Le bout du nez rougeâtre, et les cheveux encore humide de la douche, Jules courraient dans les rues de Camden. Visiblement pressée, elle bouscula, sans faire exprès, quelques passants qui ne manquèrent pas de la réprimander, commentaires auxquelles la gardienne des Rowdy Ravens ne prêta aucune attention. En retard, comme toujours, elle se précipita vers un café indépendant qui se trouvait dans une ruelle un peu plus calme. A travers la vitrine de l’enseigne, elle identifia Basil Abbot, qui lui adressa un signe de main pour l’inviter à le rejoindre. Habitué par ses retards réguliers, le blond avait déjà passé commande et l’attendait sagement installé à table. Cependant, trop pressé, Jules ne répondit pas à sa salutation, et débarqua en trompe dans le café. Sans prendre la peine de dire bonjour, elle extirpa de son sac à dos, le dernier exemplaire du Sorcière Hebdo. « Y a un article sur nous !! » La raison de sa hâte, le dernier scoop du magazine people le plus célèbre du pays, du moins chez les sorciers. Sur la première page de ce dernier, on pouvait lire en gras : « Doherty et Abbot, deux stars montantes du quidditch en couple ! ». Cette article venait d’être publié et avant la fin de la semaine, tout le Royaume-Uni sorcier sera au courant de cette information.

Jules n’avait pas honte de sortir avec Basil, même si affilier le mot « petit ami » avec ce dernier était encore un peu étrange pour elle. Ils se connaissaient depuis Poudlard, et durant des années, elle l’avait plutôt considéré comme un petit frère. Seulement, lors d’une soirée un peu arrosé de la fin d’année précédente, ils avaient finalement passé un cap, pour devenir un peu plus que de très bons amis. Le problème de cet article, c’était qu’il rendait leur histoire soudainement très officielle à leur insu. Bien sûr, c’était le genre de chose qui arrivait quand deux personnalités publiques sortaient ensemble, seulement elle aurait largement préféré que cette relation leur appartienne encore un peu plus longtemps. Cela était encore frais et ils se retrouvaient désormais dans l’obligation de composer avec une image publique, ce qui l’agaçait sincèrement. Parce que ce qu’elle aimait dans sa relation avec Basil, c’était la simplicité avec laquelle elle s’organisait. Une simplicité bienvenue par les temps qui courraient et qui allait rapidement se complexifié, du moins c’était ce qu’elle éprouvait à la lecture de l’article.

« Regarde la photo, on pourra même pas démentir. » Sur cette dernière, on pouvait les voir dans les bras l’un de l’autre, en train de s’embrasser langoureusement, comme tout jeune couple qui se respect. Soulagée d’avoir finalement relâché le stresse qui été né en elle lors de la lecture du magazine au petit déjeuner, Jules se laissa finalement tomber sur la banquette du café, juste à côté de Basil. « Plus jamais j’achète ce genre de magazine. » Jules qui d’ordinaire adorait lire ce genre d’article, se retrouvait au cœur d’un potin un peu trop croustillant à ses yeux. Dans le feu de l’action, son bonnet s’était légèrement affaissé sur ses sourcils, ce qui lui donnait encore un air encore plus accablé.

Il n’aurait jamais pensé ça possible mais sortir avec Jules fait de lui le ponctuel du couple. Ponctuel à sa façon bien entendu, mais peu importe le retard qu’il peut avoir, il ne sait pas comment elle se débrouille, mais la jeune femme fait systématiquement pire que lui. Et pourtant, il a vraiment du level en matière de retard. C’est même l’une de ses spécialités. Enfin, ca l’était avant qu’il se rende compte à quel point le game de Jules est haut niveau en la matière. Franchement, à côté d’elle, il fait limite petit joueur.

Enfin bref, il est arrivé les mains dans les poches, lunettes de soleil sur le bout du nez parce que, encore une fois, il a un peu trop exagéré la veille et que du coup la lumière, ca pique un peu. Et une fois entré dans le pub il constate ce dont il se doutait déjà. Le voici maintenant là, seul à l’attendre. Basil en profite pour commander des boissons tout en envoyant des messages à la con aux Nightwings via sa boule de cristal portative. Les retards à répétition de sa copine ne sont pas pour le déranger le moins du monde, il en faudrait beaucoup plus pour que Basil ne commence même à s’agacer. Alors qu’il tue le temps, il remarque un peu par hasard quelqu’un assit plus loin et qui le regarde. Lorsque leurs regards se croisent la personne se tourne comme si de rien n’était. Le petit manège arrive une fois, deux fois... Basil fronce un peu de sourcils, trouvant cette attitude bizarre, puis il décide de ne pas chercher plus loin. Après tout ce genre de comportement arrive parfois quand on le reconnaît. Certains diraient que c’est le prix à payer pour faire partie d’une équipe de quidditch comme les Puddlemere,  Basil, lui, dirait juste que certaines personnes sont juste trop curieuse. Il s’en retourne à ses messages, sirote un peu de son verre et n’y pense plus vraiment.

Puis sa copine arrive comme une fusée, speed comme toujours. Sa copine. Jules. Il a du mal à faire coïncider les deux mots dans sa tête et pourtant c’est bien vrai. Il sort avec Jules. Elle n’a longtemps été qu’une amie à ses yeux et il ne sait pas exactement comment ils en sont venus à sortir ensemble. Enfin si, il se souvient d’une soirée sacrément arrosée et d’avoir eu la révélation que Jules est tout de même très jolie. Ceci entraînant cela, ils ont passé la nuit ensemble et ont trouvé ça pas si mal. C’est d’une simplicité cette histoire. Ca ne peut qu’être bien du coup, non ?

Il ouvre la bouche pour la saluer joyeusement mais visiblement les salutations ne font pas vraiment partie des plans de la jeune femme. Au lieu de ça elle annonce : « Y a un article sur nous !! »  le tout en balancant presque un magazine devant le nez de Basil. Sur le coup, il ne comprend pas bien de quoi elle parle et il se contente d’un : « Hein ? » un peu con. Des fois Jules va vraiment trop vite pour lui, surtout quand il est un peu dans le coltard comme c’est le cas à ce moment là. Ca ne risque pas de durer longtemps ceci dit, il a toujours été très réceptif à l’énergie de la jolie blonde. Il attrape le magazine et voit tout d’abord une photo d’eux deux en train de s’embrasser ce qui lui fait ouvrir grand les yeux. Il ne se souvient pas du tout qu’il y ait eu quelqu’un pour les prendre sur le fait à ce moment là et ça l’hallucine à chaque fois à quel point les paparazzis peuvent être doués dans le genre. Il lève ensuite légèrement le regard pour tomber sur le gros titre associé à l’article : « Doherty et Abbot, deux stars montantes du quidditch en couple ! ». Bon, ok, il comprend de quoi elle parle maintenant.

« Ah oui... » Il ne trouve rien de mieux à répondre tandis qu’il lit l’article de travers. Basil n’est pas habitué à ce genre de presse. Déjà lire des magazines, si ca ne parle pas de quidditch, ca ne l’intéresse pas vraiment, mais c’est sur que quand un article sur sa toute nouvelle relation pope de nul part, ca lui fait un peu revoir sa philosophie sur le sujet. Mais pour être honnête, ce n’est pas vraiment l’article en soi qui le gêne, plutôt que tout ça donne un aspect bien officiel à leur histoire. Ce n’est pas que Basil a peur de l’engagement mais quand la presse va plus vite que vous dans une relation, c’est tout de même un peu oppressant quoi. « Regarde la photo, on pourra même pas démentir. » Il regarde à nouveau la photo et Jules a carrément raison, il est carrément évident qu’il s’agit bien d’eux deux. Basil sent l’exaspération de la blonde et il ne peut pas s’empêcher de tenter de dédramatiser le tout sur un ton léger. « Non, mais à part ça elle est plutôt sympa la photo. » Oui, c’est ça Basil c’est exactement ce qu’il faut dire pour calmer sa copine.

« Plus jamais j’achète ce genre de magazine. » Il se tourne vers Jules et ne peut pas s’empêcher de se marrer devant son air déconfit. Oui bon, ca aussi c’est pas non plus le truc à faire vis à vis de sa copine mais j’ai jamais dit que Basil faisait un bon copain après tout hein. « Ok, y’a besoin d’un verre là. » Il appelle à nouveau le serveur et commande un truc un peu plus fort, dans la mesure du légal bien entendu. Puis il se reconcentre sur le problème du jour et décide de l’ignorer en fermant tout simplement le magazine (smart le gaaars). « Mais on s’en fout de ce qu’il y a écrit quoi. » Enfin en tous cas, lui il s’en cogne, mais alors qu’il dit ca son regard se pose à nouveau sur le type louche qu’il a repéré un peu plus tôt. Celui ci a maintenant un appareil photo entre les mains. Basil plisse les yeux et ca clique dans sa tête. Ah bah oui Basil, c’est ça d’être un couple de « deux stars montantes du quidditch ». Tout de suite, il comprend mieux pourquoi Jules est blasée. « Ceci dit ça explique des choses... » Il se positionne de manière à ce que Jules le cache tout en lui disant un « Te retournes pas. » qui, dans le contexte, lui paraît relativement explicite.

En cas d’urgence majeure, Basil Abbott n’était clairement pas la bonne personne à contacter. Toujours détendu du slip, le blond relativisa très rapidement sur la nouvelle, comme si ce n’était absolument rien. Loin d’être idiote, Jules savait que son petit ami éprouvait la même chose qu’elle face à ça, mais se contentait de rester plus calme. De toute manière, la galloise s’agitait suffisamment pour deux, à tel point que la moitié des clients du café les regardait du coin de l’œil. Pour la rassurer, conscient qu’elle était en panique, le plus jeune s’amusa de la photo, en soulignant qu’au fond, cette dernière était plutôt sympa. Si la blonde avait été du genre princesse, elle aurait sûrement été outrée d’une telle réaction, mais il en fallait plus pour la fâcher. « Oui la photo elle est sympa, si elle avait été privé. » Maintenant que la nouvelle avait fuité, elle savait très bien que les commères avides de potins allaient vouloir en savoir plus et que son couple allait se retrouver au cœur de beaucoup de conversation. Une idée qui la dérangeait profondément.

Seulement, après quelques secondes, elle réalisa que son agacement pouvait apparaître comme une forme de malaise. Loin d’avoir envie de blesser le blond, Jules tenta de se calmer un peu et d’enfin prendre place à ses côtés. « Non, mais c’est pas que j’assume pas, juste que c’était cool quand c’était juse entre nous nan ? Je veux pas que ça change… ça. » Ce qui se passait entre eux lui faisait du bien, et elle savait que c’était réciproque. La dernière chose qu’elle souhaitait, c’était que l’extérieur vienne perturber ce qui se passait et faire que cette simplicité se brouille. Maintenant que Basil était au courant, la galloise se sentait un peu moins seule dans sa détresse, ce qui la calma déjà un peu. Le sourire chaleureux de son copain l’apaisa, et elle lui retourna finalement son sourire, avant d’entourer ses mains autour de sa tasse pour se les réchauffer.

En relevant la tête, elle remarqua le regard de Basil s’éloigner d’elle pour guetter un inconnu dans leur dos. Visiblement, il semblait avoir compris quelque chose, ce qui attisa tout naturellement la curiosité de la blonde. « Explique quoi ? » Jules voulait savoir ce qui se passait, à tel point qu’elle hésita à se retourner malgré la demande du blond. Seulement, elle voyait bien que Basil ne rigolait pas vraiment. « Dis moi ce qui se passe, ou je me retourne? » Soudainement, elle sembla faire le rapprochement et compris ce qui se passait dans son dos. « Me dis pas qu’il y a un journaliste derrière moi... » Un peu inquiète et agacé, Jules soupira légèrement, avant de se rapprocher un peu plus de Basil pour cacher son visage.

Il tente de détendre l’atmosphère, de minimiser la chose et de rendre à Jules le sourire qu’il lui connaît. Pourtant il sait bien que cet article n’est pas totalement anodin, que ce dernier marque un tournant dans sa relation avec Jules et il voit totalement ce que veut dire la jeune femme lorsqu’elle reprend la parole. « Non, mais c’est pas que j’assume pas, juste que c’était cool quand c’était juste entre nous nan ? Je veux pas que ça change… ça. » Jules et lui sont sur la même longueur d’onde, c’est ce qui fait qu’ils sont si bien ensemble et que les choses sont si naturelles. Lorsqu’il lui prend la main, il ne se pose pas de question. Lorsqu’il l’embrasse non plus. Alors oui, il voit complètement ce qu’elle veut dire, et alors qu’il ouvre la bouche pour la rassurer, il se rend compte à quel point elle a raison. Parce qu’il vient de spotter le type derrière la jolie blonde, celui qui dégaine son appareil photo pour tourner son objectif vers eux et que, clairement, ça met un frein à tout le naturel qui les définit.

Ce type ne tombe vraiment, mais alors vraiment, pas bien. Parce que qu’est ce que peut dire Basil maintenant pour minimiser l’impact de cet article sur eux hein ? Pour lui, ce n’est qu’une banale coïncidence avec un très mauvais timing. Pour Jules, qui a l’air déjà passablement blasée de cette situation, ca sera peut être un coup du facétieux destin, ce gros batard. Va relativiser les choses après ça quoi. Il se doit tout de même de prévenir la jeune femme et, il faut l’avouer, Basil ne le fait pas de la plus rassurante des manière. Y’a rien de pire que de parler d’un truc ce que c’est exactement. Comment laisser sa copine dans un brouillard de paranoïa quoi. Bash, t’es pas très doué quand même. « Explique quoi ? » Jules se tend et Basil ne sait pas trop comment présenter les choses. Il tente de trouver les mots pour éviter que la belle balance le premier truc qui traîne sur le journaliste, ce qui pourrait être un tantinet violent si le dit objet est genre un verre ou une chaise carrément (ouais on sait jamais). Le fait est que le temps qu’il réfléchisse à ça, Jules insiste, assez légitimement d’ailleurs. « Dis moi ce qui se passe, ou je me retourne? » Il ouvre la bouche, lève un doigt en l’air, faut une espèce de grimace et elle le coupe. « Me dis pas qu’il y a un journaliste derrière moi... » Ah bah voilà, il a rien besoin de dire. C’est ça le côté positif de sortir avant quelqu’un d’aussi intuitif que Jules. Il tente un sourire et se croit presque malin alors qu’il lui répond par un : « Ok je te le dis pas. » qui veut pourtant tout dire.

Le jeune homme regarde par dessus l’épaule de sa copine et il n’a plus du tout aucun soupçon lorsqu’il voit le type mieux ajuster le focus de son appareil qui est directement pointé sur eux. Là, Basil avoue, la situation l’énerve un tantinet et pourtant, il n’est vraiment pas du genre à réellement s’énerver. Lui, quand il est venu ici, c’était dans l’idée de retrouver Jules et qu’ils passent un bon moment. Parler de n’importe quoi, se marrer et l’embrasser. Profiter tranquillement quoi. Là ça devient bien trop prise de tête pour lui. Il est mitigé quant à la marche à suivre à partir de ce constat. Mais son visage passe d’une moue ennuyée à celui d’un génie venant de trouver l’idée du siècle. Son regard se tourne vers Jules alors que son sourire se fait rayonnant. « Tu sais quoi ? » Il fouille dans ses poches et en ressort quelques pièces pour payer sa boisson. Tout en faisant cela il s’approche de Jules et parle tout bas pour annoncer son plan fabuleux. « On se casse. » Oui, bon, ce plan n’est fabuleux que pour Bash mais il a le mérite d’être à la fois un peu fun et de réinstaller un petit vent de liberté dans tout ce bazar. « Allez viens ! » Il se lève et attrape la main de Jules, déjà sur les starting blocks pour se barrer ni une ni deux. Mais avant de se lancer dans un bon gros sprint, Basil se tourne d’abord vers le journaliste à qui il fait un certain signe très peu élégant tout en déclarant un : « Adios le naze ! » rebelle. Jules n’a alors plus trop le choix. Elle qui vient à peine d’arriver en courant déjà a juste le temps d’attraper ses affaires avant d’être entraînée par la tornade Basil. Le journaliste lui, empêtré dans son matériel de photo, a perdu ses proies du jour. Tant pis pour sa gueule hein.

Dans le mille émile. Alors qu’elle bouillonnait face à l’article de journal, un paparazzi se trouvait, d’après les dires de son petit ami, juste dans son dos. La célébrité de ne peut donner que ce qu’elle a. Jamais elle n’aurait pensé donner raison à Gilderoy Lockhart, et pourtant à cet instant précis, l’adage prenait tout son sens. Sa petite renommée lui coûtait l’anonymat, ce qui lui retirait le plaisir de pouvoir vivre une vie parfaitement normale. Sortir avec son petit copain devenait compliqué, d’autant plus que ce dernier profitait d’une certaine popularité. « Mais, je vais lui casser les dents. » En colère, elle serra les poings, tout en sachant qu’elle n’osera jamais agir de la sorte, par peur que cela puisse porter préjudice à sa famille. Un self-control qui la poussait à ravaler sa fierté, et accepter l’idée que son couple était désormais officiel aux yeux de tous. Même s’il pensait comme elle, Basil se montrait plus calme, plus serein face à la nouvelle, ce qui la calma légèrement, suffisament pour suivre le mouvement.

En effet, blasé par la situation, le blond paya les boissons, avant de l’attraper par le bras pour sortir de la boutique. En chemin, il accorda un doigt fier à l’homme qui resta sur le carreau. Une fois dehors, elle regarda autour d’eux, avant de se diriger vers une ruelle calme. « Petit tour à la plage ? » Sans attendre de réponse, elle transplana avec Bash en direction d’une plage galloise qu’elle connaissait bien. Seuls, loin de tout, ils pouvaient enfin profiter d’eux, comme ils l’entendaient. « Je n’en reviens pas ! Le culot du gars. » Mécaniquement, elle se laissa tomber par terre, face à la mer, comme accablée par le monde. Frustrée, elle pointa le sable à côté d’elle du doigt, comme pour indiquer à son copain de la suivre. A la base, elle était quand même venue pour passer du temps avec lui. « Je peux avoir un calin ? » En privée, Jules était bien plus douce qu’elle ne pouvait le laisser penser. Une qualité qui faisait tout son charme, elle qui sur le terrain ne laissait rien passer.

« Des fois, j’aurai préféré être personne. » Bon, en réalité, jouer au quidditch c’était son rêve d’enfance, sa promesse faite avec Cédric, alors pour rien au monde elle changerait de carrière. Seulement, si elle pouvait abandonner sa renommée pour ce genre de moments, elle le ferait sans hésitation. « Bref, ne le laissons pas gâcher la journée. » Optimiste dans l’âme, la galloise ne se laissa pas abattre pour autant, de toute manière, elle ne pouvait rien y faire pour changer la donne, alors composer avec. Comme pour oublier, elle attrapa la main du plus jeune, pour profiter un peu de sa chaleur.

Ils filent et c’est là qu’être un athlète de haut niveau a vraiment son avantage. Le journaliste, avec son matériel de photo, pris par surprise de surcroit, n’a absolument aucune chance de les rattraper. Il ne leur faut donc pas longtemps pour trouver refuge dans une ruelle où ils sont parfaitement tranquille. Mais Jules a une autre idée en tête, cédant à une spontanéité qui fait tout son charme aux yeux de Basil. « Petit tour à la plage ? » Il a tout juste le temps d’afficher un grand sourire. L’idée lui plait entre autre parce qu’elle ne lui serait pas venue en tête. Bon Basil n’est pas difficile, il est plus ou moins tout le temps partant pour tous les plans possibles et imaginables, mais tremper les pieds dans l’eau et s’emplir les poumons d’air iodé, ca le botte toujours.

Jules l’entraîne dans un transplanage express. Il ne leur faut que le temps d’un « pouf » pour se retrouver seuls au milieu d’une plage qu’il ne saurait pas vraiment situer, ce qui ne le dérange pas le moins du monde. Le jeune homme est en joie et il le fait savoir avec un « Nice ! » sonore alors qu’il tournoie presque sur lui-même afin de contempler le paysage. Autant dire qu’il a déjà plus ou moins tout oublié de leur déconvenue précédente. Il a cette capacité de ne pas s’attarder sur les choses qui fâchent, enfin tout du moins pas tant qu’elles ne lui explosent pas à la gueule. Jules, elle, est encore visiblement énervée, à raison, il faut bien lui accorder ça. « Je n’en reviens pas ! Le culot du gars. » Malheureusement pour eux, le principe même de paparazzi est d’avoir un culot monstre. Autant dire que face à des gens comme ça, ils ne vont pas pouvoir la jouer à la cool, parce que les journalistes ne leur feront pas de cadeaux. Mais, fidel à lui même, Basil préfère se concentrer que le bon côté des choses, notamment parce qu’il n’aime pas voir Jules se prendre la tête comme ça et qu’il ne sait pas quoi faire d’autre pour l’en empêcher. C’est une technique comme une autre, hein. « Au moins on est tranquille ici. Par contre j’espère que tu te rends compte qu’on est obligé de tester l’eau à un moment ou à un autre hein ? » Basil, 8 ans d’âge mental, ne peut pas aller à la plage sans se faire un devoir de tremper les pieds dans l’eau. Il y a vraiment des plaisirs, et des obligations morales apparemment, simples dans la vie.

Jules s’assoit dans le sable et lui se pose à côté d’elle. Ils trouvent alors enfin un moment tranquillou à deux comme ils le cherchaient à la base, moment que la jeune femme semble vouloir entamer avec un petit peu de douceur. « Je peux avoir un calin ? » Basil se tourne vers elle, presqu’étonné de la question, mais ça le fait rapidement sourire, de ce sourire à la fois chaleureux et amusé qui est presque sa marque de fabrique. Il ne se fait pas prier pour s’exécuter. « Ca faut pas me le demander deux fois. » Il passe un bras autour des épaules de la jolie blonde et se rapproche d’elle pour qu’elle puisse se lover contre lui comme bon le lui chanterait. Mais si lui voit ce moment comme ce qu’il est, un instant de tendresse bien mérité, Jules, elle donne un peu plus dans l’introspection. « Des fois, j’aurai préféré être personne. » Il lâche un petit rire étouffé et un « Genre. » qui démontre à quel point il ne la croit pas lorsqu’elle dit ça. Parce que cette idée lui paraît absurde. Tous deux sont des férus de quidditch, de vrais passionnés, des joueurs invétérés et que, sans ça, ils ne sont rien, ou presque rien, pas eux-même en tous cas. Mais Bash ne se rend peut être pas compte que tout ça marque le début de la fin. Les mots de la jeune femme et sa réaction à lui, démontrent le caractère irréconciliable de leur situation. Parce qu’il est vrai qu’ils ne sont pas « personne » et il est vrai que ce statut ils ne pourraient pas s’en passer. Les paparazzis, si ils restent ensemble, seront leur quotidien. « J’imagine qu’on aurait pu se douter que ca finirait comme ca. » Les mots qu’il utilise n’ont pas pour but de sonner le glas de leur relation mais peut être que l’inconscient de Basil prend de l’avance sur le futur proche qui les attend. « Je pensais pas qu’ils nous grilleraient si vite par contre. » Il hausse les épaules. Ils n’y peuvent plus rien de toute manière.

« Bref, ne le laissons pas gâcher la journée. » Il aime l’idée et se lance corps et âme  dans le nouveau champ des possibles qui s’offre à eux. « Ouais, y’a plein de trucs qu’on peut faire ici aussi ! » C’est vrai que Basil passe la plupart de son temps en ville par la force des choses, mais il est aussi fana de grand air. Il n’y a en effet rien de mieux que les barbec d’été en bord de plage avec les petites mousses qui vont avec bien sur. Bon, là, comme ça il ne sait pas exactement quoi faire et il énumère toutes les options qui lui viennent à l’esprit sans prendre la peine de les filtrer. « Châteaux de sable, piquer une tête, pêcher des crabes, feu de joie et brochettes. Tant de possibilités. » Bon il n’a pas vraiment 8 ans donc le château de sable bof, mais le reste il est complètement capable de le faire. « C’est pas mal ça aussi. » Il se tourne vers elle et lui sourit avant de l’embrasser simplement comme il meurt d’envie de le faire depuis qu’il la rejoint un peu plus tôt.

Enfin tranquille. Une paisibilité que la blonde savait chaque jour apprécier davantage. Sa notoriété ne cessait de grandir et par conséquent, sa vie privée ne cessait de se réduire. Jules éprouvait encore quelques difficultés à s’adapter à tout ça, et sa relation avec Basil n’allait sûrement rien y arranger. Heureusement, elle fréquentait une personne extrêmement positive qui se plaisait à toujours voir le bon côté des choses. Lorsqu’il expliqua vouloir se baigner, Jules ne put s’empêcher de rire, ce qui relâcha immédiatement la pression qu’elle avait pu ressentir un peu plus tôt. « Tu veux te baigner ? Au mois de janvier ? Au Pays de Galles ? Sans combi ? Il te manque vraiment une case. » Jules n’était pas la personne la plus mature sur terre, mais son copain l’était encore moins. Les deux blonds se ressemblaient terriblement, et c’était sûrement pour ça qu’ils s’étaient toujours bien entendus.

Lorsqu’elle demanda, presque honteusement, un calin, le jeune homme accepta sans hésitation. Une chaleur qui lui apporta un grand réconfort, alors qu’elle se serra encore un peu plus contre lui. La galloise avait appris à aimer l’odeur du plus jeune, et à la percevoir comme quelque chose de sécurisant. Quelques temps auparavant, elle n’aurait jamais imaginé se tenir si proche de Abbott, comme quoi, la vie est pleine de surprises. « J’aime le quidditch, vraiment, juste c’est chiant de pas pouvoir juste boire une bière tranquille. » Bien sûr qu’elle aimait trop son sport pour abandonner, cela ne faisait aucun doute, et Basil avait parfaitement raison de rire. Cependant, comme il le disait, ils auraient dû y penser avant de se mettre ensemble. « Oui, on aurait du se douter, mais faut dire que c’était assez… Inattendu et aussi, qu’on est pas forcément les personnes les plus arrêtées sur les détails. » Après un sourire moqueur, elle posa son regard sur les vagues, qui avec la météo se donnaient à coeur joie de fouetter le sable humide.

Maintenant qu’ils étaient à l’écart du monde, il fallait trouver comment s’occuper. Le plus jeune ne manquait pas d’idée, et comme toujours, ils allaient sûrement bien s’amuser. C’était ça la force de leur relation. Beaucoup de rire, beaucoup de simplicité. Entre amis et un peu plus. Jules ne saurait vraiment définir ce qu’ils vivaient, mais au présent, c’était agréable. « Pêcher du crabe ?! Bonne idée, ça fera un super repas. » C’était la première fois qu’un rendez-vous amoureux allait se transformer en chasse aux crabes. Une singularité qui l’amusait, tout autant que le baiser volé de Basil lui faisait plaisir. Tout comme lui, elle avait ressenti un besoin constant de l’embrasser depuis leurs retrouvailles mouvementées. Jules ne manqua pas de l’embrasser à son tour, avant de passer sa main dans ses cheveux en bataille. « T’es chou. » Le passé sentimental de la joueuse de quidditch n’était pas glorieux, et rarement elle avait profité de ce genre de petites attentions. Une douceur qui la rendait heureuse, et ce peu importe le temps que cela pourra durer. « Alors comment on s’y prend pour chasser un crabe ? Crab Dundee. » Jules avait grandi à la mer, elle était curieuse d’en savoir plus sur les plans de son copain.