that sweet escape (Gin)

Antonin ne te déçoit jamais. Bon, d’accord, il a la marque, mais il reste néanmoins très disponible pour toi, n’a jamais remis à plus tard un café ou un match (certes, il aurait du mal à retarder un match, quoique). Et le voilà, donc, à t’écarter une mèche de ton champ de vision, à te caresser la joue, à continuer sur la même longueur d’ondes et à donner une résolution heureuse à ce rebondissement dans votre fiction fusionnelle. « Joan s’inquiète pour rien. Le pauvre Antonin n’a jamais trouvé personne à la hauteur de la belle Joan après l’avoir vu disparaître de sa vie.» Un sourire toujours plus grand étire tes lèvres et tu papillonnes des cils, comme ra-vie de cette nouvelle. Te voilà même à poser sa main sur son poitrail alors que tes lèvres s’arrondissent en un « oh » presque attendri. Tu t’en écartes légèrement pour prendre une gorgée de ton café et regarde brièvement le match qui se déroule dans les airs, tout en écoutant attentivement ce qu’il te raconte, et surtout les hypothèses et pistes qu’il s’amuse à dérouler : « Mais que va-t-il se passer ? Les années et la distance auront-ils eu raison de leur amour ? Joan a-t-elle changé ? Antonin est-il moins charmant qu’auparavant ?» un rire accueille la dernière question, tandis que tu croises le regard de l’ancien animateur. Ton sourcil droit s’arque, associé à un sourire en coin, comme si la réponse à cette dernière question était évidente, et le voilà qui revient vers toi, et tranche l’une des précédentes interrogations.
« Enfin, pour une des questions la réponse est toute trouvée : Joan est aussi magnifique, si ce n’est plus que lorsqu’elle a quitté l’Angleterre il y a toutes ces années. - Dis donc... », que tu lâches avec une moue admirative, sans t’écarter le moins du monde, et en portant ta main libre à tes lèvres. Toujours sans bouger, tu t’écartes néanmoins un instant de la trame fictive que vous tissiez jusque là : « Rappelle-moi de t’envoyer Dan s’il a besoin d’apprendre à flirter... », et tu laisses ta phrase en suspens, avec un petit ronronnement qu’il sera bien le seul à entendre.
C’est qu’il est quand même très fort, cet Antonin, pour savoir quoi dire aux femmes.
Ça change des autres.
D’un autre.
Ugh.

Tes yeux sont ancrés dans ceux du Directeur du département des Jeux et Sports magiques et tu te surprends un instant à te demander ce qui aurait été différent dans cette vie que vous venez d’inventer à partir d’un nom et d’un baratin de base. Le visage de cet imbécile de Silver persiste dans ton esprit mais tu le renvoies au placard, étant donné que c’est quand même à cause de lui si tu es là (Bon, peut-être l’achat d’un retourneur de temps a un impact là-dessus.). Non, ce soir, tu es Joan Barksdale, et tu n’as d’yeux que pour ton coup de cœur de jeunesse, celui que tu n’as apparemment jamais su oublier complètement, ce que tu confirmes tout juste : « Et pour répondre à une des autres, Antonin est toujours aussi parfait, et les années passées n’ont fait que le bonifier. » Tu tends ton cou vers lui, et alors que tu allais l’embrasser, cédant donc à la tentation que vous cultiviez l’un et l’autre depuis quelques minutes, tu te fais soudain plus brusque en le saisissant d’autorité par les épaules et en te projetant au sol avec lui, alors que des éclats de voix retentissaient en même temps, clamant des attention ! qui vous auraient avertis trop tard d’un cognard qui fonçait trop vite sur vous pour vous éviter.

La bonne nouvelle, c’est que ni lui, ni toi, n’aviez donc reçu ce cognard dans la tronche.
La première mauvaise nouvelle, c’est que tu étais mal tombée et que tu t’étais cognée l’épaule que tu avais péniblement remise plus tôt dans la soirée.
La deuxième, c’était que tu avais renversé ton café sur ta robe et sans doute en partie sur la tenue de ce brave Dolohov.
La dernière mauvaise nouvelle, c’est qu’il se rendrait peut-être compte de ta vivacité et de tes réflexes plus rapides que la moyenne. (Quoique le café permettrait peut-être de détourner ce genre de soupçons.)

Et tandis que Archibald accourait à grandes enjambées et à grands coups de « Monsieur le Directeur ! Monsieur le Directeur ! », le match continuait sans interruption (un cognard dans les gradins, c’était quelque chose de naturel et l’arbitre n’avait vraisemblablement pas repéré son grand patron parmi les éventuelles victimes). Quant à toi, tombée sur Antonin, tu te relevais à peine (à l’aide de Archie qui était en panique -allait-il perdre son poste si le Directeur était blessé ? Son argent ?? Voire, la vie ???!!!) et tendant ta main vers Antonin, tu demandais donc, à moitié en rigolant, à moitié inquiète : « Ça va, tu n’as rien ? avant de jeter un coup d’œil à Archie qui se tordait les mains et de lancer, presque en riant, à l’Américaine : C’est une tradition, pour les Anglais, de tirer sur le public ? »
Oh la la, si avec ça, Archie ne se liquéfiait pas sur place, tu ne donnais quand même pas cher de lui.

Invité Invité

Antonin n’était pas un grand amateur de littérature harlequin mais pour la beauté du geste et le beau sourire de Gina il était prêt à dérouler les pires scénarios imaginables à base de romantisme, amour perdu et retrouvé, espoir grandiloquent pour peut-être bien terminé par des retrouvailles sur le quai du Poudlard Express ou quelque chose de ce goût-là. Il ne fallait pas oublier qu’il avait un passif d’animateur dans le dos et que Gina avait la tête parfaite de star de cinéma américaine.
Une nouvelle fois il se retrouva à penser que Silver était quand même sacrément bête. Mais enfin, s’il disait qu’il ne l’aimait plus, c’est que c’était comme ça. Ce n’était certainement pas Antonin qui allait le retrouver pour essayer de lui faire entendre raison. Surtout pas quand il la voyait battre des cils de cette façon, faire des manières avec ses mains, des petites moues adorables. Évidemment qu’elle en rajoutait, tout comme lui en rajoutait, mais ça fonctionnait du tonnerre.
« Dis donc, rappelle-moi de t’envoyer Dan s’il a besoin d’apprendre à flirter… » l’interrompt doucement Gina dans sa grande imagination, ses doigts posés sur ses lèvres. Damn. Il dut ciller pour s’arracher au beau portrait qu’elle présentait ainsi afin de répondre : « Oooh… peut-être bien que je lui ai déjà filé quelques ficelles, » fit-il avec une petit clin d’œil amusé. En réalité, il avait bien donné des conseils au gamin, mais il était évident que Dan était plutôt du genre rêveur que rentre-dedans. Antonin avait bien hâte de voir quelle genre de nana il allait ramener à ses parents lui, ça risquait d’être sympa à voir ça aussi.
Il sourit en retour à Gina, garde un moment le silence (assez rare pour être dûment noté) et se laisse absorber par ses yeux noirs, le mouvement doux de ses cheveux, la ligne de son cou qui… Bon, il n’aurait jamais pu se passer de Hauata dans sa vie, mais si jamais il avait fallu faire un choix et devoir se marier, il aurait sans doute voulu que ça soit avec Gina. Elle au moins n’était pas comme les anglaises, elle avait ce côté américain qui vraiment le rendait bien plus sympathique. Et ça aurait tué son père un peu plus vite qu’il épouse une sang-mêlée ni britannique ni russe, et rien que pour ça franchement…
Bon, heureusement que Silver n’était pas légilimens (n’est-ce pas ?) sinon il n’aurait certainement pas aimé voir qu’un de ses camarades censément ami était en train de se projeter pour l’amusement dans un fantasme matrimonial avec son (semi-ex)épouse. Mais Gina ne le laisse pas trop s’étendre dans ses pensées et répond finalement aux questionnements bien pieux de cet Antonin imaginaire. « … Antonin est toujours aussi parfaite, et les années passées n’ont fait que le bonifier. » À la bonne heure ! Voilà des choses qu’il aimait entendre et qui étaient très très vraies. Ça lui flatte l’égo et ça fait briller un peu davantage ses yeux, encore plus quand Gina-Joan se rapproche de lui et qu’il s’imagine déjà l’embrasser quand…
Elle le chope et le balance presque par terre.
Il ne comprend d’abord pas trop. Bon, il n’a rien contre ces méthodes-là et Merlin sait qu’Hauata l’a plaqué au sol plus d’une fois, mais en public et avec Gina ? Damn c’est…
Il capte le cognard à rebours et la chaleur sur sa chemise – le foutu café – et Gina au-dessus de lui qui était du coup elle aussi tombée dans son magnifique plaquage de sauvetage. C’est que ça aurait fait mauvais genre qu’il se fasse assommé par un cognard niveau réput. Ça aurait fait mauvais genre que son date le soit aussi et surtout qu’il ne puisse rien faire magiquement pour l’aider. Bref, Gina lui avait sauvé la mise, et c’était très agréable. Antonin adorait endosser le rôle de la princesse à protéger s’il le fallait.
« Fichtre, Joan fait du rugby en plus du journalisme ? Quelle efficacité ! » Malgré le ton enjoué, il grogne un peu sans trop tenter de se redresser pour ne pas brusquer la dame qui reposait sur lui. C’est que la position ne l’aurait pas plus dérangé que ça dans l’absolu, mais il fallait que la voix agaçante d’Archi s’en mêle et ne vienne aider Gina à se remettre debout. Le gars était en sueur. C’est bien ça le débarrassera de ses toxines. Il saisit la main que Gina lui tendait volontiers et se remit debout en époussetant sa chemise un peu tâchée sans même faire mine de sortir sa baguette pour arranger le tout. « Ça va, tu n’as rien ? – Grâce à toi, m’lady. » Quant à une chute au sol, si seulement ça pouvait être son unique traumatisme physique de sa vie… Il rit en la voyant taquiner Archi qui avait la mine proprement déconfite et commençait à s’excuser comme si c’était lui qui avait lancé ce cognard. « Ils ne tirent que sur les plus belles femmes. Je crains d’être en danger si je continue de rester prêt de toi, » reprit Antonin, d’un ton bien dramatique. « Tu sais quoi Archi, mon vieux, il faudrait installer une barrière magique pour empêcher ces incidents. Imagine ! Le Lord vient et là… paf un cognard… Archi, qu’est-ce que tu deviendrais alors ? » Il était à peu près certain que le sorcier était en train de faire les calculs dans sa tête pour voir comment effectivement s’en tirer avec un devis honnête pour une large barrière magique.
Antonin se retourna vers Gina pour lui tendre la main, pour la réinviter à revenir près du bord de la balustrade. « Joan, comme on dit ici, le cognard ne frappe jamais deux fois à un même endroit. On peut se remettre de nos émotions. Et si jamais ça se reproduit… » Il lance un regard en coin à Archi : « Disons que ça sera autre chose que des ballons qui se retrouveront à voler dans les airs. » Pas certain que parler de décapitation était une bonne chose en plein date mais après tout… Antonin, on le prenait avec son style ou non.

Archie était définitivement au plus bas de son moral, à s’imaginer crever dans d’atroces souffrances sous la fureur dévastatrice du terrrrrrrrible Antonin Dolohov, mais tu n’en avais absolument rien à cirer. Pour l’heure, peu t’importait les inquiétudes d’un connard de seconde zone, tant ton épaule te faisait un mal de chien (pas pour rien que tu avais tendu l’autre main à Antonin pour l’aider à se relever). Ça et le fait que tes réflexes étaient un peu trop bons pour que ce soit naturel, mais tu espérais que ça passe inaperçu encore. En tout cas, Antonin prenait ça à la rigolade, ce qui t’étonnait franchement (mais en même temps, c’est ce qui faisait que tu appréciais sincèrement passer du temps avec lui : il savait s’amuser et ne pas se prendre trop la tête avec les emmerdements quotidiens). « Ils ne tirent que sur les plus belles femmes. Je crains d’être en danger si je continue de rester prêt de toi, - Flatteur », lui réponds-tu sans te départir d’un sourire adorable. Il savait comment y faire, franchement.

Par contre, toi, il allait falloir que tu trouves un moment pour te remettre l’épaule sans en avoir l’air parce que tu n’allais pas tenir longtemps avec la douleur qui te lancinait. Ton sourire était certes charmeur, mais plus ça allait, plus il était forcé. Peut-être que pendant que le Mangemort faisait suer Archibald à grosses gouttes, tu pouvais t’éclipser un bref instant… Ouais non, ton compagnon de la soirée revenait déjà à toi, tu avais laissé passer l’occasion de t’en sortir. Trop tard. Revenant aux côtés du Directeur, tu commençais à te demander pourquoi tu n’avais pas profité de la fenêtre de tir pour transplaner immédiatement dans les toilettes du stade, remonter le temps de quelques minutes, et revenir comme si de rien n’était.
Le bras d’Antonin autour de ta taille allait sans doute t’empêcher de faire ça de sitôt. Mais bon, alors qu’il menaçait de faire voler des têtes si jamais un cognard fou revenait les chatouiller, tu te mordais l’intérieur de la joue alors il allait vraiment falloir faire quelque chose. Posant une main (celle du bon côté) sur le torse de Dolohov, tu étais câline et tu le cajolas pour faire passer ton excuse : « Je t’abandonne deux petites minutes, on dirait que j’ai bu trop de café aujourd’hui. » Un moyen tout à fait charmant de dire que tu avais besoin d’aller là où le mage noir va seul, sur le trône. Sans vraiment attendre qu’il t’en donne l’autorisation, tu lâches un petit : « Surveille ce qu’ils font, tu me raconteras ce qu’il s’est passé ! » et tu transplanes à l’abri des regards.

D’un sort informulé, tu vérifies que tu es bel et bien seule dans les toilettes, et tu lâches une volée de jurons qui sont en général plutôt réservés aux engueulades avec Silver. Un bref instant, tu es presque de son avis que le Quidditch est un sport de cons finis (c’est dire à quel point l’heure est grave), mais tu souffles longuement et tout en regardant ton reflet dans le miroir, tu pointes ta baguette sur ton épaule et lances un sort douloureux mais efficace, que tu considères être bien plus en l’état de lancer qu’il y a quelques dizaines de minutes. Les os se remettent en place dans un claquement sonore qui résonne dans tes oreilles, t’arrachant un cri que tu étouffes comme tu peux. Un long soupir s’échappe d’entre tes lèvres enfin et tu fixes l’image que te renvoie le miroir… Repérant les tâches plus sombres sur tes vêtements, là où le café a été renversé, tu les fais disparaître machinalement avec un soupir agacé, et puis, comme si soudainement tu venais de te rendre compte de quelque chose, tu te figes.
Il est bel et bien possible que tu sois sur la piste d’un secret que tu n’aurais jamais soupçonné, mais plutôt que de te décider à mener l’enquête maintenant, tu sembles remettre à plus tard cette question à éclaircir et, après un sourire forcé, tu retournes auprès de ton cavalier dans un craquement caractéristique.

Tu ne peux pas t’empêcher de laisser brièvement ton regard glisser sur sa tenue pour voir si les tâches sont toujours là, mais l’instant est trop bref pour que tu sois certaine de ce que tu as cru percevoir (à savoir, que les quelques tâches sont bel et bien toujours présentes), alors que tu t’accoudes à la balustrade, épaule contre épaule avec le mangemort. Archie a l’air d’avoir pris le large, sans doute que Dolohov a continué à lancer des menaces charmantes pendant les deux brèves minutes de ton absence, et tu coules ta tête contre l’épaule d’Antonin alors que tes yeux sont rivés sur le souaffle qui passe actuellement de main en main. D’une voix basse, tu te fais comploteuse et complice, d’un ton qui laisse entendre que tu plaisantes : « Je suis d’accord qu’on se fait un peu chier avec ce match, mais c’était pas une raison pour demander à ce qu’on nous envoie un cognard dessus, hein… » Une porte ouverte à passer la suite de la soirée… ailleurs, s’il le souhaite.
C’est que, finalement, tu aimerais bien ne pas déglinguer ton épaule une troisième fois, et que sans ces barrières protectrices dont il parlait plus tôt, on n’est à l’abri de rien dans ce stade.

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