#1 Vanex | Trust is a choice

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Vanessa&Alex

trust is a choice

juin 2007, st james manor. Alex a des sentiments partagés par rapport à St James. Il n'a jamais aimé cet endroit. De toute façon, avant l'accident de Lukas, il y était peu souvent convié. Mais à chaque fois qu'il devait s'y rendre, un noeud très serré se formait dans son estomac. Déjà parce que l'architecture semble similaire à celle de Lancaster et cette similarité, il n'a pas fallut longtemps aux Lancaster Five pour s'en rendre compte. C'est unanimement, sans avoir besoin de dire quoi que ce soit, qu'ils sont tous restés figés sur place à peine étaient-ils arrivés, les quatre serrés les uns contre les autres, et Lukas essayant de les rassurer pendant que les membres de l'Ordre là pour les accueillir se demandaient ce qu'il se passait.

Ensuite, il y a le fait que, malgré tout ce qu'Alex et les autres cracmols ont pu faire pour l'Ordre, il a toujours l'impression d'être un outsider, plus toléré que vraiment accepté, voulu. Les sorciers de l'Ordre se veulent bien pensant mais Alex sait, peut très bien le lire dans leurs yeux, que le concept de cracmols est quelque chose d'étrange pour eux. Lointain. Gênant. Alors bien sûr, "ils ne sont pas tous comme ça, Ale," Lukas lui a dit plus d'une fois, mais Alex n'est pas encore prêt à baisser sa garde. Surtout pas quand les yeux le suivent un peu trop longtemps quand il marche pour rejoindre la chambre de Lukas à l'étage.

Ils ont finit pas le déplacer dans une chambre individuelle quand ils ont compris que Lukas n'allait pas se réveiller tout de suite tout de suite. C'est une des plus petites chambres, un placard plus qu'une chambre, mais Alex préfère. Il en avait marre qu'on les fixe du regard quand lui et les autres Lancaster Five venaient lui rendre visite. Une armoire, tout un tas de potions et autres trucs magiques qu'Alex ne veut pas comprendre sont installé sur une table de nuit à côté du lit sur lequel Lukas est allongé, immobile depuis maintenant plusieurs semaines, et un canapé pour les visiteurs. C'est sur canapé qu'Alex dort le mieux ces temps si. Il y a toujours un plaid et un cousin dessus et ils permettent à Alex de rester aussi longtemps possible, même s'il est prié de rentrer à Stratford passé une certaine heure.

C'est d'ailleurs alors qu'il commence à s'assoupir que la porte de la chambre s'ouvre et qu'une des médicomage de l'Ordre entre dans la pièce. Alex se tend immédiatement quand il la voit, se repliant sur lui même presque inconsciemment. Dehli, il croit qu'elle s'appelle. C'est une jeune femme de son âge qui a un visage doux. Elle a toujours été plus qu'aimable avec lui, gentille, même, mais Alex a encore du mal à la croire sincère. A Lancaster aussi y avait pleins de sorcières qui disaient vouloir leur bien.

"Bonjour," il se force à la saluer. Lui montrer qu'il a peur d'elle serait un aveu de faiblesse qu'il pourrait regrette plus tard. "Du nouveau ?" il demande, parce que c'est toujours la première chose qu'il demande quand quelqu'un vient s'occuper de Lukas, comme apeuré qu'on lui cache des choses, qu'on le pense pas assez important pour avoir le droit d'être au courant.

( Trust is a choice)

St James – Juin 2007.

Le mois de juin s’ouvrait avec une vague de chaleur qui faisait presque regrette à Vanessa de ne pas pouvoir profiter d’un jour ou deux pour aller camper. Elle aurait adoré pouvoir se vider la tête, profiter des rayons du soleil avec un livre entre les mains ou encore d’une partie de jeux de société avec ses amis. Mais en rejoignant l’Ordre, elle avait également accepté de rendre service en mettant à disposition ses compétences en médicomagie. Elle avait donc à regret quitté la Tour et ses projets pour rejoindre St James et ses patients.

A son arrivée, elle rejoignit l’équipe déjà présente pour une tasse de thé et un briefing au sujet des dernières arrivées et sorties de leur infirmerie. Elle s’apprêtait à commencer sa tournée des patients quand on l’interpella : « Oh, et Vanessa tu feras attention y a le cracmol qui est revenu voir son pote. Pas que ça serve à grand chose, mais bon, il est là ! » Vanessa hocha la tête mais ne fit aucun commentaire. Lancer le débat sur les termes qu’elle estimait corrects ou non était peu pertinent et leur conversation aurait rapidement tourné en rond. « Ok, c’est noté. » Le Cracmol en question faisait parti des visiteurs réguliers de St James depuis l’admission de l’un de ses amis. A vrai dire, elle avait déjà vu les autres membres de la bande mais c’était celui-ci qu’elle avait le plus croisé. Il était souvent sur la défensive, pas très bavard non plus, mais elle avait fini par lui trouver un petit côté sympathique et s’était habituée à sa présence à St James.

Le sorcier qu'il venait voir leur avait été amené quelques semaines plus tôt, inconscient. Tout ce qu’on avait pu leur dire c’est qu’il travaillait sur quelque chose au laboratoire et qu’un instant plus tard il était inconscient sur le sol. On les avait rassurés, cet état était passager. Ca arrivait souvent, enfin, surtout chez les joueurs de Quidditch d’après son expérience. Mais ils n’y avaient rien vu d’inquiétant. Une mauvaise réaction, un choc, c’était une simple réaction du corps humain. Quelques heures plus tard, quelques jours éventuellement et il serait de nouveau installé à son bureau comme si rien n’était arrivé. Enfin, ça c’était ce qui aurait dû se passer … L’état de Lukas n’avait pas évolué. A ce titre, il avait été décidé de le déplacer dans une chambre individuelle. D’une part cela permettait de ne pas avoir de visiteurs dans les pattes, d’autre part, cela leur laissait un lit disponible et du temps pour réfléchir à sa situation. Une situation qui s’était éternisée …

Lorsqu’il la salua alors qu'elle entrait dans la pièce, elle lui répondit par un sourire. « Désolée, je ne voulais pas vous réveiller. On m’a dit que vous étiez là, mais je ne savais pas que vous dormiez. » Elle culpabilisait un peu. Le pauvre, elle avait interrompu sa sieste. Elle pensait commencer les examens de routine, mais la première question ne tarda pas à venir. Elle s’y attendait, c’était souvent la même qui revenait quand l'un d'eux venait veiller sur le sorcier endormi. « Pas vraiment, non. » Elle posa son regard sur Lukas avant de s’adresser au visiteur. « On n’a pas observé de changements ni même de détérioration de son état de santé. » Tout semblait normal chez le sorcier, au seul détail près qu’il ne semblait pas en mesure de quitter les bras de Morphée. « En soit, c’est plutôt une bonne chose. Son corps continue de fonctionner, mais on n’a pas encore percé le secret de ce coma. » Les méthodes traditionnelles n’avaient pas fait leurs preuves, chose qui avait laissé l’équipe de médicomages perplexe. Tous semblaient s’accorder sur le fait que ce coma avait agi comme un Protego, mais aucun n’était encore parvenu à comprendre comment l’en extirper. Réalisant que ses derniers mots pouvaient être source d’inquiétude, il lui sembla judicieux d’ajouter « Mais ça n’est qu’une question de temps avant qu’on n’y arrive. »

( Pando )

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Alex fait tout pour contrôler son visage, son langage corporel, sa voix. Ces derniers temps, on lui a souvent fait des remarques sur son caractère de cochon. Avec les Lancaster Five et les autres cracmols, ça ne semble pas poser plus de problèmes que ça - ça les saoulent bien sûr mais ça ne va pas plus loin. Ici, cependant, avec les sorciers, Alex a peur que ça les vexe, qu'ils se braquent, et, surtout, qu'ils le mettent à la porte. Il fait donc très attention.

La sorcière qui vient de rentrer, cependant - Dehli, il est presque sûr que son surnom c'est Dehli - ne semble jamais insultée par sa présence. C'est une qualité rare chez les sorciers, Alex a remarqué. "Désolée, je ne voulais pas vous réveiller," elle lui dit en rentrant. "On m’a dit que vous étiez là, mais je ne savais pas que vous dormiez."

"Oh, euh-" il commence à répondre mais sa voix est rauque, cassée. Il se racle la gorge puis reprend. "Je ne dormais pas. Pas vraiment. C'est pas... Je préfère être éveillé de toute façon," il s'explique de façon un peu maladroite. Il attend avec espoir qu'elle lui annonce une bonne nouvelle mais, malheureusement, sa réponse est la même que tous les autres jours depuis presque un mois maintenant. "Pas vraiment, non."

La plus part des médicomages s'arrêtent en général à ça avec lui. Après tout, il n'est qu'un membre du cercle trois, qui plus est un cracmol. ce genre d'infos ne sont pas pour lui. Ou alors, ils ne se donnent simplement pas la peine parce qu'Alex n'est rien à leurs yeux. Mais Dehli, elle, ne semble pas avoir les même réserve, et continue de parler, prenant Alex par surprise. "On n’a pas observé de changements ni même de détérioration de son état de santé. En soit, c’est plutôt une bonne chose. Son corps continue de fonctionner, mais on n’a pas encore percé le secret de ce coma."

Les yeux écarquillés, Alex acquiesce, reconnaissant de ses explications. Il s'en doutait mais avoir une conversation dénoue très légèrement le noeud dans son estomac. Des larmes se forment même dans ses yeux quand elle ajoute une dernière chose. "Mais ça n’est qu’une question de temps avant qu’on n’y arrive."

Alex essuie précipitamment ses larmes à peine formées, ne voulant pas que Dehli les voient. Légèrement sous le choc, il arrive à parler, n'osant pas la regarder. "Mer- Merci. C'est... Vous êtes la premières personnes ici à vraiment me donner des réponses. C'est... Je voulais pas réagir comme ça mais... Merci."

N'osant pas encore se rapprocher de Lukas - et donc de Dehli - Alex reste recroquevillé sur le canapé. Ses yeux rivés sur son petit ami inconscient, il demande, "Vous... Vous savez s'il m'entend ? S'il sait que je suis là ?" Alex se sent un peu bête de poser ces questions mais d'un autre côté, il a très peu d'expérience avec les comas. C'est déjà arrivé à Cole mais jamais à lui. Sa seule vraie expérience, c'est ce que raconte les films et les séries moldus mais ça encore, Alex n'a aucune idée de si ça marche pareil quand il s'agit d'un coma magique.

( Trust is a choice)

St James – Juin 2007.

«
Il essaya de lui faire croire, à moins qu’il ne fût sincère, qu’il ne tentait pas de grapiller quelques minutes de sommeil perdues. L’intention était louable, vouloir faire bonne figure malgré la situation, paraître solide, résistant, mais elle n’était pas dupe. Et puis, qui avait déjà craché sur l’occasion de pouvoir s’offrir une petite sieste réparatrice dans un coin tranquille ? Certainement pas elle ! Mais elle ne répondit rien à cela, se contentant d’hocher la tête doucement.

Surpris, étonné, les adjectifs pouvant qualifier la réaction du visiteur étaient nombreux suite à la réponse qu’elle lui apporta et pourtant c’étaient ceux-là qui la marquèrent le plus à cet instant. « Vraiment ? » Le mot lui échappa. Cette attitude correspondait bien à certains de ses collègues mais elle ne pouvait s’empêcher de penser que la décence aurait voulu qu’on tienne cet homme un minimum au courant. Il était indéniable qu’il s’inquiétait énormément pour leur patient, une petite nouvelle encourageante n’aurait pas fait de mal. «Ne vous excusez pas, vous n’avez rien fait de mal. Toute cette situation engendre beaucoup de stress dans l’entourage en règle générale. Et gérer tout ça, ça peut être compliqué.» Laisser ses émotions s’exprimer face à des inconnus n’était pas une chose facile, Vanessa comprenait la retenue qu’il pouvait avoir. Chacun réagissait à sa manière et elle n’avait pas de jugement à poser dessus, tant que cela ne mettait personne en danger.

Toujours installé le canapé, il osa poser une question qu’il devait avoir en tête depuis un moment. Pour avoir regardé beaucoup de films, elle l’aurait aussi eu. « Les avis divergent énormément à ce sujet. Personnellement, je fais partie de ceux qui pensent que oui. Il y a eu des cas où les personnes dans le coma se montraient plus réceptives aux soins après un contact répété avec des gens avec qui ils ont un lien fort. » Elle marqua une pause, tentant de retrouver des exemples plus concrets à lui donner. « Il y a eu le cas de cet adolescent, au Pays de Galles je crois, à moins que je confonde avec un match au Chili, il y a quelques années. Enfin peu importe le lieu. Une chute de balais pendant un match avec un choc contre un cognard juste quelques secondes avant qu'il ne s'écrase au sol. Vraiment la mauvaise combinaison … Huit jours de coma et à son réveil, il aurait raconté qu’il avait entendu sa mère dire qu’elle avait prévu de faire un mille-feuilles le jour où il se réveillerait. » Vanessa se voulait encourageante. Le contexte était quelque peu différent, mais on avait bien une histoire de coma dans laquelle le patient avait pu entendre ce qui s’était dit autour. « Certains se réveillent et se souviennent même des paroles de leurs proches prononcées pendant qu’ils étaient dans le coma. C’est assez impressionnant, mais pas impossible, la preuve avec le mille-feuilles. » Ce n’était pas son domaine de spécialisation, elle s’y était brièvement intéressée à un moment dans son parcours, mais la complexité de l’esprit et l’influence de la magie lui avait semblé bien compliqué à étudier. « Je m’avance peut-être, mais si vous voulez mon avis, le fait qu’on ne note pas dégradations de son état est en partie dû au fait qu’il reçoit régulièrement de la visite. » Elle émettait des hypothèses alors qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’il se passait, le sorcier pouvait tout aussi bien être plongé dans un coma sans rêve, comme une bulle hermétique à tout contact extérieur. Mais elle préférait de loin la version où le patient pouvait tout de même avoir des moments où il approchait la conscience et où il pouvait alors percevoir un peu les sons qui l’entourait.

Vanessa se dirigea vers la petite armoire qui trônait contre l’un des murs de la pièce. Elle en tira un bloc note qui au premier coup d’œil semblait vierge, mais qu’un coup de baguette rendit soudainement plus bavard. Les feuilles ensorcelées contenaient toutes les informations sur les observations faites depuis l’admission du patient, et chaque fois qu’un nouvel examen était fait, le médicomage en charge le mettait à jour. Rattrapant son retard de lecture, elle posa à son tour une question. « Ca fait longtemps que vous vous connaissez ? » Elle n’était pas particulièrement fan du silence et pouvait passer de longs moments à parler pour le combler. Même pour ne rien dire.

( Pando )

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Avant, il était plus simple pour Alex de garder la tête haute quand il était au Manoir St James. Bien sur, il en a jamais mené large ici, mais au moins, il savait garder les expressions de son visage neutre. C'était au Théâtre qu'il s'effondrait, entouré par ses amis avec qui il n'avait pas besoin de faire semblant, se sentant toujours plus en sécurité là bas qu'ici, et donc plus libre d'être vulnérable.

Malheureusement, les semaines passent et rien ne change, et Alex ne peut plus faire croire que tout va bien quand Lukas est juste là, en vie mais inconscient et sans montré aucun signe d'amélioration.

"Vraiment ?" L'interrogation de Dehli le fait presque sursauté. Décidément, elle a décidé de ne rien faire comme les autres. Toujours sur la défensive, Alex ne peut s'empêcher, tout de même, d'apprécier sa différence. ça le prend par surprise d'autant plus que ça parait étrange qu'elle ne comprenne pas que ses collègues puissent le mettre volontairement à l'écart. L'aversion pour les cracmols des sorciers est pourtant quelque chose d'assez commun...

"Ne vous excusez pas, vous n’avez rien fait de mal. Toute cette situation engendre beaucoup de stress dans l’entourage en règle générale. Et gérer tout ça, ça peut être compliqué." Encore une fois, elle se montre douce, attentive, et, surtout, compréhensive et, soudain, Alex se demande si Dehli n'ignore pas son statut. Après tout, l'Ordre est tellement paranoïaque que dès leur arrivée, Alex et les autres ont compris que le mot d'ordre était le secret. Personne ne connait tous les membres, à part peut être ce fameux Royal, qu'Alex n'a croisé que quelques fois, et ses acolytes du cercle 7. Il n'est donc pas possible que Dehli pense être en présence d'un simple sorcier. Quelque part, Alex est un peu déçu.

Il se racle la gorge avant de répondre, la bouche soudainement sèche. "C'est... Oui, en effet," il répond ans attardez, ne pouvant rien dire de plus.

Quand Dehli se lance dans sa tirade explicative, Alex l'écoute en silence, essayant d'absorber l'espoir qu'elle semble véhiculer. Ce n'est pas demain la veille qu'il fera confiance à un médicomage mais Alex a appris très tôt dans sa vie que l'espoir faisait vivre et aujourd'hui, étant totalement impuissant, c'est sûrement ce dont il a le plus besoin.

Ses yeux se posent ensuite à nouveau Lukas, qui n'a absolument pas bougé depuis la dernière fois qu'il l'a regardé et il sent soudain quelque chose le tiré vers lui, un manque atroce qui creuse un trou dans sa poitrine depuis que Matthew lui a annoncé la nouvelle de l'accident. Doucement, alors, il se lève et prend enfin place sur la chaise, essayant de ne pas regarder Dehli pour oublier qu'elle n'est plus si loin de lui.

"Ça fait longtemps que vous vous connaissez ?" Alex sourit légèrement mais c'est un sourire amer, peiné. Avant aujourd'hui, Alex faisait partie des meubles de cette pièce. Il était rare qu'on s'adresse à lui à part pour lui dire "il faudrait songer à retourner dans votre planque." C'est bizarre toute cette discussion mais - sûrement parce qu'il est fatigué et désespéré - il s'y prête volontiers.

"Hum... Quinze ans," Alex répond et il est alors frappé par le poids de ces mots. Quinze ans... Pas étonnant qu'il soit si mal en point. Il a passé la moitié de sa vie avec Lukas et aujourd'hui... Non, il préfère ne pas y penser. "Il... C'est lui qui m'a parlé de l'Ordre, qui m'a amené ici. Il..." Alex marque une pause, sachant déjà ce qu'il va dire mais se sentant honteux, après toutes les vacheries qu'il a pu lui balancer à la tronche. "Tout ce qu'il a fait, il l'a toujours fait pour moi, pour nous." Il parle mais c'est plus pour lui que pour Dehli, ne s'encombre pas d'explications pour qu'elle comprenne de quoi ou qui il parle. "Il a pris énormément de risque pour nous et moi... Je me suis comporté comme un gros con."

( Trust is a choice)

St James – Juin 2007.

Il n’avait probablement pas l’habitude des longues conversations ou alors il avait perdu cette habitude, se dit-elle à mesure que la langue du cracmol se déliait. A moins qu’il ne soit tout simplement méfiant. Mais elle fut contente de constater qu’il n’était pas fermé à la discussion.

Quinze ans que les deux hommes se connaissaient, presque la moitié de sa vie à elle et probablement de la sienne à lui aussi. Quand on passait autant de temps avec une autre personne l’attachement était profond, elle ne pouvait que compatir à sa situation à défaut de pouvoir y trouver une solution immédiate. Elle aurait probablement été tout aussi mal que lui si l’un de ses amis avait été à la place de Lukas. « L’Ordre a sauvé pas mal de gens, il a bien fait de vous amener ici. Même si ce n’est pas toujours évident, j’imagine. » D’autant plus que la situation des Cracmols était bien plus précaire que celles d’autres membres de la communauté magique. Même au sein de l’Ordre, la discrimination était toujours bien présente, elle n’avait qu’à écouter certains des médicomages parler. Oh, elle avait bien fait remarquer une fois qu’elle était née-moldue mais la situation paraissait moins les déranger. Après tout, elle, au moins, elle était capable d’utiliser la magie ! C’était quand même bien mieux qu’être un cracmol … enfin ça c’est ce qu’ils lui avaient dit. Jamais encore elle ne les avait entendu tenir ces propos-là devant les amis de Lukas. Mais le simple fait qu’aucun membre de l’équipe n’ait pris la peine de le mettre au courant de l’évolution de l’état de leur patient revenait au même. « Vous devriez être moins sévère avec vous-même. Je suis sûre que lui ne vous en veut pas autant, il ne vous en veut peut-être même pas du tout. » Si ce Lukas s’était autant dévoué pour ses amis, il y avait en effet que peu de chance pour qu’il fasse preuve d’une quelconque forme de rancœur à son égard. Les mots qu’ils avaient pu échanger ne pouvaient pas être si terrible pour que le sorcier inconscient ne pardonne pas à son ami. « On prend toujours des risques pour ceux qu’on aime et ce que vous faites, en venant tous les jours ici ou presque, c’est une façon de le remercier. » Elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit d’accord avec ce qu’elle avançait, si le sentiment de culpabilité qui semblait le ronger était trop important il n’était pas impossible qu’il rejette même totalement l’idée. « Et puis, vous n’avez pas probablement été aussi ‘’con’’ que vous le dites. On fait tous des erreurs. » Mais pouvait-on seulement toutes les pardonner pour effacer l’ardoise ? Il y a quelques années, elle aurait dit oui sans hésiter une seule seconde. Vanessa était de nature optimiste. Et puis les choses avaient changé, sa relation avec certaines personnes avec qui elle avait été très proche avait évolué et elle n’était pas sûre d’avoir un jour la force et l’envie de pardonner les actes et paroles de ces gens.

Elle regarda brièvement l’heure qu’il était sur sa montre. « Vous voulez quelque chose à boire ? un thé ou un café ? ou même un verre d’eau ? » Il devait être arrivé depuis un long moment déjà et elle doutait sérieusement que quelqu’un lui ait déjà proposé quelque chose à boire.

( Pando )

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C’est bizarre de dire tout ça à voix haute, surtout à une - plus ou moins - inconnue. Alex n’a jamais eu peur de dire quoi que ce soit mais il y a des choses qu’il préfère garder pour lui, des choses qui restent implicites, pensées mais jamais exprimées, surtout en dehors du cercle des Lancaster Five. Pas besoin de sortilège de protection pour que certaines choses restent enfouies.

"L’Ordre a sauvé pas mal de gens, il a bien fait de vous amener ici. Même si ce n’est pas toujours évident, j’imagine." Alex ne peut que lui offrir un sourire crispé. Vanessa semble avoir de bonnes intentions, elle veut le consoler et c’est tout à son honneur mais Alex est bien trop centré sur lui-même pour faire de réels efforts. Il suppose tout de même que ce qu’elle dit est vrai. Depuis qu’il est ici, il a eu l’occasion de voir, à plusieurs reprises, que, quand ils le veulent, les membres de l’Ordre peuvent faire beaucoup de bien à beaucoup de personnes autour d’eux. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont tous parfaits et ça, Alex a parfois du mal à leur pardonner.

"Vous devriez être moins sévère avec vous-même. Je suis sûre que lui ne vous en veut pas autant, il ne vous en veut peut-être même pas du tout." Vanessa poursuit et Alex sait qu’elle a raison mais ça ne l’empêche pas d’être agacé par le fait qu’elle se permette de prédire ce que Lukas puisse ressentir. Après tout, elle ne le connaît pas. Pas comme lui. "On prend toujours des risques pour ceux qu’on aime et ce que vous faites, en venant tous les jours ici ou presque, c’est une façon de le remercier." Alex ne peut empêcher le petit rire sans joie qui s'échappe de sa bouche. C’est pas pour Lukas qu’il vient tous les jours. Pas vraiment. S’il est là, c’est pour lui. Tant qu’il est à son chevet, qu’il l’a sous ses yeux, il s’assure qu’il ne lui arrive rien de plus que ce qu’il a déjà subit…

Finalement, c’est peut être effectivement pour le remercier qu’il est là...

"C’est plus compliqué que ça," il préfère répondre en marmonnant, se recroquevillant un peu plus sur lui-même, l’air boudeur. Vanessa ne semble pas se formaliser puisqu’elle ajoute, "Et puis, vous n’avez pas probablement été aussi ‘’con’’ que vous le dites. On fait tous des erreurs. "

Alex la regarde, la bouche entrouverte. Est-ce que critiquer sans arrêt l’implication de Lukas au sein de l’Ordre - ses convictions, ses valeurs, ses espoirs - peut vraiment être considéré comme une erreur ? Alex sait très bien ce que l’Ordre représente pour Lukas. Et il a balayé tout ça comme si c’était rien, trop égoïste pour accepter de ne pas être la priorité numéro de Lukas. Il aimerait dire quelque chose, lui poser la question - elle a l’air plutôt intelligente et assez perspicace - mais sa langue est nouée, bloquée. C’est une médicomage, il se répète en boucle dans sa tête. Tu ne peux pas lui faire confiance.

Quand elle regarde sa montre, Alex a l’espoir qu’elle annonce son départ, qu’elle reviendra plus tard, quand il sera retourné au Théâtre mais, une nouvelle fois, elle le prend par surprise en lui proposant quelque chose à boire. Il accepte un café, entendant déjà les commentaires désapprobateurs d’Angèle puis, une fois que la boisson chaude est entre ses doigts, se lance.

"Et vous alors ? Comment vous êtes arrivée à l’Ordre ?" C’est loin de le regarder mais s’ils doivent discuter, Alex - pour une fois - préfère qu’ils parlent d’elle plutôt que de lui.

( Trust is a choice)

St James – Juin 2007.

"Et vous alors ? Comment vous êtes arrivée à l’Ordre ?"

Elle ne l’avait pas vu venir. Ni la question, ni la vague de souvenirs qui déferla ensuite. Une véritable claque. Elle se revit assimilant ce que les dernières mesures du nouveau régime en place impliquaient pour les nés-moldus. Son estomac se noua. Elle revit les regards de pitié de ses collègues. Mary lui dire qu’elle ne la laisserait pas tomber. Jules lui assurer que quoi qu’elle fasse se serait le bon choix. Le visage d’Hadrian qui se transformait. Elle pinça les lèvres pour tenter de freiner les flashs mais rien n’y fit. Elle revit les nuits passées dans une tente sur un lit de camp. Une main qui la saisit pour transplaner en urgence. Les petites rations. Les soirées à essayer de se réconforter les uns les autres pour ne pas tout plaquer et se rendre à Hadrian.

Il lui fallu plusieurs secondes pour répondre. Son histoire ? Elle l’avait racontée à ceux qui les avaient ramenés au campement de Wolverhampton, aux leaders de l’organisation qui avaient voulu savoir qui ils étaient et s’ils pourraient aider d’une manière ou d’une autre. Mais depuis son arrivée, elle ne s’était étonnement pas étalée sur le sujet auprès des autres membres du groupe, elle qui était d’un naturel bavard. Ceux qui squattaient à la Tour avaient eu les grandes lignes, à l’exception de Dean qui avait rejoint la bulle de complicité du duo qu’elle formait avec Raheem, mais c’était tout. Officiellement, elle s’était arrêtée au fait qu’elle était née-moldue et que son statut l’empêchait de pouvoir prétendre à une vie ordinaire. Le reste avait été enfoui. Bien enfoui. Et pourtant, elle s’apprêtait à déterrer tout ça.

Comment elle avait fini ici ? Un coup de chance. Ni plus ni moins. « Vous savez, je ne vaux pas mieux que vous aux yeux de certains sorciers. » Non, bien sûr qu'il ne savait pas. Comment aurait-il pu ? Elle alla fermer la porte entre-ouverte, réfléchissant à la façon dont elle allait lui raconter son histoire. S’il fallait passer par là pour qu’il accepte de lui faire confiance, elle était prête à ouvrir cette boîte de souvenirs. Quand elle revint près du lit, elle trouva le bloc-notes qu’elle tenait fermement – bien trop fermement d’ailleurs – particulièrement intéressant. Prononcer ces mots ne fut pas facile. A Poudlard, elle faisait partie de ces gamins à qui on avait pu tout faire croire ou presque du fait de leur méconnaissance du monde magique quand ils avaient débarqué à l’école. Quelques années plus tard, c’était sur son lieu de travail qu’on lui avait rappelé qu’elle n’était pas vraiment une « vraie » sorcière – mais il ne fallait pas mal le prendre, c’était juste un fait. Et puis le changement de régime avait été la cerise sur le gâteau. « Aux yeux de certains, j’ai volé la baguette d’une sorcière et son job aussi. » Selon ces mêmes gens, elle n’était même pas digne d’être appelée sorcière. Le discours du Lord, elle l’avait entendu encore et encore à la radio, les mots de ses partisans elles les avaient lus dans la gazette tant de fois qu’elle les connaissait presque par coeur. Elle avait eu un choix à faire : rendre sa baguette et admettre qu’ils avaient raison ou bien tenter de survivre à ce régime d’une autre façon. « Quand les choses pour les nés-moldus se sont gâtées, je suis partie. » Et voilà, il savait. Allait-il la juger également ? Du jour au lendemain, elle avait tout abandonné en raison de ses origines dont elle était pourtant fière. Elle avait été lâche. Elle avait pris la fuite. « L’Ordre m’a sauvée, enfin nous a sauvés alors qu’on était sur le point de se faire capturer par un groupe de raffleurs. C'était il y a à peu près neuf ans. On se débrouillait pas trop mal, enfin on n’avait jamais eu de problèmes, donc on se pensait en sécurité, jusqu’à ce fameux jour où on ne l’a plus été … » Le jour où Norah Rowland avait failli avoir raison de leur petit groupe. Le jour où de trois ils étaient passés à deux. L’image de Mary chutant après avoir été frappé par un sort lui revint brutalement en mémoire. « J’ai entraîné avec moi des gens qui n’avaient rien demandé, des gens qui auraient encore pu vivre à peu près tranquillement malgré leur désaccord avec le régime. C’était tellement égoïste, mais toute seule, je ne sais pas si j’aurais survécu tout ce temps. On m’aurait retrouvé rapidement. La première que j’ai entrainé avec moi vous aurait dit que c’est ce que font les meilleurs amis. Le deuxième … » D’un revers de la main, elle chassa rapidement des larmes qui menaçaient de couler. Que dirait Raheem … Elle l’avait convaincu de prendre part à un échange. Il était intervenu parce qu’elle le lui avait demandé. Par sa faute, Hadrian avait condamné son demi-frère à une vie qu’il ne s’était probablement jamais imaginé vivre un jour. « Le deuxième s’est retrouvé embarqué dans cette histoire parce que j’ai voulu croire qu’une vieille amitié ne pouvait pas s’éteindre comme ça. Il ne se plaint pas, pas à moi en tout cas, mais je sais qu’une part de lui me tiens pour responsable de sa situation. » Elle s’en voulait, alors comment lui ne pouvait-il pas lui en vouloir aussi ? Elle avait insisté pour qu’il prenne contact avec Hadrian, qu’il organise ce rendez-vous. C’était entièrement sa faute s’il logeait à la Tour aujourd’hui.

Vanessa avait à peine osé croiser le regard de son interlocuteur. Se confier comme ça, elle ne l’avait pas fait souvent, pas à n’importe qui en tout cas. Et voilà qu’elle déballait une partie de sa vie à un mec avec qui elle n’avait échangé que des banalités et dont elle ne connaissait rien. Peut-être même à un deuxième inconnu, si la théorie qu’elle avait évoquée plus tôt s’avérait être vraie.

« Je – » Elle releva les yeux vers lui. « Je ne prétends pas savoir ce que vous avez traversé avant d’arriver ici, mais je suis certaine que votre ami vous pardonnera d’avoir été agi comme un con. »

Il y avait une différence entre être con et briser des vies.

( Pando )

Invité Invité

Brièvement, Alex se demande si ce que les moldus racontent sur les gens dans le coma est réel et, surtout, si ça s'applique également aux comas magiques, si les patients inconscients sont réellement capable de sentir la présence des gens qui les entourent, de peut être les entendre et se souvenir, même après le réveil, de ce qu'il s'est passé. Il se demande ce que Lukas doit bien penser de tout ça...

"Vous savez, je ne vaux pas mieux que vous aux yeux de certains sorciers." La phrase a le même effet sur lui que quand Nico a lâché l'étagère sur sa tete quand ils travaillaient sur l'aménagement du Théâtre. Souvent, Alex s'est vu reprocher son manque de considération pour les autres, toujours trop concentré sur ses propres problèmes pour voir qu'autour de lui, les autres ne sont pas de simples figurants dans le Alex Kalani Maxia show. Et cette phrase n'est qu'un nouveau rappel qu'il devrait vraiment faire plus d'effort. Parce que même si sa condition n'a absolument rien à voir avec celle de Vanessa, il peut difficilement faire comme si tout allait bien pour les gens comme elle. "Aux yeux de certains, j’ai volé la baguette d’une sorcière et son job aussi."

Alex essaye de se concentrer sur elle et son récit pour ne pas laisser l'angoisse le gagner alors que la porte de la chambre est maintenant fermée. Il ne sait pas quand il s'est retrouvé seul avec un sorcier - autre que Lukas - pour la dernière fois et ne préfère pas y penser, alors il écoute. Leurs histoires sont très différentes, bien sûr, mais ce sentiment de culpabilité, quelque part, il le comprend. "Je suppose que vous avez raison," il admet un peu à contre coeur, décidé à faire un geste de bonne foi même si cela implique de prononcer des mots aussi rare dans sa bouche que "vous avez raison". "Du moins en ce qui concerne... mon ami," il dit, de façon un peu maladroite, se rendant compte que maintenant que Vanessa n'a aucune idée de la nature de sa relation avec Lukas. Pour une raison qu'il ignore, cela le fait sourire. "Pour ce qui est du reste... je... Je dois dire que je vous comprend. Mes amis, les autres cracmols," il ajoute de façon u peu amer parce qu'il déteste de plus en plus cette étiquette qu'on lui a collé de force, "Des fois, j'ai l'impression que je leur ai forcé la main. Lukas était celui avec les connections au sein de l'Ordre et c'était lui qui voulait vous rejoindre. Moi j'ai suivit parce que je ne me voyais pas le quitter mais eux... ils auraient pu avoir une vie simple, normale." Il baisse la tête et conclut, de façon un peu honteuse, "Paisible." Il pense notamment à Leo avec qui quelque chose semble être cassé depuis quelques temps. Peut être depuis l'accident de Lukas.

Gêné par l'écrasante sériosité du moment, Alex essaye de détendre l'atmosphère, en soufflant, un peu embarrassé. "Qui aurait cru que je me trouve un jour un point commun avec une sorcière, qui plus est une médicomage," il dit en essayant de paraître amusé par l'ironie du moment, même si Vanessa ne peut en saisir toutes les subtilités. Et une nouvelle fois, ses yeux se posent sur Lukas, comme pour vérifier si lui est conscient de ce qu'il se passe.

( Trust is a choice)

St James – Juin 2007.

Voilà, il savait tout sur des raisons de sa présence parmi les membres de l’Ordre. Elle n’avait rien d’extraordinaire, certains avaient vu bien pire qu’elle, mais il avait tenu à savoir. Pourquoi d’ailleurs avait-il posé la question ? Qu’est-ce qu’il espérait apprendre sur son compte ?

Dans une tentative de rendre cet échange moins sérieux, moins lourd, elle lui offrit un petit sourire accompagné d’un « J’ai toujours raison. » quand il émit la possibilité qu’elle n’ait pas eu tort. C’était faux bien sûr, il lui arrivait comme à tous de se tromper, mais cette réponse lui avait bien souvent été donnée lorsqu’elle s’était retrouvée à prononcer les mêmes mots que son interlocuteur. Alors elle lui était venue comme un réflexe. « Ils vous diront sûrement qu’ils ont choisi de vous suivre, que c’était leur choix au moins autant que le vôtre. Enfin, en tout cas c’est ce que diraient probablement mes amis s’ils étaient là. » Oui, c’était très certainement ce qu’on lui dirait à elle. « Mais c’est un fait, on les a entrainés avec nous dans un sacré truc … Vous arriverez à vous pardonner un jour. Vous verrez, ce sera certainement plus simple après. » Elle n’y était toujours pas parvenue, mais cela n’empêchait pas que d’autres puissent atteindre cet objectif. Parfois elle aimerait retourner en arrière, leur offrir une chance d’avoir une autre vie, mais c’est impossible. Et puis, elle n’était pas tout à fait certaine d’être prête à faire une croix sur tout ce qu’elle avait pu construire au cours des dernières années.

« Comme quoi, tout arrive un jour. » Elle nota dans un coin de son esprit que le cracmol n’était ni fan des sorciers et encore moins des médicomages. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, pendant longtemps elle n’avait pas porté le corps médical dans son cœur, mais sa vision du métier avait évolué avec le temps. Quant à leur statut respectif, c’était une nouvelle différence. Naître dans une famille où la magie faisait partie intégrante du quotidien alors que l’on ne peut soit même rien faire de similaire devait générer un mal-être certain. Dans son cas, il avait fallu composer. Inventer une histoire sur la raison qui avait poussé ses parents à l’inscrire ailleurs. Trouver un endroit sûr où cacher ses affaires d’école, etc. Les difficultés qu’ils avaient pu connaître étaient bien différentes. « Au fait, tant qu’on est dans les confidences, je peux vous demander votre nom ? » Elle venait de lui déballer la moitié de son histoire, alors qu’elle ne connaissait rien d’autre de lui que son statut de cracmol. C’était absurde, elle connaissait le nom de son patient, mais des gens qui venaient lui rendre visite. « Les autres n’ont pas pris la peine de le retenir et j’avoue préférer appeler les gens par leur prénom ou leur nom. C’est plus respectueux. » Le respect, une notion qu’on n’avait pas toujours pris le temps d’appliquer à leur égard. Elle prit le temps de l’observer, il faisait toujours preuve de méfiance. Elle avançait doucement dans sa tentative de lui faire comprendre qu’elle ne représentait aucune menace pour lui, mais elle pouvait presque voir cette distance qu’il essayait de maintenir. Un mur pour se protéger de l’extérieur. « Je m’appelle Vanessa.» Elle rompit le secret des mystérieux noms de codes en premier. Certains auraient probablement hurlé au scandale. Qu’est-ce qu’elle faisait ?! Peut-être que si elle lui montrait qu’elle n’était pas qu’une sorcière, pas qu’une médicomage, il se montrerait moins sur la défensive. « Mais sinon, on m’appelle Delhi. » Elle lui laissait donc le choix de l’appeler comme il le souhaitait. Les deux lui allaient, elle avait toujours connu le premier, il faisait partie intégrante de son identité et le second, elle l’avait choisi et adopté depuis son arrivée.

( Pando )

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