« Attend, que je sois sure de bien comprendre. Tu vas vraiment faire ça ? Non non, attends. Tu vas vraiment faire ça GRATUITEMENT ? » Si Lilith s’en mêlait, très clairement, ça n’allait pas être simple et Makayla allait finir par douter de la bonne, fausse bonne, idée qu’elle avait pu avoir en acceptant ce travail un peu particulier. Ca ne faisait pas très longtemps qu’elle était médecin légiste, elle avait encore beaucoup de choses à apprendre mais l’avantage de travailler dans le monde des moldus, c’était bien qu’elle avait plus de liberté que dans le monde des sorciers. Ici, elle avait l’avantage d’être anonyme, elle avait l’avantage de pouvoir pratiquer autant qu’elle le voulait dans le plus grand des secrets. Ses recherches ne devaient pas être connues du grand public, elle avait bien trop à perdre. C’était bien pour ça qu’elle avait sauté sur l’occasion de la proposition du jeune Finnigan. « Est-ce que pour une fois, tu pourrais me faire confiance ? » Ca, la confiance, c’était pas la chose la plus simple à lui accorder à Makayla, elle sui prenait souvent des décisions sur un coup de tête, qui prenait des décisions comme ça, sans vraiment réfléchir aux conséquences que ça pourrait avoir sur le long terme. Et si la plupart du temps, elle finissait par regretter, là, elle était convaincue, enfin presque, que sa décision était la bonne. « Je ne fais pas ça totalement gratuitement. J’ai passé un accord. Je récupère les organes en échange de mon analyse. » Elle savait que l’homme était un moldu dans une famille de sorciers, c’était ainsi tout bénéfique pour elle. Le fils n’avait pas besoin de savoir pourquoi elle avait besoin des organes du père, il devrait se satisfaire de ne pas avoir à la payer réellement. « Si tu penses que c’est une bonne idée... » Lilith n’y croyait pas évidemment, comme toujours et si Makayla levait les yeux au ciel, elle décidait aussi de ne plus faire cas de la présence de son amie dans la pièce, ce serait plus facile. Devant elle, elle avait le corps qu’elle était censée autopsier, elle aurait très bien pu commencer, rien ne la retenait pourtant, il y avait en elle encore un certain respect des défunts et elle préférait attendre. Pas trop longtemps en tout cas, on frappait déjà à la porte et d’un coup de baguette, elle l’ouvrait pour inviter le jeune homme à entrer. Elle lui souriait, l’humeur plutôt joyeuse ne serait pourtant sans doute pas partagée. « Installez-vous. » Elle désignait une chaise qu’elle avait mis en place pour lui. Ni trop prêt ni trop loin, suffisamment pour qu’il voit ce qu’elle pouvait avoir à lui montrer, pourtant pas assez pour qu’il distingue absolument tout. « Vous voulez que je vous laisse quelques instants avec lui avant que nous commencions ? » On l’oubliait un peu trop souvent avec le caractère qu’elle avait mais elle avait elle aussi des sentiments, elle avait elle aussi un coeur.

Contrairement aux idées reçues qu’on pouvait avoir d’elle quand on la connaissait un peu, elle avait un coeur, elle était humaine. Alors bien évidemment, ça lui semblait normal de proposer au sorcier qui venait à peine d’entrer s’il désirait quelques instants avec son père. Une proposition rapidement refusée qui la fit hausser les épaules, comme si de rien n’était. Elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’il y avait dans le ton de la voix du jeune Finnigan. De la peur, de l’impatience. Il y avait quelque chose en tout cas mais elle choisit volontairement de ne pas en faire cas afin de se concentrer pleinement sur ce qui allait suivre. Elle n’aimait pas travailler quand il y avait quelqu’un pour l’observer, elle ne se sentait plus dans son élément, plus dans sa bulle mais elle n’avait d’autre choix que de faire avec aujourd’hui. Un rire, le sien pour une fois, résonnait pendant un bref instant dans la pièce alors qu’elle portait un regard amusé sur le jeune homme. Finalement, ça semblait être de l’impatience, pressé qu’elle termine pour repartir parce qu’il n’avait pas à être ici. « Théoriquement, je n’ai moi-même pas le droit de faire ce genre de chose alors on est un peu dans le même bateau si je puis dire. » Lui n’avait pas à se trouver dans les bas fonds de l'hôpital, réservés au personnel quand à Makayla, elle faisait des heures supplémentaires mais c’était une affaire personnelle, rien à voir avec le travail. « Qu’est-ce qu’on vous a dit quand il a été déclaré mort ? » Rien qu’à observer, elle pouvait deviner, presque en tout cas. Elle supposait tout du moins, c’était déjà. Ses doigts glissaient sur la peau pâle du cadavre et s’arrêtaient au niveau de sa poitrine, là où auparavant battait un cœur. « C’est un travail de maître si je puis dire. » Elle se parlait à elle-même, ne doutant pourtant pas qu’elle pouvait être entendue et que ses paroles pourraient paraître quelque peu déplacées. « Vous voyez ces marques. Ca, c’est la preuve qu’il n’est pas mort d’une crise cardiaque comme on aurait aimé à le penser. Car c’est de ça qu’il s’agissait n’est-ce pas ? » Elle relevait le regard, interrogateur qu’il était. Elle demandait, questionnait, voulait être certaine de bien faire aussi. Il y avait pas mal en jeu finalement. Elle l’était à comprendre, elle gardait les organes, donnant donnant d’une certaine manière. « Pour des médecins moldus, c’est logique, ces marques seraient même sans doutes imperceptibles si on ne sait pas ce qu’on recherche réellement mais nous, nous sommes plus malins que ça. » Elle parlait, d’elle, elle parlait de lui, des sorciers en général. La théorie de la crise cardiaque, dans le monde actuel, très peu de gens pouvaient encore y croire. Elle soufflait longuement alors qu’elle prenait entre ses doigts son scalpel. Pour beaucoup, elle semblait un peu décalée, un peu dingue aussi alors la voir avec un tel outil entre les mains, ça n’avait pas grand chose de rassurant et pourtant, elle savait ce qu’elle faisait, quand elle donnait la première incision dans cette chaire livide.

Même si elle n’avait pas fait de longues études comme c’était le cas, elle aurait sans doutes été en mesure de deviner que les causes de la mort de cet homme étaient tout sauf naturelles. Un minimum de jugeote, c’était bien suffisant pour cela et elle devinait sans mal le fait que le jeune Finnigan le savait, qu’il lui fallait simplement des preuves, ou en tout cas les mots d’un professionnel couchés sur le papier. Mort naturelle, elle en aurait mis sa main à couper que c’était ce qui avait été déclaré et elle aurait probablement elle aussi fait cette erreur si elle avait été moldue. Une chance que ça ne soit pas le cas alors, une chance qu’elle voit au-delà des apparences et qu’elle puisse sans grandes difficultés affirmer que la mort était tout sauf naturelle. Faisant mine de réfléchir, elle observait les traces que le moldu possédait sur le corps, comme si la réponse allait lui tomber dans les mains l’air de rien, comme si tout allait s’illuminer sans qu’elle n’ait rien à faire. Elle avait bien des idées sur les causes mais entre ça et la vérité, il y avait une différence. « Arrête de tourner autour du pot, tu sais très bien ce qu’il en est. » Lilith était de retour et Makayla essayait du mieux possible de l’ignorer afin de mener à bien ses recherches, ou en tout cas de montrer qu’elle savait ce qu’elle faisait. C’était le cas en soi, elle avait juste besoin d’être certaine pour ne pas envoyer ce gamin sur de fausses pistes qui pourraient le faire tuer s’il tentait de faire quoique ce soit. Il y avait bien eu un sortilège, ça ne faisait aucun doute et avec un minimum de logique, pas besoin de faire de test pour savoir de quoi il en retournait. Elle tournait le regard vers Seamus avant de regarder là où se trouvait Lilith et de sourire. « C’est vrai qu’il pourrait y avoir plusieurs causes. » Elle tournait un peu autour du pot, Lilith avait raison mais elle savait ce qu’elle faisait. En réalité, elle avait peur qu’il change d’avis sur leur accord, ils n’avaient rien signé après tout. Un avis médical sorcier contre les organes du père, il n’avait ainsi rien à payer, financièrement parlant et si ça lui semblait assez juste à elle, elle pouvait aussi comprendre qu’il ne puisse plus être de cet avis. Alors faire traîner les choses c’était un peu sa solution, jusqu’à ce qu’elle trouve une solution, ou qu’elle puisse en voir assez de ce cadavre pour ne peut-être plus avoir besoin de ce qui lui avait été promis. « Je suis sûre qu’au fond de vous, vous savez quel sortilège l’a tué, il n’y en a pas beaucoup qui soient aussi radicaux et propres. » A l’entendre parler, on pourrait presque la croire admirative de ce travail si bien fait et pourtant, elle en était dégoûtée. Certes, la mort des moldus était une offrande pour elle qui pouvait ainsi travailler sur leur cadavre comme bon lui semblait et pourtant, ça ne l’empêchait pas de détester les manières employés. Que les hommes s’entretuent, c’était assez incompréhensible à vrai dire. « C’était un Avada Kedavra, il n’y a pas de doutes. Il n’y a que ce sortilège à ma connaissance qui laisse ce genre de trace autour du cœur. » Tout en parlant, elle désignait d’un cercle du doigt les traces qu’elle évoquait. Elle n’avait pas souvent eu l’occasion de traiter ce genre de cas, la mort dans le monde moldu étant rarement de cause magique mais ça ne l’empêchait pourtant pas d’être sûre de ce qu’elle avançait.

Les causes de la mort de ce moldu étaient évidentes et pourtant, on avait fait appel à elle pour tenter de démêler le vrai du faux. Souvent, les moldus ne voient que ce qu’ils veulent voir, alors la crise cardiaque, c’est le motif idéal à noter sur un rapport, même quand il y a quelque chose de magique dessous. Mais quand dans la famille il y a un ou plusieurs sorciers, il ne faut pas abuser de cette technique. C’est plus facile quand on a face à soi des ignorants mais c’est loin d’être le cas du jeune Finnigan. Il savait que quelque chose ne tournait pas rond, il savait qu’il y avait un soucis et c’était pour ça qu’il avait fait appel à elle. Elle n’allait clairement pas s’en plaindre. Non seulement ça lui donnait du travail mais en plus, il y avait une compensation non négligeable, c’était tout bénéfique pour elle. Alors elle regardait, elle observait, faisait finalement ce qu’elle savait faire le mieux. Ses analyses n’étaient pas une grandes surprises pour elle, il fallait être aveugle pour ne pas comprendre le caractère magique de ce décès mais elle ne le dirait pas en ces termes, pas besoin d’accabler le jeune homme plus que nécessaire, il n’avait pas besoin de ça alors qu’il avait déjà perdu son père. Elle lui offrait malgré tout un maigre sourire de consolation, ce qui était assez rare. « L'Irlande ? On n’est en sécurité nulle part quand on est moldu. » C’était assez maladroit ce qu’elle disait, ça sous-entendait bien que peu importe où il se serait trouvé, il aurait très probablement été tué et c’était triste. Mais à quoi bon essayer de lutter contre ça, elle avait bien mieux à faire dans cette pièce, bien plus de recherches à faire qui pourrait avoir un résultat contrairement à la vaste idée de vouloir changer les hommes en place au gouvernement. « T’es pas au courant des bails ? » Elle portait sur lui un regard quelque peu douteux. Avait-elle rêvé quand elle avait énoncé le compromis ? Ou peut-être qu’elle n’avait eu à faire qu’à sa mère et auquel cas, ils allaient très certainement avoir un problème s’il ne voulait pas croire en ce qu’elle s’apprêtait à lui dire. « Je faisais ça sans compensation financière si en échange, avant de refermer ton père, je pouvais récupérer ses organes. » Il y avait une manière de dire les choses, le faire avec un minimum de tact ne ferait de mal à personne pourtant, elle, quand elle parlait, elle n’y allait pas par quatre chemins. A quoi bon passer par des détours quand les mots voulaient à terme dire la même chose. « C’est toujours bon pour toi ou pas ? Parce qu’on va avoir un problème sinon... » Elle se sentait un peu prise de court, à ne pas savoir s’il était sérieux avec elle et n’avait aucune connaissance de cet accord ou s’il voulait simplement vérifier que les termes dudit accord n’avait pas changé entre temps. Il y avait peut-être des personnes malhonnêtes qui ne se gêneraient pas pour en changer et en profiter pour demander plus mais contrairement à ce qu’on pouvait imaginer d’elle, elle n’était pas de ceux-là, elle restait honnête. Un minimum en tout cas.