BIENVENUE SUR SMOKE & MIRRORS. Un forum Harry Potter alternatif qui diverge du canon à partir du tome 5 où Harry est capturé par les Death Eaters lors de la bataille du Département des Mystères. L'action se situe 12 ans après, en 2008, dans un Royaume-Uni gouverné par Lord Voldemort.

Le forum a pour but d'être collaboratif et possède donc un système de collaboration participative où tous les membres peuvent proposer des nouvelles annexes, évènements, voire même des idées de personnages pour les futur.es joueur.euses !

Malgré son contexte sombre et mature, SM, c'est une communauté qui aime le drama et les rebondissements et qui a un Discord très actif sous l'égide du safe space et de la communauté bienveillante. Qu'attendez-vous pour nous rejoindre ?
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 HANNEST #2 les moutons funêbres qui tapissent mes insomnies

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Nial Slow
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TW PTSD :

La porte se referme derrière Murdina, un bruit sourd qui fait sursauter Hannah. Elle passe une main dans ses cheveux plus courts (coupés à la hâte) et plus bruns (colorés sur un coup de tête). Ses dents blanches s'acharnent avec violence sur ses lippes trop sèches, tremblantes, trop pâles. Des cernes habillent ses yeux dont l'éclat noisette n'a plus toute sa brillance optimiste. Elle tourne la dos à Ernie, a passé la séance dans son coin - la première en plus bien joué - son attention entrecoupés de souvenirs brutaux, la peur, la douleur, ce regard meurtrier qui la suit même dans ses cauchemars et même parfois au détour d'un couloir, ou devant son miroir. Elle n'a pas dormi complètement depuis plusieurs jours et la médicomage qui se trouvait déjà à bout est au bord du gouffre. Arrivée en retard, le souffle court, la boule au ventre Hannah n'a presque pas décroché un mot de toute la séance. Elle a même failli ne pas venir aujourd'hui, prétexter une maladie ou un shift inopiné à l'hôpital qu'elle est obligée de côtoyer parce que comme elle n'est pas censée être blessée, Hannah n'a aucune raison d'être absente. Elle a même failli tout annuler tellement la peur la gagnait à l'idée de sortir dans la rue, une alarme grignottant son calme à mesure que ses pas l'approchaient de la porte d'entrée de son appartement. Et puis, elle n'a envie de voir personne, ne veut rien faire que s'enfoncer dans son lit sous ses couvertures et pleurer pleurer pleurer, et dormir aussi. Elle veut juste dormir. Laissez la dormir. Plus que tout, Hannah désire oublier, ne plus sentir la pression du sort sur sa poitrine au contact de ses vêtements, ne plus ressentir la terreur et encoire moins cette rage qui n'a jamais fait partie de sa vie.


Hannah Abbott ne se reconnaît plus. Dans ses rêves, elle est sans cesse poursuivie par des ombres qui portent ce regard, nuages de ténèbre aux yeux émeraude, au goût de mort dont les griffes de nuit s'enfoncent dans sa chair, creusent un trou dans sa poitrine, lui arrachent le coeur encore palpitant. Les réveils sont presque pires, un hurlement rompt le silence glacial de la pièce, son corps brûlant entrepêtré dans des draps humides, son souffle s'échappant d'elle en une cascade étouffante. Laissez la oublier.


D'un geste brusque et automatique, l'ancienne Poufsouffle récupère sa cape accrochée et son bérêt qu'elle enfile en toute hâte. Elle devrait rester, ils ont des choses à discuter, le déroulement de la séance par exemple, ce qu'il faut préparer pour la prochaine, mais Hannah connaît Ernie et inversement, il a certainement remarqué quelque chose au moment où elle est entrée dans la pièce en évitant soigneusement son regard. Hannah n'est pas certaine de pouvoir parler, en parler. Elle ne veut pas qu'il voit à quel point elle est faible et inutile et fragile. Sinon, qu'aura-t-elle à leur offrir à lui et à l'Ordre et... À Susan. "C'était une bonne session je pense." son regard évitant toujours le sien alors qu'elle s'avance vers la porte d'entrée, la main à portée de la poignée. "On se voit la semaine prochaine ?" son visage se tourne vers lui enfin, et lui envoie le plus faux des sourires. Laissez la partir.
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tw classisme


mai 2007 — cabinet d'ernest
Et moins je dors et plus je pense
Et plus je pense et moins j'oublie
L'immense impasse, l'espace immense
Qui s'étendent au fond de mon lit
C'est inouï tous ces silences
Qu'il est cosmique cet ennui
Dois-je recourir à la science?
Anesthésier l'insomnie?


La porte se referma derrière Murdina, un bruit distant qu’Ernest entendit à peine dans la brusque fatigue qui l’accabla au départ de l’hybride. Comme un poids qui quittait ses épaules, le poids qui l’avait forcé à se tenir droit et qui le laissait maintenant faible et épuisé sur son fauteuil. Il expira, profondément, et se passa une main lasse sur le visage pour tenter d’en détendre les muscles noués. Il en aurait sûrement eu des courbatures le lendemain s’il n’avait pas été habitué à cet exercice de sourire au lieu de pleurer. C’était étrange à se dire mais cette première séance avec Murdina avait été bien moins épuisante que la plus calme avec Alden Harris.
Puisqu’il fallait en donner des raisons (Ernest adorait ce genre de liste), il pouvait en situer plusieurs. En premier lieu, Murdina n’était rien pour Ernest. Bien entendu, elle était importante puisqu’elle existait, mais elle n’avait jamais eu l’impact intellectuel qu’Alden Harris avait pu avoir de son « vivant » et ne l’aurait jamais. Excepté, bien sûr, si Ernest pourrait un jour rendre publiques ses recherches et la citerait alors comme la première de ses patientes à s’être libéré du reconditionnement du gouvernement. Bien sûr, elle n’atteindrait jamais l’influence capitale du Professeur Harris mais au moins son nom pourrait-il survivre à l’épreuve du temps. Enfin, il fallait pour cela qu’Ernest réussisse.
Ainsi Ernest ne la connaissait pas personnellement ni intellectuellement, elle ne semblait pas avoir beaucoup de famille, ou en tout cas pas de famille qui tenait véritablement à elle. Une histoire de refuge pour êtres de l’eau à Southampton, clairement pas l’endroit d’où venaient les liens les plus aboutis. C’était important, non pas parce qu’Ernie tenait absolument à mépriser sa patiente, il ne se permettrait jamais, mais bien d’un point de vue pratique : il ne fallait pas que l’on remarque les différences au fil des semaines. Ni dans sa famille, ses amis, ou au travail. Murdina elle-même ne savait pas pour quoi elle était traitée. Il ne fallait pas que des facteurs extérieurs viennent lui mettre la puce à l’oreille.
Le dernier paramètre qui faisait que ces séances étaient moins difficiles que celles avec Alden Harris était qu’elle était bien moins atteinte que son professeur. Il y avait une certaine injustice là-dedans, qu’Ernest refusait de traiter de front. Elle pouvait compter, se souvenait de sa dernière semaine en détails, semblait socialement cohérente et si elle était très effrayée des deux sangs-purs qui cherchaient à la sauver, il ne craignait pas non plus qu’elle parte en crise d’angoisse à la moindre intonation plus sèche dans leur voix. Le travail sur son cerveau avait été plus délicat, moins profond, et il s’agissait surtout de déconnecter les liens de corrélation entre pensée de résistance et douleur cérébrale. Un travail qu’Ernest se sentait capable d’accomplir, à terme.

Dans toute cette logique bien huilée, il était censé exister un autre paramètre qui aidait Ernest dans sa tâche. On pourrait même dire qu’il avait compté sur quelque chose de bien précis dans ses calculs et plans mentaux pour préparer cette séance.
Hannah.
C’était quelque chose qu’il peinait à comprendre, puisque Hannah était normalement quelqu’un sur qui on pouvait compter. Dans son cerveau éprouvé par les déceptions, Ernest avait classé Hannah parmi les personnes qui faisaient ce qu’ils disaient. Beaucoup de personnes avaient l’étrange tendance à dire des choses qu’ils n’appliquaient jamais et qui se retrouvaient dépourvus quand Ernest les mettait face à leur propre absurdité. Hannah n’était pas censée faire partie de ces gens qui ne collaient pas à eux-mêmes.
Sauf qu’aujourd’hui, elle était des pires qu’il ait pu rencontrer de sa vie. Déjà, il y avait l’apparence physique. Ernest n’avait pas eu le temps d’analyser les cernes, les lèvres, les doigts nerveux : les cheveux avaient perturbé directement son regard. D’abord Susan rousse, puis Hannah brune ? S’amusait-elles à le perturber et à déranger ses repères ? Ils n’avaient pas pu s’appesantir sur le sujet puisque Hannah, pour l’une des premières fois depuis qu’Ernest la connaissait, était en retard. Insulte déjà suffisante qu’il aurait espéré voir effacé par sa participation durant le reste de la séance.
Que nenni.
Ernest était de nouveau seul, seul et indépendant face à un mal qu’il connaissait à peine, dans une situation qui risquait sa vie, de la façon la plus intense et la plus secrète qui soit. Et bien sûr il avait été prêt, il était prêt depuis des semaines à ce sacrifice. Il avait juste cru qu’il le ferait avec Hannah.
Il s’était, visiblement, trompé.
Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Malgré son métier, Ernest se savait mauvais juge de caractère et avait, devant ses patients, cet étrange aveuglement qui faisait qu’il ne traitait que ce qu’on lui disait, que ce qu’on lui montrait explicitement. De la même manière avec Hannah il peinait à trouver ce qu’il pouvait y avoir derrière ces marques évidentes et blessantes de son profond désintérêt.
Il ne se sentait pas capable de chercher plus loin, trop de fatigue et trop de stress, il ne se sentait pas la générosité de laisser une chance à quelqu’un qui ne venait pas d’elle-même lui présenter des excuses et des explications. Quand elle complimenta la séance, il le prit comme une remarque délibérée et calculée : tu te débrouilles très bien tout seul, Ernie, continue sans moi.
La suite était de l’hypocrisie pure et simple.
Ernest n’avait pas le temps pour ces choses-là.
Je ne pense pas qu’il soit utile que tu reviennes, Hannah.
Elle était, de toute manière, déjà à la porte.
Après cette sentence bien sèche, il releva finalement les yeux pour croiser les siens pour la première fois de la journée. Il prit la douleur et la détresse qu’il y lu pour quelque chose qu’il avait causé, et non pas ce qui pouvait être là depuis plus longtemps.
Tu n’as visiblement pas le désir, ou la force, je n’en sais rien, d’aller au bout de notre projet.
Il inspira profondément, sans bouger de son siège, sans se démettre de ce froid distant qu’il prenait quand une situation lui échappait. Le plus dur était qu’il aimait profondément Hannah, et qu’il comprenait sa décision, sa peur, son désir de fuir au plus loin. Combien de fois avait-il voulu s’échapper en courant de son propre bureau après une remarque innocente de son ancien professeur ?
Je comprends, c’est plus que ce tu avais imaginé, tu regrettes ta décision, visiblement. Cela arrive. Mais inutile d’être hypocrite, cela est vexant et même irresponsable. Inutile de risquer nos deux vies dans cette affaire.
Il peinait à être rassurant dans ses paroles qu’il voulait pourtant tendre. Il lui était difficile, une fois blessé, de sortir de ce carcan froid et poli qu’il prenait avec les inconnus. Il soupira et baissa les yeux, espérant moins l’accabler de son jugement ainsi. Moins lui montrer comme elle l’avait peiné.
Tu peux partir, je ne t’en veux pas, mentit-il par devoir social. J’aurais juste voulu que tu me fasses assez confiance pour me le dire avant.


Dernière édition par Ernest Macmillan le Dim 16 Mai - 10:19, édité 1 fois
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Nial Slow
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TW : angst? PTSD. c'est pas moi qui pleure c'est toi.

Sur le pas de la porte, Hannah s'en prend à elle, à son incapacité accablante, de n'avoir pas su se concentrer aujourd'hui, de l'avoir laissé tomber, son ami, le meilleur qu'elle ait en ces temps troubles. Ils étaient si remplis d'espoir il y a peu quand ils ont décidé de se lancer dans cette aventure. Et voilà que la jeune femme s'effondre à la première bourrasque. Elle voudrait s'excuser, lui promettre de mieux faire la semaine prochaine, qu'elle va se reprendre quoi qu'il lui en coûte, parce que c'est Ernie, que ce qu'ils font est important, qu'il lui est important. Mais quand la sentence tombe de la bouche même de celui qu'elle déçoit. Quand elle entend le ton employé, il y a un bouton qui s'allume dans son esprit embrouillé, embrumé. Sa main fermée sur la poignée, la porte déjà entrouverte, elle se concentre de tout son corps pour ne pas exploser. Mais tout ce qu'il dit est l'inverse de ce que Hannah aurait aimé entendre. Et si la douleur physique du sort était quotidiennement présente dans sa cage thoracique, ce qu'elle reçoit de sa part en commentaire irrévocable lui paraît dix fois, cent fois pire. Sa main repousse violemment la porte qui fait alors un bruit à réveiller les morts en se refermant devant elle.

"oh. Tu comprends. Il comprend." elle se détourne de la porte, jette d'un geste brusque son bérêt sur le sol, plus du tout l'envie de partir. "Mais c'est merveilleux ça Ernie, que tu comprennes. Et tu comprends quoi au fait, hein ?" des larmes lui montent aux yeux, celles justement qu'elle aurait souhaité masquer, dissimuler, écraser sous sa force sans faille. Elle n'avait jamais été forte Hannah, elle n'avait jamais su tenir tête à ses proches, acceptant les reproches, les remarques, les rejets. Mais pas aujourd'hui. Non, pas maintenant. Pas alors qu'elle se débat avec elle-même, ce qu'elle était, ce bout de joie qu'on lui a arraché et qu'elle veut retrouver. Un sourire amer déforme son visage quand il prononce tous ces mots. D'une voix indifférente et froide qui plus est. Comme ils peuvent être cruels les uns avec les autres. Est-ce la guerre qui durcit les coeurs ? Est-ce la terreur qui détruit la gentillesse ? "Et moi j'aurais aimé que tu me fasses assez confiance pour savoir que je ne t'abandonnerais pas. Flûte Ernie, tu me parles de confiance mais de nous deux tu es celui qui en manque le plus cruellement à mon égard." Elle ne veut pas que sa colère se déverse ainsi mais c'est plus fort qu'elle, la goutte de trop dans le vase débordant de ses émotions.

Et pour une fois, Hannah rend coup pour coup et mots pour mots. Elle serre les poings en s'approchant de lui, se contient pour ne pas s'effondrer et forcer les mots à sortir, toute cette bile qu'elle ne peut jamais envoyer au visage de Susan. Toute cette violence qu'elle se prend de plein fouet pour n'être pas assez pure pour les uns et pas assez impliquée dans la lutte pour les autres. Toute cette impuissance de ne jamais faire assez, tout en risquant trop et tout, tout le temps. Elle est exténuée, démoralisée. Elle veut juste hurler. Et il est là Ernie, à dire qu'il comprend alors qu'il ne comprend rien. À l'accuser sans savoir, à lui parler de confiance alors que clairement la sienne est aussi friable que les miettes d'un vieux pain rassi. Après tout ce qu'elle a fait… "Pour un psychomage, parfois qu'est-ce que tu peux être obtus." elle les regrette ces mots au moment où ils sortent. Elle voudrait les rattraper, les ravaler, s'étouffer avec. Trop tard. Et les larmes coulent à flot sur ses joues palotes, ses mains glissant sur sa peau encore et encore pour en effacer les traces, en vain. Entre deux hoquet de larmes, Hannah tente de formuler la douleur, celle qu'elle sent sur sa peau en s'habillant le matin, dans sa tête en vivotant durant la journée, au p'us profond d'elle en allant se coucher le soir. "Tu n'aurais pas… juste pu me demander comment je vais…. Nonon, parce que.. tu comprends…tu comprends rien Ernie. Mais tu as raison, si ta confiance en moi est aussi facilement brisable, il vaut peut-être mieux qu'on s'en arrête là." non. Non ! Mais pourquoi les mots sortent-ils de cette manière, déformés, crasseux. Si éloignés de ce qu'elle pense réellement, ils dépassent sa pensée. Hannah ne veut pas arrêter de se battre, encore moins à ses côtés. Plus que jamais, la sorcière en a besoin, mais plus que tout, elle a également besoin de la présence inaltérable de Ernie, et de son soutien.
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Hannah n’était pas quelqu’un de violent, d’aucune manière. Elle n’était pas hargneuse, elle n’en voulait pas aux gens, elle ne se vexait à la moindre parole maladroite, ne jetait pas ceux qui ne correspondaient pas à sa petite liste très serrée de choses qui étaient attendues. Non, ça, c’était Ernest. C’était, spécifiquement, Ernest avec Hannah. L’homme qui avait osé, après Hogwarts, mépriser et renvoyer valser son amie en comprenant qu’elle n’allait pas prendre la peine de résister au régime en place. Sèchement, comme il était en train de le faire ce jour-là.
Ernest ne savait pas exactement où il avait récupéré cette colère. Parfois il se disait que c’était tout simplement l’héritage paternel : Douglas Macmillan était très facilement énervé, sec, à t’évincer des excuses sensées d’un mouvement de main agacé comme si ce n’était rien. C’était peut-être la seule chose que le père avait cédé au fils, cette intransigeance qui remontait quand il était assez en confiance pour s’exprimer honnêtement. Les autres de sa génération se souvenaient comme il avait pu être sévère à Hogwarts, en tant que préfet. Dumbledore avait très certainement élu Hannah avec lui pour calmer cette sévérité. Cela avait réussi.
Hannah, en de nombreuses occasions, avait fait comprendre à Ernest ce qu’était la compassion. L’empathie. Elle l’avait forcé à prendre en compte le point de vue de l’autre personne, ce qu’il avait toujours fait avec un agacement profond, comme pour la suivre dans ses gens ridicules jusqu’à finalement comprendre le fond de l’histoire et tomber des nues devant l’intelligence supérieur de son amie. C’était peut-être elle qui lui avait donné d’étudier la psychomagie. Peut-être que c’était elle qui lui avait donné les clefs pour comprendre les autres et avait fait renaître ce rêve d’enfant, celui de trouver une langue qui lui permettrait de vraiment comprendre l’autre et d’être compris en retour. L’autre ayant toujours été son père. Il s’était toujours imaginé runiste avec une spécialisation en psychomagie, comme un vieil ermite qui cherchait à décrypter le subconscient… Certainement, devenir un psychomage avec une spécialisation en runes n’avait pas fait partie de ses plans.
Oui, Ernest était obtus. Non, Ernest n’était pas un très bon psychomage. Il pouvait bien faire de son mieux, cela n’effaçait pas qu’il passait plus de temps à balancer des runes sur ses patients qu’à essayer de les comprendre. Parce que non, non, Ernest n’y comprenait rien.

Hannah était censée être celle qui lui expliquait. Et qui pouvait bien lui expliquer Hannah quand c’était elle qui pleurait devant lui ?

Ernest avait souvent des scénarii très précis dans sa tête : les choses allaient se passer exactement comme prévu, comme des prédictions qui lui venaient et le persuadaient qu’il n’allait avoir qu’à suivre une situation prévue d’avance. Un exercice qui avait très souvent marché avec son père ; il avait fini par anticiper ces moments où ils ne se comprendraient pas, où Dougal s’énerverait, le reprendrait, le punirait ensuite en lui prenant ces choses auquel tenait Ernest sans que son père puisse le comprendre. Toute sa jeunesse il avait anticipé et vécu à l’avance ces confrontations sans jamais réussir à complètement les éviter. Peut-être avait-il, avec le temps, forcé la logique paternelle sur toutes les personnes qu’il croisait. Peut-être s’était-il imaginé que, comme son père, Hannah allait lever les yeux au ciel, lancer une remarque agacée et quitter son bureau pour le laisser seul avec ses doutes et ses angoisses, confirmant très exactement tout ce qu’il imaginait être vrai.
Parce que Hannah ne suivait pas, pas du tout le scénario alarmiste et effrayant qu’Ernest s’était imposé et contre lequel il s’était préparé. Hannah ne suivait même pas, en dehors de cette théorie loufoque, la logique qu’il lui connaissait habituellement. Hannah n’était pas vraiment le genre de personne qui accablait Ernest de sarcasme. Elle ne parlait pas de lui à la troisième personne quand ils n’étaient que tous les deux. Elle ne pleurait pas en s’énervant, ne l’accusait pas avec ce froid qui avait fait écho au sien, sans qu’il puisse faire la comparaison.
Ernest se trouva cloué sur place, à regarder la tempête qu’il avait provoqué se retourner vers lui.

Pris au dépourvu, il se trouva incapable de réagir émotionnellement.
De réagir, tout bonnement.
Soudain constitué de pierre, toujours accroché à son fauteuil de psychomage, Ernest restait bloqué là à la regarder l’accuser. La remarque sur ses capacités limitées en tant que psychomage touchèrent juste, et lui firent mal. D’une autre façon que le reste, sur un autre angle de son cœur, alors qu’il s’était imaginé qu’il se trouvait bien assez bas pour ne plus pouvoir creuser. Comme la peine peut nous surprendre.
Heureusement pour lui, si Ernest était quelqu’un de hargneux, colérique, vindicatif, il n’était pas impulsif. Sinon, il aurait explosé pour lui dire que si elle avait tant que ça envie de partir, si elle avait juste eu besoin qu’on lui propose pour prendre la poudre d’escampette, elle n’avait qu’à en profiter, sécher ses larmes et se tirer. Ernest n’avait pas ce genre de mots en lui. Sa colère, il la ruminait, il la faisait pourrir au fond de lui, et il la sortait avec ces mots secs et distants qu’il lui avait sorti à peine quelques minutes auparavant.
Non, je ne comprends rien, Hannah, répondit-il toujours aussi froidement.
Ses larmes, à lui, ne venaient pas. Et même si quelque chose en lui voulait se lever, la prendre dans les bras, sécher ses larmes et lui dire qu’il était désolé, qu’il était un imbécile obtus et ridicule, son corps ne voulait pas suivre. Il cherchait encore une façon distante de répondre, sans même savoir pourquoi.
Je ne comprends rien aux gens qui ne me disent rien, parce que je suis un imbécile qui ne fait attention qu’aux actes. Les gens mentent trop souvent et, comme tu le dis si bien, je suis trop obtus pour comprendre même quand on m’explique, n’est-ce pas ?
C’était cet Ernie-là qui avait refoulé une pauvre petit Hannah qui n’avait pas voulu risquer sa vie des années auparavant. Lui qui n’avait pas compris cette même Hannah quand elle avait finalement voulu se lancer quand lui était trop terrifié pour faire quoi que ce soit. Et le même qui espérait que Hannah lui pardonnerait encore et encore de ne rien y comprendre jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Mais puisque tu m’as posé la question, laisse-moi te répondre. Ce que je comprends ? Je comprends combien ça fait peur, de faire ce que l’on fait. Je comprends aussi qu’on peut abandonner, parce que je l’ai déjà fait, parce que cela arrive. Que je t’en ai déjà voulu pour cela, et que je ne souhaite pas recommencer. Ce que je te dis, Hannah, c’est que tu as le droit d’abandonner. Que je peux te laisser partir, que je peux le faire seul, si c’est trop dur pour toi.
Ces mots-là auraient sûrement dû être dits avec plus de tendresse et de douceur. Sans cette distance qu’il mettait pathologiquement entre lui et les autres dès qu’il se sentait en danger. Ernest ne se laissait aller à la faiblesse devant les autres que par accident, jamais par intention. Ariel Guterman avait été une erreur.
Même si ce qu’il avait eu avec Ariel Guterman, ce jour qu’il aurait voulu oublier, avait peut-être étrangement un peu trop bien marché.
À ce souvenir, Ernest se sentit se craqueler, et il inspira franchement pour finalement détourner son regard de Hannah, cachant ses yeux derrière sa main pour se protéger de l’émotion qu’elle pourrait y lire. Comme si ce n’était pas ce qu’il était faire, en cet instant précis. Sans la regarder, il finit par ajouter d’une voix plus affectée, presque tremblante, légèrement pitoyable :
Mais je comprends mal, visiblement. Je ne sais jamais quoi faire dans ces situations-là.
Alors il prit son conseil, comme il le faisait toujours. Même quand il la blessait elle, c’était toujours Hannah qui le guidait pour savoir quoi faire.
Alors toi dis-moi, dis-moi ce qu’il se passe, parce que je ne comprends pas ce qu’il se passe. Si ce n’est pas une porte de sortie que tu veux, qu’est-ce qu’il se passe ?
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TW : PTSD & ANGSTY

Après ses mots violents, à l’opposée de ce qu’elle avait toujours été intrinsèquement, Hannah aurait voulu se cacher dans un trou de souris, fuir au plus loin pour ne pas avoir à accuser les conséquences de ses paroles impulsives et emportées sur son meilleur ami. Car avant toute la souffrance qui cingle dans son myocarde, lui brûle la peau, lui arrache des sanglots à la moindre petite bourrasque, avant tous les dégâts qu’avaient causés sur sa psyché l’événement de mai, Hannah a la tendresse aussi facile que son coeur qu’elle porte sur sa main. Elle n’aime pas causer du tort, préfère souffrir en silence si cela allège les esprits de ses amis, prend tout sur elle pour ne jamais être un poids.

Ce sont les années passées à mettre son deuil de côté pour s’occuper d’un père au bord de la paralysie, pour prendre soin d’un frère qui n’avait pas demandé à naître métamorphomage et qui doit aujourd’hui en payer les frais. Ce sont des mois passés à se battre pour sauver toute personnes se présentant à l’hôpital avec le “mauvais” sang, à voler, à mentir, à trahir et laisser derrière elle les nuits calmes et tranquilles de l’ignorance. La personne qui a osé dire que les Justes dorment d’un sommeil profond n’a certainement jamais connu la guerre, la haine, la violence ; car cela fait des années que les nuits complètes sont devenues un oasis inatteignable pour la médicomage. C’est tout un tas de mécanisme de défense mis en place pour protéger sa carapace si aisément friable. Elle a trop perdu Hannah, elle ne veut pas se perdre elle-même.  

Pourtant, il lui est impossible de rester muette face à la sentence de son ami prononcée d’une voix égale et distante, il lui est intolérable d’accepter encore alors que cette douleur-ci menace d’exploser, a besoin d’être entendue, écoutée et reconnue. Hannah n’a personne à qui parler, Susan n’est pas là, Bash ne doit rien savoir, Zach encore moins, Terry et Padma ont déjà bien trop pris sur eux pour la sauver, Susan n’est pas là, sa mère est morte, son père absent, Susan n’est pas là… il ne restait que lui et elle espérait bêtement et secrètement qu’il lui poserait cette question qu’elle attend avec un désespoir aussi mal dissimulé qu’accepté. Elle pensait tout autant qu’elle pourrait faire bonne figure comme avant. Mais plus rien ne sera plus jamais comme avant.

Alors, Hannah est dure l’espace d’une dizaine de mots qu’elle veut ensuite effacer d’un revers de sa magie, revenir en arrière, ne jamais avoir prononcés. Surtout quand elle observe le visage défait de son ami et qu’elle sait avoir visé juste, c’est que l’on peut être blessant lorsque l’on fait attention aux autres, et les mots deviennent des armes pour dévier les coups que l’on n’a peur de se prendre.  

Elle s’apprête à partir, mais les mots d’Ernest la maintiennent au sol comme si elle était victime d’un sort de stupéfaction, elle tremble et les larmes glissent silencieusement le long de ses joues, son souffle est erratique, sa pensée chaotique. Mais elle l’écoute avec attention, car les paroles de son ami sont paroles d’Evangile, et que même au coeur de la tourmente elle sait qu’il dira ce qu’il pense sans faux-semblants, sans prestance, d’une cruauté parfois maladroite, d’une sincérité bienvenue dans un monde qui se cache. Il s’explique et elle comprend encore une fois qu’elle est allée trop vite dans sa peur du rejet. Les blessures de Poudlard ne sont pas si refermées qu’elle l’aurait songé de prime abord. Hannah s’éloigne de la porte à mesure qu’il lui parle, se rapproche de lui jusqu’à s’agenouiller et prendre sa main. “Je ne veux pas abandonner.” Qu’elle dit dans un souffle, entre deux hoquets de pleurs qui s’apaisent.

“Alors toi dis-moi, dis-moi ce qu’il se passe, parce que je ne comprends pas ce qu’il se passe. Si ce n’est pas une porte de sortie que tu veux, qu’est-ce qu’il se passe ?” Il pose enfin la question qu’elle attendait et tant pis si elle a dû lui indiquer quoi dire, c’est ainsi qu’est leur relation, cela sera toujours le cas peut-être ; mais Ernie est là, Ernie demande et c’est tout ce qui compte en définitive. Elle ferme les yeux, prises de flash qui manquent de la déborder. Elle ferme les yeux et les chasse alors qu’elle cherche les bons mots, ceux qui ne sont pas encore sortis depuis sa blessure, depuis son agression, depuis sa dépression. “J’ai été attaquée. Quand je faisais de la reconnaissance pour trouver Murdina. Tout va bien, je ne suis pas blessée.” Ce n’est pas tout à fait la vérité. Mais la sorcière a toujours ce besoin d’adoucir son mal, même quand elle a tant besoin de l’exprimer. Sa main se serre un peu plus sur celle du psychomage. Ce n’est pas lui qui a besoin de ce contact, mais elle. “Je ne veux pas abandonner, c’est tout ce qui me reste. Je pensais que ça passerait tout seul, c’est juste le choc d’accord. Je ne compte pas partir Ernie, ces derniers jours sont un peu compliqués pour moi c’est tout. Je ne vais pas t’abandonner et te laisser te battre tout seul.” Son sourire est vacillant, faiblard comparé à ceux d’avant, elle aimerait tant retrouver la chaleur d’hier plutôt que sentir le froid glacial d’aujourd’hui. “On fait ça ensemble. Mais s’il te plait, ne suppose jamais que je veux partir ou te laisser ou tout arrêter. C’est violent pour moi, et pas très gentil. D’accord ?” D’un geste, elle essuie les gouttes salées qui coulent encore et encore malgré cette inspiration plus aisée depuis que les mots ont pris forme entre ses dents et au bout de sa langue. La colère se bat avec la peur, la tristesse en périphérie de la douleur à sa poitrine. Mais quelqu’un l’écoute. Tout ira bien, elle se répète inlassablement, comme pour se convaincre alors qu’en réalité, Hannah n’en sait rien.  


Dernière édition par Hannah Abbott le Jeu 10 Déc - 17:01, édité 1 fois
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mai 2007 — cabinet d'ernest
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Lorsqu’Ernest trouva enfin le courage de relever les yeux, ce fut pour trouver Hannah devant lui, ou plutôt en-dessous de lui. Agenouillée devant son fauteuil, le regard levé vers lui, les yeux et les joues encore humides de ses larmes. Ernest s’en trouva tant dépourvu qu’il eut presque un mouvement de recul, qu’il retint, bien heureusement. Consciemment il n’avait aucune envie de reculer devant Hannah, de fuir comme lui avait pu le lui reprocher. Mais la colère l’aveuglait, l’avait toujours aveuglé, et il se retrouvait une énième fois devant le produit de cette absence de contrôle et aurait préféré pouvoir fermer encore une fois les yeux devant les conséquences de ses actes.
Il ne comprenait pas bien ce qu’il se passait Ernest, déjà mal à l’aise avec tous les codes en main il se perdait complètement sitôt qu’on n’était pas clair et précis, logique. Là, cependant, il parvenait à comprendre qu’il fallait laisser un silence à sa question alors que Hannah prenait sa main dans la sienne et qu’il la serrait en retour, parce qu’il voyait maintenant que quelque chose d’autre, d’étrange, quelque chose qui demandait son soutien habitait Hannah.
Quand elle lui disait qu’elle ne voulait pas abandonner, il la croyait.
Il n’avait besoin que de cela, de cette assurance-là pour retrouver la conviction profonde qu’ils étaient ensemble dans cette galère et qu’ils la traverseraient à deux, en sortiraient à deux aussi. Quel que soit la manière.
J’ai été attaquée.
L’air quitta les poumons d’Ernest dont la main se crispa, se serra davantage autour de celle de Hannah. Attaquée ? Attaquée-attaquée ?! Hannah, sa Hannah ? Il ne réagit pas, pas à voix haute car l’information était trop douloureuse à comprendre et à faire monter. Hannah n’était pas le genre de fille à se faire attaquer. Elle résistait dans l’ombre, elle stressait, ne dormait pas, elle se ruinait la santé pour les autres, risquait d’être attrapée et envoyée en procès, elle risquait Azkaban mais pas… Attaquée ? En faisant de la reconnaissance ? Quand avait-elle fait ça ? Comment faisait-elle cela ? Certes, il était ridicule d’inviter Ernest dans une mission de reconnaissance, un endroit potentiellement risqué, avec sa canne mais il… Il était…
Quand elle lui dit qu’elle n’était pas blessée, il se demanda si elle lui mentait ou s’il se trompait. Aussi mauvais psychomage soit-il il voyait bien, à présent, à quel point son amie avait pu être véritablement blessée.
Hannah… murmura-t-il, tentant de l’arrêter alors qu’elle tentait de se justifier et qu’il commençait à sentir la honte lui saisir la gorge de tout ce qu’il avait pu dire et faire dans les dernières minutes.
Il était fatigué aussi, Ernest, c’était rien de le dire, de le répéter, comme s’il avait connu une seule nuit calme dans ces dix dernières années. Il était fatigué et de voir Hannah nier la sienne propre, la minimiser, parler de choses « un peu compliquées » lui faisait bien trop mal au cœur.
Il se sentit se courber, se pencher, se recroqueviller étrangement en tordant son corps maladroit vers son ami jusqu’à poser, tout doucement, son front contre le sien. Ernest n’était pas un garçon tactile, tout aussi maladroit dans ses gestes que dans ses affections, mais il avait de ces gestes réfléchis, calculés, qui laissaient peser toute la profondeur de son investissement.
Et lorsqu’il s’agissait de Hannah, il était dans un investissement complètement déraisonné.
Je suis désolé, Hannah, tellement désolé. Je ne suis qu’un imbécile, un sombre imbécile, et un égoïste. Et je suis obtus, mais tu l’as déjà dit.
Il sourit doucement, alors que sa deuxième main lâchait sa canne pour venir rejoindre le nœud créé sur ses genoux. De ses deux mains il la saisit, l’attrapa, en caressa doucement le dos pour espérer montrer à Hannah qu’il était plus calme, qu’il était là, qu’il serait toujours là pour elle.
J’ai toujours l’impression que tu es indestructible et que rien ne peut t’atteindre, que ton optimisme te fera toujours tout surmonter. Mais bien sûr, tu es humaine.
Une chose qu’Ernest avait toujours du mal à comprendre, du mal à intégrer : la partie faillible des gens qu’il respectait. Alden Harris en avait fait partie et, encore en ce jour, il continuait de voir celui qu’il avait été comme un surhomme dépassant les limites du simple sorcier. Hannah, d’une autre manière, dépassait à ses yeux l’entendement. C’était sa gentillesse, sa tendresse, la façon qu’elle avait de tendre la main vers lui et de lui expliquer ce que d’autres ressentaient. Combien de fois l’avait-elle assis devant un thé pour lui détailler en quoi il avait pu être blessant, ou maladroit ? Plus gênant encore, elle avait dû lui expliquer, avec Justin, que ces personnes qui se moquaient de lui n’étaient pas des amis, qu’il ne devait pas leur faire confiance et qu’il ne devait surtout pas continuer de leur donner du grain à moudre pour leurs idioties. Hannah, bien plus que son père, lui avait expliqué comment interagir avec les autres. Alors qu’elle puisse souffrir à son tour ? Qu’elle puisse peiner à s’exprimer et expliciter des expressions qui semblaient à Ernest si naturels ? Oui, il peinait. Il galérait même, pour reprendre le langage familier que prenait Zach en le reprenant de manière bien moins douce que Hannah.
Et de savoir qu’on t’a attaquée Hannah… Hannah… Sa voix tremblait en répétant son prénom, cherchant les mots pour exprimer ce qu’il ressentait. Parce qu’il tentait d’imaginer ce qu’elle avait pu ressentir et pourtant son imagination, limitée, l’empêchait de le concevoir. Ce qu’elle vivait lui était proprement inimaginable. (Oubliant pleinement les circonstances de son propre accident, des mois auparavant.) Tu n’es peut-être plus blessée physiquement mais tu… tu sais Hannah, il n’y a pas que les blessures sur le corps dont il faut se méfier, hein ?
Et il rit un tout petit peu, très bas, pour ne pas perturber la proximité et l’intimité qui les lie à présent.
Je sais que je suis pas le meilleur des psychomages mais je sais bien que… Ces derniers jours sont plus « qu’un peu » compliqués, n’est-ce pas ? Tu n’as pas besoin de raconter, pas à moi, mais je voudrais quand même que tu prennes soin de toi, tu comprends ? Ce genre de choses ça peut impacter ta magie, ça peut complètement changer qui tu es et…
Il s’arrêta avant de se perdre en explications professionnelles dont elle n’avait pas besoin. Qui n’avaient pas leur place ici. Il était un ami ici, pas un psychomage, et les runes ne sauvaient pas toujours de tout, malgré ce qu’il se prêtait souvent à penser.
Je veux que tu reviennes, si c’était pas clair avant, si tu as encore un doute j’ai, plus qu’envie, besoin que tu reviennes. Je saurais pas faire tout ça sans toi. J’ai déjà l’impression d’avoir fait dix conneries rien que cette session sans toi. Et la vulgarité du terme montre bien la panique, encore étouffée, qui sommeille en lui. Et je suis désolée de pas pouvoir… de pas pouvoir te jurer de te venger, ou de retrouver celui ou celle qui t’a fait cela afin de le faire payer. Il eut un sourire triste rien qu’à cette idée. J’aimerais bien, vraiment, mais je crois que pour ça, Susan est bien mieux placée que moi.
C’était elle le feu, elle la force, elle la conviction qui portait et protégeait Hannah. Et ce jour-là plus que tout autre, Ernest pouvait sentir son absence.
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TW : PTSD, mais ça va mieux dans cette réponse, yay

Il y a la main d'Ernest dans la sienne, une encre figée dans le sable. Il y a son front contre le sien, un mur sur lequel se reposer. Il y a son prénom prononcé encore et encore, un mantra qui l'apaise. Il y a son inquiétude qu'elle voit violemment dans ses pupilles, qu'elle entend dans sa voix ferme et vacillante à la fois. De quoi réaliser véritablement et pleinement l'horreur de ce qu'elle a vécu. Ce n'est pas tant qu'elle l'ignorait, Hannah a remarqué les changements, a vécu les nuits suintantes de cauchemars et les journées débordantes de terreur, elle sait. Mais d'un autre côté, elle n'en a pas conscience, se persuade que ce n'est rien, qu'elle doit se montrer forte aujourd'hui plus que jamais, que les gens comptent sur elle et qu'elle ne peut les laisser tomber. Qu'elle n'a pas le temps de tomber, qu'elle n'a pas le loisir de s'effondrer. Dans ses mots, Ernie lui donne la possibilité de s'écrouler contre lui avec la certitude qu'elle pourra se relever, qu'il l'aidera envers et contre tout. she's not alone, even without her mom, without Bash or Susan, Hannah he's never alone, because she has her Ernie..

Il dit tout ce qu'elle a besoin d'entendre. Il a besoin de sa présence autant qu'elle a besoin de ses conseils. She's not useless, not with him. Et elle pleure, ouvertement, à grand sanglots. Et elle ne retient plus ses larmes, ses mains serrent celles de son meilleur ami, sa tête posée contre son front se repose sur lui pour puiser les forces qui l'abandonnent depuis son agression. La colère est retombée comme un soufflet, laisse place à une tristesse qu'elle se refusait à ressentir et encore moins accueillir. Vainement, futilement. Désespérément.

"Tu es un très bon psychomage Ernie, les gens qui disent le contraire sont des idiots. Je ne pensais pas ce que je disais, je suis désolée. Excuse moi. La moitié du temps je ne sais plus ce que je dis. Je ne dors plus, je mange à peine, mes pensées sont toutes embrouillées et je n'avais personne à qui parler. J'aurais dû te dire tout ça dès le début. Excuse moi, je t'ai laissée tomber.." Elle se relève un peu, plante son regard noisettes dans les iris de son ami et la mine résolue malgré les lippes tremblotantes, malgré les larmes qui glissent sur ses joues, Hannah ajoute. "Ca n'arrivera plus je le promets. Et ça va aller. Ce n'est rien d'accord, je vais bien. enfin non, mais ça ira." Elle ne sait pas si c'est lui ou elle qu'elle essaie de convaincre, cela n'a pas d'importance en définitive. Hannah doit y croire pour continuer d'avancer, pour garder la capacité innée de mettre un pied devant l'autre. Elle finit par se mordre les lèvres en baissant la tête un peu honteuse avant d'avouer. "J'aimerais te dire que tu as fait du bon boulot aujourd'hui, mais je n'ai presque pas réussi à écouter la session. Je ferai plus attention la prochaine fois. Mais tu sais Ernie, je ne me fais pas beaucoup de soucis. tu es doué d'accord, et on y arrivera, ensemble." en reprenant les mots qu'ils avaient échangé la dernière et ce qu'il vient de répéter, Hannah veut le rassurer. Elle s'oublie à nouveau dans le futur, bien trop apeurée par le démon qui sommeille dans son passé.

Tout ira bien. Et si tout ne va pas bien, la médicomage a maintenant la certitude de pouvoir trouver un soutien indéfectible en son ami. C'est alors qu'elle réalise que si les blessures de son agression sont béantes, il y en a d'autres plus anciennes, plus personnelles qui cicatrisent doucement.

Elle se redresse. "Je sais que tu n'aimes pas trop toucher les gens, que ça ne te met pas à l'aise, mais Ernie, tu voudrais bien me prendre dans tes bras ? Un tout petit peu."
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Fut un temps, Ernest était mis incroyablement mal à l’aise par les gens qui pleuraient. Ce n’était pas un spectacle habituel pour lui et ses larmes, à lui, avaient rarement des spectateurs. Pas s’il pouvait y faire quelque chose, en tout cas. (Ariel Guterman, encore une fois, avait été une anomalie sur ce point.) Après avoir été jugé de cruel parce qu’il avait repris sévèrement des « pleurnichards » il avait eu une période de simple fuite de ce genre de comportement. Notamment lors des examens, s’il arrivait que quelqu’un craque et pleure (lui craquait de façon différente), il se levait tout simplement de son siège pour aller plus loin quand les autres se souciaient de la personne concernée. Plusieurs fois, cela avait été Hannah. On lui trouvait des excuses, des explications, qu’il n’était pas à l’aise, ce qui était vrai. Incapable de savoir quoi faire, il avait donc jugé qu’il valait mieux ne pas être présent lorsque cela arrivait plutôt que de se montrer inconsciemment odieux.
La première fois qu’un patient avait éclaté en sanglots dans son bureau de psychomage, il avait senti ses jambes se contracter dans un mouvement anticipé pour se lever et quitter la pièce. Geste qui n’eut pas véritablement lieu, alors qu’il prenait conscience que s’il partait, il n’y aurait personne d’autre pour être avec l’actrice des larmes. Il était coincé. Il devait rester. Et après cette désastreuse première fois il avait fallu, séance après séance, affronter cette peur ridicule dont peu de personnes avaient conscience.
Et pourtant, voilà que Hannah pleurait de toutes les larmes de son corps et qu’il se retrouvait comme un imbécile à ne toujours pas savoir quoi faire. Était-ce le moment de la prendre dans ses bras ? Attendait-elle qu’il essuie ses joues ? Pouvait-il se permettre ce genre de choses ? (Zach lui en voudrait-il ? Non, non, certainement pas… Non… Ce serait absurde, n’est-ce pas ?) Mais après une agression, voulait-on véritablement être touché de la sorte ? Ernest n’aimait pas, plus, plus vraiment, qu’on le touche. Il ne savait pas et dans, le doute, s’abstenait. Il ne savait pas si ce qu’il ressentait, à l’idée de toucher quelqu’un, était un profond dégoût ou une furieuse nécessité. Rêvait-il de s’accrocher à quelqu’un et de s’enfouir dans sa chaleur ou d’être laissé seul et isolé avec une armure sur sa peau qui lui épargnerait toute sensation ? Impossible à savoir. Les deux choses étaient trop similaires.
Et chaque fois qu’il pensait à cela, il y avait comme un flash d’Emilia, pas véritablement conscient, simplement une douleur qu’il rattachait à elle comme s’il s’y était brûlé, et le renfonçait au fond de son corps comme un animal effrayé.

Ernie se sentit rire, très brièvement et doucement, lorsque Hannah lui prêta de hautes qualités de psychomages. C’était absurde, donc drôle, donc il dut rire mais il étouffa vite le bruit comme s’il avait malgré tout conscience que ce n’était pas approprié.
Arrête de t’excuser, ce n’est pas toi, c’est moi, je— se défendit-il à intervalles réguliers dans la défense de la jeune femme qui lui avouait maintenant de terribles choses qui ne faisaient qu’amplifier la honte cuisante au fond de son cœur.
Les compliments le prirent au dépourvu et tout ce qu’il y eu avant, dans des mots embrouillés, gêné par les larmes et les émotions fortes, il se retrouva bien loin des belles phrases construites en tentant maladroitement de la rassurer, de la soutenir. Il lui assura son soutien, sa présence, qu’il n’était pas doué sans elle, qu’ils feront du bon boulot ensemble, qu’on ne pouvait pas tout réussir d’un coup, que c’était la vie, toutes ces choses qu’il était incapable de se dire à lui-même quand venait le soir et qu’il affrontait le miroir de sa chambre.

La dernière demande, cependant, le prit tellement au dépourvu qu’elle l’empêcha proprement de parler un moment. La prendre dans ses bras ? Lui qui avait pourtant considéré la possibilité quelques minutes auparavant se trouvait décontenancé maintenant que la proposition venait littéralement devant lui. Ce n’était pourtant pas quelque chose d’absurde, ce n’était pas comme si cela n’arrivait jamais, et pourtant, et pourtant…
Il hésita de façon si évidente que peut-être que Hannah aurait dû se vexer et partir. Si elle n’avait pas su qu’Ernest devait réfléchir, peser, calculer ce genre de choses. Même si ses calculs étaient vaseux et ses décisions finalement précipitées, il fallait un temps pour débloquer les nœuds instinctifs qui se construisaient en lui à chaque obstacle.
Il mit longtemps à se lever, et un moment ne dit rien, se tenant juste devant Hannah en tanguant un peu d’avoir laissé sa canne derrière lui. Fixant ses mains qu’il frottait nerveusement, il releva finalement les yeux avec un petit sourire, un petit sourire triste aux lèvres qui bougèrent très doucement pour murmurer sa réponse maladroite :
Je veux bien mais j’ai bien peur… Bien peur de ne plus te lâcher, Hannah.
Ce ne fut pas fièrement, ce fut sans panache, sans assurance qu’il s’approcha d’elle pour tendre les bras et l’enserrer contre lui. Il n’avait ni l’aisance ni la force pour cela. Quand il l’attrapa il n’eut pas l’impression de la soutenir mais de, littéralement, l’attraper, l’agripper, pour s’accrocher autant à elle qu’elle s’accrochait à lui. Parce que sitôt qu’il sentit la chaleur de son corps contre le sien, la gêne vint telle une vague l’écraser. Le malaise lui enserra la gorge. Il avait l’impression de la salir, de la tordre, de lui faire du mal et pourtant, désespéré, s’accrocha d’autant plus à elle, tremblant, à chérir malgré tout l’impression incroyable de ne plus être profondément seul.
Merlin, qu’il était pitoyable.
J’espère que tout ça en vaut la peine, souffla-t-il sans la lâcher, dans ses cheveux, d’une voix affectée d’émotion.
Parce que c’est trop tard, c’est fini, ils sont dedans et qu’ils ne peuvent plus faire marche arrière. Ils pouvaient juste aller plus loin jusqu’à tout donner, en espérant que cela marche.
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Hannah n'a pas la naïveté de penser que tout est maintenant derrière elle. Elle ferait une bien piètre médicomage si elle espérait seulement le contraire. Mais c'est comme si en se confiant à son ami, une chappe de plomb se soulevait de sa poitrine, s'arrachait à son coeur et lui permettait de respirer plus librement.

Alors, elle pleure. Alors, elle hoquète. Laisse tout sortir après avoir passé des jours à tout retenir. A tout contenir. C'est un flot de paroles qui se déverse en elle concurrençant jusqu'à ses larmes. Et elle tremble, mais qu'est-ce que ça fait du bien autant que cela l'écorche.

Quand s'arrête enfin la cascade de mots et de maux, quand s'apaise enfin le tempo accéléré de son myocarde et le rythme effréné de son souffle, Hannah se sent à la fois plus légère et complètement vulnérable. Elle a l'impression de s'être mise à nu devant Ernie, dans toute sa fragilité et son inadéquation, elle a peur de sa réaction ; de voir sur son visage le début d'un rejet ou d'un dégoût qui mettrait alors fin aussi bien à toute relation qu'à tout partenariat pour l'Ordre. Elle ne pourrait plus supporter son regard en sachant tout ce qu'il pense d'elle.

Elle ne sait donc pas très bien ce qui la pousse à demander de but en blanc  à ce qu'il la prenne dans ses bras. C'est qu'elle ne tient plus complètement sur ses jambes tremblantes, c'est qu'elle a besoin de sentir une masse solide l'envelopper d'une chaleur qu'elle ne ressent plus dans sa solitude meurtrie. C'est qu'elle a besoin de Susan, mais que Susan n'est pas là et qu'Ernie lui l'est. C'est pour tout un tas de raisons qui assemblées bout à bout forment cette phrase en point d'interrogation, cet espoir suspendu qui s'allonge et s'étire à mesure que le psychomage demeure tout autant silencieux qu'immobile.

Ils se font face, elle debout et lui assis. Et elle qui attend, lui qui réfléchit. Devant un autre, Hannah aurait fait marche arrière, secouer la tête, serait revenue sur sa requête pour effacer le gêne d'un refus ; mais Ernest MacMillan a besoin de temps, Hannah Abbott obtempère, lui accorde cet espace de réfléxion nécessaire à sa décision. Sans pour autant empêcher son petit cerveau insécure d'arriver en l'espace de ce long silence à une centaine de négation et de refus de la part de son ami.

Il se lève.
Hannah s'arrête de respirer.
Tout son corps se tend, elle est prête à prendre la fuite s'il le faut. C'est une chose de se sentir vulnérable, s'en est une autre toute entière de s'effondrer sous le rejet d'un être cher.

— Je veux bien mais j’ai bien peur… Bien peur de ne plus te lâcher, Hannah. Ses épaules se relâchent du même temps qu'un soupir de soulagement se transforme en tremblement d'incertitude. "Bien. Ne me lâche pas." murmure-t-elle du bout des lèvres. Ses yeux embués, ses mains tremblent de le serrer, mais elle le laisse faire le premier. "Si tu me lâche, je tombe."

Il y a sa chaleur qu'il dégage, et toute la maladresse dont ils font preuve dans ce calin. Comme deux âmes en peine qui s'échouent l'une contre l'autre et s'agrippent et se soutiennent là où elles le peuvent. Les yeux d'Hannah se ferment alors que sa tête plonge contre le cou de son ami, aujourd'hui étrange confident. Et qu'elle s'y dépose un peu trop lourdement et que des larmes reviennent, glissent et viennent salir son habit. Hannah s'en excusera plus tard, honteuse, mal à l'aise ; mais pour l'instant elle n'est rien qu'un corps qui n'a d'autre choix que se fondre dans la pression que les mains d'Ernie forment sur son dos et dans les sensations de ne plus savoir où son corps commence où il s'arrête. Elle disparaît dans l'étreinte.

— J’espère que tout ça en vaut la peine. Dit la voix grave d'Ernie contre ses cheveux qui collent un peu à son visage. Un sanglot glacé quitte alors sa gorge, un de plus. Hannah aussi l'espère de tout son corps. Faites que les vols et les méfaits, la honte, les remords, la culpabilité, les mensonges vaillent la peine. Que les petites trahisons et les grands stratagèmes ne soient pas que des erreurs sur le chemin pour un futur qui recrachera leur cadavre. Faites qu'ils viennent à bout de ce qu'ils ont construits et de ce combat qu'ils ont rejoint, car alors sa douleur prendra un sens, ses cauchemars aussi, sa peine tout autant.

Car alors Hannah n'aura pas souffert en vain.
Car sinon, la vie n'aurait aucun sens.
Et à quoi bon sert de vivre et se battre si rien n'a de sens.
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