| | | Un silence s'installe - Mengwu doit avoir besoin de temps pour organiser ses pensées et comprendre ce que vient de lui dire Lesath, ce n'est pas tout le monde qui peut participer à ce genre de conversation du tac-au-tac. Lesath est tranquille, joue avec sa tasse en attendant qu'elle refroidisse, avant de l'apporter à ses lèvres. Le thé est bon, à défaut d'être assez amer et servi dans un verre, et il en apprécie tant le fumet que le goût avec un sourire aux lèvres pincées. Il le complimenterait bien, par égard pour son hôte d'aujourd'hui, mais n'oserait pas troubler son introspection ou sa réflexion. Mengwu, en face de lui, boit son café, tout aussi tranquille. Lesath découvre qu'il apprécie cette conversation, malgré sa teneur difficile. Il est rare de trouver quelqu'un qui, comme lui, s'exprime de manière intelligente et réfléchie.
« Vous ne savez rien, Lesath. » Les yeux de Lesath, jusqu'alors occupés à se balader sur la décoration sobre de la pièce, reviennent se poser sur son vis-à-vis avec un rien de surprise, ses sourcils s'arquant sur son front dans une expression dubitative et surprise. « Pour un homme si fat à propos de ses connaissances, vous brillez surtout par votre ignorance. » Même Lesath, pourtant peu sensible à ce genre de détails, remarque que le ton de Mengwu n'est pas sec mais... froid, glacial même. Ses sourcils retombent, se froncent légèrement. L'insulte lui glisse dessus sans s'arrêter et sans lui faire le moindre mal - Lesath, à la place, soupire intérieurement, déçu. Déçu de lui-même, à vrai dire. Déçu parce qu'il était persuadé que Mengwu était plus intelligent qu'il ne l'est véritablement - il s'est trompé, ce qui arrive suffisamment peu souvent pour le contrarier de manière manifeste.
Les épaules de Lesath se relâchent et il repose sa tasse sur sa coupelle, ne comptant plus y toucher. « Les dons de Shaula ne sont pas les vôtres, ni sa vie. Quon n’est pas un chien auquel je peux ordonner de rester loin de votre sœur. Je ne vous laisserai pas insulter mon frère et ma famille sous mon toit. » La porte s'ouvre dans un claquement, s'attirant un regard surpris et vaguement nerveux de Lesath, avant que ses yeux noirs ne reviennent à son hôte. "Je suis désolé si vous avez trouvé matière à être offensé dans mes mots." Parce que le problème vient de Mengwu, pas de lui, bien entendu. "Ce n'était pas mon intention." Non, parce que son mépris et sa condescendance sont naturels, issus de ses observations et de sa compréhension du monde. Quon est un bon à rien, Mengwu est un mauvais frère - il ne fait qu'énoncer les vérités qu'il peut observer.
Lesath hoche la tête, déçu de ne pas trouver un allié en la personne du Wang. Il a d'autres frères et soeurs, mais Lesath redoute qu'il soit face au gratin et qu'il soit donc inutile d'aller demander de l'aide aux autres - tant pis, alors, il devra avoir une nouvelle conversation désagréable avec sa propre soeur à la place. "Je vais vous laisser." Même lui peut lire une invitation à partir quand elle est ainsi énoncée. Lesath se lève lentement, attrape sa veste, incline légèrement la tête en signe de respect à son hôte. Il est tranquille et détaché, peut-être un peu distant; ni offensé ni sur la défensive, vaguement moralisateur peut-être dans son indifférence. Lui qui pensait pouvoir avoir une conversation entre adultes... "Je vous souhaite une bonne fin de journée, Mengwu, et merci pour votre temps." Nouveau hochement de tête et, enfilant sa veste, il quitte la pièce sans un regard en arrière, et sans un regret. |
|