus depuis mi-mai, comme lorsqu'elle a demandé à Ernie de la prendre dans ses bras. Mais son coeur ne bat pareil, et sa main ne tremblait pas alors. C'est différent avec Susan, sans qu'Hannah puisse comprendre pourquoi.

C'est la première fois, depuis la trahison de Hannah, qu'elle a sincèrement envie d'oublier la rancœur de ces dernières années. Susan en a assez de porter ce fardeau, dans un coin de son cœur. C'est épuisant. Elle s'est fatiguée de cette rancune, qu'elle n'arrive plus à entretenir. Cela devient difficile, dès qu'elle se retrouve face à la brune. Elle a beau montrer un visage fermé, être sèche dans ses propos, écourter chaque entrevue. La vérité, c'est qu'à chaque fois, cela devient plus compliqué. Impossible d'avoir une pleine confiance envers elle, pas tout de suite en tout cas. Avec le temps, peut-être, sans doute. Susan en a envie. Evidemment, avec les années, elle a réussi à se faire de très bons amis, qui sont devenus sa vraie famille. Mais, dans un coin de sa tête, il y aura toujours son ancienne famille, celle des poufsouffles. Ernie, Justin, Megan, Zach, et évidemment, Hannah. Cette époque innocente lui manque terriblement. Elle donnerait littéralement n'importe quoi, pour y retourner tout de suite. Quand elle voit la Abbott, elle a un peu l'impression d'y revenir. Ils lui manquent tous. Même Justin, alors qu'il se trouve du même côté qu'elle. Parce que rien n'est plus pareil.
C'est naturellement, qu'elle lui a proposée de déjeuner ensemble. Cela semble naturel, mais pour elles, ça n'a rien de spontané. Passer un moment hors du temps est un luxe. Un luxe, qu'elles ne peuvent pas se permettre normalement. Sauf que, Susan en a besoin. Terriblement besoin. Pour ne pas s'écrouler. Pour continuer à se battre. A tout moment, la Bones s'attend à recevoir un refus. Ça serait largement mérité. Au lieu de ça, Hannah semble enjouée et accepte. Susan se pince les lèvres, et sent ses joues rougir. Elle le cache, en baissant bon visage quelques secondes, avant de le relever, et de complimenter la médicomage sur sa nouvelle couleur de cheveux. Elle est vraiment jolie comme ça. Enfin, elle a toujours été jolie. Mais là, encore plus. Susan a souvent jalousé sa beauté, et l'intérêt que les autres lui portaient. Elle ne s'est jamais trouvée aussi belle, que Megan ou Hannah ou Alexis. C'est d'ailleurs encore le cas. Un complexe renforcé par ses expériences amoureuses désastreuses. Qui a déjà vraiment voulu d'elle, en tant que premier choix ? Personne, pas même Cormac. Elle n'a pas de rancune à ce sujet. C'est juste un fait.
Naturellement, Susan attrape la main tendue par Hannah. ─ It's called Bross Bagels. It's not far from here, just a few streets away, dit-elle, tout en se relevant, à l'aide de la médicomage. Une fois debout, elle plisse sa jupe, et passe une main dans ses longs cheveux blonds. ─ Let's go! Elle lui fait un sourire, avant de prendre la direction du restaurant. Elles ne mettent pas longtemps à y arriver. Il y a un peu de monde, mais cela reste raisonnable. Elles ont le temps de checker le menu, juste avant que ça ne soit leur tour. ─ Hi! I'll have a mama bross club and a chicken parm. Also, two brownies and a lemonade, please. Elle prenait aussi une commande pour Justin. Susan avait promis de lui ramener quelque chose de son petit voyage. Elle se tourne vers Hannah.
─ What do you want? It's on me. Elle peut bien lui payer ça, ce n'est vraiment pas grand chose. ─ Oh and you want to eat in or take away on the beach?

Spoiler:

C'est surréaliste ! Si on lui avait dit la veille que susan lui proposerait de déjeuner ensemble avant de repartir, Hannah n'y aurait pas cru. Cela fait plusieurs années qu'elle a l'impression d'être celle qui recherche à briser la distance en se confrontant à un mur, que la brune ne peut d'abord y croire. Pourtant, c'est bien ce qu'il se passe, Susan qui attrape sa main avant de l'enjoindre à la suivre. Susan qui l'emmène jusqu'à ce petit restaurant et commande son plat avant de  se tourner vers elle et dire comme si c'était une habitude entre les deux sorcières. ─ What do you want? It's on me. Les yeux d'Hannah s'ouvrent en grand. Elle n'en revient vraiment pas, elle a presque l'impression d'être tombée dans univers parallèle où il n'y a pas la guerre et pas ces longues années entre Susan et elle. A universe where they could have stayed friends and together forever. ─ Oh and you want to eat in or take away on the beach? "Oh thanks ! On ne refuse jamais quand quelqu'un propose d'inviter et même si Hannah n'a pas trop envie de prendre de l'argent à Susan, surely she needs it more than she does, elle ne refuse pas. I'll take the Big apple and a strawberry juice." Il y a un mois, la médicomage aurait sans doute pris un dessert aussi, mais la faim l'élude encore un peu, revient par petit bout, Hannah ne veut pas acheter quelque chose qu'elle n'est pas certaine de terminer. Puis, elle se tourne vers son amie et répond "Let's eat on the beach, it's been forever!"

Quand les repas leur sont apportés, c'est Hannah qui se saisit du sac en papier, la restaurant n'est pas trop loin de la plage, et les deux femmes y arrivent en quelques minutes. Tout de suite, Hannah est frappée par la brise marine qui vient chatouiller son nez et s'emmêler dans ses cheveux, sur le sable il n'y a heureusement pas grand monde - la foule lui fait toujours un peur ces temps-ci - et sans plus réfléchir, Hannah se penche pour retirer ses tennis et les tenir dans sa main libre. Ses pieds s'enfoncent dans le sable frais, c'est comme disparaître un peu. C'est agréable et ses yeux se ferment quelques secondes alors qu'un sourire vient éclore sur ses lippes. Ici, elle a presque l'impression que Londres et ses tracas disparaissent, un peu comme l'écume qui vient s'échouer sur la baie dans un immuable va-et-vient. "It feels so great! I didn't know how much I missed this you know." Dit-elle en ouvrant ses yeux et en se tournant vers Susan. Si cela lui parait encore quelque peu surréel, elle a décidé de se laisser aller à profiter du moment. Zach avait raison en définitive, Hannah a bien besoin de vacances, seulement, pas avec lui.

Elles trouvent une petite place, pas trop loin de l'eau mais pas trop proche non plus, et s'y asseoient avant de commencer leur repas. "If I had known I would have taken a bathsuit. Hmmmm, Oh my word it's so so gooood. Do you want to taste mine?" Hannah tend son bagel en direction de Susan. A les voir de loin, on pourrait facilement penser que les deux amies font ça régulièrement, il n'y a presque pas de distance entre leurs deux corps et la tension qui existe entre les deux femmes parait s'amenuiser aujourd'hui. Le changement de décors leur est bénéfique. Ou peut-être que c'est la dernière mission qui les a rapprochées. Peut-être que tout n'est pas perdu entre elles. Cette pensée est une douce musique dans l'esprit de la brune, a little touch of hope in a world that's otherwise so dark. "Thanks for the invitation Susie, pour la première fois le surnom d'antan s'échoue sur les lèvres d'Hannah sans même qu'elle le réalise ou n'essaie de le ravaler, you had no idea how much I needed to escape London." Pendant qu'elle mange, ses orteils jouent avec les grains de sable, la sensation comme des centaines de petits chatouillis sur sa peau, comme des caresses, ce moment ressemble à une parenthèse. Elle voudrait que jamais celle-ci ne se referme.

Susan a besoin de cette journée. Elle en a besoin depuis bien longtemps. Mais, cette fois encore plus. Son avenir est incertain, depuis cette réunion entre l'Ordre et les Avengers. Elle ne fait qu'y penser, encore et encore. Elle essaye de ne pas trop en parler avec Alexis, pour ne pas rendre l'ambiance trop morose, mais Susan voit bien, que tout le monde n'a la tête qu'à ça. Alors, cette parenthèse en dehors du manoir est plus que la bienvenue. C'est aussi un peu risqué, surtout de s'attarder comme ça. Mais, elle ne veut pas avoir de regrets. Elle en a assez d'être en colère, assez de ne vivre que dans la rancune.
Ce rendez-vous est naturel. C'est comme si elles ont seize ans et sont encore à Poudlard, avant le reste, avant l'apocalypse. Elle sait, que Hannah ne doit certainement pas comprendre ce revirement de situation, mais elle ne s'en plaint pas. Susan en déduit donc, qu'elle en est contente. Et c'est ce qui lui importe. Hannah passe commande à son tour, et choisit d'aller manger sur la plage. Susan approuve et hoche de la tête. Elle paye le tout, et attrape son sac en papier. Elle espère résister, et ne pas manger la part de Justin. Au pire, elle pourra toujours lui dire, qu'elle a oublié. Enfin, elle ne lui fera pas ça. Cela pourrait être son dernier repas moldu, avant un long moment.
Elles ne mettent pas longtemps, avant d'arriver sur la plage. Heureusement, la foule semble ne pas s'être agglutinée près de la mer. Elles arrivent donc à trouver un coin plutôt tranquille. Susan retire ses baskets, en même temps que la brune. Le contact du sable, sous ses pieds, est agréable. Elle a l'impression de replonger en enfance, à mesure que l'air marin chatouille ses narines, et que le sable glisse sur ses pieds. Plymouth lui manque, souvent. Elle a failli y retourner avec Cormac, pour leur stupide idée de date. Quand elle y repense, elle trouve ça légèrement gênant. Ils ont bien fait, de s'être arrêtés suffisamment tôt. Malgré tout, Susan aurait aimé, qu'il puisse voir ce paysage lui aussi. Changer un peu d'air. Sortir de la maison. Elle est coupée dans ses pensées par la remarque de Hannah. ─ I've missed this a lot too. Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle met derrière ça. La plage ? Les moments hors du temps ? Leur amitié ? Son sourire et ses fossettes ? ─ It's like breathing again. C'est sincèrement la sensation, qui l'envahit. Comme si, elle avait été en apnée pendant tout ce temps. Elle tourne son visage dans la direction de la médicomage, et lui sourit.
Les deux amies s'assoient enfin sur le sable, à peine tiède. ─ You know we can always buy bikinis in a shop a little further away. Mais l'eau semble un peu trop froide, bien que cela ne la dérange pas spécialement. Hannah a déjà croqué dans son bagel, et ne manque pas d'éloges. ─ No, no, no, enjoy your bagel, dit-elle, tout en bougeant sa tête de gauche à droite. A son tour, elle croque dans son sandwich, et elle doit bien reconnaître, qu'il est particulièrement bon. ─ Wow it's really good. Justin was right. Il a toujours eu de bons goûts en matière de nourriture, surtout la junk food. Elle ouvre ensuite sa bouteille, et boit plusieurs gorgées de limonade, une de ses boissons préférées. La scène est surréaliste. Susan ne l'aurait jamais imaginée, quelques mois auparavant. Elle ne se pose plus aucune question, tout lui paraît si naturel. Cela est presque déconcertant. Il faut croire, qu'il ne manquait pas grand chose, pour que tout redevienne presque comme avant. Elles mangent en silence, face à la mer. Hannah rompt le silence. Entendre son surnom, de sa bouche, la fait presque sursauter. En mission, elles devraient s'appeler par leurs noms de code. Mais il n'y a personne autour d'elles. ─ Trust me, I know. Cette escapade est vitale pour elle. Sans ça, elle n'aurait jamais pu se concentrer pour leur prochaine mission. Susan n'aurait jamais pu risquer sa vie, sans clôturer correctement tout ça, sans rétablir les choses. ─ I think I need it as much as you do. Elle croque de nouveau dans son bagel, et sirote sa limonade, comme si de rien n'était. Personne autour d'elle ne se doute, de la vie qu'elles mènent. Ces moldus sont là, insouciants, vivant leur vie comme si de rien n'était, avec pour unique problème leur travail ou la dernière tromperie de leur mari. Si seulement, elle avait aussi ce genre de problèmes. ─ I am really sorry for everything I said, you know. Susan hausse des épaules, regardant l'horizon. ─ I was just ruled by my feelings. It was selfish and unfair. Elle termine son bagel, en deux bouchées. Susan a besoin d'apaiser son coeur, avant qu'ils n'aillent du côté des Battues. Elle sait déjà, qu'elle sera au sein du manoir, là où la concentration de mangemorts est la plus forte. Elle sait aussi, qu'elle pourra donner sa vie pour sauver celle de Cormac. Elle sait, qu'il y a peu de chances pour qu'elle en sorte vivante. Ses pensées lui pèsent sur le coeur. C'est stupide, de s'apercevoir de pleins de choses quand la mort plane au dessus de notre tête. L'ironie du sort. Soit, Susan accepte sa sentence. Elle libère son coeur auprès de Hannah, et advienne que pourra. ─ I never really hated you. How could I? conclue-t-elle.

─ It's like breathing again. Les mots de Susan font écho à l'état d'Hannah sans qu'elle n'en est conscience. Elle éprouve de grandes difficultés à respirer et cela n'a pourtant rien à voir avec la marque brûlée qui restera toujours en dessous de ses clavicules, à la jonction de sa poitrine. La blessure physique a disparu entièrement pour laisser la place à un étouffement mental, psychologique ; bien plus pernicieux que tout ce qu'une brûlure aurait pu laisser. Mais ici, sous l'effluve marine, ses pieds s'enfonçant dans le sable jusqu'à y disparaître et avec Susan pour seule compagnie, Hannah pourrait jurer respirer à nouveau. Plus sereinement, plus calmement. Un sourire sincère ne quitte plus ses lèvres ; il est comme scotché à son visage, et cela lui avait manqué à tel point qu'elle en aurait presque mal alors qu'il s'étire encore et encore à l'infini. ─ You know we can always buy bikinis in a shop a little further away, lui répond Susan. "I'd like that." La mer l'appelle, il n'y a pas grand monde qui se baigne en plus et la sorcière apprécierait d'enfouir son visage sous l'eau salée, de flotter avec Susan à ses côtés.

Quelque part, Hannah devient de plus en plus persuadée que tant qu'il y a son amie auprès d'elle, tout lui paraîtrait agréable aujourd'hui. Et c'est étrange quand on y pense ce revirement soudain. Alors que quelques mois encore elles ne savaient comment se parler, et avançaient à tatons sur un fil bancal. Cependant, l'ancienne Poufsouffle n'a pas envie de se perdre en interrogations anxieuses, elle veut simplement profiter de ce moment, du vent qui caresse son visage, du délicieux repas, de la plus que sympathique compagnie, et de ces millions de grains de sable qu'elle attrape entre ses orteils comme si elle avait 15 ans à nouveau. ─ I think I need it as much as you do, Hannah tourne son visage vers celui de Susan. "Yeah?" Hannah se perd dans la contemplation du visage de Susan qui est rousse aujourd'hui - un rappel de plus de ce passé qu'elles partageront toujours. ─ I am really sorry for everything I said, you know. Ses lèvres s'entrouvent pour former un O délicat dont aucun son ne sort. I was just ruled by my feelings. It was selfish and unfair. Elle ne sait que répondre et ses joues rosissent stupidement. Hannah baisse son regard jusqu'à ses jambes, ses mains abandonnant le papier qui renferme le bagels pour se déposer jusqu'au sable tiède, en prendre de grandes poignées et les faire tomber doucement sur ses jambes dénudés. Elle se mordille la lèvre. ─ I never really hated you. How could I? Cette fois, elle ne peut plus respirer mais d'une toute autre façon. C'est comme si soudainement Hannah ne savait plus comment faire, comme si elle en avait perdu l'habilité. Et elle entend son coeur qui frappe contre sa poitrine, et elle entend le vent qui souffle sur le sable, et elle entend tout et plus rien à la fois.

Une larme solitaire glisse sur sa joue que la brune vient effacer d'une revers de la main.

"You could have you know. I'd understood if you do, if you did. It was true what you said to me. I-I did left you after I said we'll be together forever." If she could take it all back, would she? "When you left, I-I wanted to find you, you know. But it-it was too late and, elle penche la tête en arrière et ses yeux noisettes se perdent dans le bleu du ciel. il y a un nuage qui ressemble à un chateau. C'était un jeu auquel elles jouaient quand elles étaient plus jeunes et qu'elles passaient des vacances chez les parents d'Hannah. Il y a tant de souvenirs qui glissent dans son esprit, tant de joyeux moments à deux qui sont bien éloignés maintenant, et tant d'apathiques instants toute seule qui composent son présent. "I missed you everyday... I still do. I miss you. Son visage se tourne enfin vers celui de Susan. I miss us." Elle sait que c'est vrai quand elle prononce ces trois petits mots. Hannah ne réalise pourtant pas à quel point ces paroles ont une vérité bien plus profonde et enfouie ; que l'idée de Susan et elle, d'elle et Susan lui manque d'une toute autre manière que la simple amitié qu'elles avaient façonnées il y a tant d'années. Qu'il y a au fond d'elle un manque d'une toute autre nature et d'une toute autre complexité.

tw: mention de suicide
Non, Susan ne l'a jamais vraiment détestée. Elle en a longtemps été persuadée pourtant. Elle le voulait vraiment, fut un temps. Elle n'y est tout simplement jamais arrivée. Hannah est bien trop ancrée dans sa peau pour ça. Dire qu'elle lui a pardonnée, semble un peu exagéré. Susan donne difficilement sa confiance, et la brune l'a toujours pleinement eu, jusqu'à ce qu'elle la piétine allègrement. Les années lui ont montrée, que Hannah pouvait être digne de confiance. Elle s'est engagée auprès de l'Ordre. Elle a pris des risques. Elle en prend chaque jour. Leurs différentes rencontres ont apaisé leur relation. A force de la voir, la Bones n'a pas pu s'empêcher de replonger dans ses yeux chocolats. Leur lien ne s'est jamais vraiment envolé. Et cela a largement contribué à faire fondre l'animosité de la blonde. Alors non, elle n'a jamais vraiment pu la détester. Impossible. Dans le fond, Susan l'aime. Elle l'aime depuis toujours. Mais, elle ne peut pas le lui dire. Elle ne veut pas défaire ce qu'elles ont eu tant de mal à nouer. Elle refuse d'être égoïste aussi, sachant que la prochaine mission est du suicide. Tous ces constats qui la frappent, lui donne le tournis et la nausée. Susan aurait préféré ne pas s'en rendre compte, et continuer à détester Hannah. Tout était plus simple finalement. Elle déglutit, son regard toujours posé sur l'horizon et la mer. Ses pieds s'enfoncent un peu plus dans le sable, et ses mains viennent jouer avec quelques grains.
Le silence de Hannah est déchirant.

Sa confession lui a donné quelques sueurs. Son coeur bat la chamade, stressée d'une potentielle réponse. Elle ne sait pas vraiment ce qui lui fait si peur. Peut-être de la perdre définitivement. Hannah finit par rompre le silence. Susan déglutit. Elle était sûre, qu'elle lui répondrait ça. Hannah a toujours pris le blâme pour tout. Même là, elle lui trouve encore des excuses. Elle lui en a voulue, c'est une évidence, mais elle n'a jamais su la détester comme elle aurait du. Son regard se fronce, quand elle lui avoue avoir voulu la chercher après. Mais il était trop tard. Elles auraient pu rester ensemble tout ce temps. Cela s'est joué à un grain de sable. La Bones remonte ses genoux contre sa poitrine, et les entoure de ses bras. Elle pose ensuite son menton sur le tout. ─ I think timing is never really on our side, souffle-t-elle. C'est sans doute là, le parfait résumé de leur propre tragédie.
Cette conversation ruine l'ambiance joviale. Susan n'a même plus le coeur à terminer son bagel. Elle reprend un peu de sa boisson tout de même, ayant la gorge trop sèche. Maintenant qu'elles se sont dit les choses importantes, what's next ? Susan doit toujours partir pour cette mission, et probablement y mourir. Le timing n'est définitivement pas de leur côté. Hannah rompt de nouveau le silence religieux. I missed you everyday... I still do. I miss you. Son regard se fronce de nouveau. Elle tourne son visage en même temps que la brune. I miss us. Son coeur bat à tout rompre contre sa poitrine. Elle n'entend que ça. Il cogne fort jusque dans sa tête. A-t-elle vraiment dit ça ? Ou est-ce le fruit de son imagination ? Susan se redresse un peu, avant d'humidifier ses lèvres. ─ I- Elle ne trouve pas les mots. C'est assez rare. ─ I miss us too. Pas besoin de tourner autour du pot. C'est la vérité. Leur duo lui manque. Tous ces moments passés à Poudlard lui manquent. ─ I think I love you. C'est sorti tout seul, sans qu'elle n'y réfléchisse. Elle n'a pas contrôle sa propre bouche. C'est ce qu'elle a sur le coeur depuis trop longtemps. Toujours dans sa lancée, Susan embrasse Hannah. Elle se contente d'un petit smack, mais le fait durer un peu plus longtemps que prévu. Son coeur bat encore plus fort. Elle sait qu'elle doit être rouge. Elle se détache un peu de la brune, ne souhaitant pas lui imposer un baiser plus longtemps, si elle n'en a pas envie.

Leur regard se croisent. Hannah a l'impression de se noyer dans les iris de Susan, à tel point qu'elle retient sa respiration sans trop savoir pourquoi ; dans l'attente de quelque chose. Mais quoi ? Tout disparaît autour d'elles : les enfants qui font des tours de sable, les inconnus sans visage qui se prélassent au soleil, l'odeur du sel, la couleur du ciel. Le champs de vision d'Hannah en est réduit à la simple présence de Susan. A son joli visage qui a tant changé et qui reste complètement le même. A ses jambes serrées contre son corps qui apparaissent sous la jupe entrouverte, à sa bouche qui s'ouvre. ─ I miss us too. Hannah n'ose pas bouger de peur de rompre la magie qui tourbillonne autour d'elles. Et c'est bizarre non ? D'être magique et de vivre dans un monde de sortilège, mais d'avoir pour la première fois de sa vie l'impression de pouvoir la sentir et d'être capable de la toucher si elle tendait le bras dans l'air. ─ I think I love you. Elle entend les mots mais ne les comprend pas. La sorcière se sent flottante au dessus de leurs corps assis sur le sable tiède. Elle s'évapore au rythme des battements violents de son coeur.

Les lèvres de Susan rencontrent les siennes. Un bref instant. Hannah n'a pas le temps de fermer les yeux, ni de s'accrocher au frisson qui parcourt son échine, de sa nuque jusqu'au bas de son dos. Elle n'a pas le temps de répondre que Susan s'est déjà éloignée et...

... il y a comme un court-circuit quelque part dans sa tête.  

"B-but... I-you.. why? how?" Une centaine de phrases qu'elle commence sans pouvoir les terminer. Une centaine de questions qui se bousculent en elle dans un dixième de seconde. "Shut up Hannah," se réprimande-t-elle dans un souffle.

oh? oh... OH !

Et soudainement, tout fait sens. Les pièces du puzzle s'assemblent les unes à la suite des autres pour former cette évidence : she loves her too. C'est frappant de simplicité, et comment n'a-t-elle pas pu le réaliser plus tôt. C'était là sous son nez tout ce temps, dans le prénom de son amie d'enfance murmurée à quelques secondes de ce qu'elle croyait être son dernier souffle. Dans le rosissement de ses joues aux compliments de la fugitive, dans le plus grand des chamboulements de son myocarde au moindre effleurement de leurs mains.

C'était là partout, tout le temps.
Aussi immuable que la rosée du matin, aussi inévitable que la roue du temps.

Hannah est restée sans voix trop longtemps. Elle sait qu'elle doit parler ou bouger ou même juste respirer ! Sa main tremble quand elle s'éloigne de son mollet pour se poser contre la joue de Susan et qu'elle dépose une simple caresse de son pouce. C'est tout son corps qui tremble quand elle s'approche du visage de son amie d'enfance en glissant sur le sable qui épouse ses formes. Ses yeux se posent sur les lèvres qui touchaient les siennes il y a seulement quelques secondes et dans un souffle, un seul, "I-I think I love you too." Et avec chaque mot prononcé, sa peur s'envole. La certitude demeure dans sa plus simple vérité.

Hannah dépose un baiser prudent sur les lèvres de Susan, puis un autre. Et un autre. Sa main passe dans les cheveux soyeux et lisses de son amie. Ses joues sont en feu. Ses yeux se ferment.

Et quelque part, au milieu des baisers, derrière les sensations qui explosent un peu partout dans son ventre et dans sa poitrine et sur sa peau ; Hannah se demande quand est-ce qu'elle s'est sentie aussi vivante pour la dernière fois ?