Il y a certains silences qui vous attirent, vous fascinent, on a envie de jeter n'importe quoi dedans, des paroles...

Hauata a bien de la chance, parfois, que Tamati ne lui en veuille jamais vraiment. Il lui en veut longtemps, il lui en veut profondément, comme un truc au fond de la gorge qui ne part jamais mais qui ne nous fera pas vomir. Hauata bien de la chance que Tamati ne fasse que lui rappeler de temps en temps ce moment qu’il vit toujours comme une trahison. Hauata a, aussi, bien de la chance que les humeurs de Tamati partent et viennent comme le climat de Bretagne près du rivage.
Et c’est comme ça que tout à coup le visage de Tamati se détend, qu’il sourit, rit même, et l’accueille avec une tendresse étrange. Et ce mot trésor qui fait un écho à un autre temps, une autre vie aussi, comme si à travers les réalités Tamati lui avait donné ce petit surnom qui lui fait parfois plaisir et lui donne parfois l’impression d’être un objet, d’être enfermé, manipulé, célébré uniquement pour sa rareté. Ça lui rappelle des mon cœur qu’il n’arrive pas à entendre autrement que comme si on avait arraché le cœur de Tamati et qu’il se rabattait le sien. Comme si Hauata était la dernière marque de son humanité. Il ne sait pas d’où lui viennent ces idées.
Et ça calme un peu Hauata, malgré tout, de le sentir aussi détendu, tranquille, tendre.
Tout ne va pas si mal ?
— Une exécution ?
Le mot est absurde et Hauata a clairement un air idiot en le répétant comme si Tamati avait pu confondre avec autre chose.
— Après tout ça ?
Après avoir quitté Aotearoa, après avoir tué son père, être allé en prison, être revenu d’entre les morts, après avoir dupé et fasciné Hauata, après avoir tué Emma, Tamati se ferait tuer l’homme-même qui lui a promis la liberté et le retour au foyer de jade ?

Puis la question, douce, aimable, et même aimante en invitant Hauata à le rejoindre sur le lit.
Hauata se braque bien sûr, comme souvent. Toujours nu et figé au milieu de la pièce, il a du mal à entendre les paroles de Tamati. Tamati qui ne s’énerve pas mais ne pardonne jamais. Tamati qui lui appartient et à qui il appartient mais avec qui il ne peut pas se débarrasser de cette impression d’impuissance. Cette impression d’être sous son contrôle. D’être faible devant lui. Et pourtant Tamati n’a plus de magie, plus de baguette, plus de puissance.
Il n’a personne maintenant, il n’y a plus ni Emma, ni Cat, ni Diego, ni Mona, ni même Ruth. Personne à garder proche en menaçant Hauata de leur révéler la vérité, ou de tout simplement les tuer. Hauata n’a plus personne a défendre et il a vécu quatorze ans loin de cet homme sans avoir à supporter autre chose que le manque et la souffrance d’un bras toujours attaché à sa magie.
Alors qu’est-ce qu’il fout là ?
Qu’est-ce qu’il fout encore là ?
À part la peur de vivre sans lui, à part l’impression que tout le monde trahit sauf lui, pourquoi rester ?
À part la conviction que Tamati est le seul, l’unique qui l’aime véritablement et qui lui pardonnera tout, tout ce qu’il a pu faire, pourquoi rester là ?
— C’est trop tard maintenant Tamati, signe-t-il de nouveau. Je suis trop vieux, ça fait trop longtemps, je saurais même pas comment vivre sans toi.
Et ça le fait rire, toujours étrange de s’entendre rire.
— Cette fois-ci tu tombes, je tombe avec toi. Y a plus rien d’autre.

Il y a certains silences qui vous attirent, vous fascinent, on a envie de jeter n'importe quoi dedans, des paroles...

Antonin ne comptait plus le nombre de gens qui lui avaient lâché, avec des airs de gens de sciences qui savaient évidemment de quoi ils parlaient, qu’il n’était pas capable d’aimer. Dit comme ça, bien sûr, avec le ton qui soulignait bien le verbe. Aimer, avec un A majuscule. Comme s’il lui manquait quelque chose qui l’empêcherait de sentir ce sentiment qui était apparemment réservé aux gentils tout beaux, aux mamans qui se sacrifiaient pour leur bébé et tout le tutti-quanti. Sans nul doute que Dumbledore aurait fait parti de ces imbéciles à juger Antonin irrattrapable. Incapable d’aimer gnagna bla, pff, de la merde. Ces gens-là disaient cela parce qu’il ne l’avait jamais vu près de Hauata.
Pour leur sécurité à tous les deux, c’était mieux d’ailleurs que personne ne les aient jamais vu ensemble, en tout cas dans ce sens de ensemble là.
Mais il aurait été difficile de dire qu’Antonin n’aimait pas Hauata, quand on le voyait aux côtés de son géant. Ça avait été comme ça dès les premiers mois — il n’était pas assez naïf pour dire les premiers jours même si la fascination opéra presqu’à leur rencontre. C’était quelque chose dans ce géant aux yeux doux et avec son sourire trop grand qui faisait se dire à Antonin que peut-être, même si le monde était totalement décalé, il y avait une chose qui était à l’endroit, dans le bon sens. Que cette chose était Hauata, et qu’Hauata était là pour lui. C’était sa manière de le tenir, de savoir toujours comment l’embrasser, le porter et le caresser pour que ça soit parfait. C’était le fait qu’il le connaisse si bien. C’était l’assurance qu’il y avait quelqu’un à ses côtés, lié à lui par la magie de sa mère et de sa terre. C’était aussi, à côté de l’amour, une tendresse que personne d’autre ne pouvait lui tirer, qui gonflait sa poitrine quand il le voyait aussi perdu devant les révélations du Mangemort. Cet air de tomber des nues, comme un grand gaillard innocent qu’Antonin avait envie de serrer contre lui et de rassurer par des mots doux pendant des heures.
Non, vraiment, ils étaient bien gonflés les personnes qui osaient dire ce genre de choses à Antonin qui, alors même qu’il venait de révéler sa vulnérabilité à son amant, se sentait une envie de le bercer contre son cœur dès à présent en l’entendant répéter ses mots : « Une exécution ? Après tout ça ? » Il hausse les épaules d’un air désinvolte avant de répondre, fataliste : « Je doute qu’on me remette une médaille pour avoir un peu plus sali ma lignée, si tu vois ce que je veux dire. »
Puis quand il lui fait signe de venir, pour l’avoir près de lui, pour le sentir à ses côtés et pour pouvoir poser son front contre le sien et respirer le même souffle que lui… Hauata hésite. Hauata hésite à le rejoindre en même temps qu’Antonin lui murmure la possibilité qu’il aurait d’être enfin libre s’il le laissait mourir.
Parce qu’Antonin l’aime, son géant Maori. Mais il l’aime à l’envers, ou de travers. Il l’aime en oblique, comme il peut, comme il le ressent, et souvent cela se mêle avec la crainte qu’Hauata l’abandonne (comme beaucoup d’autres l’avaient déjà fait… dans l’ordre alphabétique ça allait d’Ataahua à Ruth, en passant par Evan), la crainte qu’Hauata soit mieux sans lui, la crainte qu’Hauata ne soit là que pour un sortilège. Alors il l’aime mais le provoque toujours, avec une voix douce, les yeux amusés. Et peut-être s’attend-il à ce qu’Hauata acquiesce. Oui, il serait enfin libre. Et il pourrait enfin partir. Et il serait mais tellement mieux.
Mais Hauata signe, dans un mélange entre la langue des signes et leur propre langue — et l’aveu qu’il lui donnait ainsi n’en était que plus intime. Je ne saurais même pas comment vivre sans toi. Le sourire d’Antonin s’agrandit et cette fois n’est pas aussi désinvolte qu’à l’habitude, plisse des yeux un peu trop brillants. Un sourire souligné par le rire de son amant, qui tinte si joliment après des années de silence. « Cette fois-ci tu tombes, je tombe avec toi. Y a plus rien d’autre. — C’est ce que je me suis souvent imaginé aussi. Mourir près de toi, peu importe comment. » Peut-être était-ce la raison, la vraie raison qui faisait qu’il avait survécu à tant de choses. Parce qu’il devait mourir avec Hauata, et non pas dans une confrontation avec des Aurors, des résistants, des détraqueurs ou entre les murs d’une cellule. C’était plus sympathique en tout cas que de se dire que c’était simplement de la chance.
Puis à son tour il signa, pour garder dans un silence grave son propre aveu. « Je ne saurais pas vivre sans toi, moi non plus. C’est plus simple de vivre sans magie qu’éloigné de toi. » Avant de soupirer, la gorge un peu serrée : « Mais la fin arrivera peut-être plus tôt que ce que j’avais prévu. » Il n’était pas souvent sérieux, Antonin, mais quand ça tombait, c’était comme le couperet d’une guillotine. Brusque, sec, net et propre. Alors qu’il lui fait de nouveau le geste de le rejoindre.

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Maintenant qu’ils approchent de la fin, Hauata a l’impression de redevenir au tout début, sans arriver précisément cette sensation. Comme une boucle qui se referme avec cet aveu réciproque qu’ils mourront ensemble. Peut-être emporteront-ils leurs secrets avec eux. Hauata ne dira jamais à Tamati comment il a été forcé de venir par sa mère, après avoir volé leur bijou familial tant chéri. Hauata ne lui dira jamais qu’il l’a trompé avec un autre homme. Que c’est lui qui lui a pris son mutisme.
Il n’imagine pas tous les secrets que Tamati garde encore, conserve précieusement.
Après tout, ne vient-il pas d’apprendre que son amant n’avait plus de magie depuis des mois ?
Hauata ne prétend pas tout connaître de Tamati après cela. Dans tout cela, la seule chose dont il peut être sûr, qui ne bouge pas, ne change pas, ne le quitte pas, c’est l’amour que lui porte Tamati. Et malgré toutes leurs histoires et leurs galères et leurs coups dans le dos (et par devant), il y revient toujours. Il faut bien qu’il l’avoue. Parce que quand Antonin lui signe la réciproque, ça lui sert le cœur.
Et quand il précipite leur mort, malgré la menace réelle, Hauata nie doucement de la tête.

Traverse l’espace qui les sépare, le rejoint, plus que cela, l’attrape, le saisit, le colle, les force proche l’un à l’autre comme s’ils n’avaient pas une maison entière rien qu’à eux. Pour lui parler. Pour lui dire des mots que, en même temps, il signe de leur langue à eux sur son torse. Cette langue pour les chambres obscures et les yeux bandés.
— Ces pakehas ne peuvent rien contre nous, on a tout traversé, on traversera encore.
Il ne sait pas d’où il tire cette résolution. Sûrement de son assurance effroyable après des années à terroriser Aotearoa. Sûrement l’influence de Tamati et, surtout, l’amour de Tamati qui l’a fait se sentir invincible toutes ces années.
— On partira et ils ne nous attraperons jamais.
Il caresse ses bras, touche son tatouage, le griffe un peu de colère de cette chaîne qui attache Tamati.
— Sans magie, te contrôle-t-il encore ?
On sait de qui il parle et, par cette question, Hauata concrétise ce fantasme de libérer Tamati de cette appartenance. Celle qui l’a tant rebuté toutes ces années avant de se forcer à oublier, à ne pas prendre en compte, à se concentrer sur l’homme et, surtout, sur ses propres failles.
Aujourd’hui, Hauata veut surtout que Tamati ne soit plus jamais sérieux, plus jamais aussi défaitiste, et qu’on parvienne à fuir assez pour, peut-être, qui sait, retrouver sa magie quelque part ?

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Quand Antonin disait qu’il était plus simple de vivre sans magie que séparé d’Hauata, ce n’était pas une belle déclaration vide de sens, juste pour tinter joliment aux oreilles de son amant et flatter son égo. C’était des mots forts, qu’il avait pesé, et qui ne mentaient pas. Antonin vivait sans magie, et avait vécu sans Hauata. Il savait parfaitement mesurer la souffrance que ces deux situations apportaient. Et ce n’était pas par dramatisme qu’il faisait cette déclaration signée, intime. Antonin n’était dramatique que pour la rigolade, et effroyablement sérieux pour les choses importantes, comme sa relation à Hauata.
Hauata qui le rejoint, traverse l’espace qui les séparait pour s’assoir auprès de lui-même et même l’attraper, le prendre contre lui. Le sentir si proche que, peut-être en fermant les yeux, Antonin pourrait oublier les frontières entre leurs deux corps. Les brouiller et ne plus les sentir. Être à Hauata et être Hauata, s’oublier tout à fait contre lui. Il cligne des yeux en entendant sa voix, en sentant ses doigts signer contre sa peau, ce qui le ramène à sa propre altérité après un bref instant de félicité dans l’oubli. « … on traversera encore. » Oui, à eux deux, ils avaient bien la force d’encaisser toutes sortes de catastrophes semblait-il. Après tout le sérieux qui l’avait cloué au lit, qui l’avait empli de plomb jusque dans ses entrailles, il retrouve sa légèreté habituelle, qui éclaire un moment son visage devant les promesses tendres d’Hauata.
« On partira et ils ne nous attraperont jamais. » La fuite ? L’idée était impensable, impossible surtout ; mais pour l’amour du jeu et du rêve Antonin voulait bien imaginer quelques instants cette vie-là. Partir, quitter le Royaume-Uni, fuir plus loin… Peut-être se rapprocher de ce pays qu’il ne pouvait pas aborder véritablement. L’Australie ? S’installer sur la côte sud et tenter de se dire qu’au loin, derrière l’horizon et les brumes matinales se cachaient les rivages d’un paradis qu’ils ne pourraient jamais atteindre, tout en se réconfortant de savoir sa présence si proche. L’un contre l’autre, le soleil tapant sur leur tête. « Ça serait… un sacré projet. Un beau projet, » qu’il souffle comme réponse, laissant les reflets de l’Océan Indien qu’il n’avait que si peu connu danser un peu dans ses iris, bercer ses mots. Frissonne juste un peu quand Hauata ramène sa main sur son avant-bras, vient toucher la Marque avant de la malmener de son ongle. Il tique, contracte ses muscles mais sans se retirer totalement. Puis la question.
La question à laquelle Antonin, comme un parfait idiot, n’avait pas songé. « Sans magie, te contrôle-t-il encore ? » Ah !
Ah ! Euh… Mmh…
« Ah merde ! » fut sa première réaction. « Fuck fuck fuuuuuck ! » fut la seconde. « Non mais… enfin attends… je crois que… non mais en vrai ça doit aller, non ? » fut la troisième. Avant qu’il ne secoue la tête, s’agrippe un peu plus à Hauata. « J’y avais pas pensé… » Et pour que Hauata pense à un truc avant lui, alors qu’Antonin vivait avec cette condition depuis… well… longtemps… c’était un sacré choc. Il fallait dire pour sa défense que le Lord avait disparu de la circulation un sacré bout de temps et qu’il n’avait du coup pas eu à se poser la question. « Je suppose que… que je pourrais le sentir ? Enfin, je vois encore les choses magiques, et je peux passer les barrière anti-moldues au Ministère et autres alors… Mais merde, s’il m’appelle ? Et qu’il me demande de transplaner ? Je suis dans la meeeerde Hauata. Tu m’imagines ? Poser un lapin au LORD ? » Il pose sa tête dans le creux du cou de son géant pour étouffer un cri d’agacement doublé par une nervosité toute compréhensible. « AAAAAAAAAAAAH ! » Ça ressortait dans un aaaaaaaah tout étouffé mais l’esprit restait le même. « Je n’ai que des problèmes Hauata… faudrait p’tet juste, comme tu dis, que je me coupe le bras et qu’on se tire d’ici. Qu’on se barre en Australie. » Défaitiste mais avec le sens pratique. Cependant Antonin n’était pas sérieux. Hauata devait bien savoir qu’il ne pourrait jamais abandonner le Lord. Pas après toutes ces années à le servir et à tout donner pour cet homme et ses idées.

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Un beau projet, oui, et dans les yeux de Tamati Hauata peut voir le rêve qu’ils ont tous deux. De revenir à la maison. Ou de s’approcher au moins un peu, de cette maison. De retrouver leurs racines, leur relation, pour oublier ce qu’ils ont fait l’un et l’autre en Grande-Bretagne. Comme si tout cela n’avait jamais existé et qu’ils s’étaient rencontrés en Aotearoa, et pas parce que la mère de Tamati l’a menacé de mort s’il ne le faisait pas.
Peut-être qu’il lui dira un jour.
Sûrement pas maintenant.
Un jour où la crainte de crever tous les deux ne les forçaient pas à se rapprocher et à rêver à des beaux rivages plutôt qu’à un futur plus réaliste.
Un jour où Tamati ne serait pas en train de prendre conscience qu’il est visiblement et ouvertement dans la merde. Interdit, Hauata l’observe perdre ses moyens et s’interroger tout haut à sa question. Les yeux ronds. Comment ça, il n’y a pas pensé ? Il vit cette merde depuis des mois et… non, en vérité, c’est exactement le genre de Tamati de ne pas réfléchir à ce genre de choses. À ne pas réfléchir aux conséquences et, honnêtement, Hauata n’est pas vraiment dans la position de pouvoir le juger pour cela.
Alors il le regarde, abasourdi, essaye d’envisager le gouffre que cela peut représenter pour Tamati de ne plus avoir de magie. Et échoue. Même calme, même prévenu, il peine à imaginer l’étendue du désastre.
Quand Tamati lui demande si ça va aller, Hauata signe juste qu’il ne sait pas, qu’il n’en sait rien. Le déluge de questions qui suit lui vaut de nouveaux signes approximatifs, qui vont dans son sens, tombent d’accord avec lui, supposent qu’il a raison. À la mention de poser un lapin au Lord, par contre, il n’est pas exactement sûr de pouvoir répondre.
— Je ne le connais pas personnellement al—
Ses signes ne peuvent pas se terminer car Tamati crie maintenant contre son cou, ce qui est une sensation bien étrange, pas exactement désagréable mais clairement déstabilisante. Hauata n’a pas essayé de faire cela depuis qu’il a une voix. Il devrait peut-être, essayer au moins, de crier comme cela, remplir l’espace, faire trembler les murs (ou au moins la peau de Tamati). Peut-être que cela lui ferait du bien. Peut-être que cela le libèrerait de quelque chose. Pour l’instant, il a l’impression de prendre de l’espace quand il parle, de prendre trop de place, de gêner le silence et d’être une erreur dans la matrice. Alors il se tait. Et il signe encore.
— J’y ai déjà pensé, quand tu étais en prison, lâche-t-il peut-être un peu maladroitement mais avec un sourire. Mais je ne sais pas si ça aurait marché. Toi ça irait ?
Et avec un sourire carnassier.
— Je pourrais te le faire.
Et ses mains signent le mouvement de la scie sur le biceps de Tamati.
— Ou on pourrait l’entourer d’un autre tatouage, je donnerais mon sang pour l’empêcher de t’atteindre.
Puis, plus sérieux, alors que Tamati ne l’est clairement pas.
— Dis-moi que tu veux le quitter, et je ferai tout pour que l’on puisse fuir. Nous avons encore le temps.
Il n’y a rien de moins sûr et il a sûrement des années, des décennies de retard pour sauver Tamati de l’emprise de cet homme. Mais il essaye tout de même. Il fait cette chose qu’il aurait peut-être dû faire au lieu de le trahir.
Pour toute réponse, Tamati vient l'embrasser, pour lui dire merci peut-être, pour lui dire tais-toi sûrement. Cela fonctionne, en tout cas, et il s'oublie une énième fois contre lui en espérant que cette proposition s'immisce dans l'esprit de Tamati, s'installe, grandisse, s'étende jusqu'à ce qu'il l'accepte.