Les journées sont rarement de tout repos à St Mungo’s, si le service d’empoisonnement dans lequel travaille Hannah n’est certes pas le plus effervescent, il lui arrive fréquemment de passer des journées debout à courir d’une chambre à une autre, tentant d’endiguer les crises avant qu’elles ne s’aggravent, vérifiant que le patient de la veille n’a pas fait une rechute, que celle qui est sur le départ a bien pris son rendez-vous de check-up, s’assurant qu’il ne manque aucune potion ; tous les petits détails auxquels on ne pense pas et qu’elle n’aurait pas forcément l’obligation de faire si elle n’était pas aussi perfectionniste quand il s’agit de sa vocation. Hannah ne s’arrête jamais vraiment et ne compte pas ses heures, il n’est pas rare d’ailleurs qu’un.e collègue la presse de rentrer chez elle alors que des cernes sombre habillent son visage et que la tension de ses muscles se fait violente sur ses épaules et sa nuque. Intérieurement, elle a bien à redire de la façon dont sont gérés les accueils, de l’ordre injustifié de toujours faire passer en premier les sang-purs et de leur accorder plus de soins et des privilèges qui ne leur sont pas dûs. Mais elle aime son métier en dépit de cela, et vraiment elle ne changerait pour rien au monde.

Même quand un healer entre en trombe dans la chambre d’une patiente et l’interrompt dans ses soins “Viens maintenant. Urgence.” Même quand cette personne repart, persuadée que la médicomage va la suivre - à raison - avec un simple mot d’excuse et un regard contrit pour la sorcière allongée sur le lit. Même quand elle doit trottiner jusqu’à une pièce asceptisée d’où percent des cris et ce qui s’apparente à un chahut peu caractéristique d’une salle d’hôpital. “Je te préviens, il n’est pas commode.” la prévient le healer avant de la laisser entrer dans la pièce. En effet, deux collègues sont déjà présentes et tentent vainement de contenir l’homme fiévreux qui se débat alors que d’horribles blessures ensanglantées maquillent son torse. D’une voix ferme - à l’opposée de la personnalité ordinairement douce de la Poufsouffle - elle annonce son entrée. “Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi notre service ?” tout en se dépêchant de s’approcher du lit pour venir au secour de ses pauvres collègues. “Il a été empoisonné, les blessures ne se referment pas. Peut-être un venin dans l’arme ou autre chose. Il n’est pas très loquace” Hannah hoche de la tête en pinçant des lèvres, et tourne enfin son visage vers celui du patient, qui ne lui est pas si étranger que cela. Une des mauvaises têtes qui jonchent ses souvenirs de Poudlard. Un peu agacée alors que ses mains tentent de forcer le patient à s’allonger complètement sur le lit elle s’adresse à lui d’une voix doucereuse entrecoupée par l’effort. “Bonjour, je suis Hannah Abbot, est-ce que vous voudriez bien hmph, arrêter de bouger s’il vous plaît. Nous devons vous examiner, et vous ne rendez pas … hmph les choses faciles.” Il était déjà ennuyeux quand ils n’étaient que des enfants et des jeunes adolescents, mais Hannah s’attend à ce qu’il l’écoute, si ce n’est par politesse au moins par considération pour sa propre santé. Sans trop pouvoir l’expliquer pourtant, Hannah sent qu’aujourd’hui elle en aura pour ses gallions.

Elle retire tout ce qu'elle a toujours pensé sur son métier. Elle n'aimerait changer pour rien au monde, sauf si cela signifie panser les blessures de cet homme. Il serait bien capable de lui faire regretter ce que la médicomage a toujours pensé sur ce qu'elle considère être le plus beau métier du monde. Et voilà qu'il se débat alors qu'elle tente de l'aider. Et voilà qu'elle doit y aller de ses deux mains pour le maintenir fermement sur son lit, sans quoi la sorcière ne pourra l'ausculter, sans quoi il perdra la vie. Not on her watch, bien qu'il mériterait une petite correction rien que pour l'avoir dérangée parce que ses collègues n'arrivaient pas à le contenir. Une autre personne aurait certainement arrêté de tenter l'impossible en entendant ses propos dédaigneux, mais Hannah n'abdique jamais, même face aux goujats et aux irresponsables. Même lorsque du carmin poisseux quitte les lippes du Burke pour se répandre sur sa personne, et qu'il appuie le fait d'un propos dégradant (elle espère, même lorsqu'elle entend sa collègue hoqueter de surprise et de choc ; Hannah lui répond par un regard noir mais garde pour elle toutes les réponses qui s'enchaînent dans sa tête. Elle est une professionnelle, de plus la société exige qu'elle lui montre le respect qu'il lui est supposément dû ; alors la Abbott prend sur elle, mord sa langue pour se calmer et ne relâche pas la prise qu'elle a sur le patient récalcitrant.

Toutefois, en serrant les dents pour que ses propos ne soit entendu que de lui, Hannah le sermonne "Je vous prierais de bien vouloir vous calmer si vous souhaiter garder un peu de sang qui vous maintient en vie.... surtout s'il est aussi pur que vous le sous-entendez." finit-elle d'une toute petite voix, elle ne s'est sans doute pas mordue la langue assez fort. C'est qu'il est agaçant le bougre. C'est qu'il est malpoli et qu'elle ne supporte pas ce genre de comportement de la part de ces personnes pourries gâtées d'autant plus depuis qu'Hannah a rejoint la Résistance. Elle claquemure cette pensée inopinée derrière les barrières mentales de son esprit, comme on le lui a appris avant de revenir à l'assaut cette fois d'une voix contenue et plus forte. "Je suis la seule personne actuellement disponible sur le service pour pouvoir vous aider. Mais pour cela j'ai besoin de votre coopération." S'empêchant de lever les yeux au ciel, Hannah s'éloigne tout de même du patient, il ne faudrait pas qu'il l'infecte avec son sang en continuant d'éructer vers elle et peut-être que tenter de le contenir n'est pas la meilleure des solutions tant cela contribue il semblerait à l'énerver un peu plus. "Tout d'abord pourriez-vous nous expliquer comment vous-êtes vous empoisonné ? Cela nous permettrait de savoir la nature du poison et donc la meilleure façon de vous apporter des soins." Quelque de plus compétent .... Hannah est bien décidée à lui montrer qu'il n'y a pas plus compétent qu'elle, que son sang soit pur ou non. "plus vite vous serez sur pieds, plus vite vous pourrez rentrer chez vous." Dante ne semble pas vouloir rester ici, voilà au moins un point sur lequel ils pouvaient s'accorder.