Aujourd’hui est un bon jour. Il faut entendre par là que la douleur est plus lancinante que saisissante, que ses pensées ne lui échappent pas en volées néfastes et déprimantes. Qu’il n’a pas rêvé, qu’il n’a pas trop dormi non plus. Son anniversaire approche. Bientôt trente-trois ans, il a l’impression d’en avoir soixante passés. Si c’est ça la vieillesse, il espère mourir avant. Numa a toujours imaginé qu’il perdrait la vie au combat, dans un duel spectaculaire entouré des flash lumineux de sa magie, il a toujours pensé qu’il mourrait comme il a vécu : en se battant pour ses idéaux et ses convictions. Qu’il laisserait derrière lui une trace de son passage sur Terre comme celui qui a péri par le feu qui l’habite, pas comme un grabataire, pas comme un malade affaibli qui pourrit dans un coin pendant que les siens sont seuls à se battre.

Quand il s’est pris le sort de plein fouet, quand il est devenu évident pour tous que la NSFW n’avait pas les ressources nécessaires pour le guérir (après plusieurs jours passés dans un coma inquiétant), Numa a dû prendre plusieurs décisions difficiles, il a choisit Sav - comme une évidence - pour le suppléer le temps qu’il reprenne des forces (ce qui ne semble pas prêt d’arriver). Il se souvient encore s’être enfermé dans sa tente pendant des heures pour tenter de faire le vide, peser le pour et le contre, que dire, que dissimuler. Il a pris le parti de leur cacher l’étendue de sa souffrance, l’étendue de ce mal qu’il savait plus intense que ce que les autres supposaient au départ. Il a décidé de les réunir et de leur donner sa décision irrévocable : She’s the one in charge now, you have to obey her like you had done with me, I’m here if you need to talk, if you have any question, if you’re not feeling well. I’ll be there, but she’s the one you’ll follow until we find a cure. Honnêtement, il a espéré quelques jours, quelques semaines même, qu’il n’aurait pas besoin d’un remède, qu’il irait mieux simplement avec du temps, du repos et beaucoup de méditation. Mais ce n’était qu’un espoir imbécile. Numa ne va pas mieux - c’est même tout le contraire - et il sent les tensions qui gonflent dans le Camp. Il s’est dit que c’était la meilleure des décisions, Sav a de l’expérience, de la poigne, il retrouve en elle le jeune espion récemment engagé par la WUSS, il se retrouve en elle. Beaucoup plus que les autres ne le supposent. Par calcul, le leader s’est dit qu’il valait mieux l’avoir aux commandes, qu’elle n’écouterait de toute façon personne d’autre que lui et qu’il ne pouvait créer des dissencions au sein de leur petit groupe. Au jour d’aujourd’hui, il ne sait pas s’il a fait le bon choix. Il n’est pas certain que dans toute cette histoire il y avait un bon choix à faire. L'américain s'en veut énormément de tout ce poids qu'il a laissé sur ses épaules sans lui laisser la possibilité de refuser. Il s'en veut de ne pouvoir l'épauler, la guider autant qu'il le voudrait. Il est fier d'elle, mais la culpabilité l'étouffe parfois quand il la regarde à la dérobée derrière l'entrée de sa tente, il l'a jeté en plein dans la mêlée sans pouvoir la préparer... What a shitty boss, what a freaking friend.

Il est assis en tailleur, les mains posées sur ses genoux, les yeux fermés concentré pleinement sur chaque inspiration, sur chaque expiration - transform the pain in a ball while you’re inspire and chase it out of your body with every exhalation - quand il entend quelqu’un entrer dans sa tente. Ses paupières se soulèvent. “Hey.” Qu’il murmure de sa voix rauque. Numa attendait plus ou moins sa venue, c’est presque devenu une habitude de la voir débarquer dans son humble demeure de convalescent pour le tenir informé des derniers changements. Pour parler de tout sauf de lui - car il évite soigneusement ce terrain dangereux - “Everything okay ?” ses jambes se décroisent et avec une lenteur faussement naturelle se posent sur le sol pour lui permettre de rester assis tout en lui faisant maintenant face.

C’est un bon jour, c’est-à-dire qu’il est moins pire qu’hier, et sans doute moins que demain. C’est-à-dire qu’il peut lui sourire d’une façon quasi-authentique. C’est-à-dire qu’il sera plus aisé de faire semblant que tout va bien et de tenir une discussion avec Sav sans s’égarer dans les affres de cette maladie putride qui le ronge.

Rien n'allait, dans cette foutue journée ; Savage s'était réveillée du mauvais pied, et son humeur massacrante n'avait fait qu'enfler au fil des heures, cimentée par les remarques pénibles de Sofiane, la voix insupportable d'Aoife, les regards noirs de Rivage, à distance  – même Malee s'était acharnée à l'emmerder, lorsqu'elle était allée la voir pour vérifier l'état de ses blessures, crachant des inepties de louve tout juste née, se faisant les crocs sur sa condition de Halfer. C'était à cause du déréglement causé par Fenrir, traînant dans son sillage une odeur pestilentielle et des effluves d'Alpha suprême ; c'était parce qu'elle ne baisait plus, parce que ce connard de Riv n'en manquait pas une pour lui rentrer dedans, parce qu'elle s'était rendu compte que leur amitié s'én était retrouvée quasiment anéantie, abattue par leur histoire bancale et infructueuse – parce qu'ils n'étaient plus rien, maintenant que Riv lui avait dit l'impensable, et elle ne voulait plus voir sa tronche d'amoureux transi, l'envoyant paître sitôt qu'il approchait, pour des missions inutiles qui lui garantiraient quelques heures de répit.

C'était parce qu'une nouvelle attaque se préparait, et que le mécontentement grondait encore – certains, comme Aoife et Sofiane, trouvait cette idée (son idée) désastreuse, et d'autres se plaignaient que ce n'était pas encore assez pour eux.
C'était parce que l'état de Numa ne montrait aucun signe d'amélioration, et que ce constat la laissait un peu plus exsangue chaque jour. Savage avait besoin de se nourrir du sang des autres, ainsi, pour combler cette fuite invisible, laissant derrière elle un sillage triste et amer.

Elle lui rendait tous les jours visite, et ce en dépit des recommandations d'Aoife, certains jours ; si Numa pouvait voir la mormonne, il pouvait échanger quelques mots avec son propre bras droit – et lorsqu'il dormait, plongé dans ce sommeil semi-artificiel, Savage se contentait de s'asseoir et de lui parler comme s'il avait été avec elle. Elle ignorait chaque fois ce qu'elle trouverait en repoussant l'ouverture de la tente de Numa ; aussi ce jour-là, elle sentit une onde de soulagement mâtiner son agacement carabiné lorsqu'elle le trouva assis en tailleur, à méditer. “Hey.” “Hey.” Son regard chuta sur ses jambes, tandis qu'il changeait de position pour s'asseoir. “Still going for the monk bullshit? Thought you knew better.” Sa propre bile lui brûlait les lèvres ; elle ne se détestait jamais autant que lorsqu'elle répondait à Numa. Comme pour enterrer ce sursaut d'insuborination sensible, elle tira la chaise à côté du lit pour l'amener face à ce dernier, son regard fuyant résolument celui de Numa, qu'elle pouvait sentir sur elle aussi nettement qu'elle pouvait sentir l'odeur de maladie flottant sur sa peau moite. “Everything okay?” ”Perfectly fine”, grogna-t-elle en se laissant tomber sur la chaise, calant ses coudes sur ses jambes – et fuyant encore et toujours l'écueil des yeux incisifs de Numa. ”Everyone's a fucking asshole today, and it's not even full moon week.” Elle passa ses mains à l'orée de son visage, avant de les laisser retomber dans un soupir, ravalant sa mauvaise humeur et sa colère, pour remonter, enfin, jusqu'au regard de son chef. “You look alright, kinda”, fit-elle en détaillant le visage qu'elle connaissait par coeur, “ate anything? I could fetch you something.” Et elle joignit ses mains sèches, frottant légèrement ses phalanges en le regardant, attendant comme toujours sa guidance, son attention, une lueur d'espoir sur sa condition.

De tout les membres de la NSFW, Sav est celle dont il est le plus proche. Pas que l'ancien leader ait des griefs contre les autres, mais il n'y a pas autant de naturel entre Aoife et lui ou même avec Riv que lorsqu'il discute avec Sav. Il faut dire que l'ancien crush de la première à son égard et son passé avec le second ne lui ont certainement pas permis de se sentir autant à l'aise qu'en présence de la louve. C'est exactement pour cette raison d'ailleurs que c'est avec elle qu'il a le plus de difficultés à interargir ces derniers temps. Le gouffre est immense entre eux, et si son état l'a rapproché de l'irlandaise, il a également eu le double tranchant de l'éloigner de celle qu'il considère comme une presque disciple. C'est un savant mélange de mensonge, de déni et de doutes qui crée ce malaise, du moins du côté de Numa. Non pas qu'il le lui montre, des années passées à dissimuler ne s'oublient pas en un coup de baguette - même sous le coup de cette douleur grandissant en son sein.

C'est qu'il la voit se débattre avec des responsabilités, c'est qu'il sent l'instabilité pas seulement de sa position mais de tout le campement. C'est qu'il a de grosses interrogations sur le chemin que semble emprunter la NSFW sous son commandement. But more so than the rest, it's his own inability, inadequacy, it's his freaking useless state of mind and body that annoys him. And she can't do anything about that, she's not to blame. They are. It's this anger feeding his brain with dangerous ideas...

Quand elle entre en trombe, il sent les vagues d'une colère difficilement contenue envelopper l'atmosphère renfermé et étouffant de sa prison de convalescent. Numa affiche donc un sourire de circonstance, confiant (faussement) et amusé (à raison). Elle attaque toute griffes dehors, et il sourit de plus belle, peu agacé par un tel éclat de sa part. Il comprend, oh comme il comprend. S'il n'était pas dans cet état, elle n'aurait pas à subir tout cela. "Not much else to do anyway." Le constat est amer et il le ravale instantanément, préférant de loin continuer la farce grotesque de celui qui est en bon état et de celle qui ne se doute de rien. "You should try it sometimes, it's really soothing." Il n'a jamais été très doué pour les étalages d'émotion, ni pour la faiblesse. Il préfère donc de loin diriger la conversation vers un terrain plus propice à la distanciation émotionnelle qu'il pratique depuis sa plus tendre enfance. ”Everyone's a fucking asshole today, and it's not even full moon week.” Numa n'est pas le moins du monde surpris par cette remarque. "Are they now?" Ses bras se posent sur ses propres cuisses, en miroir de la posture choisie par Sav. Echo inconscient de leur ressemblance aussi bien que de tout ce qui les différencie. “ate anything? I could fetch you something.” C'est parce qu'elle détaille son visage que le demi-vélane sourit de plus belle et force ses muscles à se détendre, envoyant des petits signaux à son traître de corps, son esprit commande. He's stronger than this shitty spell. "Yeah I did." Lie. Si Aoife et Sav ne le forçaient pas à manger - avec une subtilité discutable - Numa ne se substenterait plus vraiment. Chaque repas laissant toujours un goût âcre dans sa gorge et une nausée désagréable menaçant de l'envahir un peu trop. "I much prefer your conversation as a meal if you don't mind. What's going on Sav? you seem a little bit tense, not to say a lot. May I help you?" Demande-t-il en penchant sa tête doucement sur le côté - ignore la migraine - et la perçant de son regard sombre ; la manière qu'elle a de s'asseoir, la tension dans ses épaules un miroir de celle qu'il portait quand il était à sa place il y a encore quelques mois. Il s'en veut de ne pouvoir l'épauler plus qu'il ne le fait. De lui apporter simplement des soucis de plus et les silences exaspérant quand il s'enfonce dans les limbes d'un sommeil qui n'a malheureusement rien de réparateur. Il n'aime pas se sentir aussi inutile et dépendant des autres. Il n'aime pas la sentir aussi prête à exploser. Ce n'est bon ni pour elle, ni pour les autres. Numa en sait quelque chose, et son expérience lui murmure que s'ils continuent tous dans cette direction, ils iront droit dans le mur. Pourtant, il veut croire qu'il a pris le meilleur de tous les choix pourris qui s'offraient à lui, que Sav les mène comme il le faut, que ce n'est qu'un reste paranoïaque de trop d'années passées à tout analyser et décortiquer dans les moindres détails, à toujours prévoir le pire pour ne pas être surpris quand il vient toquer à la porte.

tw: crude langue

Soothing – Savage n'avait ni le temps, ni l'envie de se prêter à des pratiques censées l'apaiser, lorsqu'elle possédait en elle le carburant d'une colère intarissable, presque auto-suffisante, désormais, se nourrissant d'elle-même pour se renouveller. "Yeah I did."  Les sourcils de Savage se froncèrent en détaillant le visage trop fin et trop osseux de Numa, soucieuse de le voir s'affiner de jour en jour, perdant muscles et graisse, son corps pliant sous le poids de ce mal invisible qui le rongeait – et la rongeait elle aussi, au plus profond de la nuit. "Obviously you didn't", répliqua-t-elle inutilement, si ce n'était pour satisfaire l'impérieux besoin de répondre à tout et n'importe quoi désormais, une vocalisation constante aux airs d'aboiements, rodée à s'échiner sur ses troupes qui ne voulaient pas (plus) l'écouter.
Savage ne comprenait pas ; il n'y avait pourtant qu'une voie à suivre, devant eux, et Numa lui avait donné l'autorité nécessaire pour ce faire, en la consacrant officiellement à sa place. Numa lui faisait confiance – et à ses yeux, il s'agissait là de la seule et unique condition pour la suivre jusqu'à l'autre bout du territoire britannique. "I much prefer your conversation as a meal if you don't mind." Elle eut une grimace – bullshitter. "What's going on Sav? you seem a little bit tense, not to say a lot. May I help you?"

A quelqu'un d'autre, Savage aurait cordialement répondu qu'iel pouvait aller se faire mettre chez Greyback (une tente dont personne ne voulait franchir la porte, si ce n'était la bête odorante elle-même) ; mais avec Numa, Savage héritait d'une clarté fugace, un apaisement soudain dégageant les premières couches de sa colère – elle discernait clairement ses incertitudes, ses doutes, effleurait des doigts une vulnérabilité reléguée au plus profond d'elle-même. Yes, you may help – en guérissant, en se levant de ce foutu lit où il était cloué depuis de trop longues semaines, en reprenant les rênes à ses côtés ; en redevenant Numa, le vrai, ce leader fier et charismatique pour qui elle aurait sacrifié sa vie sans hésiter."The others aren't so keen on crashing that bloody wedding", lâcha-t-elle finalement devant le regard inquisiteur de Numa, qui parvenait toujours à lui délier la langue avec une facilité exaspérante. "They're shitting in my fucking boots, and fuck, I don't know, it's like they tear apart everything that I say, every decision I make for their own damn good", conclut-elle en agitant les mains, détournant les yeux de ceux de son chef en grognant – elle avait la désagréable impression d'être une gamine capricieuse, lorsqu'elle se plaignait de la frilosité de ses pairs. "And now Riv is one of them too." Ses yeux noirs revinrent chercher les siens, guettant la lueur de compréhension dans le regard autrefois vif du vélane, frottant ses mains l'une contre l'autre en une danse nerveuse, consciente d'exposer à la vue d'autrui pour la première fois la blessure qu'avait provoquée cette séparation brutale.

Sav voit à travers ses mensonges, elle le lit parfois comme un livre ouvert. Numa n'aime pas ce constat. Il aimerait pouvoir les convaincre tous que tout va bien. Qu'il va bien. Que ce n'est rien. Personne n'est réellement dupe mais tout le monde joue le jeu. La réalité est toute autre, c'est qu'il ne peut rien leur apporter de plus qu'une oreille attentive et des conseils avisés que l'on n'écoute pas toujours.

Il a bien tenté de faire comprendre à Savage que la prochaine mission n'était pas la meilleure des idées, qu'elle les conduirait vers des dangers qu'ils n'étaient pas prêts à affronter. Mais l'impatience, la colère, le besoin de se prouver aux autres autant qu'à elle-même ont pris le pas sur la prudence et la raison. Et il comprend, parce que lui-même en a fait les frais à maintes reprises. Parce que lui-même sent la colère prendre le dessus sur tout le reste quand il se sent aussi vide et inutile qu'une bouteille sans alcool que l'on garderait dans un coin par affection, parce qu'elle fait jolie sur le buffet. Il aurait besoin de nettoyer quelque chose. Après quelques minutes sans se perdre dans la méditation réconfortante, Numa sent ses démons revenir au grand gallop. il les remise dans un coin de son esprit, avec les plans sur la comête qu'il ne peut mener à bien et les espoirs vains de se voir un jour guérir. Le chef de la NSFW doute de plus en plus voir venir le jour où tout redeviendra comme avant. Où il pourra à nouveau se faire appeler boss sans blémir, sans rougir, sans rugir.

Pour l'instant, il se contente de recueillir et d'accueillir les doutes et les questionnements. Les inquiétudes et les informations qu'il range et ordonne dans son esprit pour plus tard. Sofiane lui a dit tout ce qu'il pensait de leurs actions, Aoife a parlé de runes pouvant le guérir, Rivage lui a hurlé dessus pour disparaître le plus souvent possible de son champs de vision. Et Sav souvent vient le voir pour lui demander des conseils qu'elle décide ou non de suivre. Comme maintenant, quand il lui demande comme il pourrait l'aider et que son amie grogne sur les autres sa frustration. Quand elle aborde le sujet épineux et délicat de Riv, il masque un mouvement instinctif de ses sourcils. Numa n'est pas à l'aise quand il s'agit de parler d'histoires amoureuses, encore moins quand il s'agit d'aborder la relation qui lie sa protégée à son ancien amant. Il pousse un soupir las qui se transforme en doux sourire. "They are scared Sav. Remember the first time we went on a mission after the creation of the NSFW. You weren't too keen either. They need time to learn to trust you and your commands. It's your job to ease their spirits and reservations. they need time to adjust, we all do." Une passation de pouvoir n'est jamais chose aisée dans un groupe d'autant plus quand elle se fait non par volonté mais par obligation, d'autant plus au sein d'un groupe où se mêlent lycanthropes, harpies, hémovores, demi-vélanes et êtres de l'eau. "As for Riv well. I'm not aware of what transpired between the two of you." And I don't want to know indique son regard. "But you know him, he's certainly hurt and when that's the case he just says the first thing that comes to his mind - most of the time hurtful stuffs - because he doesn't know any other way to cope." Numa ne cherche pas à lui faire la morale ou à critiquer sa façon d'agir ; mais avec Sav il peut se montrer brutalement honnête, ne pas passer par quatre chemins, et la rassurer à sa manière, with facts not emotions. "My advice, talk to him. talk to them. I you have the feeling they're not listening, or they're not prepared enough, or anything that could hurt your mission it's your job to fix it. You're the boss now and with the name comes the responsability of listening to them, even when you disagree, of being there for them even when they piss you off." his smile goes apologetic. numa knows she didn't ask for any of this, he knows she's trying harder than everyone believe. It's all his fault, but she has to do that by herself, or they'll never learn to trust and respect her. And what's a leader without a crew? Nothing.

tw: crude langue, sexist and homophobic slur

"They are scared Sav. Remember the first time we went on a mission after the creation of the NSFW. You weren't too keen either. They need time to learn to trust you and your commands. It's your job to ease their spirits and reservations. they need time to adjust, we all do." Une bouffée d'indignation remonta dans la gorge de Savage -elle n'avait pas besoin de trouillards dans ses troupes (dans leurs troupes), elle avait toujours été partante pour tout, mensonges, et ils n'avaient pas le temps.

Quelque chose pressait, pour elle - une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, comme si l'inaction allait les tuer tous (Numa le premier, lui soufflait ses inquiétudes en le voyant chaque jour s'enfoncer de plus en plus dans le sommeil et l'immobilité). "I don't need pussies and faggots that need reassuring every two seconds", and I don't need this job, sentit-elle poindre dans le creux de son torse, une pointe lancinante aussitôt étouffée devant les yeux noirs de Numa. "As for Riv well. I'm not aware of what transpired between the two of you." Savage cilla devant son regard lourd de sens - Numa était l'une des rares personnes, si ce n'était la seule, à pouvoir lui faire éprouver ce truc urticant, lui donnant envie de s'arracher la peau et de casser les meubles (encore plus que d'habitude), s'apparentant à de la gêne.

Numa savait, elle en était désagréablement consciente, comme il savait tout ce qui se passait au camp ; et ce qu'elle considérait d'ordinaire comme la guidance bienvenue de son leader, une présence gardienne au-dessus de son épaule de brute, se transformait, lorsqu'on touchait à ses affaires privées ou à ses conneries (et Rivage était immanquablement les deux, à ce stade, dans son esprit fâché), en oeil absolu, une surveillance à distance à qui rien n'échappait. "But you know him, he's certainly hurt and when that's the case he just says the first thing that comes to his mind - most of the time hurtful stuffs - because he doesn't know any other way to cope." Savage baissa les yeux dans un grognement qui était chez elle l'équivalent d'un soupir, chez d'autres. "Then maybe he should learn how to deal with stuff, or break something instead of helping with the hate." Elle n'était pas là pour éponger la gestion de colère désastreuse de Rivage - plus maintenant qu'elle avait envie de le fuir à chaque regard, la violence tendre de ce I love you plantée dans son coeur dur. "My advice, talk to him. talk to them. If you have the feeling they're not listening, or they're not prepared enough, or anything that could hurt your mission it's your job to fix it. You're the boss now and with the name comes the responsability of listening to them, even when you disagree, of being there for them even when they piss you off."

Ses phalanges blanchissaient à vue d'oeil sous la tension dans ses poings, fermés une seconde, dessérrés la suivante - mettre un pain à Rivage s'imposait naturellement comme la solution à ces épineux problèmes, car parler n'avait jamais été le point fort de la Halfer. Il n'y avait qu'à voir l'état de ses rapports avec ses propres troupes, en dehors de quelques têtes et des loups qui ne s'apparentaient pas à cette autre plaie qu'était Fenrir. "They want your talking, not mine", I want your talking, cachait-elle maladroitement dans ses yeux baissés sur ses doigts, l'échine cassée sous le poids de sa mauvaise foi. "I suck at it, I get worked out easily, I have no fucking patience, you know that..." fit-elle en relevant le regard vers lui, ses mâchoires serrées sous le poids de cette honnêteté émotionnelle qui menaçait ; elle avait terriblement besoin de lui, comme toujours, depuis leur rencontre à Sweet River, toutes ces années où tant de choses avaient changé, à l'exception de ce dévouement aveugle qu'elle lui portait. "I don't want this job, and I'm not the boss, I could never replace you." Ses yeux sombres sondèrent les siens avec l'intensité agacée qui lui était propre. "Why did you choose me in the first place?" demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils ; à ce stade, elle en venait à se dire que même Aoife aurait fait une meilleure leader qu'elle. "I'm a fucking Halfer, I'm not smart like you, and I'm about 98% sure everyone here hates my guts now." Et pour ponctuer ses propos, elle décocha un coup de pied rageur dans la table de nuit de fortune de Numa, en faisant glisser un de ses livres qui s'écrasa au sol au ralenti avec un plof sourd - elle ne regardait néanmoins que Numa, son expression menaçant de virer à l'orage face à cet état de fait.