Chaleur lancinante à l’annulaire, sens piégés dans une brume épaisse, d’un sommeil qui s’était fait lourd d’épuisement. Contact au cou arrache un soupir, yeux encore fermés, malaise à peine perceptible dans le brouhaha mental. Abandon. Chaud, froid. Poupée bouge, se redresse dans le lit. Le sortilège s’est activé, la transmission se fait pressente, fièvre qu’elle n’a même pas. Elle retire la robe, par réflexe, pour tenter de se libérer de la magie qui accélère les battement du coeur, donne la sensation d’étouffer. Manque qu’elle n’identifie pas.
Jace. Elle le cherche d’une main hasardeuse, ne le trouve pas près d’elle. La gamine se lève, tangue de sa bêtise d’avoir gorgé l’anneau de cet effet si particulier. Elle se rattrape à la fenêtre, clair de lune aux rayons blafards lui indique la silhouette masculine. S’agenouille la poupée devant le loup tourmenté. «
T’as pas fini.. » Gestes maladroits, le nez cherche le cou, les lèvres se perdent à l’épaule. Presque entièrement dénudée, sous-vêtements de dentelle blanche en remparts, conscience de son apparence qu’elle n’a pas, paumée entre l’envie d’être encore rassurée et les sens agités.
A elle ou à lui ?Les dents frôlent la peau, glissent, remontent jusqu’au menton. «
Tu dois te reposer.. » Tourments de sa malédiction qu’elle voudrait apaiser. Elle lui attrape une main, capture les doigts un instant et les guide sur la hanche, offre un appui, une tendresse. Relief léger à cet endroit. «
T’as pas besoin de mordre.. » Devine les désirs primaires, d’un instant où il n’y’a plus rien sinon l’échange et l’intuition, la chaleur et les caresses indécises. «
J’suis déjà à toi. Ca fait trois ans que j’suis à toi. » Implosion des barrières, absence absolue de réflexion. Absence des souvenirs qui ne sont pas convoqués, écrasés sous les aveux enfin formulés, les sortilèges agités, le coeur qui s’emballe.
Brûlure. Couine la sorcière, replie la main. Masochisme sentimental. Elle vole un baiser, capture la bouche qu’elle trouve à l’aveugle, obscurité nimbée de contradictions. Accumulation brutale de sensations, d’émotions, l’or blanc chauffe encore si bien qu’elle cesse de l’embrasser, elle stoppe les langueurs, s’arrache à l’étreinte. Elle se redresse, s’accroche au bord de la fenêtre, le souffle court. «
Excuse-moi. Je te torture. »
Je nous torture. «
Tu résistes. » Peut-être à peine, elle ne sait pas. Comment pourrait-elle savoir ce qui se bouscule dans l’esprit d’un loup-garou à l’approche de la pleine lune ? Elle n’arrive pas à tolérer sa souffrance, elle ne supporte pas l’idée qu’il puisse avoir mal, qu’il vive cela tout seul. Est-ce qu’elle pourrait… ?
La pensée déchire les sombres réflexions. La peur gronde dans ses veines, pulse plus vite à ce qu’elle s’apprête à faire. Elle inspire, revient près de lui, s’assied à côté, sur le lit.
Folie pour folie. Les dents viennent chatouiller l’oreille, mordiller tentation. «
Remplace la douleur.. » Par son plaisir à lui.
Par sa souffrance à elle. Quelque chose y croit toujours au fond du crâne. Sacrifice qui n’en prend pas les airs. Peut-être qu’elle pourrait apaiser cette nuit pénible à défaut de pouvoir défaire les arcanes odieuses de la prochaine. «
Tu m’épouserais encore.. ? » Murmures. «
Pardonne-moi.. de n’avoir rien expliqué. Tu méritais mieux que mes silences. »
COULEUR DIALOGUE : # 9457A8