Aoife a été réquisitionnée pour cette mission de dernière minute à la dernière minute, justement: elle comptait bien passer les trois derniers jours avant leur grosse mission à se préparer mentalement et physiquement dans son coin, et à finir son stock de potions et de bombes dans un coin de la tente-laboratoire sans être dérangée. Mais elle n'a pas pu résister quand Alcides lui a fait les yeux doux en la suppliant de venir avec lui dans le Belfast sorcier mettre la main sur des préparatifs de dernière minute. Elle aurait pu lever les yeux au ciel, lui dire qu'il n'avait qu'à mieux préparer ses checklists à l'avenir, et aussi lui rappeler qu'elle aussi avait ses propres obligations, mais elle a fini par céder, aidée par le petit sourire en coin d'Alcides, ses grands yeux verts, et la légère panique résonnant au fond de sa voix.
Ils sont allés à l'apothicaire habituel, et pour la première fois en quelques mois, ont été arrêtés à l'entrée quand leur hybridité a été détectée par un sortilège devenu commun en Angleterre mais encore rare en Irlande. En quelques minutes, la VB était là, et Aoife ignore comment ils y parviennent, mais ils s'en sortent à grand mal, transplanant dans la forêt, puis au bord de l'eau, puis de nouveau dans la forêt, avant de finir au camp.

Les heures qui suivent sont floues, même si Aoife a la vague impression qu'on s'occupe d'elle - elle s'est pris un sortilège de confusion en pleine nuque, un autre brûlant dans le dos, et un sortilège de découpe dans le bras qu'elle a du mal à bouger quand elle se réveille. Elle apprend bien vite qu'on est déjà la veille de la mission, qu'Alcides s'est rétabli et qu'elle ne va pas tarder. Elle se sent bien, suffisamment pour retourner dans sa tente, mais pas assez pour aller dans la tente-laboratoire finir les préparatifs qu'elle voulait faire; elle envoie Egon à la place, en lui faisant promettre de faire attention.
Aoife aimerait bien avoir le courage d'aller demander à Baruch de lui rendre Twilight, le temps qu'elle se sente un peu mieux; mais elle ignore si elle serait véritablement capable de lire, les effets du sortilège de confusion l'empêchant de se concentrer sur quoique ce soit pendant plus de deux minutes, faisant monter en elle une fièvre désagréable et étourdissante à certains moments.

Même Malee lui a conseillé de se reposer, lui a apporté à manger, mais la laisse généralement dans le noir de leur tente partagée pour ne pas empirer son état. Aoife se sent de mieux en mieux, et elle pense qu'une nuit de sommeil lui permettra d'être prête pour demain matin, quand ils seront sur le départ. Elle a hâte. Elle a peur.
Aoife se redresse un peu dans son lit en entendant Malee revenir, sans doute avec son dîner, et ses yeux papillonnent en direction de l'ouverture de la porte de leur tente en cherchant son regard. "Oh, I'm starving, Malee, be quick" fait-elle d'une petite voix, se passant une main dans les cheveux en s'asseyant en tailleur. Elle a passé l'heure précédente allongée, un linge mouillé le front et les paupières pour calmer les palpitations qu'elle sent derrière ses yeux. "Please tell me it's not--" Elle n'a pas le temps de se plaindre du menu de ce soir parce que Sofiane apparaît à la place de Malee, dans la lumière tamisée de la lampe de chevet d'Aoife, et celle-ci sent ses mots et sa respiration se bloquer dans sa gorge.

Après un temps de latence, Aoife baisse aussitôt les yeux en s'éclaircissant la gorge, gênée. Depuis leur dispute il y a quelques jours, ils ne se sont pas parlés, ne se sont pas regardés, et Aoife n'a pas du tout pensé à elle. Elle n'a pas repassé ses mots en boucle dans sa tête, elle n'a pas failli pleurer en repensant au regard noir qu'il lui a jeté et à la colère l'agitant tout entier, et elle n'a pas non plus regretter à s'en faire mal au ventre chaque mot qu'elle a pu lui asséner, non, pas du tout.
Elle se passe la langue sur les lèvres, qui lui semblent bien sèches tout d'un coup, et soupire en faisant passer ses jambes sur le côté du lit pour commencer à se relever malgré son bras qui irradie soudainement de douleur. "Can I help you with anything?" demande-t-elle toutefois d'un ton poli et lisse, toujours sans oser croiser son regard.

Sofiane a beau se tenir à l’écart de ses nouveaux compagnons de fortune, la NSFW ne compte pas suffisamment de membres pour qu’une information soit tenue secrète bien longtemps - une atmosphère communautaire qui contraste sensiblement avec la vie solitaire qu’il a pu mener ces dernières années. De fait, les hybrides se tiennent même occupés en épiant la vie des uns et des autres, et Sofiane a pu constater au fil des mois qu’il s’agit même d’un divertissement central, les résistants allant jusqu’à parier parfois sur le déroulé de certaines missions, quand il ne s’agit pas directement de certaines relations - éphémères, la plupart du temps, la durée de ces dernières faisant également l’objet de paris plus ou moins discrets. Pour des raisons évidentes, le sorcier préfère ne pas s’aventurer sur cette pente glissante qu’est celle de ce jeu insidieux, comme peut l’être n’importe quel jeu à ses yeux à jamais attirés par cette adrénaline beaucoup trop forte chez lui lorsqu’il s’agit de s’y prêter.

Difficile pourtant, lorsqu’on se retrouve à vivre les uns sur les autres, d’ignorer la moindre conversation émanant des tentes mal insonorisées du campement. Autant son ouïe sensible filtre sans mal les railleries puériles à son sujet, autant Sofiane a aussitôt tendu l’oreille en surprenant un échange au coin du feu il y a deux jours de cela. "What did you just say?" Un moment, il a tourné en rond devant la tente où l’on traite les blessés, scrutant en silence chaque passage, sans réussir à trouver l’impulsion pour y entrer à son tour. Quel intérêt, après tout ? Si, lui, avait envie de s’assurer que les blessures d’Aoife n’étaient pas trop profondes, qu’est-ce qui lui disait que cette dernière désirait le voir à son chevet ? Un sentiment purement égoïste, que de vouloir apaiser ses nerfs et s’enquérir de l’état de la demi-Selkie, quand ils ne s’étaient pas adressés la parole depuis leur brusque altercation quelques jours plus tôt. Aussi, Sofiane a préféré attraper Malee lorsqu’elle est sortie de la tente. "She’ll be alright, she just needs to rest now." La réponse de la sorcière aurait dû lui suffir ; il n’a pourtant pu se résoudre à s’en contenter, finissant par jeter un coup d’oeil à l’intérieur de la tente, pour apercevoir Aoife endormie à l’intérieur, un gant sur le front, emmitouflée sous une large couverture.

Sofiane est parfaitement conscient de son hypocrisie, lorsqu’il revient plusieurs fois par jour passer innocemment une tête, ou à chaque fois qu’il prend de ses nouvelles auprès de Malee. Parce qu’il l’a envoyée paître il y a quelques jours seulement, comme si elle était la dernière des idiotes, écrasant ses bonnes volontés sous ses grognements irrités et son regard furieux. Il s’est muré dans son mutisme, l’évitant soigneusement, et passant plus de temps qu’à son habitude en forêt pour expirer sa frustration, et l’amer sentiment de solitude qui n’a cessé de remonter le long de ses entrailles depuis qu’aller chercher la présence d’Aoife est devenue impossible. Sofiane connaît la solitude, comme une vieille amie réconfortante dans laquelle il se terre avec confiance depuis si longtemps - une amie qui s’est faite détrôner, progressivement, sans même qu’il ne s’en rende compte, par une Irlandaise aux pupilles profondes, deux océans dans lesquels plonger est plus apaisant encore que de s’enfermer au fond de lui-même. Il a fallu qu’il la repousse, pour réaliser à quel point sa présence lui est bénéfique, à quel point l’idée même qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave lui est insupportable.

"Oh, I'm starving, Malee, be quick." Alors, Sofiane a mis de côté les vents contraires soufflant dans sa poitrine, lorsqu’il a appris qu’Aoife était revenue à elle plus tôt dans la journée, le sort de confusion s’amenuisant enfin pour la laisser plus conscience que les jours précédents. À l’entrée de la tente, il l’observe se redresser sur son lit, le visage humide et les traits indéniablement tirés ; et ce simple tableau lui fait serrer violemment la mâchoire. "Please tell me it's not--” La sorcière s’interrompt en croisant son regard, ses prunelles bleues s’aggrandissant aussitôt, avant d’accrocher le sol. "Hey." Sofiane ose enfin faire quelques pas en avant tandis qu’il sort ses mains de ses poches, les frottant l’une contre l’autre en détaillant plus précisément le visage d’Aoife, faiblement éclairé par sa lampe de chevet. "Can I help you with anything?” Le ton lisse de la demi-Selkie s’inflitre dans son crâne, coule jusqu’à sa poitrine pour serrer brièvement son coeur ; elle a toutes les raisons de le renvoyer dans ses filets, lui-même pouvant encore entendre les propos d’Aoife battre dans ses tympans, une frustration engloutie par son inquiétude depuis son attaque par les forces de la VB.

Il veut juste s’assurer qu’elle va bien, qu’elle sera sur pieds pour demain - qu’elle n’est pas simplement poussée, comme lui peut l’être, par les autres membres du groupe d’hybrides, à participer au prochain gros coup de la NSFW. Ses mains sont jointes, lorsqu’il s’arrête face à elle, se raclant discrètement la gorge à son tour. "No. Not really." Ses yeux restent rivés sur Aoife, cherchant à accrocher son regard toujours tourné vers le sol. "I’ve heard about what happened the other day. I know Malee’s been taking good care of you, but I wanted to- I don’t know, make sure you were alright, I guess." Il marque une brève pause, dénouant finalement ses mains pour croiser les bras, en cette posture réflexe qu’il adopte dès qu’il peine à trouver une prise à laquelle se raccrocher - en l’absence des yeux d’Aoife dans les siens, il n’a que ses doigts se refermant sur sa veste pour rester stable. "Are you feeling any better?"

Garder son regard fixé au sol est bien plus difficile que prévu, surtout en sentant les prunelles claires de Sofiane fouiller son visage comme pour essayer de la convaincre de lever les yeux... non. Elle a peur, et elle a honte, et elle est encore un peu en colère à cause de leur dernière altercation. Elle a peur, de voir Sofiane s'assombrir et se renforgner face à elle comme il l'a fait; elle a honte, des larmes qui ont coulé et de son comportement, de la virulence de ses sentiments face à lui aussi; et elle est en colère, qu'il l'ait faite se sentir si petite et si stupide, sans le moindre regret apparemment.
Aoife ressent souvent cette différence, avec les autres: elle a l'impression de ressentir certaines choses tellement profondément, de manière tellement déchirante, que c'est désespérant de voir ces mêmes choses ne pas avoir la même intensité pour autrui. Il est évident qu'elle et Sofiane ne sont pas faits du même bois et ne brûleront jamais de la même façons; mais c'est frustrant et tout aussi désespérant, aussi, de se dire que peut-être le problème est chez elle et non chez les autres.

"No. Not really." Elle pince des lèvres, et baisse finalement les yeux sur ses mains qu'elle a rassemblées sur ses jambes, les triturant dans un geste nerveux qui la suit depuis l'enfance, manipulant chaque phalange posément sans pour autant les faire craquer. Elle ne lui demande pas ce qu'il fait là, alors, préférant le laisser continuer; elle aurait peur qu'une vague d'espoir se fasse entendre dans sa voix, à l'idée qu'il soit simplement venu s'enquérir de son état. "I’ve heard about what happened the other day." Aoife renifle en l'entendant, mal à l'aise, les mouvements de ses mains se suspendant dans le temps. La trouve-t-elle idiote, lâche, faible d'avoir ainsi failli? Le mal de tête constant qui l'assaille semble prendre de l'ampleur, se glisser du bas de sa nuque jusqu'au reste de son crâne, à l'idée qu'il soit ici venu lui remonter les bretelles: ce ne serait pas le premier, Aoife a encore les oreilles qui sifflent de la diatribe enragée de Sav... "I know Malee’s been taking good care of you, but I wanted to- I don’t know, make sure you were alright, I guess." Le coeur d'Aoife loupe un battement dans sa poitrine, avant de se remettre en marche de plus belle, s'y agitant comme un oiseau en cage. Sans le voir, elle le sent croiser les bras, comme pour se renforgner de nouveau et se réfugier au fond de lui-même.

Il est venu la voir, et pourtant on dirait presque qu'il n'a aucune envie d'être là, avec elle. Qu'il ne sait pas quoi lui dire, tout comme elle ne sait pas quoi lui dire, perdue entre son envie irrépressible de mieux le connaître, et vexée encore par les mots terribles qu'ils se sont échangés. "Are you feeling any better? - Yes... yes, I'm okay," répond-t-elle d'une voix douce, baissant un peu plus la tête vers ses mains sur ses cuisses et ne bougeant pas quand un rideau de cheveux blonds s'échappe de derrière son oreille pour glisser le long de son profil, la protégeant du regard scrutateur de Sofiane. "Just feeling a bit light-headed is all." Fiévreuse et confuse, son dos lui fait un mal de chien et son bras est presque inutile: elle n'arrive pas à le lever plus de quelques centimètres, et elle ignore si elle peut tenir une baguette avec. Elle sent encore des frissons fiévreux courir sous sa peau, et ses yeux lui font mal comme si ils allaient soudainement sauter de leurs orbites.

Ils la pensent tous tellement faibles, ce n'est pas l'heure de leur donner raison. "Thank you for checking up on me. It's very kind of you." C'est l'éducation chrétienne qui revient au galop, et cette politesse pincée qui lui colle à la peau; rien d'autre ne transparaît dans son ton, ni son soulagement qu'il ne semble pas la haïr de tout son coeur, ni sa satisfaction qu'il soit venu la voir, ni l'espoir que peut-être... Aoife passe sa langue sur ses lèvres et trouve, dans ce rêve irréaliste, le courage de se redresser légèrement pour regarder Sofiane en biais, incertaine.
Quand son regard ne lui semble ni hostile ni méprisant, au contraire, elle sent quelques muscles se relâcher dans sa nuque et sur son visage, où s'invite un très léger sourire hésitant. "I'm okay," insiste-t-il avec un peu plus de conviction. "I'll be back on my feet in no time." Comme si il avait le moindre temps devant eux, de toutes façons.

Elle aimerait le faire rester, ou le convaincre de s'en aller pour qu'elle puisse se reposer, et ne sait pas trop quoi lui offrir, se contentant de profiter de ses yeux bleus et de son visage sévère, qu'elle trouve toujours aussi particulier et séduisant. Aoife ne sait jamais trop à quoi il pense, et a été à de nombreuses reprises surprise des sujets de conversation venant à Sofiane de manière inattendue et inespérée. Elle aimerait être Legilimens, et se plonger dans ses yeux bleus toute entière, pour en retirer ses pensées les plus profondes... "You didn't have to... you didn't have to come, what with everything that I've said last time, I... I'm sorry," ajoute-t-elle dans un souffle, baissant les yeux de nouveau, les détails frustrants de leur dispute lui revenant en vagues. "I was out of place, I'm sorry." Les excuses les plus sincères ont tendance à lui venir trop difficilement, mais sortent avec un naturel désarmant face à Sofiane; ce qui l'énerve le plus, ceci dit, c'est la soudaine et vive émotion qui l'étreint et lui donne envie de se plier en deux, alors qu'elle sent déjà des larmes incontrôlables lui monter aux yeux.

Chaque geste d’Aoife, chaque signal qu’envoie inconsciemment son corps, conforte un peu plus Sofiane dans son impression qu’il n’aurait certainement pas dû suivre sa pulsion pour lui rendre ainsi visite - la veille d’un événement qui plonge l’ensemble du camp dans une sensibilité sensible qui plus est. La sorcière a toujours fait preuve d’une réserve notable, un fait pour lequel Sofiane est presque reconnaissant ; cette sensibilité, autant que sa bienveillance discrète, ont su le toucher au fur et à mesure des semaines à ses côtés. Il en a suffisamment peu croisées ces dernières pour savoir les apprécier chez la demi-Selkie. Cependant, la réserve semble s’être muée en gêne profonde, un mur dressé entre eux dont Sofiane ne parvient à voir le sommet - si haut, si abrupt, qu’il ne saurait pas par où commencer pour l’escalader et rejoindre Aoife de l’autre côté. ”Yes... yes, I'm okay.” Même sa voix est distante, ses gestes nerveux, son regard fuyant - comme il a pu l’être il y a quelques jours, en retournant sa frustration contre elle. ”Just feeling a bit light-headed is all.” Difficile de la croire, quand Sofiane peut sentir sa fièvre et les effluves de la douleur jusque dans son parfum qui embaume la tente, qu’il note sans mal la sueur encore présente sur son front et les bandages sur son bras. Pourtant, il se contente de hocher silencieusement la tête, acquiesçant ses dires comme s’il en gobait un seul mot ; que pourrait-il bien se permettre de lui dire ? Sait-il seulement la raison pour laquelle il a absolument tenu à la voir ? Pour lui demander de ne pas se joindre à eux pour l’attentat de demain et de se reposer ? De quel droit pourrait-il lui dire ce qu’elle peut faire ou non ?  

”Thank you for checking up on me. It's very kind of you.” Ce n’est pas gentil ; ce n’est que la moindre des choses, de venir s’enquérir de son état, quand elle a été présente pour le remettre sur pieds lors de son arrivée à la NSFW. Puis présente, par la suite, pour tout le reste, un soutien indéfectible dont il peut pleinement ressentir le manque désormais. "No worries", assure-t-il d’une voix grave en penchant la tête sur le côté, ses doigts agrippant un peu plus le tissu de sa veste. Avoir l’impression d’être un étranger, sans savoir sur quel pied danser, face à Aoife lui apparaît tout simplement étouffant - ils ont beau se connaître depuis quelques mois seulement, Sofiane réalise tout juste, depuis leur altercation, qu’il n’a été aussi proche de quelqu’un depuis un long moment. Alors, il sent un vent de soulagement souffler dans sa poitrine lorsqu’elle lui offre un regard un coin, couronné d’un sourire qui vient apaiser légèrement ses craintes. "I'm okay. I'll be back on my feet in no time. − Good, good to hear." Il hoche lentement la tête, ses yeux inquiets braqués dans les siens - et sans même s’en rendre compte, ses doigts relâchent tout juste leur prise sur sa veste.

”You didn't have to... you didn't have to come, what with everything that I've said last time, I... I'm sorry.” Le coeur de Sofiane, pourtant d'habitude toujours fermement accroché dans sa poitrine, dégringole jusque dans son estomac aux excuses soufflés d’Aoife, à son regard fuyant à nouveau le sien pour se réfugier sur ses genoux. Affronter la peine visible de la sorcière, trouvant un écho à la sienne, diffuse dans ses veines, est un exercice pour le moins difficile ; à son tour, Sofiane baisse les yeux vers le sol, l’une de ses mains venant encadrer son menton pour fouiller sa barbe en un geste nerveux. ”I was out of place, I'm sorry.” Ses pupilles remontent jusqu’à Aoife, détaillant un instant son visage caché par le rideau blond que forment ses cheveux, alors que les propos qu’ils ont pu échanger assaillent ses pensées - un brouhaha désagréable qu’il chasse dans un froncement de sourcils. "Look, I-", débute-t-il maladroitement, avant de s’interrompre pour demander plutôt : "Can I sit?" Parce que rester ainsi debout face à elle, la dominer de son regard et de sa carrure, le met profondément mal à l’aise dans ce contexte, où il ressent le besoin d’être au même niveau qu’elle pour parvenir à entrouvrir la porte de son esprit pour Aoife.

Sofiane prend place sur la couchette à son côté, lorsqu’elle se décale tout juste pour lui faire de la place, ses mains se refermant sur ses propres genoux légèrement écartés. Il prend une profonde inspiration, pesant les mots qui se bousculent à l’entrée de ses lèvres pour sélectionner les plus appropriés, avant de tourner son regard vers elle : "I’m sorry too." Celui-ci sort naturellement - les excuses n’ont jamais représenté une difficulté pour lui, encore moins lorsqu’elles sont sincères, préférant garder son égo pour d’autres considérations. Et dans le cas présent, il lui doit sans aucun doute, lui aussi, de s’excuser face au comportement qu’il a pu avoir envers elle. "I’m not proud of what happened, of what I said. I was-" No. "Actually, I’ve been tired, and angry, for too long." Depuis que la bête lui ronge les entrailles, pense-t-il, sans réaliser que la colère est née bien avant cela, se glissant sous sa peau, maladroitement contenue pour la laisser exploser ponctuellement. Aujourd’hui, sans défouloire, Sofiane peine à la maîtriser parfaitement - et le dialogue irrité qu’il a entretenu avec Aoife il y a peu en est la preuve. "And you have nothing to do with it. You were right, it was not fair of me." Sa voix est plus basse, plus complice, et ses yeux cherchent sur le visage de la sorcière un reflet de ce qu’il cherche à abattre en eux - cette barrière froide qui lui glace le sang et l’étouffe. "I know you’ve only been trying to help me, since you guys brought me down here. I see you, Aoife." Depuis le premier jour - tout comme il la voit parfaitement désormais, à son côté, fragile et forte à la fois, sous ses yeux clairs ne quittant ses traits fins.

Aoife n'a jamais vraiment appris à contrôler les larmes, qui montent trop vite et trop intensément pour complètement être mises de côté quand elles arrivent sans prévenir. Elle a appris à vivre avec et, surtout, à tempérer l'embarras profond les accompagnant à chaque fois, surtout face aux autres. Preuves de faiblesse mais aussi, généralement, de frustration et de colère, ça l'étonne toujours de voir que la plupart des gens qu'elle connait n'ont pas ce problème du tout. Et encore moins quelqu'un d'aussi fort et digne que Sofiane, dont elle sent le regard intense la dévisager sans s'arrêter, picotant sa peau partout où il l'effleure des yeux. "Look, I-" Aoife renifle un peu, fermant brièvement les yeux en sentant les larmes commencer à en déborder dangereusement. "Can I sit? - Y-yes." Surprise, elle n'ose pas lever les yeux vers lui en tapotant le matelas à côté d'elle, se décalant en même temps.

Sofiane s'assied à côté d'elle et Aoife renifle de plus belle, portant ses mains à son visage pour se masser rapidement les yeux et l'arête de son nez qui lui fait l'effet d'être en feu. Sa respiration est souffreteuse, ayant du mal à passer entre ses lèvres tremblantes et ses poumons au supplice, et elle se force à respirer calmement, quoique douloureusement consciente de la présence de Sofiane à côté d'elle, honteuse de se montrer si sensible face à lui. "I’m sorry too." Aoife appuie un peu plus le bout de ses doigts contre ses paupières avant d'inspirer profondément pour reprendre ses esprits. Lentement, une main fébrile vient repousser ses cheveux derrière son oreille, et elle jette un regard en biais à Sofiane. "I’m not proud of what happened, of what I said. I was-Actually, I’ve been tired, and angry, for too long." Fascinée, comme toujours, par les yeux de Sofiane, Aoife s'abîme dans sa contemplation de son visage, laissant ses mots l'imprégner. La colère a toujours été là, elle l'a toujours vue, malgré l'épaisse couche de tranquilité entourant Sofiane, incroyablement différente de l'excitation constante de la plupart des autres loup-garous. "And you have nothing to do with it. You were right, it was not fair of me." Aoife secoue la tête doucement en l'entendant, en se redressant. "I know you’ve only been trying to help me, since you guys brought me down here. I see you, Aoife." Mais toutes ses protestations meurent dans sa gorge en l'entendant.

Sofiane la voit.

Aoife le savait déjà, réalise-t-elle. Qu'il la voit, qu'il la regarde même parfois, cherche sa compagnie quand il n'a pas particulièrement envie d'être avec quiconque - un peu comme elle, qui a souvent prétendu se perdre du côté de sa tente pour passer du temps avec lui. Sofiane la voit, il la voit vraiment et il lui donne cette impression aussi. Aoife s'étrangle un peu sur ces mots qui la prennent complètement de court, séchant les larmes à ses yeux tant elle est estomaquée par ce simple constat.

Ses yeux balaient le regard clair de Sofiane, ses joues bouffées de barbe et ses lèvres bien dessinées auxquelles elle a pensé à de nombreuses reprises. Elle se détourne en rougissant, ses yeux papillonnant en en chassant les dernières larmes. "I've overstepped," insiste-t-elle d'une petite voix. "You were not very kind, and I don't know if you were right but... it's okay. It's okay, I'm sorry too. I just wish..." Elle pince des lèvres, nerveuse et maladroite, ses yeux bleus revenant dans les siens - impossible de s'en détacher trop longtemps, maintenant qu'elle a provoqué l'effort de les affronter. "Can we be friends again?" Elle se sent ridicule, à parler ainsi, et rougit de plus belle - mais un léger sourire vient s'installer sur ses lèvres, un peu dépréciateur mais amusé. "I mean..." Elle n'a pas véritablement envie d'être son amie, ce qu'il a dû rapidement comprendre, mais peu importe. Le fait qu'il soit là, ce soir, montre bien que ça ne le dérangerait pas, même si il ne semble pas entretenir les mêmes sentiments. "I think you're the only person who's ever looked at me like you do," confesse-t-elle à mi-voix, en fouillant son regard, en ayant l'impression de se débarasser d'un poids en énonçant cette vérité à haute voix. "And I don't want to lose that..."

Le tumulte qui agite Aoife s’engouffre dans la poitrine de Sofiane, soutenant pourtant le regard embué de larmes qu’elle tourne vers lui. S’il est pudique avec ses propres émotions, il a toujours éprouvé une forme d’admiration pour ceux capables de les laisser ainsi couler - ne pas pouvoir retenir ses larmes, est assurément l’une des caractéristiques qui forcent son respect pour Aoife, lui-même incapable de se rappeler la dernière fois qu’il en a senti perler à ses yeux. La sorcière est entière, un torrent pudique d’émotions vibrant sous sa peau, et pour cela Sofiane ne l’en apprécie que plus ; il la voit, depuis le premier jour, plus encore à cette distance, et il n’est pas certain de savoir désormais comment en détourner son regard. "I've overstepped. You were not very kind, and I don't know if you were right but... it's okay. It's okay, I'm sorry too", s’excuse-t-elle à nouveau en rougissant, ses yeux se détournant des siens un instant avant de revenir à lui. "I just wish..." Un instant, Sofiane détaille son visage avec attention, suspendu à ses lèvres pincées dans l’attente de la suite, sans rien brusquer, comme toujours.

Il en a croisé, des sorciers et sorcières aux charmes indéniables, aux sourires magnétiques et aux regards envoûtants, dans sa jeunesse à arpenter les bars de la capitale à la recherche de liberté et d’adrénaline - une existence trop lointaine, enterrée par la malédiction et l’explosion de son quotidien. Il en a même fait l’inventaire, lors de ces nuits trop longues et ces années solitaires, de tous ces yeux qui se tournaient vers lui il fut un temps, quand il savait sourire en retour ; une beauté comme celle d’Aoife cependant, soulignée par chacun de ses gestes réservés, il n’en a jamais rencontrée. Et pour la première fois depuis longtemps, même depuis qu’il s’est réveillé dans le camp de la NSFW, Sofiane a l’impression de regarder la liberté en face quand il plonge dans ses yeux profonds.

"Can we be friends again?" Son regard quitte ses lèvres pour remonter jusqu’au sien, ses sourcils légèrement rehaussés. Est-ce qu’il a envie d’être ami avec Aoife? Le mot sonne faux, autant dans ses oreilles que dans sa poitrine, et la réponse s’impose à lui : bien sûr que non - jamais il n’a regardé un ami de la sorte, et jamais ses amis ne l’ont regardé ainsi en retour. Et il peut avec une pointe d’assurance affirmer qu’il est à peu près certain que la sorcière non plus - une confirmation qu’il reçoit quand les lèvres d’Aoife s’étire légèrement en rougissant de plus belle, faisant naître un sourire similaire sur le visage de Sofiane, une chaleur diffuse dans son torse lorsqu’elle poursuit : "I mean… I think you're the only person who's ever looked at me like you do." Impensable, que l’on puisse regarde Aoife autrement qu’en la dévorant des yeux ; et il n’a pas exactement cherché à s’en cacher, ces dernières semaines à chercher sa compagnie et à découvrir sous ces sourires polis et pincés bien plus que ce que la sorcière ne pourrait révéler. Et lui-même, a bien noté cette façon qu’elle a de le regarder, comme on pouvait le détailler autrefois sous les lumières tamisées du Pegasus ou des clubs sorciers dont il ne sortait jamais - sans pour autant que le regard d’Aoife ne soit uniquement composé de désir, au contraire curieux et bienveillant, comme il n’en a que rarement observé. Sofiane sait, tout comme Aoife doit savoir ; mais il n’avait jusqu’alors jamais pris le temps de se poser sous ce sentiment insidieux et étonnamment agréable, parasité par la rage grondante sous sa peau réveillée par celle des autres hybrides.

Désormais, après avoir eu la crainte de la perdre, autant à cause de leur altercation qu’à cause de l’attaque qui l’a laissée blessée, Sofiane la voit plus précisément encore - et enfin, prend le temps de savourer tout ce qu’il avait jusqu’alors mis de côté. "And I don't want to lose that... − Me neither", répond-t-il aussitôt en secouant faiblement la tête, ses yeux clairs perdus dans les siens, son coeur serré dans sa poitrine. Il se redresse légèrement en se pinçant les lèvres, se tournant un peu plus vers elle, son genoux effleurant le sien en ce faisant, un contact qu’il ne compte certainement pas rompre. "I’m not sure I’d be able to stop looking at you like I do." Tout comme il peinerait à se défaire de la façon dont elle le regarde, une tiédeur bienvenue au coeur de cette nouvelle existence décousue et explosive au sein de la NSFW - Aoife est sa seule constante, et il ne peut que difficilement se permettre de perdre cela.

Un bref silence s’installe sous la tente qu’elle partage avec Malee, ses pupilles fouillant calmement les siennes - même apprécier le silence, est agréable avec Aoife. Et le moment s’étire, suspendu dans le temps, jusqu’à ce qu’il le rompt, assuré et presque impatient, pour dénouer ses mains et la remonter jusqu’au visage d’Aoife, ses doigts venant doucement remettre derrière son oreille l’une des longues mèches blondes échouées sur ses joues. "I’m glad we’re friends again", affirme-t-il à voix basse, incapable de détacher sa main de ses cheveux, ses doigts s’étendant plutôt dans sa chevelure blonde pour l’attirer avec douceur avec lui, en même temps qu’il se penche vers elle pour venir saisir ses lèvres, comme il s’est imaginé le faire parfois, qu’il fait désormais sans hésitation. Il a déjà perdu trop de temps, et le rattraper contre les lèvres d’Aoife lui semble être la seule éventualité sur l’instant.

"Me neither." Aoife doit retenir une nouvelle salve de larmes en l'entendant, le coeur au bord des lèvres. L'idée de perdre ce lien qu'ils ont établi tous les deux ces dernières semaines, est absolument insupportable. Comme avec un animal sauvage, Aoife a pris son temps, faisant parfois un pas en avant avant d'en faire deux en arrière, tendant la main en pensant parfois se faire rejeter, ravie à chaque fois que Sofiane lui donnait un peu d'espoir en la laissant l'approcher, lui parler, le regarder. Et ces regards qu'il lui a rendus... Aoife pourrait les laisser l'envelopper et lui tenir chaud, la nuit, à y réfléchir encore et encore. Attirer l'attention des autres comme ça a toujours été un rêve inavoué et inavouable, un modicum de vanité qu'on n'a jamais attendu d'elle. Attirer l'attention de quelqu'un comme lui... c'était impensable.

Ça ne l'est plus, pas alors qu'il la regarde de nouveau, comme si il y avait dans ses yeux la réponse à une question entêtante. Quand il se redresse et que son coude effleure le sien, Aoife a l'impression qu'une vague d'électricité vient agiter son coeur, se logeant sous sa peau. "I’m not sure I’d be able to stop looking at you like I do." Les yeux d'Aoife papillonnent en l'entendant. Ce n'est pas seulement qu'il n'a pas envie, il ne pense pas en être capable - mais que voit-il quand il la regarde? Encore cette idiote entêtée et frustrée voulant bien faire, sans rien connaître de son monde à lui, de sa condition difficile? Ou une pauvre conne inutile, faible, et lâche, comme la voit Sav et plein d'autres membres de la NSFW? Aoife a terriblement peur de la réponse à cette question, même si une petite part d'elle la connait déjà. Sofiane la voit simplement comme elle est, en dépit de ses défauts et par-dessus ses forces, au détour de leurs conversations hésitantes mais sincères, grâce à leurs regards lointains mais intenses. "I wouldn't want you to," se répète-t-il d'une voix où n'existe aucun souffle, perdue comme elle est dans son observation du visage et du regard de Sofiane, une étude silencieuse et dévote de ses traits, de l'intensité de ses yeux, et des sentiments qui l'agitent et la ballottent comme des vagues contraires d'une rapide inarrêtable.

Sofiane finit par dénouer ses doigts et par lever une main, et Aoife devient très immobile en la voyant se lever vers son visage. Sa peau est en feu là où le bout des doigts de Sofiane effleurent sa pommette, alors qu'il repousse ses cheveux derrière son oreille, le geste aussi tendre qu'intense, alors qu'ils ne se sont pas quittés du regard. "I’m glad we’re friends again." Une rougeur embarrassée s'étale sur le visage d'Aoife, et elle se demande si il ne serait pas en train de se moquer légèrement d'elle. Mais sa question meurt sur ses lèvres quand les doigts de Sofiane se glisse dans ses cheveux, et qu'il l'attire à lui pour l'embrasser, avec une assurance tranquille qui fait s'envoler tous les doutes d'Aoife.

Elle ne peut pas retenir un léger soupir sur ses lèvres, et sa propre main qui monte jusqu'à son cou, effleure la naissance de sa barbe avant de se glisser dans sa nuque, parmi ses longs cheveux noirs, pour s'assurer qu'il ne s'éloigne pas. Aoife a l'impression d'avoir attendu ce baiser-là depuis des mois, depuis leur rencontre, depuis la première fois où elle a surpris sur son visage un sourire qui n'existait pas seulement dans ses yeux. Elle fond complètement contre ses lèvres, soupirant quand elles se détachent à peine, revenant les capturer quand elles s'éloignent trop, son autre bras venant s'enrouler autour de ses épaules avant de l'attirer à elle quand elle bascule en arrière, incapable de réprimer l'impatience qui lui tord désormais le ventre.
La confusion et la fièvre remontent en même temps que le désir, un cocktail confus et confusant qui la rend frémissante et maladroite - elle espère qu'il ne la jugera pas trop sur son habilité à embrasser, ou se montrera assez patient pour ne pas lui en vouloir.

L'avoir au-dessus d'elle, sur son lit, dans sa tente, sans personne d'autre alentours, est un peu scandaleux mais Aoife n'a pas envie d'y penser, ou de seulement effleurer la possibilité que Malee mange plus vite que prévu et vienne se coucher tôt: les lèvres de Sofiane contre les siennes déconnectent ses pensées, les relaient au fond de son crâne là où elles ne peuvent pas lui faire du mal. À la place, comme rarement, Aoife laisse faire son instinct, qui lui hurle de profiter de Sofiane, de ses lèvres, de son souffle, de son corps sur le sien qui lui donne l'agréable impression d'être vulnérable mais protégée.
Un bras refermé autour de sa nuque, sa main vient se glisser sous sa veste, sur sa poitrine, à la recherche des battements de son coeur, à peine rassurée en se rendant compte qu'il est aussi fébrile qu'elle. "I've been waiting for this for a long time," murmure-t-elle contre sa bouche, le souffle court, rouvrant seulement les yeux pour mieux se noyer dans les siens. "Please, let's not be just... friends." Un sourire maladroit bien souligner sa demande hésitante, alors que sa main quitte sa poitrine pour aller caresser sa joue, sa barbe dans laquelle elle a rêvé mille fois de plonger ses doigts.

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Embrasser Aoife est exactement comme Sofiane avait pu l’imaginer : réconfortant, simple, légèrement maladroit et incroyablement satisfaisant. Il était assez sûr de lui, en se penchant ainsi jusqu’à ses lèvres, et pourtant il se retrouve quelque peu soulagé quand elle lui rend son baiser en soupirant contre ses traits, le poussant à poursuivre en refermant sa main sur sa nuque, la caressant doucement de son pouce. Et sentir les doigts d’Aoife se glisser, à leur tour, dans ses cheveux pour le maintenir contre elle, fait croître son assurance et son abandon, le cumul des deux guidant ses gestes lorsqu’il remonte sa seconde main le long de son bras pour l’échouer dans son cou.

Tous les sorciers qu’il a ainsi attiré à lui, Sofiane l’a toujours fait avec autant de calme et de fermeté, un reflet de cette image qu’il renvoie au reste du monde, proche en réalité de ce qui serait toujours sous sa peau si la bête ne s’y était pas glissée il y a des années. Et c’est avec cette même douceur confiante, intense, qu’il embrasse Aoife et fait courir sa paume dans son dos pour la coller un peu plus contre lui. Il peut sentir sous ses lèvres l’impatience de la demi-Selkie se faire certaine, autant dans son souffle que dans cette façon qu’elle a de revenir à ses lèvres avec empressement, de l’étreindre et de le retenir à elle - et Sofiane suit volontier cette fréquence, y répondant avec plus d’intensité et d’assurance encore. Il suit le mouvement de son corps, lorsqu’elle l’attire en refermant son bras sur sa nuque, pour la surplomber parfaitement et s’étendre sur elle dans un soupir en ne quittant pas ses lèvres.

En sentant la main d’Aoife passer sous sa veste, la sienne quitte son cou pour couler le long de de son corps, ses doigts se refermant sur hanche, presque la naissance de sa cuisse, une pression tendre et passionnée dans sa chair à travers son jean. Un soupir de mécontentement, presque un grognement, roule au fond de sa gorge lorsqu’elle rompt tout juste le baiser. Par réflexe, Sofiane ouvre à nouveau les yeux, fouillant les pupilles bleues de la sorcière pour s’assurer de ne pas y trouver une lueur de malaise ou de rejet - il s’en remettrait, si tout se déroule trop vite pour elle, qu’elle préfère s’arrêter à ce baiser pour retourner se reposer, quand bien même il n’est pas dans les habitudes de Sofiane de s’en tenir à de simples embrassades. Il s’en remettrait, car la chaleur qu’il lit dans son regard, la même que celle logée dans sa poitrine, lui susurre que ce ne serait que partie remise - que ce baiser ne sera pas le dernier, et qu’ils ne sauraient tous les deux se contenter d’être deux idiots brisés s’embrassant pour recoller les morceaux. "I've been waiting for this for a long time. Please, let's not be just... friends." Les lèvres de Sofiane s’étirent si tôt qu’il l’entend, un miroir du sien, bien que plus ténu et discret, plus réservé et distant, comme toujours. Il lève et abaisse un peu le menton, suivant les caresses dans sa barbe pour s’y frotter légèrement, adoucit par ce contact et la douceur presque familière que déroule Aoife à son contact.

"Yeah, let’s not", souffle-t-il, ses lèvres flirtant avec les siennes lorsque sa main glisse sur sa cuisse pour le replier contre sa jambe en une caresse ferme. Dans un même temps, son bras se referme au dessus de son crâne, pour être au plus près d’elle, la surplomber parfaitement, alors qu’il caresse ses cheveux du bout des doigts en plongeant dans ses yeux. "Friends doesn’t sound right." Sofiane ne sait pas ce qui leur irait, réellement - ce qu’on peut être, dans un camp de réfugiés, quand chaque jour menace d’être le dernier et qu’aucune certitude ne s’offre à eux. Au fil des mois, il a pu observer ce qu’il advient de ceux s’y essayant avec espoir, ces relations bien souvent éphémères explosant pour laisser un goût amer sur la langue des protagonistes ; et il n’est pas certain qu’il pourrait se permettre de perdre son amitié avec Aoife pour une tentative maladroite de cette évolution, comme d’autres ont pu gangréner de sincères camaraderies de longues dates - comme Savage et Rivage, comme nombreux des hybrides en colère incapables d’aimer comme il faut, cherchant pourtant un semblant d’affection chez leurs semblables pour ne pas se laisser consumer uniquement par la rage et la soif de vengeance.

Non, il l’ignore. Tout ce qu’il sait, est cette certitude qu’Aoife n’est pas une amie, qu’il désire bien plus d’elle qu’il n’a jamais désiré d’aucun de ses amis - sa présence, son sourire, sa bienveillance, son écoute, ses pupilles bleues, ses lèvres, sa peau pâle, et son corps qu’il sent chauffer sous le sien lorsqu’il revient l’embrasser avec plus de passion que précédemment. Ses lèvres quittent les siennes pour se presser contre sa joue, descendant bientôt dans son cou, couvrant sa gorge de baisers humides et impatients. Ses doigts glissent dans ses cheveux pour s’y refermer, une prise tendre mais assurée, tandis que sa seconde paume longe l’intérieur de sa cuisse, parcourant les coutures de son jean avant de trouver un chemin jusqu’à sa peau, sous son t-shirt. Le contact le laisse soupirant, éveillant un peu plus le désir diffus dans son corps et ses entrailles - le même qu’il peut sentir contre la gorge tendue d’Aoife. Sofiane caresse d’un geste maîtrisé et avide son ventre, brûlant sous sa paume, la dévoilant plus encore lorsqu’il remonte jusqu’à sa poitrine, ses doigts se refermant lentement sur son sein à travers son sous-vêtement. "You’re perfect", grogne-t-il presque contre sa peau, avant de tracer une ligne de baisers jusqu’à sa bouche, s’y attardant quelques instants pour finalement y souffler : "I think I’ve been waiting for this for a bit too long myself." Comme une justification à son désir évident, et à son empressement qu’il ne retient pas à son contact - et déjà, Sofiane vient écraser un nouveau soupir contre ses lèvres.

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Les lèvres de Sofiane ont une qualité addictive qui n'a rien de surprenant, tous comptes faits. Aoife découvre sans surprise aucune qu'elle pourrait passer des heures à l'embrasser, à le presser contre elle, le sentir la recouvrir comme une épaisse couverture humaine et protectrice. Elle aime la physicalité de Sofiane, sa carrure et son poids, et l'aisance avec laquelle il se repose contre elle. Elle se sent vulnérable et à la fois, forte d'une certaine manière, soutenue par ce corps contre le sien. "Yeah, let’s not." Aoife sent un frisson électrique descendre le long de sa colonne face à ce murmure contre ses lèvres, et le contact fébrile de ses mains sur les poils noirs de sa barbe. Elle serre volontiers son corps contre le sien quand Sofiane l'y incite, imaginant déjà le contact de sa paume contre la peau nue de sa jambe - elle n'a jamais autant détesté son jean que dans cet instant précis, alors qu'elle sent son corps frémir à l'idée de toucher celui de Sofiane.

Aoife a le souffle court, et le coeur qui bat fort dans sa poitrine. Elle se fait la réflexion qu'il doit sans doute l'entendre, avec ses sens de loup, et la penser bien stupide de réagir ainsi à sa présence et à ses baisers. Elle se sent fébrile, légèrement nerveuse, mais incroyablement heureuse aussi. Elle a tant attendu ce moment, réalise-t-elle, en sachant pertinement qu'un jour ou l'autre, il finirait par arriver. Mais tous ses songes n'auraient pas pu arriver à la cheville de la réalité telle qu'elle se présente face à elle: intense et tendre, comme les yeux clairs de Sofiane rivés dans les siens, ses doigts dans ses cheveux, ses doigts étalés sur sa cuisse à travers ses vêtements. "Friends doesn’t sound right. - It doesn't..." Elle ignore vraiment ce qu'ils pourraient être d'autre, si il en a envie, si même elle en a envie. Aoife a très vite compris, de ses propres expériences et de celles des autres qu'elle a pu observer de loin (généralement en pariant dessus) que leur vie de fugitif n'était pas appropriée pour quelque chose ressemblant de près comme de loin à un couple. Ce mot réveille en elle une nervosité toute naturelle, et un vent dépréciateur et immédiat: elle se projette déjà trop, rien qu'en invoquant cette idée dans le secret de son esprit. Jamais Sofiane ne voudrait être avec quelqu'un comme elle, du moins elle ne pense pas.

Mais elle peut se contenter de ses baisers, et de ses regards ardents, et de ses mains sur elle qui lui donnent l'impression d'être en train de prendre feu. Toutes ces pensées sont relayées au fond de son crâne quand Sofiane revient clâmer ses lèvres brusquement, lui arrachant un long soupir. Les doigts d'Aoife se glissent dans ses cheveux, ses bras se refermant autour de lui. Un gémissement lui échappe quand les lèvres de Sofiane viennent effleurer son cou sensible, le couvrir de baisers. Il répand des flammes partout où il la touche, l'embrasse, la caresse. Ce serait presque désagréable tant c'est intense, mais Aoife s'abandonne complètement à l'assurance qui émane de lui, fermant les yeux pour mieux profiter de ses mains sur elle quand elle sent ses doigts arriver à sa peau nue, sous son t-shirt délavé. Elle est en train de se consumer contre Sofiane, refermant ses bras autour d'elle avec une force insoupçonnée, avide de plus. Sa main qui finit sa course sur sa poitrine lui arrache un autre léger gémissement, sous sa respiration. Elle aimerait pouvoir se débarasser de tous ses vêtements par magie, s'offrir à lui toute entière, le laisser la recouvrir de ses mains et de ses lèvres sans condition.

"You’re perfect." Aoife sent une vague de désir s'abattre sur ses entrailles, descendre de ses joues rouges à son bas-ventre en un raz-de-marée titanesque qu'elle n'a aucune envie de repousser. Elle accueille les lèvres de Sofiane sur les siennes avec avidité, ses doigts se refermant dans ses cheveux avec fermeté, peu désireuse de le laisser s'éloigner de nouveau - même si ses baisers dans son cou ont réveillé une appétit vertigineux pour ses attentions. Elle en veut plus, tellement plus, elle veut tout ce qu'il est prêt à lui offrir, toute retenue envolée depuis qu'il a fait le premier pas en l'embrassant. "I think I’ve been waiting for this for a bit too long myself." Aoife rit légèrement, un rire ravi et heureux, une main revenant caresser sa joue avec une énorme tendresse. "We don't need to rush," promet-elle contre ses lèvres comme si elle n'en avait pas elle-même terriblement envie. "We have all the time in the world."

Elle retourne l'embrasser avec avidité, ses mains s'affairant enfin à le débarrasser de sa veste, le faisant se redresser un peu pour leur faciliter la tâche à tous les deux. Au final, c'est elle qui le fait s'allonger après lui avoir retiré son t-shirt, se débarassant aussi du sien avant de s'asseoir sur lui sans attendre, revenant l'embrasser passionnément et aveuglément - elle a du mal à décrocher de sa bouche, de se priver du goût de ses lèvres maintenant qu'elle a pu le découvrir. Ses mains descendent sur son cou, découvrent ses épaules, son torse, s'arrêtent pour caresser les cicatrices qu'elle y trouve avec lenteur, s'accrochent aux poils qui le parsèment. Aoife a pensé à ça tellement de fois, rêvassant d'étreintes absurdes et interdites, s'imaginant des situations torrides et ridicules avec Sofiane; et la vraie vie est tellement plus satisfaisante, parfaite même. Aoife se détache à regret de la bouche de Sofiane pour se redresser, s'appuyant sur lui de ses mains sur son torse, le dardant dans la pénombre de la tente avant de baisser ses yeux sur son corps. Les traces de sa vie mouvementée lui soulèvent le coeur et voilent un peu son regard, malgré elle et malgré les mains de Sofiane qui ne l'ont pas quittée et qui n'ont pas tari le feu qu'il a allumé dans son ventre, mais elle aime beaucoup ce qu'elle découvre aussi. "You're perfect too..." Elle savait déjà que Sofiane était, tout simplement, beau, elle ignorait juste à quel point.

Aoife s'assied un peu mieux sur lui, bougeant légèrement des hanches pour frotter son entrejambe à la sienne, soupirant avec plaisir en sentant l'excitation montante de Sofiane pressée contre la sienne. Son bras toujours bandé lui fait encore mal, et elle sent encore les relents de la confusion magique se heurter aux parois de son crâne, et pourtant elle retourne avec la même avidité qu'avant presser ses lèvres à celles du loup-garou, laissant ses cheveux les entourer. Ils ont tout le temps du monde, mais ils ont aussi trop attendu pour repousser encore l'échance. "I want you," murmure-t-elle contre sa bouche, laissant sa langue redessiner sa lèvre inférieure avant de traîner ses lèvres sur sa pommette jusqu'à son oreille, pour en happer le lobe. Une de ses mains se glissent dans ses cheveux pour les caresser, alors que l'autre va jusqu'à son menton, ses doigts dans sa barbe le tenant près d'elle - elle peut sentir quelques poils lui chatouiller le cou et la poitrine, envoyant des décharges électriques dans le reste de son corps. "I want you inside me, Sofiane, and I want you to do it right and..." Elle se recule à peine pour attraper l'éclat de ses yeux. "I want you."

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"We don't need to rush. We have all the time in the world." En effet - rien ne les oblige à explorer toutes les possibilités qui s’offrent à eux dans la minute, maintenant qu’ils ont franchi cette barrière physique et qu’ils peuvent se perdre sur le corps de l’autre. Et sur le moment, Sofiane s’accroche même à cette promesse soufflée contre ses lèvres, un phare dans la nuit que d’avoir l’assurance qu’Aoife est bien là, sous ses paumes et son regard, vibrante de désir comme lui peut l’être, et qu’ils auront tout le temps de découvrir, ensemble, cette attirance et affection mutuelles qui les lient indéniablement. L’appréhension de ce qui les attend demain n’existe plus dans le brouillard, ni son inquiétude pour les blessures et l’état d’Aoife ; il n’y a plus que son envie de parcourir son corps, et cette promesse incertaine, indéfinie, trop vague pour en être une, qui pourtant ne fait que croître son désir.

Ils n’ont aucune raison de précipiter les choses, si ce n’est cette avidité avec laquelle leurs lèvres se rencontrent à nouveau, une nouvelle vague de chaleur sous la peau de Sofiane, qui s’empresse de se débarrasser de sa veste lorsque les mains d’Aoife l’y invitent. Il suit sans réticence son corps lorsqu’elle l’allonge à son tour, sans pour autant cesser de caresser tout ce qu’il peut de peau avec assurance, ses mains voyageant sur son ventre, sa poitrine, sa gorge, ses bras, dès qu’ils se retrouvent libérés de leurs t-shirt. Un frisson violent parcourt son échine alors qu’Aoife découvre son corps de ses paumes, retraçant ses muscles et les cicatrices qui le parsèment, le poussant à la serrer plus fort encore contre lui, une main refermée sur sa chevelure en l’embrassant tandis que ses doigts glissent sur ses fesses pour l’empoigner fermement, avec avidité, à travers son jean. "You're perfect too...", souffle-t-elle en posant ses yeux sur son torse, et les lèvres de Sofiane s’étirent à peine, déjà trop empêtré dans la lave qui coule dans ses veines pour prendre pleinement le compliment, préférant plutôt faire couler, à son tour, son regard sur le corps d’Aoife, sa main se décrochant en même temps de ses cheveux pour dégringoler souplement jusqu’à sa poitrine et revenir la caresser avec impatience.

Un soupir lui échappe sous les mouvements de hanches de la résistante, son propre bassin se soulevant légèrement pour se synchroniser avec ses ondulations et laisser ce simple contact faire croître d’autant plus les fourmillements empressés dans son bas-ventre. We don’t need to rush. Pourtant Sofiane est incapable d’envisager de mettre fin à cette étreinte, de cesser d’embrasser Aoife avec plus d’intensité encore, de relacher sa hanche dont il accompagne les mouvements d’une main ancrée dans le tissu épais de son jean. "I want you." Sofiane rouvre brièvement les yeux, poussant un long soupir aux airs de grognement dans la chevelure de la sorcière, son corps pressé contre le sien, tout comme son odeur se mêlant doucement à la sienne. Ses lèvres sur sa peau, dérivant jusqu’à son oreille, laissent une trace brûlante qui s’infiltre dans sa chair, éteignant un peu plus sa raison et ses sens. "I want you inside me, Sofiane, and I want you to do it right and… I want you." Ses yeux rencontrent les siens dans la lumière tamisée de la tente, Sofiane prenant à peine le temps de détailler son visage avant de revenir à ses lèvres avec précipitation. Difficile de ne pas rush quand les mots d’Aoife s’infiltrent dans son esprit pour faire exploser l’incendie dans son corps, une détonation violente qui prend possession de chaque geste du lycanthrope.

"I will, I’ll do it just right", souffle-t-il contre ses lèvres, tandis que ses mains glissent à l’avant du pantalon d’Aoife pour en défaire le bouton et la fermeture éclair, avant de l’entraîner avec empressement sur le dos, la surplombant à nouveau. Il presse un instant ses lèvres contre sa gorge, se gorgeant de chaque centimètre de peau sensible qu’elle lui offre, carressant dans un même temps son ventre, sa taille, pour finalement refermer ses doigts en haut de son jean lorsqu’il se détache pour tirer prestement dessus, la débarrassant ainsi du reste de ses vêtements sans plus attendre. En balayant du regard son corps nu un instant, Sofiane regrette silencieusement d’avoir attendu de longs mois avant de le découvrir et de s’en emparer comme il en a l’opportunité désormais. Alors, à genoux entre ses jambes, ses paumes glissent sur ses genoux, voyageant à l’intérieur de ses cuisses pour les ouvrir d’un geste souple et avide. Il enfonce ses doigts dans sa chair en continuant à faire courir ses mains sur sa peau, à l’observer, ainsi offerte à lui et parfaite. "You deserve to be fucked proper, Aoife." Les mots lui échappent tandis qu’il remonte le long de son corps, embrassant son ventre et sa poitrine, avant d’atteindre sa gorge contre laquelle il hume avec désir, un frisson le long de son échine en se gavant ainsi de son odeur et de sa chaleur. La peau de sa cuisse roule entre ses doigts, une pression empressée à laquelle il met fin lorsqu’il en caresse l’intérieur pour remonter entre ses jambes et insérer ses doigts en elle dans un soupir, son ventre se tordant en la découvrant impatiente. Sa bouche continue son chemin dans son cou, se pressant bientôt contre sa joue en se laissant entraîner par le plaisir naissant qu’il décèle dans les soupirs d’Aoife au fur et à mesure qu’il fait aller et venir ses doigts en elle. "I want you now", grogne Sofiane sur ses traits, sa main libre se refermant sur les doigts de la demi-Selkie pour les porter à sa ceinture, qu’elle le débarrasse pour de bon de ce pantalon dans lequel il étoufferait presque, et qu’il puisse enfin se retrouver contre elle, en elle.