Première sortie à Pré-au-Lard de l’année. Comme toujours, les élèves en âge de partir en excursion trépignaient d’impatience à l’idée de pouvoir gambader librement en dehors de l’école. Les poches pleines de gallions, les apprentis sorciers se dirigeaient vers le petit village qui abritait un bon nombre de boutiques. Les troisièmes années, en extases face à leur première sortie, s’arrêtèrent devant la devanture colorée de Honeydukes, la boutique de confiseries la plus populaire de l’école. En moins de temps qu’il en fallait pour dire Merlin, le commerce grouillait déjà de chérubins, qui dépensaient sans compter leurs petits sous. Étant en quatrième année, Vanessa et Jules étaient déjà un peu habituées au sortie à Pré-au-Lard et savait qu’il était préférable d’attendre un peu pour faire du shopping, et se diriger directement aux Trois Balais pour avoir une place assise. Ainsi, elles accélérèrent le pas pour semer les plus jeunes, et s’enfoncèrent dans la ruelle voisine.

L’enseigne des Trois Balais se balançait au gré du vent, juste au-dessus de la porte en bois qui ne cessait de s’ouvrir et se fermer. Lieu réputé de la ville, il attirait un bon nombre de sorciers et la qualité de sa bière au beurre n’était plus à faire. Discrètement, les deux jeunes femmes se glissèrent entre les adultes, pour s’installer à une table juste devant l’une des fenêtres du pub. Avec le début de l’arrivée prochaine d’Halloween, l’endroit était décoré, ce qui le rendait encore plus magique qu’ordinaire. Depuis la fenêtre, on pouvait voir les feuilles des arbres tombaient une à une sur les pavés humides qui arpentaient le village. Une ambiance que Jules appréciait tout particulièrement, elle qui avait toujours vécu dans une ville moldue. « Les gars vont pas être content quand ils vont voir qu’on ne les a même pas attendu. »  Si Vanessa et Jules étaient inséparable, leur petit groupe ne se limitait pour autant pas à un duo féminin. En effet, les deux amies traînaient toujours avec leurs compères masculins ; Cédric et Mehdi. Une petite troupe de poufsouffle qui adoraient faire les quatre-cent-coups ensemble. Seulement, pour cette première sortie en ville, les deux meilleure amie avait décidé de s’offrir un moment entre filles.

« J’hésite entre une bière au beurre et un sirop de cerise pétillant... » Si elle s’écoutait, Jules commanderait sûrement l’intégralité de la carte, juste pour être certaine de ne pas rater le meilleur choix. Cependant, son nombre limité de gallions en poche la raisonna, et elle opta finalement pour une bière au beurre. Une fois la commande passée, elle retira enfin sa veste pour s’installer plus confortablement. « Le père de Choc’ il a essayé de faire de la bière au beurre cet été, eh bah, c’était pas une franche réussite. » Sans difficulté, elle se rappela du goût amer de la boisson qu’avait composé Amos Diggory pendant les vacances, chez qui elle avait passé une partie de ses vacances d’été. « Quand il a tourné le dos, j’ai tout donné au chien. » Amusée par sa propre bêtise, la blonde rigola légèrement, avant de saisir l’un des deux verres qui venaient d’être déposé au centre de la table par la serveuse.

Les garçons n’avaient pas suivi le rythme ? Pas grave, les filles en profiteront pour passer un moment entre amies, avant de sûrement les retrouver un peu plus tard pour effectuer des achats communs en friandises. Une habitude qu’ils avaient pris l’année passée, forcés de constater qu’en coordonnant leurs achats, il pouvaient s’offrir une plus grande variété de bonbons. En attendant, Vanessa et Jules se délectaient d’un moment entre filles, autour d’une bonne bière au beurre, servie dans l’établissement le plus populaire du village. L’endroit grouillait de monde, comme souvent, et les élèves qui passaient la porte se retrouvaient désormais obligés de boire au comptoir, debout. Ravie de sa place confortable, la gardienne des Poufsouffle leur lançait quelques regards malicieux, comme pour les narguer, avant de finalement reporter son attention sur la brune. Sans surprise, cette dernière s’esclaffa de rire en imaginant ses deux amis en train de donner la boisson d’Amos Diggory au chien de la famille.

« Il avait l’air d’aimer. » Le chien des Diggory était encore jeune et raffolait de tout ce qui pouvait se trouver sur la table des humains. Sans difficulté, Jules se rappelait de la tête de malheureux qu’il faisait pendant l’intégralité des repas. D’ailleurs, il n’était pas rare que le père de Cédric craque devant cette bouille adorable, et lui donne discrètement la fin de son repas. Jules adorait passer du temps là-bas. Non seulement parce qu’elle était avec son meilleur ami, mais aussi parce qu’elle s’entendait très bien avec chacun des membres de la famille. Toujours accueillants, ils savaient la mettre à l’aise, comme si elle faisait partie de la famille. De plus, leurs parents se connaissaient bien, suffisamment pour que le visage de Cédric ne lui soit pas étranger lors de leur entrée à Poudlard. Dès les premiers jours, ils s’étaient retrouvés ensemble, avant de sympathiser avec Vanessa et Mehdi, et ainsi former le quatuor d’aujourd’hui. Jules adorait ses amis, et chaque fin d’année, au moment de rentrer à la maison pour les vacances, elle se montrait plutôt triste de les quitter. Heureusement pour elle, ses parents connaissant bien la famille Diggory, elle parvenait toujours à voir au moins une fois son ami durant les vacances, une chance qu’elle savait apprécier, mais qui lui suffisait rarement.

Cet été pourtant, avait été un peu différent, et sûrement le meilleur de sa vie. En plus d’un petit séjour en Allemagne avec ses parents et sa sœur en début juillet, Jules avait pu passé une bonne partie des vacances en compagnie de ses amis -et plus particulièrement avec Cédric. D’ailleurs, cette information ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde, puisque Vanessa s’empressa de s’interroger sur le nombre de jours qu’ils avaient réellement passé ensemble. Jules ne s’était jamais attardé sur le détail, persuadée d’avoir déjà parlé de cela dans un courrier -ce qu’elle avait, en réalité, jamais fait. « Hum, je suis restée une semaine de plus que Mehdi je crois… Puis, après pour mon anniversaire, Mehdi est resté pour le week-end, et Cédric quelques jours de plus. » Loin de se douter de l’arrière pensée de son amie, Jules continua le fil de ses pensées. « L’an prochain, tu as intérêt à venir pour mon anniversaire ! » Un peu déçue de ne pas avoir pu réunir toute la bande pour son anniversaire, Jules espérait pouvoir compter sur la présence de tous pour son prochain anniversaire. « Mes parents nous ont laissé toute l’aprem et la soirée tranquille, c’était trop bien. » Jules n’en voulait pas à son amie d’avoir raté cet événement, mais elle ne cautionnera aucune excuse pour le prochain.

Surprise de constater que Jules avait passé une bonne partie de son été en compagnie de leur ami commun, la brune s’empressa de souligner l’information. Mal à l’aise face à cette réaction, la galloise se noya dans son verre, avec espoir que ce dernier cache ses petites joues rosées. « Non… Pas tout l’été. » En soi, la jeune Doherty aurait pu passer autant de temps avec n’importe lequel de ses amis, tout simplement parce qu’elle adorait passer du temps avec eux. Si elle s’était retrouvée à partager autant de temps avec Cédric, c’était principalement parce qu’il était son meilleur ami et que leurs parents se connaissaient bien. Néanmoins, elle pouvait difficilement nier que la compagnie du brun était très agréable et dernièrement, enfin depuis les vacances d’été, elle ne pouvait pas démentir un léger rapprochement. Un rapprochement réciproque, qu’elle ne savait pas vraiment comment interpréter et qui la chamboulait un peu. Elle appréciait son amitié avec son compère de quidditch et redoutait que cela puisse changer, cependant elle voyait bien qu’elle pensait de plus en plus souvent à lui et aux prochains instants qu’ils partageront. Cette information, elle l’a cachait bien profondément, anxieuse que cela puisse s’ébruiter, notamment auprès de Vanessa et Mehdi.

Heureusement pour elle, la conversation dévia légèrement sur un sujet moins tabou, à savoir la présence ou non de la brune à son prochain anniversaire. « Au pire, tu peux leur dire de venir dîner avec mes parents, comme ça ils auront plus confiance ? » Les grand-parents de Jules, côté maternelle, étaient des moldus, si bien qu’elle comprenait parfaitement le décalage et les craintes qui pouvaient exister pour les parents de son amie. En rencontrant sa famille, les Devon seraient sûrement soulagés de voir que finalement, peu de différences existent entre des parents moldus et magiques. Alors qu’elle essayait de trouver une solution pour rassurer les parents de la brune, cette dernière elle revenait à la charge avec ses questions très intéressées. Jules sentait son cœur accélérer, mais tentait de garder le même ton qu’auparavant, comme si tout allait parfaitement bien. « Ils nous ont laissé seuls quand y avait Mehdi hein. » Là encore, elle ne mentait pas, lorsqu’elle avait parlé de cette après-midi tranquille sans parent, elle avait mentionné la journée de son anniversaire, à laquelle se trouvait certes, Cédric, mais aussi Mehdi.

Un peu perplexe et curieuse de savoir où son amie avait pu sentir une faille, Jules s’interrogea sur les signes avant-coureurs qui pouvait exister. « Mais pourquoi tu dis ça ? » Elle pensait avoir été discrète, suffisamment pour que cela reste uniquement entre Cédric et elle. Maintenant qu’elle comprenait que cela n’était pas si secret qu’elle le pensait, Jules espérait simplement que cela ne soit qu’une supposition plutôt qu’une certitude.

La taquinerie de la brune fit naturellement rougir Jules, qui s’enthousiasma finalement de voir la conversation s’éloigner du sujet Diggory. Parler de ses sentiments et de sa relation avec Cédric était assez étrange pour elle, principalement parce qu’elle ignorait les mots qu’elle pouvait utiliser pour qualifier ce qu’ils vivaient. Ils étaient proches, comme des meilleurs amis, comme des frères, mais parfois quelque chose d’un peu plus ambigüe semblait exister, et pourtant, ils semblaient se l’interdire. L’un comme l’autre avait sûrement peur que leur amitié puisse s’étouffer si cela venait à arriver. En attendant, ils continuaient a vivre leur relation comme elle venait, et surtout, comme ils l’aimaient, laissant les choses se faire à leur rythme, loin des regards indiscrets. Même si elle avait une confiance sans faille en son amie, Jules éprouvait certaines réserves à lui en parler, comme si elle avait peur que cela devienne trop officiel.

Heureusement pour la galloise, Vanessa ne s’attarda pas trop et se reconcentra sur ses parents. Venir d’une famille de moldue ne devait pas toujours être simple. Jules se souvenait très bien des histoires racontées par ses grand-parents à ce sujet, et elle se doutait que le choc culturel devait être violent. Si les parents Devon pouvait sympathiser avec des sorciers, ils verraient sûrement que ce ne sont pas forcément des gens si différents d’eux. Et pour ça, rien de mieux qu’un repas entre parents. « Ma mère est née-moldue, elle sait ce que c’est. Mes grand-parents étaient perdus au début, mais maintenant tout va bien, ils suivent même le quidditch. » La famille Doherty était sûrement une des meilleures familles de sorciers à présenter à des moldus, d’autant plus qu’ils vivaient en plein centre de Cardiff, une ville que n’importe quel habitant du royaume uni, magique ou pas, connaissait. En plus, si les parents de Vanessa venait à apprécier ses parents, ce dont elle ne doutait à aucun moment, la brune aura sûrement le droit de venir pour les vacances, ce qui sera encore plus drôle qu’avec les gars. Leur petite bande était certainement la chose dont-elle était le plus fière au monde, parce qu’elle savait que cette dernière survivra dans le temps, envers et contre tous, il pouvait en être autrement (elle ne le savait pas encore, mais elle se trompait).

Puis, alors qu’elle se pensait en sécurité, Vanessa relança le sujet tabou, bien décidée à avoir une réponse à sa question. Jules la connaissait suffisament pour savoir qu’elle ne lâchera pas l’affaire aussi facilement, surtout maintenant qu’elles possédaient un temps à elles. « La façon dont je le regarde ? C’est mon meilleur ami tu sais, c’est normal. » Jouer les ignorantes apparaissait comme l’une des meilleures choses à faire, et pour en rajouter une couche, la blonde frappa fort, en renvoyant la balle du côté de son amie. « Mais non, pas plus que toi et Hadrian... » Certes, Jules et Cédric étaient proches, mais ce n’étaient certainement pas les seuls dans cette histoire. Dans le quatuor, des binômes évidents se formaient, et si Vanessa voulait jouer à ça, Jules pouvait parfaitement l’embêter sur le même terrain.

Cependant, malgré son refus de s’ouvrir et de jouer cartes sur table, Jules éprouvait une certaine curiosité à l’égard du regard extérieur que pouvait apporter la brune. De dehors, à quoi ressemblait leur duo ? Et surtout, cela semblait-il réciproque ? Quelque part, si Cédric l’invitait autant chez-lui, cela sous-entendait sûrement quelque chose. Dans un besoin de réponse, elle décida de s’attarder sur une petite question pas si anodine. « Tu penses que je lui plais ? » Quelque part, elle avait envie d’entendre une réponse positive, une envie profonde qui la faisait légèrement rougir, alors qu’elle se noyait dans sa boisson pour éliminer les doutes.

La famille de Vanessa ne connaissait pas encore un centième du monde magique, alors forcément pour eux, ça relevait d’un conte pour enfant, ou d’un film d’horreur -au choix. Avec le temps, ils finiront par s’habituer, par devenir plus familier avec ce nouveau monde et pour ce faire, rien de mieux qu’un petit coup de pouce. La famille Doherty pouvait parfaitement aider, et Jules y comptait bien, surtout si cela pouvait lui permettre de passer plus de temps avec sa meilleure amie. « Ouais, mais quand il verra en vrai, il dira : “ouais trop stylé”. » Si son grand-père avait pu devenir un fervent supporter de l’équipe du Pays de Galles, alors rien n’était perdu pour le père Devon. En attendant, Vanessa se trouvait à Poudlard, loin des moldus et pouvait vivre sans limite sa vie de petite sorcière. Au-delà de la magie, les deux amies plongeaient l’une comme l’autre dans l’adolescence, une période où les émotions et sentiments prenaient une toute nouvelle tournure. Est-ce que Jules était amoureuse de Cédric ? La réponse était loin d’être très claire, mais la seule certitude qui existait, c’était qu’un lien fort les unissait. Il était son humain préféré, comme une âme sœur avec qui elle adorait passer tout son temps.

Pour elle, sa relation avec Cédric n’était pas si éloignée de celle de Hayden et Vanessa, mais visiblement, cette dernière n’était absolument pas d’accord. Pas forcément la plus passionnée par les potins, elle préféra laisser le bénéfice du doute à la brune, qui ne s’attarda pas vraiment sur la chose. Visiblement, le retard des gars prenait le dessus sur la sympathie qu’elle éprouvait pour eux à cet instant, ce qui amusait sincèrement la petite blonde. Jules était indéniablement la moins ponctuelle du groupe, si bien qu’elle ne pouvait pas se permettre de critiquer les autres à ce sujet, à l’inverse de l’anglaise. « Ils doivent pas être loin, sûrement à baver devant les balais. » Connaissant Diggory, il avait sûrement dû faire un détour vers la boutique de quidditch, en déblatérant une montagne d’informations et anecdotes en tout genre à ce propos. Une particularité qui faisait sourire la galloise, tout aussi passionnée par ce sport. D’ailleurs, leur amour pour le quidditch avait été à l’origine de leur amitié, et cet été, ils s’étaient tous les deux promis de devenir joueurs professionnels à l’avenir.

Ce point commun, Vanessa ne l’avait pas manqué, et lorsque Jules se demanda si elle pouvait plaire ou non au brun, elle ne manqua pas de le souligner. Pour elle, aucun doute, ils étaient fait l’un pour l’autre. Même si elle ne voulait pas le montrer, Jules ressentait une certaine fierté face aux paroles de son amie. Cependant, elle n’était pas certaine de réellement vouloir que leur amitié change, du moins pas pour le moment. « Hmm, ok ok. Mais en vrai, j’aime bien que ça soit mon meilleur ami. » Les joues légèrement rouges, elle attrapa son verre pour venir s’abreuver en silence. Au loin, derrière la silhouette de sa compère, les visages des deux garçons apparurent près du comptoir. « Regarde, ils sont là ! » D’un geste de main, elle indiqua leur position, et une fois les boissons commandées, les deux attendus prirent finalement place à table. « On vous a pris des bonbons. Jules tu manges pas tout, s’il te plait. » Jules fit l’étonnée face à son anglais préféré, avant d’attraper une des fameuses sucreries. « Moi, faire ça ? Jamais. » Comme toujours, Hayden s’installa aux côtés de la brune, tandis que Cédric se retrouvait à proximité de la galloise. Des petites habitudes qui faisaient de leur quatuor ce qu’il était, pour leur plus grand bonheur.