tw: mention de viol, mention explicite, drogues, heartbreak

Carrie n'aime pas dormir avec quelqu'un dans son lit. Il y a très peu de personnes qu'elle tolère quand elle dort à côté d'elle; c'est encore pire lorsqu'il s'agit de s'endormir, de se forcer à relâcher prise, de ne pas penser au souffle de quelqu'un si près de sa nuque, de sa gorge exposée. Combien de fois s'est-elle réveillée avec un inconnu à côté d'elle, sur elle, derrière elle, dans son lit? Combien de fois s'est-elle endormie avec soulagement, s'abandonnant à l'inconscience parce que quand elle était inconsciente, elle n'était pas là, et que ce qu'on lui faisait quand elle n'était pas là ne pouvait pas la toucher?
Verdi fait un bon matelas. Comme Stan, comme Bao, comme Jin les soirs d'extrême faiblesse. Ils sont rassurants, familiers, solides, protecteurs. Carrie a les paupières lourdes, la respiration qui ralentit, les pensées qui s'engourdissent - et pourtant, elle doute qu'elle va pouvoir s'endormir. Elle aimerait, Merlin sait à quel point elle aimerait. Elle aimerait pouvoir donner à Verdi ce qu'elle veut d'elle depuis des années; elle aimerait pouvoir lui montrer qu'elle l'aime, qu'elle lui fait confiance, qu'elle a besoin d'elle.

Mais il y a sa main sur sa cuisse, presque trop haut, et Carrie sait qu'elle ne parviendra pas à dormir. Quand ses doigts quittent son corps hérissé de frissons sous ses collants, Carrie a l'impression que sa peau lui brûle. "No you don't. you're gonna get fucked in the butt one day and my pretty face will get all wrinkly because of you." Carrie grogne légèrement, mais hume d'appréciation en la sentant tirer la couverture sur elles, elle-même resserrant son étreinte autour du corps de la harpie. "Nooo..." maugrée-t-elle, elle ne sait plus trop si c'est à cause de cette histoire de rides, de pénétration ou le fait que Verdi la distrait en glissant ses doigts dans ses cheveux et lui faisant redresser la tête.
Carrie se sent sourire en la regardant à travers ses paupières. "Don't get fucked in the butt, or I'll fuck Jin in his with my magic dick. - You're obsessed with my butt," lui sourit-elle au nez. "But fine. I won't get fucked in the butt. I hate butt stuff. You know I hate butt stuff. Fine. - Good." Carrie ferme les yeux en accueillant le baiser de Verdi sur son front. "You take a nap now, I need you to sober up before I leave – because I'm not staying. - Hmmmmm." Elle en doute (Verdi ne peut pas lui résister) mais qu'importe, se rallonge silencieusement en se calant dans son cou. "Thanks, Verdi."

Carrie ne s'endort pas, mais presque, bercée par le grésillement de la télévision allumée par Verdi au bout d'un moment, angoissée par le fait qu'elle n'a pas complété son rituel avant de dormir, tourmentée par le regard noir d'Engel qui la suit jusque dans son inconscience partielle, rassurée par la poitrine de Verdi qui se soulève posément sous elle au rythmne de sa respiration.
Elle ne s'endort pas, elle refuse de s'endormir, et pourtant elle ferme les yeux et quand elle les rouvre, Verdi n'est plus là. Il y a un changement dans l'air. La télévision est éteinte, la fenêtre est fermée, et Carrie entend le plancher près de l'entrée craquer sous les pas discrets de Verdi qui s'échappe dans son dos. Elle aimerait se tourner, la supplier de rester, tendre la main et lui promettre monts et merveilles pour qu'elle revienne sous les draps, mais n'y parvient pas, éveillée sans l'être, endormie sans l'être, paralysée sans l'être dans son délire d'opium. Une profonde douleur se réveille dans sa poitrine, où son coeur chute, chute, chute jusqu'à plomber son estomac comme une pierre.

La porte de l'appartement se referme dans un bruit sourd et Carrie, cette fois, est avalée dans l'inconscience d'un sommeil sans rêve.