Raf allait se marier. C’était surréaliste et extrêmement bizarre. Ce n'était pas un mariage d’amour, pas vraiment. Raf et Malachi étaient amis et ils s’aimaient, d’une certaine façon mais pas comme ça. Mais elle allait se marier et Elliott était invité. Sous polynectar bien entendu, et seul, ça aurait été trop risqué d’amener Amaya avec lui. Mais toujours était-il qu’il devait préparer ladite potion. Les Avengers avaient un cahier à cheveux, pour ce genre de moments, c’était assez perturbant mais ça se révélait très utile lorsqu’ils devaient faire usage de polynectar pour se rendre à un endroit spécifique. Les mariages l’étaient assez pour qu’ils ne puissent pas utiliser les cheveux du premier moldu croisé. Il avait donc les cheveux d’un homme appelé Marius Tomescu, un vieux dragonologue roumain que Raf avait rencontré lors d’un stage en Roumanie et qui avait pris sa retraite depuis quelques années. Il était assez connus pour qu’on ne doute pas de son existence ou de son identité, mais pas assez pour qu’on aille non plus lui demander si le mariage s’était bien passé.  

Il avait demandé de l’aide à Amaya, évidemment. La logique aurait peut-être voulu qu’il demande de l’aide à quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus expérimenté en potions, mais il se sentait déjà quelque peu coupable de ne pas pouvoir l’emmener avec lui et il ne voulait pas qu’elle ait l’impression d’être complètement laissée pour compte. C’était ainsi qu’ils s’étaient retrouvés tous les deux dans un coin de la pièce principale de leur camp, un endroit assez peu fréquenté pour qu’ils puissent laisser la potion mariner tranquillement pendant le mois nécessaire à sa confection.

Il avait récolté les différents ingrédients pour la première étape, ainsi qu’un de leur chaudron avant d’aller s'asseoir à la table aménagée pour l’occasion. Amaya l’avait rejoint quelques minutes plus tard. “Hey,” il lui avait murmuré avec un sourire. Amaya était définitivement la meilleure chose qui lui était arrivée, et entre l’attaque de Noam, et l’annonce des Battues, elle était un réconfort qui était devenu complètement essentiel. “I got everything, I think,” il dit en pointant à la table pleine d’ingrédients divers et variés, certains qu’il n’avait jamais vus avant. “I’m kind of shit at potions though, so, you’ll have to help, yeah?” Il savait que les néréides avaient certaines prédispositions pour la métamorphose, et il espérait que ce talent se transmette aux potions de métamorphoses également. “Are you ready?”

Elle était arrivée derrière lui à pas feutrée mais lorsqu’elle n’était pas sous sa forme de loutre, elle était bien moins discrète. “Hi love.” Elle déposa un baiser sur sa joue avant de s’installer à côté de lui, frôlant sa main au passage avant de saisir quelques plantes qu’il avait apportées pour les sentir et s’assurer de leur sécurité. “Good thing I’ve got practice with potions… Oh, I didn’t tell you? You’ve been drinking amortentia with your morning juice since march!” Elle souria à pleine dents, fière de son humour désopilant qui ne faisait rire qu’elle. Reposant la fleur qu’elle avait vérifiée, elle roula des yeux en l’entendant se dévaloriser ainsi. “If you think you’re shitty at potions, it’s just because of Snape, ok?” Elle lui jeta un regard entendu avec un souvenir presque doux de ses années à Poudlard avec Raf. Le monde avait tant changé depuis l'époque où son unique inquiétude était portée sur les notes qu'elle avait obtenu... “I’m always ready for you.” Elle ponctua sa phrase d’un clin d’oeil, avant de comprendre le double sens évident que portait ce qu’elle venait de dire. “Oh damn, I mean no! Oh no, I mean yes! Fuck, I mean not for that now, but… Nevermind, I’m ready, you got it.” Un silence, et elle éclata de rire devant son manque flagrant de capacité à remarquer les phrases à double sens. Il lui fallait toujours un moment avant de comprendre les sous entendus de Noam, elle n’était pas très douée pour comprendre toutes ces choses là.  

Mais c’était de l’histoire ancienne, ce Noam, non?

Le coeur qui se serre un peu, Amaya pensa à l’Avenger qu’elle appréciait tant malgré ses enfantillages, et dont les bouleversements de vie avaient chamboulés le camp entier. Elle avait encore du mal à s’imaginer qu’Elliott aurait pu se retrouver dans cette situation. Ca n’aurait rien changé pour elle, rien, elle l’aurait accompagné en loutre, comme elle compte le faire pour Noam, et elle l’aurait aimé sans condition. Mais elle avait un plan très précis si un jour ils se faisaient capturer ensemble. Elle dirait qu’elle l’a ensorcelé par amour. Que c’est un bon petit sang pur manipulé. Et Elliott sera sauvé, quand elle sera envoyée aux jeux de l’horreur. S’il s’était trouvé lycanthrope, son plan était passablement probable.

Elle lança un sort au chaudron pour que des flammes éternelles le réchauffe en toute circonstance. Par automatisme, elle se saisissait des ingrédients, dans l’ordre, en vérifiant à chaque fois de leur fraîcheur afin de s’assurer qu’il ne finisse pas avec une tête de dragon le jour J. Les sorciers avaient tendance à faire toute un foin de cette potion, mais avec de l'entraînement et de la patience, elle n’était pas si délicate. Il fallait simplement une attention certaine et un sens du détail aiguisé. “I don’t really know if I should be happy for Raf? I mean, did she really want this wedding? I’m quite lost, it’s seen a bit out of the blue… Anyway, it’s nice that you can see her in her white dress.” Elle avait le coeur lourd à l’idée de le voir prendre une autre forme pour y assister, cela étant. C’était si injuste, de ne pas pouvoir profiter de ce genre de moment à cause de la guerre. Encore un moment volé, et elle n’imaginait que difficilement ce qu’il devait ressentir. “You know, if it’s too hard, I can stay nearby, in a lake with my otter or whatever. And if you can’t stand any of this, surprise, here I am! Or my animal version, it’s on and the same.” Elle regarda quelques instants le chaudron commencer à bouillir, pour débuter la mise en place des ingrédients, et posa sa tête sur son épaule, sa meilleure façon de lui faire savoir qu’elle était là pour lui, c’était bien de rester la plus proche possible. Et plus le temps passait, plus elle en profitait, parce qu’elle savait comme tout pouvait être bousculé du jour au lendemain, surtout après l’annonce des battues et la morsure de Noam. C’était comme si l’univers lui envoyait des signaux pour profiter de chaque moment, et ne jamais s’oublier.

“I’m always ready for you.” Amaya lui répondit avec un clin d'œil appuyé qui lui fit lever un sourcil. “Oh damn, I mean no! Oh no, I mean yes! Fuck, I mean not for that now, but… Nevermind, I’m ready, you got it.” Il rit en réponse à ses mots et lui lança un “good to know.” C’était toujours surprenant et quelque peu irréel, cette réalisation qu’il avait dans ces moments-là que les choses avaient bien changées. Elliott avait longtemps été celui à bafouiller, à ne pas trouver les bons mots pour exprimer ce qu’il voulait dire, et pourtant il semblait souvent plus confiant, plus assuré qu’Amaya.

Il l’observa silencieusement alors qu’elle jetait un sort sur le chaudron qui trônait devant eux, commença à mesurer le sisymbre dont ils avaient besoin alors qu’elle lui parlait. Il partageait ses inquiétudes, évidemment, et surtout sa surprise. L’annonce du mariage, un simple sms, avait été inattendue. Elliott savait comment la vie fonctionnait pour eux, il savait qu’on s’attendait à ce que les sang purs épousent d’autres sang purs et ceci le plus tôt possible, afin de créer de bonnes alliances entre les familles et de faire des héritiers rapidement. Et si les gens ne se mariaient plus aussi tôt qu’avant, c’était déjà surprenant qu’elle ait pu rester libre jusqu’à ses vingt-cinq ans. “I don’t think she wanted this, no,” il répondit lentement. Même s’ils n’en avaient jamais réellement discuté, pas dans ces mots-là en tout cas, Elliott savait que leurs goûts étaient assez similaires, dans ce domaine-là, et que cela signifiait les filles, principalement. La dernière fois qu’il l’avait vue, ils avaient même parlé de cette sang pur qu’elle avait rencontré, alors non, clairement, ça n’était pas un  mariage d’amour, mais Malachi était son ami, et c’était sans doute déjà bien. “I guess it’s just ... he’s her friend and he’s better than whoever she would have had to marry, eventually.”

Il sourit légèrement alors qu’Amaya posait sa tête contre son épaule. “You’re cute,” il lui dit en lui lançant un regard en biais. “But I think it’ll be fine, and I’d rather you don’t put yourself in danger for nothing.” Même sous sa forme animale, ils n’étaient jamais à l’abri et la meilleure façon pour eux d’éviter les problèmes était d’éviter de se mettre en danger, tout simplement. “It’s just a little weird, I-” il soupira lourdement avant de reprendre. “It’s just strange how different our lives are and … I kind of always thought these would be the kind of things we’d do together, in a way?” Il avait toujours pensé qu’ils auraient des chemins de vie différents mais similaires, du moins pour les choses importantes. “Not like a double wedding or something but,” il ajouta rapidement, “that we’d get married a few months apart or I don’t know … that’s we’d both have a normal life and not just her, I guess.”

For better and worse… Un monde dans lequel elle serait obligée de se marier par convenance, et pas par amour lui semblait désuet et d’un autre temps. Pourtant, il est probablement certain que si Elliott ne les avait rejoints, il serait marié à une sang pur, peut être que dans son infini gentillesse, il se serait même entiché d’elle, l’oubliant à jamais… Cette pensée était si terrifiante qu’elle choisit de la faire disparaître d’un battement de cil. "It freaks me out. She can stay with us, if she changes her mind..." L’idée d’avoir Raf avec eux était plus rassurante qu’un mariage de convenance.

Evidemment que Elliott ne voulait pas la mettre en danger. Il était conscient que cela pouvait réellement leur porter préjudice. Et, il allait déjà prendre assez de risque pour deux. Mais Amaya savait d’avance qu’elle passerait la journée en loutre, insupportable en humaine, par l’angoisse de le savoir dans la fosse aux lions. Si elle ne doutait pas d’un départ de sa part, elle avait toujours la peur au creux du ventre qu’il disparaisse, comme Tony par le passé. “Okay. I’m here for you, if you change your mind” La proposition restera valable, et ce, même cinq minutes avant son départ. “But I want to see you in a suit before you took that awful potion, okay?” Ils n’avaient pas beaucoup l’occasion d’être bien habillé, et Amaya voulait garder un souvenir d’Elliott, et pas son alibi, pour le mariage de sa soeur. Un jour, dans un monde meilleur, la photo qu’elle prendra ira dans un album, au côté des photos de mariage de Raf. “I bet you’ll look handsome.” Bien plus beau que Marius Tomestruc, c’était une certitude.

Amaya fronça les sourcils. Pas parce qu’elle n’avait pas les mêmes espoirs qu’Elliott, mais parce qu’elle ne les imaginaient pas déjà aussi prégnants. Elle se saisit d’une tige laissée à l’abandon, inutilisée pour la potion, et commença à la triturer, à la recherche d’une forme. “Is it your way to ask me to marry you?” D’un sourire en coin, elle réprima un rire, non pas moqueur, mais léger, pour tenter de soulager le poids de son cœur. Poursuivant son œuvre délicate avec le bout de verdure, elle prit sa main gauche dans la sienne, et passa le cercle vert autour de son annulaire. “We have the most normal life we can, right now. We’re in love, secure, and together. And we can do almost everything. Don’t stop yourself because we’re not as free as Raf. At least, we can be ourselves here. And one day, you will marry. It only depends on you. There’s no way that noseless guy take this to you. We win. Everyday, we win. Not him. Because we’re here, together..” Elle lia sa main à la sienne, et déposa un baiser sur ses lèvres, comme pour sceller ce qu’elle venait de dire. “I love you.” Sans quitter ce lien, elle continua à préparer la potion de sa main libre, caressant avec son pouce la paume de sa main, frôlant parfois la bague enfantine qu’elle venait de fabriquer.

“Thanks,” il lui répondit simplement. Il n’avait pas besoin de la confirmation, Elliott savait qu’elle serait là, s’il en avait besoin, comme elle l’avait toujours été, d’une manière ou d’une autre, jamais bien loin même lorsqu’ils n’étaient pas aussi proches. Ca ne faisait que quelques mois qu’ils étaient ensemble, et pourtant Elliott avait du mal à se souvenir d’un jour où ça n’était pas le cas. C’était comme si toutes les choses de l’univers avaient finalement trouvé leurs places, et ce fait était assez incroyable pour oublier tout ce qu’il s’était passé avant.

“No, of course not. I’ll do it properly, when I do,” peut-être qu’il y avait déjà pensé, une ou deux fois, ou cinquante. Peut-être qu’Elliott avait déjà un plan bien développé sur quand et comment il ferait sa demande, ça n’était pas une question de si, pas pour lui, en tout cas. Et s’il était quasiment sûr que son plan partirait en lambeaux le moment venu, c’était au moins rassurant de voir que c’était quelque chose dont ils pouvaient parler de cette façon.

C’était tout aussi renversant de voir qu’il n’était pas le seul à y penser, alors qu’Amaya prenait sa main dans la sienne. Il la regarda faire, incapable de dire quoi que ce soit à cet instant présent. Elliott savait qu’ils étaient plutôt ouverts par rapport à tout cela, honnête aussi. Ils se connaissaient depuis tellement longtemps, ils vivaient ensemble depuis des années. Il n’y avait aucun sens à garder des choses secrètes, à ne pas les dire alors qu'elles étaient évidentes aux yeux de tous. Pourtant il n’arrivera pas à se défaire de la légère surprise qui le prenait à chaque fois, ni de la sensation vertigineuse qu’il ressentait quand Amaya lui disait ce genre de choses.

Il n’avait toujours rien dit lorsqu’elle pressa ses lèvres contre les siennes, et ce fut le contact qui le sortit soudain de sa torpeur. Il resserra légèrement sa main contre la sienne. “I’ve definitely won with you,” il lui répondit avec un léger sourire. “I love you too, so much, sometimes I feel like it’s too big for me to even understand and- I don’t know what I’ve done to deserve this, you, really.” Ca n’était pas exceptionnel, ces moments d’absence qu’il avait, lorsqu’il regardait Amaya et qu’il réalisait soudain que tout ce qu’il vivait était réel. Ça le surprenait toujours, de ne pas se réveiller soudainement pour voir son lit vide et son cœur triste. “We’re together,” il répéta, plus pour lui que pour elle, “and we will win everything, eventually, yeah?”

Si la menace pesante de la guerre n’était pas constante au-dessus de leur tête, Amaya s’imaginait souvent une vie simple et légère avec Elliott. Des matins à partager un café ou un thé, le sourire aux lèvres, un baiser chaste avant de se quitter pour travailler, des week end à voyager dans tout le pays, et même ailleurs pour avoir ensuite mille et un souvenirs. Elle aimait sa vie actuelle malgré tous ses désagréments, mais l’intimité, et le fait de ne pas pouvoir profiter vraiment et entièrement de son couple était difficile, parfois. L’étrange sensation de vivre dans l’une de ses émissions moldus où personne n’avait de secret, ni de discrétion. Ses élans d’affection étaient délicats à cacher, les moments volés pour n’être qu’ensemble se comptaient sur les doigts des mains, au point qu’elle réfléchissait presque à travailler sa magie pour développer une nouvelle chambre rien que pour eux. Mais cela voulait dire laisser Norah, et elle se sentait un brin coupable à cette idée. Tiraillée entre son envie, son besoin même de vivre autrement avec Elliott et sa fidélité presqu’infaillible, elle avait choisi de ne pas agir pour le moment : repousser des décisions à plus tard, pour profiter tant qu’il était possible du calme ambiant, sans bouleverser d’autant plus leur équilibre fragile.

Ses joues trouvent une jolie couleur rouge lorsqu’il parle mariage avec elle. Le fait qu’il soit si certain, si convaincu qu’un jour, ils échangeront une bague plus solide que celle ci, et qu’ils seront liés à jamais, sans même laisser sa voix trembler d’hésitation lui offre une sérénité rarement connue. A chaque fois, l’évidence de leur relation lui saute aux yeux. Elle se blâme tant d’avoir été inconsciente, futile, d’avoir fermé les yeux beaucoup trop longtemps pour ne pas avoir remarqué la beauté de ce qu’ils partagent ensemble avant. Tant de temps gâché qu’elle aurait pu vivre. Mais aurait-ce été si parfait ? Parce que la peur de le voir disparaître de son coeur l’avait obligé à conscientiser combien il était essentiel. Il rendait son univers plus tendre, et la guerre tolérable. Parce qu’ils étaient ensemble.

Et tous les mots doux qui glissaient contre ses lèvres gonflaient son coeur de l’amour le plus pur. Constamment, l’évidence et la douceur qu’elle ressentait lui permettaient d’être plus sereine. “I feel the same.” Totalement, et entièrement la même chose. Le contact de sa peau contre la sienne était rassurant, comme si elle ne pouvait jamais se perdre. "I hope so..." Son timbre perd de son éclat, miroir des craintes qui perturbent sa sérénité.

Le perdre.

C’était une peur de plus en plus récurrente, de plus en plus prégnante. Surtout au vu des futurs évènements. “You’ll stay with me, during the horror games?” Elle rompe le contact de leur peau et de leur regard, pour se concentrer sur la potion, histoire qu’il ne remarque pas trop la terreur qui règne dans ses prunelles. Elle en parle peu, mais elle rêve souvent des catastrophes pouvant arriver. Avec le temps, elle a plus que sa peau à perdre : mais bien ceux qu’elle aime.

“I hope so…” Amaya lui répondit d’une voix presque éteinte. Elliott n’était pas certain lui-même de croire à ses propres paroles. Ils ne pouvaient pas être sûrs de gagner, ni maintenant avec ce qu’ils s'apprêtaient à faire, ni plus tard. Pourtant, il avait envie d’y croire, parce que les autres options n’étaient pas envisageables s’ils comptaient essayer de changer la donne. Il était passé par toutes ses émotions, le désespoir, la résignation, l’idée que tout cela n’était qu’inutile, qu’ils n'arriveraient jamais à quelque chose qui ait du sens pour la majeur partie de la population, que tout ce qu’ils faisaient n’étaient que des choses minuscules et insignifiantes, comparées à tout ce qu’il restait à faire. Il avait pensé, parfois, qu’ils n’auraient pas dû quitter l’Ordre, que l’Ordre était une organisation massive comparé à eux, et qu’ils arriveraient à faire bien plus. Il avait été presque satisfait de voir que ce n’était pas le cas, même si cela réduisait aussi leurs espoirs, d’une certaine manière.

Ils ne pouvaient rien faire d’autre qu’attendre et essayer. Elliott l’avait souvent appris à ses dépens, ils ne pouvaient pas tout contrôler, ils n’avaient pas de pouvoir sur les autres personnes, sur la vie. Tout ce qu’ils pouvaient faire était le meilleur dont ils étaient capables. Parfois ça n’était rien, c’était insuffisant, désespéré. Parfois c’était exactement ce dont ils avaient besoin.

“You’ll stay with me, during the horror games?” Amaya lui demanda avant de lâcher sa main pour se reconcentrer sur leur potion. “Of course,” Elliott lui répondit immédiatement. Ce n'était pas une question qu’il s’était même posée, tant la réponse semblait évidente. “I’ll be with you, and I’ll do my best to protect you, as always,” il ajouta sincèrement. Elliott savait qu’elle redoutait ce moment, ils le redoutaient tous, d’une façon ou d’une autre. Ils s’engageait dans quelque chose dont ils ne sortiraient peut-être pas indemnes, mais Elliott savait aussi qu’ils iraient tous les yeux fermés, parce que c’était ça leur but, parce que c’était ça qu’ils faisaient, et que des gens les attendaient depuis déjà bien trop longtemps, de l’autre côté.

Il s’éclaircit la voix maladroitement, rompant ainsi la tension qui s'était frayé un chemin dans l’atmosphère. “We should focus on this for now,” il dit en désignant le chaudron d’une main. “Everything else can wait. One step at a time and all that,” il ajouta avec un léger sourire. Réfléchir aux what ifs futurs ne feraient qu’embrumer leurs esprit d’une négativité dont ils n’avaient pas besoin.