tw: discussion de cannibalisme, mention de drogues, abléisme
Différent, différent. Oui mais différent de quoi ? Elle avait le cerveau qui tournait à cent à l’heure, elle n’arrivait pas à réfléchir convenablement, tout ce dont elle avait besoin, c’était vider son sac, c’était parler, lui dire ce que ça faisait, ce qu’elle ressentait, combien c’était merveilleux. Esprit en ébullition, pensées qui s’entrechoquaient sans le moindre mal. Elle virait de plaisir. Hochement de tête, c’était un peu différent de la viande animale, pas pareil oui mais finalement, c’était peut-être pas comparable. D’un point de vue extérieur, elle avait sans doute l’air d’une dingue à exprimer de cette manière le plaisir qu’elle pouvait prendre à manger des organes humains. Elle dirait peut-être la même chose si c’était animal, elle ne savait pas vraiment. Mais les coeurs, les coeurs, qu’est-ce qu’elle aimait ça. Crus oui, bien évidemment. Il était impensable pour Makayla de les manger de manière différente. Impensable. Rien qu’à cette pensée, à celle des coeurs, elle avait l’eau à la bouche, elle en avait envie. Cela paraissait peut-être étrange comme genre d’envie mais ça lui correspondait si bien pourtant. « Longtemps… longtemps je ne saurais trop dire. Tout dépend de la conception de chacun au terme longtemps. » Voilà qu’elle commençait à partir trop loin dans la réflexion mais à dire vrai, elle ne saurait pas dire depuis combien de temps elle faisait cela. Elle ne tenait pas vraiment un registre, peut-être qu’avec quelques recherches, elle pourrait retrouver, elle qui se souvenait même du premier organe qu’elle avait eu la chance de manger. « La règle numéro une du BITE, ou peut-être la deux, je ne sais plus. On ne se juge pas ici, chacun fait bien ce qu’il veut. » Et voilà qu’elle retrouvait un semblant de sourire en répondant à Ephraïm. C’était pour ça aussi qu’elle s’était tout de suite sentie à l’aise et à sa place ici. Elle n’avait pas à avoir peur, de quoique ce soit. Elle était même presque certaine qu’entre ces murs, il y avait pire qu’elle. S’il ne savait pas comment il pouvait l’aider, elle n’en avait pas la moindre idée non plus. Quoique, il y avait peut-être quelque chose qui lui trottait dans la tête depuis qu’il avait montré de l'intérêt pour ce qu’elle faisait. Mais c’était complètement insensé, c’était à la limite de la stupidité, il fallait bien le reconnaître. « Est-ce que… non oublie, c’est idiot de te demander cela. » Elle secouait la main devant elle, comme pour chasser l’idée de son esprit et voilà que dans le coin de la pièce, derrière Ephraïm, il y avait Lilith qui faisait son grand retour. « Demande, tu en crèves d’envie. » Lilith la connaissait trop bien et Makayla avait de plus en plus tendance à détester ça. Oui elle en mourrait d’envie, de demander, de poser la question et comme pour la retenir un peu plus longtemps, elle mordait dans sa lèvre, comme si ça allait être suffisant. « Est-ce que tu voudrais essayer avec moi ? » Elle avait parlé un peu trop vite, comme si ça allait être plus simple à dire pour elle, à entendre pour lui. « T’es pas obligé d’accepter, même pour me faire plaisir mais je me dis que quelqu’un d’extérieur à mes recherches pourrait comprendre quelque chose que je manque. » Elle essayait de justifier cette idée, elle essayait de lui montrer qu’elle n’avait que de bonnes intentions.

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Elle ne parlait peut-être pas souvent d’elle mais ça ne voulait pas dire qu’elle avait des secrets non plus. Disons que moins les gens en savaient, mieux elle se portait, c’était aussi simple que ça. Mais au BITE, ce n’était pas comme ailleurs. Ici, il y avait de la confiance, ici, elle savait qu’elle était en sécurité et si cette simple idée faisait rire Lilith, Makayla n’en avait rien à faire. Elle savait très bien que ça ne serait jamais pareil si elle s’était trouvée ailleurs. Au BOAT, elle aurait peut-être du prestige mais qu’est-ce que c’était s’il n’y avait pas la confiance ? Elle se le demandait. Elle ne saurait jamais de toute manière. Un sourire sur les lèvres, elle constatait qu’elle était bien dans ce lieu, avec ces personnes qui finalement lui ressemblaient bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé au départ. Ils étaient tous dans le même bateau finalement. Mais là, il était question d’elle et Ephraim, d’établir une certaine confiance même si elle ne doutait pas de lui. Elle avait osé lui parler, peut-être pas dans les détails mais elle l’avait fait en partie et c’était beaucoup. Elle n’avait peut-être pas honte de ce qu’elle faisait et de ses recherches mais ce n’était tout de même pas quelque chose qu’elle allait crier sur tous les toits. Mais à bien y réfléchir, elle avait une idée. Ca sortait un peu de nul part mais pour elle qui avait l’habitude, peut-être qu’elle avait fait le tour, peut-être qu’il lui fallait un avis extérieur afin de compléter ce qu’elle savait déjà. Elle ne savait pas, elle ne saurait peut-être que si elle trouvait quelqu’un qui aurait le courage de la suivre dans ses idées quelques peu étranges. « Y’a pas que tes idées qui sont étranges ma vieille. » Voilà qu’elle recommençait celle-là. Si elle avait plus ou moins parlé de ses travaux à Ephraim, elle était pourtant certaine que jamais elle ne parlerait de Lilith, c’était peut-être un peu trop et même dans le monde des sorciers, entendre des voix n’étaient pas une bonne chose. Elle poussait un soupir, pas pour son interlocuteur, mais pour Lilith, qu’elle comprenne qu’elle devait se taire, surtout qu’elle ne pouvait pas lui répondre maintenant. Elle observait Ephraim, elle voyait bien qu’il réfléchissait comme il lui avait dit. Mais au fond d’elle, elle connaissait déjà la réponse, elle savait que ce serait négatif. Elle eut pourtant une lueur d’espoir quand il avoua être tenté mais ce fut bien tout. La lueur s’éteignit bien rapidement dans son regard bien qu’elle se mit à sourire. « Je ne t’en veux pas, ne t’inquiète pas. » Disons qu’elle s’était résignée depuis le temps, elle savait qu’elle devait être la seule personne, humaine en tout cas, à apprécier ce genre de chose, de plaisir. « Merci de bien vouloir m’aider. » Elle se tortillait les doigts en réfléchissant à ce qu’elle pourrait révéler ou non. « Il y a des différences, si mais elles sont très subtiles. Il n’y a pas de détails disons marquants qui diraient très clairement que c’est cela qui fait qu’on soit ou non sorcier. » Elle avait pourtant essayé d’isoler tout ce qu’elle pouvait. « J’ai un contact pour avoir accès à des créatures magiques également, je me dis que je pourrais peut-être voir quelque chose qui m’échappe chez les humains. » Elle parlait sans trop se soucier de ce qu’il pourrait penser de son comportement. Mais après tout, ils étaient tous déjà mort quand elle les recevait, ce n’était pas comme si elle les tuait elle-même. « Il faudrait que j’arrive à trouver des cracmols aussi... » Cette dernière remarque fut peut-être prononcé à voix haute mais elle était plus pour elle-même que pour lui. Les cracmols étaient encore une espèce à part, ils méritaient bien qu’elle les étudie.