« Beau matos, mais tu te rappelles encore comment on fouille sans laisser de traces ? Et comment te battre si besoin ? » Elena relève d’un coup la tête de son sac de matos, laisse retomber le gadget qu’elle tenait entre ses mains. C’est sérieux, ça ? On est en train de lui demander si elle sait se battre ?! Elle sent ses jointures blanchir d’agacement, préfère finalement relever un regard incrédule vers Dean et Vanessa. Ce n’est pas le moment de montrer ses talents, alors Lena laisse (difficilement couler), opine même du chef quand Norah dit ne pas vouloir s’éterniser ici. Elle a de la chance que la mission soit si importante—

Amaya profite de la brèche à peine ouverte pour détailler ce qu’elle a vu à l’étage : six tableaux, tous ne sont pas occupés. “Il faut faire attention.” Elle hoche la tête avec une sollicitude peut-être un peu exagérée, comme pour marquer le contraste avec Norah (Lena a clairement choisi sa chouchoute de la journée). Ça n’empêche pas les deux Avengers et elle-même d’emprunter doucement l’escalier, et de passer un premier tableau endormi (toutes se baissent d’un même mouvement au cas où, mais jusqu’ici pas de problème).

Elles sont désormais dans le couloir, positionnées de sorte à se trouver dans l’angle mort du portrait endormi (toujours au cas où – elles sont au moins deux à être allées à l’école Fol Œil, ici). “La porte, là, à droite, la pièce est plongée dans le noir, alors qu’elle a une fenêtre. Je pense que c’est pas tout à fait normal, on y va ?” Echange de regards entre les trois protagonistes : deux tableaux (présents et bien éveillés) les séparent de la fameuse pièce, et il est peut-être ambitieux de commencer par là.

Elena hoche la tête pour accepter la proposition.

Le premier tableau, le plus près, est tiré à quatre épingles et parcoure pompeusement le couloir de son regard. Elena jette un nouveau coup d’œil à ses comparses du jour, puis tend sa baguette pour en faire surgir deux cafards de belle taille sur la moquette. Ceux-ci se font un plaisir de passer devant le tableau en question – son occupant, horrifié, se met aussitôt à fanfaronner. « Morrighan, vous voyez cela ?! Par Merlin, où sont ces fichus elfes ?! » Le désavantage est que cela risque de réveiller les tableaux alentours, mais l’avantage est que cela suffit à faire disparaître le plaintif, sans doute en direction de la fameuse Morrighan (qui prédit peut-être l’avenir dans les insectes, qui sait).

Et puis, ça leur apprend que des elfes risquent de se promener quelque part dans le Manoir ; dans les cuisines, probablement.

Elena franchit le premier portrait, ouvre la route. La pièce qu’elles cherchent à atteindre n’est plus qu’à quelques mètres, mais—« Non, venez, ma chère, bien sûr que vous ne dérangez pas. Navrée que ce malotru vous cherche encore des Mornilles. » Le second tableau est là, juste devant elles, et comprend (de ce qu’elle peut en voir) au moins deux habitantes, dont apparemment la fameuse Morrighan. Lena se retourne vers ses camarades d’infortune, se demandant si elle n’a pas créé une discorde sensible entre les tableaux. Est-ce que ce serait une bonne nouvelle… ?

Les deux occupantes semblent plongées dans une discussion particulièrement animée, faudrait-il en profiter pour plonger devant elles comme si de rien n’était… ?

Lena se retourne vers Norah, lui chuchote avec un brin de sarcasme. « Tu te rappelles encore comment ça se passe, une infiltration ? » Elle lui fait un hochement de tête pour l’inviter à passer devant, cette fois.

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